30 août 2013

Jusque-là, tout va bien…


La fin de la temporada approchant, c’est l’heure des comptes. Ou quasi. Nul besoin de s’affoler, le bilan sera à l’image de celui de la temporada précédente, et de celle d’encore avant, et d’encore encore avant… Bref, au final, en 2013, après les sempiternelles promesses, rêveries en tout genre et autres « tomaseries » nîmoises sans conséquences, rien n’aura changé ou si peu, à deux ou trois bricoles près. En ce qui me concerne, de cette édition qui se voulut express, je retiendrai ‘Vidente’, tel un ‘Camarito’, qui nous fera « breuguer » au coin de la cheminée, à savoir si oui ou non il y avait bravoure dans cette tronche de bois…

Au fond, n’est-ce pas là la vraie victoire d’une temporada et la vraie quête de l’aficionado ? En ce sens, au moins, tout n’est pas perdu. Un ami de chez nous me disait, sous les travées bilbainas : « Le public n’a pas besoin d’un Cuadri en particulier ou d’un Pilar précisément, il lui faut juste un toro qui bouge… » Pas faux, quand on sait combien, ces temps-ci, ce même public s’emmerde aux arènes. Il lui devient donc vital de s’accrocher tant bien que mal à la moindre branche qui dépasse. Faute à rien qui se passe, généralement, alors qu’il en demande tout de même un minimum pour sa dépense. J’ajouterais que si tous les toreros du monde, vedettes ou matacamiones voulaient bien se donner la main, bla-bla-bli, bla-bla-bla…

Bref, quand on y additionne le constat d’une crise qui bouffe toute une contrée, cela vous éclate à la gueule comme une évidence lorsque le lourd portail rouge vif de Vista Alegre pivote sur ses gonds, libérant les fiers combattants devant une tristounette demie entrée dominicale, promise au sirimiri, il est vrai. Mais, ce jour-là, c’était jour de Victorino, et l’on sait combien ces mêmes petits fauteuils bleus auraient accueilli de fessiers en tout genre en de semblables après-midi, « il y a un an, il y a un siècle, il y a une éternité ».

Pourtant, contre toute attente, mais dans le secret espoir de chacun, le sorcier de Galapagar nous réjouissait d’un hypothétique retour avec quatre pépites d’un lot différemment présenté et pas brave pour deux kopecks, qui ont su foutre le feu à tous les coins de rues, avec des pets de teston, des regards de salauds, des départs arrêtés à faire pâlir un sprinter US. Du danger, du muscle tendu, des filets de bave rageurs et de l’espoir d’en découdre à chaque battement d’ailes d’une mouche. Du genio en veux-tu, de la mansedumbre en voilà, bref, tout un cocktail détonant qui aurait fait clore les débats en d’autres circonstances ou lieux, mais c’était sans compter sur les Ferrera et Urdiales qui voient visiblement leur avenir en or et souhaitaient que l’on s’en souvînt, et si ce n’est par la forme olympique et la fraîcheur physique du premier, véritablement exceptionnel et impressionnant dans le registre « performance athlétique » (le regarder sauter la barrera est un spectacle), c’est au moins par le sens du devoir et l’abnégation sans faille du second, irréprochable dans son rôle de Duguesclin sans peur et sans reproche.

Hormis la pathétique page blanche rendue par Manuel Jesús, troisième luron en fin d’illusion, dont le poignet gauche ne fera plus hurler personne, il y avait donc beaucoup à voir en matière tauromachique, ce jour-là, en la plaza de toros de Vista Alegre de Bilbao, pourtant à moitié pleine, pourtant à moitié vide : des toros, des hommes et le combat que chacun voulut mener avec ses propres armes, et bien souvent cela suffit à satisfaire l’aficionado, voire le quidam de passage qui, à défaut de maîtriser tous les tenants et les aboutissants, distingue toutefois le laborieux vaillant du précieux auguste. Même pour lui la corrida est une rencontre, et à force de ne pas avoir lieu, il ne vient plus au rendez-vous. Faut dire que la patience a ses limites.

Hélas, Bilbao, la grande forteresse du toro-toro, n’échappe pas à la règle : le lleno ne s’y fait plus. L’avantage, me direz-vous, c’est qu’au moins, maintenant, je peux commander un patxaran à la fin du repas et le savourer patiemment sans bloquer sur la pendule, car Vista Alegre est désormais le genre de plaza où l’on se demande même si ce n’est pas vous que l’on attend pour lancer le paseíllo. Alors, la faute à qui ? Il faut le reconnaître, Bilbao se « pamplonise » et lorgne de plus en plus sur les appels d’offre faciles, sans panache, mille fois répétés, comme si de rien n’était, avec insistance. Alors, la féria se standardise et s’appauvrit, faute de noms taquilleros, c’est certain, faute de prise de conscience des cinq ou six sur lesquels on pensait compter, faute d’un ganado à la solde de ces cinq ou six et d’un spectacle futile qui coûte finalement trop cher quand on sait tout ce qui peut ne pas s’y passer.

De l’autre côté de la barrera, les commanditaires aux ondulées toisons toujours plus grisonnantes restent, impassibles, indécoiffables derrière leur trop confortable burladero rouge écarlate, sans que rien ne vienne perturber cette suffisance qu’on apparenterait à une inexorable et lente déchéance silencieuse d’un lord anglais ruiné, mais toujours grandiose et fier même sans le sou et abandonné de tous, qui ressasserait à ceux qui voudraient l’entendre la grandeur d’un passé glorieux n’existant plus que dans des portraits vieillots placardés aux murs. Pendant ce temps, les fuites d’eau ruissellent encore et toujours sur les parois décrépies.

Un ami « moustachu et grand connaisseur de la flore intestinale » se demandait, entre Eibar et Zarautz, ce que cette fantomatique commission taurine de Bilbao pouvait bien se raconter, au même instant, suite à ce nouveau désastre taquillero, annonceur du constat inquiétant que la remise en question est un luxe que le mundillo ne souhaite pas se payer tant il met toute son énergie à boire le calice jusqu’à la lie, aux dépens, bien souvent, d’une dignité devenue incompatible avec les affaires ou tout autre prise de fonction. Quant à la destinée de l’afición a los toros et l’envie de lui redonner sa splendeur d’antan, vous aurez compris qu’il n’est plus question de cela, ici. Bilbao sombre et Matías regarde la pluie qui tombe sur des travées bleues, trop bleues, de plus en plus bleues… Mais jusque-là, tout va bien… tout va bien… tout va bien…

Pendant que cet après-midi-là, à Rion-des-Landes…

25 août 2013

Adame


Première passe de Joselito Adame à ‘Descarriado’, toro de Marqués de Albaserrada, à Tafalla — JotaC 2013

21 août 2013

« Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment »


Louis-Ferdinand Céline avait bien raison lorsqu’il écrivait qu’« avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment ». 

Un des débats de l’été est de savoir si le toro ‘Vidente’, de la famille Cuadri, combattu à Dax, était brave ou pas.


Pour Laurent Larrieu, ici, il s’agissait d’un « grand brave » ; pour beaucoup de taurins, il s’agissait d’un toro essentiellement puissant, mais pas vraiment brave.


En ce qui concerne ma pomme — pour n’avoir rien vu, ni en vrai et encore moins en vidéo —, je n’en ai évidemment aucune idée. 

Pour notre ami André Viard… oui, oui, Viard est notre ami, eh bien… il ne semble pas en penser grand-chose de la bravoure de ce toro, si ce n’est que, pour la première pique, il trouva que le « choc fut terrible et, après un instant d’immobilité, le convoi se mit en branle vers les planches, le cheval pivota sur les postérieurs et la citadelle s’écroula, renversée à la loyale. » 

C’est tout. À la loyale, donc. 

Voilà qui plaide cependant en faveur du toro, puis, pas une ligne pour la suite et pas davantage dans le compte rendu du site. 

On ne saura donc jamais si, pour Terres taurines, cet animal était brave ou pas. 

L’opinion la plus étonnante qu’il m’ait été donné de lire sur ce toro vient d’un des principaux intéressés de cette lidia épique, et pas le moindre, Placido Sandoval, sérieusement remué et menacé par le Cuadri. Sandoval de déclarer que « le toro n'était pas brave, mais qu’il était haut et abusait de sa force, qu’il paraissait déterminé en début de course, puis freinait dans les derniers instants en cherchant à contourner la pique, se retrouvant ainsi devant la monture et la déséquilibrant à deux reprises. »

Pas vraiment à la loyale pour le picador, et certainement pas brave. C’est clairement niet. Chacun des présents en pensera ce que bon lui semble.



Ce qui me laisserait ici presque sans voix, c’est la notion, pour un toro, d’« abuser de sa force ». Voilà encore une nouveauté.
 Un toro ne devrait donc pas « abuser de sa force ». 

Nous connaissons tous l’expression « abus de faiblesse », qui renvoie immédiatement à la notion de tribunal et autres procédures judiciaires, mais « abus de force », c’est nouveau. 

C’est très étrange. Ceci induit l’idée assez confuse, mais bien réelle, que le toro a une conscience presque humaine qu’il doit savoir user de sa force, qu’il ne doit pas aller trop loin, qu’il ne doit pas dépasser les limites d’un certain raisonnable. 


Le toro aurait une conscience de son comportement. Le toro aurait des devoirs. Voilà qui va faire plaisir aux « zantis ». 
On pourrait même étendre le concept et imaginer Morante de la Puebla déclarer, du fond de son lit : « Ah, le con ! Il m’en a mis trente centimètres. Il n’était pas vraiment noble, il a abusé de ses cornes. » Hypothèse évidemment farfelue.

C’est nouveau mais ça n’a rien de réjouissant, à la vérité, car ceci suggère surtout que la force chez un toro doit être mesurée, qu’il y a des limites à ne pas dépasser, et que le « torisme » de luxe (sic), c’est bien mais jusqu’à un certain point ; il faut que ça reste raisonnable. C’est quand même mieux sous forme de simulacre, comme en juin dernier à Madrid, que les quatre fers en l’air comme à Dax. 

Ceci étant, c’est une nouveauté sans l’être, car les taurins, Placido Sandoval compris, d’un toro fort ils n’en veulent pas, et lorsqu’il en sort un, cette force et cette puissance sont mises à l’index, d’une façon ou d’une autre. Excès de force… Abus de force, triste concept.

19 août 2013

La Vilavella (II)


Vous n’irez probablement jamais à La Vilavella, pour la Sant Roc, rue Sant Roc.

Ce n’est pas qu’on vous empêchera d’approcher. C’est juste qu’approcher, si vous n’êtes pas recortador, coureur d’encierro, torero, raseteur, ou un truc dans le genre, ça peut être mortel, vraiment mortel.

Florent habite à côté et grâce à ses connaissances, quelques portes lui sont ouvertes. Pas des portes, plutôt des balcons, jusqu’au moment où, marre des balcons, il descend.

À La Vilavella, dans ce couloir, sinon de la mort du moins de la folie, les habitants vénèrent un élevage, celui de Cuadri. Ça ne date pas d’aujourd'hui, et Flo nous raconte : « La Vilavella (Sant Roc) et Cuadri, c’est une véritable histoire d’amour depuis les années 1990. Les habitants de la rue Sant Roc font des tee-shirts aux couleurs de Cuadri, peignent le fer de Cuadri sur leur porte et chantent en l’honneur de Fernando Cuadri. Véridique, il y a de quoi halluciner. Si Cuadri est célèbre dans le bous al carrer, c’est grâce à La Vilavella. Aux débuts des années 1990, les toros de Cuadri sont vendus à des “cebaderos” de la zone de Valence, mais personne n’en voulait. Et puis ils ont commencé à débarquer dans la rue Sant Roc, et quelques toros sont devenus célèbres. Depuis, Cuadri vend tout ce qu’il veut dans les rues. Ça fait donc vingt ans que les Cuadri sont au cartel de La Vilavella, chaque année avec un ou deux toros, comme le sont ou l’ont été Concha y Sierra, Miura, Pablo Romero, Torrestrella, Isaías y Tulio Vázquez et Felipe Bartolomé.

« Malheureusement, cette année, les toros de Cuadri déçoivent.

« J’en ai vu quatre ou cinq (La Vilavella, Faura, La Pobla de Farnals), et le manque de caste est préoccupant. La sauvagerie et la charge lourde du Cuadri n’ont pas brillé. La plupart des toros ont été arrêtés, se sont défendus et n’ont pas inspiré autant de peur que de coutume. Ils continuent d’exploser les barrières et les portes, mais manquent cruellement d’envie d’en découdre. Le Cuadri d’hier a passé un bon moment le cul contre un mur et la langue pendante. »


Photographies Florent Lucas

Aubais


18 août 2013

La Vilavella


La Vilavella, Sant Roc — Florent Lucas
Cela fait des années qu’on a volé le rêve de Manolo, et, pourtant, il a toujours un petit espoir qu’on le lui rende. Il est quand même curieux de dérober un rêve sans être vu. Ça ne peut disparaître comme ça, sans laisser de traces. Toute cette histoire le fait un peu sourire, Manolo.

Son rêve ornait les murs des toriles de la rue Sant Roc. C’est don Fernando Cuadri qui l’avait exaucé aux débuts des années 1990. ‘Mi Sueño’ (‘Mon Rêve’) débarqua une journée d’août, en haut de la rue Sant Roc, pour le plus grand plaisir de Manolo. Curieux nom pour le fils de la vache ‘Cenicera’. Mais c’est pourtant ce nom que choisit l’emblématique éleveur pour que le rêve de Manolo devienne réalité. ‘Mi Sueño’ fit honneur à sa devise et sa tête fut empaillée pour orner le mur des toriles, jusqu’à ce qu’on la vole et qu’elle disparaisse quelques années plus tard. Qui peut bien vouloir voler la tête d’un taureau ?

Lundi, les fêtes de Sant Roc se termineront à La Vilavella. Ce sera le tour de l’autre quartier de rendre honneur à Sant Xotxim. Un village, deux quartiers, deux façons de voir le toro, et une énorme rivalité…

17 août 2013

« La visée du meilleur ne peut passer que par une sorte de férocité »


Pierre Michon, Le Roi vient quand il veut, Albin Michel, 2007.

‘Vidente’, de Cuadri, piqué par Placido Sandoval. — Laurent Larrieu

16 août 2013

¡Toros de lidia !


D’abord ‘Vidente’ ! Numéro 33, 622 kg, noir nuit sans lune, Cuadri des pezuñas jusqu’au diamant du pitón, le museau allongé, la badana pendante, acapachado parfait. ‘Vidente’ est une gravure de mode taurine qui, en mai, attendait son voyage dans le cercado de Madrid. En août, il devient fou en foulant le ruedo dacquois. La devise ? la rage ? le soleil ? le bruit ? Va savoir, on s’en moque.

Placido Sandoval est devenu depuis quelques temporadas l’icône de l’Aficíon. Grand cavalier, homme de spectacle, il a compris que le public aimait le voir aller et venir devant le toro, que le public aimait l’entendre pousser ses râles rauques pour provoquer la charge des toros. D’une belle idée — redonner du vibrant au tercio de piques —, Sandoval a construit un système qui, comme tout système, peut finir par agacer. Avant qu’il n’entre en piste, chacun sait déjà à quoi s’attendre quel que soit le toro qu’il a la charge de piquer. Comme pour tout système à succès, en tauromachie ou pas, comme pour tout système pétri d’automatismes, le plus grand danger est la lassitude. Et Sandoval est parfois lassant quand il compose son numéro avec des toros qui n’ont rien de braves. 

Mais le propre des grands toreros, car les picadors sont des toreros, est de se grandir dans l’adversité, de savoir redevenir simplement eux-mêmes au moment adéquat. Hier, à Dax, face à ‘Vidente’, grand toro brave, Placido Sandoval a été un immense torero qui a vu sa société du spectacle catapultée par deux fois au tapis, balayée par la force et la bravoure sèche de ce Cuadri de mémoire. Alors, à chaque fois Sandoval est remonté sur ‘Destinado’ — d’autres auraient voulu se venger, lui, non —, à chaque fois Sandoval a provoqué ‘Vidente’ et à chaque fois Sandoval a piqué ce paquetazo de poder avec ce qu’il fallait de châtiment et de torería.

Ensuite, ‘Tanquisto’. Numéro 10, 556 kg, noir comme ses frères, Cuadri de partout, lui aussi. Après quatre rencontres dosées, mais pour lesquelles il accourait bien et au long desquelles il alla a más dans la révélation de sa bravoure et de sa fijeza, il donnait à Castaño l’occasion de réaliser un faenón de catégorie, tant sa corne gauche avait semblé être « templée » par la nature elle-même. Las, Castaño, sans être indigne, ne se hissa jamais au niveau du Cuadri et récita une tauromachie de tous les jours, succession de passes sans construction. 

Après… les autres : ‘Sanitario’, numéro 41, 557 kg et noir encore pour offrir à l’œil un contraste frappant avec la blancheur éclatante des dents de Manuel Escribano, qui pourrait vendre du dentifrice ou vanter les mérites d’Émail Diamant dans une publicité diffusée à 20 h 50 sur TF1 où on le découvrirait, entouré d’une petite famille parfaite — un garçon, une fille et une femme La Redoute —, s’adonnant aux joies du récurage dentaire après avoir avalé le plateau de croissants quand le soleil vient de se lever. Manuel Escribano devrait y penser, car sa carrière de matador de toros a pris deux gifles à Dax, de celles qui font saigner les gencives. Lui aussi, depuis deux ou trois temporadas, a finassé un numéro devenu systématique : poses de banderilles à cornes passées, mais données avec alegría, public heureux parce que ça bouge, puis faena sans queue, sans tête, bien que tenue par le courage.

Hier soir, il a regardé ‘Sanitario’ sans savoir quoi lui vendre. Même pas du dentifrice. Baladé par le toro « encasté » et à la charge lourde et pesante, Escribano a rendu une copie plus blanche que ses ratiches de début de soirée sur TF1. Sandoval s’est grandi face à ‘Vidente’ ; Escribano a étalé ses faiblesses et ses lacunes, et démontré qu’il ne sera jamais un grand torero, encore moins en déclarant, ce matin dans la presse régionale, que « la condition des toros ne nous a pas laissé la moindre option de triomphe. Certains toros ont été spectaculaires au cheval, mais n’ont pas servi au dernier tercio. C’est dommage pour le public, qui était venu passer un bel après-midi » (in Sud Ouest, édition Dax/Sud-Landes, vendredi 16 août 2013, page 29).

‘Almirante’, numéro 30, 525 kg et noir comme l’aficíon en deuil de ce pauvre Luis Bolívar. Voir ses camarades de cartel soigner la mise en suerte au cheval ne l’incita à aucun moment à faire de même avec ses toros. Bolívar était hier le héraut de cette tauromachie quotidienne où l’on laisse un toro une minute sous la première pique pour ensuite demander le changement de tiers (que lui refusa fort opportunément le président de la course, Marc Amestoy). Bolívar est aussi le messager de ce toreo fuera de cacho et automatiquement conduit vers l’extérieur en fin de passe. Quand il fallait monter sur ‘Tendero’, numéro 24 (sobrero), 588 kg, Bolívar proposait un bras télescopique sur le côté et une envie en deuil. Du gâchis ! 

Il y avait hier, à Dax, une vraie belle course de taureaux de combat. Il y avait de quoi toréer, il y avait de quoi se battre et il y avait de quoi « lidier ». Les toros de Cuadri, que certains qualifient dans les médias taurins de l’ère Twitter de « deslucidos » au troisième tiers, avaient de la caste, exprimée différemment et avec plus ou moins d’alegría, du poder et de la bravoure. Mais la tauromachie est arrivée à ce point de non-lidia et de non-intelligence du combat que plus personne ne fait l’effort de regarder un toro à partir du moment où celui-ci ne propose pas une faena de cent passes, avec les petits fours en prime — n’oubliez pas qu’il faut qu’il serve ! Les Cuadri ne sont pas des toros de faenas longues, mais ils exigent de la technique dans la lidia : que sont devenues les passes de châtiment ? Où a disparu le toreo par le bas, fait de passes de recorte et fondé sur un jeu de jambes d’athlète ? 

Il restera de cette corrida la saveur bienheureuse d’au moins quatre bons taureaux de combat, d’un chef de lidia exceptionnel : la cuadrilla de Castaño, omniprésente, intelligente, fière et torera au possible : David Adalid, Marco Galán (extraordinaire une fois de plus dans ses placements des toros pour le tercio de banderilles) et Fernando Sánchez, dont l’inimitable façon de préparer sa pose semble impressionner même les grands toros de Cuadri.


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Ruedos » du site, une galerie consacrée à la corrida de Cuadri « lidiée » à Dax le 15 août 2013.

15 août 2013

La faute de goût


Séville, Real Maestranza de Caballería. 18 avril 2004. Toros de La Dehesilla pour Rivera Ordóñez, Juan Diego et El Fandi.

Il y a des jours où l’on se demande pourquoi l’on va aux arènes ; il paraît même que le sujet est d’une inspiration telle qu’il suscite des livres… Ce jour-là, moi, je savais très bien pourquoi j’allais aux arènes. J’allais voir Jua’nm’a.

Jua’nm’a alliait à la fois le meilleur et le pire de l’afición sévillane. Au-delà des connaissances taurines, il y avait le personnage et, par-dessus tout, la culture du bon goût. Si bien que la plus mauvaise des corridas pouvait se transformer en délice, le temps qu’une poignée de mots amputés de consonnes s’échappe de sa bouche.

Jua’nm’a n’était pas un bavard, quelques mots lui suffisait pour tout dire. Parfois, même, il commençait une phrase lors de la corrida du lundi pour la terminer au cours de celle du mardi. Il s’empressait alors de défier du regard le tendido pour repérer ceux qui n’avaient pas saisi. Pour eux, la sentence était sans appel : un an de déni. Peut-être leur reparlera-t-il l’année prochaine… Si Dios quiere. Jua’nm’a était le « jefe del tendido », et j’étais à côté de lui. Aux alentours, on me plaignait autant que l’on m’enviait, car il y avait une seule place à côté du Jua’nm’a. Non, ce n’était pas un cadeau d’être à côté de lui, mais, moi, je me régalais ; j’étais en compagnie du Guerrita des temps modernes.

Ce jour-là, lorsque le troisième toro sortit en piste, Jua’nm’a attendait El Fandi. Il savait que je ne le portais pas dans mon cœur, mais parce qu’il était andalou il fallait attendre. Lorsque le Granadino prit les palos, la musique se mit à jouer Nerva. Jua’nm’a esquissa un discret sourire. La première paire le fit bouillir, la deuxième se lever, et le tendido avec. Mais, à la troisième, le toro fut difficile à placer. Cela ne constituait pas un problème, puisque le trompettiste était dans son solo et les Sévillans proches de l’extase. El Fandi s’élança et cloua la paire. Le public applaudit et recouvrit la fin du solo, amputant ainsi le fameux « Olé ! » de clôture. Jua’nm’a faisait la moue ; il me jeta un regard noir et lança : « Quelle faute de goût ! » Pour Jua’nm’a et son tendido, c’en était fini du Fandi, qui n’était plus un torero andalou, mais un torero de Grenade, de par là-bas dans les montagnes.

Une des nombreuses choses que m’a apprise Jua’nm’a est la perception du temple1, au sens large du terme, c’est-à-dire la situation des actions dans l’espace temporel. L’action a un sens, mais sa situation dans le temps, dans un environnement, lui confère également une signification, qui est tout aussi importante. Séville entretient des rapports bien particuliers avec le temps ; et savoir prendre ou ne pas prendre le temps est tout un art. La patience n’a rien d’un acquis binaire pour l’homme, mais représente une qualité qui va et vient selon les instants de la vie, selon que l’on soit en voiture ou aux arènes. Son à-propos se révèle indispensable aux arts vivants, et fait toute la différence entre le bon et le mauvais goût.


Vic-Fezensac. 9 aôut 2013. Novillos de Valdellán pour Manuel Dias Gomes, Rafael Cerro et César Valencia.

La nuit est maintenant tombée, le dernier novillo de Valdellán vient de mourir et César Valencia entame une vuelta al ruedo. Aux trois quarts du rond, César, le callejón et le public forcent le temps pour associer le mayoral au tour de piste. Du coup, le tour de piste n’en est plus un, et il a fallu recommencer. Pendant ce temps, les toreros sortent des arènes et les applaudissements pour le mayoral se mêlent aux sifflets adressés aux toreros — la boiterie du mayoral renforçant encore l’impression de pagaille.

C’est alors que je me mis à penser à Jua’nm’a. Cette faute de goût l’aurait mis hors de lui, certainement. Pourtant, cette vuelta était des plus méritée, récompensant un excellent lot de novillos. Mais on n’avait pas envie d’y inviter les novilleros.

Le bon goût aurait voulu qu’on laissât le novillero terminer sa vuelta, puis qu’on laissât les novilleros sortir, et, enfin, qu’on fêtât le mayoral, et seulement lui. Oui, c’est comme ça que cela aurait dû se passer : donner de son temps pour choisir le moment juste afin que l’ovation trouve toute sa résonance, que la fête du triomphe atteigne son point culminant. Ce qui n’aurait été que justice, tant les novillos de cette soirée, et seulement eux, furent bons.

Par les temps qui courent, il est rare de voir des toros ou des novillos avec du poder au cheval. Cela arrive parfois, mais sur une pique ou deux. Il est également rare de voir du bétail avec du moteur et qui le conserve jusqu’à la mort. Lorsque l’on peut apprécier l’une ou l’autre de ces qualités rares, on sort généralement satisfait des arènes. Vendredi soir, nous eûmes la chance de voir ces deux qualités fondamentales se conjuguer.

Il y eut de la puissance et de belles poussées franches, la tête dans le peto, la bête forçant sur ses reins et faisant reculer le groupe équestre jusqu’aux planches. Le scénario se répéta dans une majorité des rencontres, allant de deux à quatre par exemplaire. Et le châtiment fut loin d’être excessif ; deux novillos auraient mérité une pique supplémentaire. Le Santa Coloma de ligne Ibarra est brave au cheval, mais gratte généralement le sable avant de s’élancer tardivement au cheval. Ce soir-là, les Valdellán contredirent la littérature, le cinquième se permettant même d’être allègre et pronto.

Par la suite, les novillos gardèrent toute leur mobilité grâce à un moteur attisé par la caste. La caste santacolomeña du meilleur aloi, celle qui fait parler la poudre, fait monter l’émotion et honore le travail des hommes qui osent la contrer. Bouche fermée, d’une grande fijeza, ils allaient et venaient au moindre site. Tous imposèrent une forte présence en piste et une personnalité toutes particulières. Les seuls regrets de la soirée iront aux novilleros, auxquels on reprochera surtout de ne pas nous avoir permis d’apprécier plus encore les qualités de charge d’excellents novillos.

Aucune vuelta al ruedo ne vint couronner le lot, et je ratifie cette décision du palco. Pourtant, il y eut des novillos de vuelta — un, deux et peut-être même trois —, mais le manque de métier et/ou d’intelligence des novilleros ne permit pas de le démontrer. Peu importe car, une fois n’est pas coutume, les vertus (évidentes) du lot firent l’unanimité auprès des aficionados.

Si le sixième baissa d’un ton, c’est davantage en raison du haut niveau du lot que de ses qualités propres, bien au-dessus de la moyenne des autres courses. Resteront dans la rétine des moments rares. Outre les poussées rudes et sérieuses au cheval, on se remémorera la grande noblesse « encastée » du premier ; la classe et les ardeurs du deuxième, très typé Graciliano ; la force brute du troisième ; l’excellente charge, lourde et longue sur les deux cornes, du quatrième ; l’alegría et la promptitude du cinquième, typé Coquilla, qui allait de partout — dommage de ne pas l’avoir positionné au toril pour la troisième pique.

Si Jua’nm’a avait été là, il aurait lancé, à la mort du dernier novillo : « Si señor, también hay toros bravos en León. »

1 Le temple est un terme tauromachique, mais sa signification, universelle, s’applique à tous les instants de la vie.


Photographie Lionel Thuriès

13 août 2013

¡Mundotorobando!


Lu aujourd’hui sur le site de Signes du toro ce billet d’humeur de Joël Jacobi à propos d’une vidéo de Fandiño diffusée sur Mundotoro sans aucune autorisation ni demande d’autorisation ni quelconque politesse que ce soit.


Il va sans dire que nous soutenons les propos de Joël Jacobi, qui pointe là, au sujet d’un grand (par le nombre de ses lecteurs, mais non pas pour sa qualité) site internet taurin, des pratiques qui s’avèrent malheureusement de plus en plus courantes.


NOTA. — Depuis la publication de l’article de Joël Jacobi (et depuis peut-être un courrier adressé par lui à Mundotoro), la référence à Signes du toro est maintenant visible sous la vidéo (voir photo).

Tafalla 2013


Les arènes de Tafalla, qui datent de la fin du XIXe siècle, ont un charme certain. Depuis quelques années, discrètement, on y voit sortir des élevages intéressants qui courent l’encierro matinal comme chez la grande voisine Pamplona. Achevé l’encierro, les coureurs foncent à Falces où, une heure plus tard, sont lâchées les vaches de l’époustouflant Encierro del Pilón.

Cette année, les ganaderías retenues pour combattre à Tafalla sont : Victorino Martín, Dolores Aguirre Ybarra et Cebada Gago…


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Campos » du site, une galerie consacrée à certains des Dolores Aguirre Ybarra prévus pour Tafalla.

12 août 2013

Pa’ Da’




En andalou, Dax ne se prononce pas « Dax ». En andalou, et c’est encore plus vrai en triguereño (de Trigueros, donc), Dax se prononce « Da’ ». Pour bien prononcer Dax comme le font si mal les Andalous, il faut s’imaginer avoir un gros chat de gouttière dans la gorge, un matou à poils longs, féroce, mal embouché et griffeur. Prononcer Dax à l’andalouse est une expérience traumatisante pour le commun des mortels. 

Étrangement, alors que le « x » disparaît pour Dax, les Triguereños prononcent le « t » de Céret en insistant bien sur lui, alors que nous, gens de goût et de langue, passons sur ce « t » que nous ne saurions voir. Mais l’Andalou ne s’arrête pas là dans son œuvre génocide à l’encontre des consonnes. Ainsi, Madrid, Madrid capital, la Madrid des Cuadri, perd-elle son « d » final au profit d’un « z » bizarre (avec un « z ») et sifflotant. Un « z », mais nous n’en sommes plus à un paradoxe près, bien présent dans Azpeitia mais que les Andalous font succomber au plus profond d’une aspiration coup de fouet qui fait claquer la langue. 


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Campos » du site, une galerie consacrée aux Cuadri qui seront « lidiés » à Dax, le jeudi 15 août 2013, à 18 heures — ne pas se tromper ! Le matin, à 11 heures, il y a des Fuente Ymbro que l’on préfère, ici, ne plus prononcer du tout.

Fools Gold


À Rebecca, qui me fit découvrir les Stone Roses entre autres merveilles.


Hier soir, chez Sissi, Zocato nous demandait de trouver un titre pour sa chronique (que nous n’avions pas lue), « accrocheur mais pas putassier ». Avis de sécheresse dans l’assistance… « L’entre-deux guerres », nous glisse-t-il, finalement. Les titres en langue étrangère étant proscrits dans la PQR1, jouissons ensemble (« Come Together » ?) de la liberté octroyée par le blog pour citer non pas les Beatles, mais les Stone Roses, étoile filante mancunienne des 90’s, faisant aujourd’hui encore danser les jeunes Anglaises.

I’m standing alone
I’m watching you all
I’m seeing you sinking
Fools gold
De l’échantillon d’or noir envoyé par Dolores, il coula de tout : une présentation desigual, du faible (1er), du manso (2e), du franchement « décasté » (4e), du brave et brusque (3e), du brave et bon (5e), du bizarre compliqué au comportement tourbillonnant (6e). Une course très diverse de comportement, assez légère, pas très jolie, mansa dans l’ensemble, mais intéressante si l’on considère le temps passé à en débattre. Le troisième accula la cavalerie aux planches (un cheval « normal » aurait certainement fini dans les andanadas), le cinquième sembla se démoraliser dans le peto du bunker à pattes envoyé par la cuadra Heyral.

I Wanna Be Adored. L’or des fous, ce sont ces paillettes jetées au visage d’une arène trop heureuse de se laisser berner. Escribano, trop blond pour être torero et sourire trop éclatant pour être honnête. Certes, je caricature. El de Gerena est en pleine période de séduction pour faire fructifier les contrats signés sur la course de Miura de Séville, en avril, et donne tout ce qu’il a : sa facilité, son sourire, une porta gaiola à chaque toro, de la variété dans son répertoire et certainement son bras aux vieilles dames, s’appliquant à briller en toutes circonstances, alternant parfois le meilleur (galleo par chicuelinas marchées, gaoneras serrées, mises en suerte faciles, faculté à baisser la main, estocade) et le pire répertoire pueblerino (banderilles à cornes passées, cites fuera de cacho en déchargeant la suerte, manoletinas de profil en regardant les tendidos). Escribano fait preuve d’une générosité de démuni pour qui veut l’accepter, s’inquiétant peu des chemins empruntés pour les triomphes.

Le cinquième Aguirre est le plus civilisé du lot, brave et fixe, sans la brutalité du troisième, l’autre brave du lot. Il vient de loin, autorise un cambio en début de faena et suit le leurre dans lequel il finit par être étouffé par un Escribano décroisé, la jambe contraire systématiquement en arrière, ayant tendance à toréer de façon codillera. Le sourire comble les manques, le public s’en contente. On change l’épée et verrouille les faveurs du public avec quelques manoletinas infâmes que le toro finit par châtier par une cogida sans dégât, mais qui fait monter la sauce. Bonne épée dans la foulée, deux oreilles pour l’enthousiasme, la faim, la parade nuptiale, la constance dans la séduction, et tant pis pour le manque de respect au toro. L’arène de Lachepaillet n’y a vu que du feu, s’est amouraché un soir d’été d’un torero, comme on choppait un vulgaire lad en baggy sous le coup d’un cacheton d’ecstasy une nuit à l’Haçienda de Manchester. Pire, ce faisant, elle l’a encouragé dans ses travers. Muy mal.

Je me tiens là, debout et seul
Je vous regarde tous
Je vous vois en train de couler
L’or des fous
« The Hardest Thing in the World ». Certainement le titre ad hoc pour un Castaño lessivé, semblant s’apercevoir course après course que les petits détails et la mise en forme soignée ne remplacent pas le fond. Malchance crasse de tomber sur le faible (1er) et la mule (4e) du lot. Ce dernier, sans un atome de caste, s’étourdit à occuper la fin de son existence dans une fuite perpétuelle de la mort et du combat, faisant suer son matador sang et eau, subissant des entrées a matar le cul aux planches et, enfin, une boucherie gore au descabello.

Don’t waste your words I don’t need
Anything from you
I don’t care where you’ve been or
What you plan to do
Si le troisième, brave, entrait vite et violemment dans la muleta d’Aguilar, qui coupa une oreille pour une prestation digne, mais, surtout — une fois n’est pas coutume —, pour un estoconazo, le sixième aurait pu hurler ce couplet de « I Am a Resurrection » (« Ne gâche pas tes mots, je n’ai besoin de rien / De ta part / Je me fous d’où tu as été ou / De ce que tu as l’intention de faire ») en plein milieu de faena… Sorti abanto, le toro se fixa, en dépit d’une lidia approximative, et encaissa quelques séries au centre avant de tout envoyer balader pour filer aux tablas. Aguilar, qui peinait à lier les passes jusque-là (placement déficient ?), fut tout surpris de donner une série pleine d’aguante et liée au fil des planches, avant que le toro ne se lasse définitivement. Naufrage à l’épée face à un toro rendu à la mansedumbre.

Atmosphère délicieuse, retrouvailles toujours émouvantes incitant à la clémence aux arènes et à la célébration de l’amitié autour de divers alcools.

1 Presse quotidienne régionale.


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Ruedos » du site, une galerie consacrée à la corrida de Dolores Aguirre Ybarra de Bayonne.

11 août 2013

Silence


Les toros de Ricardo Gallardo, gentiment présentés, anodins pour dire vrai, et pour certains aux cornes bien abîmées, sont venus à Bayonne comme le gros du public local se rend aux arènes : en silence. Tout ce petit monde roule en 4x4 Audi ou Porsche, porte pantalon rouge tirant sur le bordeaux, chemisette blanche repassée au cordeau, et bat le pavé de Lachepaillet de ces indispensables espadrilles pour qui veut se fondre dans l’« ambiance » locale. Silence ! 

Six toros vides de Fuente Ymbro, sans force, sans envie, sans poder, sans bravoure, sans grande noblesse, sans bruit. Tout en silence.

Un bonhomme, seul, Iván Fandiño, qui avait envie mais dont le pouvoir sur les toros est trop puissant actuellement pour ce genre de vide. Silence ! 

Mais, chut, taisez-vous ! 

À Bayonne, en espadrilles et en goguette, en rouge et blanc, avec un chapeau de paille et des Ray-Ban, à Bayonne on se tait, comme les toros.


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Ruedos » du site, une toute petite galerie consacrée au solo d’Iván Fandiño à Bayonne.

« La Tertulia »


Pour celle et ceux qui ne seraient pas informés, Olivier Deck vient de publier en ligne, virtuellement quoi, mais très concrètement, le numéro cinq de sa lettre taurine, La Tertulia.

Pour s’abonner, gratuitement — c’est toujours bien de le préciser —, vous pouvez envoyer un e-mail à l’adresse figurant sur l’image.

10 août 2013

Grand jeu concours de l’été « Oui mais lequel ? » (suite)


Because on va pas se faire gâcher l’été par monsieur Gallardo.

Because même Barth au sixième il a rien pu faire, même si ça a dû faire rire Muñoz…

Because Larrieu est de trèèès mauvaise humeur d’avoir dû s’avaler six m… enfin, six… enfin, rien quoi…

Because il va bien y avoir un événement historique cet été « à quelque part ».

Because… because monsieur Gallardo, franchement, vous z’avez pas honte ?!

Because on est bien décidé à faire gagner un livre…

C’est reparti… Les règles demeurent évidemment inchangées : ne sont (toujours) pas autorisés à jouer pour des raisons qui se comprendront aisément : Dieu, Marie, Ricardo Gallardo (manquerait plus que ça), Simon Casas ET Robert Margé, les toros de Fuente Ymbro (oui, oui…), la buraliste qui ressemble à un castor, Lance (a lot) Armstrong, Mireille Mathieu, Brigitte Bardot, Patrick Beuglot, Frigide Barjot, Rihanna, Diego Maradona, Émile & Images et la duchesse d’Albe, ainsi que le président, ses assesseurs, le maire et son conseil municipal… et la bodega anticorrida de Béziers… Eh oui, cette année, à Béziers, y’a une bodega anti… Une bodega anticorrida pendant la féria ! Faut être sacrément con quand même. C’est un peu comme si un type pénétrait dans une boîte gay en criant : « Mort aux pédés ! » et s’étonnait ensuite de s’être fait péter la gueule… On pourrait penser que c’est cojonudo ; c’est surtout de la provocation gratuite, ou pas, c’est selon… Minable, c’est certain.

Allez, on joue !…

L’ombre d’un doute


Cette fin de semaine est riche en « événements » taurins, indubitablement. Sud-Ouest, Sud-Est, Sud-Sud, partout, il y en a partout. C’est à se demander si, dans ce théâtre d’ombres et de lumières, un clou ne chasse pas l’autre et si trop d’événements ne finit par tuer l’« événement ». 

Si vous êtes de passage dans les Pyrénées catalanes, dimanche 11 août, vous pouvez vous rapprocher de Millas, riante bourgade du Conflent. Et pour fêter dignement la trentième féria, on nous annonce… un « Grand événement » : une novillada concours d’encastes.

Aujourd’hui, samedi 10 août, ne manquez pas, à partir de 15 heures, la Féria du livre. Jean-Michel Mariou en est l’invité d’honneur et recevra le prix 2013 pour Ce besoin d’Espagne paru aux éditions Verdier.

Visca Catalunya Taurina !… Avec un chouïa de présentation en plus, l’« événement » serait peut-être plus… événementiel. 


Note de dernière minute Les novillos de Miura, Victorino Martín, Valdefresno et Urcola sont bien arrivés. Celui de Jalabert est en route, mais le Carriquiri sera remplacé par un novillo français…

L’ombre des novillos de Valdefresno, Urcola et Victorino plane sur les corrals de Millas — JotaC

Faire face


Lors de l’herradero, après avoir marqué au fer le veau, les hommes réalisent dans la foulée, à l’aide d’un couteau, la marque des oreilles (señal). Jusqu’alors, jusqu’à ses huit mois environ, jusqu’à ce jour d’automne, jusqu’à l’épreuve du fer et ce baptème du sang, le becerro n’avait jamais connu moment aussi douloureux.

Au campo, dans le cas où une bête viendrait à s’échapper, « les éleveurs, mayorales et vachers, connaissant la señal des élevages voisins du leur1 », sont capables de dire, même quand « le poil d’hiver cache tout ou partie de la marque du fer », à quelle ganadería appartient tel ou tel animal. En effet, « pour voir la marque du fer, le toro doit se mettre de profil et du bon côté, ce qui est loin d’être évident ; en revanche, la señal se voit toujours2, car le toro a pour habitude de faire face3. »

Bien que la señal ne soit pas indispensable, elle a son importance, notamment parce qu’« une oreille entière ne fait pas bon effet ».

1 Luis Fernández Salcedo (1901-1986) in La Vida privada del toro (Egartorre, 3e éd., 1996). Les citations suivantes, entre guillemets, en sont tirées.
2 À l’époque de Salcedo, les crotales n’existaient pas… Ces boucles d’identification, accrochées aux oreilles du veau très peu de temps après sa naissance, sont normalement retirées pendant l’herradero, et conservées, avant de pratiquer la señal.
3 Suele dar la cara dans le texte.


Images ‘Paladín’, de Raso de Portillo, dans les corrals des arènes de Bayonne. Señal : zarcillo, oreille droite, et media luna. — Laurent Larrieu Scan d’une planche du Cossío.

09 août 2013

Citation (X)


« Rien ne stimule les femmes éméchées comme la douleur des bêtes, on n’a pas toujours des taureaux sous la main. » — Louis-Ferdinand Céline in Voyage au bout de la nuit.

08 août 2013

Tercio I


Alors, to be fluctuat or nec mergitur ? That is the pregunta… Capitto !


Les beaux Sánchez-Rico de Parentis




Ils seront « lidiés » dimanche 11 août, en matinée, à Parentis. ¡Suerte ganadera!

07 août 2013

Tout bien réfléchi (suite)


Un monosabio de la cuadra d’Alain Bonijol, ManuelB, nous a laissé deux commentaires sur le post ouvert à Laurent Giner, « Tout bien réfléchi », à la suite de la corrida d’Escolar Gil du Céret de toros 2013, dont il fut l’assesseur du très peu et très mal inspiré Matías González, pour ne pas dire plus.
La publication étant déjà lointaine sur le blog, il me semble opportun de publier ici les commentaires de ManuelB.


Le premier
Que tout cela est confus, à force de vouloir tout simplifier, on ne retrouve plus l’envers de l’endroit !

Permettez quelques précisions, mais, avant tout, commencez par lire le communiqué d’Alain Bonijol, qui, lui, sait bien de quoi il parle.

Ensuite, précisons que deux modèles de piques sont homologués en Espagne : celui du gouvernement espagnol (dont les dimensions sont indiquées dans cet article) et celui de la province d’Andalousie (pique légèrement plus petite). 

Ceci étant dit, personne n’a le monopole de la fourniture de ces piques, pas plus García que quiconque. Donc, Alain est propriétaire de dizaines de caisses de piques, conformes au règlement espagnol, qu’il affûte et encorde lui-même. Nommer celles-ci García ou Bonijol n’a pas de sens ; elles sont seulement conformes au règlement, mais de fournisseurs différents.

Ensuite, Alain a mis au point une pique dite française, ou Bonijol (pour le coup, cette dernière appellation est valable), strictement fabriquée aux dimensions andalouses (épaisseur de corde comprise), la seule différence résidant dans l’absence de butée entre la pyramide en acier et le corps de la pique. — ManuelB


Le second
Maintenant, quelques commentaires :
— Depuis son apparition, cette pique a finalement reçu l’assentiment des picadors, parce qu’elle pénètre plus facilement, n’oblige pas à pomper.
— Il faut rappeler que, vu les problèmes qu’a connu Alain avec cette profession en imposant des chevaux moins lourds et mieux dressés, celle-ci ne se serait pas gênée pour faire opposition bruyamment, comme ce fut le cas par le passé. La critique initiale d’une pique faisant moins saigner a été résolue par l’ajout de rainures sur le corps de la pique. Chacun peut, depuis les gradins, ou de plus bas, constater de manière la plus objective si celle-ci ou celle-là fait plus ou moins saigner, pénètre plus ou moins bien (on pourra notamment compter le nombre de changements de piques par les picadors au cours du tercio, et comparer entre les différentes piques utilisées).
— Affirmer qu’Alain a mis des cordes sur ses piques pour tromper son monde est une bêtise (pardon, Laurent, mais c’est bien le mot). Ce n’est pas parce que des piques fournies par Alain sont encordées qu’elles ne sont pas conformes au règlement en vigueur, en dimension et en construction. Seule la marque change.
— Prêter au jeune picador Gabin Réhabi l’intention de faire du lobbying pour la casa Bonijol est aller un peu vite en besogne, car ce n’est l’état d’esprit ni de l’un ni de l’autre. Qu’il préfère celle-ci ou celle-là en tant que professionnel est son droit ; son droit aussi de l’exprimer. 

On a vu dans d’autres occasions, en Espagne, des picadors espagnols réclamer aussi celles d’Alain, ce qui a été refusé par la présidence au regard du règlement en vigueur. Basta ! 

Que l’on ait de l’affection pour les uns ou les autres, on n’enlèvera pas à Alain Bonijol d’avoir, par le cheval, l’harnachement et, aujourd’hui, la pique, toujours milité pour un tercio faisant partie du spectacle. La plupart des picadors l’ont compris, Óscar Chopera aussi, qui lui confie toutes ses arènes, et de nombreuses autres arènes comme Céret, à tel point que l’on se demande comment et pourquoi ces oiseaux se lancent dans une telle polémique !

On ne peut pas nier non plus que ce tercio a connu de profonds changements ces dernières années ; il n’y a qu’à voir la notoriété de nombreux picadors, ou de cuadrillas entières (comme celle de Castaño). 

Chacun l’attribue à ce qu’il veut, mais il me paraît personnellement difficile de dissocier ce travail vers une meilleure qualité de cette nouvelle reconnaissance, même s’il doit bien y avoir quelques autres raisons. 

Je n’avancerai pas masqué plus longtemps, je suis monosabio de la cavalerie Bonijol parce que j’admire l’afición, l’abnégation et le courage d’Alain. Je me porte garant du fait que ses seules motivations sont dans la fourniture de prestations de la plus grande qualité, pour un spectacle intégral. Chacun en fait ce qu’il en veut.

Il n’en reste pas moins vrai que chacun peut faire son boulot d’aficionado en faisant un tour par le patio de caballos avant les courses pour voir le matériel, personne ne se fera jeter. Aux assesseurs et présidents de faire respecter le règlement en matière de montage, position de la pique, etc., et à l’UVTF de faire au minimum son boulot d’analyse et de décider ce qu’elle croit devoir décider — ça la regarde.

Il me semble bien que, lorsque les changements sont intervenus au niveau des banderilles, il n’y a pas si longtemps que cela (ou alors j’ai vieilli sans m’en apercevoir !), cela avait fait moins de pataquès… Pardon d’avoir été si long, et je crois qu’il reste encore bien des choses à dire sur le sujet… — ManuelB

The place to be !


Il est des endroits sur terre, inattendus et enchanteurs, où il fait bon vivre. Celui-là est un petit paradis terrestre, un éden pas franchement tropical (quoique…), mais probablement le lieu le plus in de la place, envié, désiré, voulu par tous, celui où le gratin se claque le kiss à coups de chéri par-ci, chéri par-là… Celui où les patrons du CAC 40 scellent leurs deals commerciaux, celui où l’on négocie les palmes et les ballons d’or, celui où l’on se congratule et se salue à force de pipes et tapes dans le dos. Bref, tout un spectacle dans le spectacle, en somme, une sorte de Croisette ultime, moins clinquante, je vous l’accorde, plus rustique parfois, c’est bien vrai, et avec moins de nichons au mètre carré, il faut l’avouer, mais au vu de l’encombrement, assurément THE PLACE TO BE, le point ultime de l’ascension sociale, l’épicentre de la reconnaissance, l’axe de rotation du voyeurisme new-age.

Vas-y que ça pavane, que ça se trémousse, que ça tchatche, que ça déconne, que ça frôle par accident le cul de la voisine au passage et que ça picole même aussi un peu. Bref, qui s’y trouve a forcément sa bonne raison de se trouver là et d’y siéger comme un pacha, le temps de deux bonnes heures au soleil, le temps que la populace ait pris le temps de voir, de reconnaître, de revoir, d’admirer et de conclure sur un : « S’il y est, c’est que c’est quelqu’un ! » Bref, le temps de savourer pleinement les effets du privilège et de revêtir le costume des gens rares et importants. 

Tu m’étonnes, Yvonne, que je parle du callejón

Initialement prévu pour les gars de la piste, les poussiéreux et les suants, les ouvriers du ruedo et les protagonistes sans qui le spectacle ne pourrait se tenir debout, il se définit visiblement de nos jours comme la récompense d’une vie héroïque de bons et loyaux services envers la société, voire le monde, et de préférence le grand, le beau, le voyant. Un Roland-Garros parallèle, où l’on ne serait même pas surpris d’y croiser la trogne ridassée de Bébel avec ses clébards, de Bruel ou Usain Bolt, tellement il va de soi que c’est là et bien là que vous trouverez le beau monde. Figurez-vous que la barrera ombre a fait son chemin… Plus vraiment people, carrément désuète et un peu has been, elle sert aujourd’hui à caser les vieux, la famille, Victorino père et fils, et les blondes à gros seins. 

Désormais, c’est dans le callejón qu’il faut se trouver, et nulle part ailleurs. D’ailleurs, vous-même, songeriez-vous une seconde qu’il soit possible de faire une photo ailleurs que depuis un callejón ? Songeriez-vous vous-même qu’il puisse être possible de rapporter l’info d’ailleurs que depuis le couloir de bois ? Songeriez-vous un instant que l’on aperçoive votre superbe chemise Paseo rigoureusement repassée par maman depuis autre part qu’un callejón ? Eh bé non, pardi ! Les vrais, les bons, les pointilleux et les soucieux du technico-technique, c’est dans le callejón que vous les trouverez. Et comme il semble en plus indispensable aux empresas de maintenir les relations au beau fixe, par le biais de la distribution intensive du Saint-Graal, eh bien ne vous étonnez pas que les uns et les autres aient fini par oublier qu’il y avait aussi des taquillas pour le commun des mortels.

— - — - —

« … Finalement, pour le coup, c’est peut-être de l’Espagne que viendra le salut, le sursaut de raison, le retour à la sagesse espéré de tous, quand on sait que, fatalement, tout finira par se régler pour de bon le jour où viendra le pépin, le gros, le lourd, l’emmerdant… Et c’est en Castilla-La Mancha que l’on s'est posé les premiers autour de la table, afin de redéfinir le rôle et l’utilisation des burladeros du callejón. 

En 1998, une ordonnance fut signée pour modifier et introduire de nouveaux articles dans le règlement taurin, afin de réguler le nombre de personnes présentes. On l’a dit, car constaté encore récemment, le rappel à l’ordre de ce côté-ci des Pyrénées n’est pas encore entré en vigueur, puisque l’on attend obstinément le jour du gros carton, celui qui fera qu’enfin on se posera les questions, qu’on pleurera, qu’on fera des gueules de réfugiés syriens et qu’on cherchera comme des morts de faim les responsables, les coupables, que dis-je, les inconscients responsables du massacre

Sales manies, us et coutumes pour certains, l’octroi d’une place en callejón est devenu une pratique courante profondément enracinée. Aujourd’hui, l’on y trouve TROP de personnes qui n’ont rien à voir avec le déroulement du spectacle taurin, étant donné qu’elles n’interviennent en rien dans le déroulement de la lidia, qu’elles ne font pas partie non plus du personnel des arènes et qu’elles n’assurent aucune espèce de tâche auxiliaire. 

Presque toujours ces personnages y accèdent gratuitement et occupent des places considérées socialement comme des places de privilégiés, sans pouvoir démontrer que, par leur présence dans un burladero du callejón (et souvent, même, en plein milieu de la contre-piste), ils garantissent quelque geste nécessaire au bon fonctionnement du spectacle !

En Espagne, on a jugé que ces coutumes étaient fortement déconseillées, tant pour leurs incidences négatives sur les conditions de sécurité des participants à la lidia que pour le rejet populaire de situations de privilégiés non objectivement fondées. Cinq articles très complets ne permettent plus l’ombre d’une hésitation casuelle. En Andalousie, la loi oblige même à quitter le callejón les personnes consommant boissons alcoolisées ou sandwichs… et toute personne étrangère au spectacle.

L’exemple le plus frappant de cette ineptie à contre-courant des principes fondamentaux de sécurité dans une plaza de toros, où, plus que partout ailleurs, cette notion devrait être le berceau de toute réflexion, fut celui du sprint effréné de Carmen Alba, déléguée du Gouvernement, revenant de son énième pipi entre deux toros, qui s’est, par la force des choses, offert l’opportunité de juger sa pointe de vitesse dans le callejón pamplonais, avec — excusez du peu — un velu Dolores Aguirre collé au derche, bien décidé, lui, à prendre les itinéraires parallèles. L’élue n’a dû son salut qu’à l’opportuniste bras tendu qui a pu lui ouvrir une porte de secours jamais aussi bien nommée. Elle s’en est sortie avec trois cents euros d’amende, tout de même, et quelques souvenirs rigolos, ou héroïques, à raconter en famille. 

Jusqu’au jour où… »


>>> Merci à Vincent ‘Malcos’ Gaüzère pour son travail de recherche et de traduction, sa passion et son obstination… Lisez Watergolf.over-blog.com, dans lequel vous trouverez le texte original… et tant d’autres choses encore. 

06 août 2013

Grand jeu concours de l’été « Oui mais lequel ? »


Tu n’as jamais vu d’indulto de ta vie et tu rêves d’assister à cette grand-messe de la multiplication des passes ? T’es passé à Lourdes et tu n’as pu assister à la renaissance de Germaine, qui a vu disparaître son hernie hiatale sous le porche de la grotte bondée d’envieux en fauteuil roulant ? T’as joué au loto pendant dix ans et le seul gain que t’as offert la Française des jeux est l’obligation d’assister à l’atroce réalité quotidienne que t’offre la déliquescence physique et psychique de ta tarée de buraliste chez qui le sourire cousine avec la gueule d’un castor canadien passé sous les roues d’un truck américain chargé à mort et lancé à fond ? T’es un loser du miracle, un raté du prodige, t’y es pour rien, mais t’as les boules. 

Tout va changer pour toi ! 

Samedi 10 août 2013, à partir de 18 heures, tu entreras dans le cercle VIP des ravis de la crèche, des qui ont vu, des qui y étaient, des à qui un signe a été fait. 

À Campos y Ruedos, on le sait (on connaît Dieu, Marie, le patron du loto et Alain Lartigue), ça se passera samedi 10 août 2013, dans les arènes de Bayonne, à partir de 18 heures : un toro de Fuente Ymbro va être « indulté » ! Et toi, loser d’une vie, tu y seras et tu auras vu ! 

Le seul point mal éclairci par notre pythie à nous est de savoir lequel va être « indulté ». Le 1, le 2, le 3, le 4, le 5 ou le 6 ? Quine ! 

Alors pour faire chier la Providence, lançons les dés et titillons le hasard : le premier qui parie sur le bon numéro du toro de Fuente Ymbro qui sera « indulté » samedi 10 août 2013, par Iván Fandiño (y’a que lui, c’est la crise à Bayonne), recevra en récompense de sa divine pioche un exemplaire gratuit et dédicacé de Campos y Ruedos 03.


Conditions du jeu Ne sont pas autorisés à jouer pour des raisons qui se comprendront aisément : Dieu, Marie, Ricardo Gallardo, Simon Casas, les toros de Fuente Ymbro, la buraliste qui ressemble à un castor, Lance (a lot) Armstrong, Mireille Mathieu, Brigitte Bardot, Patrick Beuglot, Frigide Barjot, Rihanna, Diego Maradona, Émile & Images et la duchesse d’Albe, ainsi que le président, ses assesseurs, le maire et son conseil municipal. 

NDLR — Sera considérée comme gagnante la personne qui aura laissé le premier commentaire avec le numéro de sortie du toro. Évidemment, les votes anonymes ne seront pas pris en compte.

Día grande en El Puig


La photographie a été prise par Pablo Ferrer Tomás.

Le toro est de Hato Blanco.

Le gamin qui lui donne le pecho s’appelle Cristian Climent…

Olé !

03 août 2013

Au ras


 ‘Paladín’ de Raso de Portillo, Orthez — JotaC

Un Raso rasait les planches à la poursuite de quelques rastaquouères endimanchés… Normal, c’était dimanche !

Six novillos de combat


Ce 28 juillet, à Orthez, sous un soleil de plomb plus propice à l’assoupissement qu’à la concentration, à chaque fois que j’ai ouvert la bouche ou frappé des mains, j’ai aussitôt eu la désagréable sensation de l’avoir fait à tort et à travers — il a bon dos le soleil…
Sans compter que j’ai éprouvé les pires difficultés à traduire clairement ce que je voyais, — et je n’ai pas tout vu, ni tout compris ! —, en voici une synthèse.

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En matinée, l’absence de combattants n’a pas permis aux noirs novillos de Miguel Zaballos (élevés sans fundas), sérieux et durs de pattes, de s’exprimer complètement. Tous sont morts tête haute et gueule fermée, quasi « entiers », à peine essoufflés. La plupart ont lutté avant de s’effondrer. Je ne me suis pas ennuyé.

Auteur d’un tiers de banderilles entretenu, succédant à quatre tampons contre le caparaçon, le vilain premier aurait pu tuer Jesús Fernández au son des cuivres et des tambours. Il a été achevé par derrière. Piste arrosée.
Le deuxième, devise clouée dans le dos et pas franchement typé Saltillo, a été reçu par Iván Abasolo avec des véroniques néfastes. Non piqué en trois rencontres, il s’appelait ‘Islero’.
Le beau troisième, après avoir mis K.-O. Alberto Pozo, a été abandonné non loin d’un attroupement d’une petite dizaine de personnes, seulement surveillé par un péon décati auquel je ne confierais rien, pas même mon goûter — « Très danger, très danger. » (sic). Piste sèche.
Accueilli avec des véroniques impropres, le costaud ‘Rumboso’ a subi une première pique lamentable au cours d’un tiers mené en dépit du bon sens du haut d’un cheval char d’assaut. Piste très sèche.
Dans un océan de passes de cape, ‘Señorito’, un señor novillo qui, las, portait la queue courte, a agressé le picador à quatre reprises, puis s’est désintéressé du travail médiocre du novillero. Piste arrosée.
Avec son frère sorti en quatrième position, ‘Hurón’ s’est révélé, en trois occasions, le moins couard et violent du lot, et a eu droit à une première pique qui, en plus d’être abusivement longue, fut déloyale.
Pour finir, je regrette sincèrement que des novillos si bien présentés, à l’exception du premier, n’aient pas été gardés une année ou deux de plus au campo pour être combattus toros.

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L’après-midi, les Raso de Portillo (élevés eux aussi sans fundas), plutôt bas, formaient un lot musclé et bien balancé. Tous ont conservé leurs oreilles, alors même que la señal (à droite) donnait l’impression qu’elles pouvaient tomber à tout moment. L’ennui n’est resté qu’une menace.

Le premier de Fernando Robleño partait de loin avec ardeur. Point.
Le numéro cinquante-six m’a ébloui de ses puissants galops annonciateurs de chutes, qui jamais ne vinrent, puis la présidence a opportunément soulagé une cuadrilla aux abois en changeant le tiers après trois banderilles posées, mais n’a rien pu pour un Morenito de Aranda ballotté de toute part.
Avec ses faux airs de Domingo Valderrama, Oliva Soto est un type atypique qui ne s’embarrasse pas de si peu de chose, à savoir affronter un Raso de Portillo de quatre ans et demi. Il compte sur ses jambes pour ne pas froisser la cape, sur ses péons pour s’occuper de la bête et sur sa brièveté à la muleta (hip hip hip ! hourra !) pour ne pas tacher son bel habit.
Le faible quatrième a eu la chance de passer entre les mains du Madrilène, qui s’est montré expert dans l’art de ne pas le laisser choir. Toujours aussi inspirée, la musique a cru bon d’accompagner cette faena d’infirmier.
Le superbe cinquième, ‘Manzanillo’, très Santa Coloma, a été sacrifié sur l’autel de la bêtise. Le comportement du matador est d’autant plus blâmable que ce dernier avait fort bien dirigé le tiers de piques précédant. Le toro a poussé ; le picador a « carioqué » ; un banderillero a salué ; Morenito a abdiqué, et le public l’a conspué.
Au dernier, j’ai lâché stylo et papier afin de mieux apprécier la prestation de l’enfant de Camas, grosso modo similaire à la première. C’est décidé, en août, je fonde une peña…


NOTA 1. — À une ou deux astillas près, je n’ai rien trouvé à redire aux vingt-quatre cornes de cette journée taurine orthézienne.
NOTA 2. — Parce qu’un toro ça se pique, la présidence n’a ordonné, sauf erreur, que trois changements de tiers suite à la (sempiternelle) seconde pique. Piques qui, malheureusement, furent toutes placées en arrière, c’est-à-dire hors morrillo.
NOTA 3. — Autant les estocades matinales m’ont dans l’ensemble paru correctes, autant celles des matadors ont franchement laissé à désirer (certaines affreuses).

Image Un Saltillo — JotaC/Campos y Ruedos