28 mai 2007

La sensation du velours


Il fut un temps où des hommes portant nœuds papillons et moustaches en croc maniaient la plume comme d’autres le couteau. Parmi eux, un certain Laurent Tailhade, poète et pamphlétaire anarchiste né à Tarbes en 1854, qui semblait prendre un malin plaisir à collectionner les inimitiés et à enrichir sa collection. Un drôle de zig assurément, attachant aussi avec son goût prononcé pour la castagne sous toutes ses formes — il aurait participé à une trentaine de duels ! —, sa culture que l’on disait encyclopédique et sa passion pour les combats de taureaux à laquelle il a consacré un ouvrage, La corne et l’épée (1908). Ce dernier emprunte son titre au texte principal et en propose cinq autres, tous taurins, tous ciselés dans une langue incroyablement étoffée.

À la page 55 de la réédition de 1994, Laurent Tailhade s’essaie, non sans filet, à un exercice littéraire périlleux s’il en est, donner une définition du mot trapío : « Un taureau a le trapio (écrit ainsi et traduit par "élégance" en note de bas de page) lorsque son poil dru et luisant procure au toucher la sensation du velours. Il faut que les extrémités soient sèches, les tendons et les articulations d’un beau relief, le sabot court petit et rond, les cornes en demi-lune, fortes à la base, aiguës et noires à l’extrémité, la queue longue, svelte et bien fournie, les yeux noirs et vifs, les oreilles palpitantes et velues. »

Dans sa préface inspirée, Jacques Durand a beau nous rappeler que cette définition, « naturellement minimaliste » (p. 29), s’inspire très largement de celle de Paquiro (1836), il n’empêche qu’elle a le mérite de commencer par ces mots, « Un taureau a le trapio... ». Le procédé va vous paraître facile mais j’en profite pour re-prendre quelques "vérités", les miennes, comme ça en catimini : un toro aurait du trapío ou il n’en aurait pas, il sortirait avec ou il sortirait sans* (c’est le "novillo-toro" du lien précédent), trapío se suffirait à lui-même et sa traduction littérale n’existerait pas. Aussi, à quoi bon utiliser des expressions telles que "de grand trapío", "de trapío insuffisant", "d'un bon trapío", etc., quand on juge isolément un toro, sinon à entretenir la confusion, à exprimer la redondance ou à pousser l’aficionado dans un abîme de perplexité ? Un abîme pas si impressionnant que cela comparé à celui, sans fond, que notre poète découvre en se persuadant, dans un élan baroque, que le poil du toro avec du trapío procurerait « au toucher la sensation du velours » ! Mesdames et messieurs approchez, admirez et venez caresser ce splendide toro-toro de Dolores Aguirre !

* Exemple type du toro qui peut, à la rigueur, faire illusion au corral mais qui, une fois la porte du toril franchie, ne ressemble plus à rien. Le toro con trapío est rare, certes... mais faudrait voir à pas abuser !

Image Photo con trapío d’un Dolores Aguirre © Laurent Larrieu

23 mai 2007

"Il parle au reflet de la lune..." Ángel Nieves


- Mira esta... ¡Saca la foto! Es una buena vaca... Y esta también, y esta, y esta y la vieja ahí...

Il ne s’arrête jamais, il doit même en causer la nuit au reflet de la lune, de ses vaches Santa Coloma. Vous feriez de même, plaisantins moqueurs, si vous aviez racheté une part, certes réduite, de l’élevage de San Martín.
Ángel Nieves García est un petit homme qu’une retraite méritée observe peut-être… mais de loin. Du haut de sa modeste taille coiffée de la casquette campera, il prend des allures victoriniennes, parle, parle, parle et parle encore de ses bêtes cárdenas, luceras, asaltilladas, caleceteras y otras más. Le Santa Coloma est là, sous ses yeux tout fiers, au détour d’un océan de mots. Le Santa Coloma de San Martín, c’est tout le Santa Coloma, tous les Santa Coloma, faussement purs ou réellement croisés. Coquilla, Graciliano, Buendía, Vega-Villar, Saltillo, un musée rêvé, par un Mexicain au patronyme venu d’Orient, Pepe Chafik. Il y a quatre ans qu’Ángel Nieves a donné à ses utopies d’aficionado madrilène une touche concrète, une réalité encore en construction. Originaire de Mayalde (province de Salamanque), petit bourg rural qui dort doucement sous le soleil d’hiver, il est naturellement revenu au pays, à deux battements d’ailes de cigognes du campo charro. Sa finca, si tant est que ce mot convienne dans le cas présent, pousse sous ses pieds trépignants, au milieu d’arbres encore enfants et de cailloux ridés. Ça aura de la gueule un de ces jours doit-il se dire quand les toros cacheront la ferraille. Ángel Nieves García a gardé de ses années d'aficionado madrilène le goût d’un toro fort, largement armé, ce qui ne convient pas nécessairement à certaines branches du Santa Coloma. Les quelques novillos qui roulent de leur attente les rides des cailloux témoignent de cette afición orientée autant qu’ils la mettent en question tant la diversité de l’encaste saute aux yeux et maintient les différents styles santacolomeños. Comme pour tout élevage, la sélection du petit homme sera décisive dans les années futures ; espérons seulement qu’il garde pure l’idée qu’il se fait de sa ganadería, un trésor génétique à conserver en le respectant.

Madame Ángel Nieves est Péruvienne, de Lima. Elle a suivi son bout de chou de mari aux quatre coins de ses métiers, un sourire protecteur dans les valises, toujours. Le Pacifique est loin de Mayalde mais un bout d’écume vit toujours dans les yeux de la dame. Elle a cette sympathie lancinante des gens de là-bas, gronde un peu son époux de nous recevoir dans cette maison de briques apparentes qui, un jour se dit-il là aussi, aura de la gueule dans le pueblo. Elle le gronde gentiment, nous demande qui nous sommes, pauvres français venus visiter un rêve encore inconnu, nous raconte un brin d’une vie à regarder grandir un homme qui rêve de toros en trépignant des pieds sur des cailloux trop secs. A la fin du repas, Madame Ángel Nieves a abdiqué, les mots, définitivement, ce n’est pas elle. Ángel a arrêté de manger son riz, son cordero asado et nous a parlé... De Pepe Chafik et de Victorino, les deux hommes de sa vie, si l’on peut s’exprimer ainsi, avec lesquels il allait apprendre les toros sur les gradins de Las Ventas. Ça doit quand même donner une certaine idée du toro. Il a parlé à s’en rendre sec mais trempé de passion, un chouia romantique, bien-sûr.
Il nous a dit qu’un de ses toros (un ancien novillo qui aurait dû sortir l’an dernier à Saragosse) devait combattre dans la corrida concours "la plus importante de France". Trois jours plus tard, le Club Taurin Vicois annonçait que le toro de Clemares était finalement remplacé par un toro de Ángel Nieves , point.

Alors, Ángel avait dit vrai et son rêve, encore rouge brique, gagne lentement le trapío idéal qu’il a dû mille fois raconter au reflet de la lune, quand les Hommes n’écoutaient plus... ¡Suerte Ángel!

>>> Retrouvez la galerie de la ganadería Ángel Nieves García sur le site & la fiche de l'élevage sur www.terredetoros.com.

Les galeries des toros de Barcial, des novillos de Adelaida Rodríguez, et des toros de la corrida concours de la prochaine féria de Vic-Fezensac sont toujours en ligne sur le site et toutes les courses sont visibles sur le site du Club Taurin Vicois
. Bonne féria de Vic...

22 mai 2007

Les galeries que vous ne verrez pas… Feria de Abril 2007 (IV)


Comme Laurent le soulignait dans son précédent message consacré au cycle abrileño, la corrida est un combat, un art, un spectacle qui perd toute sa magie en passant par le prisme du tube cathodique. La photographie, d’une certaine manière, peine également à transmettre l’émotion ressentie par le spectateur sur les gradins, et même, le plus souvent, à jouer son rôle de témoignage et de compte rendu.
Nous nous sommes toutefois efforcés, bien modestement, de traduire nos impressions sur le gris cárdeno de Camposyruedos. Mais comment imprimer sur le film la vérité de tous les instants d’un Domingo López Chaves, la classe d’un José María Manzanares, la « sur-naturelle » d’un Alejandro Talavante ou la hombría hallucinante d’un César Rincón ? Comment rendre compte de la charge vibrante d’un Palha accourant au cheval... ou de la faiblesse affligeante d’un Juan Pedro Domecq s’effondrant sous la pique ? Sur le terrain du témoignage photographique, le plus difficile consiste sans doute à permettre de valoriser la prestation d’un matador en fonction de son adversaire. En effet, si vous regardez attentivement les photos, vous constaterez sans doute la beauté plastique parfaite de Sébastien Castella, auteur il est vrai d’une actuación techniquement impeccable, mais face à quel taureau ? Et que dire de l’injustice criante, pour qui a vu ces deux courses, du traitement défavorable réservé par l’objectif à López Chaves, lequel se l’est vraiment jouée face à un lot loin d’être simple, par rapport à Finito de Córdoba, tout à fait fidèle à lui-même ?

Nous avons fait de notre mieux, avec nos moyens d’amateurs (c’est-à-dire sans accréditation, le cul sur les gradins exigus, coincés entre deux Sévillans corpulents – les habitués de la Maestranza comprendront – et les pieds dans les débris de pipas), par afición et ce goût du partage qui va si souvent avec celle-ci.
Les galeries de photographies de cette édition 2007 de la Feria de Abril sont donc désormais au complet. Vraiment ? Non, nous vous avons épargné quelques perles de ce cycle : il en va notamment ainsi de la course minable de Puerto y Ventana de San Lorenzo, à l’occasion de laquelle on a pu encore une fois se demander ce que « Capeita » et El Gallo (quelle outrecuidance d’avoir choisi un tel apodo !) foutaient là ; ou de celle de Victoriano del Rió, un lot pour l’oubli qui ne nous a pas fait regretter de laisser l’appareil bien au chaud dans le sac, à l’abri des trombes d’eau qui s’abattaient sur le sable et nos têtes ; ou encore de la soporifique corrida d’El Ventorrillo.
Cette dernière mérite cependant une place particulière, dans la mesure où elle n’a pas été totalement inutile : elle a pu, en effet, démontrer s’il en était encore besoin que quelques menues aspérités suffisaient à mettre en déroute (le mot n’est pas trop fort) les toreritos du jour, pourtant bien placés dans l’escalafón grâce à leurs appuis. Ceux qui me connaissent, connaissent aussi ma mesure ; or en ce jour, avec tout le respect que je voue à ceux qui gagnent leur vie entre les cornes des taureaux, je n’avais pas de mots assez dur pour eux ; combien de matadors honorables, qui ne demandent pas mieux que de faire leurs preuves face à ce type de bétail, sont-ils laissés sur le carreau pour faire une place démesurée à ces trois-là : César Jiménez, Matías Tejela et Miguel Ángel Perera, pour bien les citer. Pour la petite histoire, Miguel Ángel Perera, vilainement accroché après avoir été prévenu par deux fois par son adversaire, ne devra son salut qu’au coiffage en brosse de la corne sur laquelle il a ainsi pu faire l’acrobate pendant d’interminables secondes en toute impunité. Quelques jours plus tard à Madrid, en intervenant de façon semble-t-il très inopportune pour un quite sur le toro de Sébastien Castella, le pitón sans doute plus naturel du bicho lui laissera moins de chance...

C’est donc ainsi que s’achève la relation de la Feria de Abril par Camposyruedos. Pas de reseñas, pas de bilan, et surtout pas de remise de prix ridicule. Quelques impressions jetées sur la Toile au gré des envies, sans méthode ni organisation.

Ni fleurs ni couronnes.

21 mai 2007

Un écran de fumée... Feria de Abril 2007 (III)


A vous, qui avez vu l'œuvre de Talavante : Thomas, Yannick, Curro, Jean-Louis.
A toi, qui a frôlé de si près el "arte puro" : Gilles.

Il doit être Colombien. Il est tout petit. Très petit. Perdu en bas de nous. Ses yeux sont comme tirés par deux fils invisibles vers l’écran de télé, malgré les autres, malgré leurs épaules, malgré leurs tronches agitées, malgré leurs mots qui sortent forts, malgré leurs rires qui couvrent le son de la télé. Il n’en perdra pas une miette, lui, et Talavante torée. C’est le sixième toro de cette soirée pluvieuse sur Séville. C’est le sixième Torrealta qui va mourir. Castella a déjà joué son numéro dorénavant trop connu, presque usé (cambio au centre de la piste, séries à droite puis à gauche, circulaires inversées, manoletinas et épée) et Perera a fait le paseo. Ce n’est déjà pas si mal de faire le paseo à la Maestranza. Au sixième donc, celui que l’on voudrait ériger en clone du revenant du 17 juin torée... paraît-il de fort belle manière, avec la jambe avancée, la main gauche géniale et tout et tout. C’est vrai, tous ceux qui se trempaient sur les gradins ont confirmé, Talavante a été énorme.
« - Ah ? Ben on a certainement pas vu la même corrida !
- C’était bien celle de Séville qui était diffusée dans ce bar El Arenal ?
- Ben oui, évidemment ! »


Nous n’avions pas de billet pour la course et franchement nous n’avons pas trop fait les margoulins quand il a fallu débattre de cet engagement qui, à nous, au chaud dans la bicoque de Tío Ventura, nous a paru banal, na'más. Nous aurions été plus en veine de leur parler des conditions idéales de surf sur la côte Atlantique, des spots incontournables que celle-ci dévoile par vent d’est… Nous avions la liste, dressée vingt minutes durant, par un gars paumé de Santander qui ne goûtait les toros que de loin mais qui vouait, par contre, un culte sans borne à la glutte, aux vagues et aux types sympas, un brin fêlés, qui s’aimantaient pendant deux longues heures au zinc trop court d’un minuscule bar sévillan pour... voir mourir des toros de combat. Mais... nous ne pouvions dire tout cela à ceux qui ont vu, en live et sous les gouttes, l’œuvre du pseudo clone. Non, il était impossible de se cacher derrière une excuse aussi légère, de leur raconter aussi que nous venions de découvrir l’essence même del "arte puro" en la personne d’un bonhomme extra-terrestre, capable, en trois syllabes évidemment inaudibles, de déclarer son éternelle flamme à la virgen Macarena et à toutes celles qui ne veulent plus l’être et de vomir d’insultes la télé, en haut à gauche. "Arte puro" ! Auraient-ils compris ? Auraient-ils seulement pu s’en construire une image intérieure ? Le petit homme colombien est parti discrètement avec son ami espagnol. Il aurait pu témoigner lui, si concentré, de ce qu’avait été l’œuvre de Talavante et de la mesclagne verbale, géniale, de cet andalou branquignol. Il aurait pu... quoique.
Car, malgré ce salmigondis improbable d’êtres humains, malgré les digressions atlantiques et/ou vomitives, il n’en reste pas moins que suivre une corrida à la télévision relève de l’hérésie, parfois même du masochisme pour qui aime les toros.
Il est certain que la généralisation des diffusions par certaines chaînes (Digital Plus par exemple) des grandes férias permet à un grand nombre de personnes de pouvoir se faire une petite idée d’une course en temps réel, sans avoir à attendre les compte rendus plus ou moins objectifs de la critique taurine. Cette démocratisation (payante le plus souvent) est même soutenue par de forts taux d’audience qui ne peuvent que donner le sourire dans une période où la corrida est attaquée et critiquée. Pourtant, ce spectacle qui sent la mort n’a rien à faire sur un écran de télévision, esthétiquement et techniquement parlant. Esthétiquement, nous le savions déjà et cela fait un bail que tout le monde a pu se convaincre qu’une faena importantissime perdait de son pouvoir et de son génie dans le monde cathodique. A titre d’exemple, la désormais mythique corrida de Samuel Flores lidiée à Dax en 1999 et qui avait fait s’abattre sur la cité thermale (habituée à ces excès-là) pas moins de 11 oreilles et une queue (Ponce), ne passe que difficilement le cap de l’image. L’ensemble est sympathique, certes, mais se cantonne dans le classique et le commun. Même un derechazo pourtant hallucinant de Curro Romero à Madrid en 1985 (Garzón) éprouve la plus grand peine à mettre les poils au garde-à-vous. C’est dire. Mais tout cela, nous le savions déjà, la télé "descabelle" le sentiment, l'ambiance, l'atmosphère.
Techniquement, c’est pire !
La télévision est une formidable machine à détruire l’analyse et le jugement techniques. Nous conservons bien évidemment nos critères, comme dans l’arène mais ils sont pervertis par la manière de filmer, le montage en quelque sorte du film. Qu’il s’agisse de Digital Plus ou de TVE, les remarques sont les mêmes. La majorité des tercios sont filmés en gros plan dans une évidente recherche d’esthétisme plus proche de la photographie d’art que de la retransmission aussi fidèle que possible du combat qui se joue sur la piste. Le toro est le plus souvent filmé en plan serré dès sa sortie ce qui d’entrée de jeu empêche de se faire une idée des trajectoires qu’il opère dans le ruedo. C’est pourtant capital. Le tercio de piques est purement et simplement un attentat commis contre la compréhension de ce moment essentiel d’une corrida. Le plan serré persiste sur le toro qui observe le cheval, la distance donnée au bicho est impossible à évaluer correctement. Le moment de la rencontre se résume, dans bien des cas, à un gros plan sur l’endroit où la pique a pénétré voire purement à une photographie de l’œil révulsé de l’animal poussant (quand c’est le cas) sous le châtiment. J’exagère peut-être mais la réalité est parfois plus cruelle. Comment préjuger du caractère du toro dans ces conditions ?
La suite ? Des poses de banderilles durant lesquelles la caméra suit la course des hommes et non celle des toros, pendant lesquelles on vous colle des ralentis « somptueux » de cornes passées alors que c’est entre les poses que le tercio prend toute sa dimension. Replacer un toro, lui faire ou non trop de capotazos, analyser sa course et ses réactions... tout cela passe à la trappe pour donner l’illusion de la beauté théâtrale du drame. La faena est retranscrite à travers les visages des toreros si expressifs dans la douleur de la lutte. Souvent filmées dans l’axe du couple toro/torero, les préparations de passe donnent souvent le sentiment de l’engagement et du croisement. Effet d’optique. Les gros plans pleuvent sur les derechazos et les naturelles, on cherche le spectaculaire et les ralentis quasi langoureux cachent toujours l’entre-deux pourtant si important. Enfin, comme le reste, plus que le reste, la mort s’offre en méga zoom, sans recul ni perspective.
Alors, je suis certain que mes amis avaient raison et que Talavante a été très bon. Je les crois volontiers mais j’avoue que je ne l’ai pas vu. Je n’ai vu que la bosse de ses couilles et le bout d’une corne, je ne savais même pas où se jouait la partie dans l’arène. Il n’y a pas que la télé mais quand même...
Je me dis aujourd’hui que le seul avantage de ces retransmissions réside justement et pour partie dans les défauts précédemment énumérés. Des gros plans qui ne peuvent cacher les cornes escobillées voire limées, les cariocas, les pompages outranciers, les piques dans les reins, les épées mal placées, toutes ces métastases de la tauromachie. L’intérêt n’est que là, l’essence de la corrida, la distance, les terrains, les coulisses et surtout le toro, eux, n’y sont pas. La tauromachie n’est absolument pas un "magnifique produit télévisuel" et ne le sera jamais !
Passons enfin sur les commentaires consternants du trio de Digital Plus (Moles, Muñoz et Antoñete) qui, nous l’espérons, ne donneront pas lieu à la publication d’un livre de souvenirs.

Par contre, il est louable de s’interroger sur la pertinence de reseñas données depuis le petit écran. Elles deviennent monnaie courante et n’ont pas toujours la sincérité de dire qui elles sont. Donner à ses lecteurs un compte rendu d’une corrida est un labeur respectable à condition que les choses soient claires dès le début par l’annonce d’un spectacle vu par écran interposé. Cette idée n’engage que moi mais je crains qu’avec la généralisation de ces pratiques, nous en arrivions un jour à voir des prix octroyés alors même que les "journalistes" n’ont pas fréquenté les arènes... c’est possible.
Et puis, sincèrement, la télévision a-t-elle le pouvoir de retranscrire cette image étourdissante d’un Morante de la Puebla, visage de gisant, quittant le ruedo maestrante plus lentement qu’un convoi funéraire, soutenu par le rien de l’échec et le tout de l’espoir du demain ?
Non, elle n’en a pas le pouvoir car c’est déjà la pub !

>>> Retrouvez les galeries des corridas de la Feria de Abril 2007 sur le site, rubrique RUEDOS.

18 mai 2007

Le temps passe...

Oui, le temps passe !

Et cela fait maintenant 1 an et des pinchos que le blog de Camposyruedos rissole peinard, à feu doux, un poil épicé évidemment. Ici pas de phrase fétiche annonçant la couleur, du genre"quand une mouche pète à l'ouest, le vent se lève à l'est", pas d'épitaphe non plus (personne n'a encore perdu ses codes de connexion !), seulement des ris de mots, de petits canapés de rigolade, un toro de zozos, des toros pleins les yeux.
C'est pour lui qu'on cuisine, essentiellement pour lui : le taureau de combat. On l'écrit tous les jours, "ce n'est pas la peine d'en rajouter..." aujourd'hui.
Il y a plus d'un an, quand les "grands rénovateurs" du règlement taurin andalou avaient décidé de jeter aux orties le mot "trapío", selon eux périmé, notre réaction avait été de rechercher des définitions multiples de ce mot, de présenter en quelque sorte un "méli-mélo" déconstruit des diverses significations de cet idiome complexe, parfois subjectif, mais ô combien taurin et indispensable à notre apprentissage de l'univers du taureau de combat.

15 mai 2007

Céret de Toros dans "El País"

C'est notre compère de Madrid, Bastonito, qui le mentionne ce matin sur son blog http://taurofilia.blogspot.com/, le quotidien El País a publié un texte sur Céret de Toros dans sa rubrique sur la San Isidro. Le texte est signé Jorge Laverón.

14 mai 2007

Rosa Jiménez Cano, le (vrai) retour


« Hubo un tiempo en que el nombre del ganadero y el picador ocupaban la mayor parte del cartel. Cuando los puyazos y derribos colmaban de emoción el tendido. A medida que ganó en importancia la muleta, el toreo ganó en reconocimiento artístico. A la vez, el toreo perdía cierta emoción, cierta agresividad. [...] »

C'est une joie que de retrouver la talentueuse Rosa Jiménez Cano, qui sort de l'ombre aux commandes d'un blog destiné à couvrir la San Isidro 2007. C'est une surprise que d'y voir associer El País où, grosso modo depuis le décès de Joaquín Vidal, les toros de Madrid étaient boudés voire ignorés. À dire vrai, je ne connais pas la nature exacte du lien entre la reporter et le quotidien ; toujours est-il qu'il est possible d'accéder au blog via le site du journal.

Jeune et farouche journaliste qui causait déjà de toros sur son rafraîchissant blog Nuevo Periodismo à la rubrique "Casta, poder y trapío" — tout un programme —, Rosa Jiménez Cano fait une envoyée assez spéciale en même temps qu'un soutien solide pour l'aficionado qui n'entend pas se laisser impressionner par les incessantes et sombres offensives des chantres de la camelote artistico-commerciale.

Vous pouvez donc profiter d'un point de vue cultivé, mordant parce que décalé et résolument indépendant du mundillo sur le marathon taurin madrilène en cours et ses marges. Enfin, difficile de ne pas citer Alfonso Navalón qui avait rendu hommage, une vingtaine de mois avant sa mort, à celle qui était son amie, qu'il avait soutenue ardemment à ses débuts et qu'il considérait comme la plus apte à reprendre le flambeau de la critique défenseur d'une Fiesta comme on l'aime. À la lecture des citations embrassant ces lignes, on jugera, si besoin était, de la parenté manifeste de leurs sensibilités :

« Viaje a los toros del sol reaparece a pesar de mi indolencia. [...] Es uno de los momentos más tristes de la historia del toreo. Cuando este mundo fascinante de emociones y ensueños se ha convertido en un burdo negocio donde todos quieren vivir a costa de humillar al toro. Ya no es el Rey de la Fiesta. Es sólo una pobre víctima del egoísmo de los taurinos, que le quitaron la casta, la fuerza y encima le asesinan en el peto, y luego unos presuntos toreros se hacen millonarios, practicando la trampa y no la arriesgada técnica del toreo. [...] »

¡Enhorabuena y suerte Rosa!

Image Alfonso Navalón © David Cordero

13 mai 2007

"Un fleuve cárdeno"... Ganadería de Bucaré

Ici est née et survit une croyance populaire. Une évidence reconnue par tous, acceptée partout. Comme une image d’épinal que le XX° siècle a collé sur tous les murs du monde taurin, sur tous les carteles des férias de renom.
Le toro de Santa Coloma est gris !
Petit et gris. Tout le monde le sait, tout le monde l’écrit et tout le monde a presque raison. Dans l’imaginaire taurin, le Santa Coloma a un tamaño réduit avec une frimousse toute petite sur les bords de laquelle deux yeux vifs défient les combats à venir.
Bucaré est cette minuscule flaque de laquelle un fleuve cárdeno a arrosé le campo espagnol pendant des lustres. C’est en 1932 que Don Joaquín Buendía racheta l’élevage déjà légendaire mais en mauvais état du Conde de Santa Coloma. Après des débuts difficiles qui empêchèrent le nouveau ganadero de lidier un seul toro durant trois temporadas, la suite de l’aventure fut ponctuée de triomphes et de gloire à tel point que Joaquín Buendía fut une des plus grands revendeurs de sementales de l’époque, en compagnie d'Urquijo et du Conde la Corte, évidemment. Depuis, les Buendía ont quelque peu quitté le devant de la scène et l’on peut supposer que la mode du "grand et gros toro", souvent fuera de tipo, y est pour beaucoup. Pour autant, et malgré cette discrétion imposée, le toro de Buendía est devenu l’archétype du Santa Coloma dans l’esprit de beaucoup d’aficionados.

Nous le disions, ils ont "presque raison" mais pas entièrement. Si Buendía est la devanture la plus célèbre, il existe d’autres ramas chez le Santa Coloma qui s’éteignent sûrement un peu plus tous les jours (Coquilla et Graciliano par exemple). Le Buendía est la version la plus asaltillada du Santa Coloma. Ainsi va la vie des toros, dictée malheureusement par les goûts des toreros et des empresas qui ne savourent plus depuis longtemps la caste et la combativité des Santa Coloma.
Soyons donc satisfaits de constater que Javier Buendía est en train de redonner un certain lustre à ses Buendía (renommés "Bucaré" – nom de la finca historique de la casa – depuis la division de la maison mère entre héritiers) qu’il ne fait pour l’instant combattre qu’en novilladas. Espérons pour finir que cela pourra redonner de l’allant à ce fleuve cárdeno né dans la flaque de "Bucaré"...

PS Il y a quelques jours est décédé le frère de Javier, José Luis Buendía Ramírez de Arellano, propriétaire de la ganadería nommée Joaquín Buendía Peña.

>>> Retrouvez la galerie de la camada 2007 de Bucaré sur le site à la rubrique CAMPOS.

12 mai 2007

"L'eunuque posthume"... Feria de Abril 2007 (II)


Il aurait pu devenir empereur. Un seigneur au centre de ses femmes, menant de rudes alcôves dans son "palais de derrière"*. Un empereur, tout simplement... à la mode chinoise. Il aurait pu revenir en maître chez lui, dans son gynécée cárdeno, "bien plus important que celui du commun des mortels" évidemment. Et Moraleja, si proche dans le soleil levant, se serait muée en un "employé au pinceau rouge" pour tenir au secret cette vie sexuelle drapée d’encinas. Au lieu de ce rêve extrême-oriental, 'Borgoñés', toro de Victorino Martín lidié à Séville le jeudi 19 avril 2007, au soleil couchant (c’était un signe), n’aura connu que les promesses violentes d’une mort mutilée.
Il lui a fait couper les roubignoles ! Promis juré, c’était écrit le vendredi 20 avril dans le Diario de Sevilla et ce fut même confirmé sur certains sites d’information taurine avec lesquels fricote le ganadero : "Creo que ha sido muy semejante a 'Murciano', por su forma de embestir y de humillar, por eso hemos recogido los testículos para ver si es posible padrear. Ha sido un toro muy importante y la gente lo ha visto, se ha crecido en la embestida y ha humillado magníficamente. Esta es una de las tardes que uno sueña como ganadero". Eunuque 'Borgoñés', à titre posthume mais eunuque ! Il y a mieux pour un toro de combat mais la modernité dans laquelle il ne peut y avoir de marge d'erreur rattrape le campo et tue les aléas qui en faisaient le piment.
Comme un citron du Levante, on va le presser jusqu’à la dernière goutte pour en extraire la "substantifique moelle", celle des bons toros, pour en faire un père de l’ailleurs.
Car, oui, 'Borgoñés' fut un bon toro qui montra classe et répétition dans les profonds derechazos de Manuel Jesús 'El Cid'. Dès sa sortie, le public sévillan a compris que ce toro serait du sucre glace pour assaisonner le gâteau de fête de la quatrième porte du prince du maestro de Salteras. La tête plonge bas dans le rose, s’étire pour accrocher ce tissu qui s’échappe sans fin. 'Borgoñés' a tout de suite montré qui il était, comme c’est souvent le cas chez les bons Victorino Martín. C’est au troisième tiers que l’Albaserrada révéla ses grandes aptitudes à charger un leurre bien conduit. Le Cid n’a même pas eu besoin de cadrer l’animal tant tout coulait de source. Au long des séries, surtout droitières, 'Borgoñés' chargeait inlassablement, sans vice, sans hachazo, le mufle tourné aux trois quarts vers l’intérieur, tendu vers ce tissu qui s’échappe sans fin. A gauche, il faut le dire, Le Cid ne sut pas étaler ses talents comme jadis encore. Deux petits tours… et puis s’en vont. Qu’importe, 'Borgoñés' charge encore et encore. Une machine, droite, franche, bien programmée. Un moteur parfaitement huilé.
Et Séville voulut son empereur chinois !
Main ferme sur l'épée, le Cid n'a pas bronché sous le crépitement de flanelles blanches qui imploraient la grâce. Le président non plus ! Il a même dû baisser le pouce sous son pupitre, j'en suis sûr, comme les empereurs romains s'amusaient à le faire droits comme des "i" couronnés de lauriers. Pas "d'appartement intérieur" pour ce bon toro de combat, un brin au-dessus de la moyenne...
'Borgoñés' ne méritait ni l'indulto (les Sévillans deviendraient-ils un tant soit peu Marseillais ?), ni la vuelta finale qui en fit le héros de cette Feria de Abril. Il fut certes un toro important dans une saison mais il ne démontra pas toutes les qualités attendues pour un honneur qui devrait être considéré comme grand et exceptionnel. La première pique fut poussée avec force et fixité, reconnaissons-le, et s'acheva même par un batacazo, péripétie devenue rare chez les pensionnaires de "Las Tiesas de Santa María". Hélas, la seconde rencontre confirma ou plutôt annonça (car 'Borgoñés' fut lidié en second) le comportement général de ce lot de Victorino au demeurant fort intéressant et encasté. Une poussée de deux secondes et sortie en solitaire qui témoigne que la bravoure supposée du bicho n'était pas si étincelante ou en tout cas n'atteignait pas le degré "idéal" (si celui-ci existe) espéré pour une vuelta finale. Ainsi, reconnaissons à ce toro d'avoir été un grand toro de troisième tiers, comme cela est de plus en plus souvent le cas chez les Victorino, mais non point un grand toro de combat tout court. Il lui manquait quand même de la matière et ce, malgré la pluie diluvienne de dithyrambes qui s'est abattue sur le monde taurin dans les jours qui ont suivi sa lidia. Admettons également que le Victorino eut la chance de rencontrer sur son chemin un maestro comme le fut ce soir-là le Cid. Le grand brun bientôt chauve avait dû boire des litres de quiétude avant d'entamer le paseo. Concentré, calme, posé, pas un geste inutile ne vint gâcher la lidia de ses deux toros, pas une passe zélée n'entama son envie ; pas après pas, empreinte après empreinte, il construisit son triomphe...
Malgré tout, l'histoire retiendra qu'un eunuque posthume faillit devenir empereur chinois, un soir de porte du Prince (ouais), le long d'un fleuve calme qui en a certainement vu d'autres...

* Si les tergiversations autour de la validité supposée ou non des trophées vous font le même effet qu'à votre serviteur, plongez-vous dans la lecture passionnante du dernier numéro de la revue L'histoire (n° 320, mai 2007), qui, pour une fois, consacre un dossier à un sujet exotique : "Les Chinois, la femme et le sexe"... C'est ô combien révélateur de notre mentalité occidentale... Bonne lecture.

>>> Retrouvez les galeries des corridas de Palha et de Victorino Martín de la dernière Feria de Abril sur le site, rubrique RUEDOS.

Présentation des carteles de Mont-de-Marsan 2007

Hier soir, vendredi 11 mai 2007, étaient présentés les carteles de la prochaine Féria de la Madeleine de Mont-de-Marsan qui aura lieu du 20 au 26 juillet 2007.
Nous connaissions déjà les lots de toros retenus cette année et c'était, pour ma part, le plus important. Saluons donc la présence des Coquilla de Sánchez-Arjona qui montre la volonté de la nouvelle commission taurine de maintenir à la fois la novillada piquée mais également de faire preuve de variété dans le choix des encastes. Espérons que ces Coquilla sortent aussi encastés que ceux de Sánchez-Fabrés à Saint-Martin-de-Crau. Saluons également la recherche d'une présentation digne de cette féria. Pour avoir vu le lot de Adelaida Rodríguez au campo, force est de constater que la casa Chopera a été contrainte de faire un effort de ce côté-là. En ce qui concerne les autres lots, je vous invite à visiter le site officiel des Fêtes de la Madeleine sur lequel sont visibles tous les lots de toros. Il semblerait que la belle apparence des Adelaida ne soit pas un cas isolé et que tous les lots présentent de fort jolis toros. Evidemment, certains, comme nous, auraient espéré un peu plus d'originalité dans le choix des élevages pour les corridas car la casa Fraile est fortement représentée (Valdefresno et Moisés Fraile) et le fer de Vellosino (Domecq) n'est pas prompt à faire fantasmer les fanas de toros de combat. Cependant, pour une première année de fonctionnement, cette nouvelle commission taurine (condamnée par certains durant l'hiver pour excès de naïveté face à Chopera) a eu au moins le mérite de mettre un peu la pression sur une empresa quasiment à demeure depuis des lustres au Plumaçon et il est louable et heureux de constater que les inévitables Garcigrande, Montalvo, García Jiménez et autres fanfreluches charras soient reléguées aux oubliettes comme c'est d'ailleurs souvent le cas des "combats" de leus bêtes.
Côté hommes, certains relèvent déjà les absences et les manques. Personnellement, peu me chaut mais c'est un avis tout personnel. Cependant, je me permettrai une seule critique concernant une absence de marque, celle de César Rincón. Je ne connais pas les conditions de recrutement des toreros pour une féria comme celle de Mont-de-Marsan (il aurait été plus cher que Castella, paraît-il) mais l'absence de ce seigneur de l'arène, venant qui plus est de couper deux oreilles à Séville et ayant annoncé sa despedida cette année, me paraît regrettable. Point ! Par contre, relevons le choix intéressant de Curro Díaz qui vient de se montrer à son avantage à Séville (Cebada Gago) et de triompher à Madrid dans une course de pré-San Isidro. Quant à la présence double de Sébastien Castella, avis tout personnel une fois de plus, mais je trouve dommage de devoir assister à quatre faenas identiques (pendules, séries à droite, séries à gauche, circulaires, manoletinas...) mais certes joliment dessinées alors qu'un bonhomme comme Alejandro Talavante, en pleine bourre en ce moment, ne découvrira pas la chaleur suffoquante du Moun en juillet. Petit regret, c'est tout.
Ces quelque commentaires n'enlèvent en rien le fait que l'on peut quand même placer quelque espoir pour le futur sur le travail engagé par cette nouvelle commission taurine. Ces espoirs reposent sur au moins deux faits concrets :
1. La recherche d'une présentation digne de ce nom ;
2. La volonté de ne nommer qu'un seul président pour toutes les courses, toutes considérations politiques mises à part. Selon ce qui a été déclaré hier soir (un ami me le confirme), la présidence a été proposée à l'Aturin Marc Amestoy, celui-là même qui préside aux corridas concours vicoises depuis quelques années. Nouvelle intéressante qui pourrait donner une ligne de conduite "sérieuse" au Plumaçon et éviter (même si l'erreur est humaine et compréhensible) certaines décisions stupides comme cette vuelta al ruedo d'un García Jiménez il y a deux ans.

Finalement, espérons que cette Féria de la Madeleine 2007 ne soit pas un miroir aux alouettes ou un soufflet au fromage qui retomberait plus rapidement qu'il n'est monté. Accordons à cette commission taurine le bénéfice de la volonté et de la "nouveauté" et attendons juillet pour juger sur pièce. Suerte le Moun !

Carteles de la Féria de la Madeleine 2007
Samedi 21 juillet
Ecole taurine de la Fédération française de course landaise et 2 novillos de Meynadier pour Mathieu Guillon et Thomas Dufau.
Dimanche 22 juillet
Toros de Robert Margé pour Pepín Liria, Luis Miguel Encabo et Julien Lescarret.
Lundi 23 juillet
Toros de El Vellosino pour Curro Díaz, El Juli et Manzanares.
Nocturne. Corrida portuguaise avec Marie Sara, Hermoso de Mendoza et Sergio Vegas. Toros de Fano.
Mardi 24 juillet
Matinée. Novillos de Coquilla de Sánchez-Arjona pour Pepe Moral, Rubén Pinar et El Santo.
Tarde. Toros de Moisés Fraile pour El Cid, Sébastien Castella et César Jiménez.
Mercredi 25 juillet
Toros de Adelaida Rodríguez pour El Fundi, López Chaves et Fernando Cruz.
Jeudi 26 juillet
Matinée. NSP avec des novillos de Meynadier pour Thomas Cerqueira, Damián Castaño, Mario Guirao et le rejoneador Thomas Baqué.
Tarde. Toros de Valdefresno pour Enrique Ponce et Sébastien Castella en mano a mano.

>>> Retrouvez les carteles de la Madeleine 2007 ainsi que les galeries des toros sur le site (refait à neuf) des Fêtes de la Madeleine : http://www.fetesmadeleine.fr/02a_cartels.html.

>>> Retrouvez le lot d'Adelaida sur le site dans la rubrique CAMPOS.

Photographie
Toro d'Adelaida Rodríguez pour Mont-de-Marsan.

10 mai 2007

San Isidro 2007

'Enjaleado', toro noir de 555 kilos de la ganadería Martelilla, sera le premier de la San Isidro 2007 à fouler le sable de Las Ventas.

Le sorteo, la vidéo de l’apartado, les photos des six toros composant le lot, ainsi que la composition des cuadrillas de Luis Miguel Encabo, Antonio Ferrera et Fernando Cruz, chargés de les mettre à mort, sont disponibles sur le site des arènes.

Le cycle tauromachique le plus important du monde débute donc ce soir, à 19 heures, sous les yeux d’un public espérons-le nombreux et des téléspectateurs abonnés à Digital + ayant acquitté leur pay-per-view.

Espérons que les pupilles de Gonzalo Domecq et ceux qui devront les combattre donneront l’image d’une fête belle, intègre et authentique. On peut toujours se prendre à rêver ; c’est le propre de l’aficionado.

Photographie de Juan Pelegrín (dont notre site présente trois galeries, à la rubrique PHOTOGRAPHIES).

09 mai 2007

El Aficionado n° 25


Le 25ème numéro de la revue El Aficionado, éditée par La Cabaña Brava, est désormais disponible sur le site Internet de l’association aragonaise. Comme à l’accoutumée, la dernière livraison contient de nombreux articles dignes du plus grand intérêt, mis gratuitement à la disposition de tous les aficionados qui lisent la langue de Cervantès.

Vous pourrez également consulter sur ce site des reportages photographiques sur certains élevages, ainsi que deux articles de Luis Alonso Hernández, vétérinaire et aficionado, relatifs à la dernière féria de Séville : le premier fait le récit du triomphe du Cid face aux Victorino, tandis que le second nous livre quelques réflexions sur les prix qui ont été attribués. Une vision des événements toute personnelle dont l’indépendance et la franchise ne sont pas le moindre des mérites.

Bonne lecture.

08 mai 2007

Chicuelinas


La dernière Féria d'Avril a été une fois encore l'occasion de constater dans quel triste état se trouve le tercio de varas. Nous avons suffisamment insisté ici sur la façon lamentable dont les piques sont administrées pour que, en tout cas pour l'instant, il ne soit pas utile d'y revenir.

Mais le premier tiers, c'est aussi, ou plutôt cela devrait également être celui des quites. Or pour revenir au dernier cycle abrileño qui a pris fin récemment, force nous est de constater que les quites ont quasiment disparu. Dans l'étendue non seulement de leur utilité, mais aussi, de façon plus blâmable, du répertoire des toreros.

Si l’on déplore souvent la décadence de la suerte de varas, on n’insiste pas suffisamment sur l’un de ses déplorables corolaires : la disparition des quites. D’une part parce qu’ils n’ont plus d’utilité directe, et d’autre part dans la mesure où il convient désormais d’économiser le peu de forces qu’il reste au toro (le plus souvent « décasté ») après avoir subi le monopuyazo assassin. Car en effet, quand les piques étaient pratiquées correctement, et à des adversaires susceptibles de les encaisser, les matadors se devaient d’intervenir au quite, de préférence en tentant de briller à cette occasion ; et ce qui à l’époque d’avant le peto revêtait une importance avant tout pratique dans le cadre de la lidia, devint un élément artistique qui constitua très vite l’un des éléments les plus recherchés des spectateurs. Quel bonheur cela devait être de voir chacun des trois matadors alternant sortir le taureau du cheval, offrir un quite au public pour le replacer ensuite en vue de la puya suivante !

Sur une bonne douzaine de corridas (on ne m'en voudra pas d'avoir fait l'impasse sur certaines courses), le nombre de quites différents qu'il m'a été donné de voir se compte sur les doigts d'une seule main, et encore.

En revanche, pas un jour sans voir exécuter, avec plus ou moins de bonheur, la désormais sempiternelle chicuelina. Elle nous a été servie chaque après-midi et à toutes les sauces, le plus souvent sans saveur ni brio.

Sans nécessairement remonter au temps de Pepe Luis Vázquez, ni à la competencia entre Diego Puerta et Paco Camino, est-il possible aujourd’hui de citer des maestros s’étant particulièrement illustrés dans cette partie de la lidia moderne ? Les derniers de cette catégorie sont sans doute Luis Francisco Esplá, Joselito et El Juli, auxquels on pourrait ajouter Enrique Ponce, les jours où celui-ci se trouve en compétition sérieuse sur ce terrain (impossible d’oublier, pour ceux qui ont eu la chance de la voir, la fameuse corrida de Samuel Flores du 23 mai 1996, à l’occasion de laquelle José Miguel Arroyo et Enrique Ponce nous offrirent, sous l’œil de Francisco Rivera Ordóñez, un merveilleux combat de quites). Mais le premier étant en préretraite, le deuxième à la retraite et le dernier ayant renoncé à son toreo de cape sémillant, c’est devenu le désert.

Jusqu’à l’arrivée du prochain messie, nous allons donc devoir encore bailler longtemps devant les chicuelinas.

07 mai 2007

La mort est rouge et blanche...


Jesús Fraguas est décédé il y a deux jours des suites de cornadas reçues au campo. Les toros tuent!

Ce n'est pas qu'on le connaissait spécialement à Camposyruedos mais c'est surtout que ce type était un "fada" comme on n'en fait plus, et ça, ça nous plaît ici.

Franchement, vous avouerez, il faut être "fada" ou "perché" grave, comme disent les jeunes, pour oser élever ce qui n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir jurassique, un anachronisme presque malsain aux yeux du monde taurin.

Pensez donc, faire pousser en terre navarraise des bêtes rouges sous les cornes d'autres bien blanches, fallait le faire, le rêver (navarrais et vázqueño). Il le fit, afición pura ! Démence quichotienne...

Alors voilà, Jesús Fraguas est décédé il y a deux jours des suites de cornadas reçues au campo. Les toros tuent !

A Pamplona, quand meurent d'autres "fadas" à 8h du matin, une peña pleure un llanto au paseo, même les foulards rouges baissent leurs yeux humides sur le blanc effondré. Ça s'appelle "El Silencio"...

04 mai 2007

"Vert de gris..." Adolfo Martín


Les toros couvrent les fleurs de leurs gueulantes lancinantes, les oiseaux rivalisent, les aigus au taquet. C’est vert de la racine de l’encina jusqu’aux laides barrières tubulaires du cercado de Madrid ; des verts, autant que de pains chez la boulangère qui ne sait plus lequel vous refourguer finalement.
Depuis 1990, Adolfo Martín ( Martín Andrés puis son fils Martín Escudero depuis 1992) élève les frères des Victorino dans ce bout sublime d’Estrémadure. Ils sont comme les reflets de ceux de Moraleja sauf que, sauf que...
Sauf que les señores Adolfo, entrés à l’UCTL en 2000 après la période de prueba, ne sont pas des copieurs de fond de salle de classe. De tronche, c’est pareil, identique, igual que el otro avec les asaltillados dont on dirait que les lignes ont été dessinées à la seule pointe fine d’une plume grise et les autres, certains esquissés au bic, d’autres gribouillés au gros feutre avec leur caboche large, pleine de frisettes. Incomparable, l’Albaserrada n’en demeure pas moins multiple et divers. Les mêmes donc, peut-être, mais pas tout à fait quand même.

Le mundillo (terme vague j’en conviens), les taurinos et même les toreros ont clairement opté pour les bêtes du tonton. Prestige et histoire obligent certainement mais aussi parce que le tonton, qui montre tout le temps ses dents sous sa collection de panamas, a choisi le chemin de l’usine et de la surproduction. On produit à la chaîne à "Las Tiesas de Santa María", tout le monde peut ainsi être servi. Force est de constater que cette évolution se construit au détriment de la légendaire race des toros du paleto de Galapagar qui, s’ils développent toujours parfois ces charges à bouffer des fourmis, ont abandonné sur le bord du Tage leur envie d’en démordre au cheval (je conviens qu’il existe encore quelques exceptions). Mais bon, tout le monde il est content comme ça et 'Borgoñes' a obtenu sa petite vuelta lors de la dernière Feria de Abril (une bonne 1ère pique poussée fixement et puis sorti seul de la seconde à peine poussée !). Et dire que certains ont même demandé l’indulto !
Bref, bref. L’Adolfo n’est pas le Victorino et il coule toujours en lui cette âpreté qui fait les combats et les grands après-midis. L’irrégularité fait toujours partie du quotidien de la casa mais la casta est là le plus souvent, avec ses nuances évidemment. Au cheval car, quoi qu’en disent ou qu'en rêvent certains, le cheval reste l’étalon principal pour juger de la bravoure d’un taureau de combat, ça persiste à charger et à pousser, ça combat !
Le 7 juin 2002, à l’ombre d’un poteau des gradas venteñas, une femme charmante, coiffe L’Oréal de circonstance, un bon demi-siècle dans les contours des yeux et sur la fière bedaine de son mari, s’émerveillait à haute voix à la fin de la course : "Son toros de lujo." Elle rêvait à voix haute de l’encierro d’Adolfo Martín qui avait montré ce jour-là que le gris était une couleur vive (les six toros avaient été très bons et très complets). Efrén Acosta, picador génial du Zotoluco, avait su mettre sa technique du balancier au service de la grande classe de 'Madroño I', primé d’une fort méritée vuelta al ruedo, lui.
Cette année, les toros d’Adolfo quitteront "Los Alijares" pour se rendre deux fois à Las Ventas, en mai puis à l’automne. Les autres vogueront aux quatre coins de la péninsule, plus discrètement (médiatiquement parlant) que leurs frères de Moraleja, c’est la seule certitude. Pour le reste, ¡suerte Adolfo!

>>> Retrouvez la galerie des toros d'Adolfo Martín retenus pour Madrid ainsi que la galerie du reste de la camada 2007 sur le site.

Michael Crouser


Les plus anciens fidèles du site Campos y Ruedos, et ceux qui s'aventurent encore de temps à autres dans les méandres de ses galeries, ont sans doute gardé en mémoire les superbes clichés réalisés par le photographe Américain Michael Crouser*. On peut bien sûr se plonger ou se replonger avec émerveillement sur son site et sur la galerie qui lui est consacrée et qui expose son travail.

Solysombra, qui avait eu l'occasion de faire sa connaissance après avoir découvert son travail dans le métro madrilène, avait obtenu son autorisation de publier sur Campos y Ruedos une partie de son oeuvre consacrée à la corrida.

Même si la qualité de ses photographies est palpable sur les différents supports mentionnés ci-dessus, rien ne rendra jamais l'émotion suscitée par la contemplation directe de l'oeuvre photographique. Malheureusement, celle de Michael Crouser n'est pas à la portée de toutes les bourses.

L'artiste et son éditeur annoncent toutefois la sortie prochaine d'un ouvrage entièrement consacrée à sa série "Los Toros", fruit de 15 ans de prises de vue dans tous les ruedos du monde de la corrida, de Quito à Arles, en passant par Madrid et Burgos notamment. Voilà sans doute de quoi intéresser les passionnés de taureaux et de photographie.

* Si ce n'est pas le cas, rendez-vous dans la rubrique PHOTOGRAPHIES accessible depuis la page d'accueil du site.