30 mai 2012

Gentil mais un peu con


Un ami des faubourgs nord de Dax, grand connaisseur de la flore intestinale et moustachu, me disait très justement : « Ils feraient bien de faire gaffe, à la fédé !… »

On tentait de s'accorder sur ce concept de « corrida de France », aussi brumeux que nous en cette fin d'après-midi, et l'on arrivait tout de même à la conclusion que, pour la énième fois du week-end, l'organisation vicoise enchaînait les boulettes comme Nadine Morano enfilait les inepties ministérielles — c'est dire s'ils furent productifs. 

En effet, après cette course, que certains virent comme LA course du cycle pendant que les autres la jugeaient chiante comme une nuit dans la banlieue de Charleroi, on énonçait, à haute et claire voix à travers les haut-parleurs, les noms des picadors vainqueurs — puisqu'il s'agit là d'un concours de pique —, puis, à la surprise générale, l'on dénonça publiquement et fièrement que ces vainqueurs ne le furent que parce qu'ils avaient été les uniques à ne pas avoir monté leur pique… « à l'envers » !!! En d'autres termes, les héros du jour n'étaient en fait que les moins tricheurs. Si, si, je vous jure…

De toute évidence, cette « corrida de France » est un concept pas banal pour deux sous. « De quoi me plains-je ? » me direz-vous, alors que je devrais plutôt saluer le geste fort d'un CTV soucieux des choses belles et bien faites en son sein.

En fait, je vous le dis, je ne me plains de rien, mais je souris à l'idée de la gueule du responsable des piques du CTV qui, ce jour-là, par le biais volontaire ou non de son porte-parole, est juste passé pour le « con du jour » ! La morale de cette histoire, c'est qu'à balancer les vérités aussi vertement on passe assurément pour un brave gars fourré à la vertu, mais avec la tête du couillon inutile et incapable de mener à bien sa petite mission. Par chez moi, on l'appelle le « povrot ». 


Photographie Karla Pradet

Pissons du vinaigre



















Y'en a un qui traitait les citoyens avec des « petit con » du haut de ses talonnettes ; y'en a un autre qui, du bas de son callejón, de derrière ses lunettes, du fond de son autosuffisance affligeante, balance des « va te faire enculer » à des types dans les gradins des arènes de Nîchmes.
À un journaliste de Midi Libre qui lui demandait s'il ne pensait pas que son image serait égratignée par ce pitoyable étalage verbeux, voici la réponse de l'intéressé : « Mon image de marque, il y a longtemps qu’on la connaît ; ne croyez pas qu’elle se joue ici. Je n’ai qu’une image publique, celle de ma compétence tauromachique et professionnelle. Certains Nîmois ne s’en sont pas aperçus, mais je suis une star internationale. J’ai le respect de tout le monde : les plus grands toreros, les éleveurs et les aficionados, même les ultras de Madrid. Mais il y a une dizaine d’imbéciles que je ne respecte pas, parce qu’ils ne me respectent pas. Ce que je dois au public de Nîmes, c’est de proposer des spectacles de qualité. C’est ce que je fais depuis des années. »

Cosmique !

29 mai 2012

À un détail près


À cette heure-ci, les mamies vicoises retrouvent enfin la pesante quiétude des caniculaires après-midis gascons, parce que le muret sent un peu moins la pisse et que le petit nain dans le jardin est toujours là, sain et sauf. Elles vont pouvoir retrouver le sommeil qui leur est dû, et ne sursauteront plus sous la couette au moindre couac de trompette. Vic 2012 s'est endormie, et, ma foi, la terre tourne encore dans le bon sens. 

Après cette fin du monde promise, ce cataclysme annoncé, je dois admettre que ma gueule de bois fut bien relative. Sur tous les fronts, Vic 2012 en valut finalement bien d'autres, car chacun de mes souhaits éthyliques fut abondamment servi frais, dans une ambiance gersoisement amicale. Mais, question bêtes à cornes, le Tariquet du premier soir ne suffit pas à masquer la touche citronnée du jour suivant. 

Sur un cartel enchanteur, censé faire ronfler les cuivres, l'on oubliera vite comment El Fundi lavait dignement la claque madrilène dans un Gers qu'il quittait à jamais, mais on retiendra surtout l'indignité de ce lot de José Escolar qu'on ne voulut pas regarder faute de mal de bide, surtout parce que cela ressemblait à un spectaculaire doigt tendu haut et fort à tous ces cons que nous étions d'avoir voulu faire l'effort d'y croire encore, et supporter les tracas d'un CTV qu'on s'était imaginé plus soucieux d'une autre éthique en ces jours délicats. On se trompait, tant pis pour nous, couillons… Mais, puisque nous en parlons, il serait bon de savoir qui a bien pu cautionner un tel embarquement ? 

A) Des aficionados défendant une piquante idée de la corrida de toros
B) Des entrepreneurs soucieux de faire fleurir leur marché à renfort de coups de génie et d'audace prompts à re-séduire un amour perdu ? 
C) Une équipe de gougnafiers qui se fout pas mal du clientèliste respect que des aficionados doivent aux aficionados ? 
D) Obiwan Kenobi ?

À vous d'y répondre… Moi, je n'ai fait que payer ma place, et, ce jour-là, elle pesa lourd dans mon budget. Il n'empêche que, le matin du grand bilan, qui se fera forcément au pied du mur, malgré nos têtes de nœuds incrédules, nos langoureux abrazos et nos tapes fraternelles dans le dos, nous serons là pour vous rappeler que, ce jour de mai 2012, la belle et grande corrida de toros prit un coup de pied au cul supplémentaire, un de ceux qu'on cherchera tous à oublier le jour des obsèques, mais que tout le monde gardera planqué dans la cave ou le grenier avec l'amère certitude que, dans cette affaire, les antis n'y furent pas pour grand-chose.


Photographie Karla Pradet

Images singulières 2012


C’est la quatrième fois, la quatrième édition ; c’est à Sète, dans différents endroits de la ville, et ça s’appelle Images singulières.

Forcément, on pense à Arles, en beaucoup plus petit. Une douzaine d’expos « seulement » que l'on peut parcourir tranquillement, en une journée agréable, sans courir. Et puis c’est gratuit, pas comme à Arles. En revanche, comme pour Arles, il y en a pour tous les goûts — certains aspects masturbatoires en moins.

C'est donc à Sète, jusqu’au trois juin. Personnellement, je vous recommande chaudement l’itinéraire algérien de Bruno Boudjelal. Avec une réserve, cependant : les tirages et leur présentation ne sont vraiment pas à la hauteur de la démarche du photographe, et desservent même totalement ce travail. Mais, une fois ceci pris en compte, laissez-vous emporter.

Bon voyage.

26 mai 2012

Quelque chose de cassé


Comme je ne serai pas non plus dans le Gers pour en juger par moi-même — à mon grand regret, mais la programmation étant ce qu'elle est… —, je suis à la recherche de lecteurs obligeants susceptibles de répondre à ces quelques interrogations : 

— Ont-ils augmenté de manière significative l'écartement des raies concentriques (évalué à vue d'œil, en 2011, à plus ou moins 1,50 m) ?

— Continuent-ils de faire sortir (à retardement) deux picadors dans un ruedo aux dimensions somme toute réduites ? 

— Le public aura-t-il protesté la présentation d'un (ou de plusieurs) toro(s)

— Ai-je tort (ou raison) de toujours penser que, pour ce Club taurin vicois-là, la corrida concours « c'est trop fort pour toi » ? 

— Quelle aura été l'affluence (à la louche) pour chacune des courses ? 


Par avance, un grand merci.


Affiche © Jean-Paul Chambas

25 mai 2012

Vic ! 


Demain, Vic.

Pas de fête. Moins de toros (sur le papier du moins) et une novillada bâtarde. Certains iront, je n'en serai pas.

Jean-Jacques Baylac est décédé l'an dernier. Il était l'âme du lieu ; il y a un peu moins de lui déjà…

J'aime Vic. Je me sens triste ce soir…


Aquarellle de Jean-Jacques Baylac tirée de Carnet de campo (Cairn, 2006).

20 mai 2012

En peu de mots #10


Madrid, 1996 © François Bruschet
Casas de mundillo

À la lecture des carteles des prochaines festivités nîmoises (Vendanges en septembre, piquette à Pentecôte), je me gausse a) des trois confirmations d'alternative annoncées puisque Diego Urdiales, le 8 juillet 2001 à Madrid, et Iván Fandiño, le 12 mai 2009 à Madrid, ont déjà confirmé — Jiménez Fortes attendra quant à lui de (re)passer par Las Ventas —, et b) de la présence de « Paquirri » (sic) comme chef de lidia de la coursiquette du 24 mai. C'est bien simple, en partant de l'affiche d'Albacete (20 juin 2010), où Francisco Rivera Ordóñez décide d'utiliser pour la première fois l'apodo Paquirri1, et en remontant jusqu'au programme de la Pentecôte nîmoise, seules les affiches des Fallas 2011 et 2012 des arènes de Valence, également tenues par M. Domb, indiquent : « Paquirri »2. Étonnant, non ? 

1 Francisco Rivera Ordóñez est le fils aîné de Francisco Rivera Pérez 'Paquirri' décédé le 26 septembre 1984, à 36 ans, des suites d'une cornada reçue le jour même à Pozoblanco (Cordoue). 
2 Sur les 28 autres affiches (moins celle de Munera du 17 avril 2011, introuvable) figurent les mentions « Francisco Rivera Ordóñez », « Rivera Ordóñez », « Rivera Ordóñez 'Paquirri' » ou « Francisco Rivera 'Paquirri' ».

19 mai 2012

Se va Domingo Navarro


domingonavarro
Domingo Navarro a perdu la ilusión. Domingo s’en va sur la pointe des pieds. Antonio Lorca le rapporte joliment dans El País : « La llama de la pasión se ha ido apagando poco a poco. […] Ya no disfrutaba toreando; me costaba vestirme y entrenar. » 

Et Lorca de nous dire que cet immense torero de petite taille va nous manquer, qu’il nous quitte en silence mais que sa trajectoire fut grandiose, comme celle de nombreux autres subalternes inconnus du grand public. Domingo s’en va sur la pointe des pieds, sans savoir qu’il fut l’idole de très nombreux aficionados…


>>> L’article d'Antonio Lorca dans son intégralité, c'est par là.

18 mai 2012

En peu de mots #09


© César Palacios
Vainqueur par K.-O.

Ce mardi de San Isidro, je pose mon barda et salue l'ami qui avance la jambe devant la planche à repasser. À l'écran, Las Ventas sous le soleil et Curro Díaz qui secoue la tête pour chasser de ses oreilles les derniers échos de la bronca que vient d'essuyer Julio Aparicio. Un sartenazo plus tard, l'ami lâche le fer et m'enjoint de poser le derrière sur le canapé-lit — à Parmentier, le Franprix ferme à pas d'heure. 
Costaud castaño d'El Ventorrillo, 'Cervato' fait suer Eduardo Gallo à la cape et briller le Vénézuélien José Ney Zambrano le temps de deux piques ; lesquelles en appelaient au moins une troisième qui jamais ne vint : le voilà le vrai « scandale », M. Lorca ! Car, rendez-vous compte, 'Cervato', taureau de combat de son état, veut combattre. Il donne des coups lors de la faena. Bref, il se bat, mais les gens n'aiment plus ça.

17 mai 2012

Más daño que una hipoteca


Cette saloperie de différentiel de taux d'intérêts entre les obligations d'État allemandes et espagnoles a encore pris une énorme gifle aujourd'hui… L'investisseur apeuré par les Grecs, l'incertitude, l'investiture de Hollande et la perte de pouvoir de Merkel se chie tellement dessus qu'il ne jure plus que par la bouée de marbre que constitue le Bund1. Moralité, on vend tout ce qui n'est pas allemand et les Espagnols, les Italiens et tous les autres s'endettent toujours plus cher sur les marchés. À un moment donné, cette crise qui fait tomber les banques, les illusions et les toros (si, si) finit par quitter les écrans Bloomberg pour alourdir le quotidien du quidam castillan, et fait irruption sur les tendidos des arènes les plus reculées. Au moins, on rigole deux minutes. Cenicientos, août 2011 : un quelconque Peñajara ou Alcurrucén se fait assaisonner à la pique à plusieurs reprises, un voisin s'écrit : « ¡Haces más daño que una hipoteca! »2. Le jour où un Espagnol, de la vingtaine sur cent qui ne bosse pas, voudra gagner des sous, il pourra toujours faire un best-seller avec les brèves de tendidos. On en parlera ici. 

Cette crise est partout ; on l'entend, la lit, la voit ou la constate dans les gradins, les reseñas, les rues de Séville ou le regard des toros… Certains imaginent, les soirs d'ennui à Las Ventas, qu'une fois le frigo vide, les jeunes toreros se donneront un peu plus de mal en piste ; d'autres se perdent en statistiques. Les régions agonisent de leur aspirations à la splendeur passée, le nombre de spectacles taurins s'effondre(rait). Et l'on ne parle même pas de l'intérêt des courses…

¡Cenicientos! ¡Cenicientos! El Dorado de poussière… J'ai ce soir une inexplicable nostalgie. 

1 Le Bund est le petit nom de l'obligation d'État allemande, référence absolue dans la zone euro.
2 Tu fais plus de mal qu'un crédit immobilier !


>>> Une succinte galerie de photos argentiques vous attend sur le site en page « Photographies ».

Johnson vs. bravo


Pour Jérôme,


Qui a peur ?

Lui (la légende de la photographie annonce un novillo mais le doute quant au sexe de la bête est permis) à droite ou lui à gauche ? 

Une seconde après, il/elle a peut-être foutu le camp en ruant, il lui a peut-être sauté dessus. Mais à l’instant même où se fige la lumière, la peur est dans son camp, à lui. Lui n’est pas n’importe qui pourtant. 1,84 m, 110 kilos, du muscle à revendre en gros, le goût de la bagarre, on imagine. C’est ça, lui. Lui, c’est Jack Johnson. Il en a vu d’autres. Né noir en 1878 à Galveston (Texas), dans ce Sud dont il n’est pas exagéré de penser que même la poussière était raciste, Jack Johnson est devenu boxeur parce que 1,84 m, parce que 110 kilos, parce qu’il savait cogner. C’est pas son genre la peur.

En 1908, à Sydney, il assomme Tommy Burns au bout de 14 rounds et devient le premier noir champion du monde des poids lourds. A priori il semble que ce combat soit historique car les noirs n’avaient pas le droit de combattre de blancs dans la catégorie des poids lourds à cette époque. La nouvelle n’enchanta évidemment pas les « joyeux lurons » encagoulés de ce Sud autrefois esclavagiste mais toujours ouvertement assassin en ce début de XXe siècle, puisque durant la seule année 1908 les historiens relèvent 358 noirs lynchés en toute impunité. La victoire de Johnson a dû en agacer plus d’un quand, dans le même temps, elle devait remplir de fierté et d’espoir des millions de blacks.

La star blanche du monde de la boxe de l’époque se nomme James J. Jeffries… Johnson veut se le faire. En 1910, Jeffries ne combattait plus depuis six ans mais il fallait venger l’humiliation de 1908 ; la race blanche devait triompher de la négritude. Raté. Au 15e round, le camp du champion blanc jette l’éponge et le « match du siècle » annoncé se transforme en apogée de la carrière de Johnson. La nuit qui suivit le combat, d’autres pugilats plus sanglants éclatèrent, bilan : 25 noirs assassinés contre 2 blancs. Les mentalités ne vont pas aussi vite qu’une droite ou qu’un uppercut.

En 1916, Johnson voyagea en Europe et en Espagne. C’est cette année-là que fut prise la photographie, à Barcelone. 

À cet instant, la peur est dans son camp à lui. Dans ses pieds, dans ce cul en arrière, dans l’immobilité de la vaquilla ; c’est étrange de penser que Jack Johnson pouvait avoir peur.


Photographie extraite de la revue Toros y Toreros, n° 7, 18 avril 1916.

13 mai 2012

Toiros (III)


Il y a quelques jours, nous nous faisions l'écho de la dernière tourada des Canas Vigouroux à Vila Franca de Xira ; tourada au cours de laquelle un des monstres présentés avait « endommagé » la balance.

Aujourd'hui, à Caldas da Rainha, ce sont les toros étranges de la « terrible » Rita Vaz Monteiro qui vont en découdre avec les forcados. Ça tombe bien, en visite à « São Martinho », notre compañero madrilène David Cordero a photographié quelques-uns de ces spécimens… Sympathy for the devil...

Profitez-en aussi pour faire un tour dans sa galerie de superbes photos consacrée à la ganadería de Fernando Pereira Palha.


>>> Le site de David Cordero.

12 mai 2012

Citation (IV)


« De toutes façons, ce que nous cherchons à atteindre se trouve toujours détourné et modifié par l'acte médiateur qu'il nous faut accomplir pour l'atteindre. »

« Tout cela n'est donc qu'une fantasmagorie ! Il faut tout brûler ? — Laissez. Le temps s'en chargera. »

Louis-René des Forêts


11 mai 2012

« On pouvait dire… oh ! Dieu !… bien des choses en somme… »


Pamplona, 2008 © Laurent Larrieu
De loin, c’était un sombrero de ala ancha qui dépassait à peine d’un burladero. Parfois pas. Un cigare comme un bras accompagnait le tout. Il semblait que le bois fumait. 

De près, c’était un nez. Un nez ? Un vrai tarin grignoté par le temps, creusé comme une fraise mûre que l'on écrase quand on la touche. C’était un regard aussi, vif, jeune encore, l’antithèse parfaite et aiguë de ce blair fondant et plein d'anfractuosités.

De loin ou de près, c’était Salvador García Cebada, éleveur de taureaux de combat.


>>> Le titre de ce post est évidemment emprunté à ce cher Cyrano de Bergerac, grand défenseur du nez champion du monde devant l'Éternel.

Citation (III)


« Don't smile. Just keep walking. » Bruce Gilden

10 mai 2012

« Libé ne se croise plus »


Libération c’est fini ! À partir du 1er juillet, la page de Jacques Durand disparaît.

La rigueur ? Pas assez people ? Pas assez vendeur ? Trop politiquement incorrect ? La pression de trois antis ? Pas assez pour tout le monde ? D'ici à ce que l'on nous sorte la raison du communautarisme… On peut tout craindre. Notamment que les critiques dont fait l’objet Nicolas Demorand depuis quelque temps, par certains collaborateurs du quotidien, soient effectivement avérées. Pour l’heure, nous n’en savons rien.

La disparition de la chronique de Jacques est une décision de la direction de Libération ; c’est Jacques lui-même qui (nous) le dit : « François, tu vas rigoler. Libé m’a sucré avec la page des mots croisés ! Bref, Libé ne se croise plus. »

Ben Jacques, ça nous fait pas franchement poiler tout ça. Le seul truc qui m’a fait marrer aujourd’hui, c’est de voir traîner sur Internet une photo où l’on voit, côte à côte, Roselyne Bachelot et Iggy Pop hilares. Pour vous dire jusqu’où l'on peut aller dans le grand n’importe quoi.


>>> Pour la page de Libération, si ça bouge, évidemment, on vous sonnera. Ah ! ça bouge sur Internet :
Une pétition en ligne pour Nicolas Demorand et
Une adresse pour se plaindre directement au journal.

Encierro d'Escolar


... à Brasilia. Je me suis dit que, à deux mois de Céret et à quelques semaines de Madrid, ça vous ferait plaisir.

08 mai 2012

Le Prado a fermé


À la lecture du titre, déjà vous tremblez… Votre virée à but exclusivement taurin de fin mai que vous avez habilement vendue comme taurino-culturelle à votre compagne pour la convaincre de vous accompagner (ce qui vaut toujours mieux que de ne pas vous laisser partir seul) a-t-elle perdu l'essentiel de sa composante artistique (vous allez voir les corridas « dures ») ? Je vous rassure, la crise, ogresse protéiforme n'a pas encore eu raison du patrimoine pictural espagnol, et les pinturas negras, pas plus que le Jardin des délices, n'ont mis le cap pour la Chine ou les Émirats…

Plus modestement, Le Prado était un lieu parisien éminemment sordide où s'entassait un gratin de curieux quand le rade diffusait les corridas télévisées par Canal +. Il faut l'avouer, l'Espagne voyage mal. Sitôt passés les Pyrénées, vous oubliez la bouteille de manzanilla pendant des lustres au frigo, l'ibérico est vraiment trop gras pour en consommer en semaine, et que dire des simili tapas que la plupart des bars osent vous servir par ici ? Il manque le cachet, l'atmosphère qui confit tout, l'oranger en fleur, la poussière castillane, l'inaccessible Sévillane, le vrai goût du football ou les stations Repsol : toutes ces choses qui font l'Espagne dans sa pléthorique diversité. 

Le constat ne vaut pas seulement pour les spécialités du terroir ibérique, mais ô combien pour les corridas : il faudrait interroger ces gens qui se collaient à ces mauvais téléviseurs pour subir la retransmission d'une course épouvantable de plus sans la possible rédemption d'une virée à travers la nuit de Séville pour tout oublier. Pour ma part, je crois avoir toujours assisté à une course télévisée que pour tromper l'insipide quotidien par une raison légitime de détester la vie, retrouver des copains autour d'une bière ou voir la course de expectación avec l'inconscient espoir que cela sera une désillusion de plus. À croire que j'ai vraiment mauvais fond…
Le constat vaut, en ce qui me concerne, autant pour la bouffe que pour les toros, mais aussi pour les bars… là où Larrieu arracherait des larmes à un sniper kosovar en évoquant un bar crasseux et un patron bourru dans un bled de La Mancha ; le décor similaire et l'accueil difficile du tenancier me donnaient à Paris l'envie systématique d'écraser une glaire sur le front limonadier ou l'inox douteux du zinc. Alliage. 

Il fallait voir l'assemblée de nostalgiques, de curieux, de figures inamovibles et volubiles commenter à contretemps le spectacle télévisuel, évaluer le toro aperçu en contre-plongée à la sortie du toril, ou siffler une pique un peu appuyée sous l'oeil torve du barman oscillant entre indifférence et incompréhension… Parfois, même, un membre du Club taurin de Paris venait risquer d'y salir une semelle.

Et puis les meilleures soirées étaient finalement celles où, ayant rameuté une clique d'amis pour se donner du courage et un prétexte, l'accueil sombrait franchement dans le mépris quand claquait la réponse sans appel : « Y a foot ce soir ! » Adieux veaux, vaches, Domecq. Finis les indultos… Le proprio reprenait l'initiative de profession de la vraie culture ibérique mais, pas rancuniers ni mauvais bougres nous finissions par consommer en terrasse. Le week-end dernier, alors que je passais devant par hasard, les panneaux « À louer » donnaient au troquet l'air délabré que prend toute affaire ayant périclité. Pour un peu, j'aurais presque « rématé » le tableau à l'aide d'un pavé pour « puntiller » la vitrine et consommer la scène. 
Le Prado a disparu, mais, via le Net, vautré dans le canapé beige jouant à la roulette russe un cône au chocolat à la main et armé de mes mauvaises intentions de fracas, me reste le sordide exotisme frelaté télédiffusé par Canal +. Pauvres de nous. 



Image Un autre bar improbable : la buvette du stade de Larnaca, à Chypre, après une défaite de l'Ermis contre l'Apoel Nicosie.

Être ou ne pas être ganadero


Novillo d'Ángel Nieves García, Orthez 2009 © Frédéric 'Tendido69' Bartholin / Camposyruedos.com

Je viens de lire la nouvelle sur un blog espagnol : Ángel Nieves García vend sa petite ganadería Santa Coloma qu’il avait achetée à San Martín au début des années 2000. L’aventure aura finalement été de courte durée quand on l’observe sous l’angle du temps ganadero qui, forcément, est un temps long. La nouvelle ne va pas révolutionner le monde taurin ni l’apitoyer. Ángel Nieves s’ajoute à la maintenant longue liste de ganaderías qui rendent les armes face à… Face à quoi, au juste ?
La crise ? On imagine. Les débouchés infimes des petites ganaderías ? Certainement. L’épée de Damoclès qui oblige ces petits élevages à n’être jugé, critiqué, pendu, dézingué qu’au regard d’une seule course ? Orthez fut l’unique d’un Nieves qui en sortit bien déçu, comme nous d’ailleurs. Les excuses ne tiennent pas. Le débarquement titanesque des novillos la veille de la course (certains montaient au mur) ? Le manque de temps de récupération ? Tout cela ne compte pas finalement.
C’est triste une aventure qui s’achève. Quelle qu’elle fût. Ça enlève encore un peu de folie ou de romantisme à ce monde taurin qui en manque de trop.
Pour autant, l’annonce de la vente de cette ganadería pose aussi d’autres questions peut-être plus fondamentales pour le monde ganadero.
Aimer les toros est une chose, les élever en est une autre. Personnellement, j’ai mis du temps à comprendre tout ça. Je me souviens de ces premières visites au campo où nous alternions les grands noms de la cabaña brava avec les plus humbles. Ángel Nieves faisaient partie de ces derniers. Il croyait beaucoup à ses vaches mais il n’était pas ganadero. C’est difficile à écrire mais c’est ainsi. J’imagine que, durant cette petite dizaine d’années, il a appris le métier, a découvert qu’il fallait se méfier de ces animaux, s’est un peu fait la main. Mais il en faut plus au final pour élever des toros. J’écris ces lignes hors de tout jugement sur les critères de sélection des ganaderos. J’ai mes goûts en la matière, je respecte plus les choix de certains que d’autres mais il ne me viendrait pas à l’idée d’écrire par exemple que Victoriano del Río n’est pas ganadero. Petit à petit, au fil de mes tribulations camperas en Espagne et au Portugal, j’ai pu observer, certes peu, certes de manière toujours trop superficielle, le travail consistant à élever des toros. J’ai le sentiment qu’Ángel partait de trop loin. Pour mener une ganadería, il faut de l’argent et, si on l’a, il convient de s’entourer de personnes qui connaissent les toros ou être soi-même aguerri à la chose. Être aficionado ne suffit pas. Je serais un piètre ganadero, j’en suis certain. Avoir de l’argent ne suffit pas et l’exemple récent de Mariano Cifuentes est là pour le prouver. Il faut du temps. Ángel l’avait-il ? Le temps c’est de l’argent — c’est bien connu. Le temps de mener une vraie sélection, le temps de constater les résultats en privé, le temps de ne pas vouloir sortir trop vite en spectacle de premier plan, le temps de faire son autocritique. J’ai mis du temps à saisir tout cela, moi qui ne suis pas ganadero. La ganadería brava est tout sauf une improvisation ; c’est parfois un caprice mais qu’il faut pouvoir assumer à tous les niveaux. C’est là que c’est injuste pour Ángel. Pétri d’afición, passionné de Santa Coloma, il aurait mérité d’y arriver, peut-être plus que d’autres qui achètent du sous-Domecq de sous-Domecq en flinguant les vieux sangs ; d’autres qui s’en sortent parce que le fric, parce que Domecq, parce que c’est ainsi ; c’est injuste et ceux qui prennent les plus grands risques (Santa Coloma par San Martín) sont ceux qui logiquement nous quitteront les premiers.
¡Un abrazo Ángel!

07 mai 2012

La balance de Palha Blanco


C’était hier… à Vila Franca de Xira, Ribatejo, Portugal, bout de monde. 
Sur les rives du Tage, tout au bord, à deux pas, on pourrait toucher l’eau, caresser les roseaux ; sur les rives du Tage, on combat des toiros. La praça de touros s’appelle Palha Blanco parce que José Pereira Palha Blanco était un roi ou presque… là, à Vila Franca. C’est même le monarque qui le gratifia de ce titre, un jour, dans la salle à manger de la Quinta das Areias. 
À Palha Blanco, les toros sortent « présentés ». À Palha Blanco, ils aiment ça le toro présenté !
Hier… à Vila Franca de Xira sont sortis à la mode portugaise cinq toros du jeune élevage (1992) de Pedro Canas Vigouroux dont certains spécimens furent lidiés il y a quelques années à Aire-sur-l’Adour et Alès. 
C’est un étrange élevage que celui de Canas Vigouroux. L'origine des bêtes est annoncée Cabral Ascencão, soit du classique Pinto Barreiros-Oliveira Irmãos que l’on retrouve dans nombre d’élevages lusitaniens, mais pas que. Pas que parce que quand Pedro Canas Vigouroux désira augmenter son cheptel de vaches, il acheta à Simão Malta un lot d’origine Pinto Barreiros, évidemment, mais l’ancien rejoneador lui refourgua aussi un nucléon de vaches blanches, presque jaboneras mais pas vraiment… blanches quoi. Depuis, Canas Vigouroux a conservé l’ensemble mais séparément, les classiques et les blanches issues de l’élevage d’un certain Cunha e Carmo, à qui d’ailleurs Pedro Canas Vigouroux a racheté la finca « Herdade do Pombal » sur laquelle ses vaches goûtent maintenant le charme des chênes-lièges. 
Blancs, colorados ou negros, hier à Palha Blanco, Pedro Canas Vigouroux a débarqué du costaud. Du lourd ! Et puisque les chiffres sont à la mode en France ces jours-ci, ne boudons pas notre plaisir : 670 kg, 650 kg, 605 kg, 590 kg, 560 kg (bouhhh !) et… 630 kg, mais là il convient de préciser.
Selon certains communiqués publiés sur Internet, il semblerait que ce poids soit très approximatif étant donné que ce toro noir, n° 214, a « endommagé » la bascule des arènes Palha Blanco. Ils ont dû finir à vue de nez… mais de loin. Pour donner une idée de l’événement, le modèle de la balance de Palha Blanco est certainement plus proche de celui des arènes de Pamplona que de celui de celles de Nîmes (relire « La balance nîmoise »). Évidemment rétorqueront mes amis nîmois, le trapío n’est pas le poids… blablabla, ta, ta, ta, je sais ! Mais à Palha Blanco, les toros ne s’achèvent pas par des centaines de passes, mais ils bourrent comme des rhinocéros dans la folie furieuse d’une demi-douzaine de branques vêtus de rideaux.
C’est pas comparable, ça pèse pas pareil.

>>> Retrouvez une galerie consacrée à l'élevage de Pedro Canas Vigouroux sur le site, rubrique « Campos ».

Photographie Toro cinqueño de Canas Vigouroux, n° 214, la brute qui a « endommagé » la balance de Palha Blanco © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com

06 mai 2012

Las Rutas del Toro en Madrid


Nos compañeros du site et blog Por las Rutas del Toro, avec lesquels nous partageons le goût de la photographie et du campo bravo, sont au cœur de l'actualité. Ils exposeront certaines de leurs œuvres durant la prochaine San Isidro de Madrid du 14 au 27 mai 2012 aux arènes de Las Ventas.

De plus, ils viennent de présenter le nouveau design de leur site et de leur blog que vous pouvez retrouver aux adresses suivantes :
¡Enhorabuena Arse y Azpi!

05 mai 2012

Rêve de gosse


On a tous besoin de rêves. Certains les vivent par procuration quand d'autres les réalisent. Je fais partie de la première catégorie, par manque d'ambition ou de cojones, comme on dit par chez moi. En ce mardi 1er mai j'assiste à un festival d'aficionados prácticos. Ceux-là réalisent leur rêve : habillés de corto et dans une petite arène pleine, ils vont combattre pour la première fois un eral. « El Blanco » et trois compagnons sont au cartel

Quant à moi, je continue de « péguer » des muletazos aux chariots des supermarchés poussés par les petites vieilles ; je fais le desplante un genou à terre devant ma fille de quatre ans qui joue au toro et, pendant mon sommeil, je sens le souffle d'un Cuadri dans mes mollets lors de quiebros dans les rues de La Vilavella. La misère…

Finalement, on ne peut pas vivre de rêves. On ne vit que de frustrations. Pepe, qui nous a accompagnés dans le Sud lors d'un entraînement d'« El Blanco », est présent au festival. Lui aussi torée pour le plaisir. Je lui confie mon petit rêve : il faut qu'un jour je réalise un écart ou un recorte. À la fin du festival, un recortador s'entraîne avec un eral. Pepe me tape dans le dos et me fait un clin d'œil ; je fais celui qui n'a rien compris — ça doit être la trouille. 

Durant le repas de la peña, Pepe revient à la charge. Il m'annonce qu'au cours de l'après-midi quelques becerros seront lâchés pour le public. Il insiste, c'est mon opportunité. On verra, j'ai pas mis les baskets — la trouille, encore et toujours. 

L'après-midi défile et, alors que nous sommes sur le point de partir, Pepe me rattrape une nouvelle fois pour m'accompagner manu militari aux petites arènes. Dans celles-ci, un becerro affolé caracole, poursuivi par une meute de gamins en habits de communiants. On regarde pour le plaisir et l'on attend la sortie du prochain becerro. Pepe est formel : le prochain est pour moi. Je soupire, soulagé de voir qu'avec une telle bravoure j'ai toutes les excuses du monde pour ne pas réaliser de quiebro à ce pauvre animal. Je m'appuie à la talanquère et ferme les yeux. Quand je les rouvre, le toro vient d'entrer dans l'arène. Je suis prêt à crier au scandale, l'éleveur ayant atrocement « aféité » la bête : il ne reste aucune trace de ses cornes ! Dans une tentative de fuite, l'animal se heurte à la talanquère. Le choc réveille la bravoure qui l'habite et l'attaque fait place à la fuite. Le ruedo se vide des communiants. J'entends Pepe à l'autre bout de l'arène me crier que c'est maintenant ma chance. « El Blanco », qui est à mes côtés, me prend par la main et me mène au milieu de la piste pour un écart al alimón. L'animal est face au burladero. On s'approche, on appelle de la voix, du pied, de la main. La bête féroce s'élance au galop ; nous nous séparons et évitons la charge du monstre qui passe entre nous deux. « El Banco » prend ses jambes à son cou me laissant seul en piste. L'animal est retourné aux planches. Je m'avance doucement jusqu'à ce qu'il me voie ; je l'appelle, tente de le provoquer. Rien. Un pas de plus, encore un autre. Les pieds joints, je le provoque une nouvelle fois. La bravoure explose et la bête jaillit de toutes ses forces. Je marque un pas sur ma gauche, je vois que le bicho rentre dans ma feinte, je ramène ma jambe à sa position initiale et l'animal me frôle. Ça y est ! je l'ai fait. À ce moment, j'entends une voix forte depuis les gradins : « Dehors ! c'est pour les enfants. Laissez le becerro aux enfants. Dehors ! »

Je fais mine de ne rien entendre. Je gonfle le torse, je relève légèrement le menton et plisse un peu les yeux. Je marche tranquillement vers le burladero — l'attitude, très importante l'attitude. Il faut que je paraisse torero ! Une fois dans le callejón, je me retourne et vois qu'un communiant de neuf ans environ pète aussi son quiebro à ce minuscule becerro. Ça calme mais je m'en fous ; je me sens torero.

Demain, les chariots des supermarchés n'auront qu'à bien se tenir parce que je vais leur péter des naturelles interminables à m'en casser les hanches. Les petites vieilles sortiront leur mouchoir blanc, c'est sûr !

03 mai 2012

Trop


André Floutier ‘Fritero’ à Aire-sur-l'Adour, 1er mai 2012 © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

Il m’a lancé : « Avant que je rentre là-dedans ! » Il a pris la pose tout de même, sans regarder l’objectif. Je lui ai dit que c’était bon, qu’il restait un peu de marge. Il a souri et a tourné les talons pour préparer ses piques.

André Floutier est une gueule. Un Gabin du tercio de piques. Rien à ajouter. Pas besoin d’en faire des tonnes, il est là.

Hier, j’ai vu André Floutier piquer un novillo des Héritiers de Chritophe Yonnet et l’âge a beau avoir grisé sa queue de cheval, il fut le meilleur dans cet exercice. Pour être juste faut-il préciser que la concurrence était six divisions en dessous, au choix une équipe de cadets connaissant à peine les règles du jeu ou au contraire un club de vieux briscards aigris de n’avoir pas fait carrière et se vengeant sur des novillos déjà écœurés par la « statufication » de chevaux inaptes à mettre en valeur un quelconque tiers de piques.

N’allez pas croire que la course fut bonne. Le lot de novillos des Héritiers de Christophe Yonnet a plutôt déçu, par son manque d’allant, d’envie, de combativité, qu’il n’a plu. La faiblesse était aussi de la partie pour ne rien arranger. Cependant, je ne peux m’empêcher de croire qu’avec des professionnels dignes de ce nom, deux ou trois d’entre eux auraient pu faire étalage de qualités autres. La palme de l’inconvenance revient au picador Riboulet qui a proprement tenté d’assassiner le dernier novillo de sa consœur Francine Yonnet. Comprenne qui pourra.

André Floutier a donc une gueule. André Floutier n’a donc pas besoin d’en faire trop ni d’épater la galerie. Les trois novilleros du jour n’ont pas regardé assez attentivement la gueule d’André Floutier avant le paseíllo. Je comprends leur envie de toréer, leur envie de profiter du peu de contrats que l'on peut leur proposer, mais le mal est plus grand quand chaque faena ne se conçoit plus maintenant qu’avec un minimum de cent passes, et ne s’entame plus que par l’incombustible derechazo aidé. De cette production pensée pour toréer des bestioles formatées ne découle qu’ennui et perdition de la lidia. Mathieu Guillon en fut hier le meilleur exemple. Il s’apprête à prendre l’alternative à Mont-de-Marsan en juillet alors même que la notion de distance lui est inconnue. Son obsession est de faire des passes et quand l’animal nécessite d’être au préalable dominé, cadré, dirigé, conduit (son second adversaire), l’obsession laisse la place à un abandon coupable : la preuve d’une incompétence inquiétante avant son rendez-vous de juillet.

En faire trop, trop long, trop chiant, trop pareil, trop vide, trop… trop. Les trois novilleros en firent trop dans le trop mal (et leur cuadrilla ne fut pas en reste) : Guillon qui voudrait être déjà grand, Gomes qui veut toréer sans savoir porter une estocade et Castañeda qui se comporte déjà comme s’il était arrivé au sommet, refusant même de planter les palos à son dernier adversaire.

Fritero, puisque c’est ainsi qu’on le surnomme, n’en a pas trop fait hier. Il a à peine piqué un faible Yonnet, il a à peine râlé. Il a été une gueule. Une vraie gueule : un torero. C’était le seul hier.


>>> Retrouvez une galerie consacrée à cette novillada sur www.camposyruedos.com, rubrique « Ruedos ».

02 mai 2012

Citation (II)


« Entre un avocat qui a à peine plaidé et un ENA-HEC qui n'aura été que président d'un conseil général : terrible image de l'échec scolaire. » Gaspard Proust


Les choses rares


Un eral d'Aurelio Hernando à Orthez © Laurent Larrieu
Chose rare en ce mois d'avril, il fit beau. Chose rare dans cet entre-deux d'une élection présidentielle, la bonne humeur était palpable. Chose rare en ces temps difficiles pour la tauromachie, les vaches eurent de l'intérêt. Chose rare aussi, c'était gratuit.

>>> Retrouvez une galerie de cette tienta (vaches et erales de l'élevage Aurelio Hernando) sur le site à la rubrique « Ruedos ».