27 octobre 2009

Chefs-d'œuvre inconnus


Madrid y avait un temps songé. D'autres peut-être en Espagne, peu en France. Ils restent à La Bélugue, splendides et inédits.

Vous pouvez retrouver dans la rubrique CAMPOS une galerie des toros d'Hubert Yonnet.

Photographie Un sardo d'Hubert Yonnet © JotaC / Camposyruedos

24 octobre 2009

4


Camposyruedos : 4 ans !

23 octobre 2009

La vocation


Depuis quelques jours déjà, on sentait poindre une légère irritation, là, juste là. Un raclement contenu, un toussotement grêle, rien de grave. Une allergie due à un taux excessif de palmarès dans l’atmosphère. On annonçait les habituelles récompenses, on décernait les premiers prix et l'inflammation gagnait. Une simple contrariété saisonnière, récurrente et transitoire qui s’éveille chaque année en fin de temporada.
Bref ! C'est l'automne, il pleut comme manade qui pisse et les trophées se ramassent à la pelle comme autant de feuilles mortes que l'on rassemble en tas, négligemment, en attendant qu'une rafale salvatrice les emporte au loin.
Il est temps. Hâtons-nous lentement vers cette patiente étagère. Reprenons le chemin des bouquins oubliés, posés et reposés, des documents perdus, des carnets écornés, des classeurs déclassés, des fiches à défricher, rafraîchir ou trier. L'ordre mais sans frénésie, dans la volupté.
Tiens, ces quelques lignes que l'on s'était promis de... Et ce livre... Et cet autre... Cette photo... Qu'est-ce qu'elle fait là ?
À force de fureter, de feuilleter, de consulter la poussière, on reforme des piles, on déplace des strates que l’on repose à côté, pour plus tard. La pensée en kaléidoscope tisse un étrange patchwork de réflexions.

Tauromachie mythes et réalitésPourquoi font-ils tout ça ? Torero… Pourquoi ? Pour l’art ?
« Je crois que le spectacle, tout comme le torero, ont évolué. À l'origine, c'était un spectacle populaire où il y avait un héros qui devait se rendre maître de toutes les qualités du taureau : la vaillance, la force, la férocité... Le torero devait dominer le taureau pour se proclamer héros du peuple. S'il résolvait ses problèmes économiques, son rôle lui donnait aussi accès à certains états ou lieux qui lui étaient d'ordinaire refusés, à d'autres professions ; et parfois il était plus proche du "suicidé" parce qu'il était poussé par le besoin, comme celui de se nourrir par exemple.
Actuellement, le spectacle a changé complètement puisqu'on exige de lui beaucoup plus d'esthétique. Bien qu'il y ait toujours trois composantes — le risque, le tragique et l'esthétique —, le spectacle est devenu beaucoup plus intellectuel.
Ce que cherche donc le torero aujourd'hui, sans oublier évidemment le risque, c'est "l'esthétique" ; à la différence d'un passé récent, il devient beaucoup plus artiste qu'homme à risques.
Il existe une nouvelle génération de toreros, à laquelle j'appartiens, qui ne cherche plus à résoudre des problèmes de type économique ou, du moins, pour qui cette part est relativement minime ; ils veulent avant tout se réaliser comme artistes en utilisant le matériau même que propose le taureau. Cela rend la vocation du torero beaucoup plus pure ; ses motivations sont celles d'une "vocation" au sens pratiquement religieux du terme. Il existe d'autres motivations, au sens psychologique, qui sont les mêmes que celles d'un artiste plastique de quelque secteur que ce soit.
[…] Un jour, j'ai compris que tout ce qui se passait entre le torero et le taureau, toutes ces possibilités, pouvaient devenir sublimes à un moment déterminé.
J'ai alors compris que je pourrais arriver à sublimer la vie d'un taureau qui aurait pu mourir tout à fait anonymement. C'est à partir de cette idée-là que j'ai décidé de devenir torero, de dominer et de créer quelque chose dans cette relation avec le taureau. Je n'ai jamais été "encouragé..." et je ne crois pas au courage. J'essaie de comprendre les réactions du taureau, d'être une partie de lui-même et de m'allier à lui à un moment donné.
Au début de ma carrière, devenir l'allié du taureau m'a procuré le plus de satisfactions. Dans ce jeu entre le taureau et moi, je commence à découvrir ma profession. C'est le moment où cela commence vraiment à me plaire et je ne pense qu'à une chose, vivre sans cesse ce contact constant avec le taureau. Cela devient non plus seulement une vocation, mais aussi une obsession : comprendre le taureau, et le rendre encore plus digne. C'est le vrai début. »
Luis Francisco Esplá, (extraits) Tauromachie, mythes et réalités, Éditions du Félin, 1995.

Pourquoi font-ils tout ça ? Par insouciance ? Par défi ? Par jeu ?

La Lidia

LA LIDIA, lunes 5 de mayo de 1884
LA VOCACIÓN
Nuestro cromo de hoy es una nota cómico-taurina, debida al chispeante lápiz de Perea. La larva del matador de toros está representada en un desarrapado mocete, que con estoque de palo y muleta que ha servido antes para aljofifar las narices, cita con ahinco al manso buey de carreta que tiene delante. ¿Va á recibir? ¿Va á aguantar? ¡Nadie lo sabe!...
Otro mocete contempla azorado al espada y se prepara al quite, mientras un público liliputiense, desde los sacos que descansan en la carreta, asiste ai espectáculo, entre barreras.
¡Cuántos toreros, que hoy lo son, en toda la extensión de la palabra, recordarán al ver este episodio de pura fantasía, alguna escena real de su niñez!


LA VOCATION
Notre chromo du jour est empreinte d'une note comico-taurine due à l'étincelant coup de crayon de Perea. Une larve de matador représentée par un marmot débraillé, tente d'estoquer à l'aide d'un bâton et d'une muleta qui servait de mouchoir, un paisible bœuf d'attelage en se plaçant obstinément devant lui pour le citer. Va-t-il contenir la charge ? Va-t-il résister ? Nul ne le sait !
Un autre gamin contemple la scène et seconde le spadassin, prêt à effectuer le quite salvateur, pendant qu'un public de lilliputiens, assis sur des sacs chargés dans la charrette, assiste au spectacle accroché aux barreaux.
Combien de toreros, qui le sont aujourd'hui dans toute l'acception du terme, retrouveront dans cet épisode purement imaginaire une scène réelle de leur enfance !

Pourquoi font-ils tout ça ? Pour la gloire et l’argent ?
« Tout petit, je voulais être célèbre et je ne faisais rien pour. À l’école, je m’avérais très vite un élève inexistant. Par goût. J’ai toujours été persuadé — je le suis encore — que les diplômes sont faits pour les gens qui n’ont pas de talent. Malheureusement, il ne suffit pas de ne pas avoir de diplômes pour avoir du talent.
[…] Il se dessine de façon tangible, dans votre génération qui monte, mon camarade, une espèce d’ambition glacée d’arriver par le fric et un mépris cynique de tous les idéaux assez peu compatible avec l’idée qu’on se fait de la jeunesse éternelle génératrice de fougues irréfléchies et de colères gratuites. »
Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, Éditions du Seuil, 2008.

Pourquoi veulent-ils devenir toreros tous ces jeunes à la tauromachie stéréotypée, formatée et sans âme ? Par vocation ?

22 octobre 2009

¡Afeitado!


Certains vont rétorquer que le procédé est facile et qu'une photographie peut faire écrire tout et son contraire. Et cela sera vrai, comme il est vrai que je partage souvent cette opinion. Cette photographie là a été prise à Saragosse, samedi 17 octobre 2009. Il s'agit d'un astado de Miura de 515 kg et de pelage cárdeno oscuro. Pour le reste l'image parle d'elle-même et il est bon de préciser que l'ensemble de la course fut, malheureusement, de cette teneur. Peut-on parler ici d'afeitado ? Les plus virulents me répondront que non car point d'analyse, point de conclusion ! Et cela sera vrai comme il sera vrai que je partage parfois cette position. Cependant, je prends sur moi de l'écrire : cette course était honteusement et affreusement afeitée et mal aféitée !
¡Afeitado! Ce mot fait maintenant partie d'une liste de mots qui s'allonge toujours un peu plus, des mots simples qui s'oublient parce qu'on ne les entend plus dans une arène et qu'il est inconvenant de prononcer : afeitado, lidia, tercio de varas, 3 piques, passes de châtiments, estocade en place, croisement, mettre la jambe... j'en passe.
¡AFEITADO!

21 octobre 2009

El Sumo...


C’est probablement un des livres les plus délirants de l’histoire de la photographie. Le SUMO d’Helmut Newton fut publié en 1999, tiré à seulement 10.000 exemplaires signés et numérotés par le photographe. Un format hors normes de 50 x 70 cm pour un poids de 30 kilos. Un livre géant de la taille de tirages d’expositions. C’est Philippe Starck qui à l’époque dessina la table destinée à exposer la chose.
L’‘objet’ fut intégralement vendu peu après sa publication et sa valeur s’est rapidement multipliée pour en faire le livre le plus cher du XXème siècle. Absolument rien de taurin là-dedans, pas même l’érotisme ou l’esthétisme parfois dérangeants de Newton, un univers tout en contrastes. C’est juste que je tenais à vous signaler que Taschen, dix ans après cette édition hors du commun, en propose aujourd’hui une version de poche. Une édition de poche qui pèse toute de même ses 6 kilos.
La préface initiale y est traduite en français. A l’heure des remises de prix en tous genres, congratulations et autocongratulations plus ou moins visqueuses, plus ou moins intéressées, j’en retiendrai cette phrase : « le terme "politiquement correct" m’a toujours consterné, il évoque pour moi la "police de la pensée" de George Orwell et les régimes fascistes. »

20 octobre 2009

"Vous pouvez éteindre la télévision..."


Pour paraphraser la célèbre phrase de la marionette de PPDA aux "Guignols de l'info", samedi 24 octobre 2009, vous pourrez éteindre la télévision ou du moins ne pas regarder France3 Aquitaine qui propose le débat suivant à ses téléspectateurs : "La corrida a-t-elle un avenir ?" Déjà, ça fait rêver mais quand on découvre la liste des invités, le rêve se teinte de rose et de barbapapas : André Viard, oui oui l'inénarrable ; Jean-Michel Marriou, celui qui a arrêté d'écrire à Joël Jacobi et qui a pondu un jour que voir une corrida depuis le callejón c'était fatigant ; Julien Lescarret qui portera peut-être ce jour-là un nouveau chapeau et le pauvre Christian Laborde, pas celui de Dax qui doit en ce moment se demander ce que sont devenues ses croyances taurines de jeunesse, non, l'autre, le méchant anti qui vomit sur les aficionados.
¡Joder! Ça va être trop bien.

Messieurs, pour que la corrida ait un avenir : IL FAUT ELEVER DE VRAIS TOROS DE COMBAT ! DES MECHANTS, DES QUI CHARGENT, DES QUI VEULENT SE BATTRE !

Samedi 24 octobre 2009, changez de chaîne ou rentrez du bois... L'hiver sera long !

Zaragoza 2009


On ferme ! Fini ! Acabado ! Rien vu à Zaragoza, toreros sans recours, sans technique pour lidier les mansos con poder (con mucho poder le second qui portait le doux nom de 'Carafeo' !) de Dolores Aguirre qui furent massacrés aux piques (merci Serranito) et qui firent ce qu'ils voulaient au troisième tiers. Rien vu non plus le samedi avec des Miura aux cornes scandaleuses, afeitées, au physique de moins en moins Cabrera et à l'intérêt de plus en plus nul. Sauvons seulement 'Magaño', l'ultime, un colorado puissant et qui ne s'en laissait pas compter. Face à ce lot lie de vin, rien ou presque si ce n'est les belles manières de Rafaelillo à son premier et son extrême vulgarité à son second, vulgarité et toreo à l'envers pour lesquels le public le gratifia d'une oreille ! Tout va bien dans le monde taurin, la preuve, je viens de voir que l'Union des Clubs Taurins Paul Ricard venait de donner un prix à l'élevage "Talo de la reina" (ouarrrfff !). Quant à Del Álamo, il reçoit un simple accessit car il fallait primer le petit Français Thomas Dufau. Bravo les gars !
Joyeux hiver !

>>> Retrouvez les galeries des deux courses de Saragosse sur le site, rubrique RUEDOS.

19 octobre 2009

Sonetos de la impostura


Mierda y mierda se escombra y se acumula,
mierda y más mierda emerge y se amontona,
mierda y más mierda expélese y pregona:
razón de Estado mierda disimula.
Por los resquicios del poder ulula
viento de mierda y mierda. Es la hora nona,
es la hora y la mierda se apoltrona
en palacios de mármol. Copula
la mierda con el crimen y la historia,
la mierda con la farsa y con el drama;
luz sin gloria, con cólera y con mierda.
Todo es mierda, detritus, polvo, escoria.
Pan como mierda con proclama.
Manos sucias y mierda y todo mierda.

Javier Villán
Sonetos de la impostura, 1994.


Madrid, Las Ventas

18 octobre 2009

Setas


On n’y pense pas forcément tellement c’est simple. La première fois, c'était dans un bar madrilène du fin fond de Chueca. Un bar improbable comme il n’en existe qu’en Espagne. Le genre d’improbabilité devant laquelle on passe et on repasse, sans s’arrêter ni regarder. Celui-là est spécialiste ès setas, mais des vraies, des sauvages, qui arrivent de la sierra. Setas, c’est le nom générique du champignon chez nos voisins ibériques.
A ma gauche une poêle en fonte, à ma droite une plancha. Au milieu, des cèpes coupés en fines lamelles et des œufs frais. Verser dans la poêle une bonne cuillère à soupe d’huile d’olive puis y jeter les cèpes, par petites poignées. Ils seront saisis rapidement puis simplement accompagnés d'une pincée de fleur de sel ou de sel de Maldon. L’œuf est destiné à la plancha, avec peu de blanc. Il y sera juste saisi, le jaune restant coulant. Rien de plus simple, rien de meilleur, à condition d’avoir les bons produits, évidemment, comme d’habitude. Si vous n’avez pas de poêle en fonte, un wok fera plus que bien l’affaire. ¡Va por ti Ugo!

15 octobre 2009

Saint-Martin-de-Crau


Communiqué

Le Revivre de la Féria de la Crau aura lieu le samedi 24 octobre 2009 :
- 3 toros non lidiés à cause des intempéries du mois d'avril seront combattus et mis à mort aux arènes de Saint-Martin-de-Crau (spectacle gratuit) ;
- au foirail, une soirée bodega clôturera la journée (possibilité de se restaurer avec au menu : moules en sauce, fideua, fromage et dessert pour 15 €).

Ambiance assurée par les "Coyotes de la Unica " qui enflammeront le comptoir !

http://www.feriadelacrau.fr/

14 octobre 2009

Le campo, chez les autres


Nous vous avions annoncé l'existence du site Internet il y a de cela quelques mois voire années. Celui-ci vit maintenant aux côtés d'un blog tout neuf qui mélange photographies de campo et textes. À lire d'ailleurs les destins parallèles et différents de ces deux Miura blancs pointillés de noir...

Ça se nomme Por las Rutas del Toro, comme le site, mais c'est un blog.

Bonne visite à toutes et à tous.

Ida y vuelta, correspondance flamenca y madrileña... (II)


Mon Cher Ludo,

Je t’envoie quelques photos de Juan Ramírez dont nous a si bien parlé Yannick. Bien sûr, tu m’avais dit sa grandeur, sa personnalité et son talent. Begoña également s’était réjouit que nous ayons cette opportunité de le voir danser. Bego le compare, un peu, à Luis de Pauloba.
Pour le grand public Luis de Pauloba est un inconnu, mais pour les aficionados évidemment… Muchas cosas.
Juan Ramírez. Finalement, en tout cas pour moi, c’est un peu comme les grands vins. On a beau t’expliquer que c’est grand, que c’est ceci ou cela, tant que tu ne l’as pas goûté et appréhendé toi-même, cela demeure une émotion par procuration, trop virtuelle.
A propos du « personal » du Patas actuel comme tu dis, c’est encore Yannick qui a eu cette idée si évidente qu’un jour il nous faudra présenter ici Bego. Comment n’y ai-je pas pensé avant ?
Bego, il faut voir. Il faut la voir avec les "artistas" comme elle les appelle. Tu as l’impression qu'elle est un peu leur seconde mère. Au départ, ils te regardent curieusement. On les devine même méfiants. Mais dès qu’on te présente comme un ami de la Bego, alors là un monde s’ouvre.
Le samedi, j’ai passé la matinée dans les entrailles du Patas, ces salles des étages qui ne sont pas ouvertes ou public. J'adore y écouter les danseurs qui répètent. Oui, écouter les danseurs. Martín en rigole et me traite de guiri.
Il y a avait là Juan de Juan, avec pour spectateur très particulier Fran Rivera et son actuelle, ou sa nouvelle ou je ne sais trop quoi qui ne doit pas encore trop se savoir. Il paraît que le niño de las bombas, lorsqu'il m’a vu sortir le Nikon, il a eu plus peur que si un miura avait débarqué. L’espace d’un instant je me suis senti paparazzi. Une drôle de sensation… Tu shootes, ça sera mauvais, mais le banquier sera content.
Je n’ai évidemment pas osé. Pas l’envie de toute façon et pas d’intérêt pour Fran Rivera comme ils l’appellent ici.
Plus intéressant, j’y ai croisé Luismi Manzano, ce guitariste avec lequel nous avions pratiqué le callejeo l’an passé avant de finir la nuit chez Bego. J’ai pu photographier le bout de ses doigts. Il se préparait pour une soirée "Sangre Nueva - Jovenes Flamencos". Ce sera au Teatro Español, plaza de Santa Ana, le samedi 23 octobre prochain.
Il doit y jouer pour une jeune danseuse, Miryam Reimúndez Rodrigo, « La Arquilleja ». Ils m’ont invité mais je ne pourrai hélas en être. J’ai passé la matinée avec eux et j’ai pu photographier à loisir. Un bonheur. A très bientôt.

13 octobre 2009

À Saint-Sever, en novembre


Le programme est long ! Il est même écrit en tout petit sur leur site mais y'a soirée relâche le jeudi 12 novembre. Ça va causer de toros parce que ça s'appelle la Semaine taurino-culturelle (la 25e paraît-il) mais la culture taurine a bon dos quand il ne s'agit ni plus ni moins que de rassembler des copains vieux de toujours autour d'une glutte (ne t'énerve pas Ciego, je sais que vous boirez aussi du vin...) d'arrière saison. Alors les conférences, les rastros taurins et autres vernissages, ce n'est pas à nous que vous la ferez les gars !
En lisant les toutes petites lettres, on découvre qu'il y aura une soirée débat avec Juan Sánchez-Fabrés, María Jesús Gualda (El Añadío) et Mariano Cifuentes, débat évidemment tourné autour de l'encaste Coquilla. Ce sera d'ailleurs une novillada non piquée de Mariano Cifuentes qui sera lidiée le mercredi 11 novembre à 16 heures aux arènes de Morlanne.
En s'approchant encore des petites lettres, ils vont se faire du cinéma avec le film La main bleue de Floreal Peleato qui, dixit le synopsis, "décrit le processus créatif chez Mathieu Sodore lors de la réalisation d’une série de grands formats inspirés par certains chants flamencos". Et c'est justement une oeuvre de Mathieu Sodore qu'on a volontairement emprunté sur le blog du Ciego... On salue les deux et les autres !

Ça se passera à Saint-Sever du 5 au 14 novembre 2009, organisé par la Peña Jeune Aficion avec la présence des habituels buveurs de gluttes d'arrière-saison... À la vôtre !

12 octobre 2009

Ida y vuelta, correspondance flamenca y madrileña...


Avant de partir pour Madrid j’ai écrit au Ciego pour une Ida y Vuelta madrilène. Je lui annonçais que nous allions y voir danser Juan Ramírez. Je ne savais pas encore que nous allions être à ce point subjugués par la puissance de Paloma Fantoba. Yannick nous en a parlé dans son ¡Viva la casta y el flamenco!. Et moi j’ai perdu mon texte, périmé sans doute. Nous sommes allés à Madrid et Ludo nous y a suivis, par la pensée. Inutile de toute façon de s’étendre… inutilement. Laissons plutôt la parole à Ludo.

« Cher François,

J’ai pris un peu de retard pour te répondre.
Le samedi 3 octobre j’ai allumé l’ordi, j’ai acheté la course de Núñez del Cuvillo en « tu paies-pour-voir » et j’ai cliqué sur le lien vers 17 h et des miettes.
A l’apparition venteña dans l’écran, comme à chaque fois j’ai pris un coup dans les bas morceaux : la foule jusqu’aux drapeaux, ce ciel sans égal, la précision du soleil et de l’ombre, le run run de Madrid… J’ai fermé les yeux…
J’étais au bar de Tony à manger des mollejas et des zarajos. Je pensais : loin le temps où ensuite on partait en métro Barrio de Legazpi, calle Canarias. Là, dans un sotano qui sentait la ducados dès le trottoir on venait écouter les plus grands et les plus humbles du cante.
Deux chaises canées, pas de micro. Ton voisin au bar qui laissait précipitamment sa bière, qui s’approchait et qui s’installait à côté d’« El Mami », le tocaor de la casa. Ce type en pantalon de toile et en bottines, avec sa chemise ouverte et ses mains pleines de cals, il se mettait à dire la solea. Ou la taranta. Deux, trois chants, pas plus. Un filet de voix, des aptitudes vocales réduites, mais un savoir, une profondeur et la grandeur dans sa sécheresse. Puis le même revenait finir sa San Miguel un peu tiède.
Ensuite passaient les plus grands. Qui venait à Madrid pour enregistrer ou donner un concert ne pouvait faillir à la peña Chaquetón. Tout ça c’est bien fini. Mais les socios sont toujours là, disséminés mais parvenant à faire perdurer l’esprit de cette époque en organisant des noches de cante à la sala El Juglar , calle del Olmo, à Lavapiés. Je t’en reparlerai.
Lavapiés, calle del Olmo… Tiens, c’est justement là où on finissait ensuite. Au bar Candela, du nom de son proprio, Miguel Candela, décédé il y un an et demi, dans des circonstances un peu mystérieuses, son corps retrouvé sans vie au petit matin, lui, le granadino, ami d’enrique Morente et de tant d’autres, qui accueillit toute une génération d’artistes quand la movida de Tierno Galván offrait un vrai souffle , un appel d’air (mais j’avais déjà parlé du Candela dans un post des pinchos) .
En ce temps-là les « fundas » des guitaristes occupaient plus de place le long du bar que les consommateurs de bibine.
Miguel, qui fermait la place sans jamais oublier de lancer à la cantonade « Señores, vamos a acostarnos, que nada es eterno », jouissait de l’amitié des plus grands et des plus humbles. Parce qu’ils les a tous, un jour ou l’autre, réconfortés, nourris et fait rire un bon coup : de Camarón au Cigala en passant par les sœurs d’Utrera, La Fernanda y La Bernarda.
Il faisait partie des « catalyseurs invisibles » du flamenco comme le rappelait Miguel Mora dans la nécro d'El País

J’ouvre les yeux.
Aparicio tente un quite sur le sixième taureau, le dernier, le second de Castella. Aparicio, le fils de Malena Loreto, gitana y bailaora, est conspué. Madrid ! Es-tu devenue folle, ou pire, idiote ?
La retransmission s’achève. J’imagine que vous vous préparez pour aller à Casa Patas.
C’était quoi le « patas » avant d’être ce lieu où se mélangent avec élégance et bonhomie, les sabios et les guiris ?
C'était il y a plus de 30 ans, je crois, une bodega qui avait tout du vieux rafiot se préparant à partir à la casse avec à sa tête un galicien, El Rufo, plus dangereux que la mer elle-même. Ceci expliquant certainement cela.
Mais il sut prendre le virage du « cante ». Les premiers artistes qui investirent le local furent ceux de la famille Carbonell avec dans leur besace Zaira, jeune, belle et prometteuse chanteuse mais qui a malheureusement fini sous les sabots du « cheval » des excès.
Puis ce furent « los Pelaos », grande famille originaire de Jerez et installée à Madrid depuis plus d’un siècle et qui a donné ses lettres de noblesse au baile por farruca jusqu’à Antonio Gades. Au milieu de tout cela, un cantaor , plus connu pour ses dons de négociations avec le monde si libre et si compliqué de la « flamencura andante » : Antonio Benamargo.
Et puis aujourd’hui… Eh bien aujourd’hui tu connais mieux que moi « el personal » !

Mais je ne dirais pas la vérité si à travers ce petit, tout petit balayage, de la tradition jonda dans la villa y corte, je ne mentionnais pas une des sources de toutes ces histoires parce qu’elle a participé à l’émergence de ce haut lieu. C’est mon amie Carmen Esteban, celle-là même qui a écrit ce si beau livre sur Lupe Sino l’amante de Manolete, proche de José Tomás et de Sabina, qui m’a dernièrement raconté, justement, cette anecdote sur « los Pelaos » : Un matin , Plaza Tirso De Molina, elle et Juan Verdu rencontrent El Fati, un des fils de « Pelao el viejo » qui fut guitariste de l’incommensurable danseuse Carmen Amaya (c’est elle qui lui donna son apodo de Pelao parce qu’il avait… beaucoup de cheveux !). El Fati avait un penchant pour la bouteille et, ce jour-là, en sortant un flacon de dessous le manteau qui prouvait qu’il avait passé « la noche en vela » en faisant la ronda de juergas nocturnes de la capitale, il leur dit, superbement et avec l’air de celui qui a la formule définitive : « Sobrinos, el baile se ha 'acabao', ahora los gitanos bailan que parecen máquinas de cosé ». (« les amis, el baile c’est "foutu", maintenant les gitans dansent d’une telle façon qu’on dirait des machines à coudre. »)

Allez, je vais aller chercher un verre et brindar à Madrid, Chaquetón, Candela, los Carbonell, Aparicio y su madre, Morante de la Puebla Del Río, Carmen, Benamargo, Verdu, los Pelaos et à vous qui devaient faire, veinards !, de même à La Venencia avec une petite douche de manzanilla.

Bien à toi,
Ludo »

PS Une galerie est consacrée à Paloma Fantoba sur la page Flickr de ma pomme. Je vous parlerai du reste une autre fois.

10 octobre 2009

Eloge du pétard

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Inutile d’éloigner les enfants, ou d’appeler Brice. Ce n’est pas de marijuana ou de shit que je vais vous entretenir. Notez bien que le sujet envisagé, Julio Aparicio, n’a rien de très politiquement correct. Vous allez voir. Le gros avantage, c’est qu’à Camposyruedos, le politiquement correct…
Julio Aparicio donc. Julio Aparicio est inconstant. Julio Aparicio est fragile et hors du temps. Julio Aparicio n’a rien du gendre idéal. Julio Aparicio est rare. Il l’a toujours été, ça n’est pas une nouveauté.
A le voir souffler comme un phoque après trois véroniques et la demie, on devine aisément que Julito n’a rien d’un sportif, et de quels plaisirs sa vie fut jalonnée. Peut-être que l’impression est fausse. Peut-être pas.
Au bout du compte Julio Aparicio est un peu has been. Ca, c’est nouveau. Mais c’est normal. Ce sont juste les effets du temps qui passe. Personne n’y échappe.
Julio Aparicio n’aura pas eu la carrière d’un Curro Romero, ou l’aura d’un Rafael de Paula. Il n’empêche que Julio Aparicio porte en lui, aujourd’hui encore, quelque chose de rare et d’assez indéfinissable. Quelque chose qui oscillerait entre la toreria et la filouterie. Avec peut-être un penchant plus affirmé pour la seconde. Je dois vous confesser que cela me le rend sympathique.
Sur Curro et Rafael, le Tio Pepe nous a laissé son inoubliable « ils n’ont jamais triché ».
Julio Aparicio, aujourd’hui, ne triche pas, ne se force pas à faire semblant. Le voudrait-il qu’il n’en a, de toute façon, pas les moyens. Peu importe. La question n’est pas là. La question est de savoir ce que le toreo est en train de devenir.
Car si la bravoure est devenue moderne (sic) le toreo lui est devenu vertical, sur le fil de la corne, hacia fuera pour commencer, encimista pour finir. Le toreo moderne touche, paraît-il, à la perfection, c'est-à-dire, si j’ai bien tout suivi, à la répétition.
Dans ces conditions : vive l’imperfection ! Car alors, peut-être que ce sont cette perfection technique et cet aspect répétitif qui me rendent ce toreo dénué de toute émotion, qui me le font trouver sans profondeur aucune. Je ne saurais dire.
Le toreo moderne est répétitif, jamais sublime, jamais génial, simplement égal à lui-même, morne et répétitif.
De son côté, le public moderne n’admet plus guère autre chose. Même à Madrid, le week dernier, le comportement du respectable fut ahurissant. Car le plus gros pétard du week-end, ça n’est pas Aparicio qui l’a pégué, ça n’est pas non plus Victorino, c’est le public.
Un public triomphaliste et clinquant le samedi, un public qui fut à deux doigts de ne pas se rendre compte des immenses mérites de Diego Urdiales le dimanche. Une peine.
Un public madrilène méconnaissable, à la dérive, inconstant et sans critères. Ici aussi l’évolution fait des ravages.
Ici comme ailleurs, et parfois où on ne l’imagine pas. Tenez, un ami, très bon aficionado, nous a raconté qu’à Séville, le week-end précédent, pendant que nous étions à Barcelone, le public avait demandé le changement d’un toro... pour mansedumbre ! Oui Monsieur, pour mansedumbre, et à Séville ! No me lo creo.
Revenons à Madrid. Samedi dernier, après deux petardos consécutifs, Julito Aparicio se gonfle, se cambre, plie son capote et s’avance vers le sixième toro de la course pour un quite salvateur. Dans le langage taurin cela porte un nom : le quite del perdón.
Le quite del perdón, il faut remonter à Fernando El Gallo, le père de Rafael le chauve, pour l’expliquer.
Le quite del perdón d’Aparicio au sixième aurait provoqué il y a encore peu ce fameux run run de hall de gare si caractéristique de Las Ventas. Ce run run qui annonce l’éruption du volcan venteño, prêt à rugir et exploser, rauque et puissant, comparable à nul autre. Hélas, pas de run run samedi dernier. Juste une bronca méchante et aigrie, nourrie d’incompréhension. ¡Vaya petardo! Vous en conviendrez, tous les pétards n’ont pas la même saveur.

Le mur du çon (II)


Tu m'en vois désolé cher Philippe mais ton "Mur du çon" est bien pâle face à celui qui le dépasse allègrement tous les jours ou presque. Que penses-tu de ça : "[...] environ 8 000 par mois à passer nous voir plus épisodiquement… Si on considère que d'après Jean Lacouture il y a entre 7 et 8 000 aficionados passionnés en France, nous sommes en droit d'affirmer que nous sommes lus par l'ensemble de l'aficion mondiale s'exprimant en langue française soit 10 600 personnes". Le même qui publiait ça il y a quelques mois : "Statistiques pour avril 2009 : 37 288 visiteurs uniques, 97 924 visites, 356 220 pages lues". Et puis tu sais, un jour, il a aussi écrit ça : "Je profite d'un certain temps libre pour revenir sur un article publié par l'un des multiples blogs taurins qui affirme qu'il est impossible de juger une corrida à la télévision, allant même jusqu'à affirmer que toute corrida télévisée serait nocive et hérétique. On devinera rapidement qu'il s'agit d'un papier qui devrait ne pas être, puisqu'écrit virtuellement par le moyen de l'informatique... Une hérésie je suppose tout comme l'imprimerie qui remplaça un jour l'écriture manuelle. Ce genre d'argumentation qui consiste à dire systématiquement, c'était mieux avant, m'exaspère surtout quand on sait qu'une arène est ronde et que personne n'est placé de la même manière vis à vis de l'action. Contrairement à ce qu'affirme l'article, la télévision qui va jusqu'à placer 12 caméras dans les arènes permet dans de nombreux cas de mieux juger l'action surtout si le réalisateur est un aficionado chevronné". And, last but not least, il y a de cela presque une année, car rien ne semble l'arrêter : "Dans son Edito de ce jour sur Terres Taurines, André Viard propose une cérémonie des "Oscars Taurins". Cette initiative nous semble particulièrement intéressante, elle permettrait à ce qu'il est convenu d'appeler le Mundillo de se rassembler et d'oublier ses querelles intestines ne serait-ce que quelques heures à l'occasion d'une soirée de gala qui pourrait s'inspirer de celle organisée par la fédération des entités taurines de Catalogne, chaque année à Barcelone, que nous connaissons bien pour y avoir reçu un prix en 2004. Tenue de soirée de rigueur, des prix remis par différentes entités pouvant aller de l'Union des Critiques Taurins au groupement des clubs taurins Paul Ricard en passant par l'UVTF, les Parlementaires Aficionados pourquoi pas et même l'ANDA comme le suggère le président de l'observatoire, à condition, bien entendu, de proscrire tout prix du genre "Plus mauvais ceci ou plus mauvais cela". Ça aurait de la gueule NON ! Quand à l'organisation elle pourrait-être confiée à UNE ACADEMIE TAURINE qui reste à créer... Attention, c'est du boulot et c'est peut-être là que le bât blesse !"

Tu conçois aisément, cher Philippe, que ton Mur du çon est bien nain à côté de celui-ci dont j'ai tenu l'identité secrète pour faire un peu se creuser la tête à nos lecteurs. Mais qui donc est-ce ?

PS Aux autres camarades du Comité Central de Camposyruedos, et en particulier aux membres du Politburo, je tiens par avance à m'excuser une seconde fois d'avoir évoqué ce truc sur notre blog... Cela ne devrait pas se reproduire... quoique avec l'hiver qui s'annonce on risque d'avoir envie de rire !

09 octobre 2009

Le mur du çon


Franchi* sans arrière-pensée par Laurent Deloye ‘El Tico’, tête pensante et ô combien dérangeante du sulfureux site Corridafrance. Dans un communiqué laconique, ‘Le Tic’ annonce que son « collectif » de rebelles « décernera ses premiers « Coups de Coeur » le samedi 7 novembre prochain, à Lunel », et dévoile en avant-première l’identité des « personnalités ayant accompli le plus beau geste en faveur de la tauromachie en 2009 », à savoir « les Sénateurs Maires de Béziers et Nîmes, Messieurs Raymond Couderc et Jean-Paul Fournier. » Pourquoi vous riez ?
Enfin, comme il se doit dans ces contrées sudistes et festives, notre chef de bande tient à préciser qu’« un apéritif clôturera cette journée, que nous espérons placée sous le signe de l'Aficion. »
C’est bien connu, tant qu’y’a d’la vie, y'a d’l’espoir !

* Et chipé sur le fil au brave et moderne André Viard à qui, si je ne m’abuse, Camposyruedos vient tout juste de tailler un costard...

Le titre est emprunté au Canard enchaîné...

Image © Carmen Calvo (Valence 1950)

Celtas Cortos en Béarn


Ça se passera à Castétis, "à 5 kms d'Orthez, au bord de la RN117" comme indiqué sur l'affiche. C'est le festival Gavorock de ce petit village béarnais qui accueillera le mardi 10 novembre 2009 le groupe de rock espagnol, Celtas Cortos.

Ce n'est pas dans nos habitudes de faire ce genre de pub mais en l'occurence, c'est un pote, membre de la peña taurine "Los Dos" de Castétis qui fait partie de l'organisation et en plus, certains d'entre nous ici à Camposyruedos (les plus raffinés évidemment), aiment beaucoup les Celtas Cortos.

Alors venez-y nombreux !

Pour info, le site de la peña "Los Dos" de Castétis et le lien vers le site officiel des Celtas Cortos.

07 octobre 2009

L'hiver


L’hiver est à nos portes. Froid, humide, d’un gris qui tire sur le noir sali. Il frappe déjà et nous allons, c’est forcé, ouvrir cette chienne de porte. Pour l’aficionado, c’est le temps de la réflexion sur la temporada passée et des espoirs sur celle qui viendra, après l’hiver. Et plus les hivers se comptent et moins les espoirs grandissent et l’on se sent finalement comme ces Gardes Suisses qui fredonnaient en 1793, la mort dans les chaussettes, que
« Notre vie est un voyage
Dans l’hiver et dans la Nuit,
Nous cherchons notre passage
Dans le Ciel où rien ne luit
».
Et plus les hivers se comptent et moins les toros ne comptent. Parce que des toros, pour en voir un, faut de plus en plus le creuser le "passage" "où rien ne luit", faut en subir des passes, des redondos inversés, des cambiadas de début de faena sans cesse rejouées, du toreo de ligne droite savamment et délicatement proposé à des animaux occis dès après l’unique vara et fabriqués pour être soumis avant de se battre ! Le "toro à la bravoure moderne" ! "Moderne" ! Le terme est facile et sous-entend qu’il y aurait une bravoure "ancienne" forcément dépassée et hors des goûts du temps présent. Et les derniers tenants d’une bravoure simplement réelle et complète (c’est-à-dire plus ou moins exprimée lors des trois temps du combat), et non pas ancienne, deviennent pour de dangereux et fols fanatiques nostalgiques d’un temps révolu au cours duquel les chevaux déversaient viscères et estomac sur le sable rougi d’un spectacle préhistorique.
L’hiver est à nos portes et comme chaque hiver, l’aficionado va tenter de tirer les enseignements de la saison défunte. Et comme chaque hiver, nous aurons droit aux mêmes rengaines de la part des mêmes que l’on entend que l’hiver parce que c’est la période idéale pour engloutir, en groupes, les palombes que le cousin Robert a chevrotiné le week-end dernier. Et comme chaque hiver, ça bouffe, ça remet des prix à consonance espagnole et à contenance molle, ça rouspète que les piques "ça va pas", qu’il faudrait quand même des toros moins ci et beaucoup plus ça et qu’il serait souhaitable que change le cours des choses. Et ce, dans le meilleur des cas ! Et comme chaque hiver, la FSTF va tenir son congrès (c’est déjà fait) et l’UVTF va se réunir. Ils vont taper du point sur la table, de toute la force de leur main gantée. Et comme chaque hiver, il va pleuvoir des rapports, neiger des recommandations et tout ce petit monde va finir pas se glisser dans l’épais manteau noir du devoir accompli en pétant un grand coup parce qu’il y avait des oignons mélangés aux patates.
Et comme chaque hiver, au lieu de pondre leur inutilité tout seuls comme des grands, il vont se faire aider et même guider par d’autres, un seul en l’occurrence, vers des cieux assombris qui les éloignent un peu plus d’une esquisse d’efficacité voire d’utilité. "Piques andalouses", "dangereux et millionnaires antis", "bravoure moderne"… A chaque hiver son soi-disant débat, à chaque hiver son gros nuage jaune qui annonce la grêle et qui cache la pluie.
Et cet hiver, de quoi allons-nous donc causer ? Que va-t-on encore inventer pour éviter que l’aficionado ne désigne du doigt les vrais maux de la corrida ? De quoi va-t-on gaver la tête de ces chers défenseurs de son intégrité, entre le salmis et le gigot ?

Etant donné que Camposyruedos est un repère mal famé d’odieux rebuts de l’espèce aficionada et que nous avons surtout envie de rire cet hiver, voici une liste (non exhaustive) de sujets possibles à aborder au coin du feu pour sauver la fiesta brava, comme chaque hiver :
- Les femmes doivent-elles être accompagnées ou non pour pénétrer dans une arène ?
- Ne serait-il pas plus distrayant de remplacer purement et simplement le 1er tiers par une danse locale (exemple : sardanes en Catalogne, démonstration de flamenco en Andalousie, bourrée en Poitou…) qui aurait l’effet reposant d’un entracte avant le début de l’interminable faena ? De toute façon, les piques ne servent plus à rien.
- Les toreros avec de l’embonpoint sont-ils actuellement plus artistes que les autres?
- Ne faudrait-il pas également penser à réduire des ¾ la taille des harpons des banderilles et dans le même temps, fixer sur celles-ci des sortent de pétards comme sur un gâteau d’anniversaire avec à la clé une petite chanson joyeuse pour égayer ce bon public qui refuse aujourd’hui de s’ennuyer sur des gradins ? "Et on fait tourner les serviettes…"
- Le prix de la bière au bar des arènes doit-il passer à 50 cents d’euros ?
- Au sujet du public, peut-être serait-il souhaitable d’envisager, pour redonner de l’attrait à ce spectacle, de mettre en place un système électronique d’applaudissements automatiques comme dans ces émissions de télévision où tout paraît tellement naturel et où l’on en arrive même à faire applaudir le chien du présentateur.
- Militons pour l’utilisation de trastos bio, en accord avec le développement durable et désinfectés avant utilisation. N’oublions pas le Grenelle et les 'Desgarbado' qui chopent des maladies!
- Pourquoi ne pas imaginer que les arènes investissent dans des écrans géants permettant de rediffuser, au ralenti et dans les secondes qui suivent, les magnifiques estocades caidas voire les éternelles trincheras du dernier génie de la tauromachie…il en naît un par jour sur certains médias ?
- Pour rendre encore plus heureux ce public qui ne demande que ça, et qui, nous le répétons, refuse de s’ennuyer, il serait intéressant de lui faire entonner un hymne fédérateur et universel en début de corrida, avec la main sur le cœur bien évidemment (oups, c’est déjà fait ça !) et la larme à l’œil !
- Quelle sanction pour une présidence "triste" ? La mort ou… la mort ?
- Si le 1er tiers venait à survivre, quid de l’utilisation des pottock voire des poneys Shetland ? Question stupide, le premier tiers est mort !
- Il conviendrait aussi d’installer au bas du burladero des tapis de mousse façon salle de gym pour le confort de quelques photographes dont la dernière lubie révolutionnaire est de faire découper ce burladero pour shooter (en rafale !) en contre-plongée comme le faisait Lucien Clergue dès les années 1960 ! Révolutionnaire !
- Que soient distribués les sorteos des toros de la course à tout cet heureux public avec les mentions spéciales destinées à son éducation : toro n° 15, negro, né en mai 2006 / l’éleveur le voit faire une vuelta. Ou, toro n° 16, colorado, né en mai 2006 / l’éleveur le voudrait comme semental. Ou encore, et mieux, toro n° 0, blanco, né en mai 2006 / ne pas trop piquer. Une autre, ne résistons pas, toro n° 2, sardo, né en mai 2006 / chatouilleux.

Vous le constatez, la tauromachie "moderne" n’en est qu’à ses balbutiements. L’hiver va être long et les débats forts animés comme d’habitude (lol). Et comme chantaient les Gardes Suisses, « Nous cherchons notre passage, Dans la nuit où rien ne luit ».

Photographie L'hiver à Salamanque © Camposyruedos

¡Viva la casta y el flamenco!


L'incongruité de ce cri du cœur, en plein milieu d’un tablao totalement renversé par le talent, le don de soi, l’art et, oui, la caste d’une danseuse et d’un danseur de flamenco, ne m’est apparue que tardivement, dans le taxi battu par un torrent de pluie qui me ramenait de l’aéroport. Il devait être aux alentours d’une heure du matin, et le malaise ressenti en promenant nos pas calle de Alcalá avait fini de s’estomper et de se dissoudre lentement dans le chant inspiré, le frottement des cordes et le martellement convulsif d’un sol de bois usé déjà de tant d’outrages. Le sable de Las Ventas n’était plus qu’un lointain et dérangeant souvenir, entièrement recouvert par le parquet de cette salle dans le quartier de Lavapiés.

Six toros de Núñez del Cuvillo venaient d’offrir leur silhouette anovillada et leur bonté enjouée à trois matadors dont ce type d’adversaires forme le quotidien, faisant varier le nôtre du pensum pour aficionado à l’enthousiasme mesuré. Deux artistes ou supposés tels, et un torero moderne. Ce jour-là, les deux premiers ne firent pas briller leur corps – épuisé sans doute par de lointains affrontements pour l’un, aboulique allez savoir pourquoi pour l’autre – de ces étincelles d’art précieuses qui émaillent parfois leurs apparitions. Le dernier gratifia un public venu nombreux sous un soleil de plomb d’une faena techniquement parfaite, comprenant deux séries gauchères dotées d’une profondeur que nous ne lui connaissions pas, et que beaucoup parmi nous contestèrent d’ailleurs.

La routine, sans doute. Sauf que dans notre imaginaire naïf, Madrid demeurait cette place où la présentation du taureau de combat est superlative, où l’on ne fait pas tomber les mouchoirs comme les feuilles l’automne venu après une mise à mort défectueuse, où l’on ne réclame pas à cors et à cris la vuelta al ruedo pour un toro tel ce troisième. Quelques contestations s’élevèrent bien ici et là, vite étouffées par des applaudissements frénétiques qui contribuèrent bien plus à notre vague à l’âme que l’octroi certes excessif de trophées récompensant une prestation finalement bonne, à mon très humble avis.

Madrid es mucho Madrid. Oui, sans doute. Mais il fallut pour nous en convaincre bien plus que cette tarde irrémédiablement vouée à l’oubli, dénotant un virage dont plus d’un voit déjà se dessiner le caractère inéluctable.

Il fallut que la nuit panse nos plaies, et que la dégaine improbable de Juan Ramírez surgisse de derrière le rideau. Costume de tergal rose Haribo, chemise verte, une fraise tout droit sortie du jardin de papi. Le danseur traine son âme d’artiste sur les marchés poussiéreux où il vend des chemises, peut-être semblables à celles qu’il arbore lorsqu’il monte sur scène. Quelques sourires se dessinent sur les lèvres, quelques regards moqueurs s’échangent, le temps pour Juan de prendre ses marques et de s’installer dans un monde dont on devine au premier regard, la surprise passée, qu’il nous sera à jamais inaccessible. Une poignée de minutes se sont écoulées, et personne ne songe plus à railler qui que ce soit. Chacun se sent plus riche de quelque chose, sans trop savoir de quoi. Tenter de décrire les émotions communiquées par le bailaor serait un pis-aller, bien au-delà de mes maigres connaissances et de toute façon parfaitement inutile.

Auxi Fernández et Paloma Fantoba distillent à leur tour, doucement d’abord, puis de façon quasi-incommensurable, toute l’étendue de leur talent. Autant le reconnaître, c’est la violence inouïe de Paloma qui a fini de nous subjuguer. C’est quand celle-ci eut achevé de nous faire basculer dans une intériorité confinant au jadis que ce spectateur, comme pour faire exploser des sentiments d’une force trop grande pour les contenir plus longtemps, se mit à hurler pour les partager avec tous.

¡Viva la casta y el flamenco!

Et soudain Madrid redevint Madrid. Juan et Paloma ont accompagné notre callejeo dans les rues du quartier, ont donné du goût aux verres que nous buvions, ont fait taire la musique que l’on diffusait dans les bars, et se sont même invités chez Begoña, leur visage trempé de sueur apparaissant tel un spectre sur le petit-écran de l’appareil photo.

Et ils nous ont redonné espoir jusqu’à ce que celui-ci vienne se fracasser contre quatre carcasses vides, moches, et deux sobreros. Instruits de nos récentes expériences, nous attendions peu de ces victorinos, mais tout de même, quand on a tant aimé, il faut bien passer par la haine, avant que n’arrive l’oubli. Face à eux, trois torerazos donnèrent tout ce qu’ils avaient, eux aussi. Tout. L’engagement, le classicisme et la toreria de Diego Urdiales demeureront, je veux le croire, imprimés sur la rétine des spectateurs qui remplissaient Ventas en ce jour jusqu’aux drapeaux. Je veux le croire malgré l’invitation incompréhensiblement timide à faire le tour du rond. Mais ensuite ?

Ensuite, Diego Urdiales continuera sans doute de se jouer la peau devant ces toros que d’autres, plus fortunés, ne veulent pas même voir en photo. Ignoré du grand public, si la chance ne lui sourit pas un jour, il poursuivra son chemin sur cette route de sang, de sueur et de larmes, pendant que Juan Ramírez vendra ses chemises, dans quelque village perdu.

A moins, bien sûr, que Madrid joue son rôle de faiseuse et défaiseuse de destins. En est-elle encore capable ?

06 octobre 2009

Agua sin gas


Voilà qui commence vraiment à faire beaucoup, une goutte d’eau supplémentaire, encore une, pour certains, presque la goutte de trop. Curieusement c’est Vicente Zabala de Serna, une fois n’est pas coutume, qui a le mieux enfoncé le clou et dit les choses après la dernière sortie des gris bien pâles de la famille Martín.
J’écris bien "famille", car ils sont de plus en plus nombreux les aficionados à penser que le virage pris par la mythique vacada serait plus de la responsabilité du rejeton que de celle d’un sorcier vieillissant, qui a tout prouvé, et dont on a du mal à croire qu’il puisse se satisfaire d’envoyer à Madrid pareils soldes de fin de saison. Cinq cuatreños cinq, pas un de plus et très limites de présentation. Un lot de Victorino coupé à l’eau d’un remiendo de Carriquiri. Une peine.
J’avais évoqué la chose deux jours auparavant avec l’incombustible Jorge Laverón, dans la pénombre fraîche de La Venencia.
Jorge m’a tout d’abord sauté dessus avec Tomasito, enfin, maintenant, Thomas je ne sais plus quoi. Tomasito quoi.
¡Ya teneis un torero François! Este Thomas… etc., etc… Grosse côte pour Tomasito du côté de La Venencia.

Puis, dans la conversation, forcément l’évocation des corridas à venir.
- Tu crois que Morante va venir ?
- Aucune idée. Je n’ai même pas lu le journal.

Intervention d’un troisième larron.
- Moi, avec ce qu’il a au pouce, je ne viens pas, je me retire.
- Toi ? Tu te retires ? Mais tu te retires d’où ? Toi tu n’es à nulle part ! Va plutôt nous chercher ta media de manzanilla.


Il commençait à se faire tard, nous ne savions toujours pas si Morante allait venir, mais la manzanilla était fraîche et une envie de cèpes se faisait naissante.
Bien. Donc, samedi, peut-être Morante, et dimanche, la famille Martín.
- Victorino. Il a tout de même mis pas mal d’eau dans son vin il me semble. Tu en dis quoi Jorge ?
- Mucha agua François… mucha agua.

Débarque Chiqui Abril, un habitué du coin. Il veut m’inviter à un vernissage. Les cèpes vont devoir patienter. Nous étions jeudi. Et j’ai bien compris que mes quatre jours n’allaient pas être suffisants pour tout faire.
Ils sont trop forts à La Venencia, un sens de l’organisation hors du commun. Un certain Montserrat de Pablo vient de publier un livre de photographies prises depuis les hauteurs du tendido cero. Pour le titre il ne s’est pas foulé : "desde el « 0 » fotografías". Pour les photos c’est difficile à dire.
Les textes sont de Jorge. Je ne sais pas s’il s’est foulé lui, mais je suis certain que je vais y réfléchir à trois fois avant de lui demander d’écrire sur mes clichés. ¡Vaya guasa Jorge! ¡Vaya guasa!
Par contre, pour les à-côtés, c’est du grandiose. Voici ce qu’annonce le dos du carton d’invitation.

INAUGURACIÓN
Jueves 1 de octubre a las 20h.

INAUGURACIÓN I
Viernes 2 a las 19 h.

APERITIVO
Sábado 3 a las 13h.

REINAUGURACIÓN II
Miércoles 7 a las 19 h.

REINAUGURACIÓN III
Viernes 9 a las 19h.

APERITIVO DE CLAUSURA
Sábado 10 a las 13 h.

Ça ne s'invente pas, sauf à La Venencia. Muchas copas Jorge, muchas copas. J'en étais où moi ? Ah oui, Zabalita, la famille Martín. Comment dire ? Agua, mucha agua, demasiado. Beaucoup trop et sin gas.

Madrid, 4 octobre 2009


>>> Une galerie est accessible en rubrique RUEDOS du site.

madrid

Madrid-plage


Take me down, Little Susie, Take me down,
I know you think you're the queen of the underground
1

Connaissez vous l'histoire du gars de L'Estaque qui va à Pékin en train ? Je vous la fais courte... Aux guichets des différentes gares, personne ne sachant vraiment où est Pékin, on l'envoie de Marseille à Lyon, de Lyon à Paris, de Paris à Berlin, et ainsi de suite suivant votre inspiration et votre talent pour raconter les histoires : les étapes finissent par le mener à Pékin. Après avoir visité la ville, notre héros se rend à la gare de Pékin pour acheter un billet retour : "L'Estaque s'il vous plaît !" et l'employé Pékinois de lui répondre du tac au tac : "L'Estaque-ville ou L'Estaque-plage ?" (c'est là que vous riez).

En forme de comédie aigre-douce, de farce à l'italienne (hilarante mais glauque), la Plaza la plus importante du Monde, celle de Las Ventas, fut le théâtre d'une feria surprenante en ce chaud week-end d'automne. Un genre de corrida-bouffe pour beignets, enveloppée de gros noeuds roses. Broadway sur Alcalá. Samedi, les Núñez del Cuvillo, anovillados, sont livrés sans mauvaises intentions apparentes, les deux "artistes" du cartel ont le génie d'en voir suffisamment pour finir sous une tendre bronca : je te siffle pour la forme, "Va je ne te hais point." Pour les détails Apariciens et Morantistas, Las Ventas eut les yeux de Chimène et la mansuétude de Raimu pour Ginette Leclerc.
Ginette Leclerc...

Moins salopes, plus ingénues : "Ah ouais elle est trop belle celle-là !" s'exclamait un groupe de jeunes filles ce soir au Zenith dans un enthousiasme sincère et juvénile aux premiers accords de quelques chansons de Pete Doherty. La lycéenne était de sortie, la moiteur de saison.
"Trroooop bien !" : 2 "r" et 4 "o", pas moins. Allez savoir pourquoi, j'imaginais les mêmes ou leurs cousines à Madrid, égrenant passes après passes le rosaire du répertoire Castellien, samedi soir. J'ai décidément l'esprit tordu.
Madrid s'offrait un été indien, le 3è Núñez del Cuvillo une alegría dans la charge, Castella sa science de la rentabilisation, à faire pâlir un fonds de pension, et un résumé extensif de sa tauromachie technique et assurée : débuts par cambio dans le dos, naturelles templées, muleta intacte, verticalité décroisée sur deux séries de la gauche. Puis chariot de remates entre les cornes dès la 4e série en guise de sucre. Tourbillons de pendules à complication (ou l'inverse), redondos inversés ajustés à faire se pâmer Nîmes et délirer Arles, estocade efficace dans le rincón. Exit Chimène, la retenue toute castillane, à bas les mantilles, Las Ventas sentait la pisse au sens groupie du terme2. Deux oreilles tombent du palco, on demande un rappel pour le toro gentil. Tout était offert : la tauromachie moderne, la noblesse en sirop de maïs, la foule en délire, le deuxième trophée, là même où l'on consentait encore à les compter. En marketing, ça se dit BOGOF (Buy one get one free), deux pour le prix d'une, offre spéciale.

De Lima, on m'avait donc directement expédié à Madrid-plage, ces Péruviens sont forts comme des Pékinois ! Ahuri et jet-laggé, j'étais le père de famille largué face à la grande qui sort du concert en transes. "Mais tu peux pas comprendre !"
Chienne de vie, je n'ai même pas 30 ans.

1 Dead Flowers - The Rolling Stones
2 A ne pas confondre avec le sens Jean-Pierre Marielle du mot : "Aaaah, toi tu sens la pisse, pas l'eau bénite !" (in les Galettes de Pont-Aven - Dialogue allongé avec Andréa Ferréol).

03 octobre 2009

Campos y Ruedos blog surf trip


Vous ne pouvez pas ne pas l’avoir remarqué. Votre blog favori s’arrange, s’améliore, que dis-je, s’embellit chaque fois davantage afin de devenir plus agréable à parcourir... Tandis que la rubrique « Liens » s’enrichissait sérieusement, celle des « Libellés » grossissait, grossissait, grossissait — une surconsommation de chips et de saucisson sans doute — au point de constituer un index relativement conséquent où les noms des différents « posteurs » de Campos y Redos depuis 4 ans en côtoient une cargaison d’autres, propres ou communs, en tous genres... Disons-le tout net, avec panache et sans scrupules : « Campos y Ruedos, le blog taurin seul capable actuellement de proposer des libellés tels que "Karakalpakstan", "Neige au sud", "Jeu concours Pipi et cacahuètes", "Robert Motherwell", "Gastroentérite" ou bien encore "5 piques et +" ! »

Du côté des ganaderías, Victorino Martín, Miura et Palha composent sans surprise le tiercé gagnant... des élevages qui font parler. Du côté des plazas, Madrid se détache à l’aise1 quand Céret et Vic-Fezensac, au mépris de toute logique comptable, soufflent les 2° et 3° places à Nîmes et Arles — allez savoir pourquoi ?2 Du côté des matadors, montent sur le podium, dans l’ordre : José Tomás, Luis Francisco Esplá et César Rincón — « énnooorme ! » Le campo ? Il est principalement charro parce que proche et varié, attachant parce que rustique. Outre l’afición a los toros, citons également celles à la photographie, bien sûr, à la peinture, au flamenco, à la cuisine et au vin ou à... San Fermín ! Quant au rayon (chargé) de nos préoccupations, vous ne serez pas étonnés d’y retrouver au premier rang : l’afeitado, le tercio de varas, l’indulto, ces saloperies de fundas, etc.

Pour finir, permettez un triple et amical brindis a los tres locos de fotos de Campos y Ruedos que sont François ‘Solysombra’ Bruschet, Laurent Larrieu et Yannick Olivier — rien que de penser qu’il me faudra bientôt reprendre tous les posts des deux premiers histoire de les faire apparaître enfin dans la liste des libellés, je meurs !

1 Que Juan ‘Manon’ Pelegrín — l’Œil de Las Ventas — soit ici chaleureusement remercié de nous laisser piocher à loisir dans son extravagante photothèque.
2 « Nîchmes » et ses turpitudes où il n’a jamais été question de toros, et pour cause... Arles, terrain de jeu « préféré » de Solysombra qui brave l’ennui en y expérimentant de nouveaux cadrages et traitements.

Images SURF GUIDE © The Surf Enthusiast’s Magazine - October 1964 Pete © Shetland Islands surf trip

02 octobre 2009

Toiros (II)


Au fil des diverses lectures dont nous inonde le web en cette fin de temporada 2009, lectures dont les conclusions suscitent, comme souvent et de plus en plus, l’agacement et l’incompréhension, l’envie nous prend de foutre le camp, d’aller voir ailleurs loin des habitudes, ce que le monde des toros propose encore de rêve, de délires ou d’exotisme. Car ce ne sont pas les propos aberrants d’un Juan Pedro Domecq qui prône l’arrêt des piques en public, les bilans de férias établis par de mauvais scribes dont la seule obsession aujourd’hui est de vous prouver par A+B que la seule voie possible pour l’organisation d’une corrida est de plaire au grand public, grand public qui n’aurait comme goût que ce toro dit de « bravoure moderne » - grand public qui aurait seul l’apanage de la raison et du droit étant donné qu’il est le plus grand nombre - ce ne sont donc pas ces sentences coutumières qui vont donner corps à nos envies ou à nos rêves, fussent-ils délirants… et alors ?

Alors, au fil du clavier, il y a ce toro étrange de Ernesto Fernandes Louro de Castro (encaste Atanasio Fernández) à la gueule tranchée de blanc comme un gentil panda. Pelage original, rare ? Peut-être ou tout simplement aussi le résultat d’une maladie… A voir.

Restons au Portugal, c’est déjà l’exotisme, avec ce forcado au béret droit comme un aristocrate rogue, embrassant ce toro cárdeno oscuro dans une symétrie parfaite d’où se dégagent la puissance et la lutte. Quand il a écrit une « Balle perdue », Joseph Kessel ne connaissait peut-être pas les forcados du Portugal mais, c’est certain, il aurait pensé à eux en écrivant ces bouts de fin de vie de types conduits jusqu’à la fin tragique par leur honneur et leur droiture, ces « desesperados » qui semèrent la panique sur les toits de Barcelone en 1934. Il y aurait pensé ! En 1934 d’ailleurs, l’élevage de ce toro au galop, tête basse, existait déjà… il existe encore aujourd’hui et survit du côté de Avis, dans l’Alentejo. C’est un Vaz Monteiro nouvelle mouture puisqu’il se dit que l’antique race portugaise aurait été croisée avec quelque chose qui ressemblerait peut-être à du Saltillo… A voir.

Non loin de chez Vaz Monteiro, toujours dans l’Alentejo, à deux chênes-lièges de l’Espagne, existe une autre ganadaria de touros (ou toiros ?) qui porte un nom de saint : São Martinho. Ce sont juste des toros de combat, des toros pour touradas. Ce sont juste des toros mais dont le sang mêlé titille le curieux. D’après les informations données par le registre des ganaderías portugaises, il y aurait là dedans du « Cabral Ascenção, Santacoloma, Torrestrella e Outros ». Un peu de tout en somme sauf que le « outros » il s’appelle Fernando Palha, l’autre Palha, qui aurait prêté des sementales aux tenanciers de la baraque. Et au regard des photos, on aurait tendance à y croire. Et puis, pour achever, il y a donc Fernando Palha qui regarde toujours sa « chère bonne Lisbonne », sa Lisbonne qui regarde à nouveau ce grand océan Atlantique au milieu duquel sont plantés ces bouts de terre lusitaniens depuis le XV° siècle, les Açores. Là, existent plusieurs ganaderías de bravos surtout destinées aux toros à la corde dont sont friands les autochtones. Eliseu Gomes est un de ces ganaderos, les origines de ses toros sont vagues et on s’en fout, c’est juste beau un toro avec l’océan derrière pour terrain de combat !

Photographies 1/ Toro de Ernesto Castro in http://aficionados-de-aires.blogspot.com/2009/06/ernestro-castro.html ; 2/ Toro de Vaz Monteiro in http://www.solesombra.com/reportagem-fotográfica/salvaterra-31-maio/ ; 3/ Toro de São Martinho in http://www.toureio.com/otouro/touros%20videigueira/index.html.