30 novembre 2010

UVTF


Dimanche dernier s’est tenue à Beaucaire la réunion annuelle de l’UVTF. Vous ne le saviez pas !?
Il y a des lustres que cette risible association d’organisateurs — qui pour la plupart n’organisent absolument rien — ne sert plus à grand-chose et même à rien du tout à la vérité, sauf justement à nous faire rire, plus ou moins jaune selon les cas.
Elle permet à certains de s’encanailler, à d’autres de se monter du col et s’imaginer importants, le temps d’un mandat, ou deux, avant de replonger dans l’oubli. Terrible. La dernière présidente en date, oui c’est une dame, à l’air particulièrement croustillante de prépotence. Ça promet. Enfin, c’est ce que nous avons cru comprendre entre les lignes de l’inénarrable qui refait surface, sans les "zantis" et à distance, mais avec une histoire de pique française sur laquelle nous reviendrons, évidemment. Le compte rendu de la journée de l’ami Klein est tellement excellent que nous le reprenons ici intégralement. Une sorte de WikiLeaks à petite échelle, en quelque sorte.

De la « grotesquitude »

Récemment, sur le site très connu d’un intermittent taurin du spectacle, on évoquait déjà dans la semaine une candidature Coluche à la présidence de l’UVTF, ce qui laissait supposer une certaine collu(che)sion entre le-dit intermittent et certains membres du bureau de l’UVTF qui se feraient une joie et un devoir de l’informer.
Bonjour le devoir de réserve ! Et surtout bonjour le respect dû à une ville taurine, fût-elle de petite taille et fût-elle "contestataire" !
Nous vivons dans une époque moderne où certains, nonobstant la multiplicité de leurs talents leur rajoutent sans vergogne le don mirifique d’ubiquité, puisqu’ils peuvent dans le même temps parader à Rion-des-Landes et assister à l’Assemblée générale de l’Union des villes taurines de France qui se tenait à Beaucaire.
Question ubiquité, pourquoi pas ? Question sérieux, on trouverait à redire : que le grand Mamamouchi du Machin préfère se gaudrioler que d’exercer ses fonction auprès de l’UVTF donne à se questionner sur le sens des responsabilités de l'énergumène...

Cela aurait pu au moins lui éviter d’écrire des sottises ou des vacheries gratuites, quoique !
Car si errare humanum est, n’oublions pas que perseverare diabolicum. Et l’Oracle boucalais, sans doute épuisé par sa virée rionnaise, grisé peut-être, nous a pondu l’un de ces chefs-d’œuvres de désinformation, de vile « tignouserie » et de bêtise qui n’ont pas peu contribué à sa sulfureuse réputation.

Reprenons toutefois l’affaire depuis le début.
Une partie du bureau et la présidence de l’UVTF étaient à renouveler.
Deux candidatures s’étaient faites jour pour la présidence qui, à tour de rôle, s’exerce par le Sud-Ouest et le Sud-Est : Mont-de-Marsan et Vic-Fezensac.
Inutile de dire que Vic portait sans aucun doute les voeux de moult grandes et surtout petites cités, tant par sa ligne taurine que par son statut de village, où beaucoup pouvaient se reconnaître.
Parlons clair et vrai. D’aucuns, en outre, ne se sentaient nullement enclins ni à soutenir Mont-de-Marsan après l’affaire des changements de date des fêtes, ni à consacrer le jumelage de facto nîmo-montois : Nîmes s’étant exclue de l’UVTF, y reprenait pied par Mont-de-Marsan (ou son/sa prestataire) interposé, intention que l'on nous confirme à Vieux-Boucau (« agir de manière concrète […] en oeuvrant au retour de Nîmes dans le giron de l'UVTF. »).
Quatre jours avant l’élection, on apprend, par la bande, que Vic-Fezensac s’est désisté. Bizarre ! Bizarre !
Le combat cessait donc faute de combattant et Mont-de-Marsan ramassait la couronne, abandonnée par forfait.

Sans aucune illusion, les statuts ne le permettant pas, avec l’approbation pleine et entière du maire d’Orthez, j’ai toutefois présenté la candidature de sa ville, pour l’honneur, en expliquant le pourquoi de celle-ci. Non sans relever que toute cette affaire ne me semblait aucunement démocratique, d'autant plus qu'il n'y eût aucun vote.
Il est des situations où il convient d'avancer la jambe et d'accorder ses actes à ses idées.
Evidemment, il s'avère difficile d'expliquer au Grand Inquisiteur la portée des mots "honneur", "cohérence", "honnêteté intellectuelle", toutes valeurs qu'il ignore totalement.
Certes la sémantique tend à tomber en désuétude, mais quelques esprits taquins — dont votre serviteur— veulent continuer, contre vents et marées, à croire que les mots ont un sens qu’il convient de maîtriser avant de les utiliser.

À Vieux-Boucau, il semble qu’on connaisse Coluche, et qu’on "cause" de candidature « grotesque ». Je ne fréquente guère Coluche, mais je lis souvent le dictionnaire Littré, surtout son appendice étymologique.
Que voulez-vous, à Orthez on n’a pas la science infuse comme à Vieux-Boucau. En conséquence de quoi on s’essaie à remédier à l’ignorance.
Le mot « grotesque » provient au XVIème siècle de l’italien « grottesco » (de la même famille que « grotta » : grottes) qui s’appliquait durant la Renaissance au mouvement artistique de redécouverte des antiquités et aux fresques, aux dessins pleins de fantaisie qu’on découvrait alors dans les ruines et les fouilles. Si vous allez à Florence ou même à l’Alcazar de Séville vous découvrirez dans les palais de cette époque de ces grottes reconstituées « à l’antique ».
Le plus bel exemple, littéralement, de « grotesque » en France s'observe dans les charmants griffonnages que l’on trouve sous terre à Lascaux.
La peinture pariétale d’aurochs, reprise par on ne sait quel observatoire, dont on ne sait qui le préside, est le plus magnifique exemple de « grotesque ».
Amusant, n’est-ce pas, surtout peint en rose ?

Je n’entends pas grand-chose au « grotesque », mais il me semble qu’une élection où ne figure qu’un seul candidat pourrait par contre assez bien répondre au qualificatif de « charlotade ». Et qu’il y a plus d’honneur et de dignité à s’en émouvoir qu’à la plébisciter. Affaire de valeurs...
Mais le plus beau n’est pas là.
La lecture attentive de l’Inénarrable sous l'intitulé très éloquent de « L’UVTF en ordre de marche » (tout un programme !) nous apprend (je cite) : « Comme prévu, Geneviève Darrieussecq, maire de Mont-de-Marsan, a été élue présidente, malgré la candidature grotesque et mal venue du représentant orthézien auquel la nouvelle présidente a recommandé de "s'aimer un peu plus pour pouvoir aimer les autres afin d'avancer dans la même direction." »
« Comme prévu » : le magnifique aveu ! Ainsi tout était déjà « prévu » ! Vous m’en direz tant ! « Élue » ? Sans vote ?
On sait, à travers ses prises de positions, la tendresse et l’accointance très marquées que le Caudillo de l’Afición française entretient pour le Partido Popular (où s’est recyclé toute la vieille garde franquiste). On ne s’étonnera donc pas qu’il cautionne et applaudisse des deux mains ce qui ressemble plus à un Pronunciamiento taurin qu’à l’exercice serein de la démocratie, qui suppose la confrontation des idées et des choix et surtout la présence d'une opposition.
On ne s’étonnera pas plus de l’attaque ad personam de Madame le Maire, qui se permet de substituer l’allusion personnelle venimeuse, pour le coup "mal venue", à une argumentation rationnelle.
Que Madame le Maire s’occupe de ses amours, je m’occupe des miens ! Mais si elle aime comme elle parle...

Enfin si toute remarque, tout désaccord, toute objection sont vécus comme des crimes de lèse-Darrieussecq, on n’a pas fini de rigoler, et Madame le Maire de s'ulcérer...
Qu’on se le dise, l’ordre désormais régnera.
Il y a tout de même quelques soucis à se faire devant un tel programme de mise au pas, surtout quand la plaza qui nous parle de tauromachie-champagne et veut réintroduire le Casastan dans le concert taurin se préoccupe de « dépoussiérer le règlement ». Après l'ordre serré, le ménage.
Je ne voudrais pas clore cet article, sans donner au lecteur une petite idée du fonctionnement éminemment démocratique de l’UVTF. Cette vénérable institution est constituée, sauf erreur de ma part, et selon son site Internet, de 46 membres :
— 6 plazas de 1ère catégorie qui toutes siègent en son bureau ;
— 1 plaza de 2ème catégorie (Céret) qui siège également et
— 39 plazas de 3ème catégorie qui élisent 3 représentants pour le Sud-Est et 3 pour le Sud-Ouest soit 6 en tout.
Cela me fait furieusement penser aux États Généraux de 1789, où l’on VOTAIT PAR ORDRE et à l’acte fondateur de notre démocratie fondé sur le VOTE PAR TÊTE.

6 plazas de 1ère sont représentées par... 6 représentants. 39 plazas de 3ème sont représentées par... 6 représentants.

Cherchez l'erreur. Surtout quand l'on vous affirme ensuite sans sourire qu'il n'y a pas de préséance, pas de petites ni de grandes arènes, seulement... des arènes.

Cela ne dérange personne ?
Moi si ! Mais ce doit être une manifestation démocratique de « grotesquitude », bien entendu mal venue...
Il ne faudrait tout de même pas que certains se voient parvenus à l'Olympe, alors qu'ils viennent juste de franchir les portes de l'Hadès.

Si l'UVTF pouvait influencer les choses cela se saurait.
Certains s'en passent d'ailleurs très bien (cf. Nîmes), et l'on ne compte plus les oukhases ou les voeux pieux qui sont restés lettres mortes. Le "dépoussiérage" du réglement, par exemple, devra être admis et accepté par TOUS pour avoir quelque légitimité et être appliqué. Surtout lorsque l'on voit le respect que l'on prête au texte actuel.
Il devra surtout être voté par chaque commune.
Etant donné que ceux qui prétendent "dépoussiérer" semblent surtout vouloir nous faire passer la pilule du "toreo moderne", avec des délicatesses de cuirassé sur le pied de guerre, il faut craindre que nous n'allions vers le conflit plutôt que vers l'union et la concorde.
Entamer son mandat avec autant de morgue et des paroles aussi offensantes ne le place guère d'emblée sous les meilleurs auspices.
Surtout si l'on a le malheur d'être "épaulé" par le gourou, ce qui représente plus une malédiction qu'un avantage !
Xavier Klein

29 novembre 2010

Livraisons de Noël


Bon, alors... Noël approche, et tout le monde n'a pas son Campos y Ruedos 01.
Dépêchez-vous ! il n'y en aura pas pour tout le m... Mais si, il y en aura pour tout le monde, même si nous sommes enchantés, ravis du succès remporté par ce premier opus (oups !)...

Tellement contents que, allez ! je vous l'annonce, le deuxième est en gestation, gestation très avancée même.
Campos y Ruedos 02 est donc dans les tuyaux, programmé pour Pâques 2011, avec des invités et des surprises...

En attendant, le "01" est encore disponible, soit directement sur le site de l'Atelier Baie, soit en imprimant le bon de commande disponible via ce blog.

Concernant les photographies, ceux qui veulent être livrés avant Noël sont priés de commander avant le 5 décembre. Ensuite, nous ne vous garantissons rien...

Le livre : Éditions ATELIER  B A I E.
Les tirages photo : Campos y Ruedos, la boutique.

28 novembre 2010

Baratin


Une de moins. Avant la prochaine, puis la suivante, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus.
Et il ne reste déjà plus grand-chose. Ce n’est pas un début, juste une suite inexorable. Le mouvement est quasi perpétuel.
La variété génétique du campo bravo fond au soleil, encore plus vite que des neiges de moins en moins éternelles.
La richesse du campo se raréfie aussi sûrement que la population de thon rouge en Méditerranée. Sauf que là, personne ne se réunit pour en parler, tenter d'agir. Pas d'aficionados, ou d'ONG, encore moins de politiques, rien.
L’immense majorité des taurins professionnels sont à la diversité génétique du taureau de combat ce que les Japonais sont au thon rouge : des fossoyeurs.
Les raisons en sont similaires, presque identiques : le fric, le profit, le business.
Et l’on prétend inscrire tout cela au patrimoine immatériel de l’humanité. Foutaise.
Comment expliquer alors que le monde taurin laisse disparaître, sans bouger le petit doigt, ce qui fit sa richesse et son identité ? Cynisme.
Dans un tout autre domaine, l’association Slow Food, en opposition à fast-food, a été créée en 1986 par un Italien, Carlo Petrini.
Slow Food lutte contre la standardisation du goût. Elle lutte, concrètement, pour le maintien de races d’animaux. Elle a aussi créé un conservatoire de graines anciennes afin d'assurer le maintien de la biodiversité. Slow Food compte aujourd’hui quelque cent mille adhérents.
Chez nous, quoi ? Un conservatoire des encastes ?
Il a bien été créé, à une époque, une banque de conservation de semences mais elle est tellement discrète que l'on se demande si elle existe encore.
Bref, rien. Rien de concret, juste la triste ambition d’une inscription au patrimoine immatériel de l’humanité. Immatériel le campo, immatériel le toro, immatériel le patrimoine génétique.
Du baratin quoi.

27 novembre 2010

Une bouteille à la Corrèze


L'heure est grave. J'en suis fébrile. Fébrile et irrité. De cette irritation qui vous étreint quand une vingtaine de mots... Ces mots, tirés du dernier édito (26/11/2010) du phare de Vieux-Boucau et évoquant le départ à l'abattoir du bétail Vega-Villar (entre autres) de l'élevage Sánchez-Cobaleda, les voici : « Marginalisés commercialement depuis près d’un demi-siècle, les encastes minoritaires ont décliné conformément à la loi de la sélection naturelle »...

M. Viard, ne serait-ce pas parce qu'ils ont été « marginalisés commercialement depuis près d’un demi-siècle » que « les encastes minoritaires ont décliné », point, sans qu'il y ait lieu de convoquer la sélection naturelle s'agissant de bravos sélectionnés et soignés par l'homme comme peu d'espèces animales le sont ? Vous avouerez tout de même que, dans cette triste histoire d'encastes menacés d'extinction, recourir non sans opportunisme à Darwin a de quoi laisser perplexe l'aficionado a los toros se désolant temporada après temporada de la vacuité des carteles proposés ! Car si à l'inverse, je vous cite encore, « l’encaste Parladé a consolidé et transmis sa variété génétique, assurant son développement », et ce « de manière exponentielle », ne le doit-il pas principalement au fait qu'il ait su gagner les faveurs des figuras del toreo et des empresas ?

Une question me taraude : comment pouvez-vous, en conscience, depuis si longtemps, consacrer des opus entiers à ces encastes dits minoritaires alors même que votre vision de la tauromachie tend inéluctablement à favoriser leur disparition ? Vanter la bravoure « moderne », ne jurer que par le toro « moderne », louer le toreo « moderne » comme vous le faites tel un lobbyiste hyperactif à longueur d'éditos*, d'allocutions des deux côtés des Pyrénées ou de commentaires radio, s'accorde plutôt mal avec votre propension suspecte à venir au chevet d'encastes où l'agressivité au cheval, le sentido et le poids de la charge n'ont, eux, strictement rien de modernes. Avant-hier, le savait-il le ganadero de Sánchez-Cobaleda qu'il s'entretenait avec l'un des nombreux fossoyeurs de ses patas blancas ?...

Quant au concept de « goulot d'étranglement », titre de votre édito, nul n'est besoin d'en appeler aux scientifiques, les hommes du campo le maîtrisent à la perfection lorsque la tâche consiste à embarquer le bétail pour le matadero. Prenez des vachers à cheval, aidés de cabestros, rabattant les bêtes vers la sortie, leur faisant emprunter le chemin de terre menant directement au petit cercado caillouteux donnant sur le couloir terminé par le quai d'embarquement, et auprès duquel le camion, à l'aube ou au couchant...

Parce que « de cet encaste, ne survi[t] aujourd'hui qu'une poignée de vaches de Barcial » (notamment), je jette une bouteille à la Corrèze... qui rejoindra la Vézère à la sortie de Brive, la descendra jusqu'à Limeuil où elle rencontrera la Dordogne assagie, puis furtivement la Gironde à Bayon-sur Gironde d'où elle remontera crânement « Garonne », qu'elle quittera à regret mais soulagée pour La Baïse à Saint-Léger, avant d'emprunter le cours agité de la Gélise à Lavardac, puis de l'Osse au lieu-dit Sainte-Catherine, pour venir finalement s'échouer épuisée dans cette bonne vieille cité gasconne de Vic-Fezensac. Là, une promeneuse intriguée et curieuse la recueillera, lui extirpant un morceau de papier blanc sur lequel elle lira à l'encre noire les mots suivants : « Mesdames et messieurs du Club taurin vicois, veuillez ne pas oublier, au moment de choisir les élevages de votre Feria del Toro, de faire une place aux fameux patas blancas de Barcial, qui ont tant participé à la réputation des arènes Joseph-Fourniols, et inversement. Si ceux-ci ne devaient pas renaître en 2011 en Ténarèze, au moins nous aurez-vous offert l'occasion de leur rendre l'hommage qu'ils méritent. Comment vous remercier ? Bien cordialement, P. M. (Brive) »

* À quand une version espagnole des éditos de Terres Taurines afin que nos voisins sachent une bonne fois pour toute à quoi s'en tenir ?

Image Temps gris et sale pour les patas blancas... Ici deux tíos dans les corrals vicois. Coupure de presse d'une © Dépêche datant de mai 1998.

26 novembre 2010

Les antis n'auraient pas fait mieux


Nous ne sommes pas dupes, ni même paranos. En pointant du doigt depuis plus de cinq ans les turpitudes de ceux qui vivent du toro, nous savons combien nous prêtons le flanc à une critique qui vient à intervalles réguliers chatouiller nos sensibles tympans : « Vous dites aimer la Fiesta alors que vous lui faites grand tort. » (ou quelque chose d'approchant).

À se lamenter sur l'état déliquescent de la cabaña brava (caste aux oubliettes, force en berne, fiereza aux abonnés absents, mono-encaste quasi triomphant, etc.)1 et sur celui guère plus reluisant du tercio de varas — l'un n'allant pas sans l'autre —, à fustiger l'afeitado, à tacler une presse servile mangeant dans la main d'empresas mesquines, à railler les ganaderos affairistes, à maudire les fundas, à moquer les présidences aux ordres, à remettre à sa place la gent torera ou à prendre de haut le public « guimauve », nous serions une source d'arguments intarissable pour les antitaurins : nous serions néfastes à vouloir être (trop) exigeants — par un simple tour de passe-passe aussi rhétorique que manichéen, nous pouvons bien évidemment inverser le propos et prêter la lourde charge de faire le lit des anticorridas à ceux-là mêmes qui nous le reprochent...

Las de ces dialogues de sourds, contentons-nous donc de pointer du doigt les faits, comme l'impression de cette horrible et pour tout dire incroyable affiche2 de la fiesta campera3 d'une bourgade landaise qui, ce week-end, ironie de l'histoire, clôturera la temporada 2010... en beauté... Oui, les antis n'auraient pas fait mieux ! Pauvre bête...

1 Lire (Yannick) et relire (Solysombra) « Le toro va tuer la corrida » — « El toro bravo, piedra de escándalo » par Antonio Lorca.
2 Détail plutôt croustillant, notez la présence en bonne place du logo Terres Taurines.
3 Avez-vous pensé à réserver vos places pour la croupionnade ?

Image Faena campera © François Bruschet

24 novembre 2010

Communiqué de la commission taurine d'Orthez


La commission taurine d'Orthez vient de communiquer le nom des deux élevages retenus pour sa journée du dimanche 24 juillet 2011 :
Novillada : Aurelio Hernando (Veragua)
Corrida : Dolores Aguirre Ybarra (Atanasio Fernández / Conde de la Corte)

L'après-midi à l'occasion de laquelle les pupilles de Dolores Aguirre avaient fait leur retour en fanfare dans le coin s'était soldé par un franc succès, d'ailleurs salué par deux prix qui ont curieusement peu suscité d'échos dans les médias spécialisés : la course s'est vue en effet attribuer le prix de la meilleure corrida de la temporada à la fois par la section Sud-Ouest de l'Union des Clubs Taurins Paul Ricard et par celle de l'Association des Critiques Taurins de France. Nos lecteurs sont à peu près tous fixés sur l'importance que nous accordons à ce type de récompenses, mais ce silence assourdissant et inédit n'en laisse pas moins de me surprendre.

Tout cela est dépourvu d'importance, et ne vient pas troubler la joie que nous éprouvons à la lecture de ce communiqué. Certes, on eût aimé découvrir, dans le cadre de la corrida, un nouvel élevage dont cette petite (par la taille mais grande par l'originalité) arène s'est fait une spécialité fort appréciée des aficionados, mais comment bouder notre plaisir à la perspective d'assister au combat de ces fauves parmi les plus réjouissants et intéressants qu'il nous soit donné de voir ces dernières années ?

Le bonheur et l'adhésion sont complets s'agissant du choix des novillos d'Aurelio Hernando. Cet élevage, que nous avions découvert et visité pour la première fois le même jour que celui de Javier Gallego, avait immédiatement fait naître en nous de grands espoirs en raison de ses origines et du sérieux dont son propriétaire semblait vouloir faire preuve. Issue de la scission de la ganadería Hernando-Gallego, elle est aujourd'hui à la recherche de son propre destin ; la vitesse à laquelle les différences entre les deux soeurs s'étaient faites jour nous avait fortement impactés. Pour ceux qui ont eu la chance d'assister au combat des novillos de Javier Gallego à Céret, cette course n'en sera que plus passionnante.

En farfouillant dans le site, on doit encore pouvoir trouver la galerie présentant cet élevage, mais nul doute que la commission taurine d'Orthez rendra en temps voulu visibles sur son site des photographies plus à jour, histoire de tromper notre attente. Sans oublier, pour plus de détails sur l'historique et les origines de l'élevage, la fiche qui lui est consacrée sur le site www.terredetoros.com.

Photographie Un eral d'Aurelio Hernando © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

23 novembre 2010

Bayonne et nulle place autour !


"Bayonne et nulle place ailleurs !"
Il y a quelques années, c’était le slogan de la plaza bayonnaise. Bayonne...
Bayonne qui vient d’annoncer ses dates de corridas et de spectacles taurins pour la temporada 2011. Bayonne et nulle place autour ! Bravo M. Barratchart, bravo M. Lartigue et bravo surtout M. Grenet car le boss, à Bayonne, c’est lui.
Bayonne change ses dates de fêtes. L’immense bourrage de gueule rouge et blanc écharpé de vomi qui se déroulait la première semaine d’août va maintenant officier la dernière semaine de juillet. En 2011, les fêtes de Bayonne s’achèveront donc le dimanche 31 juillet. Jusque-là, tout le monde pourrait s’en mettre le doigt dans l’œil en sirotant un txacoli bien pisseux... Le monde taurin s’entend (car celui des fêtes alentours doit beaucoup moins rire, lui).
Le gros hic est que ces messieurs précités ont également décidé de programmer une corrida formelle le samedi 30 juillet 2011, et une corrida de rejón le dimanche 31 juillet 2011. On doit "faire la fête" à Garlin, de l’autre côté du département des Pyrénées-Atlantiques (cette année, Garlin organise sa novillada estivale le samedi 30 juillet 2011). On se prépare à ne pas la faire à partir de 2012 (à partir de cette année, les dates d’Orthez, Tyrosse, Garlin et Bayonne risquent de coïncider) puis par la suite sur les bords du gave à Orthez et sur la route des vacances à Tyrosse. La concurrence va être rude dans le département 64 et à ses marges (Tyrosse en 40) les ultimes week-ends de juillet. Bayonne boit, les autres trinquent. Car croyez-vous que la mairie de la ville basco-gasconne (ça va les énerver ça aux Bayonnais...) ait entrepris le moindre dialogue avec ces petites merdes de cités taurines riquiquis ? Que nenni ! M. Barratchart s’est certes rendu tout penaud à une réunion à Mont-de-Marsan en octobre 2010, réunion organisée par la mairesse de la cité landaise pour discuter avec toutes les arènes du coin d’un éventuel changement de date des fêtes de la Madeleine (entre nous, et même si celle-ci a défendu le fait qu’il fallait communiquer entre villes taurines — l’éternelle récupération politique —, la réunion avait été fortement et vertement demandée par les représentants taurins et municipaux de Tyrosse, Garlin et Orthez, les petites cités taurines merdiques). A part ça, rien. M. le Maire de Bayonne, député aficionado, paraît-il, n’a envoyé aucun courrier, n’a convié personne à discuter, n’a rien voulu savoir et a décrété qu’il fallait programmer cette corrida le samedi des fêtes qui passent en juillet parce que les festayres seront certainement moins saoûls en juillet, et donneront donc une meilleure image de cette gigantesque cuite diffusée ces dernières années dans certains reportages télévisés, en particulier sur la chaîne M6 (qui ne manque pas, elle non plus, d’esprit racoleur pour porter un "certain" regard sur les fêtes de Bayonne et du Sud-Ouest en général). Messieurs Lartigue et Barratchart suivent, le regard certainement évadé sur leurs godasses qui écrasent les petites merdes nommées Tyrosse, Garlin et Orthez ; Orthez dont M. Lartigue est encore prestataire de services administratifs !
Bayonne et nulle place autour, avec une forte et sale odeur qui traîne derrière ses pas...

Photographie Une rue à Bayonne © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

22 novembre 2010

Rions un peu


« Yo no trabajo en el toro para hacerme rico, sino para hacerme feliz. Tengo un concepto más artístico que empresarial, pero para eso existen los grupos. Como no me gusta el dinero, hay mucha gente que no lo entiende. Pero como digo muchas veces: "Quiero morir pobre, no me importa el dinero." »

« Je ne travaille pas dans le milieu taurin pour m'enrichir, mais pour me sentir heureux. J'ai un concept plus artistique que d'imprésario, pour cela il existe des groupes. Je n'aime pas l'argent, et beaucoup de gens ne le comprennent pas. Mais je le dis souvent : "Je veux mourir pauvre, peu m'importe l'argent." »
Simon Casas

19 novembre 2010

Campos y Ruedos 01, l'errata


L'autre jour, Solysombra avançait ici même que nous étions enchantés du succès de Campos y Ruedos 01... Notre bouquin ne figure certes pas dans le top 10 des livres les plus vendus cette année — laissons ce vulgaire titre à d'autres —, mais jamais vous ne le trouverez au Relais H de la gare de Puyoô ! Et ça, ceux du top 10 ne peuvent pas en dire autant. Bref, Campos y Ruedos 01 se vend plus que très très bien — ah, excusez-moi, une nouvelle commande ferme vient de tomber, celle de la FNAX de Dascle qui réclame 200 exemplaires supplémentaires, venant s'ajouter aux 1 000 qu'elle a déjà écoulés — et j'avoue attendre beaucoup du probable succès du second qui, en toute logique comptable, devrait enfin me permettre de larguer ma petite et poussive japonaise pour une de ces imposantes voitures avec de gros pneus — je vous en prie, faites un geste !

Ce beau livre, le joyau de votre bibliothèque pourtant copieusement garnie, nous vous proposons de le rendre plus beau encore ; et pour que votre Campos y Ruedos 01 soit plus beau que «plus beau encore» rien de tel que votre participation. Nous avons donc rédigé pour vous un errata que nous vous encourageons vivement, pour que votre Campos y Ruedos 01 soit plus beau que «plus beau encore», 1 à imprimer, 2 à découper, puis 3 à insérer précautionneusement juste après sa splendide couverture ou l'une de ses 153 admirables pages — c'est ce qui s'appelle avoir l'embarras du choix. Parce que les livres pourvus d'un errata font désormais partie des espèces disparues, alors même que, faut-il le préciser, tous les livres publiés (eh si !) pourraient donner matière à errata, sachez apprécier ce fol et inespéré présent à sa juste valeur, car cela ne se reproduira pas !

PS Soyez sympas de prévoir un errata pour tonton Georges et tante Claudine qui ne passent pas, eux, tout leur temps libre sur ce site/blog d'exception, mais à qui vous avez eu la gentillesse d'offrir celui qui a bouleversé leur vie. Par avance, merci.

>>> L'errata au format PDF à imprimer (en couleur et sur un papier épais, s'il vous plaît), à découper (proprement avec règle et cutter) puis à insérer...

Image Nous sommes tous des surfeurs © Frédéric Bartholin

17 novembre 2010

Rien à cyrer !



Hier soir, la nuit était froide et dans ce froid déjà le drame s’annonçait. Hier soir, Camposyruedos a vécu un drame. De ces drames qui font que la vie n’est plus qu’incertitudes, que la pluie n’a plus en elle que cette irritante humidité glaciale dénuée de poésie et que le pain du dîner est bien trop sec au petit déjeuner le lendemain matin. Hier soir, au son lointain de dégénérés vaguement imitateurs de Michael Jackson, j’ai été censuré ! Camposyruedos m’a censuré ! Sans cyrconstances atténuantes. J’ai été censuré. Il a fait beaucoup plus froid tout à coup et la nuit m’est apparue soudain sous les atours cruels du Cronos (ou Saturne) de Goya. J’ai été censuré.
Après le choc, je me suis dit que ce n’était pas cyrieux. J’ai été voir. C’était cyrieux et j’en restais totalement et profondément cyrconspect. Avec un "c" à la fin cyrconspect. Mon post avait disparu de l’écran et même de la base de données du blog. Je devais en convenir, j’avais été censuré.
Jamais depuis 5 ans je n’aurais pensé, fut-ce seulement une seconde, que la censure était possible sur Camposyruedos. Non jamais.
Il y eut bien certaines fois au cours desquelles nous dûmes cyrconscrire les commentaires de ce blog dans des limites acceptables au regard des voies légales qui sont pourtant très pénétrables mais, vous en conviendrez, les cyrconstances l’exigeaient. Certains d’ailleurs s’en émurent et s’en émeuvent toujours, déversant leur aigreur maladive dans une prose râpeuse de vierge effarouchée à laquelle un taquin de son âge aurait relevé la jupette d’écolière. Il ne s’agissait finalement pas de censure au sens stricto sensu du terme mais bien plus de mesure de salubrité publique. C’était pourtant sans rancune de notre part.
Non, jamais je n’aurais imaginé que la censure puisse avoir cours sur CyR.
Ceci n’empêchait pas évidemment chacun d’entre nous de pratiquer de son côté l’exercice ô combien difficile et frustrant de l’autocensure. Que de mots ne furent biffés d’un trait sec de plume noire, que de lignes ne subirent le sacrifice du feu, que d’idées ne connurent un courtcyrcuitage pur, simple et sans appel sur l’autel du "restons zen" et du "vas-y mollo, lolo". À titre d’exemple, et en ce qui me concerne, je me rappelle m’être interdit d’écrire que l’ONCT ne servait strictement plus à rien (si tant est qu’il ait servi un jour). Je me le suis interdit car je ne voulais pas être de ceux-là ; de ces hérauts malotrus porteurs d’une propagande nauséabonde menée contre l’exceptionnel travail de défense de la tauromachie du Président de l’ONCT, qui devait (il est toujours là) partir vite avant d’écrire tout et son contraire (et surtout son contraire) dans une mélopée souvent indigne et parfois diffamatoire (cf. ses écrits publiés dans sa revue dans lesquels il citait des propos qu’aurait tenu le président de la commission taurine d’Orthez sur les honoraires éventuels que cette plaza était prête à donner au maestro Frascuelo).
Pas plus tard que demain, je sais que je vais m’autocensurer pour ne pas écrire que les leçons de démocratie jetées à la figure de la Catalogne par certains sont pitoyables au regard du soutien de ces mêmes (presque tous) à la supposée légitimité d’une personne déblatérant ses "vérités" au nom de l’Afición française à des politiques espagnols ayant d’autres chats à fouetter en ces temps troubles de crise de civilisation (ah ! la crise !). Je ne vais pas écrire demain que je conchie ces discours rassembleurs pour sauver la corrida, leur corrida sans fond et sans toros. Je ne vais pas écrire que cette corrida qu’il porte aux nues et jusqu’à l’UNESCO peut bien mourir bientôt, noyée à la Culture, vidée au campo par des éleveurs de bovins anémiés (bonjour M. Núñez Benjumea culpa) et dépecée aux arènes par une mafia gominée. Je ne vais pas écrire que défendre cette corrida-là est un contresens ontologique. Je ne vais pas écrire que ce que je lis tous les jours dans les médias taurins est une daube indigeste de bons sentiments mobilisateurs, de jugements sentencieux et de conneries (il s’agit bien de cela) sans fin quand en plus s’y mêlent les relents d’opinions politiques d’éditorialistes à deux balles et 2000 toros.
Oui à l’autocensure et surtout chez les autres, puissent-ils s’y complaire pleinement et enfin... s’autointerdire !
Bref, Camposyruedos m’a censuré hier soir quand le froid était là et que les cyrrus menaçaient. J’ai longtemps ruminé mon effroi en feuilletant un numéro de Femina dans lequel l’on s’interrogeait sur le pour ou le contre de la philosophie à la maternelle. La nuit porte conseil, dit-on, et ce matin ma décision est prise.
Rien a cyrer d’avoir été censuré, mon post je vous le remets tel quel, comme ça et paf, le post ! Allez-y pour voir Messieurs les cyriens, essayez donc de me l’enlever celui-là !

Photographie Chez Paloma Sánchez-Rico de Terrones.

15 novembre 2010

Vingt ans


Le site Internet du Diario vasco (rubrique «Culture» évidemment) a tout récemment publié une entrevue du «ganadero» de Núñez del Cuvillo, Álvaro Núñez Benjumea, fils de Joaquín. À la question «Comment doit-être un toro pour Álvaro Núñez Benjumea ?», celui-ci, après avoir grosso modo décrit le toro terciado, enchaîne : «Ensuite il doit avoir une grande aptitude pour humilier, une grande aptitude à la course et, surtout, de la fixité. Le toro doit toujours être suspendu à la muleta ; même quand l'épuisement1 le gagne il se doit de charger avec clarté et fixité. J'aime les toros qui chargent jusqu'au terme de la faena ; ce sont ceux-là les bons toros. La sauvagerie2 du début ne vaut rien si elle disparaît à la fin. Il est clair que tous les toros ne sortent pas ainsi.» C'est clair ! Vu que ses toros ne doivent déjà pas en avoir des masses de fiereza quand ils pénètrent dans le ruedo... Sinon, ses bébêtes, au premier tiers, elles se vernissent les sabots ? elles feuillètent ¡Hola! ? elles se carressent les c... ?...

Vingt ans plus tôt, en mars 1990 pour un hors-série bricolé du Courrier de Céret (ça existe encore ça ?), José Antonio Hernández Tabernilla, ganadero de l'élevage Hros. de Don Gabriel Hernández Pla, affirmait : «Un toro est bon quand il a une sortie allègre, quand il met bien la tête dans les premières passes de cape. Ensuite, il doit aller trois ou quatre fois au cheval sans y être obligé, en chargeant avec bravoure, en mettant les reins, la tête, et en se laissant piquer sans se défendre ni partir. Puis il doit charger avec rapidité les banderilleros, répéter sa charge à la muleta, et avoir cette classe qui lui fait frôler le sol avec le mufle. Il doit permettre au torero qui sait toréer de triompher. Voilà, à mon goût, ce qu'est le toro bravo Bon, finalement c'est juste une affaire de goût... et d'exigence. Mais si le toro doit être bravo pour José Antonio, que doit-il être pour Álvaro ?... Ah oui, il l'a dit : «Le toro doit toujours être suspendu à la muleta»3 ! S'il vous plaît, José Antonio, expliquez-lui ce qu'est la suerte de vara...

1 Agotamiento dans le texte.
2 Fiereza dans le texte.
3 Si le bout de bois de la muleta c'est la tringle, et que le toro est suspendu à la muleta, alors le toro c'est le rideau, non ? Il est donc décoratif, et/ou destiné à cacher quelque chose... Mais quoi ?

Image La hache de Hernández Pla © François Bruschet

13 novembre 2010

Pour ceux-là


Je ne l’ai jamais rencontré.

Très tôt j’ai lu, dans des revues taurines de l’époque, il y a une quinzaine d’années de cela, deux ou trois entretiens où le ton employé tranchait franchement avec tout ce que l’on pouvait rencontrer ailleurs. Il y était question d’afición a los toros, de bénévolat, de respect de l’aficionado, d’indépendance, d’organisation scrupuleuse, de transparence, d’attachement à la lidia, de littérature et de peinture, d’encastes rares et de toros certifiés limpios par les ganaderos…

Et les cornus sortaient forts, souvent retors ; les picadors retrouvaient leur lustre, les péons leur utilité et les toreros leur main gauche en même temps que leur titre de matador de toros… Après la course, avant la nuit, aux tercios, les coudes posés sur la table drapée de sang et or, micro en main et le derrière dans le creux du plastique bleu, il rayonnait d’un je-m’en-foutisme assumé et ne manquait pas, année après année, de jurer fidélité à une certaine idée anarcho-torista du taureau « de guerre » et de son combat — et les dents du public cérétan de gentiment grincer.

Parce qu’il ne doit pas être totalement pour rien dans la venue des rustiques patas blancas de Barcial, des diables rouges navarrais ou des reliques portugaises de Rita Vaz Monteiro, des costauds Tulio, des hors-la-loi de Gabriel Hernández Pla ou des estampes polychromes de Fernando Palha *, et j’en passe, je tenais à dédier ce modeste papier à monsieur Jean-Louis Fourquet.

* Tout un symbole ! Tirées du programme de Céret de toros 2004, ces lignes : « Après la novillada découverte de 1994, celles de 95 et 97, et les corridas formelles de 96, 98 et 2000, l’Adac renouvelle sa confiance à l’élevage par l’achat d’une novillada. »

Image Toro caripintado de Quinta da Foz, Céret, juillet 2000 © Joseph Gibernau/Studio des Pyrénées

11 novembre 2010

11 novembre 1918


11 novembre 1918. Rethondes. Pouce !
Un gros morceau de la planète terre levait donc le pouce implorant le repos. C’était l’annonce du chemin des veuves, des orphelins, des mutilés, des gueules cassées et des vaches mortes. Les taxis de Versailles ourdissaient de futurs Verdun et de prochains Tamines* mais pouce. Au moins vingt ans. On se donnait une enfance et une adolescence. Après, on le baisserait à nouveau le pouce.
11 novembre 1918. Revue La Lidia. Pousse !
Le 11 novembre 1918 paraissait le n° 145 de la revue La Lidia. Rien d’extravagant en soi sauf la date. L’Espagne ne fut qu’une nuit dans le chaos de 14-18 et les toros combattaient sous la lune. Le 11 novembre 1918, l’Espagne parlait de Joselito et de Belmonte, les toros berrendos en negros étaient encore monnaie courante et l’on piquait du haut d’haridelles osseuses et souffreteuses. Le 11 novembre 1918, dans La Lidia, c’est Joselito qui piquait en double page lors d’une corrida de Bienfaisance étrangement qualifiée de "corrida a beneficio de picadores y banderilleros sin matador".
L’haridelle osseuse et souffreteuse avait l’œil gauche découvert...

* Massacre de populations civiles à Tamines (Belgique) en août 1914 par l'armée allemande.

Illustration José Gómez Ortega 'Joselito' (ou 'Gallito') en train de piquer © La lidia, n° 145, 11 novembre 1918.

Salida 177


Le samedi 14 mars 2009 entre Segurilla (Toledo) et Siete Iglesias de Trabancos (Valladolid), via Salamanca.

Nous aurions pu quitter Adolfo Rodríguez Montesinos plus tôt — après coup, pour mieux se persuader de l'impossibilité de la chose sur le moment, on emploie souvent le conditionnel. À mesure que nous avalions les hectomètres, au nord de Talavera de la Reina en direction de la vallée du Tiétar, le soleil ne cessait de descendre, et la lumière de baisser avec lui — nous devions avoir une bonne petite heure devant nous. Quand allions-nous pouvoir mettre la main sur celui qui nous conduirait vers eux ? On n'a jamais vraiment la réponse à ce genre de questions.

Il avait tenté de joindre sa femme. Il la savait sortie à cette heure, mais il avait quand même essayé. Pas pour le plaisir de pester, non, simplement parce qu'il désirait ardemment, au moment précis où il s'était garé, entendre sa voix.

Dans ce paysage d'abandon se cachait, sur les lieux même de ce qui fut une finca, un centre de remise en forme ultramoderne avec le spa là où jadis l'on tientait vaches et machos. Une pression sur le bouton de l'interphone et Adolfo Sánchez Hernando apparaît — Adolfo, un prénom de ganadero. L'heure passée en sa compagnie nous aura révélé un homme simple et débonnaire, soucieux de préserver un patrimoine unique et lourd à gérer, à l'avenir incertain — il en profita pour proférer quelques vacheries sur l'univers passablement médiocre des toros.

Il saisit son volant avec rage et dépit, serra les mâchoires, inspira puis expira profondément comme pour chasser tout ce qui était indésirable en lui. Il ouvrit la portière, et ses sabots cognèrent l'asphalte noir et gras du parking.

Nous tenions un personnage haut en couleurs : il eût fallu le voir sortir de son complexe érigé au milieu de nulle part ; nous transporter dans son mini-bus Volkswagen sur une langue de bitume balisée de petits ravins et de gros rochers ; nous présenter ses jeunes et beaux Santa Coloma-Vázquez aux pelages fascinants et à l'aspect sauvage ; nous expliquer le pourquoi de ce filet branlant au-dessus d'installations d'un autre temps, et nous conter ses difficultés d'atteindre et de rassembler les vaches planquées tout là-haut dans la montagne — sans se départir de son air mélancolique. 

Il n'était pas seul — tous les poids lourds circulant sur l'autoroute de Castille semblaient avoir pris la salida 177. En l'absence probable de compatriotes, rares à fréquenter cet axe, tout indiquait qu'il allait traverser la soirée en solitaire.

Depuis l'antédiluvienne, miniature et romantique placita de tienta, il nous confia son goût pour les spécialités savoyardes auxquelles il eut l'occasion de faire honneur lorsqu'il était informaticien en poste à Genève ! Et c'est ensuite, sur le chemin du retour, que Ponce en prit pour son grade puisque, si ma mémoire ne me trahit pas, ce dernier se fit plus ou moins traiter de tricheur. Et nous nous sentîmes obligés, pensant par la même adoucir la lourde charge dirigée contre ce pauvre Enrique, d'enchérir en affirmant qu'ils l'étaient tous. «Pobre Fiesta...»

Il entra et ne lui adressa pas un regard. Il la connaissait cette tête, depuis le temps. Un jour, parce qu'il avait dû poser la question, un serveur lui expliqua d'où elle venait — San Pedro de Rozados, salida 260 — et pourquoi elle était là.

Débarquer à sept heures, repartir à huit — six, peut-être sept ou huit : le nombre de piques que les novillos d'Adolfo auraient reçu à Mocejón, et ce dans la plus pure tradition de leurs origines —, repartir à huit, donc, avec en tête l'idée farfelue de rallier Salamanque pour une improbable halte culturelle... Au travers de la vitre de la voiture, l'Espagne minérale et torturée défilait en cinémascope, éclairée par la lune, bientôt relayée par les silhouettes végétales et pommelées du Campo Charro que les griffes de l'agglomération salmantine agrippent de plus en plus loin.

Il prit place au comptoir, encadré par des tortillas et de curieux desserts dont les gens du cru ont le secret — «Ils peuvent se le garder», pensa-t-il. Yeux fermés et paumes sur les tempes, il resta immobile un long moment. Une éternité.

Là-bas comme par ici, les villes grignotent les campagnes laissant leurs centres se dépeupler pour se transformer en musées. Salamanque fait partie de ces vieilles cités qui vous font remonter le temps autrement plus vite que ne le firent nos jambes pour gravir la pente en haut de laquelle bat son cœur ancien. Cette étape se transforma en un fiasco aussi monumental que les environs de la Plaza Mayor. Perdus au milieu de la foule, et refoulés à la réception de quatre ou cinq hostales, nous quittâmes la trépidante capitale charra non sans un certain soulagement.

Il n'a jamais compris et ne comprendra jamais. Chez lui, cela ne se verrait pas. Il commanda une bière, la première d'une trop longue série, et de quoi manger. Il avait besoin de mâcher pour ne pas avoir à remâcher — son amertume.

«Mayalde est à côté et Ángel nous laissera avec plaisir un bout de grange pour passer la nuit...» Les trois qui n'avaient rien dit restèrent bouche bée — oh ! tu es sérieux l'ami ? —, et l'un d'eux proposa que fût organisé un référendum en urgence. Un parce qu'il était tard, deux parce que nous avions faim, et trois parce qu'en prenant la direction opposée nous faisions d'une pierre deux coups : nous nous rapprochions et de la frontière et des pins du Raso de Portillo. Résultat définitif de notre consultation populaire : 2 voix contre, 1 pour et 1 abstention.

Elle lui faisait peine accrochée là en plein courant d'air, comme collée au plafond en face du poste et de ses programmes en boucle — il vit pour la cinquième fois les buts de l'Athletic face au Real — sous une de ces vicieuses machines à sous.

À l'aller, quelque part entre Valladolid et Tordesillas — toujours un léger frisson me parcourt l'échine à son approche —, nous repérâmes un parallélépipède rectangle éclairé sur le toit arrondi duquel il nous avait bien semblé lire «Los Toreros», sans retenir toutefois le numéro de la sortie. Au retour, il était assez clair qu'il nous fallait d'abord dépasser Tordesillas et s'arrêter avant Valladolid ; ce que nous fîmes en apercevant le parallélépipède étrangement échoué dans la nuit froide et déserte de l'austère plateau castillan. Salida 177, «Los Toreros del Trabancos».

Des trophées de bêtes aussi majestueuses que le bison d'Europe de Podlachie ou le cerf de Poméranie, bien entendu qu'il en avait déjà admiré, lui qui était issu d'une famille de paysans-chasseurs. Ça oui, mais pas dans un endroit pareil...

Nous dormirons là. Dans la salle, guère de monde et cette télé omniprésente qui permet d'interpeller son voisin ou de rire fortement sans faire tourner les têtes. J'en ai remarqué deux : l'une ne bougera plus, l'autre aura besoin d'aide. L'homme est avachi sur le comptoir. Perclus de fatigue, il a sans doute trop bu — probablement un de ces routiers en transit, atteint du mal du pays et perdu dans les limbes de son âme. Il a sombré avant même de pouvoir mater les étreintes érotico-cathodiques. Qu'importe, il avait déjà vu et revu tous les buts de la Liga.

Ça non, pas dans un lieu si impersonnel où la pensée est consignée. Ici, on dort, on mange, on s'abrutit devant l'écran, on boit, on pisse, on joue, on met de l'essence... Ici, on consomme. Deux costauds le ramenèrent à son Volvo.

Nulle plaque, nul nom, mais nous étions au moins deux à l'avoir reconnu(e) : Toro de la Vega 2004, careto de Barcial à l'encornure «barcialesque», 'Rodanero' se montra à ce point manso et décasté que ceux de Tordesillas le sifflèrent — la première peine — avant de l'achever, dans les règles et le sable, à pieds et à coups de lances. Après un passage chez l'empailleur, sa tête a atterri là : vissée au-dessus d'une de ces minables machines — la double peine — et décentrée par rapport à elle, provoquant ainsi un trouble légitime chez l'amateur de décoration intérieure.

En plus Sur l'élevage d'Adolfo Sánchez Hernando : Terre de toros En juin dernier, Josemi a pris la salida 260 Salamanque est à l'honneur sur son pool Flickr Toro de la Vega 2004 Le site de l'hôtel où les chambres sont «actuelles» et impeccables : http://www.hotellostoreros.com/.

Images © Laurent Larrieu/Campos y Ruedos
'Rodanero' dans son «écrin» Chez Adolfo Sánchez Hernando à la tombée du jour Les toits de Salamanque 'Rodanero' à San Pedro de Rozados.

09 novembre 2010

Entre-temps


Pour le Panis et Circenses de Jérôme j'avais pondu un commentaire qui débutait ainsi : « Que El Juli et les autres commencent par se farcir du Domecq cinqueño qui ne proviendrait pas des « usines à "toros" » favorites du mundillo... » Puis, me prenant au jeu de répondre à la question d'un des portails taurins où il-est-plus-aisé-de-trouver-un-torero-sur-son-lit-d'hôpital-qu'un-toro-sans-fundas, question qui, pour rappel, était posée en ces termes : « Si vous deveniez ganadero de bravos, de quel encaste et de quelle ganadería achèteriez-vous les produits pour former la vôtre ? », je me laissais aller à une révélation : « Moi, ça ne me dérangerais pas d'élever du Domecq... Je ferais l'impasse sur les élevages inscrits à la Unión, ceux qui produisent de "gros cochons encornés" — entre-temps j'aurais divorcé —, je mettrais tout le bétail au pré et ficherais une paix royale aux mâles pendant cinq années bien tassées — entre-temps j'aurais mis à prix la tête du banquier —, avant qu'ils ne finissent dans quelque rue du Levante, et moi, sur la paille... »

Nota bene Ce post ne doit son existence qu'à l'effet conjugué de la fuite du temps et de l'engourdissement passager des doigts de ceux qui animent ce blog...

Image Campos y Ruedos ne possédant pas de photographies de toros de Domecq au campo... © http://www.editions-gang.com/

05 novembre 2010

'Remendón' n'a pas eu de chance


L'autre soir, je visionnais une vidéo de La Cabaña Brava montrant le combat de Domingo López Chaves face à 'Remendón' de Cuadri lors de la dernière Feria del Pilar de Saragosse, quand, une fois n'est pas coutume, l'émotion traversa l'écran pour me secouer. Un tremblement dû à la caste déversée à gros bouillons par un toro noir qui propagea la peur, agressant à tout-va et obligeant les toreros à ne jamais quitter ses cornes des yeux. La caste qui se passe d'épithète ; la caste qui vous grandit un homme — celle qui légitime la Fiesta.

Mais 'Remendón' n'eut pas la chance d'un 'Feudal' et s'en alla avec quelques-uns de ses secrets : 'Remendón' ne fut présenté que deux fois au cheval ! Comment est-il possible qu'un toro de la trempe de ce Cuadri n'ait pas, malgré la sempiternelle et affligeante première pique1, bénéficié d'une troisième rencontre ? Fallait-il que la présidence fût à ce point incompétente, voire irresponsable, pour laisser López Chaves — qui, ironie de la lidia, faillit se mettre en danger en voulant, à reculons, ôter sa montera pour réclamer le changement ! — en découdre avec un toro-toro maître du ruedo depuis l'ouverture du chiquero ?

Put... de bor... de m... ! est-ce que quelqu'un va enfin pouvoir me dire à quoi rime cette manie débile, cette logique absurde, ce principe à la con d'envoyer un toro, quelle que soit sa condition, à deux reprises au cheval avant d'en venir aux banderilles2 ? Je ne sais quelle aurait été ma réaction si j'avais été présent sur les tendidos du « Coso de Pignatelli », mais une chose est certaine : le palco aurait entendu parler du pays...

1 Ah ! si seulement le peón était venu au quite pour l'abréger comme il sut magnifiquement le faire pour la seconde.
2 Et si par un étrange hasard — une absence de la présidence ? un matador ne sachant pas compter sur ses doigts ? la demande du public ??? — un toro devait y aller trois fois ; qu'adviendrait-il au juste ? Les Pyrénées se soulèveraient-elles ?... Il est des moments où j'apprécie d'autant mieux le travail effectué par de « petites » plazas comme Céret, Orthez ou Parentis. Espagnoles ou françaises, par leur décadence, les arènes dites de première catégorie me font peine.

Image 'Remendón' était cinqueño © Campos y Ruedos

03 novembre 2010

Un détail


Quel détail donne à cette photographie son caractère exceptionnel ?

Image La légende dit : « Le toro 'Pillino' combattu lors de la corrida-concours célébrée à Madrid le 30 mai 1971. » Capture d'écran de la page 22 du numéro 31 de la revue © Taurodelta (ce lien donne directement accès au reportage sur Palha).

02 novembre 2010

Panis et Circenses


Selon le site Burladero.com, ses lecteurs souhaiteraient élever du Santa Coloma, en réponse à la question : "Si vous deveniez ganadero de bravos, de quel encaste et de quelle ganadería achèteriez-vous les produits pour former la vôtre ?"

Etonnante réponse si l'on en juge par les propositions de carteles de la saison passée et celle d'avant, et celle d'encore avant, sans compter celles à venir, que les organisateurs, la larme à l'oeil, argumentent généralement en fonction de la désormais célèbre "demande du public" qui, cela ne vous aura pas échappé, ne concerne généralement que les toreros.

En fait, le site précise que le Santa Coloma aurait été le plus mentionné, notamment par le biais d'Ana Romero, puis le Graciliano de Juan Luis Fraile, Pablo Mayoral et... La Quinta, puis les Albaserrada de Victorino jusqu'aux Saltillo de Moreno de Silva qu'un illustre novillero souhaitait voir disparaître il y a peu, pour le bien du toreo...

Ensuite, fut mentionné l'encaste Núñez, puis Pablo Romero, Urcola, Atanasio et Domecq, avec notamment les élevages de Núñez del Cuvillo ou Victoriano del Río, visiblement loin de faire autant l'unanimité qu'on s'obstine à le faire croire.

Etonnante réponse, je vous disais, car si Burladero.com n'en tire aucune conclusion, l'on peut quand même se pencher sur la question : qui sont les lecteurs votants de Burladero.com ? Quel pourcentage les aficionados représentent-ils dans une arène et que vaut réellement la voix de ce peuple aficionado, sur la décision d'une empresa au moment de ficeler ses carteles ?

Rien, apparemment... en ce qui concerne les toros. Mais si Burladero s'amusait à demander son torero chouchou à cette même "gente popular" qui réclame son Santa Coloma quotidien, nul doute que la réponse nous surprendrait moins, situant les Juli, Morante, Manzanares et autres têtes d'escalafón aux places habituelles. Finalement, les aficionados sont de doux rêveurs qui voudraient le beurre, l'argent du beurre, et le cul de qui vous savez... Seulement, les empresas vous diraient qu'en tauromachie, c'est pas possible, ou presque pas, car on ne fait pas combattre Cuadri et Morante sur le même sol, au même instant.

En effet, selon les sondages, l'alchimie "parfaite" couplerait donc vraisembablement les figuras avec le toro Santa Coloma... mais si les ganaderos ont peu de chances d'exprimer leurs souhaits aux grandes empresas, l'on ne sait que trop bien que les figuras, elles, savent se faire comprendre sur le sujet...
Et c'est là que cesse curieusement l'influence de l'Afición sur la balance de l'organisateur, qui se targue bien d'honorer le souhait du peuple quant à son torero fétiche, mais oublie systématiquement son avis sur la question du bétail qu'il souhaiterait voir combattre. C'est de bonne guerre, me direz-vous, mais cela prouve que la vraie bonne question n'a toujours pas été posée, ni par Burladero.com, ni par personne, ou alors pas dans les bons termes, à moins qu'on n'ait simplement jamais eu vraiment envie de la poser. Cette question majeure qu'il faudrait d'abord poser à l'Afición qui paye, selon toute logique, avant de l'afficher au blaire des empresas qui se "réclament tant de la vox populi". Alors Campos y Ruedos va se faire un malin plaisir de le faire pour les autres :

Entre Santa Coloma/Juli et Domecq/Juli, pour lequel des deux seriez-vous prêt à faire péter le porte-monnaie ?