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12 février 2013

Beau geste




Quand, le 12 juin 2011 au matin, sort du toril des arènes de Vic-Fezensac le taureau de l’élevage Cuadri, je bade ‘Comandante’ et espère. Une quinzaine de minutes plus tard, mes espoirs déçus, j’aurai à déplorer une très vilaine épée d’Iván García — ‘Comandante’ vacille, tremble et crache le sang, puis s’effondre. Le matador aux cheveux blonds, qui, impassible, ne l’a jamais quitté des yeux, s’avance alors et se penche pour donner en toute intimité trois délicates tapes sur la joue noire de ‘Comandante’. 


Image Scan de la carte de vœux 1999 de l’Adac. Toro de Maria do Carmo Palha estoqué, à Céret, le 12 juillet 1998. — Photographie Michel Volle

06 juillet 2011

Vicargentique


Vous trouverez en rubrique RUEDOS du site www.camposyruedos.com une galerie (argentique) consacrée à la corrida de Palha de la dernière féria vicoise...

Les photographies (argentiques) sont de notre Tendido69.

05 juillet 2011

Palha, ici


Il n'est jamais trop tard, non, il n'est jamais trop tard.

Les Palha à Vic ça remonte au... pff... Ça remonte assez loin finalement. Remarquez, on a tout oublié — on a tous oublié, aussi — et on n'a pas forcément envie de se souvenir... ni même de « voir » ce que l'on avait choisi de ne pas voir.

Mais enfin, elle est là depuis un petit moment cette galerie (numérique) de Palha qui n'avait pas encore été annoncée, alors vous « faisez » comme vous voulez...

Et si d'aventure vous décidiez d'aller la voir, vous pourrez toujours dire que vous n'avez rien vu.

>>> Palha, ici : sur le site à la rubrique CAMPOS RUEDOS (cliquer sur « Afficher tout »).

Image 'Camarito' c'est plus facile à dire que 'Carpeteirado' © Laurent Larrieu

01 juillet 2011

Du beau monde au Moun


Mont-de-Marsan accueille depuis le 24 juin et jusqu'au 17 septembre prochain une quarantaine de toiles du peintre vicois Jean-Paul Chambas1. Cette exposition de grands formats est accompagnée d'une autre, itinérante celle-ci2, composée de « 70 dessins, croquis, études, petits formats et photos qui plongent dans l'univers de Chambas et de ses passions : portraits, poésie, littérature, tauromachie, théâtre, etc. ».

À évoquer Chambas et ses passions, on ne peut pas ne pas mentionner la musique et son talent d'affichiste. Auteur de nombreuses affiches (Théâtre Nanterre-Amandiers, Festival d'Avignon...), Jean-Paul Chambas réalisa à plusieurs reprises celle du festival de salsa Tempo Latino qui, chaque année en plein été, fait vibrer les arènes de Vic au son des cuivres et des congas... Dites, les gars, l'année prochaine, je le réserve pour mai ou pour juillet le gîte ?

À citer une des dates du programme estival de Mont-de-Marsan, on doit oublier la programmation taurine de la Madeleine (et se concentrer sur la fête), mais il serait plus que dommage de passer sous silence les expositions proposées dans le cadre d'Arte Flamenco (Les Mauvais garçons, l'exposition Balada Flamenca se poursuivent jusqu'au 29 juillet), ainsi que le concert-performance (nocturne & gratuit) donné par Agujetas et son guitariste sur les berges de la Midouze en clôture du festival...

1 Au Centre d'art contemporain Raymond Farbos (05 58 75 55 84).
2 À Uchacq-et-Parentis du 1er au 20 juillet (05 55 75 46 46), puis à Bougue du 22 juillet au 14 août (05 58 52 92 13).

Affiche © Jean-Paul Chambas

Padilla au carré


« C'est quoi ça ?
— Ben, c'est Padilla, à Vic…
— Oui, mais ce format ? C'est du 6x6 ?
— Non, du 24x36 bête et méchant, juste recadré, sinon y a la moitié de blanc.
— Et pourquoi ce blanc ?
— C'est le début de la péloche de Rollei Retro 400… avec la lumière qui file le long du film et qui vient se fracasser sur la tête du Ciclón de Jerez.
— Mais, c'est raté ?!
— Ça, c'est à toi de me le dire… »

20 juin 2011

Vic en vrac


Vic Pentecôte 2011



Le monde est vieux, mais l’avenir sort du passé. Parole de griot chasseur de zébus... les toros de là-bas.

Ce n’est souvent qu’une question de mémoire, de souvenirs lentement accumulés, superposés les uns aux autres par strates successives, un amas, un conglomérat, un engorgement de doutes, de désagréments, de frustrations ou de contrariétés. Mais, qu’une goutte s'insinue, une goutte insensible, pernicieuse, tenace, une goutte de trop... et c’est le déversoir.
Parce que Vic c’est Vic, nous avons pris patience. Parce que Vic c’est Vic, nous nous sommes exaltés, nous avons débattu, nous avons modéré, mesuré, attendu, nous avons repoussé l’échéance, en maugréant, en espérant, en répétant à satiété, comme pour s’en convaincre ou pour se rassurer, la même incantation. Vic c’est Vic, rien d’autre à ajouter.
Pourtant, quand on y songe, Tegucigalpa c’est Tegucigalpa, Vladivostok c’est Vladivostok et Joilly-sur-Brunette c’est Joilly-sur-Brunette. La belle affaire !
L’année dernière, ça n’allait déjà pas et même la précédente, il y aurait eu à dire et on ne l’a pas dit, ou pas bien ou pas assez fort ou pas du tout.
En arrivant à la voiture, c’est revenu, soudain, comme une gifle. Pourquoi ne pas l’avoir publié ? Ce texte, pourquoi ? Parce que Vic c’est Vic ?
Justement ! Pour que Vic reste Vic...

Pentecôte 2010
Lundi 24 mai, vers 19h
Le dernier Victorino était en piste. Après les piques, nous nous sommes préparés. Les banderilles posées, le toro fixé près des planches, discrètement, nous quittons les lieux pendant que Juan Bautista marche vers la présidence.
La dame était au dernier rang. Elle devait y croire. Nous, non.
— Vous allez rater le meilleur.
— J’en doute, Madame, j’en doute même fortement.
Claquements de portières... La route... Les amis, les toros, les rires, les courses, les rires, les amis, les toros... C’est fini, on rentre... La route...
Les souvenirs se décantent toujours pendant le trajet. Les images s’entrechoquent, se lient, s’entremêlent, se dénouent, jaillissent puis s’envolent, finissent par se poser avant de s’imposer.

Samedi 22 mai, 11h
Le début est en trompe-l’œil. Un Flor de Jara bravito encaisse trois piques, et puis plus rien... ou presque... ou si peu. Les fleurs de ciste se fanent en un instant, inodores, insipides, desséchées. Un soleil de plomb, six Buendía soporifiques, trois novilleros léthargiques et c’est l'anesthésie — quasi générale — car, pendant que les somnambules rêvent de faena, les insomniaques obtiennent l’oreille du troisième novillo. Probablement un mirage dû à la chaleur.
Des virages, des coteaux. On rentre... Des coteaux, des virages... attention... panneaux, travaux, rond-point... Auch... La route...

Dimanche 23 mai, 11h
La tauromachie est-elle du matin ?
Pour la corrida concours, le palco pointe en retard. On poireaute. On chauffe. On mijote, jusqu’à se liquéfier, en attendant que sorte enfin un toro digne de l’événement. Un toro avec des cornes. Des cornes sans esquilles. Un toro de concours.
On attendra en vain. Un Fidel San Román à peine épicé, un Dolores Aguirre pour donner du goût et Antonio Barrera pour le dégoût. Aficionado, chut ! Pas de commentaires, "manja e cala". Le public change. Ici, comme partout. Il vient aux arènes comme il se rend à l’Arena Stadium, pour voir des passes. Patience, il reste les après-midi.
La route... Les champs, les ronds-points... Que sont les tercios de varas devenus ?... La route... Gimont...
Un jour, c’est certain, un type va se redresser brusquement et crier "GOOOOOOLLLL !"
— Non, Monsieur, on dit "Olé !"
— Ah, bon ! T’es sûr ?
Ce matin, ils étaient cinq ou six, là sur la gauche. Ils ont papoté pendant deux heures. Non, pas de foot, de rugby. Toute la temporada y est passée et les sept prochaines aussi. Je peux vous dire qui sera champion jusqu’en 2017, si, si. Personne n’a bronché (presque personne, ¡je, je, je!) mais qu’un aficionado fasse remarquer l’état d’une corne, le placement aléatoire d’un picador ou le comportement désinvolte d’un torero et c’est le tollé. Olé !... "T’es sûr ?"
110... Ça roule... Déviation, Léguevin... Déjà ! Demain, boulot... Non, pas demain ! Vic, je veux rester à Vic... Les courses, les rires, les amis, les toros...
Fins, racés, sans excès, vendredi soir, en arrivant aux corrales, c’étaient les plus beaux, les Escolar Gil. Au final, ce sera la course la plus homogène, vive, mobile et piquante. Les Palha et les Victorino, disparates, auront un comportement plus irrégulier. Étonnant ces trois corridas qui offrent de l'intérêt sans qu’aucun toro pourtant ne se distingue. Peut-être restera-t-il un fragment de ce volumineux Victorino, le cinquième, celui qui a rempli la piste quelques instants, promenant fièrement sa couronne veleta d’Albaserrada. Un killer. "Peut-être, mais j’en doute, Madame."
Toulouse... Déjà !... L’autoroute...
Maintenant que les images remontent et se figent, ce sont les toreros qui dominent. Quatre courageux. Mais, que sont les puyas devenues ? En arrivant, je consulterai mes notes.
Passé Toulouse, on s’arrête. Pipi, glou-glou, miam-miam.
Tiens ! Fernández Meca.
— Félicitations pour Alberto, Stéphane !
— Merci, je transmettrai.
Le soir tombe, on roule... Autoroute... Phares... Ils reviennent de la plage... Qui ça ?... Hé bien, les phares, ils reviennent de la plage... Oui, et de là-bas aussi... Du Colisée romain intergalactique... Ils sont nombreux... Très nombreux... Très, très nombreux... C’est l’art qui les attire... Bondé ! C’est beau, l’art... Bondé, c’était... Même Morante a dû apporter sa chaise. Misère !
Curieux, ce scintillant chassé-croisé de l’Afición pour Pentecôte. Plus qu'une multitude de phares, une métaphore.
Nous, c’est Vic. Définitivement. Chacun sa route.

Été 2010
Nous n’avions pas prévu d’y être mais, c’était sur le passage avant Parentis et Cenicientos, il y avait ce Yonnet qu’on avait vu au campo... Alors, comment résister ? Pensez donc, levé des couleurs sur une corrida concours 100 % made in France, plus fort que le Roquefort, plus typé que le Tariquet !
Du bleu, du blanc et du rouge... sang.
C’est en me rasseyant, à la fin des vueltas, au cinquième toro, que le temps s’est gâté. Après la pluie de trophées, devant le climat d’autosatisfaction générale, j’ai tourné le dos. Simplement, sans ostentation, j’ai attendu que ça passe. Monsieur, plus loin, avait suivi mon manège. Il en était tout offusqué. Foudroyé ! Il m’a foudroyé. C’est inadmissible, cela ne se fait pas, c’est faire injure au maestro. Donc, Monsieur, crier, manifester, vitupérer, siffler, souffler est déplaisant. Se taire est injurieux ! Que nous reste-t-il ?

Pentecôte 2011, la boucle se referme.
L’incident était oublié, Monsieur, mais brusquement je pense à vous, en me levant pour applaudir pendant que Robleño, copieusement conspué, termine son tour de piste. Un rappel sec comme un boomerang qui revient dans la figure. Certes, cette faena, généreusement notée d’un triple zéro par un spectateur excédé n’entrera pas dans les annales mais, plus que l’oreille d’un médiocre Cebada Gago, il est des coups d’épée qui se respectent. Si le silence d’un seul est une injure, que dire de l’indécence de la foule déchaînée ? Que nous reste-t-il ?
Petit à petit, c’est devenu long et pénible. Aucun commentaire sportif cette année ? Ah, si, natation. Les dames derrière causent piscine, plusieurs longueurs... crawl, puis brasse, brasse coulée... beaucoup de longueurs... Envies de noyades !
Heureusement, Tito Sandoval réveille l’arène. Son remarquable tercio de varas est certainement le moment le plus taurin de la féria. Mais au toril, le tercio de varas. Qu’importe, mouchoir bleu. Vuelta ! Encore une. Combien de vueltas posthumes en un an ? Allons, voyons, un toro de vuelta, on se le rappelle ! 'Camarito'. Non, 'Camarito' c’était avant, il y a trois ans et il n’a pas eu droit à tant de considération. Je vous laisse chercher. 'Camarito' marque la césure. Depuis, l’état d’esprit change, on devine les prémices d’une politique qui met en exergue le toro de troisième tiers. Cinq vueltas en un an. La noblesse plutôt que la bravoure. L'esthétique plutôt que le combat. La muleta plutôt que la pique. Le plaisir plutôt que le courage. Comme ailleurs, comme partout. 'Camarito' déclaré ex aequo avec un noble Victorino, idem pour le Margé et le Pagès-Mailhan, à égalité. Cette année, le prix est attribué — et quel prix ! — à un Flor de Jara hors type mais compréhensif, lors d’une course présentant essentiellement du bétail indigne, aux cornes douteuses. Basta ! Vic c’est Vic et doit le rester.
Inutile de maintenir une corrida concours dans ces conditions. Inutile de choisir certains élevages dans ces conditions.
Chaque temporada, le territoire du toro se réduit comme peau de chagrin. Bientôt, nous n’aurons plus que les yeux pour pleurer, de dépit, de colère ou de rage. Il est temps de quitter vos alvéoles, à l’abri du callejón, de déplacer ce burladero inopportun, de laisser un seul picador en piste, à l’opposé du toril, a contraquerencia, dans le terrain des braves. Il est temps de tracer les lignes à la bonne distance et d’expliquer au public que, oui, dans certains cas, elles peuvent être franchies.
Le monde des toros est vieux, mais son avenir sort d’un passé où l’aficionado était plus qu’un client. Une goutte de trop... et un monde bascule.
Parce que Vic c’est Vic.

18 juin 2011

100 % des perdants...


4 toros de D. José Escolar Gil (pour comprendre, cliquer sur « Tous noirs y z'étaient...») de présentation desigual ont démontré une belle caste le samedi matin. Il n’y avait certes pas de quoi faire saluer le mayoral, mais deux heures durant l’intérêt fut maintenu particulièrement parce que ces toros très mal piqués et fort pitoyablement mis en suerte reprenaient leur souffle au second tercio (dont tout le monde se moque à tort) et plongeaient dans les muletas avec exigence, sans relâcher leur envie de combattre. Ne manquait juste que ce soupçon de transmission, de poder et de piquant.
A noter la rareté des pelages de ce lot d’Escolar : mis à part le troisième, z’étaient tous noirs les Escolarrr...

3 vigiles ont été nécessaires pour tenter d’extirper des gradins un jeune disciple de Michel Vautrot. Soyons gré à la municipalité vicoise et au CTV de prendre au sérieux l’importance que représente une police de proximité dans la lutte contre la délinquance, alors même qu’un quarteron de gueulards anarchisant, dont au moins un portait moustache, semble se refuser à vouloir comprendre l’urgence de ce genre de mesure.

1154 kilomètres entre « Adema » (finca de la ganadería de Palha) et Vic-Fezensac. 1154 kilomètres, c’est long, c’est très long même d’autant plus quand le voyage se fait en camion. Alors comme ils n’ont que ça à faire pendant 1154 kilomètres, les toros de Palha se préparent, se font beaux, s’épilent la base des cornes comme d’autres sirènes se font le maillot, se liment... les sabots, se coupent les poils du nez, se rasent... Bref le toro de Palha est coquet en diable. Il en fut même un pour se nommer 'Peluquito'.
A noter qu’un Palha ne maîtrisait pas parfaitement l’art du maquillage qui aurait pu lui permettre de dissimuler plus aisément un œdème sur la patte.

1 euro et un casdal auraient été offerts à un cinquantenaire nomade et vagabond qui errait dans la ville depuis quelques jours. Il était possible de le croiser à côté des chiottes publiques au derrière d’un étal de vieux papiers. D’après les informations recueillies çà et là, le CTV lui aurait proposé, dans un élan fort louable d’humanité qui réchauffe le cœur bien qu’il fît fort chaud, un couchage de secours deux heures par jour ; couchage sur lequel le pobret se vautra sans vergogne au vu et au su de tous qui n’eurent de cesse d’éviter de marcher dedans, même du pied gauche.

11 grammes ou le poids d’un appareil photo Lomo de couleur bleue, 12 tirages. Pas un de plus. Considérons dès à présent qu’au-delà d’une esthétique douteuse et d’une dénomination de barbaque porcine, l’inconvénient majeur du Lomo réside dans l’insoutenable craquement de train à crémaillère qu’il exhale entre chaque armement de photographie.
Accordons-nous cependant sur le fait qu’en matière d’armement, il vaut mieux un Lomo que les déchargements kalachnikoviens du callejón.

63 c’est le numéro de 'Generoso', un negro entrepelado de Santa Coloma rame Miura. Que tous nos lecteurs chéris se rassurent : cette fois, 'Generoso' est bien mort ! Le roublard ne viendra plus traîner sa grande carcasse dans les corrals vicois avant un bon moment. Eh oui ! En 2009, il était déjà là, novillo, déjà negro entrepelado, déjà n° 63 et finalement resté sobrero du lot de novillos. Avait-il été considéré (à juste titre) fuera de tipo ? En 2011, pour une corrida concours en première catégorie, Carlos Cancela a osé le proposer, mais Carlos Cancela n’en est pas à une audace près, le rouge lui va si bien. Oscar Chopera a osé l’acheter et le jury a osé le primer.

10 euros offerts par Bernard de Bars (32, à côté de « chez Jean-Louis » Darré), jeune homme qui se laisse pousser les cheveux depuis sept mois et la « stachmu » depuis sept jours, à un membre de l’équipe Campos y Ruedos pour s’acheter un appareil photo décent et digne de ce nom.
A noter que toute personne connaissant Bernard de Bars serait fort sympathique de lui demander de prendre contact avec la rédaction.

Récapitulons : 4, 3, 1154, 1, 11, 63 et 10. Perdu ! Vic 2011, 100 % des perdants ont tenté leur chance...

Photographies Un "Escolar Gil" à Vic en 2011, et la bonne humeur en banderole à Vic l'année dernière © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com.

17 juin 2011

Comme le chai de mon grand-père


A "los de Broussez", et les quelques 70 autres qui ont chanté... en gascon et en castillan.

Partout autour, il y a cette odeur de bon pain tout juste sorti du four. Les collines, les bosquets et les baraques à pigeonniers, le vieux bois, la vieille pierre, la terre et le cuir, et puis au fond, la vieille grange pleine de foin et le soleil par dessus, qui pèse méchamment. Ici, c'est la Gascogne, avec l'accent qui roule comme un maillet sur le quillet, le bras épais et l'idée tranchée. Ici, c'est Vic, juste Vic, simplement Vic, et tout est dit.

Ici, pour peu qu'on y débusque une paire de zozos accoudés à un zinc et qui auraient eu la mauvaise idée d'être des copains que vous n'avez pas vus depuis un an, alors, ça peut être une façon d'être heureux aussi car, ici, à Vic, chaque année, depuis mille ans, le dimanche à midi, on chante en gascon et en castillan le bonheur de nos retrouvailles.
Un fond de rouge sur une tranche de cochon noir de Bigorre, trois conneries à raconter, toujours, et si en plus vous aimez les toros, vous y serez un homme heureux.

Et puis voilà, les années passent et les hommes trépassent. La fête reste belle, c'est sûr, et l'armagnac puissamment doucereux, vrai de vrai, le Gers, terre de traditions, pour sûr, milediou !, mais cette fois-ci il a manqué du monde, et un peu quelque chose, aussi. Et nous l'avons tous bien compris. Oh, bien sûr, les nuits des juins gascons ont toujours ce parfum rustique et enchanteur où l'on raconte les Braves d'hier et de demain, mais quelque chose n'a pas brûlé, et peut-être ne brûlera plus, je le sais désormais. Pas parce que demain ne sera jamais hier, mais parce que les durs d'autrefois n'ont plus envie de taper fort sur la table, et qu'ils rêveraient peut-être un peu à d'autres délices auxquels on ne les a jamais trop conviés jusque-là. Pas faux, et même que ça ne m'étonnerait pas. Les solides gaillards d'avant ne se défendent plus de frisés coups de gueule qu'on ne voyait qu'ici ; ils préfèrent finalement ces silences nouveaux et cette politesse à outrance qu'on ne leur connaissait pas. Si ça se trouve, le vin râpeux les fait tousser, maintenant. Eux, les Vicois ! Pire, je crains qu'ils ne comprennent plus rien au spectacle. Il a manqué quelque chose, c'est sûr, ce quelque chose qui n'a pas brûlé et qui ne brûlera peut-être plus... un peu comme le "chai de mon grand-père". Les années passent et les hommes trépassent. Avec eux, le temps du savoir, du savoir-faire, de l'audace, des grosses gueulantes et des fraternités indispensables pour tenir le trois-mâts dans la tempête. Un seul être vous manque, et puis voilà...
Du coup, les vessies, les lanternes, les faux braves, les mandrins, les malins, les coquins, les tricheurs, les maladroits, les mauvais viseurs, les tristounes et les simplement gentillets, jusqu'aux rasés de près à l'écoeurement, les malvenus, les trop gros, les trop petits, les mal baisés, les mal branlés, et même les hommes en noir de la « Securitate » se sont invités. Tous étaient là, si nombreux ! Trop. Tant pis.
Nous autres, on s'est séparés, tous frères, en se promettant une année prochaine, et l'on s'y retrouvera en frères, c'est sûr, comme depuis mille ans, pour le bon rouge languedocien, le cochon noir de Bigorre et les copains de Cerbère à Biriatou. Mais le bonheur des retrouvailles, que l'on chantait en gascon et en castillan, suffira-t-il encore l'année d'après, et celle d'encore après, et toutes les autres aussi, si les VRAIS toros de Vic et de son peuple de RUDES gueulards n'étaient pas de retour bientôt ? Je veux dire très bientôt, en fait...

16 juin 2011

Et j'ai crié, crié-é !


Des conneries du style : PICADORS C'EST QUAND VOUS VOULEZ ! — BOOOUUUHH ! — ¡EL QUITE! — TORO INDIGNE D'UNE CONCOURS ! — ¡FUERA! — ¡TORO CON FUNDAS! — ¡CAMBIO! — ¡NO A LAS FUNDAS! — PASSE LA LIGNE ! et, avec la force du désespoir… ¡INDULTOOOOO!

Ci-dessous Remplacer « Aline » (cette coquine) par « Afición » (cette conne) et s'attarder un moment sur les lèvres de Christophe… Énooorme !

15 juin 2011

« Les Compliqués »


Comédie en une scène et un acte. L’action se passe à Vic-Fezensac, depuis trois jours. Tout le monde est bourré et sale, surtout les invités à la tribune officielle. Marianne et Dorine vident des bières dans les écolobelets. Arrivent Tartuffe et Arnolphe picolant du rosé.

MARIANNE - Ne vous fâchez pas mon père de ce que céans je veux vous dire... C’est... compliqué.

TARTUFFE - Eh bien quoi, parlez Marianne à la fin ! Que diable, changez de braquet !

DORINE - Compliqué de rester assis douze heures tout serré dans un énorme relent unanime de magret-frites ?

ORGON - Compliqué de se garer, de repartir, de se loger, de se nourrir ?

MARIANNE - Non, ça c’est cher. Non, "compliqués" mon bon père.

ARNOLPHE - Compliqué de retrouver la voiture, de ne pas marcher dans le vomi, de plaire aux vigiles ?

MARIANNE - Non, vous dis-je ! Compliqués !... Les toros ! Ils étaient compliqués ! La presse l'écrit et le vend !

ORGON - Mais, expliquez-vous écervelée, et ne nous rabâchez point ce « compliqué » assommant !

MARIANNE - La revue de presse en ce mardi de la Récupération est catégorique, mon père, le mot en vogue est : « compliqué ». Tout le monde le dit. Dès qu’ils tombaient entre les pattes de Padilla, Miletto, Bolívar, Robleño, Joselillo et autres Lescarret... ils étaient compliqués.

Entrent Fanchou suivi d'Orgon, avec du blanc limé.

TARTUFFE - Et je vous dis, moi, que vous êtes bien sotte. La terminologie est faste en tauromachie. Maître Fanchou, parlez, soyez sincère.

FANCHOU (énervé) - Si fait, Mademoiselle, souffrez que je vous tertouille. Dès qu’un toro se décompose, s’avise, développe du genio, tourne au bronco, OU vire au bœuf immobile CAR dézingué à la pique... On dit là-bas qu’il est... « compliqué ». Or, trop souvent, quand le toro est « compliqué », le torero devient... « ennuyeux »... Et ils sont parfois plusieurs.

MARIANNE (s’adressant à son père) - Ne vous alcourroucez pas mon gentil papa mais, à la fin, il m’embrouille.

TARTUFFE - Continuez Fanchou, développez je vous prie cette noble pensée.

FANCHOU (assez rouge) - Car, alors, le torero va s’acharner durant des heures (trois jours en fait) à extirper une passe après l’autre à cette mule arrêtée. Car il croit devoir arracher, au prix d’efforts inhumains, le minimum admis de passes peu honnêtes lui permettant d’éviter l’engueulade analphabête.

MARIANNE - Au lieu d’abattre la bête ?

FANCHOU (tout rouge) - Si fait. Il le devrait comme le fit le Fundi ce lundi.

ORGON - Et si d’aventure l’animal toujours s’avance ?

FANCHOU (violet) - Si fait. Il menace alors de bouffer le torero et, devant ce danger, celui-ci se replace. Evitant ainsi de se faire déborder à chacune des passes.

MARIANNE - Mais en s’éloignant à perpète on pourrait penser qu’à la fin il se barre ?

DORINE - Et voilà tant pourquoi, Marianne, d’aucuns s’ennuient dans l’étagère... quand le torero veut par trop... séduire le populaire.

Bon anniversaire Titi !
Mario 'Juan Bautista Poquelin' Tisné

Soissantan !


(... et toujours militant.)

Salut à toi ô le Hautbois !
Salut à toi le Dacquois !
Salut à toi visiteur Vicois !

Salut à toi l'sexagénaire !
Salut à toi Landais sanguinaire !
Salut à toi pour ton anniversaire !

Salut à toi le président !
Salut à toi aficionado gitan ! 
Salut à toi de temps en temps !

Salut à toi currista romantique !
Salut à toi faraón bétique !
Salut à toi l'mélancolique !

Photographie sans paroles (LVIII)



14 juin 2011

Troisième service (avec du rab)


Poussé par certains, encouragé par d'autres, je ressers au lecteur un post par deux fois retiré de sous ses yeux un mois auparavant. Un post présenté tel qu'il fut publié lors du second service*, certes, mais avec un supplément de VRAI et de FAUX — plus quelques annotations.
* Pour obtenir des explications, lire les commentaires sur « Cambio de toro ».

Pressentiments
Ça y est, je viens de réserver mes deux places de « spectacles » (sic) pour la prochaine féria vicoise. Jusqu'ici, n'ayant jamais été abonné, j'avais toujours téléphoné. Mais parce que je me suis décidé un dimanche, Internet m'a (très bien) rendu service. Et puis, seulement une fois le mail de confirmation reçu — un peu comme si ces deux courses matinales s'étaient imposées à moi en me dispensant de toute interrogation préalable, avec toutefois une hésitation pour la course du dimanche matin en raison de la présence de « toros con fundas » —, une fois le mail de confirmation reçu, disais-je, j'ai commencé à avoir le pressentiment :

1) qu'il ne fera pas beau vu que, si ma mémoire ne me trahit pas, le soleil était de la partie lors des trois précédentes éditions ; FAUX, j'ai même pris un coup de soleil sur le pif et, à voir la bobine des ami-e-s, je peux vous garantir que je n'étais pas le seul.

2) que de trop nombreuses cornes (et notamment celles qui auront connu les funestes fundas) seront dans un état douteux ; VRAI. Et un poireau (merci Benito !) Fuente Ymbro, un ! Etc.

3) que la récente inscription de la corrida au PCI français sera fêtée par l'OCT de la plus grandiloquente et ringarde des manières, et ce dès le samedi matin ; FAUX, ouf ! En revanche, on a une nouvelle fois eu droit à l'hymne occitan, que, soit dit en passant, personne n'a chanté.

4) qu'il sera décidé, durant les trois jours, d'utiliser la pique « française » — française ET inutile puisque, manipulée par les mêmes mains « expertes », elle occasionnera au moins autant de dégâts que celle, déjà « frauduleuse » (si, si), qu'elle remplacera ! ; VRAI, ou quand les picadors semblent ne s'être jamais autant régalés — probablement une illusion.

5) que l'on risque bien de voir sortir du toril des animaux avec leurs affreuses boucles d'identification ; FAUX.

6) que le toro le plus « moderne » [épargné au premier tiers et imitant bêtement l'essuie-glace au dernier (cf. le Victorino de 2009)] remportera la corrida concours ; FAUX, mais c'est 'Desierto' et non 'Generoso' qui aurait dû remporter le prix — vous avez dit 'Généreux' ?

7) que tous les toros seront longuement piqués (en arrière) et carioqués dès la première rencontre, dimanche matin inclus ; FAUX, et je dis FAUX par souci d'honnêteté puisque je ne me suis pas senti obligé de décortiquer chacune de ces premières piques... mais toutes furent bien portées partout sauf dans le morrillo !

8) que pour un oui ou pour un non des oreilles vont tomber, des mayorales être invités à saluer, des toros « tourner », des présidents accorder des changements de tiers et envoyer la musique pour saper (et éterniser) une faena juste pas trop mal engagée ; VRAI, changements de tiers inclus car, personnellement, jamais je n'aurais changé si rapidement le tiers après les deux « assassinats » en varas prémédités par Mora à ses deux Aguirre.

9) que le stand de Qui-Vous-Savez encombrera une année supplémentaire le parvis des arènes ; FAUX, il était cette fois-ci à droite à côté des WC — ceci dit, le parvis était encombré d'autres stands, ce qui m'irrite passablement sans que je puisse raisonnablement l'expliquer.

10) qu'un toro sera gracié — par pure curiosité, j'aimerais pouvoir connaître la proportion de personnes présentes sur les tendidos avec, en tête, le secret espoir que cela se produise ; FAUX, mais quelle déception quand même ! Quant au gros du public, mejor ni hablar.

11) que je vais encore me sentir bien seul sur mon bloc de béton, et vivre, de ce fait et à coup sûr, de grands moments de solitude — heureusement, le soir, avec les ami-e-s... ; FAUX, car, une fois n'est pas coutume, l'affluence au Soleil m'aura permis de descendre et de me rapprocher des ami-e-s sans devoir attendre la nuit tombée.

12) que la présentation de quelques-uns des toros participant à la concours ne correspondra pas à celle que l'on est en droit d'attendre pour une telle course ; VRAI. Et une sardine Albaserrada, une ! Et un cerf Buendía (quelle armure affreuse !), un ! Et...

13) que les Dolores Aguirre vont me décevoir... VRAI (soupir).

J'espère me tromper. Je me suis manifestement trompé (5 VRAI sur 13) et, franchement, je ne vois vraiment plus pourquoi les Vicois se sont étranglés un mois auparavant...

Image Une corne dans les corrals vicois © José 'JotaC' Angulo

31 mai 2011

Escolar Gil par Cebada Gago


C'est l'ami JotaC, toujours à la pointe de l'information, qui nous fait part de la nouvelle après l'avoir lue sur le site du Club taurin vicois : pour des raisons sanitaires, le lot d'Escolar Gil qui devait être lidié dimanche 12 juin 2011 à 18h sera remplacé par un lot de Cebada Gago.

>>> Pour plus d'informations : CTV.

20 mai 2011

Les "aguirres" de Vic


Ils ne sont pas venus à Vic depuis la course dantesque et orageuse de 1994 (mis à part un exemplaire l'an dernier en corrida concours). Certains doivent s'en souvenir...
En vous rendant sur le site http://www.camposyruedos.com/, rubrique CAMPOS, vous pourrez découvrir certains exemplaires de la ganadería de Dña. Dolores Aguirre Ybarra qui seront combattus le samedi matin (11h) à Vic-Fezensac. Bonne visite.

Photographie Un Dolores Aguirre pour Vic 2011 © Frédéric 'Tendido69' Bartholin / camposyruedos.com

Toros en Vic 2011, l'affiche