31 octobre 2007

La FSTF pour la liberté d'accès de nos enfants


La Fédération des Sociétés Taurines de France vient, à son tour, de mettre en ligne sur son site le communiqué établi suite à son 91ème congrès. Et c’est sans ambiguité que la FSTF se prononce, elle aussi, pour un libre accès des arènes par nos enfants.
"La F.S.T.F. qui enregistre une demande croissante d'adhésions continuera plus que jamais à défendre le public attaché à cette culture taurine qui est un fait de civilisation et elle s'opposera avec détermination à toute mesure qui serait irrespectueuse envers ces citoyens et leurs enfants. Sur ce dernier point, les jeunes de nos régions du Sud ont toujours eu la liberté d'assister sans aucune restriction (le plus souvent gratuitement) aux spectacles taurins qui sont, l'histoire le prouve, un exemple d'éducation. Ne fait-il pas bon vivre dans nos régions ? "

Lisez l’intégralité du communiqué de la FSTF.

Bellegarde, ville taurine de France


En ces temps troublés, alors que certains jouent dangereusement avec le feu, pendant que d’autres ferment pudiquement les yeux, la commune de Bellegarde, petit village situé entre Nîmes et Arles, vient officiellement de se proclamer « Ville taurine de France », et ce, par délibération du conseil municipal du 23 octobre 2007. Vous trouverez ci-après le texte voté qui affirme notamment son attachement à un accès aux arènes totalement libre pour les mineurs. Voici le texte :

Monsieur le Maire, vivement ému par la vague médiatique anti-taurine qui, au mépris des libertés méridionales et des libertés tout court, tend à déferler sur la France et cherche à faire interdire, par la loi, les corridas et autres traditions taurines, souhaite que la commune de Bellegarde, comme tant d’autres dont elle est solidaire, prenne officiellement parti, revendique et affirme sa longue et constante tradition taurine basée sur la liberté et la légalité de la tauromachie dans les zones de tradition locale ininterrompue et sur son ouverture à tous les citoyens.

Le Conseil,
Après en avoir entendu l’exposé de Monsieur le Maire et en avoir délibéré :
Confirme la longue et légitime tradition taurine tant espagnole que camarguaise de la commune de Bellegarde, basée :
§ Sur les valeurs morales, artistiques, historiques, littéraires et humaines qu’elle véhicule,
§ Sur l’importance des retombées économiques que génèrent directement et indirectement les spectacles taurins sur le village et ses alentours,
§ Sur l’appartenance de la commune à un large territoire où la tauromachie est un fait social, culturel et humain, aux profondes racines rurales, qui appartient au plus grand nombre dès le berceau, avec pour voisines les villes de Nîmes et d’Arles où cette tradition est également plus que séculaire et dont l’histoire, patrimoine mondial de l’humanité, n’est plus à démontrer.

Revendique donc pour Bellegarde la qualité évidente de « Ville taurine de France ».
Emet le vœu fort que l’accès aux arènes demeure, comme depuis des temps immémoriaux, totalement libre y compris aux mineurs, car la tauromachie est aussi une école de la vie et puise ses sources dans la Méditerranée allant de son invention en Crète Minoenne, il y a plus de 4 000 ans, en passant par les « chasses de taureaux » en Italie et son implantation définitive dans la péninsule ibérique (Espagne et Portugal), le Sud de la France (de Bordeaux à Fréjus avec des incursions anciennes à Paris même, voire à Roubaix), sans oublier un bon nombre de pays latino-américains.

29 octobre 2007

Leur meilleur ennemi, ou petits meurtres entre amis…

A Camposyruedos nous avons toujours considéré qu’il était néfaste pour l’intérêt de notre passion de donner trop d’écho aux hurlements des protectards. Ils sont de ce fait très peu évoqués sur le site, sauf depuis quelques jours... Il faut dire que nous ne représentons personne d’autre que nous-mêmes, soit une demi-douzaine d’aficionados indépendants de toute organisation ou association. En conséquence, nous avons toujours estimé que ce combat incombait aux entités organisées et responsables, censées représenter et défendre notre culture millénaire et méditerranéenne. Cela n’exclue pas, bien au contraire, que nous nous sentions concernés, comme aficionados, par les tenants et les aboutissants de ce combat et qu’il nous arrive d’écrire, à l’occasion, ce que nous pensons être juste.
Depuis quelques jours cependant, nous nous sommes rendu compte que les lignes ont bougé. Le premier épisode de cette triste péripétie fut, pour nous, la prise de connaissance de la lettre envoyée à notre Président de la République par les signataires de l’ « Appel de Samadet » (février 2007), à l’exception de l’ANDA, soit :

Union des Villes Taurines de France
Association des Organisateurs de Corridas du Sud-Ouest
Groupement des Entrepreneurs de Spectacles Taurins
Musée des Cultures Taurines de Nîmes
Association Française des Eleveurs de Taureaux Braves
Fédération des Sociétés Taurines de France
Fédération des Clubs Taurins Paul Ricard
Union des Bibliophiles Taurins Français
Amicale des clubs Taurins gersois
Association Française des Vétérinaires Taurins
Association Française de Chirurgie Taurine
Syndicat Français des Picadors et Banderilleros
Association des Critiques Taurins de France
Association des Aficionados Prácticos
Ecole Taurine d’Arles
Ecole Taurine de Béziers
Centre de Tauromachie de Nîmes
Ecole Taurine d’Hagetmau
Collectif Terres Taurines

Ce sont donc toutes ces entités qui se sont adressées à Nicolas Sarkozy dans un courrier ayant pour vocation la défense de notre culture. Si quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la lettre est irréprochable et même remarquablement argumentée, le un pour cent restant est tout simplement incroyable, car voici ce qui est réclamé au Président de la République par les entités susnommées : « Nous vous demandons donc de ne pas interdire l’entrée des arènes à nos enfants dès lors qu’ils sont accompagnés de leurs parents. »
Autrement dit, l’afición elle-même, et toutes tendances confondues, sauf l’ANDA, il faut le souligner, demande au Président d’interdire la corrida aux mineurs non accompagnés de leurs parents… Au pluriel qui plus est. Incroyable mais vrai, nous nageons en plein cauchemar. Au moment même où au Pays Basque les Chopera et la Junta essayent d’inverser la tendance d’une semblable décision, chez nous, les nôtres demandent au Président de nous tirer une balle dans le pied.
Face à la gravité de la situation, nous avons alors pris la liberté de contacter André Viard, instigateur et semble-t-il rédacteur de ce courrier. Nous lui avons demandé des explications pour tenter de comprendre. Nous n’avions alors qu’un but, peut-être naïf, penser qu’André Viard reconnaisse son erreur, leur erreur, et puisse corriger le tir.
Mais non, l’échange de correspondance, quoique très courtois, ne nous laissa aucun espoir.
Considérant qu’en tant que modeste site de photographies et d’opinion il n’était pas dans nos attributions de gérer ce délicat problème, nous avons conclu en souhaitant que jamais cette lettre ne tombe entre les mains des "antis" et que le Président Sarkozy, ou ses conseillers, aient la bonne idée de glisser sur cette position suicidaire qui, de fait, reconnaît officiellement à la Fiesta un côté malsain. Les "antis" n’en demandaient sans doute pas tant.
D’autres que nous, la revue Toros en l’occurrence, ont pris sur eux de rendre public ce courrier pour mieux dénoncer et combattre cette proposition ahurissante. Vous pourrez lire ci-après le communiqué en question, déjà diffusé à l’heure actuelle sur le site Toreria.net, la liste de diffusion Afición, et d’autres médias.
A la lecture de ce communiqué, nous ne pouvons qu’adhérer à l’argumentaire réfléchi de la revue. Les inquiétudes avancées et les conséquences éventuelles mises à jours par ces quelques mots de trop sont en totale adéquation avec nos propres positions (cf. « Moins de seize »). De même, nous ne pouvons que renvoyer le lecteur à l’article « La parole est aux élus du midi » publié également par la revue nîmoise dans le n° 1813 daté du 12 octobre 2007. Ces deux textes mettent en évidence l’importance que la justice peut donner au moindre mot et les conséquences néfastes que ces mots pourraient engendrer pour notre passion commune.
Aujourd’hui Toros critique André Viard, sur son excès de zèle. Nos convictions sur la question d’une interdiction superficielle ou conditionnelle de l’accès des mineurs de moins de 16 ans aux corridas ne peuvent que nous inciter à aller dans le sens de la plus vieille revue taurine du monde.
Oui, mais ! Car il y a un mais. Dans cette contre-attaque de Toros, un élément notoire fait défaut : la liste des signataires. Elle est impressionnante.

Trois jours après notre découverte de l’existence de cette lettre adressée au Président de la République, quelle ne fut pas notre surprise de constater que l’UBTF se fendait d’un communiqué critiquant et rejetant la phrase « accompagnés de leurs parents » présente dans la lettre dont elle était co-signataire. Laquelle UBTF a été depuis rejointe par la section Sud-Est de l’association des Critiques Taurins. Quid du Sud-Ouest ? Le plus étonnant est que le communiqué de l’UBTF fut publié sur le site de la Fédération des Sociétés Taurines de France, elle-même co-signataire de la lettre ! Dans un texte publié le 21 octobre 2007, Camposyruedos faisait également allusion à ce communiqué en soutenant le fond du discours des membres de l’UBTF.

Et aujourd’hui, c’est au tour de Toros, qui, certes, n’a pas signé la lettre en tant que revue mais qui compte en son sein une majorité de critiques ayant donné, par le simple fait d’appartenance à telle ou telle entité, leur aval pour signer la lettre d’André Viard. Peut-on signer une lettre en appartenant à une association et le lendemain revendiquer le contraire sous l’appellation de revue ? Il y a là un paradoxe que nous avons du mal à expliciter, sauf à entrer dans des considérations qui à ce jour nous échappent. En attendant, André Viard s’entête à défendre en prenant pour exemple ce qui vient de se faire dans la communauté autonome du Pays basque. Pour s’en persuader, une fois de plus, il suffit de lire son éditorial du vendredi 26 octobre de son site Terres Taurines. Selon lui, cet accès aux arènes sous condition pour les mineurs de moins de 16 ans serait un « compromis » fait aux entités taurines en lieu et place d’une interdiction ipso facto ; envisagée par le Président Sarkozy ? Finalement, pour lui, ces quelques mots désastreux ne sont qu’un « accessoire » sur lequel il faut savoir faire glisser son regard pour sauver ce qu’il nomme « l’essentiel ». En fin de texte, comme il est de coutume dans sa prose, il en appelle à une unité de l’Afición qui serait la seule capable de sauver les meubles. L’idée de l’unité peut paraître sympathique mais faut-il pour autant qu’elle se construise sur le sentiment d’une culpabilité fondée sur le manque d’actions passées ? Le procédé employé par l’ancien matador ne nous semble ni clair ni prompt à réunir les « multiples chapelles » de l’Afición. En effet, écrire que « si les familles du secteur taurin s’étaient mobilisées depuis six ans comme elles le font depuis quelques semaines, sans doute serions-nous fondés à parler autrement » relève purement et simplement d’une dialectique de reproche et d’accusation. Or, on ne s’autoproclame pas leader sur les erreurs ou les manquements du passé. Peut-être André Viard pense-t-il être le seul à avoir agi durant ces six dernières années et grand bien lui en fasse. Cependant, nous osons croire le contraire, nous qui ne sommes les représentants ou l’incarnation de personne, si ce n’est de nos propres idées. Aller aux corridas chaque année en y vidant son porte-monnaie, dénoncer les abus commis à l’encontre des toros de lidia par ceux qui les élèvent, ceux qui les achètent ou ceux qui les combattent, ne pas prêter volontairement le flanc à une infime minorité criarde d’'antis', c’est aussi cela quelque part défendre l’Afición. C’est certes plus discret, moins pédant et moins communicatif mais cela participe en quelque sorte du même combat. Nous n’écrivons pas pour autant qu’il s’agisse là d’un moyen de défense idéal et parfait mais nous nous autorisons à penser qu’André Viard vient de commettre une erreur dans sa stratégie globale de lutte contre les anti-taurins. Et quant à choisir entre « l’accessoire » et « l’essentiel », il nous semble en réalité que la lidia complète et totale d’un toro n’est que la somme de petites choses qui paraissent accessoires mais qui sont finalement l’essence de cette lidia.

Vous pouvez lire la charge de Toros sur le site Toreria.net et la réponse maladroite et hors sujet d’André Viard sur le site Terres taurines, éditorial du 29 octobre 2007, ainsi que celui du 30 où le fonds du problème n'est toujours pas abordé... Bon surf !

Noir et blanc (III)


Bon, et bien c'est à mon tour. Un toro du Puerto de San Lorenzo quelques instants après sa sortie du toril "en Atanasio".

28 octobre 2007

Noir et blanc (II)


J'ai essayé moi aussi... Photographie prise à Calahorra en août 2007...

Vous la voulez comment votre Madeleine ?


Sur Internet, quand on ne regarde pas des images, on lit des textes. Des qui sont à notre goût, des qui ne le sont pas. L’autre jour, en me promenant, j’ai emprunté un escalier sur lequel j’ai trouvé une feuille de papier imprimée. Y figurait un texte daté du mardi 18 septembre 2007 et intitulé « Madeleine 2008 sera torista… » ; comme j’avais du temps devant moi, je me suis assis sur une marche et je l’ai lu. Et ça m’a plu. Un peu plus tard, je l’ai relu et je me suis dit qu’il était vraiment à mon goût. Alors, j’ai pensé le faire partager en le reproduisant intégralement sur ce blog... Mais un lien suffisait, on le trouvera à la fin.

Personnellement, la dernière et unique fois (!) que je me suis rendu à Mont-de-Marsan, le dimanche 20 juillet 2003, c’était pour revoir des Rocíos superbement présentés, certes moins rustiques et durs (notamment de pattes) qu’à Vic, ceux-là plus Villamarta/Núñez que Núñez/Domecq ; la ganadera nous avait prévenus quelques années auparavant... Encabo s’appliqua, donna l’exemple en vrai chef de lidia, mais c’était sans compter sur ses compagnons de cartel qui, bien aidés par leur cuadrilla respective, décidèrent de rivaliser dans le n’importe quoi. Excepté le 1er tiers du 1er toro de l’après-midi, tous les autres furent une franche mascarade dont le président du jour portera une grande part de responsabilité. Que croyez-vous que je fis au terme de la course ? J’ai hué ce charlot de président avant de quitter, un brin dépité, la plaza montoise en me promettant de ne jamais y retourner.

« Un credo est libre » lancent le poing levé les trouble-fêtes de la Peña Escalier 6, « celui de toros aux origines diverses, celui de toros en type, de toros de bonne présence et toujours bien en pointe (!), de toros justement piqués. » Qu’ils soient entendus ! Pour autant, à mon humble avis, Madeleine 2008 ne sera pas torista...
— Ah bon, et vous la voulez comment votre Madeleine ?
— Euh, sérieuse, tout simplement sérieuse.
Torista et sérieux, dans le fond c’est pareil, non ?
— Pas tout à fait...
— Vous chicanez ?
— Sans doute...

Le texte militant « Madeleine 2008 sera torista… » est à lire absolument sur le site de la Peña Escalier 6, à la rubrique « L’humeur de la Peña ».

Image Des madeleines nature, OK, mais des madeleines toristas, il peut faire ça, Fauchon ? © Fauchon, à Paris, place de la Madeleine !

Noir & Blanc


Une des grosses difficultés en photographie numérique est le passage au noir et blanc ; délicat, très délicat. Je viens de trouver une méthode rapide et simple. Pas mal non ?

22 octobre 2007

Zaballos à Madrid...

Après la course cérétane, les novillos de Zaballos (Saltillo par Argimiro Pérez-Tabernero) étaient attendus par une partie de l'afición (un infime partie j'entends...) sous les feux de l'automne madrilène. A lire les reseñas de gros sites taurins espagnols, l'éleveur frôlerait presque le désastre par excès de mansedumbre. A observer de plus près les commentaires glanés çà et là sur certains blogs taurins, il y eut course et pas un instant d'ennui. Bref, c'est comme d'habitude mais toujours est-il que les Saltillos negros de Zaballos suscitent partout où ils passent l'intérêt et la discussion. Pourvu que cela dure.

Manon rend compte de cette novillada sur son blog, la photographie a d'ailleurs été empruntée à ce dernier...

Le combat des reines (II)


En juin 2007, Philippe nous avait entretenus de l'existence de "combats de reines" dans les Alpes françaises, suisses et italiennes. Comme un écho à son texte, voici deux clichés pris par notre ami aficionado Luigi Ronda à Aosta (Italie) lors de la finale nationale de ces joutes bovines. Il tient d'ailleurs à préciser que ce "fight" de vaches d'origine Valdostana Pezzata Nera-Castana affichait un fringuant "No hay billetes"... Nous le remercions pour ses photographies.

21 octobre 2007

Un TORO pour José Tomás...


Un toro tué cette année par José Tomás… à Barcelone en septembre… ni à Ávila ni dans la plus grande arène du cosmos… por supuesto



Photo Yannick Olivier

Retour sur les rayas

Dans un post daté du 11 septembre dernier, intitulé "Piquer un manso", François regrettait que Fritero n'ait pas reçu de prix pour le combat livré au toro de Zaballos. Combat mené dans tous les coins du ruedo où il fallut bien aller le chercher, même au-delà des fameuses lignes de démarcation.
Voici la définition que le Dictionnaire de la Tauromachie édité chez Robert Laffont donne des fameuses lignes : "Raies tracées à la chaux ou à la brique pilée sur le sol de la piste et formant deux cercles concentriques. La première à sept mètres de la barricade, la seconde à neuf mètres. Lors du tercio de piques, le picador se place entre la barricade et la première ligne, le toro est placé au-delà de la seconde. Cette prescription a pour but d'éviter que le toro se trouve trop près du groupe équestre et ne puisse prendre son élan correctement ; le picador a ainsi suffisamment de place pour ne pas être serré contre la barricade, ce qui souvent, et contrairement à une croyance répandue, provoque la chute du cheval."
Dans sa chronique de l'après-midi du 22 août 1999 à Bilbao (toros de José Cebada Gago pour Manuel Caballero, El Tato et Pepín Liria), Joaquin Vidal apporte une précision historique qui s'inscrit dans la croyance que le dictionnaire cité plus haut croît pourtant démentir. En effet, il indique que la création des deux cercles concentriques fut imposée non à la demande du public, qui au contraire tendait à vouloir imposer aux picadors de remplir leur office au milieu du ruedo (ce qui, avec le toro fier et puissant d'antan, ne devait pas être de tout repos), mais par les varilargueros eux-mêmes. La raie avait pour unique but de constituer pour ces derniers un refuge au-delà duquel ils n'étaient pas tenus de s'aventurer, et non, comme on pourrait le croire, une frontière qu'on leur interdisait de franchir.

C'est ainsi qu'au-delà de la lettre même du règlement, dont Tendido69 citait les dispositions dans son commentaire au message de François, c'est son esprit qu'il faut se rappeler en l'espèce : lorsqu'un picador enfreint le règlement pour piquer un manso perdido aux medios, cela suppose un certain mérite qu'il convient d'applaudir. Au lieu de quoi le public le conspue le plus souvent ! Ce même public qui n'hésite pas à ovationner les collègues du castoreño qui "carioquent" et charcutent à tout va, ou qui... ne piquent pas du tout (le picador, seul et unique professionnel que l'on félicite... quand il ne travaille pas).

Il est vrai qu'il est plus aisé d'analyser un cercle à la loupe.

Moins de seize (II)


« Bah… ce n’est pas si grave… de toute façon un gamin de 13 ans ne devrait pas aller voir une corrida tout seul… le mien en tout cas… vous laisseriez le vôtre y aller seul vous, à cet âge ? »
C’est en substance, et de bonne foi, ce que fut la réaction de nombreux aficionados à la lecture de la future interdiction faite aux mineurs de moins de seize ans d’assister à une corrida au Pays basque s’ils ne sont pas accompagnés.
Car il s’agit bien d’une interdiction. Au Pays basque, un mineur de moins de seize ans ne pourra pas assister à une corrida, sauf s’il est accompagné.
Et le fait d’être accompagné constituera donc une subtilité qui permettra de faire exception à la règle : l’interdiction. Car la règle sera bien l’interdiction. Limiter le commentaire de ce texte à une simple prise de position sur les méthodes d’éducation de nos enfants, c’est en faire une lecture au premier degré mais ne pas voir le second, c’est-à-dire avoir la vue basse, et l’interprétation restrictive. La chose est d’autant plus préoccupante que le Président Sarkozy, sollicité par les protectards, doit se prononcer, lui aussi, sur cette question.
Il y a peu, et par hasard, j’ai eu l’occasion d’écouter à la radio le maire de Villeneuve-lès-Avignon. La voix grave, posée, convaincante, cet élu ouvertement "anti" expliquait très calmement à une hystérique de la cause animale, qu’il était inutile de s’énerver, qu’il ne fallait pas prétendre aller trop vite, que l’interdiction aux moins de seize ans demandée au Président ne serait qu’une première étape, un premier palier avant d’autres victoires plus définitives… J’ai vraiment été interpellé par la détermination sereine de cet homme. Nous étions loin des illuminés que nous avons l’habitude de croiser…

"Moins de seize"... L'avis de l'UBTF


Comme un écho aux décisions prises au Pays basque (voir l'article "Moins de seize" sur ce même blog) concernant l'accompagnement obligatoire par des adultes des mineurs de moins de 16 ans aux corridas, l'Union des Bibliophiles Taurins de France (UBTF) a rendu public un communiqué écrit le 14 octobre 2007 lors de l'assemblée générale de ladite Union sise à Lunel. Même si les dates ne coïncident pas, ce texte pourrait se lire et s'entendre comme une réponse au texte basque et surtout comme une mise en garde à l'égard d'imminentes décisions qui pourraient être prises en fin de semaine prochaine au désormais omniprésent Grenelle de l'environnement. En effet, l’UBTF appuie son argumentaire sur les "demandes présentées officiellement au Président de la République, le 26 septembre, par des associations anti-corridas et sollicitant, en particulier, l’interdiction de l’accès des arènes aux mineurs de moins de seize ans". Au-delà de la pure et simple interdiction voulue par les opposants de la corrida, l’Union des Bibliophiles Taurins de France a surtout bien perçu les dangers de donner aux mineurs de moins de seize ans un accès aux arènes sous condition, c’est-à-dire accompagnés par un adulte. A la publication du nouveau règlement taurin basque, rares ont été les réactions au sujet de cette grave décision (tant en France qu’en Espagne). Certains diront ou écriront qu’après tout il s’agit d’un état de fait et que cela ne changera pas fondamentalement les pratiques actuelles, les parents accompagnant le plus souvent leurs enfants aux courses. Faux ! Cette "légère" mais catastrophique subtilité est la porte ouverte à des contraintes et interdictions futures bien plus graves. C’est certainement dans cet état d’esprit que les membres de l’Union ont signé à l’unanimité ce texte militant qui déclare "s’opposer avec détermination à l’éventualité de toute mesure vexatoire, même partielle ou conditionnelle, qui limiterait la libre assistance des aficonados français, majeurs ou mineurs, à tous les spectacles taurins".

Le communiqué complet de l'UBTF est accessible sur le site de la Fédération des Sociétés Taurines de France.

19 octobre 2007

Le duende selon Manon


A notre post de ce matin, Manon, comme un écho, affiche sa propre vision du duende, plus classique. Casa Patas, Madrid... Superbe.

Jazz et duende


18 octobre 2007

C'est quoi ce travail ?


Solysombra a, dans sa Mise au point, opportunément publié un extrait de la réponse que Ludo m’avait adressée à la rubrique "commentaires" de Pour au moins s'en faire un semblant d'idée... Quand je lui ai répondu, le message sus-cité était déjà archivé. N’étant pas certain qu’il ait lu ma réponse, je me permets de la reprendre, certes très tardivement, en la développant :

J’avais, jusque-là je crois, résisté à la tentation du commentaire à chaud désobligeant ; à l'avenir, je tâcherais de me contenir ! Cela étant dit, je souscris globalement aux réflexions sur l’utilisation abusive de l’outil vidéo (montages et autres tripatouillages). Pour autant, je persiste à croire que ce dernier peut être utile et éclairant. Pourquoi ne pourrions-nous pas nous fier aux images s’agissant de toreo ? Le torero n’utiliserait pas la vidéo pour analyser le sien et, éventuellement, lui apporter quelques corrections ? Je reste sceptique sur une exception taurine en la matière, même si je concède sans peine que ces images (vidéos et télévisuelles) ne sauraient nous transmettre toute la palette d’émotions ressenties autour du cercle, nous informer sur la foule de détails permettant d’apprécier une lidia.

C’est un fait, en ouverture d'une série, Juan Bautista s’efforce de donner de la distance au toro, de se positionner à peu près entre les cornes et d’avancer la jambe. Mais après ? Eh bien tout de suite après, je le vois reculer la jambe contraire, être hors cadre, céder finalement le terrain conquis valeureusement et commencer, tout en piétinant 2 m² de sable, à se mettre la bête sur le râble. Pardon, à lier, parce que ce serait cela le toreo, lier et lier encore de (trop) nombreuses passes profilées ; un travail qui émotionne, parce qu’il aurait la vertu d'être rythmé, artistique et/ou templé ? Mais toutes ces passes, qui seraient soi-disant profondes parce qu’étirées, sont superficielles car livrées sur le voyage ; le toro n’étant pour ainsi dire jamais provoqué sur la corne contraire, jamais "obligé", jamais inquiété sur son terrain. Alors qu'il me semble que c’est précisément au troisième tiers et non avant, au cœur de la passe et non à la toute fin*, qu’un toro devrait "dérailler" et être tordu ! In fine, de combat à proprement parlé, il n’y a guère, de domination guère plus ; le toro finissant « aussi fort pour sa dernière charge que pour la première » (cf. ici). Ainsi, cette faena con arte y temple aurait été sans effet sur le cornu ?

Deux oreilles qui tombent à Las Ventas, monsieur le Président ? Deux oreilles de troisième tiers ? Non ! Juan Bautista aurait, entre autres, brillamment rivalisé aux quites et la cuadrilla sous ses ordres correctement mené la lidia lors du premier tercio : des mises en suerte dignes de ce nom, des piques dosées dans le morrillo et non carioquées, des quites en temps voulu ? Vraiment, aucune voix venteña et discordante n’est venue effleurer les oreilles de ceux rangés sur les gradins ou restés à la maison ? Comme lassée depuis tout ce temps, l'afición aurait fini par accepter les canons dévalués de ce toreo kitsch et inefficace ?

Loin de moi l’idée de faire la leçon à qui que ce soit ou de remettre en cause la sincérité de l’émotion (plurielle comme on dit) vécue ce jour à Madrid. Par ces lignes, que d’aucuns jugeront chagrines, anachroniques, prétentieuses et/ou délirantes (que sais-je encore !), je souhaiterais seulement, tenez-vous bien, protester contre la manière avec laquelle les toreros instrumentent leur toreo et, par la même occasion, m’élever contre la logique artistico-commerciale avec laquelle le mundillo organise ses spectacles : des combats qui n’en sont pas, car arrangés, déloyaux et/ou inégaux.

* Sur ce point et à ce moment précis, la photographie (un instantané par définition), elle, peut tromper en laissant penser que le torero a "chargé la suerte".

Image Charlotte Yonnet au travail avec ses toros (fer des Héritiers de Christophe Yonnet) © Camposyruedos

Moins de seize


Mundotoro l’annonce. Le Pays basque vient d’emboîter le pas, dans une moindre mesure, à la Catalogne abolitionniste, en interdisant l’accès des arènes aux mineurs de moins de seize ans non accompagnés par un adulte. C’est évidemment dramatique pour l’avenir de la Fiesta et surtout incompréhensible. Comment peut-on ainsi se déculotter face aux "antis" et leur donner raison, leur donner des armes, sans rien dire, sans lutter ? Car accepter pareille disposition, c’est se compromettre, c’est « reconnaître » que la Fiesta véhicule quelque chose de malsain. Il suffit de faire un parallèle avec la télévision et regarder les téléfilms interdits aux moins de seize ans pour s’en convaincre. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les taurins basques se mobilisent pour faire supprimer ce détail qui n’en n’est pas un, loin de là.
Soit la Fiesta est un spectacle malsain et il est logique de l’interdire aux mineurs, soit elle ne l’est pas, et elle ne l’est pas, et nous n’avons à transiger sur rien, ni avec les "antis", ni avec les politiques. Car il est évident qu’il ne s’agit pour ces illuminés que d’une première étape, avant une seconde, puis une troisième, et au bout du compte obtenir ce qu'ils souhaitent. Et nous savons tous quoi. Les mauvais coups ne viennent pas toujours de là ou nous pouvons le craindre. Hélas.

17 octobre 2007

6 Daniel Ruiz 6


Et pourtant j’ai une grande admiration pour le Juli, et depuis toujours. Je me souviens de ce gamin si jeune, capable de tant de choses. A cette époque, beaucoup avaient envers lui comme un mépris, le considérant plus comme un singe savant que comme un génie.
Je me souviendrai toujours de ce tentadero chez Pablo Mayoral ; le Juli, déjà le Juli, encore inconnu, seul en piste et impérial malgré le vent. Et Gregorio Sánchez, les yeux au ciel, incapable de répéter autre chose que : « c’est un élu… »
A cette époque la revue 6 Toros 6 avait rempli des pages et des pages de photographies pour témoigner du nombre impressionnant de suertes que le gamin était capable de réaliser avec un capote. Dans le tas il y avait même le Galleo del bu !
Le gamin a grandi en même temps que son répertoire à la cape s’est étriqué. Il faut dire que certains trouvaient ça pas très chic, un peu vulgaire tous ces mouvements de cape…
Aujourd’hui il est à l’aise, maîtrise son sujet, domine le panorama actuel d’une torería assez médiocre malgré quelques diestros passionnants, comme le Cid, Manzanares, hier Rincón, Morante parfois, Tomás bien sûr…
En 2008, cela fera déjà dix ans que l’enfant est devenu matador de toros, un soir de septembre, à Nîmes, encadré par José María Manzanares, le père de l’autre, et José Ortega Cano. Il va donc fêter cela, normal. Et donc, Nîmes, le théâtre de son adoubement le verra s’enfermer avec six toros… six toros… six… Patatras !!!
Je ne rêve plus depuis longtemps et je me serai étonné de le voir tuer six victorinos, comme le Cid à Bilbao par exemple. Non, avec l’âge je serais presque devenu raisonnable. Six victorinos certes non ; encore que pareil geste eut été normal et la moindre des choses, à vrai dire. On est numéro un où on ne l’est pas. Merde ! Mais six Daniel Ruiz ! Et rien de pire ?
Oh, je ne préjuge de rien notez bien, ni des paniers d’oreilles ou de queues, ni même des vueltas aux toros, voire d’un indulto… Ayez confiance en l’organisation nîmoise pour vous mijoter un truc aux petits oignons, pour que ce soit un succès, que le Midi Libre puisse se vautrer dans la confiture et que l’on fasse sonner les cloches. Mais six Daniel Ruiz, tout de même… Rien de pire ? On en viendrait même à regretter les indigestes six élevages différents généralement proposés et imposés en pareilles circonstances.

De grandes choses tristes (II)... Zaragoza 2007

Retrouvez la galerie des "grandes choses tristes" de Miura sur le site.

16 octobre 2007

¡Enhorabuena Adolfo!


Effectivement, comme l’annonce Yannick, Adolfo Rodríguez Montesinos est le nouveau patron de la section taurine de RNE. A Camposyruedos nous sommes ravis, d’abord parce qu'Adolfo est un ami, mais ensuite et surtout car il s’agit d’un véritable amoureux et connaisseur du campo bravo et en particulier de l’encaste Santa Coloma. C’est donc avec le plus grand intérêt que nous suivrons son labeur sur Radio Nacional de España, surtout si la vitrine Internet de l’émission est à la hauteur des compétences et de la richesse du bonhomme. Nous vous tiendrons évidemment informés des choses à venir. ¡Enhorabuena Adolfo!

Ci-dessous, Adolfo Rodríguez en discussion avec Víctor Huertas, un autre ganadero de l'Asociación.

Adolfo Rodríguez Montesinos remplace Fernando Fernández Román

Nos amis d'outre-monts ont bien de la chance : Adolfo Rodríguez Montesinos remplace Fernando Fernández Román à la direction de l'unique programme radiophonique espagnol consacré à la Fiesta.

Une très bonne nouvelle pour les auditeurs espagnols, tant le personnage est digne d'éloges et de confiance. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, il s'agit d'un grand aficionado, vétérinaire et ganadero, plume d'aigle de l'ANDA et dont les ouvrages sont autant de bibles indispensables.

La photographie ci-dessus, prise par François Bruschet en 2005, nous montre Carlos Escolar 'Frascuelo' toréant al natural une vachette de l'éleveur à l'occasion d'un tentadero.

Merci Javier pour l'information.

Opposés


Cela fait déjà quelques jours. Et évidemment ça a fait grincer quelques dents. Pablo G. Mancha y revient sur son blog. Ce sont les déclarations de José Tomás sur Enrique Ponce. Voici. Et vous avez un papier plus complet sur le blog de Pablo.

« Ponce es un gran torero, pero él lo entiende de una manera totalmente contraria a la mía, como que hay que arriesgar lo menos posible. Digamos que no hay que pasar determinadas líneas y yo no lo entiendo así. Partiendo de esa base, vemos el toreo de manera opuesta completamente. »

Traduction Ponce est un grand torero mais il le conçoit d'une manière totalement contraire à la mienne, considérant qu’il faut prendre le moins de risque possible. Disons qu’il ne faut pas dépasser certaines lignes et moi je ne le conçois pas ainsi. En partant de ce principe, nous voyons le toreo de manière totalement opposé.

15 octobre 2007

De grandes choses tristes... Zaragoza 2007

Un final de temporada bien terne avec cette corrida de Miura à Saragosse sur laquelle nous reviendrons ici même ou sur le site au travers d'une galerie. Le poder, la bravoure, le sens même du combat semblent fuir inéluctablement les pensionnaires de Zahariche, qui, pour certains, changent même de physique (voir deuxième photographie).

Esplá à Chinchón, saltillos à Madrid


Le maestro Esplá et sa cornada de espejo, il y a quelques jours, à Chinchón, vu par Jean-Michel Robert, qui nous informe par ailleurs avoir assisté à Madrid, hier, à une bonne novillada de Moreno de Silva bien typée Saltillo, encastée et surtout noble, supérieur le 4ème novillo, magnifique de trapío qui est rentré aux corrales après les 3 avis bouche fermée, en suivant un capote le long de la barrière après plusieurs coups d'épée et plus de dix descabellos rageurs.

13 octobre 2007

Adame

En lui souhaitant bonne chance pour le Nouveau Monde... et en nous souhaitant qu'il continue sur la voie qu'il semble vouloir suivre, celle d'un toreo complet, fleuri au premier tiers, vrai et engagé au deuxième, et classique et profond au troisième.

Il fait beau...



Il fait beau aujourd'hui, petite balade en terre basco-béarnaise chez El Palmeral (Atanasio Fernández)...

Pour changer un peu...


12 octobre 2007

JC Arévalo au CT de Paris


Hier le Club Taurin de Paris organisait une soirée avec José Carlos Arévalo, de 6 Toros6, pour lui demander de parler de la temporada 2007.
Je l'ai écouté avec beaucoup d'intérêt, il parle très bien de tauromachie, on sent qu'il "pense" et "ressent" la Fiesta d'une façon extrêmement précise, ses mots donnent à penser et m'ont éclairé sur pas mal de points, ont attiré mon attention sur une foule d'autres. Mais, au delà de l'intérêt que j'ai porté à sa conférence, subsistent de nombreux points sur lesquels mon avis diffère un peu voire plus.

Voici ce que j’ai retenu de son intervention enthousiaste (ceci est une transcription la plus fidèle possible des dires du chroniqueur) :
Pour commencer, JCA n’y va pas par 4 chemins… 2007 est la saison qui fait entrer la tauromachie dans le siglo XXI tout comme la saison 1912 la fit entrer dans le XXè avec les alternatives de Joselito 'El Gallo' et de Belmonte (outch !). Cet âge d’or résulte de la présence de nombreux toreros simultanément au sommet de leur maturité tauromachique (technique, physique, artistique). Ces toreros de premier rang sont Manzanares, Talavante, Castella plus, certainement, Juan Bautista (Prensa + Otoño) et Perera qui a connu une ascension en remplaçant souvent Cayetano et en bénéficiant… des toros destinés à Cayetano.
Ces toreros ont emboîté le pas au duo fondateur de la tauromachie du XXIe siècle : José Tomás et Julián López 'El Juli' qui ont recueilli et synthétisé les leçons des maîtres de la tauromachie depuis Gallito et Belmonte et intégré la fleur de l’art mexicain du toreo de cape.
Les héritiers stricto sensu de Tomás dans le style, notamment dans la façon de citer d’un bout de la muleta et non plus de la muleta entière sont Talavante, Castella et Perera, mais Tomás a aussi influencé le Juli qui a épuré son toreo sous son influence.
A ceux qui pensent à Ponce : au même titre que Joselito Arroyo, celui-ci est un torero du XXe siècle (pour répondre à une question sur les déclarations de Tomás sur Ponce, JCA confirme le coté moins exposé de la tauromachie du Valencien que lui autorise sa technique particulière).
Sur la saison 2007, le Juli a été au sommet et reste le grand triomphateur, sa faena de Madrid reste même le meilleur souvenir de cette saison de JCA (il était à Arles aussi pour Pâques), son toreo fut constamment empreint de profondeur et d’intelligence. Castella doit connaître des problèmes psychologiques pour tuer aussi mal depuis cet été, Talavante a été présent dans quelques grands rendez-vous mais son toreo ne s’exprime qu’avec certains toros face auxquels il est grandiose mais en grande difficulté face à d’autres, Manzanares a réalisé quelques chef-d’œuvres classiques à Toledo, Málaga ou Sevilla.
Enfin, José Tomás a changé beaucoup de choses dans la saison lors de son retour au toreo en faisant de chaque corrida un événement (au passage en enrichissant les empresas sur les autres courses) par son engagement au-dessus de la moyenne.
Avant de passer aux toros (vous verrez, c’est rapide…), je termine sur les toreros avec les réponses à quelques questions posées par la suite : Joselito Adame va devoir batailler au Mexique où l’on a tendance à mépriser les toreros nationaux, les engagements qu’on lui propose seraient indignes – José Tomás a dû « enfoncer » des portes médiatiques pour entrer de force dans les carteles mexicains verrouillés par Juli et Ponce. Grand témoignage d’admiration pour le toreo de Morante de la Puebla (très supérieur artistiquement à Rafael) : ses banderilles du seul contre 6 de la Beneficencia, la quintessence de son art à tous points de vue (capacités des Gallo – toreo largo – et meilleur représentant du style belmontiste – grande profondeur).

Quant aux toros : changement dans le type du toro actuel qui est plus fort et plus armé qu’avant avec beaucoup de poder dans le cou notamment. Cavalerie plus imposante qu’avant également, ce qui cause des problèmes lors des chocs (rappel que énergie = poids x vitesse au carré !!!) au premier tiers où l’on trouve de très bons picadores (experts dans l’art de piquer de façon adaptée dans les cuadrillas des vedettes notamment…). JCA pense qu’il serait opportun de réduire la dimension de la puya. Selon lui, les élevages de l’année, c'est-à-dire ceux qui ont réussi le meilleur compromis dans la constance et la répétition de la charge au troisième tiers avec du gaz malgré la hausse du poids au cours des dernières saisons sont : Fuente Ymbro, Jandilla et Núñez del Cuvillo.
« ¿Corridas duras? Por la mayoría, son corridas mansas… »

Voilà ce que j’ai retenu…

Vos réactions… Je les entends déjà, « mais quid du Cid ? » Il fallut lui poser la question pour en entendre parler… Le Cid est un grand torero pour lequel JCA ne ferait pas beaucoup de kilomètres (!!!) ; il n’était pas à Bilbao pour le seul contre 6 par exemple mais il est content de le trouver dans un cartel dans lequel il va voir quelqu’un d’autre, dit-il. Pour lui, le Cid est un grand torero (celui qui comprend le mieux les victorinos – main gauche extra) mais qui ne l’émeut pas, à qui il manque un petit quelque chose pour l’exciter. Pas un mot sur Séville face aux victorinos.

Tout cela était vraiment (sans ironie) très intéressant, notamment les commentaires sur la façon de toréer ou de conduire la charge des différents toreros évoqués et les détails vers lesquels ses propos attirent mon attention. Mais aussi pour les réflexions que sa conférence suscite…

Quid des toros ? Quid des toros ? Quid des toros ?

Merci au Club Taurin de Paris d’avoir organisé cette conférence. Merci également à ceux qui y étaient et qui corrigeront, peut-être, d'éventuelles erreurs ou imprécisions.

11 octobre 2007

Las Flores del Mal


S’il y a une chose à laquelle je n’aurais jamais pensé, c’est bien celle-ci. Pouvoir exprimer un jour, sur ce blog, l’intérêt que je porte au guitariste-chanteur et pianiste Jean-Louis Murat ! Les Fleurs du Mal se sont invitées sur Campos y Ruedos, précisément au moment où Gallimard en sort, sous forme de coffret livre+disque, une nouvelle édition. En voilà une belle idée cadeau (21 €) pour fêter les 150 printemps du recueil.

Sur des mélodies inédites de Léo Ferré, l’enragé de Rochefort-Montagne et sa cuadrilla donnent à entendre les vers de Charles Baudelaire. Carlos, Leo & Juan Luis au paseo, monteras vissées sur la tête ? Un cartel unique d’écorchés vifs, un trio d’empêcheurs de tourner en rond ; « une rencontre exceptionnelle qui conjugue intensément poésie et musique », dixit l’éditeur. Mouais d’accord, mais aussi une tertulia pas triste entre l’absinthe, la clope et le vin. Ça sort aujourd’hui et ça ne devrait pas faire de mal !!!

Image À première vue, j’ai cru distinguer, dans le détail du dessin, les traits d’un buste de torero ainsi qu’un regard me rappelant celui-ci, impressionnant... Bon, ça doit être l’absinthe ! Charles & Léo : double album CD/DVD de Jean-Louis Murat, dans les bacs depuis le premier octobre (entre 15 & 18 €) © V2 Music

Les zantis


Dans la foulée du post précédent un commentaire assez remarquable que nous avait laissé en son temps un certain Tendido 69 :

Puisque les questions taurines restent avant tout (si j'ai bien retenu mes lectures de Toros) des questions de terrains et au risque de fouler celui des écrivains faciles qui aiment prendre torero et toro pour symboles de tout un attirail de concepts, j'oserais un parallèle un peu tiré par les cheveux entre l'évolution du toreo et celui du combat des anti-taurins. Après avoir vainement tenté de fouler le terrain des terres de tradition taurine, avec des manifestations éminemment marquantes comme la "marche sur la Rome francaise" à Nîmes, diverses actions aussi insignifiantes qu'anecdotiques en marge de corridas ainsi qu'un abanico d'arguments pertinents aux conséquences comparables à la gêne éprouvée par le Miura sentant un moucheron se poser sur le diamant de son pitón, les anti-taurins semblent avoir retenu la leçon de toreo suivante : sortir l'aficionado de sa querencia pour l'amener à coups de doblones diffamatoires (notez l'oxymore, le doblón n'ayant rien de péjoratif) sur le terrain médiatique, en plein centre, au vu et au su d'une opinion pas franchement concernée a priori. C'est alors que looooin de se croiser alors et d'"aguanter" un débat (qui n'a vraiment aucun, mais aucun aucun intérêt je pense) dans les règles de l'art, l'anti-taurin va s'employer alors à faire passer ses arguments fallacieux de profil, sur le voyage d'un aficionado qui ne poursuit que du vent, s'essoufle et s'épuise à se justifier et à répondre à des "cites" grossiers entre lesquels on distingue la fameuse passe du "sadisme". Celle-ci se donne comme suit : profilé et fuera de cacho (ben oui, hors-sujet, quoi), l'anti-taurin, l'air grave déploie la voilure et promène du bout (pico) de son leurre l'aficionado sur le passage de la bien pensance ambiante. La passe du "sadisme", en dehors de ces considérations purement techniques précédemment énoncées, se donne le buste droit, la mâchoire serrée et le regard (mi-humide mi-illuminé par une légitime révolte) tourné vers les gradins de l'opinion dès lors impressionnée et acquise. En d'autres termes, en usant d'effets et d'arguments faciles, l'anti-taurin torée le public (ça s'appelle je crois de la démagogie en langage normal) qu'il trompe en même temps qu'il se fout de son opposant "idéologique". Je crains que, "notre heure" venue, nous ne soyons couchés par un infâme golletazo.
Bart, querencioso...

Protectards


Nous n’avons pas pour habitude à CyR de donner trop d’écho aux protectards. Nous estimons en effet qu’il faut bien évidemment rester vigilents mais que point trop n’en faut. Un sondage commandé par le quotidien local semble confirmer que ces énergumènes n’ont pas forcément l’audience qu’ils prétendent ou même celle que certains des nôtres veulent bien leur accorder. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a pas de danger. Il suffit de se rappeler les propos récents (par là) de notre actuel Président de la République envisageant l’évolution de la corrida et quelques semaines plus tard l'évocation de son éventuelle interdiction aux moins de 16 ans pour s'en persuader. Il y a quelques jours, en fouinant dans mes archives je suis tombé là-dessus :

… / … Si à Céret tant de bons aficionados se sont ainsi éveillés à l’esthétique de la corrida et surtout si la plupart d’entre eux – je l’espère – sont devenus des « toristas » convaincus, c’est qu’ils ont été précocement sensibles à l’atmosphère même d’un « combat à mort », d’un drame qui a consacré leur afición en l’orientant dans le sens d’une robuste et exaltante émotion. C’est en effet la commotion du combat et non point seulement son pittoresque, c’est l’exécution quasi liturgique de la mort réelle du taureau et de la mort toujours virtuelle du matador qui une fois ressentie, trempe l’âme de l’aficionado et lui assigne ses exigences …/… (Extrait de Toros en Céret - Dr Henri EY)

Telle était la carte de vœux de l’ADAC en 1997, il y a tout juste dix ans, et ça n'a jamais été autant d'actualité.

10 octobre 2007

Mise au point


Rapidement après le triomphe de Juan Bautista à Madrid, un ami espagnol me donne le lien sur YouTube. Je mets en ligne, sans plus y penser. Et quoi ? Eh bien ça dérape. Oh, gentiment, ça ne va pas bien loin. Nous sommes entre gens civilisés. Mais tout de même, la machine s’emballe.
On ne le répètera jamais assez. Il est absolument impossible de se faire une idée sérieuse de ce qu’a été une faena, un toro, et encore moins une lidia que l’on aura vu uniquement par le biais de la télévision ou pire, par YouTube. Il y a bien évidemment des exceptions, comme 'Bastonito', ou Manili et ses Miura madrilènes, mais elles resteront des exceptions.
Pour le reste, j’ai eu à de nombreuses reprises la possibilité de confronter mon point de vue sur des courses vécues « pour de vrai » avec celui d’aficionados, très proches, qui en avaient été les témoins uniquement télévisuels. Le résultat est sans appel.
La vidéo ou la télévision écrasent totalement le volume d’une arène, occultent les terrains, l’occupation qui en est faite par le toro. La sauvagerie de sa caste, sa puissance, sa présence, et sont éventuelle fijeza, sont totalement minimisées, et par conséquence les mérites de celui qui s’y met devant également. Pour avoir recueilli les témoignages de ceux qui ont vu la faena de Juan Bautista je peux vous dire que l’animal, manso, allait, venait et n’avait rien d’un innocent. A mon humble avis, les seuls instants réellement mis en relief par la télévision sont les estocades et les poses des banderilles. Et encore, dans la mesure où ils sont filmés par Canal Plus ou Via Digital, avec des moyens techniques conséquents.

Cette situation est pour moi une évidence, et ce depuis très longtemps. C’est pourquoi je me suis toujours refusé à commenter une course par le biais du petit écran, exercice qui relève à mes yeux, au mieux de la plus pure fumisterie, au pire de la tromperie.
A ce propos, voici le commentaire d’un de nos lecteurs, Ludovic, posté dans le cadre de la polémique susvisée : « … J'ai écrit ce post suite à une autre intervention ailleurs où j'exprimais mon désappointement depuis quelque temps auprès des internautes d'outre-Pyrénées qui, en ce moment, sont à deux doigts de faire exploser une union jusque-là sereine autour d'un consensus tel que "por una Fiesta integra..." et ce à coups de vidéos vengeresses , laudatrices ou dénonciatrices, tournant autour du toreo ou du "destoreo" de José Tomás. Un vrai gâchis, un massacre dont doivent se régaler tous les truqueurs et vividores de la Fiesta. La découpe à la vidéo, la tertulia "youtubesque" semblent faire s'emballer certains en mettant en doute l'intégrité des opinions jusque-là respectées de chacun (je reprécise : des opinions d'aficionados toujours dans l'optique de ce canal éthique sur lequel nous sommes d'accord il me semble). La vidéo de JB sur Camposyruedos vient prouver que nous ne sommes pas non plus à l'abri de ce genre d'excitations. »

Je ne peux qu’acquiescer, et il est une évidence que la toute petite polémique née de la mise en ligne de la vidéo de Juan Bautista me fera envisager l’avenir avec beaucoup de prudence quant à la mise en avant de ce style… « d’information ».

Dans le même ordre d’idée, je reviendrai rapidement sur la question plus spécifique de la photographie taurine qui évoque plus qu’elle ne démontre.

Ichliebedax...

Après avoir fait un tour chez nos amis les British en redécouvrant leurs taureaux blancs de Chillingham, voici venu le temps de se rendre maintenant chez nos sympathiques voisins d'outre-Rhin en remontant quelque peu le temps. Cet homme vêtu d'un rouge si discret est inconnu en France (du moins je le suppose) et pourtant... pourtant c'est lui, oui lui, qui est l'origine de ce truc qui remplit actuellement les stades de rugby, qui ponctue chaque année la grande Féria de Dax sur l'Adour... J'ai nommé... le "Vino Griego". C'est tellement bien cette chanson que même l'équipe de rugby de Bayonne en a fait son hymne mais, me direz-vous, que ne feraient pas les Basques bayonnais pour être originaux ? C'est bien connu, à Bayonne et "nulle place ailleurs" comme on pouvait le lire il y a quelques années. Ce "Vino Griego", gage de frisson garanti lors de chaque final de corrida qui ponctue la Féria de la seconde ville taurine du Cosmos (Dax pour ceux qui ne le sauraient pas encore... après Nîmes of course), indispensable accompagnement cuivré des fêtes de notre Sud-Ouest (je ne sais franchement pas ce qu'il en est dans le Sud-Est), ce "Vino Griego" donc est une oeuvre teutonne à la légereté à peu près équivalente à l'épaisseur de la mousse de leurs bières... Imaginez vous qui ne connaissez pas... Alors, pour tous nos amis dacquois, pour que le frisson demeure intact, pour que vos toros soient toujours les meilleurs, voici notre dédicace spéciale... et en plus, le monsieur est gentil, il s'est habillé comme chez vous... Ça devait être un signe !

Bucaré sur Terre de toros

La présentation détaillée de l'élevage de Javier Buendía Ramírez, auquel nous avons consacré une galerie il y a quelques mois, est désormais en ligne sur le site Terre de toros. C'est ici. Bonne lecture.

09 octobre 2007

Coquilla de Sánchez-Arjona


Les lecteurs continuent de nous envoyer des photos...
Celle-ci a été prise en juillet 2007 dans les arènes du Plumaçon à Mont-de-Marsan par Laurent Larroque au cours de la novillada matinale. Ce jour-là, 6 novillos de Coquilla de Sánchez-Arjona furent combattus et vendirent chèrement leur peau. Sur la photographie, il s'agit du 5ème exemplaire qui désarçonna et blessa légèrement Anderson Murillo. Le lot de novillos et ce 5ème exemplaire en particulier ont reçu le prix de l'authenticité 2007 de la peña Escalier 6 de Mont-de-Marsan.

>>> Vous pouvez découvrir d'autres photographies de Laurent Larroque sur son blog http://photaurine.blogspot.com/index.html.

08 octobre 2007

Pour au moins s'en faire un semblant d'idée...


... car il serait bien prétentieux de prétendre juger un toro et un torero à la télé, ou pire, sur une vidéo. Mais bon, à défaut de grives... Ah oui, il s'agit de Juan Bautista ce week-end à Madrid avec un Puerto de San Lorenzo et deux oreilles à la clef... Y'a pas que le rugby m'enfin !

"So british"... Taureaux de Chillingham


C'est en cherchant que l'on trouve... ce que l'on ne cherche pas ! En parcourant d'anciens numéros de la revue Toros dans l'espoir d'y déceler deux ou trois informations sur un encaste de toro de combat, je suis tombé sur cette photographie dont la revue ne mentionne malheureusement pas l'auteur. Ces taureaux blancs aux pattes noires (celui de droite), au berceau large et au ventre plein n'ont rein à voir avec le toro de combat. Ils sont english et vivaient à l'état sauvage dans le Northumberland anglais dans le parc de Chillingham, d'où leur nom de Wild cattle Chillingham. D'après Jean-Pierre Fabaron (l'auteur de l'article dans Toros), cette race de bovins existait dans cette région depuis le XIII° siècle et était même chassée par l'aristocratie locale. Il ajoute que personne ne connaît leur origine exacte puisqu'une étude d'un certain Dr. Hall précise que ces belles bêtes blanches (toutes) ont un groupe sanguin différent de tous les bovins de l'ouest européen. Que reste-t-il aujourd'hui des ces animaux ? L'article mentionne qu'en 1967 un petit troupeau fut constitué en Ecosse afin de sauvegarder cette race sauvage entretenue depuis 1939 par la Chillingham wild cattle association. Espérons que le travail entrepris en 1967 continue de nos jours et que ces survivants broutent encore l'herbe grasse du nord de l'Angleterre...

Revue Toros, n° 1222, 11 mars 1984, "Taureaux sauvages de Chillingham", Jean-Pierre Fabaron, pages 10-11.

La Flor del Mal


Para que Manon pueda leer la obra de Baudelaire, hay que empezar facilmente con un texto corto, que alude a España y con una imagen que lo resume todo. Como lo podéis ver, yo comparto con el poeta francés del siglo 19 alguno gusto por la obsesión... :-)

Lola de Valence
Entre tant de beautés que partout on peut voir,
Je comprends bien, amis, que le désir balance ;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir

Sin embargo... este cuarteto refiere a otra obra artística : este cuadro de Manet de 1862.

07 octobre 2007

Une fois (ou deux) n'est pas coutume

Comme vous l'aurez sans doute noté, c'est au protagoniste principal de la Fiesta, à savoir le toro, que nous donnons ici toute la place qu'il mérite, et il n'est pas vraiment dans le style de la maison de s'extasier sur les passes données au kilomètre par les soi-disant figures de l'escalafón.

Ceci étant rappelé, et je pense pouvoir parler également au nom de mes chers collègues de Campos y Ruedos, nous savons aussi apprécier à sa juste valeur le talent de toreros qui incarnent à nos yeux l'orthodoxie, la pureté et la vérité du toreo. D'où la place réservée à des diestros comme César Rincón ou El Cid.

Or même si José María Manzanares hijo est encore loin d'avoir fait toutes ses preuves avec tous les toros, force est de reconnaître qu'il fait partie de ces jeunes espoirs susceptibles de nous apporter l'émotion du toreo vrai, par l'exécution d'une tauromachie ultraclassique et élégante, non dépourvue d'un grand sens de la lidia.

Alors ne boudons pas notre plaisir, sans néanmoins renier nos convictions et nos exigences. A ce titre, il est à noter que, malheureusement, c'est essentiellement dans les grandes arènes (Madrid, Séville, Bilbao) que l'on pourra véritablement apprécier les talents du jeune homme face à un toro digne, seul à même de procurer les émotions de la corrida véritable.

Après Solysombra et Manon, je sors donc du bois (ou de l'armoire, comme on dit apparamment en Espagne), et vous poste ci-dessus quelques photos évidemment loin du niveau du grand photographe madrilène. Vous pouvez les voir en pleine résolution en cliquant (on se répète...).

José María Manzanares



Tiens, c’est vrai. Je n’en n’avais jamais parlé ici… Nous n’avons de toute façon aucune prétention à l’exhaustivité, et peut-être, le fait de ne pas avoir de cliché à vous présenter aurait pu faire passer cette chose dans les oubliettes de nos souvenirs. Quoi qu’il en soit, il serait regrettable en cette fin de temporada de ne pas y revenir. Et c’est notre ami Manon qui nous en donne l’opportunité.
C’était un jour de mai, à Madrid, en pleine féria de San Isidro. Ce jour là est sorti un encierro sérieusement présenté, mais quasiment pas piqué. Je le précise encore, bien qu’aujourd’hui tout le monde s’en moque. J’en veux pour preuve que ledit encierro a même été désigné comme la meilleure corrida de la féria sans que personne ne s’en offusque. Il y a encore peu, pareille distinction aurait fait naître un début de polémique. Mais aujourd’hui, tout le monde, absolument tout le monde s’en fout. Cette même après-midi, le Juli, d’une insondable vulgarité a été déclaré triomphateur de la féria, pour une faena à un toro absolument pas piqué, soso. Mais il s’est enfermé dans les pitones dudit toro… Passons sur les détails de cette faena historique !
Nous sommes quelques-uns a nous être émus, tout de même, pour autre chose, et à double titre. D’abord parce que nous avons vu un vrai toro, encasté, puissant et fortement piqué en deux rencontres qui auraient même dû être trois… Cela peut ne paraître rien, mais je vous assure que par les temps qui courent ça relève presque d’une rencontre du troisième type. Ah… oui… le toro, le vrai toro, c’était un Victoriano del Río, comme le reste de la course d’ailleurs.
Et face à ce toro, un torerazo (en tout cas ce jour-là) José María Manzanares… Manon y revient donc, et en profite pour officialiser et sortir de l'ombre la création d’un club taurin clandestin, qui fut fondé en tout début de temporada : la Peña Clandestina pro Manzanita. Ne me demandez pas plus de détails sur ce cercle très fermé. Je ne suis pas autorisé à vous en dévoiler quoi que ce soit… simplement vous dire qu’il a été fondé par Manon, très rapidement suivi par un Français que je connais très bien, et tout ça sur la base des prestations dudit Manzanita. Et pour emboîter le pas de Manon, disons qu’il ne nous reste plus qu’à souhaiter à son torero un prompt rétablissement pour profiter encore d’une conception du toreo qui ne passe peut-être pas bien à la télévision mais qui a enchanté, et à plusieurs reprises, plusieurs aficionados qui ont eu le bonheur d’en être les témoins. Les photos de ce post proviennent évidement du blog de Manon.

PS Inutile de prétendre postuler pour faire partie de la peña clandestine des pro Manzanita, aucun nouveau membre ne sera accepté. Manon est extrêment pointilleux sur l'aspect minimaliste de ce cercle...

06 octobre 2007

Sentiments aficionados


En ces temps où l'on voudrait nous empêcher d'élever nos enfants librement, où l'on voudrait interdire les pères ou grands-pères de vivre des moments privilégiés de complicité et de bonheur avec leurs enfants ou petits-enfants, juste cette photo en hommage à l'afición catalane française qui non seulement résiste à la poussée protectarde voisine, mais milite en outre pour une corrida authentique.
Je suis bien conscient que la tauromachie se bouffe elle-même de l'intérieur, et qu'il est malheureusement à craindre que le legs que nous laisserons en partage ne sera pas forcément très beau à voir. C'est la raison pour laquelle nous nous étendons davantage ici sur les dysfonctionnements de l'intérieur, plutôt que sur les menées abolitionnistes. Mais que l'on vienne me dire ce qui est bon ou non pour l'éducation de ma progéniture, ça dépasse les bornes. Le tout sous les bons auspices d'un soi-disant spécialiste de l'enfance, prêt à nous débiter un tissus d'âneries pour la "bonne cause", et aussitôt contredit par ses confrères.
Espérons que nous verrons encore longtemps de jeunes trombines réjouies, comme celle de ce jeune aficionado cérétan, dans les ruedos de France et de Navarre.


NB : Marc Delon m'excusera d'avoir emprunté pour ce texte le titre de son ouvrage.

05 octobre 2007

Crouser... enfin !


Ça y est ! Je viens d’avoir Catherine au téléphone. Et nous pouvons vous annoncer que la boutique des Passionnés a fini par remonter la filière et sera en mesure de distribuer le livre de Michael Crouser. A quelques mois de Noël voici une nouvelle très intéressante.

Vous pouvez d’ores et déjà contacter la boutique pour passer commande. A votre place je ne perdrai pas trop de temps…

Lien utile : Los Toros.

Afición à Zaragoza


Nous ne dirons jamais ici tout le bien que nous pensons du travail effectué par l'association culturelle La Cabaña Brava de Zaragoza. Un travail bénévole, de grande qualité, accompli par de jeunes aficionados indépendants mettant à la disposition de tous le fruit de leur passion pour la Fiesta Brava.
Le lecture de leur profession de foi vous donnera une idée des raisons pour lesquelles nous nous sentons, bien modestement, si proches de leurs convictions et de leurs idéaux.
Le 26ème numéro de la revue que l'association publie gratuitement sur son site vient d'être mis en ligne et, comme à l'accoutumée, je vous en conseille vivement la lecture. Vous y découvrirez notamment un article relatif aux avancées du collectif "Manifiesto de aficionados por una fiesta íntegra, auténtica y justa", qui mène un combat à la pointe duquel se positionne La Cabaña Brava. Vous pourrez également y lire une enquête consacrée à la blogosphère taurine, dans le cadre de laquelle il est question de notre blog, ce dont bien sûr nous nous sentons extrêmement flattés. N'en déplaise à certains (et ils sont manifestement nombreux, pour des raisons diverses et variées souvent peu avouables), les nouvelles technologies permettent aux aficionados d'investir un champ de liberté jusqu'alors inédit.
Ne manquez pas non plus de profiter de votre passage sur le site de l'association pour y voir les photographies prises par Emilio des erales de la ganadería La Bomba (origine Nicasio Casas par José María Arnillas, de pure casta Navarra). A la fin du paseíllo, la "Plataforma de Aficicionados de Zaragoza" rendra hommage à Jesús Fraguas, propriétaire du fer de La Bomba, décédé au mois de mai des suites des blessures que lui a infligé un toro de son élevage dans sa finca de Villafranca. Ceux qui le peuvent auront tout intérêt à se rendre à cette course qui promet d'être fort originale et intéressante ; on ne vous promet pas de voir des derechazos à la pelle, mais ça risque fort de bouger !

César chez Pablo


Vous le savez, César Rincón a tué sa dernière corrida en France à Nîmes à l’occasion de la féria des Vendanges. Curieusement, et à l’exception d’une médaille de la ville remise, à la va-vite après le paseo, rien n’a été fait pour rendre hommage au Colombien.
Seule l’association Les Amis de Pablo Romero s’est montrée à la hauteur du bonhomme en organisant ce dont vous avez déjà eu écho ici.
Voici le texte lu à cette occasion par Gilles Gal, une des têtes pensantes de ladite association.

Dimanche 16 septembre 2007

REMERCIEMENTS
J.-C. Roux pour la conquête des photos auprès de Botán et les premiers contacts avec le maestro. Les photographes François Bruschet et Michel Volle, Botán et tous ceux du Club qui ce sont investis pour l’événement.

Maestro,

Bienvenu chez nous, bienvenu à la bodega « Les Amis de Pablo Romero ».
J’aime dire de nous que nous sommes une bande de fous, de « locos » pour avoir osé faire tout ce qu’on a fait jusqu’à aujourd’hui.

Et de vous, que dire de vous en quelques mots ?
En quelques mots : amour, tendresse, famille, passion de la vie, respect, tolérance, maîtrise, amour du travail, rigueur, courage, sincérité, optimisme, afición a los toros, intelligence... Intelligence ?

Ne fallait-il pas être un peu fou pour faire ce que vous avez fait les 21 et 22 mai 1991 à Madrid ?
Vous voilà après une belle saison 1990 mais dans un relatif anonymat, enfin programmé à Madrid pour la San Isidro.
Rendez-vous est pris : le 21 mai 1991 (première réapparition à Las Ventas depuis votre confirmation de 1984) et c’est le triomphe, vous coupez 2 oreilles au toro 'Santanerito' de Baltasar Ibán et sortez par la Puerta Grande.
Joaquín Vidal titrera dans El País : « César Rincón sube a los cielos ».

Le soir même on vous propose de remplacer un torero blessé pour la course du lendemain… Que fallait-il faire ? Accepter la proposition au risque d’un possible échec qui viendrait alors ternir le triomphe de la veille ? La refuser et conserver alors l’acquis du triomphe ? César Rincón double la mise et accepte.

Vous restez à Madrid et affrontez le 22 mai 91 les toros de Murteira Grave aux cotés de Ruiz Miguel et Espartaco à Las Ventas. C’est le quitte ou double. Madrid bouillonne... J’imagine l’ambiance à La Venencia à la uno y media de la tarde. Et c’est à nouveau le triomphe, 2éme Grande Porte en 24 heures.
Joaquín Vidal titrera : « Rinconistas a tope » (Rinconistes à fond).

Madrid vous propose alors, et cela semble normal, le cartel de la Beneficencia. En mano a mano avec Ortega Cano face a un lot de Samuel Flores.
Cette corrida est passée à l’histoire de la tauromachie. Vous sortez tous les deux a hombros avec le ganadero. C’est votre 3éme Grande Porte consécutive.
Le titre de Joaquín Vidal ? : « Memorable ».

C’était le 6 juin 1991. 16 jours ont passé depuis le 21 mai où bon nombre d’aficionados allaient aux arènes en se disant « ¿César Rincón?... Ah sí, pero... ¿Dónde?... Veramos... »

Dans un relatif anonymat, le 21 mai, voilà César Rincón à l’Olympe de la tauromachie le 16 juin.

Un peu moins de 4 mois plus tard, nouveau rendez-vous à Madrid pour la Feria de Otoño pour une corrida de João Moura aux côtés de votre témoin d’alternative J. M. Manzanares. Et… nouveau triomphe ! Vous sortez pour la quatrième fois consécutive par la Grande Porte de Las Ventas. C’est la grande émotion, énorme.
Joaquín Vidal titre : « La gran conmoción » et conclut sa reseña en disant de vous « Es el que tiene el toreo puro ».

César Rincón devient César de Madrid, à jamais.

1991 est votre année, l’année CESAR RINCON !

Cette même année, vous triomphez également à Mexico et vous vous présentez en France (à Palavas le 30 juin 1991) puis à Nimes le 22 septembre en mano a mano avec Joselito face à des toros de Samuel Flores.

Les années qui suivront seront un peu plus classiques pour un torero reconnu par tous comme l’un des plus grands. Vous êtes présents dans presque tous les férias, en Espagne, en Amérique du Sud et bien entendu, chez nous en France.

L’année 1992 sera la plus chargée de toute avec 83 paseos.

L’année 1994 sera marquée par le combat d’un homme et d’un toro, César Rincon et 'Bastonito', toro exceptionnel de Baltasar Ibán, à Madrid le 7 juin 1994.
Ce combat est dans toutes les mémoires. Les présents ont encore le pellizco.
Javier Villán, le chroniqueur du quotidien El Mundo, avait titré sa reseña : « Le triomphe du vaincu ».

Le reste ne se raconte pas, sauf sous la plume talentueuse d’un autre maestro : Joaquín Vidal.

Le 29 mai 1995, nouveau triomphe à Madrid. 2 oreilles à un toro d’Astolfi. C’est votre 5ème Puerta Grande.

L’année 2003 sera l’année du retour en bonne santé du Maestro César Rincón après 2 années d’absence pour raison de santé. Tout le monde s’en réjouit.

Comme on dit, en ce moment de Coupe du Monde, César Rincón monte en puissance au fil de son retour, pour triompher en fin de temporada chez nous, à Nîmes le 19 septembre 2003 face des Samuel Flores.

Le 23 avril 2004, il triomphe à Séville. Un triomphe très important pour la carrière du Maestro face au public sévillan qui jusque-là l’attendait…
Voilà : Séville : c’est fait !
Cette même année, il triomphe chez nous à deux reprises, le 29 février et le 18 septembre.

Le 19 mai 2005, Madrid. Nouveau succès. Ce sera sa 6éme et dernière Grande Porte à Las Ventas (toros d'Alcurrucén aux côtés d’El Cid et El Gallo).

Cette année 2007, le 24 avril, le jour de votre despedida, vous triomphez une nouvelle fois à Séville qui vous acclame.

Aujourd’hui Maestro, c’est à notre tour : vous nous faites aujourd’hui vos adieux…
Vos adieux de torero ; à Nîmes, à l’afición nîmoise mais quelque part, en cette fin de temporada, au public français tout entier. Et nous sommes nostalgiques...

Vous étiez et resterez un des toreros préférés du public français, le torero des aficionados.
Pour vos prestations toujours sérieuses et sincères, données dans toutes les plazas, sans faire de détails. Peu importe la catégorie, quand César Rincón est engagé, il fait son métier consciencieusement, du mieux possible, donne tout, paye comptant, con vergüenza !
Vous vous êtes toujours livré, engagé, toréant en respectant les fondamentaux que nous aimons, en respectant le toro, en nous faisant voir le toro, en lui donnant l’avantage, la distance….
Que vos "cites" de loin vont nous manquer ! Mais rassurez-nous, nous ne sommes pas prêts de les oublier. Votre toreo, « à la vergüenza torera incarnée » pour reprendre François, restera dans nos mémoires et serviront à jamais de référence.

Tout le public français à cette expression en parlant de vous « César Rincón paye comptant».
Et cela a payé ! Et c’est tant mieux !
Pour vos triomphes à Dax, Mont-de-Marsan, Bayonne, Vic-Fezensac (on se souvient d’un toro de Rocío de la Cámara), Arles, Nîmes, vous êtes et resterez le torero des aficionados français, quelque part... Le César de France !

A Nîmes, vous aurez toréé à 23 reprises, tuant 14 toros de Samuel Flores aux présentations le plus souvent dignes d’une arène de 1ère bien que Nîmes n'en soit pas une.

Maestro merci, merci pour tout ce que vous avez donné à l’afición, merci pour votre sincérité, pour votre sens de la lidia, pour l’amour que vous portez au toro et au respect que vous avez toujours eu envers les aficionados.

J’ai relevé une phrase dans une de vos interviews, que je voudrais rappeler ici chez nous à la bodega : « Pero insisto que el toro es el rey de nuestra fiesta brava ».

Maestro César Rincón, nous voulons vous dire merci et bravo, nous voulons saluer votre courage pour avoir comme vous l’avez fait, affronter le danger et combattu avec la plus grande sincérité, en payant comptant à chaque course, subi les douleurs de la blessure, affronté la maladie qui vous a fait souffrir et éloigné des ruedos pendant de trop longues années. A chaque fois vous avez eu la force d’affronter, de tenir, de croire, pour revenir... toujours avec l’envie, le respect, la sincérité, et votre sourire… dévoreur d’envie de vivre.

Nous vous souhaitons d’être heureux longtemps dans votre nouvelle vie qui commencera à la fin de cette temporada, de cette carrière exceptionnelle, mais vous nous manquerez.