27 février 2010

26 février 2010

Araúz de Robles sur Terredetoros.com


Chez Araúz de Robles, il y a un soleil radieux et juste ce qu'il faut d'eau, des hautes herbes et des fleurs de toutes les couleurs qui caressent les ventres et les museaux.
Chez Araúz de Robles, il y a des arbres et un peu de vent qui donnent de l'ombre et de l'air quand il fait trop chaud.
Chez Araúz de Robles, il y a Francisco Javier, un ganadero qui élève des toros si magnifiquement présentés et aux origines si alambiquées, que même notre fondu de généalogie taurine en a perdu les papiers !
Chez Araúz de Robles, il y a aussi d'étonnantes bêtes barrosas... sans fundas !!!

De chez Araúz de Robles, près de La Carolina (Jaén), les visiteurs en repartiraient avec le sentiment étrange que des fées se sont penchées sur ce coin de campo.

En attendant la galerie — patience —, retrouvez la fiche de l'élevage sur Terredetoros.com.

Image Le jour où cet élevage, "trésor génétique au même titre que Miura et Pablo Romero", dixit Thomas Thuriès, se retrouvera en difficulté, espérons seulement que l'Afición a los toros saura réagir... © Jérôme 'El Batacazo' Pradet/Camposyruedos

24 février 2010

Arzacq, 28 février 2010


C’est au profit des sinistrés d’Haïti que se déroulera le festival d’Arzacq. Rappelons qu’il aura lieu le 28 février à 16h30.

Au cartel 2 novillos de Jalabert et 3 de Gallon pour Stéphane Fernández Meca qui a repris l’entraînement, Francisco Marco actuellement au Venezuela, Julien Lescarret qui prépare ce rendez-vous en Espagne, Alberto Aguilar qui fera son retour après un an d’absence et Mathieu Guillon qui avait coupé 2 oreilles l'an dernier. Le 6ème sera destiné au meilleur jeune de la tienta matinale. Il s’agit d’un eral de Casanueva, un élevage d’origine Gallon qui fera sa présentation à cette occasion.

Ce festival est organisé par le Club taurin Joseph Peyré de Pau.
Tarifs Arzacq / Tienta : gratuite ; casse-croûte : 2 € ; barrera : 38 € ; tendido : 28 € ; tendido haut : 22 € ; repas : 18 €.

Réservation au 05 59 04 58 83 ou par e-mail : contact@clubtaurinpau.com / Billets à retirer avant 16h au guichet "réservation" des arènes.

23 février 2010

Meurent les civilisations (IV)


Erratum sous forme de mea culpa. On en perd son latin !
Reprenant une annonce lue sur un blog espagnol, j'avais rapidement annoncé dans un précédent post que la ganadería de Hernández Pla était à l'agonie et perdue. Or, par souci d'être plus précisement au fait de cette nouvelle, nous avons décidé, mais trop tard, de joindre par téléphone le ganadero Ignacio Huelva, propriétaire du fer (annoncé aujourd'hui San Martín-Hernández Pla). Celui-ci a démenti la mort d'Hernández Pla tout en avouant qu'il avait en effet envoyé de nombreuses vaches de desechos de ce fer au matadero. L'éleveur déclare conserver tous ses fers et le bétail qui va avec. Selon ses dires, l'élevage qui souffre le plus actuellement est celui de Pérez de la Concha qui a vu de très nombreuses mères partir à l'abattoir, réduisant le troupeau à une peau de chagrin.
Mea culpa donc, les toros de Hernández Pla sont toujours en vie selon son éleveur... Qu'ils le restent longtemps.

Meurent les civilisations (III)


Il n’a échappé à personne que nous ne défendons pas la même tauromachie que celle incessamment mise en avant par la grande majorité des médias taurins, fussent-ils espagnols ou français. Il s’agit d’être limpide sur les termes employés. Eux écrivent "spectacle taurin" quand nous espérons assister, en toute logique nous semble-t-il, à une "corrida de toros". Cela peut paraître peu mais la différence entre les deux est abyssale car elle met en jeu et en balance les premier et deuxième tiers et met également en lumière une dichotomie de conception concernant le troisième. Le débat ne date pas de février 2010, la tauromachie a toujours suivi le cours de l’évolution de nos sociétés, de nos modes de pensée et de fonctionnement. Et elle a toujours porté en elle non pas une voix passéiste et arcboutée sur des principes rigides (ce que voudraient faire croire la soi-disant critique actuelle) mais un esprit de résistance salutaire pour ne pas que la corrida de toros devienne une singerie grotesque, malsaine et dénuée de sens. Il ne faut pas chercher bien loin pour donner les exemples de cette résistance nécessaire qui a permis tout au long du XXème siècle de sauver, parfois, les bribes qui pouvaient encore l’être.
Citons, pour rester dans les références françaises, ces phrases du Tío Pepe prononcées lors d’une tertulia en 1968 à Vic-Fezensac : "Or, la lidia disparaît, parce qu’elle n’est plus nécessaire. Depuis que le toro a perdu cette bravoure sauvage, cette impétuosité fracassante qui en faisait un objet de terreur et d’admiration mêlées, il n’est plus obligatoire de le réduire : il est réduit d’avance. […] Et vous comprenez bien que si la faena est toujours la même, c’est parce que le toro aussi est toujours le même." (Les tertulias de Tío Pepe, éditions Cairn, 2009)
1968 !
Le XXème siècle a formaté le toro et la lidia. Le XXIème siècle (mais le phénomène a évidemment été entamé au XXème siècle) achève d’uniformiser le grand public en globalisant ses goûts. Etre de Madrid, Bilbao, Séville ou Cadalso de los Vidrios n’a plus aucun sens. Toro unique, lidia unique, public unique ! Conséquence unique : une préscience (si tant est que l’on puisse utiliser le mot de science au regard de la connaissance minimale que porte en lui le grand public) de la corrida aux antipodes de ce qu’elle porte en elle, l’inconnu. La seule préscience de la corrida est la mort !
Février 2010. Atanasio est déjà enterré. Pablo Romero agonise. Pedrajas se noie peu à peu. Veragua a le teint pâle. Saltillo vivote. Jijón est devenu légende (et Montalvo va exterminer ses derniers berrendos). Les Navarrais courent encore un peu dans les rues de Navarre et d’Aragón. Concha y Sierra n’est plus qu’un musée. Et Santa Coloma s’autorégule aux longs des hivers qui passent. Ne resteront bientôt que les nobles Ana Romero élevés pour les diestros ou les sympathiques La Quinta demandés par le Juli (Le geste !). Une pointe de Flor de Jara pour relever la sauce et le reste ? Sánchez-Fabrés est sous respiration artificielle, Sánchez-Arjona a depuis longtemps anticipé en achetant du Domecq, les Dionisio ne sortent plus qu’en non piquée, Fraile n’est que l’ombre de lui-même et Hernández Pla, irrégulier mais toro-toro, crève en février 2010.
Les jeunes qui entrent en afición ne connaîtront pas tous ces toros qui ont fait l’histoire de la tauromachie et qui ont également porté, avec leurs logiques irrégularités, l’esprit de résistance à sa globalisation. Ces jeunes pour lesquels certains s'inquiètent que les "extrémistes" ne leur brouillent l'esprit (en utilisant Internet pour oser donner leur avis) n'auront pas, pour le coup, l'occasion de mesurer l'intérêt de ce que nous défendons : la diversité et l'incertitude de la corrida de toros. Leur grille de lecture en sera faussée.
Si meurent en si grand nombre les noms qui ont animé certaines de nos journées, l’anathème ne peut en être jeté sur cette frange de l’afición qui s’est battue et se bat parfois encore pour que la corrida de toros soit et reste une corrida de TOROS. Idéaliser (pour reprendre une critique de l'inénarrable dans un édito récent) le toro est une obligation ontologique pour l’aficionado, en fonder une critique (une fois la course achevée et dans le bon sens du terme critique) est une obligation intellectuelle.

Ces élevages meurent surtout de n’être pas du goût de cette globalisation abêtissante de la tauromachie qu’incantent les nouveaux penseurs du spectacle taurin mais non de la corrida de toros. On a les cerveaux qu’on mérite !
Pourtant, face à cette vague de morts annoncées et d’argumentaires spécieux où sont montrés du doigt les "Ayatollahs", émerge parfois la noticia qui revigore.
Depuis la mort d’Antonio Peláez Lamamié de Clairac, il se murmurait au Campo Charro que les héritiers avaient mis en vente la ganadería. Une annonce discrète sur Internet en faisait même état. Et l’on disait, sans pourtant verser nos larmes de crocodiles comme le pensent certains porte-plumes écervelés, qu’un autre allait disparaître. Encore un ! A priori, et si l’on en croît le blog Objetivo: El Toro, il n’en est rien et l’élevage aurait même deux corridas de toros préparées pour 2010. Souhaitons que la nouvelle ganadera, Marta Peláez, conserve intacte son afición (il lui en faudra) pour que survivent les Gamero Cívico puros de Salamanque.

Photographies Un hernández pla au campo en 2007 & Un clairac au campo en 2007 © Laurent Larrieu/Camposyruedos

22 février 2010

Hernández Pla au panthéon ganadero


La nouvelle est tombée, l'air de rien, via le blog, vendredi soir dernier. En nous l'apprenant de la sorte, Laurent avait simplement souhaité nous prémunir du choc, ne pas nous accabler ; l'émotion serait moins vive, plus diffuse — agir avec tact, comme il convient envers les amis.

Et puis il y avait cette délicate attention, sous la forme d'un superbe semental Coquilla de Mariano Cifuentes, qui voulait nous dire qu'il ne fallait pas désespérer, que Santa Coloma, même privé d'un de ses élevages emblématiques, ne devait pas être enterré trop vite.

Élevage porte-drapeau alors même que des décennies de sélection consciencieusement menées avaient bel et bien fini par façonner un toro reconnaissable entre tous, afin que nous n'ayons plus d'autre choix que de l'appeler par son nom : un hernández pla.

Sonné, j'ai encaissé le coup en serrant les mâchoires ; « la hache » à la devise tricolore figurant parmi les ganaderías fétiches qui nourrirent sans relâche mes rêves de jeune aficionado — celui qui s'imaginait en selle à « Soto Gutiérrez » veillant sur un lot d'estampes cárdenas prévu pour Las Ventas.

JotaC aussi a accusé l'uppercut ; pour sûr qu'il était rudement en colère. Et triste. Il n'est, pour s'en convaincre, qu'à lire son message — un drôle de requiem — que j'ai souhaité vous faire partager, histoire peut-être de soulager des cœurs aficionados peinés de voir ces toros partir... à la dérive.


Si les toros de Hernández Pla disparaissent, j'arrête la tauromachie... Non ! Sans dec', là je crois que je vais vraiment pleurer. Putain de putain !!! La vie est une chienne avec un collier à clous retournés autour du cou. Le Jarama, la sablière, la noria de camions, le campo le plus moche du monde — Ciempozuelos —, l'humidité et le brouillard et... les toros.
Ces toros au regard souligné de rimmel, aux cornes fines comme des lames de Tolède, au caractère trempé dans l'acier des tempêtes.
Hernández Pla, bordel ! Je n'irai plus aux arènes.
Hernández Pla, la photo de David Cordero avec ce pauvre Aurelio García qui fait un soleil accroché à l'encolure de 'Quick' — quel bordel en piste ce jour-là ! Pas un mais quatre ou cinq batacazos, des chevaux abandonnés, seuls, sans cavaliers. Bonijol et Esplá pour sauver les montures ; Anderson Murillo qui fait dans son froc. Et nous tous, le cœur aussi Céret que les fesses.
Hernández Pla, bordel ! C'est la fin du monde.
Celui qui a vu cette course se la rappellera toute sa vie. Pauvre Serafín qui maudissait ses « putains de toros » à chaque phrase. Et plus il les insultait, plus on sentait le respect qu'il leur portait. Pauvre Serafín, pauvre Hernández Tabernilla… Pauvres cons qui ne savent pas s'entendre lors des successions ! Pauvre de nous, qui y perdrons notre âme…
Ne me parlez plus de José Tomás ou de qui que ce soit d'autre. Tant que les figuras n'affronteront pas ce type de toros, elles resteront des novilleros de seconde zone, des « danseuses de cabaret » et rien d’autre. Demandez plutôt à Manuel Jesús, il vous racontera 'Guitarrero', il vous racontera San Isidro 2002, le fracas dans le peto, le canasson au tapis, le boucan des gradins et la vuelta posthume. C’était hier.
Les mecs, je déconne pas, je sens que je vais faire une bétise. Tiens, je vais bouffer un cheval, un bourin, un gros, un tout entier, avec la selle et les harnais, et les sacoches… Je n’ai rien contre les carnes, c’est juste pour passer mes nerfs. Vengeance ! Sus à la société Horsebull ! Du horse, du horse, du horse… ça va ! Maintenant, on a les boules…
Je vais faire ça, sinon je pleure. Je préfère bouffer Rocinante. Il n’y a plus de plaza pour Don Quichotte.

JotaC


Images Evoqué par JotaC, un batacazo dantesque lors de la tarde du 11 juillet 2004 à Céret. 2004 (voire 2005), année où furent combattus les derniers toros de l'ère José Antonio Hernández Tabernilla. Après… © David Cordero 'Guitarrero', honoré d'une vuelta al ruedo le 12 mai 2002 à Las Ventas : un exemplaire typique de l'ère José Antonio Hernández Tabernilla. Après… © Juan 'Manon' Pelegrín

21 février 2010

"Viaje a los toros de San Fermín"


C'est en lisant le blog de notre compañero Mariano Pascal, Feria del Toro, que j'ai découvert ça. Ça plaira certainement à tous ceux qui vont faire un tour (et des tournées) du côté de Pamplona chaque année entre le 6 et le 14 juillet. Patxi Arrizabalaga a décidé de se lancer dans une virée un peu particulière : faire la visite de toutes les ganaderías annoncées pour la San Fermín 2010. Autant vous dire que même s'il ne part pas à la rencontre d'élevages très novateurs pour le corpus navarrais (la Casa de Misericordia n'est pas connue pour son esprit ouvert à ce sujet), ce Monsieur risque fort de croiser du pitón, de la viande et quelques fundas, malheureusement.

Bonne visite à tous et bonne lecture car M. Patxi a décidé de raconter ses aventures sur la toile : Toros y Sanfermines.

Il se murmure, de la bouche même de l'éleveur, que Patxi Arrizabalaga sera contraint d'étendre ses aventures camperas au Portugal en 2013 pour aller visiter la ganadería de João Folque de Mendoça qui annonce sa présence à Pamplona cette année-là (dans un entretien accordé à Aplausos).

Photographie Un toro de Pamplona, Conde de la Corte en 2008 © Laurent Larrieu/Camposyruedos

19 février 2010

Coquilla sur Toile


Naissance d'un nouveau blog consacré aux toros et plus particulièrement à l'encaste Coquilla à travers l'élevage de Mariano Cifuentes.
En effet, Mariano Cifuentes élève des Coquilla pure souche tout droit venus du "Raboso". Ses produits ont été lidiés en non piquée en novembre 2009 à Saint-Sever lors de la semaine taurino-culturelle de la Peña Jeune Afición.
Une bonne nouvelle dans le fouillis de noticias moins trépidantes de cet hiver pluvieux, avec, entre autres, l'annonce plus ou moins officielle de la fin des Buendía de Hernández Pla (propriété de Ignacio Huelva). Longue vie aux Coquilla donc. Le blog de Mariano Cifuentes, c'est par ici : Mariano Cifuentes.

Photographie Un semental de Mariano Cifuentes © Blog "Los coquillas de Cifuentes"

18 février 2010

D'un bout à l'autre


L'extrémisme est un vice ; d'ailleurs, on est jamais extrémiste soi-même. Les extrémistes, c'est toujours les autres, car, par définition, est extrême ce qui n'est pas modéré. "Les extrêmes sont les bouts des fins, les termes des choses" disait Nicole Oresme. La modération étant, elle, bien au milieu, sur le très fameux juste milieu. La vertu, quoi.
Et comme tout ce qui est extrême ne cesse jamais de l'être, les extrêmes finissent fatalement par se rejoindre... Autrement dit, "les extrêmes se touchent".
Le vice de l'extrême qui s'émancipe dans l'exagération des choses, donne dans l'excès pour en éviter un autre. Voilà pourquoi, la notion d'extrémisme a plutôt une valeur péjorative, car généralement employée pour qualifier l'autoritarisme d'un esprit, voire son intolérance. Bref, l'extrémisme ne se fréquente pas, et on ne discute pas avec les extrémistes.

Du coup, comme vous, j'imagine, je me méfie d'eux... Toujours... Même en tauromachie. Seulement, un extrémiste en tauromachie, je sais pas très bien ce que c'est : est-ce, comme on s'emploie à le faire croire à grands coups d'édito, un type qui gueule comme un veau à longueur de courses pour exiger qu'on lui serve un spectacle authentique que chacun est en droit de réclamer parce qu'un règlement officiel le soutient noir sur blanc depuis 1917, et surtout parce que la corrida, ne vous déplaise, ne doit JAMAIS être un spectacle de masse sous peine d'en banaliser les aspects essentiels et fondamentaux qui la rendent unique ? Ou un "applaudisseur" effréné, ravi de tout, peu soucieux du minimum de rigueur qu'exige toutefois ce spectacle anachronique, parce que seul le résultat compte pourvu qu'on parle bien de Triomphe, et surtout, surtout, qu'on ne lui gâche pas ce nouveau plaisir si particulier du ballet flamboyant et pétillant de l'intelligence humaine face à la force brute dans un joli tournoiement propice aux plus beaux clichés poétiquement et esthétiquement photographiques, y nada más ???
Alors, je vous le demande ; des deux cas de figure précédemment décrits, aisément identifiables en gradas, quel est donc celui qui vous paraît le plus "extrême", le plus en "bout de fin", le plus vicieux ? Celui qui cherche constamment plus d'authenticité là où elle manque, plus de rigueur par rapport à cette singulière passion qui en a de moins en moins, ou celui qui n'a souci de rien, pas même de la légalité des choses et ne veut y voir que son plaisir mondain à lui, en donnant son avis sans craindre que l'on bafoue les fondements d'un spectacle unique et hors du commun, pour en tirer un bénéfice douteux davantage porté sur un libéralisme outrancié et très actuel, peu enclin à l'éthique, quitte à dénaturer l'intérêt essentiel de celui-ci ?

Vous en conviendrez, ceux que l'on qualifie généralement d'extrémistes taurins, d'ayatollahs, ont eu jusque-là, plutôt bon dos. On apparente davantage leur rigueur (et celle d'un règlement, je le rapelle) à de l'extrémisme, bien plus que le fait de se foutre de tout, y compris du pire, pourvu qu'on ait l'ivresse et les lauriers (sous couvert d'une évolution esthétique en accord avec les principes moraux de la société de masse). Car il faut bien comprendre que les extrêmes fonctionnent toujours par deux. Or, jusqu'à aujourd'hui, je ne me souviens pas que l'on qualifie de dangereux extrémistes, les "indulteurs" endimanchés, les béats bêtas imprégnés de leur splendide candeur, quand apparaît le matador matamore sur le rond de sable, ceux qui ne veulent voir dans ce sanglant duel que le geste fleuri, la poésie du symbole, la grandeur du courage. Peut-être parce que ceux-là seraient donc la vertue, le juste milieu, modéré à souhait, de la pensée taurine ???
Pour ma part, de ceux que l'on qualifie d'extrémistes, je n'en connais aucun dont les revendications se porteraient sur l'excès des choses, je n'en connais aucun qui s'évertue et pousse les foules à contourner un règlement qui aurait du mal à s'adapter aux lois d'un marché en expansion, alors que j'en connais au moins 8000 qui ont eu le bon goût récent d'exercer leur "pouvoir" de grâce quant à la vie d'un toro qui ne devait pas vivre (selon toujours ce même règlement). Voilà un geste EXTREME ! Autement plus, en tous cas, que le fait de quémander à cor et à cri un tercio de pique réglementaire... non ?
La tauromachie ne se juge pas qu'au simple "feeling", avec l'humeur du moment qui dépendrait du simple coup de rein de la veille... En tauromachie, il y a des choses qui s'apprennent et se comprennent, des choses à savoir IMPERATIVEMENT, car la corrida de toros a ses règles. La première de toutes (parce que la clé de toutes les autres), est juste morale : savoir ce qu'est un Toro ! N'en doutez pas, c'est un travail quotidien. Pour cela , il faut de l'Afición, et il faut vouloir son bien. Vouloir son bien, c'est forcément de cela que découle le mécontentement de ceux que l'on qualifie avec zèle d'Ayatollahs. Et sans doute qu'il serait plus pertinent d'identifier la source du mécontentement, que de se plaindre des désagréments sonores qu'il provoque, toujours moins nocifs, je vous l'assure. Ainsi, vous comprendrez peut-être que "gueuler" n'est pas si gratuit que cela, finalement, et surtout pas intéressé. Car gueuler dans une arène, c'est revendiquer, et revendiquer devient un droit, un devoir quand la dérive est constatée. Ne pas vouloir l'entendre, c'est ne pas avoir conscience de cette derive avérée, c'est donc simplement "ignorer". La corrida n'appartient à personne, convenons-en, mais il faut admettre que ceux qui en savent un peu plus que les autres détiennent peut-être, dans leur savoir, des arguments susceptibles de la défendre et la protéger.

Soyez-en sûr, la corrida de toros n'est pas un spectacle offert, car aucun de ses aspects ne s'appréhende de façon innée. La corrida de Toros, il faut y entrer et s'en imprégner. En accepter tous les aspects, y compris les plus rugueux, les plus cruels, les plus anachroniques, les plus "dérangeants". Cette démarche-là s'appelle Afición. Celle qui consiste à interpréter voire négliger les règles pour les adapter à sa propre conception des choses ou à ses propres besoins, sans en calculer toutes les causes et conséquences, n'a rien avoir avec l'Afición... Ça, c'est de la consommation de masse, le véritable talibanisme libéral. Quoi qu'il en soit, si vous n'avez pas une irrésisitible et épidermique attirance pour ces choses-là, vous n'aurez jamais la curiosité ni le courage ni même l'abnégation nécessaires à identifier un aficionado d'un simple consommateur. Et je crois pouvoir affirmer qu'un aficionado ne commettra jamais l'erreur de confondre "trapío" et "gigantisme", "bravoure" et "noblesse", "Pedrajas" et "Rincón", "Luis Francisco" et "Juan Pedro"... L'erreur de ne pas reconnaître la vaillance maladroite d'un modeste et la nonchalance forcée d'un précieux parfois ridicule. "Et pi c'est tout !" (Philippe Lucas).

En conclusion, je pense pouvoir dire que l'excès de sérieux, de rigueur, voire d'austérité chez certains aficionados sera toujours moins dangereusement extrême que l'excès de laxisme par excès d'ignorance, de générosité mondaine mercantilement hors de propos, orchestrée par des leaders charmeurs dont les intentions cachées restent définitivement à l'opposé de la corrida primitive, combat sanglant, barbare et donc extrême s'il en fut, auquel nous n'avons su qu'opposer la vulgarité d'une corrida "berlusconienne" dite "moderne". Et puis, on ne parle jamais que... de toros !

A Salva, à "El Toro de Madrid", au "7", au "désintéressement"...

Dessin © El Batacazo

17 février 2010

Sofa's Knock Out (IV)


J’ai éteint la lumière en sortant.

J’avais du mal à poser correctement la jambe droite et je savais que dans quelques secondes cette sensation d’engourdissement laisserait place à d’horripilantes décharges électriques chaque fois que mon pied toucherait le sol. Plutôt que d’attendre, je préférais provoquer le destin en frappant le parquet que la douleur insoutenable me faisait imaginer constellé de millions de fourmis auxquelles je déchirais la face dans une attitude titubante de shaman Séminole rendu aux confins d’une défonce préhallucinatoire.

Il y a une heure, j’avais poussé, avec l’empressement qui sied à ce genre d’occasion, cette porte que je viens à peine de refermer. J’avais vaguement discerné l’écriteau en céramique pointé dessus. J’avais franchi les deux mètres qui me séparaient des goguenots lie-de-vin en un bond de cabri tout en ayant le temps et la présence d’esprit (ce qui n’est pas toujours le cas en ce genre d’occasion) d’attraper au vol, dans mon approche descendante millimétrée, une revue sur l’étagère branlante à ma gauche.

Aplausos.
Couverture.
Photo pixellisée à mort d’une mer de fundas. Núñez del Cuvillo guest star. N° 1686, enero de 2010.
Je n’ai jamais très bien réussi à me l’expliquer et je ne crois d’ailleurs pas que cela nécessite l’analyse de mon moi conscient ou fantôme mais il s’avère que je n’ai jamais lu Aplausos en d’autre lieu qu’aux chiottes.
Seul entre quatre murs. Dans le silence de soi. La lavande chimique (qui protège l’environnement !) pour témoin solitaire, la honte noyée en bas, le larcin sans histoire.
Mais j’exagère.
Lire Aplausos est un oxymore. Lire 0Toros0 est une insulte barbarismique crachée au visage du verbe lire. Va pour l’oxymore.
Aplausos, cependant, ne peut se pénétrer sans un certain savoir-faire.
Trois coups secs et fermes rompent le mutisme, à deux mètres.
- "T’as bientôt fini ?"
Le ton n’est pas qu’interrogateur.
- "NON ! Je commence à peine. Foutez-moi la paix !"
Derrière la porte, le parquet couine comme un caniche neurasthénique. Jamais tranquille !
Page 1. Il n’y en a pas.
Page 2. Toujours pas.
Page 3. "Valencia : más madera". ¡Joder!
Page 5. "El Fandi, contra los elementos". Euh, vite page 6.
Page 6. Suite de la 5. Pas lue donc page 7.
Page 7...
Page 9. Extra ganaderías 2009. "Optimismo bravo". José Ignacio González. Ça commence fort.
- "Alors, ça y est ?"
Le ton est de moins en moins interrogateur, la gentillesse s’en est allée écrasée sur la porte par l’unique coup de semonce.
- "C’est pas possible ! JE CO-MMEN-CE ! Et j’en suis qu’aux domecqs !"

L’argument atomique pour faire comprendre que je ne suis pas décidé à laisser ma place et que ça va durer.
Núñez del Cuvillo, El Ventorrillo, Torrestrella, Los Recitales, Las Ramblas, El Torero. El Puerto de San Lorenzo, Pereda et Peñajara en sus.

Je me dis, presque content, que, oui, ça va durer. Pourtant, observant une écaille de peinture sur le mur à ma droite, je prends conscience des risques que j’encours à m’envoyer tout ça d’un bloc. Va falloir repeindre ici. Efferalgan, œil torve, teint blâfard. La soirée s’annonce migraineuse mi-déprimée.

Faudrait repeindre, c’est vrai. Et puis après, faudrait inventer un système pour allonger les jambes. Ce n’est pas reluisant cette position voûtée, coudes sur les genoux. Ça va me coller des fourmis et je déteste ça, les fourmis. Un petit tabouret, un truc simple qui pourrait se ranger dans un coin. Puerto de San Lorenzo, "Un año de categoría". Impossible.

Un tabouret qui ferait frigo. Trois cannettes dedans, une boîte d’olives fourrées aux anchois. La retraite sublime, la solitude sonore de la vie quotidienne !
Ils sont tous contents et ont tous vécu une année extraordinaire avec des toros géniaux et que même pas ils comprennent comment les mères ont pu pondre des ovnis pareils. Même le Pereda il est content, il en a eu un à Séville "completísimo" devant Miguel Abellán. Mais il ajoute que "le plus brave fut celui lidié par César Girón. Un des plus importants dans l’histoire récente de la ganadería". J’y étais ! Pluie, nuit, aucun ovni. Un derechazo escargossimo de Curro Díaz, douche chaude et au lit.

Page 26. Miura, "La leyenda sigue viva". Paracétamol. Faire une étagère des indispensables. Paracétamol, chocolat, chorizo. "La agresividad de los Miura trae, de vez en cuando, algún quebradero de cabeza", je cite, tu cites, il scie !
- "Alooooors !!!!
- Nom de D..., tu peux un peu respecter les miuras non ?
- Tu me rases avec tes miuras !"
De rage, je ne lirai pas la double page consacrée à Peñajara et que José Rufino a certainement raqué plus qu’un train d’olives fourrées. Combien ça coûte en peinture murale un reportage dans Aplausos, un, deux ou trois water-closed ?
Ça fait un moment que je suis là. Faudra repeindre et acheter un tabouret tout en un, c’est décidé.

Page 22. Palha. Je lis. Folque veut profiter de la vie maintenant. Il veut relever un défi. Pas un défi, un immense doigt d’honneur aux pages 9 à 37 : "Al futuro le quiero ganar la partida del poder […] Mi desafio es criar un toro con el poder del siglo XIX y la nobleza del siglo XXI. El toro es un adversario, no un colaborador".
Comment se peut-il que personne n’ait jamais pensé à construire des latrines relaxantes ? Je n’arrive pas à le concevoir. Comment se fait-il qu’Aplausos ait osé publier ces lignes ? Ils n’ont pas de comité de censure digne de ce nom ou quoi ? Ils veulent des noms pour le boulot ces incapables ? J’en connais ! Et des fundas ? Pourquoi il ne met pas des fundas sur ses toiros le Folque ? Il tue le métier.
J’abandonne. Armes en berne. Je me barre.
J’ai éteint la lumière en sortant.

Vous pouvez y aller maintenant. Je lirai l’escalafón demain.


Photographie © Espagne, 1973, Gianni Berengo Gardin, Editions de La Martinière. Rien à voir avec le sujet mais un photographe immense, de Venise... Ah Venise !

Nous y voilà...

Depuis que j’ai rejoint la petite équipe de Camposyruedos, en 2006, je n’ai de cesse de me poser la question de savoir ce qui vaut tant de haine, de la part des gardiens du temple (qui ne laissent s’écouler une semaine sans nous prendre à parti avec condescendance dans leurs colonnes, tout en évitant soigneusement de nous désigner), aux aficionados qui ont l’outrecuidance d’écrire sur les toros depuis l’espace libre de leur site Internet, toujours péjorativement qualifié de blog, comme si ce dernier support était une maladie honteuse frappant de jeunes adolescents impubères et idiots.

A plus forte raison lorsqu’ils jouissent d’une certaine audience auprès d’un lectorat bien en manque d’opinions libres et désintéressées, nos guides autoproclamés nous reprochent en vrac de ne rien comprendre à rien, de diviser une afición qui serait soi-disant, sans nous, une et indivisible, bien sagement organisée en rang d’oignons derrière je ne sais trop quelle banderole (ou plutôt si, je ne sais que trop bien laquelle), de brouiller les ondes en tenant un discours laissant les jeunes aficionados tout désorientés, de jouer le jeu des méchants anti-taurins, j’en passe, et des meilleures.

Que nous ne soyons pas en phase avec eux relève du doux euphémisme, soit. Que nous n’appelions pas de nos vœux (pieux, en ce qui nous concerne) la même tauromachie, ou plutôt que nous nous opposions obstinément à celle, unique, que l’on veut — et parvient à — nous imposer, soit. Que nous nous montrions parfois un brin taquin, soit encore. Mais, d’une part, quoi de nouveau sous le « soleil taurin » — que nos journalistes taurins officiels relisent leurs exemplaires jaunis du Toril pour s’en faire une idée précise —, et, d’autre part, quels effets sont supposés produire les écrits de quelques trublions publiant leur chronique sur un misérable blog ?

La réponse à ces deux questions, je vais l’apporter moi-même :
  • il a toujours existé des voix s’élevant dans le désert contre les turpitudes du mundillo et de ses sbires, que ces derniers se sont toujours efforcés de faire taire car elle gêne leur petit commerce, et surtout leur renvoie en creux une image d’eux-mêmes qu’ils préfèrent ignorer ;

  • nos élucubrations sont totalement dépourvues d’effets sur la marche de la tauromachie, ce dont nous sommes parfaitement conscients, notre but (si tant est que nous en poursuivions un) n’étant pas de militer en faveur de quoi que ce soit, ni de représenter qui que ce soit d’autre que nous-mêmes.

J’ai vraiment du mal à croire que Monsieur Viard pense réellement ce qu’il écrit lorsque, comme dans son édito daté de ce jour, il prétend que la tauromachie est aujourd’hui en crise du seul fait des prophètes de l’Internet — qu’encore une fois il prend le soin de ne pas nommer. Une véritable « crise de fond ». Diable ! je ne nous savais pas si influents sur notre chère et belle corrida.

On a beau essayer de nous ignorer, mais quand on fait de ces fameux prophètes le sujet d’une chronique sur quatre, la crédibilité en prend un coup. Alors quoi, messieurs, qu’est-ce qui vous gêne tant chez nous ? Pourquoi ne pas suivre vous-mêmes le conseil que vous donnez à vos lecteurs : nous ignorer purement et simplement ?

L’édito cité supra nous éclaire sur les raisons profondes de cette acrimonie : « Ce qui rend optimiste malgré tout, est de voir dans le domaine politique les anciens soixante-huitards les plus acharnés être devenus les véritables piliers du système dans lequel ils se sont admirablement fondus. »

Nous y voilà...

Alors soyez rassurés, Monsieur Viard & Consorts, nous ne vous la piquerons pas, votre petite place. Il est très urbain de votre part de vous inquiéter pour nous, mais j’exerce une profession qui fait bien bouillir la marmite, merci, et me permet surtout de payer (cher, certes, mais mes clients sont généreux) mes billets de corrida et mes déplacements au campo sans qu’il soit besoin de me transformer en agence de publicité à la petite semaine des businessmen de la tauromachie pour me les faire offrir. Je vous laisse également les boustifailles diverses et variées, préférant manger gras et bon avec mes vrais amis. Je vous laisse enfin la gloriole des diverses tribunes en haut desquelles certains trouvent une raison d’exister.

Partager des sujets sérieux, ou pas, avec les potes et les lecteurs (qui sont souvent les mêmes), jouir du plaisir d’écrire quand bon me chante sur la passion que je nourris (il y en a d’autres), prendre et partager des photographies du plus bel et envoûtant animal de la Création, voilà mon but. C’est modeste, j’en conviens, mais le petit commerce autour des arènes, les guéguerres de sous-préfectures et de cantons, non, vraiment, même si vous insistez, c’est très aimable à vous, mais non.

Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.

Image Rien à voir avec le propos, si ce n'est que ce veragua de Javier Gallego a une sale gueule et que je l'aime bien © Camposyruedos

16 février 2010

Vic-Fezensac


Vic-Fezensac samedi 27 mars


RENCONTRES TAURINES
Invité d’honneur, Alain Bonijol


16h30
aux Arènes

Festival taurin
3 Novillos SP de Paul et Jérôme Bonnet pour Alberto Pozo, Matéo Julian & Daniel Torres.

18h30 à la Salle polyvalente (entrée libre et gratuite)

Remise des prix de la féria 2009 en présence des récipiendaires :
- Rafael Rubio 'Rafaelillo', torero triomphateur de la féria 2009, et
- les ganaderos primés : Flor de Jara, Palha, Victorino Martín & José Escolar Gil.

Vidéo des toros 2010 – Annonce des carteles – Présentation de l’affiche 2010 en présence de la peintre et sculptrice Lydie Arickx.

21h Repas-buffet ouvert à tous

Forfait journée : novillada + repas-buffet = 25 €
Renseignements – Réservations : 05 62 06 56 55

12 février 2010

Elliott Erwitt


Lorsqu’on se pique (ah ! ah ! :-) de faire de la photographie, avec plus ou moins de bonheur, on se « confronte » forcément, et surtout modestement, plein d’admiration, avec les clichés des maîtres.
Certains vous dégoûtent de continuer à photograhier, tellement on les découvre intouchables, inapprochables. C’est souvent les cas, toujours le cas, avec les images extrêmement abouties d’un Cartier-Bresson. À vous démoraliser et vous faire honte de votre production amateur.
D’autres au contraire vous inspirent et vous poussent à continuer, comme s’ils laissaient entrevoir l’espoir d’une possible approche d’un résultat probant. On se rend compte très vite que l’espoir n’est qu’illusion mais l’envie est née. Clic-clac... encore et encore.

Monsieur Elliott Erwitt est de ceux-là, un des premiers pour moi, peut-être le premier même, il y a longtemps maintenant.
Erwitt, tellement humain, tellement perceptible qu’on a immédiatement la sensation qu’Elliott est un copain, avec lequel on va partir en vadrouille, Leica autour du cou.
Ce n’est évidemment qu’une sensation, totalement infondée, mais l’effet sur le moral et l’envie est bien réel. On a vraiment envie d’être copain avec Erwitt, le tutoyer, alors que l’on devine le vouvoiement pincé et distant avec lequel un Cartier-Bresson vous aurait sans doute tenu à distance.

C’était sur France Inter, il y a quelques jours.

La journaliste demande à Monsieur Erwitt : "Vous pensez à quoi lorsque vous faites une photo ?"
Réponse : "A rien... je ne pense absolument à rien. A cet instant mon cerveau est proche du vide total... pas totalement vide, mais presque... Ce micro... ce micro... je sens que je vais le manger ce micro !"

Quelques jours plus tard dans Le Monde.
Question : "Comment vous êtes-vous formé à la photographie ?"
Réponse : "J’ai lu les instructions sur la boîte."

Vive Erwitt !
Si ces médias remettent le travail de Monsieur Erwitt en lumière c’est qu’actuellement la Maison européenne de la photographie propose un personal best du photographe. Immanquable pour tous ceux qui auront l’occasion d’être dans le coin, jusqu'au 4 avril.

Personal Best, Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy à Paris 4°.
Du mercredi au dimanche de 11 heures à 20 heures. Jusqu’au 4 avril.

Photographie Le Monde (AFP/Miguel Medina)

11 février 2010

Le cosmos n'est plus ce qu'il était


Il y a quelques jours, Monsieur Bernard Domb, alias Simon Casas s'est livré à un vrai-faux "chat" sur le site burladero punto com. J'écris "faux" car un "chat", un vrai, ce n'est pas cela, enfin pas vraiment. Je vais y revenir.
Il était assez croustillant le lendemain de lire l'inénarrable (oui j'avoue... désolé Caroline !), nouveau et officiel porte plume du plus grand organisateur du cosmos, s'auto-satisfaire de la haute tenue des questions posées par les internautes et se (ré)auto-féliciter de l'absence de trublions mal élevés et impertinents. En vérité, rien de très nouveau sous le soleil, car en fait de "chat", les questions étaient triées, puis, plus ou moins partiellement censurées, voire totalement censurées, on peut le supposer.
C'est Florent Moreau sur son blog qui nous a éclairés sur cette curieuse manière de pratiquer le "chat"...
Vous allez me dire... Oui je sais, tout le monde s'en fiche et tout le monde s'en doutait. C'est que ce n'est pas ça le plus croustillant. Le plus croustillant dans cet univers policé, de politesse, de bonnes manières et, n'ayons aucun doute, de totale hypocrisie, ce sont deux réponses données par le maître du cosmos. Deux réponses a priori anodines mais tellement révélatrices.
Commençons par la question de Florent qui portait sur la supposée première catégorie des arènes de Nîmes. Evidemment, oser prétendre que Nîmes se situe à la hauteur de Madrid ou Bilbao, pour ceux qui connaissent, ça ne peut que faire l'objet d'une franche partie de rigolade. Et ce n'est déjà pas si mal. Mais ça, vous savez.
Et le maître du cosmos nous fait cette réponse ahurissante quant à sa conception première, donc profonde, de la catégorie supposée des premières arènes du cosmos, je le cite : "Nîmes est une arène de première comme l'indique le règlement taurin, plus de quinze spectacles annuels dans une capitale de province."
Un arène de province. Mais la province de quelle galaxie alors ?
Revenons sur terre. Tout cela serait donc purement administratif. De là à penser qu'il ne s'agit que d'une affaire de fric. Non, je ne peux y croire...

Passons maintenant de Nîmes à Mont-de-Marsan.
Le maître du cosmos s'est ensuite fait une joie d'annoncer que José Tomás ferait le paseo dans toutes SES arènes, y compris Mont-de-Marsan.
Mont-de-Marsan, Mont-de-Marsan, Mont-de-Marsan... Mais mince, moi qui croyais naïvement que c'était Marie Sarah l'empresa de Mont-de-Marsan.
Vous vous souvenez ? Les photos avec madame le maire, la presse conviée, le grand tralala, Chopera dehors, une femme aux commandes... "Allons zenfaaants de la patrieeee !" Le jour de gloire féministe, national, taurin, tout était enfin arrivé. Il fallait bomber le torse !
Eh bien non. Marie Sarah et Simon Casas ne feraient donc qu'un. Tout cela n'était que batage médiatique superficiel pour enrober les petites affaires habituelles du mundillo. Du pur bling-bling très dans l'air du temps.
Je suis au quatorzième sous-sol là. Un univers s'effondre. Je suis effondré moi-même. Décidément, le cosmos n'est plus ce qu'il était.

PS Un petit message personnel à mes amis de Pablo Romero : je vous préviens, il est hors de question que je mange froid !

09 février 2010

Meca chez Pablo


Le club taurin nîmois Les Amis de Pablo Romero communique :

Vendredi 12 février, rincón taurin chez Les Amis de Pablo Romero

Suite à la Délégation de service public des arènes de Nîmes, nous désirions recevoir séparément les deux candidats afin qu'ils nous présentent leurs dossiers.
Seul M. Stéphane Fernández Meca ayant répondu à notre invitation, nous aurons donc l'honneur de le recevoir dans nos murs, au 12 rue Emile-Jamais à Nîmes, le vendredi 12 février.

Nous essaierons d'expliquer :
— ce qu'est une Délégation de service public ;
— comment se construit un dossier de réponse et
— quel était le projet taurin du candidat.

Entrée libre et gratuite, à partir de 19h30.

05 février 2010

'Numismático' par Salva


Ce jour d'octobre 2003 à Madrid, à l'ombre des briques neomudéjar de Las Ventas, mon cœur a cogné fort — j'en suis certain — lorsque je découvrais dans les bacs d'un bouquiniste ces photographies signées Salva. Mes yeux se mirent à briller de mille feux et un étrange silence enveloppa tout mon être qui se retrouva — je m'y revois — seul au monde à contempler les tirages : des estampes issues d'élevages prestigieux et saisies dans leur campo par un photographe aficionado... a los toros.
Je caressais du regard des prietos, des murteiras, des condesos, de la Maza ou de la Corte, des palhas, des valverdes, des cuadris ou des tulios — j'en oublie. Emerveillé je l'étais mais indécis je puis vous assurer que je l'étais plus encore, car lequel prendre ? Devant cette magnifique galerie de toros-toros, il me fallait en choisir un ou les emporter tous... Les cornus une nouvelle fois passés en revue, je décidais finalement d'acquérir celui que j'avais reconnu : 'Numismático', un tulio armé long et fin vu en photo quelques mois plus tôt de l'autre côté de ce mur de briques, dans le ruedo. D'après Salva, 'Numismático' et ses frères, outre le fait qu'ils accusèrent la chaleur caniculaire jusqu'au point de perdre chacun un nombre conséquent de kilos, « seguramente por el viaje »1, composèrent une « corrida vareada y musculada, muy ofensiva y astifina, sobre todo el cuarto. » Le quatrième c'était lui, 'Numismático', numéro 9. Et Salva de conclure sa reseña2, « Trapío », par ces mots qui se passent autant de traduction que de commentaires : « Hubo en la plaza casta e integridad. Los dos pilares fundamentales de la Fiesta. »

1 Le lot affichait des poids compris entre 464 et 485 kilos.
2 Voir le lien. A noter que Salva vit en 'Isleño' un grand tulio malgré la négligence du président Lamarca : « Les aficionados protestèrent suite à la décision du président de ne pas proposer au toro une troisième pique qu'il aurait sûrement prise avec la même bravoure que les précédentes. »

Image Sorti de son cadre... 'Numismático' de Isaías y Tulio Vázquez lidié le 3 août 2003 à Madrid par Manolo Sánchez © Salvador 'Salva' Valverde

04 février 2010

Salva


Acaba de morir Salva. A las 07.00 horas.
C'est un ami commun qui m'a annoncé la nouvelle, par mail, quelques instants seulement après que Salvador Valverde a définitivement fermé les yeux... Un mail court et sec comme un coup de trique.
Salva est mort...
Merde...
Y'a rien à dire. Encore moins à faire. Juste se souvenir. Arrêter de faire ce que l'on était en train de faire et y songer quelques instants, les yeux humides, la gorge nouée. Les souvenirs affluent, immédiatement. Des souvenirs de campo, des souvenirs du "7" lorsque le Cid avec les victorinos... Les trajets en 4x4, Madrid – Salamanca, Salamanca – Madrid, pluie sur l'Escorial, comme toujours.
Bien sûr, nous le savions très malade, mais tout de même, saloperie...
Il y a quelques années c'était Salva qui m'avait annoncé par SMS la disparition d'Alfonso Navalón. Ça disait plus ou moins : Alfonso Navalón, le dernier critique taurin vient de mourir. Vidal était déjà parti, enfin je crois. C'était en pleine féria de Bilbao...
Aujourd'hui c'est Salvador qui est parti, en plein milieu de rien du tout.
Il y a des semaines comme ça...
Descanse en paz Salva.

Photographie 'Comilón', novillo de Salvador Valverde lidié à Madrid le 17 août 2008 © Juan 'Manon' Pelegrín

03 février 2010

Temporadas malgaches


Une grande clarté de fin de saison 1960-1970, les sixties fantasmées au son de ballades anglo-saxonnes forcément ensoleillées. Un air de bonheur se répand de ces campus américains qu'on voit au ciné. Ambiance baba cool technicolor en mondovision : depuis nos tropiques opposées, on a tout le loisir de picorer le meilleur de ces effluves enjouées, et de garder son quant-à-soi devant les amis des parents. En subsistent de nombreux sourires photographiques. La temporada malgache bat son plein : les coches de cuadrillas sillonnent les hauts-plateaux rouges de la Grande-Ile. On écoute Simon & Garfunkel, même si ça n'a pas grand-chose à voir avec les rizières et les arbres du voyageur. L'indépendance a tout juste l'âge de raison. La competencia reste molle, comme adoucie par les moeurs locales : Mora-Mora Vazaha. Anstirabé, Tananarive ne sont pas Madrid, Tulear et Tamatave, Fianarantsoa, les pousse-pousse et les pirogues à balanciers n'ont rien des ports espagnols de l'été taurin. Dans les ruedos de terre ocre, les Zébus sont généreusement afeités et balancent mollement leurs morrillos disproportionnés. La foule autochtone, drapée dans ses lamba, ne compte pas ses applaudissements ni ne feint son admiration. Il arrive que l'on danse et chante. Sous les lambris coloniaux de l'hôtel des Thermes qui se tient encore, la fête bat son plein : fauteuils club et terre battue, les femmes d'expat' tapent la balle et laissent voler leurs jupes plissées. Soûleries et petites pépées, une ambiance de Venezuela francophone étonné par ces espagnolades. Les toreros d'alors portent beau et affichent glamour.

Sur le plongeoir de la piscine d'un hôtel de la côte, une petite sauterelle déploit ses jambes, amusée quoiqu'un peu inquiète des regards alentours. De ces matadores en tournée qui l'envisagent. Cet été austral, la gamine de l'an dernier s'est muée en jeune fille, le simple coton qui l'habille a pris une tournure d'atours. Son rire très franc paraît aujourd'hui un peu niais sur les clichés. Une sauterelle blanche de là-bas née ici, et déjà en sursis pour l'Europe. Bientôt. On imagine des étés interminables et des plages infinies, des plongées et des sorties en voilier, un désert paradisiaque, mouillé d'orages tropicaux et ennuyeux à mourir. On imagine des banderilleros échoués et hallucinés se rêvant matador de sauterelles, moissonneurs de jeunesse. On subodore même qu'ils y parviennent et qu'en partant pour l'Europe et ses études, la sauterelle a troqué un peu d'innocence pour un brin d'assurance.

20 ans plus tard et il n'y a toujours pas eu de corrida à Madagascar. 1989 et suivantes, c'est moi qui reviens, seul, en écoutant Cat Stevens et des groupes d'un temps déjà passé. Sur la route qui descend de Tana à Antsirabé, le Toyota file et je m'enivre de quelques accords orientalisants. Evocations de routes indiennes chamarrées par des hippies occidentaux à guitares, une pointe de nostalgie, un nœud dans l'estomac. Et mon oncle, ce héros ! Madagascar, bagage indien oublié en dérive continentale : Antsirabé, mon Katmandou de gamin, et la Croix du Sud... Je n'ai pas bonne mine bien sûr, il faut me remplumer, ah ! voici quelques présents de France ! Chaque été, c'est un peu le même cirque avec les grands-parents. Les bonnes notes et les voyages, la vie avec son père, le foot et les corridas : vous êtes allés à Arles pour Pâques ? Oui. Tu as vu ton frère cette année ? Non, gêné. On se dit tout ou presque, on se rassure en multipliant les détails, pourtant jamais on ne parle d'elle, pas directement en tout cas. La Toyota 4x4 ferait un tabac au campo, on va tirer des canards parfois le week-end, et la ferme : il y a un taureau là-bas dans le pré. Les lettres de France racontent l'été au soleil des toros, on m'a photocopié les Sanfermines dans "Toros". Au moment de Bilbao, déjà je compte les jours en espérant les ralentir pour ne pas partir, je commence à battre parfois Babé au scrabble.
- Demain tu sais, Frédéric, pour l'anniversaire, on ira déposer des fleurs, tu voudras venir ?
- Non... pas cette année encore... l'année prochaine peut-être.

Le docteur Lebre nous a quittés


Camposyruedos vient de perdre un de ses plus fidèles lecteurs, le docteur Lebre, celui qui fut le médecin de Jeanne Calment, l'ami de Pierre Pouly, d'Hubert Yonnet et d'autres encore, bien sûr...

Tous les matins, au réveil, Victor Lebre allumait son Mac (eh oui, il était sur Mac le bon docteur Lebre !) et se connectait à Camposyruedos, une de ses premières lectures de la journée.

Les statistiques de connexion sur CyR vont baisser... Mais on s’en fout des statistiques ici... Descanse en paz doctor.

Lien utile sur le docteur Lebre.

02 février 2010

Indésirable Victorino


Comme chaque année l'association El Toro de Madrid publie sa liste d'élevages jugés indésirables dans l'immense piste de la capitale.
Cette liste change d'une année sur l'autre, se modifie. Nous ne vous en parlons habituellement pas car elle se "contente" de refléter l'état général d'un campo bravo que vous connaissez aussi bien que nous. Cette année, néanmoins, l'apparition du nom de Victorino Martín dans cette liste ne peu laisser indifférent.
Très peu nombreux sont les aficionados qui ont osé jusqu'alors ouvrir les yeux pour constater l'évolution réelle d'un élevage absolument mythique. Car c'est un fait, Victorino change, et pas dans le bon sens. Lui aussi, et bien qu'il nous en coûte de l'admettre, semble prendre le train du toro moderne, non piqué, et de troisième tercio.
Et comment occulter en outre une présentation de plus en plus discutable, même à Madrid ?
Qu'un nom aussi prestigieux que celui de Victorino vienne se retrouver dans la liste noire des élevages indésirables à Madrid est, hélas, un signe de plus de la confirmation d'une décadence que pour le bien de la Fiesta nous ne pouvons que souhaiter passagère...

Voici l'annonce des responsables de l'association madrilène :
Victorino: es la gran novedad de nuestra lista. El ganadero más importante de los últimos años estaba últimamente jugando con fuego y se ha quemado. Antes le salvaba algún toro, ahora es que ni cuida la presentación. La corrida de la Feria de Otoño fue la puntilla. Esta temporada por su propia decisión no viene a Madrid ¿Nos creemos sus razones? Allá cada uno. Esperamos que vuelvan las grandes tardes en las que sus “albaserradas” iban camino del desolladero entre ovaciones, pero de momento debe estar en la nevera un tiempo.

Dessin © El Batacazo

Aire-sur-l'Adour... Aire-sur-l'Apique !

01 février 2010

« Caminando »


« Tiens, encore une carte de vœux.
— Elle vient d'où ?
— Des Landes. Va falloir que tu leur signales ta nouvelle adresse sinon t'en verras pas la couleur d'une l'année prochaine.
— Tu crois ça ? Elle figure pas sur les chèques notre adresse ?
— Si.
— Alors ils me retrouveront.
— Tu me la montres ?
(Elle la prend.)
— Verdict...
— Rien de fameux.
— Mouais, comme tu dis. De toute façon, en dehors des photos, tu peux passer ton chemin. Sans parler du graphisme et de la qualité d'impression... (Long silence.) Tu te souviens de cette aquarelle de Baylac sur ce beau papier ? »


En plus de quatre ans d'existence, ce blog n'avait pas été fichu de présenter une œuvre de Jean-Jacques Baylac... Omission coupable aujourd'hui heureusement réparée.

>>> Retrouvez le travail de l'aquarelliste vicois dans Carnet de campo (Éditions Cairn, 2006, 25 €).

Image Caminando de © Jean-Jacques Baylac illustrant la classieuse carte de vœux 2001 du Club taurin vicois.