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15 novembre 2010

Vingt ans


Le site Internet du Diario vasco (rubrique «Culture» évidemment) a tout récemment publié une entrevue du «ganadero» de Núñez del Cuvillo, Álvaro Núñez Benjumea, fils de Joaquín. À la question «Comment doit-être un toro pour Álvaro Núñez Benjumea ?», celui-ci, après avoir grosso modo décrit le toro terciado, enchaîne : «Ensuite il doit avoir une grande aptitude pour humilier, une grande aptitude à la course et, surtout, de la fixité. Le toro doit toujours être suspendu à la muleta ; même quand l'épuisement1 le gagne il se doit de charger avec clarté et fixité. J'aime les toros qui chargent jusqu'au terme de la faena ; ce sont ceux-là les bons toros. La sauvagerie2 du début ne vaut rien si elle disparaît à la fin. Il est clair que tous les toros ne sortent pas ainsi.» C'est clair ! Vu que ses toros ne doivent déjà pas en avoir des masses de fiereza quand ils pénètrent dans le ruedo... Sinon, ses bébêtes, au premier tiers, elles se vernissent les sabots ? elles feuillètent ¡Hola! ? elles se carressent les c... ?...

Vingt ans plus tôt, en mars 1990 pour un hors-série bricolé du Courrier de Céret (ça existe encore ça ?), José Antonio Hernández Tabernilla, ganadero de l'élevage Hros. de Don Gabriel Hernández Pla, affirmait : «Un toro est bon quand il a une sortie allègre, quand il met bien la tête dans les premières passes de cape. Ensuite, il doit aller trois ou quatre fois au cheval sans y être obligé, en chargeant avec bravoure, en mettant les reins, la tête, et en se laissant piquer sans se défendre ni partir. Puis il doit charger avec rapidité les banderilleros, répéter sa charge à la muleta, et avoir cette classe qui lui fait frôler le sol avec le mufle. Il doit permettre au torero qui sait toréer de triompher. Voilà, à mon goût, ce qu'est le toro bravo Bon, finalement c'est juste une affaire de goût... et d'exigence. Mais si le toro doit être bravo pour José Antonio, que doit-il être pour Álvaro ?... Ah oui, il l'a dit : «Le toro doit toujours être suspendu à la muleta»3 ! S'il vous plaît, José Antonio, expliquez-lui ce qu'est la suerte de vara...

1 Agotamiento dans le texte.
2 Fiereza dans le texte.
3 Si le bout de bois de la muleta c'est la tringle, et que le toro est suspendu à la muleta, alors le toro c'est le rideau, non ? Il est donc décoratif, et/ou destiné à cacher quelque chose... Mais quoi ?

Image La hache de Hernández Pla © François Bruschet

23 février 2010

Meurent les civilisations (IV)


Erratum sous forme de mea culpa. On en perd son latin !
Reprenant une annonce lue sur un blog espagnol, j'avais rapidement annoncé dans un précédent post que la ganadería de Hernández Pla était à l'agonie et perdue. Or, par souci d'être plus précisement au fait de cette nouvelle, nous avons décidé, mais trop tard, de joindre par téléphone le ganadero Ignacio Huelva, propriétaire du fer (annoncé aujourd'hui San Martín-Hernández Pla). Celui-ci a démenti la mort d'Hernández Pla tout en avouant qu'il avait en effet envoyé de nombreuses vaches de desechos de ce fer au matadero. L'éleveur déclare conserver tous ses fers et le bétail qui va avec. Selon ses dires, l'élevage qui souffre le plus actuellement est celui de Pérez de la Concha qui a vu de très nombreuses mères partir à l'abattoir, réduisant le troupeau à une peau de chagrin.
Mea culpa donc, les toros de Hernández Pla sont toujours en vie selon son éleveur... Qu'ils le restent longtemps.

Meurent les civilisations (III)


Il n’a échappé à personne que nous ne défendons pas la même tauromachie que celle incessamment mise en avant par la grande majorité des médias taurins, fussent-ils espagnols ou français. Il s’agit d’être limpide sur les termes employés. Eux écrivent "spectacle taurin" quand nous espérons assister, en toute logique nous semble-t-il, à une "corrida de toros". Cela peut paraître peu mais la différence entre les deux est abyssale car elle met en jeu et en balance les premier et deuxième tiers et met également en lumière une dichotomie de conception concernant le troisième. Le débat ne date pas de février 2010, la tauromachie a toujours suivi le cours de l’évolution de nos sociétés, de nos modes de pensée et de fonctionnement. Et elle a toujours porté en elle non pas une voix passéiste et arcboutée sur des principes rigides (ce que voudraient faire croire la soi-disant critique actuelle) mais un esprit de résistance salutaire pour ne pas que la corrida de toros devienne une singerie grotesque, malsaine et dénuée de sens. Il ne faut pas chercher bien loin pour donner les exemples de cette résistance nécessaire qui a permis tout au long du XXème siècle de sauver, parfois, les bribes qui pouvaient encore l’être.
Citons, pour rester dans les références françaises, ces phrases du Tío Pepe prononcées lors d’une tertulia en 1968 à Vic-Fezensac : "Or, la lidia disparaît, parce qu’elle n’est plus nécessaire. Depuis que le toro a perdu cette bravoure sauvage, cette impétuosité fracassante qui en faisait un objet de terreur et d’admiration mêlées, il n’est plus obligatoire de le réduire : il est réduit d’avance. […] Et vous comprenez bien que si la faena est toujours la même, c’est parce que le toro aussi est toujours le même." (Les tertulias de Tío Pepe, éditions Cairn, 2009)
1968 !
Le XXème siècle a formaté le toro et la lidia. Le XXIème siècle (mais le phénomène a évidemment été entamé au XXème siècle) achève d’uniformiser le grand public en globalisant ses goûts. Etre de Madrid, Bilbao, Séville ou Cadalso de los Vidrios n’a plus aucun sens. Toro unique, lidia unique, public unique ! Conséquence unique : une préscience (si tant est que l’on puisse utiliser le mot de science au regard de la connaissance minimale que porte en lui le grand public) de la corrida aux antipodes de ce qu’elle porte en elle, l’inconnu. La seule préscience de la corrida est la mort !
Février 2010. Atanasio est déjà enterré. Pablo Romero agonise. Pedrajas se noie peu à peu. Veragua a le teint pâle. Saltillo vivote. Jijón est devenu légende (et Montalvo va exterminer ses derniers berrendos). Les Navarrais courent encore un peu dans les rues de Navarre et d’Aragón. Concha y Sierra n’est plus qu’un musée. Et Santa Coloma s’autorégule aux longs des hivers qui passent. Ne resteront bientôt que les nobles Ana Romero élevés pour les diestros ou les sympathiques La Quinta demandés par le Juli (Le geste !). Une pointe de Flor de Jara pour relever la sauce et le reste ? Sánchez-Fabrés est sous respiration artificielle, Sánchez-Arjona a depuis longtemps anticipé en achetant du Domecq, les Dionisio ne sortent plus qu’en non piquée, Fraile n’est que l’ombre de lui-même et Hernández Pla, irrégulier mais toro-toro, crève en février 2010.
Les jeunes qui entrent en afición ne connaîtront pas tous ces toros qui ont fait l’histoire de la tauromachie et qui ont également porté, avec leurs logiques irrégularités, l’esprit de résistance à sa globalisation. Ces jeunes pour lesquels certains s'inquiètent que les "extrémistes" ne leur brouillent l'esprit (en utilisant Internet pour oser donner leur avis) n'auront pas, pour le coup, l'occasion de mesurer l'intérêt de ce que nous défendons : la diversité et l'incertitude de la corrida de toros. Leur grille de lecture en sera faussée.
Si meurent en si grand nombre les noms qui ont animé certaines de nos journées, l’anathème ne peut en être jeté sur cette frange de l’afición qui s’est battue et se bat parfois encore pour que la corrida de toros soit et reste une corrida de TOROS. Idéaliser (pour reprendre une critique de l'inénarrable dans un édito récent) le toro est une obligation ontologique pour l’aficionado, en fonder une critique (une fois la course achevée et dans le bon sens du terme critique) est une obligation intellectuelle.

Ces élevages meurent surtout de n’être pas du goût de cette globalisation abêtissante de la tauromachie qu’incantent les nouveaux penseurs du spectacle taurin mais non de la corrida de toros. On a les cerveaux qu’on mérite !
Pourtant, face à cette vague de morts annoncées et d’argumentaires spécieux où sont montrés du doigt les "Ayatollahs", émerge parfois la noticia qui revigore.
Depuis la mort d’Antonio Peláez Lamamié de Clairac, il se murmurait au Campo Charro que les héritiers avaient mis en vente la ganadería. Une annonce discrète sur Internet en faisait même état. Et l’on disait, sans pourtant verser nos larmes de crocodiles comme le pensent certains porte-plumes écervelés, qu’un autre allait disparaître. Encore un ! A priori, et si l’on en croît le blog Objetivo: El Toro, il n’en est rien et l’élevage aurait même deux corridas de toros préparées pour 2010. Souhaitons que la nouvelle ganadera, Marta Peláez, conserve intacte son afición (il lui en faudra) pour que survivent les Gamero Cívico puros de Salamanque.

Photographies Un hernández pla au campo en 2007 & Un clairac au campo en 2007 © Laurent Larrieu/Camposyruedos

22 février 2010

Hernández Pla au panthéon ganadero


La nouvelle est tombée, l'air de rien, via le blog, vendredi soir dernier. En nous l'apprenant de la sorte, Laurent avait simplement souhaité nous prémunir du choc, ne pas nous accabler ; l'émotion serait moins vive, plus diffuse — agir avec tact, comme il convient envers les amis.

Et puis il y avait cette délicate attention, sous la forme d'un superbe semental Coquilla de Mariano Cifuentes, qui voulait nous dire qu'il ne fallait pas désespérer, que Santa Coloma, même privé d'un de ses élevages emblématiques, ne devait pas être enterré trop vite.

Élevage porte-drapeau alors même que des décennies de sélection consciencieusement menées avaient bel et bien fini par façonner un toro reconnaissable entre tous, afin que nous n'ayons plus d'autre choix que de l'appeler par son nom : un hernández pla.

Sonné, j'ai encaissé le coup en serrant les mâchoires ; « la hache » à la devise tricolore figurant parmi les ganaderías fétiches qui nourrirent sans relâche mes rêves de jeune aficionado — celui qui s'imaginait en selle à « Soto Gutiérrez » veillant sur un lot d'estampes cárdenas prévu pour Las Ventas.

JotaC aussi a accusé l'uppercut ; pour sûr qu'il était rudement en colère. Et triste. Il n'est, pour s'en convaincre, qu'à lire son message — un drôle de requiem — que j'ai souhaité vous faire partager, histoire peut-être de soulager des cœurs aficionados peinés de voir ces toros partir... à la dérive.


Si les toros de Hernández Pla disparaissent, j'arrête la tauromachie... Non ! Sans dec', là je crois que je vais vraiment pleurer. Putain de putain !!! La vie est une chienne avec un collier à clous retournés autour du cou. Le Jarama, la sablière, la noria de camions, le campo le plus moche du monde — Ciempozuelos —, l'humidité et le brouillard et... les toros.
Ces toros au regard souligné de rimmel, aux cornes fines comme des lames de Tolède, au caractère trempé dans l'acier des tempêtes.
Hernández Pla, bordel ! Je n'irai plus aux arènes.
Hernández Pla, la photo de David Cordero avec ce pauvre Aurelio García qui fait un soleil accroché à l'encolure de 'Quick' — quel bordel en piste ce jour-là ! Pas un mais quatre ou cinq batacazos, des chevaux abandonnés, seuls, sans cavaliers. Bonijol et Esplá pour sauver les montures ; Anderson Murillo qui fait dans son froc. Et nous tous, le cœur aussi Céret que les fesses.
Hernández Pla, bordel ! C'est la fin du monde.
Celui qui a vu cette course se la rappellera toute sa vie. Pauvre Serafín qui maudissait ses « putains de toros » à chaque phrase. Et plus il les insultait, plus on sentait le respect qu'il leur portait. Pauvre Serafín, pauvre Hernández Tabernilla… Pauvres cons qui ne savent pas s'entendre lors des successions ! Pauvre de nous, qui y perdrons notre âme…
Ne me parlez plus de José Tomás ou de qui que ce soit d'autre. Tant que les figuras n'affronteront pas ce type de toros, elles resteront des novilleros de seconde zone, des « danseuses de cabaret » et rien d’autre. Demandez plutôt à Manuel Jesús, il vous racontera 'Guitarrero', il vous racontera San Isidro 2002, le fracas dans le peto, le canasson au tapis, le boucan des gradins et la vuelta posthume. C’était hier.
Les mecs, je déconne pas, je sens que je vais faire une bétise. Tiens, je vais bouffer un cheval, un bourin, un gros, un tout entier, avec la selle et les harnais, et les sacoches… Je n’ai rien contre les carnes, c’est juste pour passer mes nerfs. Vengeance ! Sus à la société Horsebull ! Du horse, du horse, du horse… ça va ! Maintenant, on a les boules…
Je vais faire ça, sinon je pleure. Je préfère bouffer Rocinante. Il n’y a plus de plaza pour Don Quichotte.

JotaC


Images Evoqué par JotaC, un batacazo dantesque lors de la tarde du 11 juillet 2004 à Céret. 2004 (voire 2005), année où furent combattus les derniers toros de l'ère José Antonio Hernández Tabernilla. Après… © David Cordero 'Guitarrero', honoré d'une vuelta al ruedo le 12 mai 2002 à Las Ventas : un exemplaire typique de l'ère José Antonio Hernández Tabernilla. Après… © Juan 'Manon' Pelegrín

21 juillet 2008

J'ai aimé, j'ai pas aimé # Céret 2008


Cet inventaire « à la vicoise » en 2 fois 30 points (c’est le genre de défi que j’affectionne), sans ordre d’importance, prend en compte trois jours de féria (du samedi au lundi) et "toutes" les courses : Bucaré, Hernández Pla & Escolar Gil. Jeudi, au départ de Brive, les Prieto peuplaient encore mes songes...

J’ai aimé :
- beaucoup aimé, mais vraiment beaucoup, retrouver les ami-e-s autour d’une bavette, d’un verre, d’une barquette d’olives ou de cacahuètes, d’une salade de tomates au piment doux des Landes, d’un ruedo... ;
- la réception du toro par Robleño et Esplá, à reculons des planches au centre, la cape largement déployée, souple et délicate, efficace et dominatrice — le toro d’abord mais il passera plus tard... ;
- aborder et interroger le boucher de l’entreprise perpignanaise Guasch Viandes — j'y reviendrai... ;
- les mises en suerte et le descabello foudroyant décoché par Esplá à son premier ;
- que la pluie cesse enfin — quelle conne ! ;
- la prestation, en dépit de l’emplacement de la pique — pas scandaleux au demeurant —, du picador de Robleño à 'Dominico', son 1° santacoloma (cheval de face en mouvement, refus de la carioca, pique dosée) ;
- renouer, en excellente compagnie et dans la bonne humeur, avec les tertulias du soir après 7 ou 8 années d’exil volontaire à l’autre bout de l’arène ;
- la force morale des novillos santacolomeños — de vrais petits démons malgré le sabotage en règle du premier tiers ;
- le tendre bisou échangé par un monsieur de 91 ans, le peintre Jean Capdeville croisé par hasard en haut de la rue Saint-Ferréol lors de sa promenade quotidienne, avec ma fille de 6 ans : 85 années rassemblées autour d’un baiser... ;
- les rues cérétanes débarassées de leur absurde tapis de timballes en plastique — résultat dû à l’euro de consigne pour le prêt (ou l’acquisition) d’un solide gobelet sérigraphié porté autour du cou et conservé tout au long de la manifestation ;
- découvrir de nouveaux visages, des visages appelés à être revus avec plaisir ;
- ta compagnie pleine d’alegría et de caste, Benoît, précisément au moment où les toros d’Hernández Pla, eux, affichaient un cruel déficit en la matière ;
- la deuxième pique au 4° pla, tombée, allez savoir par quel miracle, dans le morrillo mais aussitôt rectifiée... en dehors — « bouh ! » ;
- à deux ou trois exceptions près, le principe des trois piques "réglementaires"1 — « Bravo l’ADAC ! » ;
- le comportement atypique d’'Escritor' sorti en 3° position, un escolar diabolique, un peu dolores sur les bords, un drôle de manso qui ne se fit pas prier pour aller au cheval et n’y faire... qu’illusion ;
- jouer au crocodile à la piscine municipale ;
- que dis-je, j’ai adoré 'Mimoso', un rêve de toro, un 5 de cœur, une estampe albaserrada, LE toro con trapío de ce Céret de Toros 2008 ;
- la présentation "homogène dans son hétérogénéité" du lot de Bucaré ; des novillos qui ont passé leur matinée à faire visiter le ruedo aux novilleros — demandez voir à Sophie et Édouard ;
- le poder de 'Palmero II' (2° Hernández Pla), 'Montañés' (3° Bucaré) et 'Mimoso' (5° Escolar Gil) sous le fer — trois grosses envies d’en découdre posées sur douze pattes en béton armé ;
- les ovations faites à Luis Francisco Esplá lors de son entrée en piste et de sa sortie, toutes deux émouvantes dans leur simplicité ;
- entendre l’excellente cobla Mil.Lenaria jouer L’Estaca de Lluís Llach, chantée par la partie catalane du public (j’imagine) lors d’un tercio de banderilles — magique... ;
- la sortie fracassante de 'Cantito I', second d’Esplá ;
- faire l’heureuse rencontre de Fabrice Torrito, homme charmant et auteur avec sa fille du très beau Luminoso se mit à parler... — merci à toi pour la dédicace ;
- les jolies banderilles "sang et or" — voir El Chano et Luis Francisco les poser, celui-ci la cinquantaine passée, c’est quand même quelque chose ;
- apprendre, avoir la confirmation que toutes les piques étaient montées à l’endroit — « Bravo José ! » ;
- malgré leur effet néfaste, la série de trois véroniques distribuées au centre par Sergio Aguilar à 'Mimoso', mal paraphée par une demie foirée ;
- sentir les poils de mes bras se dresser lorsque ce même 'Mimoso' s’en est allé brasser la cavalerie pour la quatrième fois ;
- et ce grâce à la curiosité de ma fille, fouler des terrains que seules les grandes personnes s’interdisent d’approcher — « Papa-tu-viens-on-va... », « Papa-je-veux... » —, et me creuser la tête pour répondre (ou sécher) à ses nombreuses interrogations — « Papa-et-pourquoi... ? », « Papa-et-comment... ? » ;
- le spectacle extraordinaire de la réapparition du Soleil — « Nous pouvons vivre sans la chaleur du soleil mais nous n’existons pas sans la lumière. » Jean-Luc Parant2 ;
- pouvoir regarder les toros aux corrals au travers de nouvelles ouvertures (bien pratiques pour les enfants) et de vitres toutes neuves (bien pratiques pour les photos), et... pouvoir consulter Camposyruedos dès mardi matin à la médiathèque de Céret.

J’ai pas aimé :
- mais alors pas du tout, du tout que la course de samedi ait débuté3... Avez-vous vu avec quel héroïsme la présidence demeura impassible sous les trombes d’eau ? Et même pas une ou deux âmes charitables pour l’abriter du déluge ! Pathétique... Et pendant ce temps-là, en bas, les areneros pompaient, pompaient, pompaient ! Inutile... Et Rafaelillo jouait à la roulette russe ! Suicidaire... ;
- qu’Aguilar, comme tous ceux que j’ai vus d’ailleurs, ne soit pas allé chercher, n’ait pas su soumettre, "tordre", dominer son albaserrada (toro de vuelta mais vuelta usurpée) ;
- la sale besogne des picadors, spécialement lors de la novillada — un relevé minutieux des impacts des fers aurait été accablant ;
- la médiocrité de la quasi totalité des estocades — mention spéciale à celle, dans le dos (sic), de Cristo Fourcart et à celle, traversante (re-sic), de David Mora ;
- voir le cuir de ce Bucaré fendu par la pique sur une trentaine de centimètres ;
- constater qu’Esplá n’avait pas fait piquer ses toros ! ;
- le salut de José Escolar Gil... eu égard au comportement de ses protégés au premier tiers ; il y eut des rencontres, certes, mais quelles rencontres ? Seuls poussèrent les 2° et 5°, ce dernier avec brio... ;
- le chahut sur les tendidos entre la 3° et la 4° rencontre au cheval du dernier Escolar ; c’était bizarre... ;
- que la présidence du dimanche après-midi (s')autorise le changement de tercio après 2 piques au 1°, par ailleurs pas mal piqué, et une seule au 3°, boiteux — on ne change plus les toros, qu’on se le dise... ;
- donc, que l’on nous empêche d’apprécier une troisième rencontre du Hernández Pla au cheval ;
- réaliser que je ne reverrai sans doute plus les belles et classiques arabesques de la cape rose et bleue d’Esplá (snif) ;
- et c’est un euphémisme, la prestation d’ensemble du Franco-Espagnol Cristo Fourcart ;
- ne plus reconnaître le Fernando Robleño d’avant, lidiador... ;
- le tercio de piques mal mené par Luis Vilches à son bon second Hernández Pla — le Sévillan n’était pas à sa place à la droite du picador ;
- le "manque de réussite" des puntilleros ;
- la seconde faena d’un Sergio Aguilar en grande difficulté (cf. Esplá face au 4°, Robleño face à ses deux adversaires, Mora face au 3° Buendía...), sans cesse accroché puis finalement désarmé ;
- galérer pour trouver une saucisse dans du pain — un hot-dog quoi ! ;
- l’attitude d’Aguilar qui n’a pas, alors que 'Mimoso' venait de prendre une "bonne ration" de fer lors des deux premières rencontres, pris la peine de le faire récupérer ;
- les interventions sans grand intérêt du vétérinaire Gérard Bourdeau lors de la tertulia du dimanche soir ;
- me faire arroser les pieds par la chasse d’eau des WC Dames (?) — que d’eau, que d’eau ! ;
- disons plutôt que je n’ai pas été franchement convaincu par les explications de Jean-Louis Fourquet concernant les événements du samedi soir... sans pour autant remettre en cause la sincérité du président de l’ADAC ;
- apprendre qu’El Fundi avait été blessé à Pampelune — la poisse ! ;
- "toutes" les premières piques, traseras, bien trop longues — « El quiiiite ! » —, carioquées (exceptée une !) ;
- la rumeur selon laquelle Padilla remplacerait El Fundi — et vous trouviez ça drôle ? ;
- euh, j'aurais bien aimé qu’Isabelle et Laurent fussent parmi nous ;
- jouer le rôle du dindon de la farce au Café de France — l’addition c’est toujours un grand moment... ;
- oublier mon carnet pour la novillada ; aussi je ne me prononcerai pas trop sur la vuelta (généreuse, non ?) concédée au 1° Bucaré et le salut du... ;
- me farcir le traditionnel montón à l’entrée des arènes — j’ai du mal à m’y faire parce que j’ai toujours l’impression que je ne vais pas pouvoir rentrer ! ;
- constater qu’aucun morrillo n’avait été agressé par le fer de la pique et qu’aucun picador n’avait mordu la poussière — pas un seul batacazo, vous m’entendez, pas un seul ! Quelle misère... ;
- le coup de soleil que j’ai pris dans le dos... à Saint-Cyprien Plage.

1 Jean-Louis Fourquet a laissé entendre qu’un "Règlement cérétan" pourrait voir le jour... Je suis incapable de vous dire si c’était du lard ou du cochon ! Sacré Jean-Louis...
2 Jean-Luc Parant (Textes), Marie-Sol Parant (Musique), Partir, CD audio, Aloo Matta 001, 1997.
3 « Arrêtez tout ! C’est de la folie ! » j’ai gueulé, ou un truc comme ça... Retarder le paseo... Reporter la course...

Images © Camposyruedos
'Mimoso' — il est encore collé sur ma rétine 'Montañés' le petit démon 'Dominico' qui eut la chance d'être confronté à un picador loyal... 'Mimoso', 'Montañés', 'Dominico', ah ! les jolis noms que j'écris là...

20 juillet 2008

Céret de Toros 2008 - Hernández Pla


Une semaine après la fin de la féria, nous vous proposons en page RUEDOS du site la première galerie consacrée à la corrida d’Hernández Pla.

14 juillet 2008

Céret - Jour 2


Enfin une journée au déroulement sans incidents particuliers. Passons sur la corrida aussi remarquablement présentée que décastée d’Hernández Pla. Seul David Mora, à base d’aguante et de volonté, est parvenu à tirer des passes plus que méritoires ; sans oublier un début de faena de Vilches très alléchant.
Le matin, la novillada de Bucaré ne fut pas sans intérêt malgré un manque d’engagement sous le fer puis de sauvagerie au troisième tercio. Une novillada entretenue, noble, avec une caste indéniable et qui mit en échec les trois novilleros très en-dessous des possibilités offertes par leurs opposants. La vuelta du premier me semble très discutable eu égard à son peu d’engagement dans le peto malgré trois rencontres prises de loin et sans hésitation. On clique sur la photo...

30 avril 2008

Pérez de la Concha, Georges Clooney et Bertrand Renard...


L'occase était trop belle, on pouvait pas rater ça...
Vitres ouvertes, le compteur a tope, on écoutait pour la 35ème fois, le dernier album de Chambao. A l'arrière, ceux qui avaient entamé les stocks du "Lo Nuestro" jusqu'à pas d'heure, finissaient leur nuit. Et nous, on savourait la diversité des rouges de la terre, le voile argenté des champs d'oliviers et puis, de temps à autres, au milieu, la petite chapelle en ruine d'une finca isolée qui a dû connaître son âge d'or à une époque où, assurément, ni vous ni moi n'étions de ce monde. On allait voir les Pérez de la Concha, ceux de Vic.
Au fond de nous, on spéculait pas mal sur ce "détail" de l'Histoire qui nous animait et qui avait réussi le fol exploit de nous arracher de la torpeur nocturne de la calle Betis.
Pour être honnête, on ne savait pas grand-chose de ces Pérez de la Concha mais on imaginait beaucoup. Aucun de nous n'aurait pu évoquer le moindre souvenir de la moindre lidia au moindre de ces spécimens, mais il suffisait de savoir que leur présentation madrilène s'était faite en 1850 pour deviner l'ampleur de l'entreprise généalogique, avec tout ce que cela implique de croisements, d'héritages et autres ventes au gré du souffle de la vie des hommes, de leur travail, leur passion et leurs drames aussi. Et puis, Pérez de la Concha, ça sonnait un peu comme un de ces noms de ganaderías d'antan qui faisaient hurler d'effroi les foules, et peuplaient les colonnes de faits divers morbides des diarios taurinos des siècles passés. On en aurait presque des visions goyesques. Mais bon, il y a bien longtemps que Pérez de la Concha n'évoque plus la moindre sueur froide. Un peu comme la petite chapelle sans son clocher, là-bas plus au sud, dans son champ d'oliviers, avait fini d'évoquer la moindre illumination divine depuis... allez savoir, tiens ! Ainsi, la destinée glorieuse des toros de Pérez de la Concha s'était diluée dans le puit sans fond des souvenirs anciens d'une tauromachie qui ne s'accorde plus avec les tempéraments piquants du passé. Et c'est bien tout le drame de la maison... et finalement peut-être un peu de la tauromachie aussi.
En bref, c'est Joaquín de la Concha y Sierra qui créa l'édifice avec des vaches de "Curro Blanco" et du bétail de "Las Ninas de Pérez", tous issus des alentours de Séville. Puis, il acquit des vaches et des étalons de Picavea de Lesaca (Marquis de Saltillo devenu Félix Moreno). Il céda le fer à son neveu Joaquín Pérez de la Concha à sa mort en 1861, qui céda lui-même à ses fils. La ganadería s'appelle alors Señores Hermanos Pérez de la Concha. En 1924, des vaches et un semental de Santa Coloma viennent donner une nouvelle "coloration" au sang des bravos lesaqueños .
1928 enfin, la ganadería est vendue en 2 lots. Le premier partira chez Esteban González Camino et le second restera toutefois dans la famille puisque c'est un fils, Tomás Pérez de la Concha, qui en devint acquéreur en donnant au passage son nom à l'entreprise. Quelques lectures nous avaient renseignés sur ce que l'on s'apprêtait à voir, et l'on imaginait surprendre peut-être quelques jaboneros, résurgences accidentelles d'un passé vazqueño du lointain Concha y Sierra originel perdues au milieu de cárdenos définitivement santacolomeños car, oui, c'est bien sous cette bannière là que s'annonce le sang des toros bravos de "Hijos de Tomás Pérez de la Concha" . Oh bien-sûr, on ne boude jamais son plaisir de voir son propre reflet dans l'oeil d'un Santa Coloma, mais bon sang ! Où donc est passé cet exotisme qui manque tant à la planète des toros d'aujourd'hui ? Qu'il en soit ainsi, alors... tant qu'on n'annihile pas complètement les vertus d'un sang royal pour de trop basses raisons.
Justement, alors que l'on avait décimé des armées de moustiques à grands coups de pare-brise sur environ 200 bornes, on arrivait à Azuaga, finca "La Gloria", anciennement celle de Pepe Chafik, ganadero de San Martín. Pas de souci, ses anciens trésors qui n'ont pas été du voyage outre-Atlantique sont toujours bien gardés dans leur écrin cárdeno et leurs "très vilains" cercados, à la différence près que le gardien du temple s'appelle aujourd'hui... Ignacio Huelva Manrique. Beau gosse à la quarantaine "GeorgesClooneyesque" (fallait la tenter, celle là... ), ce "golden boy" aux dents longues a la bosse des affaires et l'afición a los toros... los de verdad. What else ?... Eh bien, que quand on investit dans du San Martín, Hernández Pla ou du Pérez de la Concha, soit on est un peu perdu avec la notion de rentabilité, soit on aime profondément le toro rustique, à l'ancienne, qui vous colle une migraine à l'évocation de son nom, en ayant bien conscience que la poule aux oeufs d'or n'est pour l'heure qu'un gros caillou tout brut. Ainsi Ignacio Huelva est aficionado, et après pareille évocation on n'oserait en douter. Tant mieux pour lui, pour eux (les bichos), et puis pour nous aussi, un peu... après tout.
La terre est belle à Azuaga, et le campo se magnifie sous l'ardente chaleur. A l'heure où même les arbres s'endorment pour ne pas avoir à supporter la présence étouffante du soleil, on fait le tour de la propriété. On shoote plein tube le moindre cornu qui ose s'aventurer dans notre champ de vision... Ici, chez San Martín, évidemment, du cárdeno "en-veux-tu-en-voilà", et là, tout de suite, au milieu de ce maudit cercado, les pupilles de Pérez de la Concha. Stupéfaction.
De suite, tu sens bien que l'oeil du Santa Coloma te guette. Il y a cette présence qui te pèse et l'atmosphère qui devient lourde, très lourde. Cette lueur terrifiante au fond du regard qui te rappelle terriblement ta condition de petit homme au milieu d'un royaume qui n'est pas le tien. Bien-sûr, il n'était pas question de grandes étendues sauvages, mais chez ce genre de Seigneur-là, toute terre foulée devient un bastion immédiat à défendre. Ils ne te lâchent pas, te fixent, te surveillent, vigilants au moindre cil qui bat. Des combattants à l'affût. Ça tourne, ça rode... Laisser distraitement traîner une main le long de la portière serait un défi à l'apparente paix qu'évoque l'ampleur pesante de ces monstres. Nul doute que s'ils préfèrent éviter l'affrontement, c'est qu'ils accordent leur pardon à l'inconscience. Mais quand le Santa Coloma se retire du débat, il ne te tourne pas le dos... Oh non, ça, jamais.
Souviens-toi toujours de l'oeil du Santa Coloma qui ne te perd jamais de vue. Il n'abdique pas, ne crois pas ça... Pas le Santa Coloma... même là-bas, au fond, derrière l'arbre et dans sa volute de poussière, il t'observe et ne perd rien de ton séjour en son antre. Il s'en souviendra longtemps, même, jusqu'au moment ultime de sa vie où il se sentira serein d'avoir pardonné à ceux qui ne savaient pas qu'ils le défiaient. N'oublie jamais l'oeil du Santa Coloma, petit Homme... n'oublie jamais.
J'abandonnais le cercado sur ce regard ultime plein de promesses que me lança le dernier "Pérez" de la troupe, avant de disparaître plus loin, là-bas. Il me disait qu'on allait se revoir bientôt...
En quittant les lieux, on venait de laisser derrière nous les vestiges d'une histoire de bravoure qui dure depuis plus de 150 ans. Mais à l'image de ces noms anciens qui illustrent d'antiques épopées, où le sang d'avant n'est plus et où l'allure qu'on devinait sur de vieilles gravures ne rappelle en rien celle que l'on discerne, là, juste sous notre nez, ces toros de Pérez de la Concha venaient d'ouvrir une nouvelle brèche dans nos fraîches connaissances, car si l'on envisageait honnêtement assez peu de percevoir quelque "lesaqueño" de l'ancien temps, on s'attendait toutefois, à juste titre, à croiser ce bouleversant regard de Santa Coloma cárdeno. Mais pas le Santa Coloma type Buendía de... Hernández Pla, oh non, pas celui-là. Et pourtant, si...
On mordait l'asphalte bouillant du retour, Chambao jouait rien que pour nous pour la 36ème fois et l'on décimait encore une quinzaine de dynasties de moustiques avec frénésie, en ruminant sur notre "découverte" comme Bertrand Renard* sur une équation à 18 inconnus, quand le nom d'Ignacio Huelva revint à nos esprits comme un revers qui vous claque au blaire, car il nous aurait suffi d'ouvrir plus tôt les yeux pour déduire que les toros de Pérez de la Concha partagent le quotidien, entre autres confidences, de ceux d'Hernández Pla dans leurs fincas respectives de Ciempozuelos, Zufre et Puerto Moral, toutes trois outrageusement identiques et propriétés d'une seule et même société, la S.A. Horsebull (yes it is...), que représente si "georgesclooneyesquement" (celle-la aussi, fallait la tenter...) l'ami Ignacio (yes he is...). Vous saisissez ?
Mais allez savoir, peut-être un pur hasard... sans doute, même.
Oui , sûrement un hasard.

To be continued...
El Batacazo

* Honnêtement, vous auriez pensé qu'on pouvait citer Pérez de la Concha , Georges Clooney et Bertrand Renard dans un seul et même texte ?

>>> Retrouvez la fiche complète de la ganadería sur Terre de toros & la galerie des Pérez de la Concha qui sortiront à Vic-Fezensac sur Camposyruedos.

Photographie Un novillo de Pérez de la Concha au campo en avril 2008 © Camposyruedos

17 mars 2008

Hernández Pla sur Terre de toros

Après la galerie annoncée par Laurent dans son dernier message, vous pourrez découvrir la fiche de l'élevage Hernández Pla sur le site Terre de toros.

Bonne lecture.

16 mars 2008

"Même les clébards..." Campos de Castilla (III)


"Même les mémés aiment la castagne [...]" à Toulouse, dans le swing rocailleux du poète Nougarrrro. A Ciempozuelos, au lieu-dit « Soto Gutiérrez », c'est pareil que dans la chanson mais ce sont les clébards qui aiment la castagne... et pour de vrai, les crocs en étendard.
Si vous allez traîner votre carcasse du côté de Ciempozuelos dans le proche sud de Madrid, c’est que vous devez aimer les taureaux de combat ou tout simplement que vous désirez vous rendre à Chinchón et, dans ce cas, vous n’avez que faire de Ciempozuelos... C’est logique. Il n’y a pas grand-chose à visiter ou à voir à Ciempozuelos, pas même un petit paysage sympa au détour d’une colline... Faut aimer les toros pour aller à Ciempozuelos ou simplement vouloir se rendre à Chinchón et, dans ce cas, vous n’avez que faire de Ciempozuelos, c’est logique.
C’était écrit sur le portail d’entrée de la finca. Les chiens sont dangereux, parfaitement énervés. De derrière le mur blanc, on se sent protégé, loin des crocs. Erreur, ces chiens-là ont l’air pec et objectivement fumés du bulbe. Ils le sont. Quand le portail s’est ouvert, courageux, nous sommes restés dans la voiture comme sur une île verte encerclée de squales bleus à la diète depuis trois mois. Nous venions voir des toros gris...
Elle nous a juste dit qu’ils étaient « fous » mais pas dangereux, que nous pouvions descendre du coche. J’ai regardé les autres, rapidement, comme un voleur... avouons-le, je voulais qu’ils descendent avant moi ; pas tous, seulement un pour faire diversion... On a dû les faire rire tous ces gens de "Soto Gutiérrez" parce que, finalement, ils n’étaient pas si terribles que ça ces cabots sans pedigree. On les a même caressés, du bout des doigts seulement, au cas où et pour l’odeur...
Il y a un chemin de terre qui court devant la placita de "Soto Gutiérrez" et qui part vers nulle part, plus loin. C’est bucolique, l’herbe colore la terre et des chats noir et blanc sautent au pied de grands arbres. Derrière le mur blanc, lentement les crocs deviennent ombres aigues sur le sol gris. Malgré le vent léger, l’herbe du chemin beige a cessé de tanguer. Le portail va s’ouvrir, un chat noir et blanc a oublié d’écouter le silence. Le petit chemin qui passe devant la finca est devenu ruedo ; un ruedo tout en long comme les ombres des crocs. On les a vus exploser, la langue calée sous le poitrail, les yeux rouges injectés de rage, les crocs traçaient des sillons, les griffes creusaient des cratères. L’herbe s’est cachée sous la terre, les arbres ont fermé leurs branches pour ne pas voir, les piafs, s’ils avaient eu des mains, se seraient bouché les oreilles pour ne pas entendre. Ça allait saigner, sin puntilla ! Le portail était ouvert, Serafín allait nous montrait les toros gris, un chat allait se faire déchirer grave par des chiens sévèrement toqués. Devant nous, à deux mètres peut-être, il a couru plus vite que ses courtes pattes ne pouvaient le porter, c’est un trou de souris qui l’a sauvé et un coup de rein muy torero pour esquiver l’embestida furieuse des cabots aux longs crocs. Nous venions voir des toros gris... Si vous allez un jour traîner du côté de Ciempozuelos, ne vous focalisez pas sur les toros gris au bord du chemin beige ; écoutez le silence, il annonce bruyamment qu’en ce lieu vivent des êtres fous, fumés du bulbe et qui chargent tout ce qui bouge...
Nous avons finalement vu les toros gris, lentement, comme dans un apaisement. Ils sont beaux, ils ont des cornes longues et effilées, ils en imposent, c’est certain. D’après les livres généalogiques, les Hernández Pla descendent des Buendía, c’est-à-dire des Santa Coloma croisés de Saltillo et volontairement élevés en petit format par Monsieur Buendía. Chez les Pla, ce petit format n’est plus de mise et il semble que la sélection soit clairement dirigée vers le costaud et le très armé. Un lot d’ailleurs a été retenu par les organisateurs cérétans... Logique a-t-on envie d’écrire. Finalement, il y a très peu à dire de cet élevage d’Hernández Pla. C’est affreusement moche car à "Soto Gutiérrez", il semble que M. Ignacio Huelva ait surtout investi dans la tôle. Cette tôle hideuse qui sert à séparer les minuscules cercados pelés dans lesquels paraissent s’ennuyer d’énormes bestioles grises. C’est donc laid. Il y aurait juste à supputer sur le rajout de sang Saltillo dans cette ganadería tant certains spécimens s’approchent plus du type effilé des toros du Marquis que des rondeurs des Buendía. Seulement des hypothèses...
Pour le reste, il n’y a pas beaucoup à écrire sur tout cela. Le toro d’Hernández Pla est un toro à part entière, aujourd’hui clairement sorti du concept moyen du toro de Buendía. Ça paraît hors type à première vue. Mais y a-t-il réellement un type Santa Coloma-Buendía ? A l’affirmation que les Hernández Pla sont hors type car trop costauds et trop armés en comparaison avec les Buendía, certains pourraient nous répondre qu’après tout, avant la vente à Buendía (1932), ces toros étaient plus grands car c’est Buendía qui a eu la volonté de réduire le volume de ses bêtes. C’est vrai et tout à fait défendable. Cependant, et je relaye là une réflexion d’un de mes amis, ce qui est inquiétant dans le cas d'Hernández Pla, c’est qu’ils ont fait du gros avec du petit... et aujourd’hui, le toro d’Hernández Pla est loin des canons de ses origines Buendía. Pour autant, cela plaît à beaucoup et conviendra certainement à tous ceux qui se rendront à Céret en juillet... 6 balaises dans le type Hernández Pla mais hors du type Buendía.
Et en juillet, il ne serait pas étonnant d’entendre des chats noir et blanc miauler sur l’herbe jaune du chemin qui passe devant le mur tout blanc...


>>> Retrouvez les photographies des Hernández Pla (dont ceux de Céret) sur le site à la rubrique CAMPOS.

Photographies Pelea de deux toros d'Hernández Pla à "Soto Gutiérrez", février 2008 & un des monstres atigrados de "Soto Gutiérrez" © Camposyruedos

12 mars 2008

Bientôt sur Camposyruedos...


Dans quelques jours, retrouvez sur le site les photographies de la camada 2008 des Hernández Pla dont certains sortiront à Céret en juillet... Patience...

Photographie Toro d'Hernández Pla à "Soto Gutiérrez" © Camposyruedos