21 juillet 2008

J'ai aimé, j'ai pas aimé # Céret 2008


Cet inventaire « à la vicoise » en 2 fois 30 points (c’est le genre de défi que j’affectionne), sans ordre d’importance, prend en compte trois jours de féria (du samedi au lundi) et "toutes" les courses : Bucaré, Hernández Pla & Escolar Gil. Jeudi, au départ de Brive, les Prieto peuplaient encore mes songes...

J’ai aimé :
- beaucoup aimé, mais vraiment beaucoup, retrouver les ami-e-s autour d’une bavette, d’un verre, d’une barquette d’olives ou de cacahuètes, d’une salade de tomates au piment doux des Landes, d’un ruedo... ;
- la réception du toro par Robleño et Esplá, à reculons des planches au centre, la cape largement déployée, souple et délicate, efficace et dominatrice — le toro d’abord mais il passera plus tard... ;
- aborder et interroger le boucher de l’entreprise perpignanaise Guasch Viandes — j'y reviendrai... ;
- les mises en suerte et le descabello foudroyant décoché par Esplá à son premier ;
- que la pluie cesse enfin — quelle conne ! ;
- la prestation, en dépit de l’emplacement de la pique — pas scandaleux au demeurant —, du picador de Robleño à 'Dominico', son 1° santacoloma (cheval de face en mouvement, refus de la carioca, pique dosée) ;
- renouer, en excellente compagnie et dans la bonne humeur, avec les tertulias du soir après 7 ou 8 années d’exil volontaire à l’autre bout de l’arène ;
- la force morale des novillos santacolomeños — de vrais petits démons malgré le sabotage en règle du premier tiers ;
- le tendre bisou échangé par un monsieur de 91 ans, le peintre Jean Capdeville croisé par hasard en haut de la rue Saint-Ferréol lors de sa promenade quotidienne, avec ma fille de 6 ans : 85 années rassemblées autour d’un baiser... ;
- les rues cérétanes débarassées de leur absurde tapis de timballes en plastique — résultat dû à l’euro de consigne pour le prêt (ou l’acquisition) d’un solide gobelet sérigraphié porté autour du cou et conservé tout au long de la manifestation ;
- découvrir de nouveaux visages, des visages appelés à être revus avec plaisir ;
- ta compagnie pleine d’alegría et de caste, Benoît, précisément au moment où les toros d’Hernández Pla, eux, affichaient un cruel déficit en la matière ;
- la deuxième pique au 4° pla, tombée, allez savoir par quel miracle, dans le morrillo mais aussitôt rectifiée... en dehors — « bouh ! » ;
- à deux ou trois exceptions près, le principe des trois piques "réglementaires"1 — « Bravo l’ADAC ! » ;
- le comportement atypique d’'Escritor' sorti en 3° position, un escolar diabolique, un peu dolores sur les bords, un drôle de manso qui ne se fit pas prier pour aller au cheval et n’y faire... qu’illusion ;
- jouer au crocodile à la piscine municipale ;
- que dis-je, j’ai adoré 'Mimoso', un rêve de toro, un 5 de cœur, une estampe albaserrada, LE toro con trapío de ce Céret de Toros 2008 ;
- la présentation "homogène dans son hétérogénéité" du lot de Bucaré ; des novillos qui ont passé leur matinée à faire visiter le ruedo aux novilleros — demandez voir à Sophie et Édouard ;
- le poder de 'Palmero II' (2° Hernández Pla), 'Montañés' (3° Bucaré) et 'Mimoso' (5° Escolar Gil) sous le fer — trois grosses envies d’en découdre posées sur douze pattes en béton armé ;
- les ovations faites à Luis Francisco Esplá lors de son entrée en piste et de sa sortie, toutes deux émouvantes dans leur simplicité ;
- entendre l’excellente cobla Mil.Lenaria jouer L’Estaca de Lluís Llach, chantée par la partie catalane du public (j’imagine) lors d’un tercio de banderilles — magique... ;
- la sortie fracassante de 'Cantito I', second d’Esplá ;
- faire l’heureuse rencontre de Fabrice Torrito, homme charmant et auteur avec sa fille du très beau Luminoso se mit à parler... — merci à toi pour la dédicace ;
- les jolies banderilles "sang et or" — voir El Chano et Luis Francisco les poser, celui-ci la cinquantaine passée, c’est quand même quelque chose ;
- apprendre, avoir la confirmation que toutes les piques étaient montées à l’endroit — « Bravo José ! » ;
- malgré leur effet néfaste, la série de trois véroniques distribuées au centre par Sergio Aguilar à 'Mimoso', mal paraphée par une demie foirée ;
- sentir les poils de mes bras se dresser lorsque ce même 'Mimoso' s’en est allé brasser la cavalerie pour la quatrième fois ;
- et ce grâce à la curiosité de ma fille, fouler des terrains que seules les grandes personnes s’interdisent d’approcher — « Papa-tu-viens-on-va... », « Papa-je-veux... » —, et me creuser la tête pour répondre (ou sécher) à ses nombreuses interrogations — « Papa-et-pourquoi... ? », « Papa-et-comment... ? » ;
- le spectacle extraordinaire de la réapparition du Soleil — « Nous pouvons vivre sans la chaleur du soleil mais nous n’existons pas sans la lumière. » Jean-Luc Parant2 ;
- pouvoir regarder les toros aux corrals au travers de nouvelles ouvertures (bien pratiques pour les enfants) et de vitres toutes neuves (bien pratiques pour les photos), et... pouvoir consulter Camposyruedos dès mardi matin à la médiathèque de Céret.

J’ai pas aimé :
- mais alors pas du tout, du tout que la course de samedi ait débuté3... Avez-vous vu avec quel héroïsme la présidence demeura impassible sous les trombes d’eau ? Et même pas une ou deux âmes charitables pour l’abriter du déluge ! Pathétique... Et pendant ce temps-là, en bas, les areneros pompaient, pompaient, pompaient ! Inutile... Et Rafaelillo jouait à la roulette russe ! Suicidaire... ;
- qu’Aguilar, comme tous ceux que j’ai vus d’ailleurs, ne soit pas allé chercher, n’ait pas su soumettre, "tordre", dominer son albaserrada (toro de vuelta mais vuelta usurpée) ;
- la sale besogne des picadors, spécialement lors de la novillada — un relevé minutieux des impacts des fers aurait été accablant ;
- la médiocrité de la quasi totalité des estocades — mention spéciale à celle, dans le dos (sic), de Cristo Fourcart et à celle, traversante (re-sic), de David Mora ;
- voir le cuir de ce Bucaré fendu par la pique sur une trentaine de centimètres ;
- constater qu’Esplá n’avait pas fait piquer ses toros ! ;
- le salut de José Escolar Gil... eu égard au comportement de ses protégés au premier tiers ; il y eut des rencontres, certes, mais quelles rencontres ? Seuls poussèrent les 2° et 5°, ce dernier avec brio... ;
- le chahut sur les tendidos entre la 3° et la 4° rencontre au cheval du dernier Escolar ; c’était bizarre... ;
- que la présidence du dimanche après-midi (s')autorise le changement de tercio après 2 piques au 1°, par ailleurs pas mal piqué, et une seule au 3°, boiteux — on ne change plus les toros, qu’on se le dise... ;
- donc, que l’on nous empêche d’apprécier une troisième rencontre du Hernández Pla au cheval ;
- réaliser que je ne reverrai sans doute plus les belles et classiques arabesques de la cape rose et bleue d’Esplá (snif) ;
- et c’est un euphémisme, la prestation d’ensemble du Franco-Espagnol Cristo Fourcart ;
- ne plus reconnaître le Fernando Robleño d’avant, lidiador... ;
- le tercio de piques mal mené par Luis Vilches à son bon second Hernández Pla — le Sévillan n’était pas à sa place à la droite du picador ;
- le "manque de réussite" des puntilleros ;
- la seconde faena d’un Sergio Aguilar en grande difficulté (cf. Esplá face au 4°, Robleño face à ses deux adversaires, Mora face au 3° Buendía...), sans cesse accroché puis finalement désarmé ;
- galérer pour trouver une saucisse dans du pain — un hot-dog quoi ! ;
- l’attitude d’Aguilar qui n’a pas, alors que 'Mimoso' venait de prendre une "bonne ration" de fer lors des deux premières rencontres, pris la peine de le faire récupérer ;
- les interventions sans grand intérêt du vétérinaire Gérard Bourdeau lors de la tertulia du dimanche soir ;
- me faire arroser les pieds par la chasse d’eau des WC Dames (?) — que d’eau, que d’eau ! ;
- disons plutôt que je n’ai pas été franchement convaincu par les explications de Jean-Louis Fourquet concernant les événements du samedi soir... sans pour autant remettre en cause la sincérité du président de l’ADAC ;
- apprendre qu’El Fundi avait été blessé à Pampelune — la poisse ! ;
- "toutes" les premières piques, traseras, bien trop longues — « El quiiiite ! » —, carioquées (exceptée une !) ;
- la rumeur selon laquelle Padilla remplacerait El Fundi — et vous trouviez ça drôle ? ;
- euh, j'aurais bien aimé qu’Isabelle et Laurent fussent parmi nous ;
- jouer le rôle du dindon de la farce au Café de France — l’addition c’est toujours un grand moment... ;
- oublier mon carnet pour la novillada ; aussi je ne me prononcerai pas trop sur la vuelta (généreuse, non ?) concédée au 1° Bucaré et le salut du... ;
- me farcir le traditionnel montón à l’entrée des arènes — j’ai du mal à m’y faire parce que j’ai toujours l’impression que je ne vais pas pouvoir rentrer ! ;
- constater qu’aucun morrillo n’avait été agressé par le fer de la pique et qu’aucun picador n’avait mordu la poussière — pas un seul batacazo, vous m’entendez, pas un seul ! Quelle misère... ;
- le coup de soleil que j’ai pris dans le dos... à Saint-Cyprien Plage.

1 Jean-Louis Fourquet a laissé entendre qu’un "Règlement cérétan" pourrait voir le jour... Je suis incapable de vous dire si c’était du lard ou du cochon ! Sacré Jean-Louis...
2 Jean-Luc Parant (Textes), Marie-Sol Parant (Musique), Partir, CD audio, Aloo Matta 001, 1997.
3 « Arrêtez tout ! C’est de la folie ! » j’ai gueulé, ou un truc comme ça... Retarder le paseo... Reporter la course...

Images © Camposyruedos
'Mimoso' — il est encore collé sur ma rétine 'Montañés' le petit démon 'Dominico' qui eut la chance d'être confronté à un picador loyal... 'Mimoso', 'Montañés', 'Dominico', ah ! les jolis noms que j'écris là...