Luis Francisco Esplá est un des toreros que j’ai le plus photographié. Il faut dire que sa personnalité hors normes, sa torería, en font un sujet plus qu’attachant. Le lundi 14 juillet l’attente était bien évidemment plus forte qu'à l'accoutumée. Je n’avais pas photographié le maestro Esplá depuis sa tragique cornada de juillet 2007.
Et puis, nous nous doutions bien que ce paseo serait probablement son ultime à Céret, plaza pour laquelle l’Alicantin n’a jamais fait mystère de l’affection qu’il lui porte.
Un type curieux tout de même cet Esplá. De nombreux taurinos abhorrent Céret, lui s’y sent bien. Je me souviens de lui, discret dans le callejón, le jour des Vaz Monteiro. Il avait absolument tenu à être témoin de cette expérience littéralement extraordinaire. Il n’avait pas été choqué, contrairement à de supposés aficionados toristas.
Je crois par contre me souvenir qu'il n'avait guère goûté les redoutables Quinta da Foz, peut-être parce qu'il s'y était mis devant, ce jour où, montera visée sur la tête, il donna l'alternative à Rafael González, avec une virile poignée de main en lieu et place des effusions et embrassades habituelles ; en lieu et place des mariconadas diraient certains.
La plupart des taurinos exécraient Joaquín Vidal. Le peintre Esplá lui a rendu hommage, en signant la portada et la quatrième de couverture d’un livre rare, porté par l’Afición madrilène, en hommage au critique disparu, un livre pour bibliophiles. Un drôle de type assurément cet Esplá.
La confirmation de son départ est venue à l’occasion de son deuxième toro, offert au médecin qui l’a pris en charge l’an passé. La nouvelle s’est répandue très vite dans le callejón. C’était donc mon dernier Céret de Toros avec Esplá. Je ne le reverrai pas plus à Madrid. Nous le croiserons, une fois encore, à Arles, pour la corrida concours. Et ce sera probablement tout en ce qui me concerne.
J’étais tout gamin lorsque Esplá a débuté. J’en conserve quelques souvenirs, lointains, et d’autres plus récents évidemment, à Madrid notamment. Une corrida de Cuadri, à l’époque où les toracos de Fernando étaient de véritables avions de chasses, infatigables, aussi puissants que pesants et rapides. Si cette maudite épée n’était pas venue perturber les choses, c’étaient trois, ou quatre oreilles qui se seraient coupées cette après-midi-là... Ça n’a pas tenu à grand-chose. Mais le souvenir persiste, bien sûr.
Le voir partir aujourd’hui, c’est un peu prendre conscience du temps qui passe, de l’écoulement de sa propre vie. Alors, ce 14 juillet 2008, j’ai été plus attentif encore à ses déplacements, à ses manies, à son arrivée aux arènes et à son départ, évidemment, salué par une haie d’honneur improvisée par les areneros et quelques membres de l’ADAC. Vous avez accès à une galerie depuis la rubrique RUEDOS du site... Nous vous proposerons ensuite, dans les prochains jours, les traditionnelles galeries du Céret de Toros 2008.
César Rincón l'an passé, maintenant Esplá, décidément le temps se fait plus vieux...
César Rincón l'an passé, maintenant Esplá, décidément le temps se fait plus vieux...