27 avril 2007

"..." Feria de Abril 2007 (I)

Les pleurs de la vierge quittent ce bout de rue. Alors, l’ample murmure reprend son droit, redevient roi. Les Sévillans tuent leur silence de foi sur l’autel de la fête et de mots mitraillés, dévorés. C’est un paradoxe mais Séville aime le bruit et sa chaleur grinçante. Ça piaille dans les tavernes, ça caquette à tout va au-dessus du patio de caballos, ça couvre les commentaires du match Barça-Real, ça pinche des « jode' », ça descabelle les consonnes. On ne tourne pas sept fois sa langue dans la bouche aux abords du paisible Guadalquivir ! C’est comme ça, Séville aime le bruit, elle envoie du "son" ! Et, les toros sont là, sur le jaune ocre de la Real Maestranza de Caballería, sur les coups de l’apéro... en France. A l’heure où chez nous ça chuchote, eux se taisent pour deux heures. Les toros s’écoutent à Madrid, le silence les habille à Séville. C’est la bulería des "chut", la minute des oiseaux, le temps du vent. Rien d’autre !
Ici, il a son langage, son champ lexical, ses règles de grammaire. Le silence sévillan est un idiome muet qui en dit long et qui cause bien.
Iván García est blond... et se veut torero. L’on se ment surtout à soi-même finalement. La nuit avance doucement la jambe ce mercredi 18 avril 2007 et la lumière, déjà, n’est plus qu’un artifice. L’ultime toro de Palha, 'Gentil', castaño anodin subit, à distance, les faux muletazos du grand blond. Deux derechazos, un pecho, l’autosatisfaction se campe sur un visage en attente de claquements de mains. ... ! ... ! Rien. Solitude, comme quand on raconte une blague et que personne ne se fend la poire. Le mépris sans un bruit.

Manuel Escribano est presque blond et la nuit est, cette fois, entièrement croisée ce lundi 16 avril. Les toros de Cuadri ont entretenu la course face à trois segundones paresseux et en manque de recours. Un lot pour rien, comme souvent depuis quelque temps. Bien présentés, homogènes dans le noir et les pitones algo acapachados, les toros de "Comeuñas" sont sortis avec ce qu’il fallait de caste (oh ! pas des foudres de guerre), mobiles, certains bravitos. Fernández Pineda a montré de jolies manières que nie vulgairement Serafín Marín.
Escribano joue peut-être sa temporada ce jour et s’avance hors du burladero pour recevoir 'Tachuela' a porta gayola. Deux secondes de murmure et un siècle d’apnée. Les yeux hors des coquilles, comme poussés par cette adrénaline qui court jusqu’au dernier pli du rose de la cape, le silence tremble. Par respect, 'Tachuela' est sorti au pas, interrogeant gueule haute cette obscurité de sons. Même les toros aiment le silence !
En silence, le maître de musique a refilé sa baguette mais la trompette est toujours là et le sublime aussi. 'Gentil', ce Palha anodin que García regarde se balader dans ce cercle tordu de la Maestranza a décidé de ne pas bouger d’un sabot. Au second tiers opère la banda. Soudain, comme s’il le savait, ce cercle tordu est devenu le centre du monde parce qu’un morceau de cuivre faisait naître un poème, dans une éblouissante solitude. Comme ces tableaux de Matisse où dansent de grands hommes rouges, les noires et les blanches foutaient le camp vers l’univers et 'Gentil' n’a pas bougé, pas un centimètre, pas un millimètre. ¡Nada! Même les toros aiment ce silence... Génial ! Chaque note susurrait des mots simples filant loin de nous, silencieux, "fly me to the moon, and let me play among the stars, let me see what spring is like, on Jupiter and Mars..." Buen viaje.
Et puis, il y a tous les autres silences, toutes ces autres règles de grammaire qui expliquent Séville.
Il y a aussi, c’est obligé, les faux amis, ces verbes irréguliers d’une langue sans mot.
Le pire, le plus odieux, c’est ce silence qui devrait être émeute, ici et ailleurs, et partout aussi, à l’égard de ces piques laides et nullissimes qui scandent la féria. Pas un bruit pour dénigrer une carioca, pas un mot pour faire remarquer qu’une épaule n’est pas le bas d’un morrillo, pas un cri pour dire que tout cela est minable. Pour ce silence-là, Séville n’a malheureusement pas de monopole mais elle atteint cependant des sommets. Pôvres Cuadri, pôvres Cebada, pôvres Palha, pôvres Victorino et même, oui j’ose, pôvres Zalduendo. Un silence écoeurant pour des formalités d’usage au cours desquelles les toros sont placés à deux mètres, hors de la zone destinée, hors des canons d’un pourtant si beau tercio. Et quand la distance est parfois respectée, la sanction est sans appel et ces messieurs les nullards, plantés sur leur mule à peine dirigeable, aux ordres de soi-disant maestros, s’enchantent de détruire une épaule ou des reins... De la daube avant l’heure !
Je préfère l’écrire plutôt que de me taire...

>>> Retrouvez les photographies des corridas de Cuadri et de Cebada Gago sur le site à la rubrique RUEDOS.

26 avril 2007

Honneurs aux picadors


Ce dimanche 15 avril, j’étais à Las Ventas...
Les novilleros du jour comptabilisaient, à eux trois, 20 courses en 2006 ! Pas une de plus !!! De quoi alimenter quelques craintes, après la prestation des novillos de Bucaré il y a quelques semaines à San Sebastián ; lors de la San Isidro 2006 surtout...
Il est bien loin le temps où les picadors occupaient le haut de l’affiche. Celui où les aficionados connaissaient leurs noms est révolu aussi. Ressentaient-ils les mêmes inquiétudes que nous en ce dimanche madrilène ? Peut-être... Peu importe !
Remettons au plus vite ce petit monde à l’honneur : Rafael Baeza, Israel de Pedro, Manuel José Bernal, José Chacón et Benjamín Iglesias méritent que l’on cite leurs noms. Sortons-les enfin de l’ombre : ils ont été NULLISSIMES !!! Parce qu’il ne piqua quasiment pas le 1er novillo, faiblard d’emblée, seul Antonio Muñoz se fait oublier. Citons systématiquement les autres, ceux qui font mal leur boulot. Cet anonymat gangrène la Fiesta !
A quelques jours de sa féria, Madrid doit maintenant s’emparer de ce fléau. Cette calamité dont elle est depuis trop longtemps la meilleure représentante. Las Ventas aime les toros gris. Elle a raison ! Mais attention, si l’on n’y prend pas garde, les picadors auront raison de nous !!! Responsables du manque de relief de certaines courses, quoique celle-ci ne fut certainement pas du niveau des précédentes de cet élevage, ils lasseront public et ganaderos...
Manquant de force 'Metroymedio' ne révèle que des mauvaises manières face à la cavalerie. Sans véritable race, la tête à mi-hauteur, ils se cantonne dans un monorythme lent tout en offrant une charge docile et un replacement parfois idéal.
Plus allègre, plus mobile, beaucoup plus racé, mais salement piqué à la 1ère rencontre (2 impacts dont un bien bas !), 'Labraor' se remet péniblement de l’épreuve. La 2nde pique n’est que formalité. Le novillo est quand même très abordable et confirme sa tendance à mettre la tête et à répéter.
'Cuentacuentos' rechigne lui aussi à aller jusqu’au bout, il jette les pattes et se défend plus qu’il n’attaque en 2 rencontres pour 3 piques (dont 2 traseras !). Une certitude, il n’est pas brave. Pourtant, tant bien que mal, il freine de moins en moins et répète gentiment ses charges.
D’entrée, le magnifique 'Peluquero' fait l’avion. Lui remate plusieurs fois et les signes positifs de bravoure ont raison de deux piques assassines au milieu du dos !!! Celui-là est un client que la cavalerie n’a pas réussi à anéantir. Le novillo est disposé ; il faut consentir sa lourde charge.
Sèchement carioqué et très sévèrement châtié au 1er assaut, 'Peineta' est encore bousillé au 2nd. Il ne s’en remettra pas, chute dans la muleta, devient tardo et fadasse.
Brillant, tout en n’appréciant pas forcement le combat, 'Perezoso' se fait fumer lui aussi en règle (par 2 fois, cariocas flagrantes et piques en arrière). Le novillo sort exsangue du combat, il n’a plus d’allant mais trouve parfois les ressources pour s’engouffrer dans les grossières erreurs de placement.
Assumant son destin au mieux, toujours bouche close (mais que faut-il en tirer ?) cette novillada de Bucaré a gardé bonne partie de ses secrets. Un très bon novillo malgré tout (celui de la photo).
Honneurs aux picadors !!!
Benito del Moun

24 avril 2007

¡Poder!


"Dehesa Frias", Constantina, province de Sevilla.
Tout est propre ici, bien rangé, parfaitement ordonné. Environ 1 200 brebis tondent les cercados de saca et un cortijo blanc éblouissant trône sur 2500 hectares de terres à toros. Dolores Aguirre Ybarra, richissime bilbaína femme de banquier, poursuit bon an mal an l’élevage de somptueux moudjahidines. Elle résiste, comme eux en 1979, mais doit être détestée par une grande partie du mundillo affairiste. Ici, vous ne verrez pas de cornes enrubannées façon pansement de fortune ni de couilles coupées après la course pour ensemencer les vaches à la finca. C’est propre, riche, l’herbe est rase mais les sementales doivent encore batailler ferme pour arriver à leurs fins.
Après, on en pense ce que l’on veut des Aguirre. Ça sort mal, "difficile", "compliqué" pour beaucoup d’observateurs, manso con casta pour d’autres, mansos tout court enfin. Ça sort aussi des fois brave et surtout très, très puissant. C’est bien cela qui persiste dans l’irrégularité des dernières sorties, cette continuelle puissance démontrée tout au long du combat. Le poder !
Certains rétorqueront que les mansos subissent moins le châtiment que les vrais braves et ils auront parfaitement raison mais, pour avoir assisté à quelques-unes des dernières sorties pamplonaises, je confirme que les toros de la Doña ont été plus que normalement châtiés. Fort et très mal. A Calahorra, c’est une moyenne de six piques (par toro) que prirent les bestiaux selon le chroniqueur Pablo G. Mancha.
La liste pourrait être longue et le débat sans fin. Alors, pour faire simple, rendez-vous dans un mois à Madrid et en juillet à Pamplona pour se rendre compte qu’il existe encore certains toros con poder… C’est si rare qu’il fallait le mentionner.

>>> Retrouvez les toros de Dolores Aguirre Ybarra qui sortiront à Madrid et Pamplona sur le site & lisez Pablo G. Mancha sur son blog Toroprensa.

19 avril 2007

Casta santacolomeña


Ce dimanche 15 avril, je n’étais pas à Las Ventas pour assister à la novillada de Bucaré, fer propriété de Javier Buendía issu d’un partage, en 1996, de la célèbre devise Joaquín Buendía Peña.

Le lot était apparemment homogène — le 3e quelque peu efflanqué —, dans le type (prédominance Saltillo), d’où, entre autres, des cornes moyennement développées. Trois novillos furent salués par une ovation, un autre par des palmas — à Madrid, on fait encore la distinction —, et tous s’en allèrent avec leurs oreilles. L’agressivité, la caste et la mobilité des petits toros gris — ces empêcheurs de tourner en rond ! ― venaient de sérieusement embêter, le mot est faible, ceux qui étaient chargés de se colleter avec.

Dans les reseñas, comme de coutume, rien n’est écrit, ou presque, sur le comportement des novillos lors du premier tiers. Rien à l’exception de Juan Guillermo Palacios (Burladerodos), qui évoque des « varas traseras y excesivas », et de Sergi (faire un crochet par Toro, torero y afición), qui nous informe que les santacolomas « se dejaron pegar en el caballo, algunos incluso se arrancaron de largo, aunque se echó de menos algo más de fijeza ». C’est maigre. Et pourtant, pouvoir repérer clairement la suerte de vara dans les reseñas, montrer qu’elle existe encore, n’est-ce pas là un des moyens les plus sûrs de la défendre ?

Cela dit, on ne manquera pas de jeter un coup d’œil au reportage photographique de Juan Pelegrín, où l’on peut voir un picador en fâcheuse posture, et de visionner une brève séquence vidéo où l’on aperçoit un novillo se manger l’étrier qu’on lui sert et s’entamer le moral contre le blindage du cheval... Tout cela est consultable en cliquant sur le premier lien.

Bref, après les sorties intéressantes de l’année dernière, à Madrid et à Saragosse, de cette année, à Saint-Sébastien — dans une moindre mesure semble-t-il —, je suis personnellement ravi de constater que les Buendía, mes petits préférés pour ne rien vous cacher, confirment leur renaissance en emboîtant le pas de leurs frères de La Quinta. « Los novillos cortaron las monteras », dixit Juan Guillermo Palacios. Autrement dit, ils remirent une nouvelle fois les pendules à l’heure ; le comte de Santa Coloma devait être un sacré horloger...

Revue de presse Internet— Madrid 2006 : Bastonito, Pla Ventura et Luís Esteban.
— Saragosse 2007 : à venir, le dimanche 27 mai...

Image 'Peluquero', 503 kg, novillo de Bucaré © Manon

13 avril 2007

Lumière !


Lorsque le président de la course donne l’autorisation aux picadors de pénétrer dans le ruedo, c’est sans surprise que nous les regardons passer montés sur des chevaux dont les yeux sont cachés par un large bandeau.

En 1896 déjà, le règlement des arènes de Séville précisait que devaient se tenir prêts, en plus des 30 chevaux utiles pour une corrida de toros, « seis caballos ensillados, con brida y pañuelo puesto » sans que l’on sache si le foulard en question recouvrait un œil ou les deux ou autre chose. En 1930, on en sait plus : « [...] su caballo llevará tapado con un pañuelo el ojo derecho [...] ». Actuellement, le règlement espagnol (Real Decreto de 1996) stipule clairement que : « [...] El picador cuidará de que el caballo lleve tapado sólo su ojo derecho [...] » (article 72.2). Le controversé Nouveau règlement taurin andalou, lui, n’est malgré tout pas dépourvu d’intérêt. Au chapitre XII sur le premier tiers du combat, si le foulard a disparu c’est pour mieux réapparaître en amont dans le texte au chapitre X à l’article 42.2 que je traduis : « L’équipe vétérinaire de service sera chargée de vérifier que les chevaux sont convenablement dressés et qu’ils possèdent une mobilité suffisante. En dépit du fait que les chevaux de pique peuvent avoir (traduire auront) les yeux cachés lors du combat, ils ne pourront être l’objet de manipulations tendant à altérer leur comportement. [...] » Quant au règlement taurin municipal en vigueur en France... Circulez y'a rien à voir !

Donc, le picador qui attend la charge du taureau de combat sur son cheval — spécialement dressé, surprotégé voire tranquillisé — lui cache les yeux avec un foulard. Pourquoi ? Existerait-il chez les picadors une croyance selon laquelle un cheval "aveuglé" serait plus fiable qu’un qui ne le serait pas ou qu’à moitié ? Revenons à l’article andalou 42.2 précédemment cité et interrogeons-nous : est-il nécessaire de cacher les yeux d’un cheval convenablement dressé, qui connaît l’arène, le toro — celui-ci ne devrait plus, a priori, constituer une menace — ainsi qu’une large palette de ses réactions ? Un cheval à qui l’on empêche de voir possède-t-il une mobilité supérieure ? N’altère-t-on pas le comportement du cheval en lui cachant les yeux ? Etc.

Qu’en est-il de la vision des chevaux ? Je renvoie directement le lecteur au lien précédent — seul schéma trouvé — et à sa curiosité ; je le laisse libre de se questionner et d’en tirer ses propres conclusions, n’étant pas personnellement armé pour argumenter valablement. Les vétérinaires taurins — et équins —, eux, entre autres spécialistes, pourraient nous éclairer car la littérature en ma possession, au moins, est malheureusement muette sur le sujet comme s’il était dérangeant. Même le précieux ouvrage de Luis F. Barona Hernández et Antonio E. Cuesta López, Suerte de vara, n’en dit mot. À moins que la question ne soit sans aucun intérêt ou classée depuis longtemps, auquel cas je me demande bien pourquoi les deux principaux textes officiels se contredisent, obligeant même l’un d’entre eux à verser dans une hypocrisie confinant à la schizophrénie.

Enfin, n’entendons-nous pas ici ou là que certains chevaux de pique seraient désormais des chevaux toreros grâce au savoir-faire de dresseurs aficionados soucieux de rendre au premier tiers l’importance et la belleza qu’il n’aurait jamais dû perdre ? Peut-être seraient-ils davantage toreros si la vue leur était rendue et peut-être que l’esthétique du tercio de varas s’en trouverait changée ? Peut-être...

Image Le Picador (1832) par Eugène Delacroix, photo RMN © Gérard Blot

11 avril 2007

Séville


L'édition électronique du journal Le Monde publie dans son édition datée du 11 avril 2007 un très bel article de Francis Marmande, comme en écrit souvent ce journaliste et universitaire qui marrie si bien ses passions pour les toros, la littérature et le jazz.

Il est là davantage question de bars, et en particulier de l'inimitable El Picadero.

Profitons-en tant que ces lieux minuscules n'ont pas encore disparus et conservent leur âme. La semaine prochaine s'y prête tout particulièrement, dans la mesure où l'effervescence de la féria printanière commence à se faire sentir sans que les lieux sévillans plus nocturnes n'aient encore fermé leurs portes pour cause de farolillos. Et puis c'est la semaine du toro, avant que ce dernier n'abandonne la place aux "vedettes" de l'escalafón et aux guapas tout apprêtées.

Allez Solysombra, Laurent et moi te laissons les clés de la boutique, et nous reviendrons avec quelques nouvelles galeries. Et dis-nous suerte pour les toros !

10 avril 2007

Devinette


« Nîmes la romaine, la Madrid française, qui se croit au demeurant, l’une des plus grandes plazas au monde, a touché le fond, et est tombée de haut en ce milieu du mois de septembre. En aficionado nîmois cela fait mal à la plume, mais comme chroniqueur taurin libre, c’est un devoir que de l’écrire. Quand on est le numéro un ou quand on est dans le groupe de tête, on ne peut à ce point, se faire rouler dans la farine. C’est une idiotie que de dire : « Nîmes est une grande arène. » Nîmes est une grande plaza par la capacité des places à vendre, un point c’est tout ! Comme on y fait souvent le plein, la taquilla est à la hauteur de la chose et c’est ceci, uniquement ceci, qui fait qu’on nous brosse dans le sens du poil. Regardons les choses en face : Nîmes n’est pas grand-chose quand on va au-delà du satisfecit du mundillo. Avec cette féria des vendanges, ce fut le théâtre de la troisième division tauromachique ! »

Bon, alors selon vous c’est de qui ?

Anniversaires


10 avril 2002. Il y a aujourd’hui cinq ans que le maestro Joaquín Vidal nous a quittés, nous abandonnant à la médiocrité générale de la critique taurine actuelle. Cinq ans déjà, et bientôt trente pour l’anniversaire de l’alternative de Christian Montcouquiol 'Nimeño II'.
Il faudrait fouiller un peu mais Joaquín Vidal a dû commenter l’intégralité des prestations du Français à Madrid et dans les arènes de première catégorie espagnoles. Voici, à l’occasion de ces anniversaires, le compte rendu de la corrida de Victorino combattue à Madrid le 3 octobre 1988. Pendant que Nîmes subissait les terribles inondations que l’on sait, Nimeño donnait à Madrid une de ses plus importantes faenas.

Comercial Victorino
Joaquín VIDAL
ELPAIS.es - 04-10-1988 -
Hubo tres Victorino de los que llaman comerciales, pero en realidad fue comercial la corrida entera. Comercial en el buen sentido ; es decir, en aquel que llama público, hace afición, vende. La corrida de los Victorino resultó un magnífico espectáculo. Hubo toros representativos de las distintas gamas de bravura y argumentaron lidias apasionantes.También hubo toros mansos, pero sin desdoro ; es decir, que siendo mansos, tenían casta. Este es uno de los atributos esenciales de los Victorino. Otro es el trapío, del que también se vio interesante gama. La corrida de ayer serviría para todo un curso de tauromaquia. Aparecer por los chiqueros el cuarto, un estruendo de admiración surgi ó en la plaza, porque se trataba de un ejemplar impresionante, con enorme alzada, largura y hondura, rematado detrás con una culata poderosísima, delante con unas astas terroríficas, cornalonas y astifinas. Allá donde pasara el toro se levantaba el público a aplaudirle con verdadero entusiasmo.
Apareció luego por los chiqueros el quinto y se trataba de un animal chico, la cara lavada, cuello escurrido, culata menuda. Y, sin embargo, no era menos toro. No era menos toro porque tenía trapío, conformado en la agresividad de su proporcionada lámina, desde la penca del rabo a las buidas defensas. Cuarto y quinto tenían trapío irreprochable, y si uno era aparatosamente grande, el otro era inquietantemente serio.
El cuarto grandote, después de recorrer los tercios recogiendo ovaciones, se puso a escarbar en el centro del ruedo y le mugía a Ruiz Miguel: "Aquí te espero, corazón ; a ver si tienes güevos".
Los tuvo. Ruiz Miguel se fue a buscarlo, lo llevó concapotazos dominadores al tercio y, lanceando a la verónica, ganó terreno hasta devolverlo al centro del ruedo otra vez, donde remató con tres medias verónicas y una revolera. Eso sí es de torero valiente -y eso sí es de auténtico maestro. Poderoso y luego bronco el toro, la faena de muleta hubo de ser sobresaltada, porque Ruiz Miguel se fajaba con la mala bestia y la mala bestia se defendía tirando gañafones espeluznantes.
El quinto chico no paraba de embestir, con aquella codicia y aquella fiereza que caracterizaban la casta del toro de lidia... cuando el toro de lidia tenía casta y lo podía demostrar. El Victorino chico respondió con una embestida terrible al primer derechazo y José Antonio Campuzano optó por no concederle la menor posibilidad de que repitiera la gracia. Macheteó precavido, estoqueó rápido y a otra cosa. Y se entendía, porque ese Victorino chico, cara lavada, culata menuda y cuanto se quiera, daba aún más miedo que el gigantón.
Toro moderno
El sexto ya fue toro moderno, de esos plúmbeos, amodorrados, sin temperamento, y los muchos pases, por cierto bastante decorosos, que le dio Nimeño II, carecieron de emoción. Quizá hizo falta ayer que saliera ese toro, pues permitía comparar la abismal diferencia que existe entre una corrida a la moderna -sin toro- y otra a la antigua.
Aunque se aburría el público con el pegapasismo de Nimeño, lo sufría en silencio, en respetuoso recuerdo de la actuación sorprendentemente artística que tuvo en el toro anterior. Otra categoría de toro era, por supuesto. Los tres primeros toros constituyeron otras tantas ambrosías, que añaden exquisitez y lujo al amplio escaparate de Comercial Victorino. Tres toros
para cortarles todas las orejas. Tres por dos, seis; seis orejas que en su bondad infinita entregaron los Victorino a la terna, y ninguno las supo recoger.
Ruiz Miguel citaba a distancia, cargaba la suerte, embarcaba hondo el primer pase de cada tanda, y luego se iba acercando al torillo noble, aliviándose con el pico y ahogando la embestida. José Antonio Campuzano ligó muy bien una serie de naturales al boyante segundo y durante el resto de la faena se colocaba fuera de cacho, la pierna contraria escondida, el pico por delante, tan exagerado, que llegó a poner ante el testuz la punta del estoquillador. Sólo Nimeño II hizo el toreo bueno. Quien lo habría de decir: un francés.
Al pástueño tercero lo toreó con gusto exquisito. Latiéndole a ritmo el corazón torero, cargaba la suerte, embarcaba con temple, bajaba la mano. Construyó un gran faena sobre la mano derecha, que aún revalorizaría al fina cuajando desde la lentitud y la emoción estética dos tandas ex traordinarias de naturales. La orejas las perdió con la espada y de poco las vuelve a ganar con la espada también, pues el estoco nazo que cobró por el hoyo de la agujas al tercer viaje, fue de categoría.
Pocas veces les volverán a salir toros como esos a Ruiz Miguel, José Antonio. Campuzano Nimeño, menos en la primer plaza del mundo, y en feria. Tuvieron una ocasión de oro para alcanzar un triunfo de época. Toros con el defecto de ser blandos -claudicaban mucho en los primeros tercios-, si bien bravo con los caballos, prontos al cite, suaves en la embestida. Y además humillaban hasta donde no se podía humillar más.
Pocas veces, asimismo -dados los tiempos que correntendrá el público de la primer plaza del mundo ocasión de volver a presenciar una corrida de toros con tan irreprochable trapío y a la vez tan encastada, amena e interesante. Comercial Victorino vuelve a ponerse en primera línea de aceptación. En la feria de san Isidro bajó escandalosamente la calidad de sus productos -llegó a dar cordilla - pero en la otoñada ha ofrecido una rica gama de productos y ya dicen que es, de nuevo, lider de la ganadería de bravo.

09 avril 2007

Les lieux de mémoire... Campo Charro 2007 (VIII)


Les taureaux de combat sont des passeurs de mémoire. Le Campo Charro, aujourd’hui fendu comme un crâne par une autovía qui n’a d’yeux que vers le Portugal voisin, devient lieu de mémoire et jour après jour la proie d’un alzheimmer irréductible, malheureusement.
Il subsiste de part et d’autre de ce trou noir mémoriel et asphalté, des toros de tous genres qui ne survivront pas longtemps à l’uniformisation croissante des encastes et aux contraintes économiques d’un spectacle en surproduction et qui s’automutile tous les jours dans le triomphalisme et la facilité.
Dans dix ans, que restera-t-il des Coquillas, Clairac, Vega-Villar (à part pour le rejón) qu’ils soient Cobaleda ou Galache ? Rien ou si peu.
Pour ces encastes en perdition, le campo est donc encore un peu un coin de notre mémoire taurine.
Le sang Domecq, cousin de l’Atanasio, s’immisce partout et petit à petit. L’Andalousie, chérie du Tío Pepe contre les petits trucs de Salamanque, débarque insidieusement, par voie de cornes, dans des camions, la nuit on imagine... Ce n’est pas un fait nouveau mais il crève le cœur de ceux qui aiment la diversité et la pluralité. La dictature Domecq est en marche, forcée qui plus est.
Certes, la pureté de sang est un fantasme mis en brèche depuis que les Hommes fabriquent des toros aux quatre coins de l’Ibérie. Imaginer que les élevages ne font pas leurs sauces secrètes relève d’une mythologie charmante mais bien édulcorée. Et puis, les croisements ont parfois du bon et peuvent améliorer tout à fait certains élevages. C’est indéniable, ne soyons donc pas plus royaliste que le roi, la reine ou le prince.
Pour autant, il y a un monde entre le fait de mélanger des sangs et celui d’imposer partout le même type de toro, construit por abajo et « servant le torero » in fine.
A titre d’exemple, observons les carteles français de ces fêtes pascales. A Arles, ont été combattus des Domingo Hernández le vendredi, un lot d’El Pilar le samedi et hier un encierro de Palla (que certains sites ont renommé Palha). Pour ce qui est des novilladas, un lot de Antonio San Román a confirmé la tendance. Aignan accueillait des Miranda de Pericalvo (hum, ça donne envie) et enfin la placita landaise de Mugron étrennait les Vellosino avant de voir les grands frères à Mont-de-Marsan en juillet. Six spectacles encastés Domecq 100 % pur beurre sur un total de huit spectacles (je ne compte pas le rejón et les non piquées). Ça nous fait du 75 % tout ça.
Alors, au regard de ces chiffres attristants, faut-il en convenir, le Campo Charro se mue doucement en un musée de souvenirs en dépôt de bilan.
De ces escapades sur les terres charras, je garde en moi la certitude d’avoir assisté aux préparatifs d’une messe de requiem, une belle messe pourtant, pleine de boutons de fleurs et de cigognes qui observent de loin. Je garde en moi la puissance sourde de ces « petits » Vega-Villar de Justo Nieto qui se crêpaient allègrement le frontal, la sérénité de seigneurs de certains Juan Luis Fraile et les coups de gueules imposants d’un Coquilla de Sánchez-Fabrés.
Et puis, comme un signe dernier de ces temps qui finissent, il y eut ces quelque "lloronas" chez Adelaida Rodríguez, vieilles demoiselles d’une vingtaine d’années encore marquées du fer de Don Lisardo Sánchez... Espérons que ce requiem soit dirigé par Wolfgang lui-même... Ça pourrait envoyer un peu plus que ces messes au rabais de Pâques 2007.

>>> Retrouvez les camadas de Adelaida Rodríguez (Atanasio-Lisardo Sánchez) et de Justo Nieto (Vega-Villar) sur le site.

Bueyes


Pas plus que les kilos, les cornes ne font le toro. Mansos, fuyards, sans aucune fixité (fijeza), décastés, sans charge ou chargeant généralement sans humilier et sans intentions... Aujourd’hui à Arles les toros de Piedras Rojas ont mis les toreros en difficultés, non par leur envie d’en découdre, leur caste ou leurs qualités, plutôt le contraire en fait.







08 avril 2007

Pétard ganadero


Arles / 08.04.2007.
On ne le répètera jamais assez. Les kilos ne font pas le trapío. Pas plus que l’inconnue de la première sortie cuatreña d’un élevage récent ne peut faire qualifier l’événement de torista. Non, le "torisme", c’est bien autre chose et surtout pas cet élevage d’Antonio Palla. Toros laids, acochinados, gras, faibles à divers degrés, totalement invalide le premier, globalement sosos. Un vrai pétard ganadero. Et l’incroyable pétition de quatre « indocumentados » réclamant la vuelta du 4ème absolument pas piqué et auquel Antonio Ferrera a coupé deux oreilles en faisant du Ferrera, au cours d’une faena très inégale et souvent marginale. Quant aux deux autres, « ni hablar ».


Fly me to the Moun...


Ça avait fait jazzer un paquet de personnes en juillet dernier. La piste du Plumaçon était soi-disant trop dure et trop prompte à amenuiser des toros déjà peu en forme. Force est de constater que la préparation de la temporada montoise aura marqué les esprits cet hiver. Une nouvelle commission taurine a été mise en place avec la présence de membres de peñas de la cité. On peut en dire ce que l'on veut, en penser bien des choses et fantasmer dessus mais il convient d'attendre et de voir ce qui sera proposé en juillet. Au moins, à première vue, certains élevages "commerciaux" proposés a priori par la casa Chopera ont-ils été refusés. C'est une bonne chose que les deux grands basques rencontrent un minimum d'exigence sur leur route.

Et, cerise sur le gâteau, il semblerait également que le Moun se refasse une piste toute neuve, du moins plus molle que celle des années passées. Les choses, lentement, prennent forme du côté de Mont-de-Marsan. Tout ne se fera pas en une année mais vu de l'extérieur, le chemin entamé n'est peut-être pas le pire... A suivre en juillet prochain.

Merci à mon pote du Moun pour ces quelques photos des travaux.

Arles


Revenons sur Arles et les deux premières corridas de toros.
Faut-il encore s’offusquer de ce genre de course, du triomphalisme facile, des toros faibles, des présidences sans critères, aux ordres de l’intérêt médiatique général et d’une très commerciale (faible mais ne tombant pas) corrida de Domingo Hernández ? La pluie d’oreilles et la queue coupées vendredi à ces animacules n’a aucune signification, sinon de permettre aux quotidiens locaux et à quelques taurinos de s’autopromouvoir à moindres frais, avec la complicité ahurissante d’un public sans aucun critère qui n’en demandaient sans doute pas autant. Personnellement je ne m’offusque plus, ni ne m’emporte avec ce genre de tardes. J’ai passé l’âge. Je suis même sorti très content des arènes figurez-vous. Oui, très content d’avoir goutté une fois encore le pundonor, la technique, le toreo, et le cœur gros comme ça de César Rincón. Il faut dire que César a touché l’erreur génétique de la journée. Une mule assez méchante, capable de le planter, comme ont dit. César visiblement s’est mis lui-même à l’épreuve, s’est fait un devoir et une obligation de s’imposer et toréer, et il nous a régalés, nous a émus. Lui-même l’était visiblement beaucoup en accomplissant sa dernière vuelta et en refusant d’offrir au public ses deux oreilles qu’il a voulu garder pour lui.
Le lendemain, et dans un autre style, seul le Juli avec la seconde erreur génétique de la féria, distraite et fuyarde mais bien moins méchante que celle de César, plus noble, a fait montre de son immense savoir.





07 avril 2007

César


Arles, vendredi 6 avril 2007... César Rincón. La galerie sur le site pour plus tard.





05 avril 2007

Que sale...

C'est la semaine au cours de laquelle l'aficionado accepte de voir des génuflexions... Y croire ou ne pas y croire, y percevoir un iconoclasme malsain, ne pas supporter les bondieuseries bien-pensantes de la haute sévillane, là n'est pas la question finalement. Une fois dans sa vie, il faut avoir entendu le "clac" du capataz commander une sortie de chapelle, il faut avoir attendu au coin d'une rue perdue dans le quartier d'Alfalfa, il faut avoir entraperçu loin dans la nuit ces mains d'enfants pénitents serrant fermement des boules de cires... Séville fête les vierges avec des cierges et ce soir à minuit sort la Macarena... Jueves santo ! Et puis pour ceux qui vraiment ne goûtent pas la chose, laissez vos yeux bien ouverts, les Sévillanes sont "en type" et cuajadas en cette Primavera de mains jointes.

Imprésentables


Cinq heures, cinq. Cinco horas. C’est le temps qu’il aura fallu à un grand-père barcelonais pour approcher les guichets de la Monumental de Barcelone le lundi 2 avril 2007, pour finalement y acquérir cinq gradas ou andanadas, je ne sais pas trop, au prix de 25 euros pièce.
Le grand-père barcelonais n’est pas amateur de corrida. Mais pour son petit-fils, Cérétan et aficionado, il s’est fait évidemment un devoir de prendre la queue, attendre, piétiner, pour finalement pouvoir repartir, cinq heures plus tard, avec cinq places de corrida. Le grand-père barcelonais s’est étonné de l’importance de cette foule et de l’engouement suscité.
Il faut dire que le grand-père barcelonais est allé faire la queue le lundi 2 avril 2007, le jour où étaient mises à la vente les places pour le retour de José Tomás. Son petit-fils et ses amis verront donc le retour du phénomène, depuis les hauteurs, mais ils le verront.
Le problème c’est que tout le monde n’a pas un grand-père barcelonais et que personne, absolument personne, n’avait prévu ce qui s’est passé en Catalogne le lundi 2 avril 2007.
Il y a ceux qui ont pensé acheter en ligne, depuis le site de la Caixa. D’après ce qu’on m’en a dit les cartes bleues françaises n’ont pas été acceptées. Tu parles d’une Europe !
Il y avait aussi ceux, heureux possesseurs d’une tarjeta espagnole, mais qui ont trop tardé. Les places ont été vendues et épuisées en une petite journée. La réaction première est de se réjouir, se féliciter de la réponse et de la réaction de l’Afición catalane à cette offre. Seulement les choses sont beaucoup moins claires qu’il n’y paraît.
Et puis il y a pire encore. Un fidèle lecteur de Camposyruedos, qui vit à Barcelone, qui est abonné à la Monumental, qui y a ses entrées, nous a confié la difficulté extrême et les complications pour obtenir le précieux sésame. Il sera visiblement plus facile de payer le prix –très – fort à la revente de Séville que de passer par le chemin, normalement officiel, de la taquilla. Car visiblement très peu de tendidos ont été mis à la vente, pour ne pas dire aucun. Et même si José Tomás s’est réservé un quota très important de places, ceci n’explique pas tout.
Le plus triste dans cette histoire c’est que je connais de nombreux aficionados qui pour l’occasion vont rester sur le carreau. Des aficionados qui vont aux arènes régulièrement et pas uniquement pour les événements. Dans le contexte actuel, et plus encore en Catalogne, dans une arène que l’on peut craindre en sursis, et à l’occasion de cet événement exceptionnel, les taurinos professionnels n’ont rien trouvé de mieux que de traiter l’Afición par-dessous la jambe. Ils sont et resteront "unos impresentables" desquels l’Afición n’a pas grand-chose à attendre. Quant à la suite des événements, on se dit que si la question ganadera est traitée avec autant de délicatesse...

04 avril 2007

Manifeste d'aficionados


Vous avez sans doute pu prendre connaissance ici ou là du "Manifiesto de Aficionados por une Fiesta Integra, Auténtica y Justa", même si, on se demande bien pourquoi, les sites d'information taurine n'ont pas beaucoup relayé l'information.

Peu adepte des grandes déclarations de principe souvent dépourvues de conséquences concrètes, je me reconnais cependant pleinement dans celle-ci, et dans les inquiétudes dont elle se fait le porte-voix.

Grâce aux bons soins de la FSTF, une traduction française de ce texte est désormais disponible, que je copie ci-dessous :

"La Tauromachie est, depuis des temps immémoriaux, la fête favorite d'un grand nombre de citoyens européens ; elle constitue actuellement un précieux patrimoine artistique et culturel dont nous sommes tous, à différents degrés, responsables directs de sa survie. En tant que spectacle vivant, et donc sujet à des variations temporelles, la Tauromachie mérite une attention particulière de la part de toutes les personnes, collectifs et institutions dont les actes influencent son avenir.
Nous, aficionados à la Tauromachie, dans tous nos modes d'expressions, nous représentons le soutien humain, intellectuel et économique dont le spectacle a besoin pour son déroulement normal. Actuellement, l'opinion des aficionados n'est pas écoutée - très souvent même pas entendue - dans les domaines divers qui influencent la bonne tenue de ce spectacle. Et pourtant, encore aujourd'hui, l'afición taurine, organisée ou non, constitue un pilier fondamental dans la défense, la conservation et la promotion du spectacle taurin, fête ancrée dans la culture patrimoniale et historique d'une partie de l'Europe.
En cette période où l'existence de la Tauromachie est remise en question par différentes attaques, l'unité des aficionados apparait comme une impérieuse nécessité, afin de revendiquer avec la plus grande force possible, la vitalité de la Tauromachie dans la société du 21ème siècle. Cet engagement collectif exige également, de manière irrévocable, une réponse des pouvoirs publics et des professionnels taurins en faveur d'une régénération profonde du spectacle taurin dans le sens d'une Tauromachie plus intègre, plus authentique et plus juste.
Dans ce but :
1) Nous affirmons notre engagement radical pour la défense de la validité de la Tauromachie dans la société européenne du 21ème Siècle. Pour cela, nous nous engageons à travailler à la promotion de l'afición taurine pour que, par une connaissance profonde de tous les aspects de la Tauromachie, nous puissions atteindre l'objectif d'une Corrida intègre et juste ;
2) Nous exprimons également la nécessité de déclarer comme élément fondamental de la Tauromachie, le toro de combat dans sa pleine intégrité et diversité. De même, nous revendiquons la nécessité d'une régénération du spectacle taurin, en particulier de la suerte des piques en tant que mesure de la bravoure du toro ;
3) Nous affirmons notre engagement ferme pour la défense des droits des aficionados tauromaches, ainsi que notre intention de rencontrer toutes les institutions publiques qui ont une responsabilité sur le spectacle taurin ;
4) Nous assurons de notre soutien et appui toutes les initiatives de gestion publique des arènes existantes en Europe, quelque en soit les modalités ;
5) Nous affirmons notre reconnaissance à tous les modes d'expression des Tauromachies populaires existant actuellement dans l'Union Européenne ;
6) Devant les incertitudes diverses auxquelles la Tauromachie est actuellement soumise, nous lançons un appel à la responsabilité des différents secteurs publics et professionnels (organisateurs, matadors, membres des cuadrillas, éleveurs, medias; …) pour qu'ils fassent leur métier dans la plus grande rigueur possible, ce qui ne peut que bénéficier à la Tauromachie.

Collectif d'aficionados signataires de ce Manifeste :
Asociación "El Toro de Madrid" - Asociación Cultural "La Cabaña Brava" - Asociación "El Toreo en Red-Hondo" - Portal Taurino "El Chofre.com" - Unión Taurina de Abonados de España - Unión de Abonados de Madrid - Comisión Taurina de Eibar - Peña Taurina "El 7 " de Madrid - Casa de Córdoba de Madrid - Club Taurino de Madrid - Peña Taurina de Burgohondo (Ávila) - Peña Taurina "El Barranco" de Arganda del Rey (Madrid) - Asociación "Cerro de San Albín" (Mérida) - Peña Taurina Tarazona de la Mancha (Albacete) - Tertulia de Tauromaquia "Martincho" del Ateneo de Zaragoza.
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03 avril 2007

Dans le silence qui vagabonde... Campo Charro 2007 (VII)


C’est le silence qui vagabonde ici, dans les stries d’un bois vierge et râpeux. La bâtisse années 1950 a été oubliée dans une rue sans couleur d’un pueblo lui aussi abandonné au creux du nombril d’une tierra moutonnée d’encinas. "En un pueblo cuyo nombre no me recuerdo" comme écrivait le truculent manchot de la Mancha.
Voilée d’une crainte toute délicate, étonnée peut-être de nous trouver ici, l’abuela qui tient cette gargote d’antan nous a seulement indiqués l’escalier, "a la derecha" et na’más. Nous devions être seuls dans cette ambiance d'une décadence cistercienne. Le comedor, planqué derrière une porte sans ambition, ressemble à ces restos-cantines où l’on tapait gentiment le carton vêtu d’une fumée lourde en se foutant du voisin le cocu, comme nous peut-être. Les chaises attendent sagement et doivent couler des larmes de poussière sur ce temps où les campesinos essuyaient sur elles le caca du campo. Le pueblo est mort, il ne manque que deux gâchettes venues de l’ouest pour donner du relief à la placita centrale. Mais le western est loin, et les toros gueulent partout.
La soie violette primaveresque se fait encore espérer. Le ciel est toujours gris et bas mais le poil d’hiver fout peu à peu le camp et la temporada s’annonce insidieusement sur les flancs des toros de combat. Car il reste des toros au campo !
N’en déplaise à certaines empresas dramaturges et fanfaronnes, il est encore possible de fouiller le campo pour voir des toros de combat. Découvrir est certes de plus en plus complexe mais redécouvrir des sangs mis à l’index de la torería moderne demeure dans le domaine du probable et même du souhaitable. Chopera n’a pas encore acheté tout le Campo Charro (quoique pas loin !) et de petits élevages survivent comme les chaises de l’abuela, dans le silence qui vagabonde. Le Santa Coloma existe encore chez Sánchez-Fabrés (Coquilla), Juan Luis Fraile (Graciliano), Madrazo (Graciliano teinté de Buendía) ou Ángel Nieves García (San Martín). Dans des contrées où l’Atanasio et le Domecq posent partout leurs lourdes pattes, certaines fragiles, d’étranges dinosaures refusent de se taire chez le señor Agustínez qui maintient le vieil encaste "de la casa", à savoir du Marqués de Villagodio qui serait un croisement Veragua-Santa Coloma. A voir ! Il se susurre même que la province de Salamanque abrite encore des Saltillo autres que ceux de Miguel Zaballos… mais chut, nous en reparlerons...
La découverte des encastes est semée d’interrogations, de doutes et de secrets souvent jalousement gardés par les éleveurs. C’est cela qui fait le charme du campo et de l’afición, cette envie de comprendre, de voir plus loin et surtout, surtout de s’interroger et d’affronter doutes et questions.
Alors, si beaucoup d’empresas ont sur ce point jeté l’éponge, ne reste qu’à rêver dans le silence qui vagabonde sous les chênes verts qui attendent la soie violette de la primavera.

>>> Pour commencer notre voyage dans ce silence délicieux, retrouvez la camada 2007 de Juan Luis Fraile (et du second fer de Ana María Cascón – Atanasio Fernández) sur le site à la rubrique CAMPOS.

Toros en Vic 2007


L'un des élevages pressentis pour la corrida concours sera finalement remplacé, le reste des toros prévus demeurant inchangé.

L'affiche du dimanche 27 mai à 11 heures est donc la suivante :

Corrida concours avec des taureaux de Juan Luis Fraile, Justo Nieto Santos, Valverde, Adelaida Rodríguez, Sánchez-Fabrés et Don Ángel Nieves García pour El Fundi, Luis Vilches et Julien Lescarret.

Il s'agit d'un élevage d'origine Santa Coloma, créé il y a trois ans à partir d'un achat effectué auprès de San Martín.

Vous en saurez prochainement davantage sur cette ganadería en consultant les pages de Terre de Toros et de Campos y Ruedos.

02 avril 2007

Perle (II)


Je sais ce que certains vont dire ou écrire, ce genre de perle, on en trouve tous les jours et des plus grosses. Celle-là, malheureusement, peut se lire en conclusion d'une reseña de la corrida concours de Donostia du 18 mars dernier parue dans l'immanquable quotidien régional Sud Ouest. L'auteur du truc, le jeune sobrero corralero de l'incombustible titulaire Zocato, conclut en ces termes : "Posons la question du principe de ces corridas concours. La bravoure des toros est certes mise en valeur mais les châtiments répétés nuisent parfois au brio des faenas". Ben voyons, y'a qu'à les enlever aussi les piques tant qu'il y est ! Remarquez, c'est ce même chroniqueur qui présidait une novillada non piquée à Bayonne au cours de laquelle un becerro de Santafé Martón avait reçu le droit de rester en vie. Ceci expliquant peut-être cela. Il est choquant mais tellement habituel de trouver ce genre d'ineptie dans la presse, celle-là même qui est lue par le plus grand nombre. Ça vous formate un public ce style de stupidité sans analyse. Peut-être, monsieur le corralero, devriez-vous au préalable écrire à celui ou celle qui prend le temps de vous lire (ô les personnes courageuses !) de quelle manière et dans quelles conditions ont été données ces piques... Peut-être mais je suis sans illusion sur ce point. Tant que vous y êtes, pourquoi ne pas proposer une corrida concours avec des piques de tienta ? Non, surtout ne le faites pas, je déconne !
Et puis, pour avoir assisté à cette course et après plusieurs vérifications, il semblerait que l'animal primé, le Fuente Ymbro, avait pour nom 'Solterón' et non, comme le titre de l'article l'indique ("Un 'Cordobés' à quatre pattes") 'Cordobés' qui était le nom du deuxième sobrero marqué du fer de Miguel Zaballos. Un détail...