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11 janvier 2011

Peña Cúchares


La décennie 1980. Une presque trentaine d’années. Un âge d’homme. L’Adour coulait déjà à Bayonne, les vaches landaises en ce temps-là avaient la permission d’entrer dans les bars pendant les Fêtes d’août, la Nive sentait le blanc pendant cinq jours et même un peu après. Lachepaillet, dans les années 1980, c’était Charles Forgues et c’était Manolo Chopera. Il y avait de tout, comme ailleurs. Bayonne n’était pas une arène de féria, déjà, et la plage n’était jamais loin, elle ne l’est toujours pas. Lachepaillet made in eighties, c’était aussi et surtout Fraile. Juan Luis Fraile y Martín, les Graciliano, les Santa Coloma méchants et noirs et armés pire qu’à Bilbao (où ils sortaient aussi). Chaque corrida l’un d’eux se brisait une corne. Elles avaient l’air tellement fines leurs cornes. Tellement blanches à la base et tellement noires au bout. Ils faisaient peur. Une année (1988 peut-être), le cinquième (il me semble) est entré en piste au pas, sans remuer ne serait-ce que le bout d’un poil de la queue. Il a marché lentement, très lentement et s’est installé directement au centre. En plein centre. Là, il a chuchoté d’une voix rauque et assurée : "Venez me chercher maintenant ! Venez combattre." Et c’était pour Milian. Milian, une autre fois (ou était-ce la même ?), au sujet duquel 10 000 paires d’yeux se demandaient comment il allait réussir à estoquer le monstre tant l’armure était large. En plongeant sur le frontal ma bonne dame, les choses simples en somme ! Les Fraile donc, les Miura parfois, l’Adour et la Nive qui sentait le blanc. Tout n’était pas parfait à Bayonne dans les années 1980 mais quand des courses étaient vendues comme "toristas" (avec toutes les pincettes que doit nous imposer ce mot), elles l’étaient. Aujourd’hui, les Ana Romero et les toros de Ricardo Gallardo occupent l’office et il n’est plus de bon ton d’oser manifester son courroux sur les gradins de Lachepaillet. "L’Aficionadus Œcuménicus"1 est en marche et le torisme regarde passer les bateaux du côté de l’embouchure de l’Adour. Ce qui est certain pourtant c’est qu’il reste des amoureux de toro-toro et de lidia à Bayonne, nous les avons retrouvés après des mois de recherches éperdues dans le dédale charmant des rues du Petit et du Grand Bayonne.

Ils sont six ! En fait ils sont neuf car trois sont "d’honneur" ce qui ne sous-entend nullement, au contraire, que les six autres n’en aient point... d’honneur. Donc, en tout, ils sont même plus que les membres de Campos y Ruedos.
Ils sont donc six ou neuf et ont même constitué une association (Loi 1901 et tout le tralala) qui porte le doux nom de Peña Cúchares. Quand on leur demande d’en dire plus, ils font les modestes et martèlent que leur seule richesse est... leur banderole créée en 2003 (pour l’anniversaire de la première corrida espagnole donnée en France à Bayonne en 1853) et qui aujourd’hui "n'a plus sa place à Lachepaillet". Ah tiens ?
Sans rigoler, ils sont six ou neuf et n’ont même pas de local pour s’abonner à Digital plous plous et vendre la bouteille de champagne en août (euh non pardon en juillet maintenant) pendant les fêtes. Oh les ringards ! Tu m’étonnes qu’on ne les apprécie que peu à Bayonne. Pas de local, une pauvre banderole rangée maintenant au fond d’un garage et juste une association pour se donner le droit de l’ouvrir face aux choix de la CTEM bayonnaise.
Rien que l’esprit de résistance ! Rien que rien ! Rien que l’acte gratuit ! Rien que des romantiques ! Ils lisent sûrement Stendhal, page 53, Le Rouge et le noir... prends-lui la main !
Sinon, leur association recèle un autre objectif qui ne laisse pas d’étonner un aficionado a los toros. Ainsi, elle leur permet, paraît-il, "d’organiser facilement nos déplacements en terre catalane". C’est vrai à la fin : qu’est-ce qui peut bien intéresser une peña de toros en Catalogne ?
La Peña Cúchares n’a qu’une banderole pour richesse matérielle, elle a la passion pour combler le reste. Elle a aussi un blog maintenant pour "remplacer les courriers régulièrement envoyés à la mairie et aux clubs taurins représentés à la CTEM". J’adoooooooore. 
Mais qu'allez-vous donc faire en Catalogne ?

1 A lire ce mois-ci l'article de Benito del Moun, "A la recherche de l'auditoire perdu", Toromag, n° 26, janvier 2011.

>>> Le blog : Peña Cúchares.

Photographie Un Juan Luis Fraile à Bayonne en 1985 photographié par Bernard Hiribaren in Callejon, n° 6, édité par les auteurs : Jacques Cathalaa, Bernard Hiribaren et Claude Pelletier.

18 juillet 2008

La Madeleine 2008...


Avant qu'elle ne s'entame, saluons tout de même la belle programmation des corridas montoises de 2008 (en particulier la diversité des encastes). Miura, La Quinta, Bucaré, Victorino Martín, El Ventorrillo et Torrestrella, ça a de la gueule sur une affiche. Ces choix vont dans le sens impulsé l'an dernier par la commission taurine montoise pour laquelle l'avenir n'est pas moins qu'incertain (nomination de deux nouveaux présidents au lendemain des élections municipales de 2008). Le travail engagé, la réflexion s'arrêteront peut-être là dès l'an prochain ; il restera au moins la satisfaction d'avoir voulu faire évoluer la Madeleine vers le sérieux et le goût du taureau de combat. Ci-joint, les quelques mots d'un membre de cette commission taurine :
"Résultat sans doute imparfait (surtout les Torrestrella) du travail et de l’enthousiasme d’une Commission Taurine au fonctionnement unique mais désormais hélas bien révolu, la Madeleine 2008 est à l’image des clubs taurins de la ville : équilibrée, modeste, consciente des enjeux et de sa responsabilité ! Des TOROS pour (re)convaincre l’Afición et (re)faire du Plumaçon une arène à la personnalité marquée ; sans sombrer dans un narcissisme désastreux. A vous de juger..."
Benoît Piarrine
Membre de la commission taurine montoise

Photographies réalisées par les membres de la commission taurine montoise (merci à eux).

26 avril 2007

Honneurs aux picadors


Ce dimanche 15 avril, j’étais à Las Ventas...
Les novilleros du jour comptabilisaient, à eux trois, 20 courses en 2006 ! Pas une de plus !!! De quoi alimenter quelques craintes, après la prestation des novillos de Bucaré il y a quelques semaines à San Sebastián ; lors de la San Isidro 2006 surtout...
Il est bien loin le temps où les picadors occupaient le haut de l’affiche. Celui où les aficionados connaissaient leurs noms est révolu aussi. Ressentaient-ils les mêmes inquiétudes que nous en ce dimanche madrilène ? Peut-être... Peu importe !
Remettons au plus vite ce petit monde à l’honneur : Rafael Baeza, Israel de Pedro, Manuel José Bernal, José Chacón et Benjamín Iglesias méritent que l’on cite leurs noms. Sortons-les enfin de l’ombre : ils ont été NULLISSIMES !!! Parce qu’il ne piqua quasiment pas le 1er novillo, faiblard d’emblée, seul Antonio Muñoz se fait oublier. Citons systématiquement les autres, ceux qui font mal leur boulot. Cet anonymat gangrène la Fiesta !
A quelques jours de sa féria, Madrid doit maintenant s’emparer de ce fléau. Cette calamité dont elle est depuis trop longtemps la meilleure représentante. Las Ventas aime les toros gris. Elle a raison ! Mais attention, si l’on n’y prend pas garde, les picadors auront raison de nous !!! Responsables du manque de relief de certaines courses, quoique celle-ci ne fut certainement pas du niveau des précédentes de cet élevage, ils lasseront public et ganaderos...
Manquant de force 'Metroymedio' ne révèle que des mauvaises manières face à la cavalerie. Sans véritable race, la tête à mi-hauteur, ils se cantonne dans un monorythme lent tout en offrant une charge docile et un replacement parfois idéal.
Plus allègre, plus mobile, beaucoup plus racé, mais salement piqué à la 1ère rencontre (2 impacts dont un bien bas !), 'Labraor' se remet péniblement de l’épreuve. La 2nde pique n’est que formalité. Le novillo est quand même très abordable et confirme sa tendance à mettre la tête et à répéter.
'Cuentacuentos' rechigne lui aussi à aller jusqu’au bout, il jette les pattes et se défend plus qu’il n’attaque en 2 rencontres pour 3 piques (dont 2 traseras !). Une certitude, il n’est pas brave. Pourtant, tant bien que mal, il freine de moins en moins et répète gentiment ses charges.
D’entrée, le magnifique 'Peluquero' fait l’avion. Lui remate plusieurs fois et les signes positifs de bravoure ont raison de deux piques assassines au milieu du dos !!! Celui-là est un client que la cavalerie n’a pas réussi à anéantir. Le novillo est disposé ; il faut consentir sa lourde charge.
Sèchement carioqué et très sévèrement châtié au 1er assaut, 'Peineta' est encore bousillé au 2nd. Il ne s’en remettra pas, chute dans la muleta, devient tardo et fadasse.
Brillant, tout en n’appréciant pas forcement le combat, 'Perezoso' se fait fumer lui aussi en règle (par 2 fois, cariocas flagrantes et piques en arrière). Le novillo sort exsangue du combat, il n’a plus d’allant mais trouve parfois les ressources pour s’engouffrer dans les grossières erreurs de placement.
Assumant son destin au mieux, toujours bouche close (mais que faut-il en tirer ?) cette novillada de Bucaré a gardé bonne partie de ses secrets. Un très bon novillo malgré tout (celui de la photo).
Honneurs aux picadors !!!
Benito del Moun