29 septembre 2006

La rumeur


Elle court depuis déjà plusieurs mois. 2006 serait l’ultime temporada du maestro Esplá. Celui-ci a toujours dit qu’il n’y aurait pas de tournée d’adieux ; qu’il annoncerait sa despedida à l’issue de son dernier combat voir même bien plus tard. Esplá a pris l’alternative il y a 30 ans en plaza de Zaragoza. Et il se murmure que le dimanche 15 octobre prochain, toujours à Zaragoza et face à des victorinos, ce pourrait être se dernière sortie publique. Quelques jours avant il sera à Madrid pour la féria d'automne...

28 septembre 2006

La plage vous manque ?


C’est l’automne, les premières fraîcheurs, les impôts, le boulot, la fin de la temporada. L’été et la mer vous manquent ? Regardez ça et dites-vous que la plage ce n’est pas forcément une sinécure ! Voilà qui devrait calmer vos regrets de ne pas y être ;-) Il faut être sacrément « cojonudo » pour oser surfer ça... Ici pas d’afeitado, pas d'attitude ventajista, et le pasito atrás est totalement proscrit. Ici on ne triche pas. ¡Vaya emoción !

27 septembre 2006

Stratégies...


J’ai lu récemment un reportage publié sur 20minutos.es intitulé : "La Ley Nacional contra el Maltrato Animal está cerca, pero hay que seguir llenando los juzgados de denuncias." Pour ceux qui ne veulent pas le lire, je peux vous le résumer en disant que ce texte se fait l’écho d’une manifestation célébrée au parc du Retiro (Madrid) et à laquelle ont assisté « des chiens, de nombreux chiens, environ 300, et plus d’un millier de personnes de tous âges » pour réclamer une loi nationale contre la maltraitance envers les animaux.
Il est probable que les images de la sauvage et brutale correction subie par un chien en décembre 1998, et diffusées à satiété par Telecinco jusqu’à il y a peu, aient eu pour effet miraculeux de réunir plus d’un millier de personnes là où les organisateurs n’en attendaient pas plus de cent cinquante. Et l’occasion a été utilisée pour attaquer une fois encore les spectacles taurins.
« Nous sommes en lutte contre les mauvais traitement à tous les animaux (…) lorsque nous voyons une corrida de toros, un encierro, nous pensons que ceux à qui on donne un coup d’épée, on plante une banderille, ce sont nos chats et nos chiens ».
Ainsi s’est exprimé le coordinateur de Ecologistas en Acción, Theo Oberhuber. Dans ce sens Rosa Montero a recommandé d’étendre la lutte contre la maltraitance des animaux domestiques à celle des toros pour une question « purement pratique » : « Il faut poursuivre jusqu’à la mort les fiestas populares sans lois comme le Toro de Tordesillas et s’occuper dans un deuxième temps de la fiesta brava sans cesser de la dénoncer comme une barbarie. »

Il est clair qu’il y a là une stratégie, un objectif dont les anti-taurins ont pris le chemin d’un pas ferme. Il s’agit même d’une stratégie intelligente et pratique qui, bien qu’il nous en coûte de le reconnaître, porte ses fruits.

Pendant ce temps, les taurins professionnels n’ont pas d’autre stratégie que de dire que les arènes se remplissent (ce qui est souvent un mensonge) et qu’il se donne plus de spectacles que jamais, ce qui ne pourrait être concevable sans les subventions des mairies et autres administrations publiques.

Nous avons perdu l’essence de la fiesta, qui est l’émotion, car les défenses du toros sont mutilées, et ceux-ci généralement à moitié invalides. Les matadors ont converti la fiesta en un spectacle insupportable, en minimisant le risque jusqu’à des extrêmes jamais vus.

Les novilleros sortent des arènes aussi immaculés qu’au moment du paseo, et jamais il n’y a eu autant d’alternatives ; cette année, si mes comptes sont bons, ont pris l’alternative ni plus ni moins que 35 novilleros (sans compter ceux qui vont la prendre avant la fin de la temporada). En 2005 il y en a eu 43, 45 en 2004. Cela veut dire qu’il est aujourd’hui très facile de devenir matador de toros, beaucoup plus facile en tout cas qu’il y a trente ans (28 alternatives en 1974, 24 en 1975, 21 en 1976) et ne parlons pas des années cinquante : 17 en 1954, 15 en 1956.
Les héros, par définition, sont rares. Lorsqu’il commence à sortir des héros jusque par-dessous les pierres il faut commencer à se demander où est l’authenticité de tout cela.

Bientôt viendra un jour ou les toreros seront accusés d’être des assassins. Et ceux qui les accuserons ainsi auront d’autant plus raison de le faire que l’émotion aura disparue, la cornada devenue de plus en plus improbable avec un animal de plus en plus impotent, sans défense et toujours plus décasté.

Il faut défendre la fiesta, et ce sont les professionnels du toreo et les ganaderos qui doivent agir. Nous aficionados, professionnels du passage à la taquilla, nous agissons depuis déjà très longtemps.
D’après Bastonito

25 septembre 2006

"Samba triste" (III)... Le courrier du coeur


Maintenant que certains connaissent mieux la saveur de la musique de Baden Powell (je suis certain que beaucoup connaissaient déjà), le temps est venu de "retourner à nos moutons"... Excusez-moi, à nos toros. La boîte mail de Camposyruedos croule sous les courriels, une invasion d'amour pour ce site et ce blog, soyez-en remerciés, du fond de nos coeurs secs d'intransigeants amoureux du toro de combat. Bientôt, nous pourrons concourir dans la course au site le plus visité de France, non, de la planète taurine... Bientôt !
Trêve d'envolées autosuffisantes et laissons cela à d'autres, remercions (sérieusement cette fois) ici les quelques aficionados qui ont réagi au texte Samba triste et énervée d'un soi-disant ayatollah et qui ont pris le temps de nous écrire leurs impressions mais également leur avis sur "cet univers impitoyable" qu'est la voie lactée corrida.
Il aurait été dommage que vous ne profitiez pas de ces textes (deux le cas présent) pleins d'analyses et de réflexions. Deux pierres de plus ajoutées à notre modeste manifeste pour la survie du vrai toro de combat... C'est déjà énorme. Messieurs, merci donc et permettez-nous de vous publier ici.
[Nous avons volontairement ôté les noms de ces deux aficionados, par souci de respect de l'identité de chacun, vous le comprendrez aisément.]

Lettre n° 1 : 24 septembre 2006.

Bonjour,
Je tenais depuis longtemps à répondre à un de vos écrits. Par les mots qui suivent, et cela dit sans aucune ironie mais avec, peut-être, un peu d’emphase, je souhaitais vous apporter soutien et réconfort car vous semblez ne rien vous épargner.
De mon repère corrézien, je lis votre blog taurin militant ainsi que ceux de vos collègues espagnols et j’ai mal avec vous. J’enrage de voir, de lire et d’entendre ce que vous connaissez trop bien et que je ne nommerai pas une fois de plus ; votre inventaire-coup de poing balaie large et vise juste. Ouille ouille ouille !
A mille lieues des "terres taurines" et du monde du
toro, si vous voyez ce que je veux dire, je fourbis des armes désuètes à défaut d’être obsolètes : gueuler quand vous savez lors des très rares courses – bienheureusement – auxquelles j’assiste et continuer de rêver à... Chut !
Cordialement.
P. M. (Brive), trop jeune – 33 herbes – et trop incroyant pour prétendre au titre d’ayatollah, mais qu'importe.
* Pour
Le Robert, un ayatollah est un : « Religieux musulman chiite d'une haute dignité ; titre donné à certains sages hors de toute hiérarchie. », mais aussi un : « Représentant conservateur (d'une tendance). Les ayatollahs du rock. » Yeah ! Evidemment, nous nous identifierons à la seconde acception sans devoir nous offusquer le moins du monde, s’agissant de tauromachie, d'être taxés de conservateurs ou de réacs, vu l’application suicidaire des modernistes de tout poils à édulcorer et travestir la bien-aimée et déjà « très ancienne tradition humaine du combat du taureau sauvage » (Claude Popelin). Quant à ceux qui manient l'insulte, ils pensent sans aucun doute à la première – surtout par les temps qui courent où intolérance primaire et amalgames faciles font si bon ménage – sans en connaître jamais la définition exacte.

Lettre n° 2 : 23 septembre 2006.

Bonjour,
A l'heure où les amateurs "Toristas" sont traités d'Ayatollah, à partir de quel moment ne peut on dire que les assassins de
toros sont les nouveaux "T(err)oristas" de la tauromachie cherchant bien souvent le profit financier à celui de la pure tradition: cherchez l'(err)eur... Aujourd'hui, bien souvent les corridas font partie du Show Business des fêtes locales avec comme seul intérêt le chiffre situé en bas à droite de la page... Jamais les anti-corridas n'auront eu aussi raison qu'aujourd'hui.
Et cela ne semble pas s'arranger car nous nous dirigeons vers une autodestruction : Où ressent-on l'envie de transmettre aux jeunes générations ce "patrimoine culturel" (et non économique) ? Je ne suis plus très jeune mais je palpe encore le fossé qui me sépare (par fermeture volontaire des portes) des dit "SABIOS" de la tauromachie d'autrefois. En laissant les gens livrés à eux-mêmes devant une corrida, on arrive très vite à cette situation où le spectateur, qui dans la majorité des cas, ne possède même pas les bases de cet art vient dans l'arène (et nous ne sommes plus très loin des instincts de l'antiquité) pour voir un spectacle dont l'issue est la mort d'un
toro pour lequel il ne se seront même pas posé la question de sa bravoure, trapío ou caste parce qu'il ne savent même pas ce que c'est... De même qu'ils applaudiront toutes les fanfaronnades produites par de nombreux maestros spectaculaires (dans le sens d'experts de spectacle populaire... non péjoratif...) dont le seul but est d'enflammer 90% des spectateurs profanes pour couvrir les commentaires des quelques amateurs susceptibles de pouvoir les critiquer. La confirmation à 7 jours d'intervalle de Mehdi Savalli est la preuve de la dérive actuelle.
On voit même aujourd'hui des présidents qui cèdent à la pression populaire (enflammer comme vous le dites par les cuadrillas ou même l'
empresa depuis le callejón...) pour accorder la deuxième oreille, el rabo ou même el indulto del toro... Où est la crédibilité du règlement taurin ?
En devenant un spectacle de foire, le fil du "spectacle et lieux de tradition" dont parle la loi se brisera sous notre propre poids...

M. M.

Quant à moi, je cours m'acheter de nouvelles lunettes car la définition du mot "ayatollah" était bien dans le Petit Robert. Excuse-moi Robert de t'avoir si mal lu...

24 septembre 2006

Samba triste (II)


Pour ceux qui ne connaissaient pas et aussi pour Laurent. Evidemment il faut le son sur votre PC pour en profiter ;-)

23 septembre 2006

Saltillos en Cadalso


Cadalso de los Vidrios (Madrid), 17 septembre 2006. Notre ami Bastonito y était. Voici sa reseña, rapide :

Il s’est lidié cinq novillos de Saltillo (un sixième a été renvoyé antirèglementairement pour être manso) avec de la romana, caste, poder, mansos à divers degrés, plusieurs douteux de cornes et un sobrero (1° bis) de Sotillo Gutiérrez, bien présenté et faible, également suspect d’afeitado et manso.
Miguel Ángel Cañas : trois pinchazos et un descabello (silence) ; pinchazo et bajonazo (silence).
Alejandro Parralo : pinchazo, une entière trasera et basse (oreille sans pétition) ; estocade basse (oreille).
Salvador García: demie tendida, trois descabellos - aviso -, quatre descabellos - deuxième avis - et descabello (silence) ; pinchazo en perdant la muleta, une atravesada, cinq autres au pas de banderillas, trois descabellos, deux autres pinchazos et trois avis (silence). Plus d’une demie entrée. Le spectacle a duré trois heures et demie...

La cerise sur le gâteau est cette vidéo d’une qualité certes médiocre mais qui donne malgré tout de même une idée du trapío, de la sauvagerie et des difficultés de l’animal.

Allez !!! Camposyruedos se met à la vidéo... On aura tout vu...

Quatre lettres pour Y. O.

- « Quatre lettres ». Pas mieux !
Des deux côtés, quatre lettres. Deux consonnes, deux voyelles.
- "T'es qui toi ?"
Faudra créer un nouvel alphabet.
Pour l’un, sculpture extatique d’un sourire béat, visage de fatigue. Le souffle coupé !
Pour l’autre, quatre lettres de cris, de pleurs. Le souffle qui naît !
Quatre lettres chacun, deux voyelles, deux consonnes, pas de jaloux.
Le souffle coupé, le souffle qui naît...
Papa, bébé.
Simple.
Welcome home Joseph.

De la part de Solysombra & Laurent.

22 septembre 2006

Think different (III)


Ah, je suis démasqué !

Eh oui, cher Solysombra, tu as découvert une de mes sources essentielles d’inspiration… La pomme !

Comme disait l’autre : « Mangez des pommes ! » Croquez-les, même…

Think different (II)




Je reconnais que, celle-là, il fallait aller la chercher, Laurent ! ;-)

20 septembre 2006

"Samba triste" et énervée d'un soi-disant ayatollah

C’est un mariage loin, très loin de chez moi. C’est un ami très cher qui fait le grand saut et tout le monde est heureux.
Ça se passe en fin de soirée quand la pensée et la logique sont aussi claires qu’un bon vieux Médoc. Ça se passe dans les évanouissements des lentes volutes de cigares ramenés de Cuba par un pote andalou. Ça se passe avec une cravate autour du cou, desserrée, dans un accoutrement de pingouin.
Il n’y a pas grand-monde ici qui goûte les toros, la géographie fait foi.
C’est un couple sympathique qui m’entoure, eux aussi viennent de chez moi, de mon "pais".
Eux aiment la corrida, ils me le disent rapidement et les mots déferlent ; c’est Waïmea par gros temps tellement il y a de choses à se dire dans ce no man’s land de la passion toro.
Lui connaît du beau monde, un « grand » empresario de France. Il a même la chance de dépoussiérer des coins de callejón de temps en temps. Oh la veine ! Le Bourgogne passe comme de la chantilly sur des fraises l’été et nos esprits s’épaississent maintenant comme ces Madiran rugueux que le tanat enrobe. Maintenant, on se dit ce qu’on pense vraiment, le temps des véroniques et autres cajoleries de bienséance est révolu.
Un quart d’heure plus tard, je suis un ayatollah et la corrida ne survivra pas avec des réacs de mon acabit. Le mot est lâché. Ayatollah ! Il s’emploie aujourd’hui comme on boit un café le matin, naturellement… Une évidence.
C’est la troisième fois en un mois que je suis qualifié (mais le mot juste serait plutôt « traité ») d’ayatollah.
Alors, Messieurs les "insulteurs", voilà ce que je vous réponds du haut de ma fenêtre minaret, vêtu de mon caleçon Mickey, rasé tout frais et la voix éraillée (n’en déplaise à certains, on n’a pas tous la barbe chez les ayatollahs).
Oui ! Je suis ce que vous dites. Un ayatollah, un casse-c..., un réac, un chiant de torista, un obsessionnel de la technique et de la belle lidia, un drogué du trapío adéquat, un taré de piques (de bonnes piques), un « enculeur de mouches » de l’estocade en place… Un dinosaure en somme.
Je ne le crie pas pendant les corridas, la discrétion m’étreint le plus souvent. Je commence à croire que j’ai tort finalement.
Oui j’en ai assez (et le mot ici est un euphémisme) de voir assassiner des toros de combat qui ont le seul tort d’être braves ou trop (!) encastés. Je suis repu de voir des cornes afeitées terminer en brosse à gratter le dos. Ah ! Erreur ! Veuillez accepter mes excuses, sérénissimes « modernes », on n’emploie plus de nos jours le mot afeitado, hérétique comme moi. Veuillez m’en excuser encore. Je corrige. Je suis repu, donc, de voir des cornes "arregladas" terminer en brosse à gratter le dos. Je suis écoeuré qu’une empresa puisse laisser sortir dans le ruedo des toros visiblement (au sens littéral du mot) malade comme ce 5° Santiago Domecq auquel l’« immense » Castella coupa deux feuilles de chou à Bayonne. Ecoeuré, car cela est insultant pour le toro, pour le succès du maestro et surtout pour moi, stupide payeur, qui n’a pas droit à son callejón ni même à voir gratuitement les bichos dans les corrales. Pourtant, il y a écrit « limpio » sur l’affiche ; mais les abcès poussent très vite chez les Domecq peut-être. Je suis assommé d’assister tous les après-midis à cette parodie de tercio de piques, assommé de constater que l’on n’applaudit plus, actuellement, que le dosage ou le fait de ne pas piquer du tout (corrida-concours d’Aire-sur-l’Adour, Garcigrande de Bayonne, Gallon à Orthez…). Assommé ? Oui, assommé.
« Ras le bol », et passez-moi l’expression, aussi, de ces peones qui gueulent, hyènes dans la savane, pour attiser le feu de cette nouvelle obligation de nos grisâtres sociétés : l’émotion. Donnez-nous de l’émotion, faites nous vibrer… Adages fallacieux.
Oui, je suis éreinté de devoir observer ce toreo profilé que les matadors photocopient à l’envie et se refilent entre eux comme les étudiants, par manque d’argent, photocopient les manuels au programme. Je suis las de voir des paires de testicules exhibées devant des brosses à gratter (arregladas bien-sûr), de ce toreo trémendiste et au plus près qui ne torée pas mais qui « émotionne » nos gentils publics. Comment leur en vouloir à ces gentils publics ? Formés aux tertulias et autres conférences menées par ceux-là mêmes qui organisent, disposent et critiquent. Je ploie sous l’affliction de lire ces reseñas consensuelles, ces papiers bien léchés (parfois) qui ne disent que ce qu’il convient de dire et dissimulent l’essentiel : le toro. Comment peut-on écrire que tel lot de Victorino Martín (qu’il est de bon ton de porter aux nues après ces années de triomphes plus ou moins justifiés) fut grandiose quand aucun des six gris ne s’employa correctement sous le peto ? Qui dira un jour, qui osera coucher sur une feuille blanche que notre chauve « paleto » ne produit plus que des toros de troisième tiers, d’une noblesse piquante et encastée certes, mais chez qui poder et bravoure n’ont qu’une signification bien mince ? Qui dira, parmi les critiques les plus lus (presse taurine régionale, gros site Internet), que le lot de Garcigrande sorti à Bayonne en septembre n’était qu’un nid de pseudo-toros, de trucs à quatre pattes et deux cornes (douteuses pour certaines) n’étant là que pour faire s’ouvrir « les flacons » de la beauté torera et tomber les cartilages ? Qui ? Qui ?
Je n’ai rien contre les « artistes » mais bon dieu qu’on leur mette un vrai outil de travail sous les plis de la muleta. Que sera Morante (et c’est pourtant de lui que j’ai vu les plus belles véroniques de l’année) devant un toro de combat ? Que devient l’énorme aura de Castella hors de ses engagements madrilènes ?
Taxez-moi d’ayatollah si vous le désirez, insultez, méprisez ces « gros cons » qui ne font que râler et ressasser d’horribles antiennes anachroniques. Faites comme ce correspondant radio d’une onde locale à notre cher Sud-Ouest et déclarez que les siffleurs n’y pipent rien et n’ont qu’à sortir s’ils ne sont pas contents. C’est cela aujourd’hui le must : "Tu la fermes ou tu sors !"
Je ne sortirai pas messieurs que j’abhorre. Je vais rester et vous agacer, vous faire grogner même si vous me prenez de haut. Vous tous, ceux qui pour moi sont les vrais ayatollahs car vous imposez une traître vision du toro de combat, car vous ne mettez pas votre science (et vous en avez c’est certain et obligé) dans le sens de la défense d’un spectacle qui pourrait être beau, bien mené et respectueux d’un magnifique animal, car vous mentez par omission ; vous tous donc qui me prenez pour un fou et un réac, je vous montrerai bien le verso de ce qu’il y a sous mon caleçon Mickey.
Sur ce, je vais écouter « Samba triste » de Baden Powell, c’est un peu comme les corridas, magnifique mais souvent triste.

L'espoir, toujours


Avant que les coletudos ne plient leurs sastres et, pour les plus chanceux ou méritoires d’entre eux, ne traversent l’Atlantique, trois férias de primera vont être célébrées en Vieille Europe : la San Miguel, la Feria de Otoño et la Feria del Pilar.

S’agissant de cette dernière, l’éditorial de La Cabaña Brava nous livre les commentaires que les carteles inspirent à cette très honorable association d’aficionados, dans lesquels je me retrouve assez bien.1

http://www.toroszgz.org/opinion/editorial.html

En ce qui concerne le dernier cycle madrilène, notre compagnon Bastonito nous écrit tout le bien qu’il en pense… pour la préparation de la candidature de Simon Casas, dans un entrefilet publié sur son blog le 9 septembre dernier. Je me permettrai seulement de soustraire à sa juste vindicte le cartel du 8 octobre 2006, qui verra José Pedro Prados 'El Fundi', Luis Miguel Encabo et Domingo López-Cháves affronter les pupilles d’Adolfo Martín. C’est avec intérêt que l’on pourra suivre face aux albaserradas le torero charro, qui s’est montré extrêmement convainquant cette saison, de l’importante oreille coupée con valor y cabeza à un toro sérieux de Celestino Cuadri, à sa toute récente prestation bayonnaise face à un pensionnaire de Juan Luis Fraile.

http://taurofilia.blogspot.com/2006/09/carteles-de-la-feria-de-otoo.html

Que penser, alors, du rendez-vous hispalense ?

Les deux corridas figurant au cartel sont les suivantes :
- le 23 septembre, Manuel Jesús 'El Cid' comme único espada (deux Victorino Martín, deux Zalduendo et deux José Luis Pereda) ;
- le 24 septembre, 6 toros de Hermanos García Jiménez pour Rivera Ordóñez, Sébastien Castella et César Jiménez.

Passons rapidement sur l’après-midi du 24 septembre, sur lequel, malgré que les deux plus jeunes diestros auront sans doute à cœur de « rémater » les oreilles engrangées à l’occasion de la Feria de Abril. En effet, que l’on nous serve en France ce type de bétail à toutes les sauces sous le prétexte fallacieux de la langue bleue passe déjà difficilement (nos courageux amis Nîmois et Montois en témoigneront sans doute, s’il leur en reste un souvenir), mais retrouver ces insipides Domecq au cartel au terme d’un long voyage jusqu’au pays du ganado bravo dépasse notre seuil de tolérance pourtant fixé très haut, par la force des choses.

Concernant l’après-midi du 23, on se souviendra sans doute que l’affiche était déjà prévue à la fin de la temporada 2005. Les aficionados présents, pour certains d’entre eux venus de fort loin, avaient dû se priver du seul contre six tant attendu (et redouté) du Cid en raison de l’aggravation de la blessure de celui-ci à Ronda. L’ineffable señor Canorea n’avait pourtant pas jugé bon de remplacer le torero de Salteras, en dépit des propositions reçues, et le programme de la San Miguel s’était trouvé limité à une course (les aficionados étrangers pouvant toujours occuper leur temps libre à se promener dans les jardins de l’Alcazar…). La belle faena de Luis Vilches et le spectacle offert pendant toute la lidia par sa cuadrilla n’avaient pas tout à fait réussi à faire passer la pilule.

Autant le dire tout de suite, Manuel Jesús est un torero corto pour lequel l’exercice périlleux (à divers points de vue) du seul contre six ne va pas de soi. Ceci posé sans jugement de valeur aucun, bien au contraire, le toreo du Cid m’ayant procuré ces dernières années parmi mes plus grandes émotions en matière de tauromachie. Son passage sans peine ni gloire à la Feria de Abril, ajouté à sa fin de saison 2005 calamiteuse, ne laisse pas d’inquiéter jusqu’à ses plus farouches admirateurs (dont je suis), les succès rencontrés ici et là ces derniers mois n’achevant pas de les convaincre.

Les incertitudes liées à la personnalité du maestro et à l’événement même auquel celui-ci se prépare ne font toutefois pas totalement disparaître l’intérêt certain de ce rendez-vous. Si El Cid a déjà su saisir l’occasion de couper des oreilles à tout type de bichos, jamais le triomphe ne fut plus éclatant que face au « toro-toro ». Or cette corrida le verra combattre, en un seul et unique après-midi, les deux types de bétail.

On le sait, l’aficionado est un fieffé et incorrigible rêveur (caractéristique qui permet au fonds de commerce des marchands du temple d’être des plus florissants en dépit de la crise) : et si Manuel Jesús 'El Cid' apportait samedi, face à l’une des aficiones les plus toreristas du monde, la démonstration lumineuse que les plus grandes, les plus vraies émotions du toreo naissent de la confrontation de l’homme au toro de respect ? Certes, on ne manquerait pas d’objecter que les « grands artistes » de la tauromachie moderne ne sont pas le Cid, et qu’ils ont autre chose à offrir (comprenez : mieux), que seul le toro « commercial » est à même de permettre ; ce à quoi on pourrait répondre que la qualité desdits « artistes » est peut-être à relativiser, et que les meilleurs ballets s’apprécient mieux sur les confortables fauteuils de l’Opéra Garnier que sur les gradins râpeux et exigus de la Maestranza ; sans oublier de les renvoyer à leurs classiques pas si lointains où les toreros « artistes » (les vrais) étaient capables de triompher – pas tous les jours, bien sûr – face aux miuras du bon vieux temps.

Et si, comme c’est probable, tout cela n’arrive pas, la manzanilla continuera comme toujours de couler à flot pour nous consoler du désespoir que nous font vivre nos anges déchus.

1 A propos du site de l’association La Cabaña Brava, profitez-en, si ce n’est pas déjà fait, pour lire leur publication gratuite, El Aficionado, qui présente souvent un grand intérêt.

18 septembre 2006

Nîmoiseries (II)

Au muchacho qui a pris l’alternative dans une arène de troisième catégorie le même jour que Valentín Ruiz, ils ont proposé d’être le protagoniste d’un crime de lèse tradition taurine en confirmant son alternative dans la plaza française de Nîmes avec le Juli comme parrain complice. Cayetano dans ces conditions passera à l’histoire – je ne sais si de la tauromachie ou du cirque, mais certainement du marketing – pour avoir été :
- celui qui a toréé le moins de novilladas sans picador en public ;
- celui qui aura combattu le moins d’utreros après sorteo avec d’autres novilleros et
- le premier à confirmer son alternative en France.

De Cayetano Rivera Ordóñez et de Simon Casas, au regard de leurs trajectoires, cela ne m’étonne pas. Mais le Juli, s’il avait eu un peu de dignité il aurait dû refuser de confirmer une alternative d'arène de troisième catégorie à un matador sans préparation suffisante, dans une arène comme Nîmes qui a toujours été d’une catégorie très discutable quant à la qualité et au sérieux des spectacles qu’elle propose.

Ceci dit nous pouvons imaginer ce qu’il y a à attendre de Simon Casas si on lui donnait la gestion de la Monumental de Las Ventas. Un personnage capable d’organiser des confirmations d’alternatives complètement artificielles pour gagner quatre sous de plus en foulant aux pieds la tradition, que sera-t-il capable de faire à Madrid ?
D'après Bastonito

Nîmoiseries


Il y a bien longtemps que je n’assiste plus aux corridas matinales à Nîmes. J’ai fait une exception ce dimanche pour enfin y découvrir Alejandro Talavante.
Les quelques amis aficionados qui ont eu le courage d’assister à la féria dans son intégralité étaient démoralisés. Et le spectacle auquel j’ai pu assister m’a fait comprendre leur désespoir.
Jugez plutôt. En trois corridas commerciales sont sortis 16 animaux parmi lesquels 13 étaient nés entre août et septembre 2002. Cela a beau être légal, c’est inadmissible pour tout aficionado qui se respecte. Autrement dit, Nîmes a confirmé des alternatives avec des novilladas. Quelle bouffonnerie !
Quant au trapío desdits animaux, ceux que j’ai pu voir en tout cas, il était ridicule, les pitones honteusement douteux, imprésentables. Je n’ai jamais été concerné par les poids des toros mais par leur trapío. Il y a cependant des limites. Et le fonds a ici été atteint par une fiesta en plein naufrage.
Comment peut-on, sérieusement, annoncer des poids tels que 460, 460, 460, 463 kilos, etc., etc. ? Soit le veedor à le compas dans l’œil, soit on se moque du cochon de payant. Payant et très cher en plus.
Et personne ne dit rien ni ne proteste. C’est à se demander s’il reste plus d’une dizaine d’aficionados sur les gradins. Et que font les clubs taurins et les membres de la CTEM ? Et leur président ? Visiblement rien d’autre qu’avaler goulument les énormes couleuvres que leur propose le prestataire de service. L’appel d’une éphémère mais médiatique présence au palco (ça impressionne la boulangère le lundi ça !) l’attrait des soirées mondaines et petits privilèges est visiblement plus fort que l’intérêt de l’afición. Mais de l’afición, leur en reste-t-il ?
Après ce coup de gueule, que dire de Talavante ? Si ce n’étaient les échos unanimes d’excellents aficionados madrilènes j’aurai tendance à penser, peut-être rapidement, que nous n’avons à faire qu’à une pâle copie de l’autre, une sorte de clone. Ceci étant, la ressemblance est parfois vraiment troublante. Une démarche, un port de tête, une manière d’aller au toro, de présenter la muleta… Le reste est moins convaincant. Mais il nous manque tellement ce Tomás... Alors parfois l’émotion d’avoir l’impression de voir le véritable Tomás est assez troublante. Une impression assez jouissive même, mais contrariée par le sentiment que, peut-être, cela n’est pas vraiment naturel, ne sort pas vraiment de lui, mais est étudié, composé. Impossible évidemment de se prononcer sur cette première découverte. En outre, Tomás, à ses débuts, s’est envoyé des toros, des corridas sérieuses. Talavante en sera-t-il capable ? Je me garderai bien de le juger sur cette unique impression et dans ce contexte de dératisation massive. J’irai le revoir, dans des plazas réellement de première catégorie, dans d’autres contextes, plus sérieux que celui d’une arène à la dérive.

14 septembre 2006

Toro toutou


Il y a déjà un certain temps, j'avais réalisé un post dans lequel était glissée une photographie du mayoral de Miura caressant un de ses pupilles dans les corrales de Bilbao dans les années 1920 ou 1930. Image rare, presque déconcertante quand on évoque cette bête "fauve" qu'est le toro de combat.
En faisant un tri dans ma petite bibliothèque, j'ai retrouvé ce numéro d'Aplausos et cette couverture proprement hallucinante. La scène se passe au Venezuela, comme le laisse imaginer le paysage en arrière-plan, et la légende qui accompagne la photographie dit à peu près ceci : "Toro 'Gabrielito', n° 159, de la ganadería venezolana de Guayabita, perdió su madre al nacer y fue criado a biberón. Siempre que ve al mayoral Julio Retamosa Montado en el caballo « bay-face » lo abraza en forma que vemos (foto: Iris Morales)."

Ce monde est fou, je vous le dis.

Corrales


Une corrida très homogène, bien armée, charpentée, sérieuse. Ainsi m’est apparue la corrida portant le fer de Palha que j’ai pu voir hier dans les corrales nîmois. Ceci dit avec toutes les réserves d’usages concernant la vision que l’on peut avoir de toros dans des corrales. Malgré cette impression très positive, je n’irai pas voir cette course. Cette corrida est, d'un point de vue moral et éthique, illégale. Il s’agit d’une ultime provocation des édiles nîmois envers l’afición française dans son ensemble. Alors même si ça ne concerne que moi, qui ne suis rien, et histoire de rester droit dans mes bottes, je n’irai pas, je ne cautionnerai pas. Question d’éthique et de morale.

Le Fundi


Mon compère Laurent, qui fait vivre ce blog avec moi, me demande ce matin : « J'ai lu des trucs hyper contrastés sur le seul contre six du Fundi à Arles, je n'arrive pas vraiment à savoir s'il a été bien ou pas. Que peux-tu m'en dire ? »
Eh bien, mon cher Laurent, comme bien souvent, la réalité est sans doute beaucoup plus nuancée que les affirmations définitives et tranchantes des uns et des autres. Mais avant de te parler du Fundi, laisse-moi te faire un petit point sur les toros. Car le toro est tout à la fois le pilier et la pierre de voûte de la fiesta. Et il s’agissait ici d’une corrida concurso de ganaderías. Ce léger détail a d’ailleurs totalement échappé au plumitif de service qui s’est chargé du compte rendu pour le site taurin espagnol Mundochoto. Enfin je veux dire Mundotoro. Tout ça pour te dire à quel point le toro pour certains…
Le bétail, donc, pour une concours était globalement d’une présentation peu digne d’un pareil événement, guère de trapío, de sérieux. Certains portaient même le 3 ! Et côté comportement rien de bien glorieux, pas de quoi pavoiser et offrir un après-midi d'émotion. A ce titre c’est donc sur les épaules du matador que reposait essentiellement une partie de la responsabilité de la réussite de la journée.
Le toro vainqueur a été celui de Domingo Hernández sorti en 5ème position. Et là, laisse-moi rire. L’animal a pris trois piques dans un bon style certes, mais sans histoire, rien de rare dans un tel contexte. Très rapidement il se montra faible, très faible. La photo ci-dessous en témoigne.

Il fut ensuite un collaborateur assez idéal, le toro commercial par excellence, une bédigue quoi ! Aucune personnalité, pas de sauvagerie, pas de piquant. Le Fundi lui coupe une oreille et au moment de l’arrastre « tres indocumentados » comme dirait mon ami Bastonito demandent la vuelta. Et le président, dans un réflexe sans doute pavlovien, obtempère.
Le côté pagnolesque de l’histoire, c’est que juste au-dessus de ma tête, en barrera, se trouvait la mère du matador, et une amie à elle. Une dame d’un âge mur, aux formes généreuses, à la voix stridente et à la guasa toute madrilène. « Mais comment !? », s’écria-t-elle. « Comment peut-on donner une vuelta à un toro invalide, un chocho ! et avec une corne cassée en plus !?» Les photographes, de toutes obédiences, agglutinés à mes côtés ont félicité la dame pour sa clairvoyance.
Non seulement ils lui ont donné la vuelta, mais ils l’ont primé comme le meilleur toro d’une corrida concours. Car je te rappelle qu’il s’agissait d’un concours de ganaderías… exercice pour lequel les ganaderos sont censés… n’insistons pas.
A mon sens, aucun toro n’était à primer. Et si j’avais absolument dû voter... Tu sais le genre de questions débiles qu’on se posait à l’école. Les questions du sytle : bon, ben... si tu dois aller dans une île déserte pour le restant de tes jours, tu y vas avec Sophie ou avec Magalie ? Les deux boudins de la classe… Age bête, questions débiles. Peut-être qu’ils en sont encore à l’âge bête les jurys de corrida-concours aujourd'hui. Vas savoir.
Bon, enfin bref, à primer un toro pour l’emporter sur une île déserte moi j’aurai primé le tardieu.
Et pour le Fundi, disons qu’il fut digne mais sans jamais atteindre les sommets. C’est le Fundi, ce n’est pas le Juli. Le bétail autorisait-il vraiment une tarde brillante ? Je n’en suis pas persuadé, bien au contraire.
Certains lui ont reproché le manque de quites et de variété. Certes, mais c’était un concours de ganaderías et le bétail n'aurait pas supporté plus de contraintes.

Il a banderillé 4 toros si ma mémoire est bonne et tué de 6 épées et un pinchazo. Voilà qui n’est pas un mince exploit en ces temps de tueurs médiocres, promoteurs du bajonazo et autres épées desprendidas. Réalisation de la suerte suprême. Comment peut-on sérieusement et objectivement moquer pareille performance ?
Pour l’avoir vécu au plus près, du callejón, je peux te garantir que ce fut pour lui une véritable épreuve physique et il poussa un ouf de soulagement, le dernier toro tombé.
Je ne me suis jamais ennuyé… malgré le bétail et le fait que la mayonnaise n’ait jamais vraiment pris.

12 septembre 2006

Limpioland


N'allez pas croire, mauvais esprits, que je me fais encore l'avocat du diable. Vous savez, un toro de combat (ici un novillo du Conde de Mayalde lidié à Dax le 10 septembre 2006 à 11h15 du matin), ça tape énormément dans les burladeros...

11 septembre 2006

El Señor Matías González


Enfin il parle ! Celui qui a été décrié, insulté et moqué durant la dernière Aste Nagusia pour avoir tenu bon face au triomphalisme ambiant et avoir imposé un respect minimum, non pas spécialement d'un règlement, mais plus certainement d'une éthique taurine, livre ses confidences à Paco Cañamero sur le blog de l'afición donostiarra : http://www.elchofre.com/.

Bonne lecture à tous et comme disait un voisin de tendido, "pero es un gran aficionado".

08 septembre 2006

Domecq, salsa Mayalde


"Qu’avez-vous à nous proposer, Monsieur ?
- "Aujourd’hui, le chef s’est décarcassé, bonnes gens, jugez plutôt, vous m’en direz des nouvelles : terrine de toros cuits à la vapeur de l’eau thermale de Dax en su salsa de figuras. Succulent !"
- Avec ces chaleurs, ça nous semble un peu lourd, mon cher. La digestion risque d’être difficile.
- Dans ces conditions, je peux vous proposer des canapés de novillos multicolores en su salsa Domecq, c’est léger, ça se mange sans faim !
- Bien, va pour les canapés, ça nous reposera !"

Ce week-end, l'Adour va bouillir, c'est promis, juré, craché. Ponce, Rincón, Juli et Castella vont se la jouer au milieu de la pluie... d'oreilles et pourquoi pas de queues. Mousson de cartilages, faudra faire mieux que le week-end dernier à Bayonne. Intervilles n'est pas loin !
Pour ceux qui craignent les chaleurs, qui ne goûtent pas les succédanés de toros bravos ou les guidons du team Samuel Flores, rendez-vous à l'heure de l'apéro, il y a quatre novillos du Conde de Mayalde à occire. Ça apparaît à peine sur les affiches, quelle importance.

Le Conde de Mayalde n'est pas encore un élevage très connu chez nous. Ça sort pas mal pourtant depuis quelques années, les Tyrossais peuvent en témoigner. Cette année, c'est Gijón qui a raflé le gros lot, semble-t-il.
Mayalde, ça sonne "grand d'Espagne", généalogie à rallonge et patronyme long comme l'Amazone. L'élevage a été fondé en 1949 par José Finat y Escriva de Romani1 qui deviendra le Conde de Mayalde. Il achète cette année-là la ganadería de Humberto Sánchez-Tabernero qui recouvre deux encastes marqués de nostalgie : Coquilla et Vega-Villar. En 1958, le Conde acquiert la moitié de la camada de Ignacio Sánchez-Sepúlveda qui détient du pur Contreras dans la ligne Sánchez-Terrones (Baltasar Ibán vient de la ligne Sánchez-Rico). Evidemment, comme souvent, le ganado antérieur est éliminé.
Jusqu'en 1986, le sang Contreras reste pur de tout croisement mais les temps sont à l'uniformité et il faut bien vivre. C'est tout d'abord 'Jirivilla', un semental de Juan Pedro Domecq qui livre sa miraculeuse semence aux "petites" vaches Contreras. Prudent, le Conde conserve tout de même une lignée pure Contreras, on ne sait jamais avec ces Domecq. Cependant, le croisement opéré en 1986 est consolidé en 1990 avec un autre "macho" de Juan Pedro et le tout est entériné en 1995 par l'achat d'un lot de vaches El Ventorrillo, encastées... Juan Pedro Domecq. Actuellement, les produits du Conde de Mayalde sont fortement marqués par l'apport Domecq et la lignée pure Contreras semble n'être plus qu'un doux souvenir. ¡Lástima!

C'est justement en mai 1995 que disparaît le Conde de Mayalde dont la vie suscite l'intérêt des férus d'histoire contemporaine. Entre autres fonctions, il fut ambassadeur d'Espagne à Berlin au moment où le petit moustachu aux idées noires (euphémisme) mettait le vieux continent à genou. A partir de 1955, ce proche de Franco donc, fut maire de Madrid, mandat qu'il occupa jusqu'en 1964. Question toros, il dirigea l'UCTL de 1972 à 1982 puis en devint président d'honneur. Homme public, côté pouvoir et dictature, grand ganadero, le Conde de Mayalde a laissé son héritage taurin à Rafael Finat Rivas (Conde de Mayalde) et à Fernando Finat Bustos (Marqués de las Almenas, vendu depuis à Francisco Medina, l'ex d'El Ventorrillo).
L'élevage est situé sur plusieurs fincas. La maison mère, si l'on peut parler ici de maison, se nomme "El Castañar" et se trouve à Mazarambroz (Toledo). Le reste est regroupé à côté d'El Espinar, au nord de Madrid, sur la route d'Ávila, dans les fincas "El Atillo" et "Batanejos". C'est un pays charmant, presque bucolique. On peut compter les arbres sur les doigts d'une main de manchot et le vent est aussi caressant que la barbe de la tante qui pique à Noël. Un régal.
Les animaux y sont clairement influencés Domecq. Pour reprendre les éminentes explications du Docteur Daulouède dans son livre Toromanie2, les toros sont plutôt dans le type "por abajo", c'est-à-dire avec une croûpe plus haute que l'avant et un cou assez long (voir le toro noir et blanc en photo). Ça embiste mieux paraît-t-il. Le côté légèrement ensillado du Contreras disparaît peu à peu.

Néanmoins, les ultimes sorties de cette ganadería devraient pousser les aficionados à se rendre à Dax dimanche matin vers 11h15 ; Domecq ou pas, cela risque d'être intéressant. Il n'y en aura que quatre (va comprendre !) mais sait-on jamais.

1 Sur l'histoire du Conde de Mayalde, se référer à l'article de Pierre Dupuy dans Toros, n° 1502-1503 du 26 mai 1995.
2 Toromanie de Pierre Daulouède, 2003, Editions Atlantica.

06 septembre 2006

Au hasard du web, l’horreur…


Ils nous tueront ces taurins. Mais comment peuvent-ils ? Sans doute je vieillis mal ; mais plus le temps passe et moins je supporte et tolère pareil spectacle.
Il s’agit de "toros" de Niño de la Capea lidiés à Arenas de San Pedro, pas très loin de Cenicientos si je ne m’abuse… ¡Vaya Vergüenza! Comment, avec de tels agissements, et face aux antis, pouvons-nous ensuite nous justifier, argumenter, parler de valeurs ?


Cette triste photo provient d'un blog dénommé La Tienta.

Le bar Casablanca à Séville


Je fais suivre ici le message d'un ami internaute, fidèle lecteur de ce blog. Surnommé "El Ya", il tenait à préciser deux ou trois éléments à propos du bar Casablanca de Sevilla dont parle Solysombra dans le post Tapas.
Lecteurs fidèles, amoureux de Sevilla et de tapas, lisez ceci, cela devrait vous intéresser :


En parcourant les derniers messages parus sur le blog de Camposyruedos, je suis tombé sur ce passage publié par Solysombra : "En ce qui concerne l’Andalousie et Séville en particulier j’ai eu le plaisir d’y retrouver un petit coin discret, le bar Casablanca, de Manuel Zamora et son hallucinante tortilla al whisky. Oui oui, au whisky… Il faut goûter pour en être convaincu. La dernière fois que je suis allé me restaurer chez Zamora c’était en novembre 2005. Il semble que depuis, le patron ait cédé ce lieu à d’autres pour s’installer ailleurs… Si certains de nos lecteurs savent où, qu’ils n’hésitent pas à nous le faire savoir…"
Etant moi aussi un inconditionnel, je suis heureux de pouvoir l'informer que le bar a déménagé (pour disposer d'un local plus grand), sans rien perdre de la qualité des produits et de la sympathique ambiance, de la calle Zaragoza au 12 de Adolfo Rodríguez Jurado. Ça se trouve près de la Avenida de la Constitución, près des Archives des Indes. Le lieu m'a paru au premier abord un peu trop grand, mais que Solysombra se rassure, il n'a pas trop perdu son âme.

Merci à toi, "El Ya", pour tous ces renseignements et à très bientôt je l'espère.

04 septembre 2006

La solitude silencieuse de l'aficionado... Bayonne 2006 (I)


- "Moi, avec un espagnol, j’ai visité le campo charro l’an dernier et j’en ai vu des toros."
Ça a commencé comme ça. Violent d’entrée de jeu. Ça ne faisait pas une minute que j’étais assis là, au 2 de la file 13.
- "Aujourd’hui, c’est des frailes, des tueurs, ça fait 10 ans qu’ils sont pas venus à Bayonne."

Oh « pute borgne », ça va être l’enfer cette course s’il continue son numéro, l’autre, derrière moi. Le callejón se remplit gentiment, les huiles coulent vers leur réduit, c'est la danse lourde des abrazos et des serrages de paluches. J’allume une clope,"Fortuna", on ne sait jamais que ça aide.

- "J’ai fait toutes les corridas de Bayonne cet été, et depuis des années aussi. Y’a eu des super trucs ici. Castella a même coupé deux oreilles le 15 août. C’est une des meilleures arènes, Bayonne. Vous allez voir."
Pitié !
- "Vous savez Monsieur, Castella a certes été bon mais sa première faena était bien plus intéressante que celle des deux oreilles. Quant aux autres corridas, ce fut bien moyen pour ne pas dire ennuyeux. Les présidences sont très généreuses ici."

Est-ce possible ? Qui êtes-vous Madame ? D’où venez-vous ? Ne parlez pas si fort, vous risquez le lynchage à déballer autant de vérités d’un coup, d’un seul. Elle m’a fait un court sourire, signe discret, délicat de notre pacte de souffrance.
Le callejón est plein, un bal du 14 juillet, place de la Bastille.

"Remplis bien la saucisse" me disait ma grand-mère. "Faut pas qu’il y ait d’air, remplis, n’aies pas peur, vas-y…" Rempli comme les saucisses de Mamie le callejón, comme souvent dans le Sud-Ouest. Y’a de tout là-dedans. Photographes, empresas, cuadrillas (là on comprend), revisteros, écrivaillons, artistes, invités, politiques, « gloires » locales, j’en passe. Ça y va du portable, ça parle quand meurent les toros, ça scrute le public de haut, depuis le bas. L’avantage de la saucisse, c’est que le gras fond à la cuisson, pas là ; l’ombre protège le superflu.

"J’ai lu un livre sur les élevages cet été, ils les nourrissent avec des aliments pour qu’ils soient gros pour la corrida.
- Ah bon, c’est comme les vaches laitières alors ?
- Oui, un peu pareil.
- Et ceux qu’on va voir aujourd’hui, ils sont bien d’habitude ?
- Ça fait 10 ans qu’ils sont pas venus ici, c’est des tueurs. Mais les meilleurs, c’est les
toros de Victorino Martín, ils sont tout gris. Cette année, ils en ont pas acheté ici alors que d’habitude on finit avec eux. Ça aurait été mieux.
- Oui, c’est dommage s’ils sont bons."

Le couple qui assiste à sa première corrida a l’air déçu. Il ne verra pas les "meilleurs" de Victorino. Aujourd’hui, il n’aura droit qu’à un remake taurin des batailles de Crécy, Sadowa, Verdun, Stalingrad et autres joyeuses charcuteries de jadis. Un "Chemin des Dames" tracé par des "tueurs" de "Cojos de Robliza". Promis, c’est des "tueurs".

"Ça va être comique" me susurre, déconfite, la dame aux mirettes très bleues.
- "Non" lui dis-je, "ça va être tragique !". Sourires chagrinés.

Et sort le premier fraile. 'Macarrón', 482 kg et deux couteaux pour trancher le lard, lacérer le carpaccio. Un toro de combat est au milieu de nous. Ses frères furent de même, très bien fagotés, sans excès, musculeux et en pointes. Seul 'Regatino' abaissa le niveau. Il pèse 623 kg et ressemble plus à un cuadri basto qu’à un fraile bien fait.
- "On ne voit plus de vraies piques aujourd'hui." Elle a dit ça tout doucement comme quand on parle à un ami autour d’une table un soir d’été, à moitié plongé dans ses rêves ou ses angoisses. Ça sort plein d’innocence, ça nous rentre de face, raide et piquant.
- "Pourtant, ces chevaux sont excellents, cette cuadra est superbe et fait bien son travail…J’adore les chevaux de Bonijol." Que voulez-vous répondre à ça ?
- "Oui, je suis d’accord, y’a pas beaucoup mieux sur le marché."Pour les piques, il y en eut même si les frailes ne furent pas les braves que l’on pouvait rêver. Ces messieurs au castoreño s’en donnèrent à cœur joie, façon marteau-piqueur.
- "On pouvait s’y attendre" murmure-t-elle. Malheureusement oui.

Soudain, dans la torpeur des choses vues, revues et remâchées, une pyramide alla s’échouer, on ne sait comment, à peu près dans le morrillo du fraile (en tout cas bien à la base). Les yeux écarquillés, la bouche béante comme un môme à guignol, mes bras se sont ouverts, langoureux, les siens aussi. Le temps, suspendu à une courte pyramide, a dit : "Stop !", comme "Maxwell". Tourné vers elle, j’allais lui dire "Viens", ma poitrine secouée contre la sienne, fragile, aimante (je l’imaginais), nous allions ressentir le prodige dans une unicité charnellement sublime. Délire ! Délire ! 10 secondes plus tard la cible était touchée et les reins labourés. On ne s’est même pas regardé. Des gars d’un cercle taurin (montois peut-être) ont ahané, vociféré, hurlé mais le fraile était piqué et morte l’espérance.

La course s’en fut ainsi, balancée entre l’émotion de vrais toros de lidia et l’amère réalité des habitudes et d’une pseudo et soi-disant inévitable évolution.
Lópes-Cháves, qui fit celui qui ne voyait rien lors de la pique, se rattrapa pourtant lors de la faena. Débutée aux medios, les événements s’engageaient mal.
- "Ce toro ne vaut rien, vous voyez, c’est un tueur !"
- "Oui , il est très dangereux, il va attraper le torero", répondirent nos deux toutereaux, puceaux de toros mais contrits de tension.
- "Non, ce toro peut passer mais Lópes-Cháves devrait changer de terrain pour le combattre et l’amener vers le centre, loin de la querencia.
- Ah… et c’est quoi madame une querencia ?
- C’est le lieu de l’arène dans lequel un
toro aura tendance à se défendre avec plus d'ardeur, une sorte de refuge pour lui.
- Mais non, ce toro est très dangereux, c’est tout. Il devrait le tuer et ne pas risquer sa vie."

Après deux séries tumultueuses, accrochées mais ô combien méritoires, Lópes-Cháves regarda derrière lui, vers le centre du ruedo. En trois passes, il y était et l’animal aussi. A partir de là, tout s’éclaira, le jour refusa l’agonie, les gradins dressèrent leurs poils et le petit bonhomme de Salamanque paru un géant de dominio. Le fraile passait bien, tête toujours plus basse, soumis mais pas carpette, les armes étaient rendues. Point d’orgue : le glas. Terrain idéal, sortie parfaite pour le toro, López-Cháves le fendit d’une lame de mammouth, tout simplement (malheureusement trop à gauche). Deux oreilles.

Les frailes se sont rappelés au bon souvenir de ceux qui les avaient laissés là, il y a quatorze ans. C’est âpre, compliqué, violent et parfois très puissant. Ils vendirent chèrement leur peau mais la route est encore longue. Leur bravoure n’est pas une évidence même si leurs combats au cheval ne passèrent pas inaperçus et leur caste, pour moi réelle, resta teintée de sentido chez certains et d’envies assassines chez d’autres (je pense au cinquième, le negro entrepelado). Le sixième, que Bonijol a vu de près, renversa d’un coup de frontal la cavalerie, ça devait le gêner pour sûr. Il rempila au second puyazo, un assassinat en place publique, Torquemada à la question. Las, nous ne vîmes pas le bestiau au troisième tiers tant Vilches prit des gants, des moufles même. Il est des combats incertains, perdus d’avance.

- "Salaud, trouillard", lâcha notre convive du Campo Charro. Fallait-il lui en vouloir ? Méritait-il si dure diatribe ? ¡No lo sé! Vilches passa, c’est certain, une sale soirée, coincé entre le peu d’envie et le manque de ressources face à un tel bétail.
- "Donnez-lui les garcigrandes", a pouffé un voisin, plus bas. Après tout… mais quand même.
Denis Loré s’est fait éclater la cuisse par 'Macarrón'.
- "C’est la fémorale", lance le visiteur de campo.
- "Je ne lui souhaite pas", répond du tac au tac, toute calme, la grande dame à ma gauche. Après deux avertissements à droite, Loré s’est fait cueillir froidement, longuement et profondément. Ça arrive. A qui la faute ? Le toro avait dit ce qu’il voulait, peut-être le Français a-t-il voulu braver la sourde évidence ? Respect tout de même d'affronter tout ce noir.

Vendredi 03 septembre 2006
Cher journal intime que j'adore,
J'ai vu aujourd'hui une vraie course de toros de combat. C'étaient des toros de Juan Luis Fraile de la finca "Cojos de Robliza" à Robliza de Cojos, à côté de Salamanque. J'ai vu une vraie course de toros de combat et j'ai croisé la route d'une grande dame aficionada qui erre seule au milieu de la foule qui couvre les gradins. Elle est toute discrète et parle à voix basse. Ça oblige à bien tendre l'oreille. Elle a expliqué le "b a ba" de la corrida à deux jeunes amoureux qui ne demandaient qu'à apprendre. On a tous discuté, comme de vieux amis. Leurs yeux pétillaient de comprendre, de savoir un peu mieux. Y'avait aussi un monsieur qui "savait tout", comme tant d'autres. Il a fini par écouter la voix suave et cajolante de la dame à ma gauche. Elle aimait les toros, avant tout les toros... et les chevaux de Bonijol. Jamais prétentieuse, encore moins supérieure, elle fut pédagogue, une patiente pédagogue. Le jeune couple a dit qu'il avait trouvé la corrida très bien, pleine d'émotion et surtout passionnante car il ne suffisait pas de sentir, comme ils le croyaient, mais il convenait aussi de comprendre ce qui se passait en bas et pour quelles raisons cela se passait de cette façon. Ils étaient heureux, naturellement heureux.
L'homme qui "avait visité le Campo Charro" a su enfin pourquoi les toros de Victorino Martín n'étaient pas à Bayonne cette année. Il s'est tu au final.
Le public est varié, souvent étrange, agaçant, marrant, versatile et payeur c'est certain. Chacun est libre d'être là, ça remplit les arènes et en cela, c'est respectable de dépenser quelques euros (parfois beaucoup) pour défendre la Fiesta Brava. Ça ne lui donne pas tous les droits pour autant, encore moins celui de balancer des inepties pendant deux heures. L'afición, ça s'apprend sur une vie, c'est long et laborieux. Ça se mérite aussi ! Dans ce public, traînent des fantômes bien seuls qui ne parlent plus ou seulement si nécessaire, qui se taisent et regardent, essayent de comprendre et vivent leur passion. D'aucuns les traitent d'"ayatollahs" car ils sont exigeants et pour eux, suffisants. Pensez ce que vous voulez, chers "d'aucuns", mais avec des ayatollahs comme elle, je veux bien être converti sur l'instant (je le suis de toute façon).
En partant, elle a dit aux jeunes "dépucelés" qu'il fallait revenir. Ils étaient d'accord. C'est vrai, finalement, la pédagogie, c'est la répétition !
Adichat's.

03 septembre 2006

Pour rajouter de l'eau au moulin... A propos du président Matías


Je viens de lire le post de Solysombra concernant le président Matías (président des Corridas Generales de Bilbao). Personnellement, j'ai eu la malchance d'assister à la course, triste comme le sable de Vista Alegre, de Victorino Martín le 22 août 2006. Padilla y fit ce que fait Padilla depuis quelques mois, du grand n'importe quoi et c'est un euphémisme. Pourtant, le public demanda avec force l'oreille de son opposant (je n'ose écrire toro) et la pétition était bien majoritaire. El señor Matías, impassible, fit signe aux mules d'embarquer loin de nous la dépouille du gris. Pas d'oreille, bronca appuyée à la présidence.

Mon voisin, pour une fois très aficionado (c'est rare de nos jours, il faut le souligner), me glissa à l'oreille : "no respeta el reglamento pero es un gran aficionado".

C'est un peu comme les aguirres de Calahorra... Oui, ça existe encore !

Silverio Pérez


Silverio Pérez, grande figura du toreo et doyen mondial des matadores de toros, est décédé hier dans sa maison de Pentecostés, à Texcoco, (Etat de Mexico). Il avait 90 ans pour les uns et 91 pour d’autres. La cause de cette controverse viendrait du fait qu’il soit né le 20 juin 1915 mais sa famille célébrait les anniversaires les 20 novembre. J’en ignore la raison.
Il était le frère du vaillant novillero Armando Pérez, qui s’annonçait sur les carteles comme Carmelo Pérez. Ce jeune mourut à Madrid le 18 octobre 1931 des suites d’un coup de corne infligé par le retinto 'Michín', de San Diego de los Padres, dans la plaza du Toreo de la Condesa un mois avant.
Il se dit que c’est au retour du cadavre de son frère que Silverio décida de devenir torero.
Pour ceux qui lisent l’espagnol un dossier très complet est proposé par Burladerodos.com.

La photo ci-dessus montre la confirmation de l'alternative de Manolete par Silverio Pérez dans les arènes de Mexico le 9 décembre 1945. Il lui céda la mort d'un toro de Torrecilla. Le témoin était Eduardo Solórzano.
D'après Bastonito

Traité de tauromachie moderne


Un des événements de la féria de Bilbao 2006 aura été l’actuación d’Enrique Ponce face à un toro de Zalduendo. Le refus par Matías de la seconde oreille a provoqué une bronca magistrale et, chez les taurinos, des crises de nerfs délirantes. Il est clair que le président Matías indispose depuis déjà longtemps les professionnels et leur acolytes qui voudraient bien se débarrasser du plus sérieux président espagnol.
Il y a quelques années de cela, en lisant les compte rendus de Vicente Zabala père (le père eh ! pas d’ambiguïté ! Le fils ni hablar…) et ceux de Joaquín Vidal, j’arrivais à me faire une opinion sur une course à laquelle je n’avais pas assisté. Aujourd’hui, le niveau de la critique taurine est tel qu’il est bien difficile d’en tirer quelque conclusion que ce soit avant d’être renseigné par les copains qui y étaient. Heureusement, et une fois de plus, il nous reste Internet.

Voici donc ce qu’a écrit Pablo García Mancha dans son blog Toroprensa sous le titre de « Traité de tauromachie moderne » :
« … Si ce n’était parce que le sable est noir, parce que les toros avaient le poids et les cornes et que le président s’appelle Matías González, hier j’aurais été persuadé d’avoir assisté à une corrida à Benalmadena. Mais ça c’est passé à Bilbao.

Une corrida avec 8 toros de Zalduendo, deux ont été renvoyés aux corrales pour invalidité manifeste, quelques-uns sans pouvoir et nobles jusqu’à l’épuisement, c'est-à-dire, le prototype de toros que veulent les toreros de nos jours. Inédits face à la cavalerie et avec du souffle mais avec une charge suffisante pour être de dignes collaborateurs. Excellente corrida pour les toreros et pour ceux qui apprécient ce spectacle particulier.
Et face à ces animaux, il ne fait aucun doute que Ponce est le roi. Sa faena au 4° de l’après-midi peut être cataloguée comme « traité de la tauromachie moderne ». Il est vrai qu’elle fut de ce point de vue une faena d’anthologie. Les passes cadencées. Le temple une constante. Les petits pas entre les passes permettant au toro de reprendre son souffle, tout simplement spectaculaires. Les derechazos suaves et en composant la figure comme lui seul sait le faire. De l’extérieur vers l’interieur (de las afueras hacia los adentros). Des petits pas de danseur étoile et doucement positionné. Les redondos de face, et de dos. Les naturelles données une à une avec la muleta pliée géniales. Le tout effectué lentement à tel point que Matías lui envoya un premier avis avant qu’il ne débute les traditionnels doublements par le bas, made in Ponce, avec lesquels il finalise habituellement ses faenas. Il a demandé au président de rester calme et a continué son travail. Il a tardé à cadrer le toro et a frôlé le second avis. Une épée légèrement desprendida. Une faena magistrale si nous faisons fi de l’absence de profondeur. Mais qui se préoccupe de cela ? Délire, apothéose, et le public comme fou. Il cria, et cria pour obtenir de Matías la seconde oreille. Mais celui-ci ne fléchira pas face a la pression en "aguantant" une bronca démesurée. Deux tours de piste au cours desquels Bilbao est tombé dans les bras de Ponce. »
D'après Pablo G. Mancha

01 septembre 2006

Eh oui, ça existe encore...


"¡Me cago en Dios!" Oui, ça existe encore et certains pénibles nous diront que ce ne sont que des mansos. Chut, je n'entends rien... Non vraiment je n'entends pas... Non, n'insistez pas...

Alors pour la bonne bouche, voici quelques photographies de ce lot de Doña Dolores Aguirre qui est sorti à Calahorra [il s'agit des photographies des toros qui étaient prévus en avril-mai 2006 pour Calahorra ; n'ayant pas assisté à cette course, il se peut qu'un ou deux ne soient pas sortis en Rioja à cause de blessures ou autres].





Ça existe encore !


Voici ce qu’a écrit il y a quelques jours Pablo García Mancha dans son blog Toroprensa : « Je ne sais comment vous raconter ce que j’ai vécu hier en place de Calahorra. Bon, eh bien, Juan José Padilla avant de débuter la faena du quatrième, a obligé un de ses subalternes à saluer – il avait réalisé une lidia impressionnante après la défaillance de son patron – et il lui a ensuite offert la muleta pour qu’il lui fasse la faena. Les gens n’en pouvaient plus du ciclón de Jerez, et ont commencé à lancer toutes sortes de projectiles dans la piste et le diestro s’est retiré à la barrière refusant de continuer le combat. Au final, lorsque cessèrent les jets, Padilla pris les trastos sous une bronca monumentale, aussi monumentale que la corrida envoyée par Dolores Aguirre : six pavos impressionnants qui arboraient des armures aiguisées et astifinas et qui ont reçu une moyenne de six ou sept puyazos donnés chacun dans les règles. Comme j’ai été témoin de cet événement, personne ne pourra nier que cela est arrivé… »

Alléluia ! Ça existe encore ! Un toro, que dis-je, une corrida entière capable de prendre six ou sept piques par animal ! Alléluia ! Ça s’est passé à Calahorra, au mois d’août de l’année 2006.

Pour le reste, Padilla je veux dire... quelle importance ?

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