Il y a bien longtemps que je n’assiste plus aux corridas matinales à Nîmes. J’ai fait une exception ce dimanche pour enfin y découvrir Alejandro Talavante.
Les quelques amis aficionados qui ont eu le courage d’assister à la féria dans son intégralité étaient démoralisés. Et le spectacle auquel j’ai pu assister m’a fait comprendre leur désespoir.
Jugez plutôt. En trois corridas commerciales sont sortis 16 animaux parmi lesquels 13 étaient nés entre août et septembre 2002. Cela a beau être légal, c’est inadmissible pour tout aficionado qui se respecte. Autrement dit, Nîmes a confirmé des alternatives avec des novilladas. Quelle bouffonnerie !
Quant au trapío desdits animaux, ceux que j’ai pu voir en tout cas, il était ridicule, les pitones honteusement douteux, imprésentables. Je n’ai jamais été concerné par les poids des toros mais par leur trapío. Il y a cependant des limites. Et le fonds a ici été atteint par une fiesta en plein naufrage.
Comment peut-on, sérieusement, annoncer des poids tels que 460, 460, 460, 463 kilos, etc., etc. ? Soit le veedor à le compas dans l’œil, soit on se moque du cochon de payant. Payant et très cher en plus.
Et personne ne dit rien ni ne proteste. C’est à se demander s’il reste plus d’une dizaine d’aficionados sur les gradins. Et que font les clubs taurins et les membres de la CTEM ? Et leur président ? Visiblement rien d’autre qu’avaler goulument les énormes couleuvres que leur propose le prestataire de service. L’appel d’une éphémère mais médiatique présence au palco (ça impressionne la boulangère le lundi ça !) l’attrait des soirées mondaines et petits privilèges est visiblement plus fort que l’intérêt de l’afición. Mais de l’afición, leur en reste-t-il ?
Après ce coup de gueule, que dire de Talavante ? Si ce n’étaient les échos unanimes d’excellents aficionados madrilènes j’aurai tendance à penser, peut-être rapidement, que nous n’avons à faire qu’à une pâle copie de l’autre, une sorte de clone. Ceci étant, la ressemblance est parfois vraiment troublante. Une démarche, un port de tête, une manière d’aller au toro, de présenter la muleta… Le reste est moins convaincant. Mais il nous manque tellement ce Tomás... Alors parfois l’émotion d’avoir l’impression de voir le véritable Tomás est assez troublante. Une impression assez jouissive même, mais contrariée par le sentiment que, peut-être, cela n’est pas vraiment naturel, ne sort pas vraiment de lui, mais est étudié, composé. Impossible évidemment de se prononcer sur cette première découverte. En outre, Tomás, à ses débuts, s’est envoyé des toros, des corridas sérieuses. Talavante en sera-t-il capable ? Je me garderai bien de le juger sur cette unique impression et dans ce contexte de dératisation massive. J’irai le revoir, dans des plazas réellement de première catégorie, dans d’autres contextes, plus sérieux que celui d’une arène à la dérive.