J’ai lu récemment un reportage publié sur 20minutos.es intitulé : "La Ley Nacional contra el Maltrato Animal está cerca, pero hay que seguir llenando los juzgados de denuncias." Pour ceux qui ne veulent pas le lire, je peux vous le résumer en disant que ce texte se fait l’écho d’une manifestation célébrée au parc du Retiro (Madrid) et à laquelle ont assisté « des chiens, de nombreux chiens, environ 300, et plus d’un millier de personnes de tous âges » pour réclamer une loi nationale contre la maltraitance envers les animaux.
Il est probable que les images de la sauvage et brutale correction subie par un chien en décembre 1998, et diffusées à satiété par Telecinco jusqu’à il y a peu, aient eu pour effet miraculeux de réunir plus d’un millier de personnes là où les organisateurs n’en attendaient pas plus de cent cinquante. Et l’occasion a été utilisée pour attaquer une fois encore les spectacles taurins.
« Nous sommes en lutte contre les mauvais traitement à tous les animaux (…) lorsque nous voyons une corrida de toros, un encierro, nous pensons que ceux à qui on donne un coup d’épée, on plante une banderille, ce sont nos chats et nos chiens ».
Ainsi s’est exprimé le coordinateur de Ecologistas en Acción, Theo Oberhuber. Dans ce sens Rosa Montero a recommandé d’étendre la lutte contre la maltraitance des animaux domestiques à celle des toros pour une question « purement pratique » : « Il faut poursuivre jusqu’à la mort les fiestas populares sans lois comme le Toro de Tordesillas et s’occuper dans un deuxième temps de la fiesta brava sans cesser de la dénoncer comme une barbarie. »
Il est clair qu’il y a là une stratégie, un objectif dont les anti-taurins ont pris le chemin d’un pas ferme. Il s’agit même d’une stratégie intelligente et pratique qui, bien qu’il nous en coûte de le reconnaître, porte ses fruits.
Pendant ce temps, les taurins professionnels n’ont pas d’autre stratégie que de dire que les arènes se remplissent (ce qui est souvent un mensonge) et qu’il se donne plus de spectacles que jamais, ce qui ne pourrait être concevable sans les subventions des mairies et autres administrations publiques.
Nous avons perdu l’essence de la fiesta, qui est l’émotion, car les défenses du toros sont mutilées, et ceux-ci généralement à moitié invalides. Les matadors ont converti la fiesta en un spectacle insupportable, en minimisant le risque jusqu’à des extrêmes jamais vus.
Les novilleros sortent des arènes aussi immaculés qu’au moment du paseo, et jamais il n’y a eu autant d’alternatives ; cette année, si mes comptes sont bons, ont pris l’alternative ni plus ni moins que 35 novilleros (sans compter ceux qui vont la prendre avant la fin de la temporada). En 2005 il y en a eu 43, 45 en 2004. Cela veut dire qu’il est aujourd’hui très facile de devenir matador de toros, beaucoup plus facile en tout cas qu’il y a trente ans (28 alternatives en 1974, 24 en 1975, 21 en 1976) et ne parlons pas des années cinquante : 17 en 1954, 15 en 1956.
Les héros, par définition, sont rares. Lorsqu’il commence à sortir des héros jusque par-dessous les pierres il faut commencer à se demander où est l’authenticité de tout cela.
Bientôt viendra un jour ou les toreros seront accusés d’être des assassins. Et ceux qui les accuserons ainsi auront d’autant plus raison de le faire que l’émotion aura disparue, la cornada devenue de plus en plus improbable avec un animal de plus en plus impotent, sans défense et toujours plus décasté.
Il faut défendre la fiesta, et ce sont les professionnels du toreo et les ganaderos qui doivent agir. Nous aficionados, professionnels du passage à la taquilla, nous agissons depuis déjà très longtemps.
D’après Bastonito