30 mai 2008

Concha y Sierra, ou le pesant vestige des veuves

A la seule évocation de ce nom emblématique, dont l'histoire fourmille de mille triomphes et d'autant de légendes, le sourcil de l'aficionado se forme en accent circonflexe. Aussitôt, l'histoire des deux veuves qui ont présidé successivement aux destinées de l'élevage mythique reviennent à l'esprit, évoquant la gloire du passé, ses côtés obscurs et mal connus aussi, puis le tragique sentiment du gâchis et de la décrépitude.
Lorsqu'il se porte acquéreur de la devise en 1993, José Luis García Palacios, fils du plus grand banquier d'Andalousie, lui-même actif dans les affaires familiales, a parfaitement conscience du trésor et de l'héritage, certes glorieux mais sans doute, à ce titre, d'autant plus pesants, qu'il décide ainsi de prendre sous sa responsabilité. Tout le temps libre que son travail et ses affaires lui laissent, il le passe dans son élevage, en compagnie de son excellent et passionné mayoral, au milieu de l'un des plus beaux campos d'Espagne et de la polychromie de ses taureaux vazqueños.
Concha y Sierra demeurera sans doute encore longtemps l'un de ces rares élevages pour lesquels, envers et contre tout, on s'acharne à garder espoir, en raison de ses origines uniques qui font partie de l'histoire de la tauromachie, et de l'Histoire tout court. Peut-être José Luis, en dépit de tous les efforts fournis, n'arrivera-t-il jamais à redresser la barre. Il faut dire que tout le monde semble s'en foutre, des toros de José Luis, et que les toreros prêts à combattre les descendants des pupilles de José Vázquez, même parmi les plus modestes, ne courent pas les rues... et encore moins les ruedos. Alors le ganadero tente d'appâter le chaland, en formant des lots composés pour moitié d'exemplaires issus de la noble et antique origine, et pour moitié de toros ou de novillos aux origines plus "acceptables" qu'il élève séparément. Des lots combattus dans des pueblos poussiéreux par des novilleros inconnus au bataillon, mais qui se paient tout de même le luxe de faire l'impasse sur la moitié du programme.
L'aficionado est un indécrottable rêveur, c'est bien connu. Et quand tout dans cet élevage porte à la rêverie, on se prend encore à y croire. A croire que la ganadería retrouvera une partie de sa gloire passée. Un jour. Ou le lendemain.
En attendant, on peut toujours continuer d'admirer les estampes de Concha y Sierra promenant nonchalamment leur lourde silhouette au milieu des chênes, en devisant sur le passé et en faisant revivre, l'espace de quelques heures, le souvenir des veuves et de leurs terribles toros.

>>> Retrouvez la galerie consacrée à l'élevage de Concha y Sierra dans la rubrique CAMPOS de Campos y Ruedos. Gardez bien les yeux ouverts, car des intrus se sont glissés au milieu des antiques vazqueños...
>>> Retrouvez également la fiche de présentation de l'élevage sur le site Terre de toros.

29 mai 2008

Dans les corrals


Vic-Fezensac, vendredi 9 mai 2008.

Quelques heures avant le déclenchement des hostilités, quelques privilégiés, parmi eux quelques membres de Campos y Ruedos — quelque part ça fait bizarre —, ont eu l’opportunité de passer quelques minutes à quelques mètres — voire à quelques centimètres — de quelques-uns des toros combattus lors de la Feria del Toro. Je me doutais bien que ces quelques minutes allaient m’inspirer quelques lignes, sans savoir toutefois que je retrouverais quelque part dans une pile de papiers — pas non plus par hasard — quelques réflexions de José María Cruz Ruiz, parues il y a quelque temps dans quelque numéro d’El Aficionado* : « Le poil, le type, el respeto, las hechuras, la alegría, la corpulence... influent aussi dans les corrals. Le lieu même a une influence, car dans les corrals les toros en imposent beaucoup moins qu’au campo. Et cela s’explique par le fait que l’on est plus à l’aise pour voir dans les corrals qu’au campo ; dans les premiers, les toros ont l’air d’un troupeau d’ânes. De plus ils ont perdu la prestance qu’ils avaient au campo parce qu’on les voit serrés, intimidés... Sans parler de l’importante influence du voyage qui les "abîme", malgré les tranquilisants, ou peut-être pour cette raison. Dans les corrals, on peut très bien apprécier si la course est homogène de taille car il est facile de repérer, parmi six toros, ceux qui sont les plus grands ; encore qu’il reste compliqué de qualifier un toro de grand ou de petit. Six toritos homogènes de taille passent mieux que quelques toros plus petits aux côtés d’autres plus grands. »

Dans des corrals au sol recouvert de paille, on peut tout à fait trouver que six bravos à l’instinct grégaire aient « l’air d’un troupeau d’ânes » ; il n'empêche que de derrière les palissades, on voit les toros autrement, à hauteur d’homme. Voilà, c’est cela, vous êtes Homme, ils sont Toros. Et même après avoir vérifié l’épaisseur et la solidité des planches, vous percevez comme l’ombre d’un danger ; vous vous sentez tout fragile. Vous respirez un bon coup ; très vite vous commencez à imaginer des scénarii dramatiques : « Les gars, je crois que je vais vous attendre dehors... ».

Là vous distinguez une cicatrice, ici une plaie ; vous révisez votre alphabet — le « A » du Miura, le « U » de la Unión, le « a dans le C » des santacolomas ; vous souriez en apercevant cet enfant dans les bras d’un parent ou cette fresque naïve ignorée depuis la coursive — réminiscence picturale du campo, paysage mural d’un monde qu’ils ne reverront plus ; au moindre bruit vous remarquez l’extrême mobilité des oreilles ; vous êtes frappés par la lenteur des gestes et le peu de paroles — là-haut d’aucuns s’agitent et causent « pour être vus et entendus » ; un compagnon de corral remarque une corne fendillée sur le dessus, vous une autre mani... festement limpia ; rêveur, vous vous laissez aller à suivre les plans et perspectives dessinés par un toit, une corde, un linteau, une porte ou un mur ; vous attaquez un nouvel inventaire : béton, bois, tôle et fer, brique, acier, ciment et pierre, et vous trouvez ça beau ; les corps se frôlent vu l’étroitesse des lieux et les regards se cherchent ; vous volez une photo, puis deux, trois, et cetera ; d’un côté une main qui s’attarde sur une épaule, de l’autre un cou qui s’allonge et se pose sur une croûpe ; ici un doigt qui montre et là une corne qui gratte ; votre vision se brouille à s’attarder sur la brillance des diamants et le chignon seyant du Buendía, sur la beauté des cárdenos, du Guardiola, du carbonero ou du Veragua ; vous plongez la main dans un sac de pienso que vous écrasez entre le pouce et l’index ; vous ne manquez pas de noter des profils concaves, droits ou convexes, des différences de hauteur au garrot et de grosseur des morrillos ; vous jouez à vous faire peur en fixant un Pérez de la Concha dans les yeux... que vous ne tardez pas à baisser pour mieux admirer la finesse des extrémités ; vous profitez à plein d’un temps printanier et d’une palette d’odeurs en provenance directe de la ferme — conditions idéales pour des mouches qui brillent pas leur absence ; vous évacuez momentanément le couloir — dans le patio vous écoutez les voix qui râlent et les portes qui claquent — en plaignant vos chaussures en toile noire qui font désormais grise mine ; de retour, vous êtes sous le charme de la diversité des encastes et du jeu de lignes des échines ; demain à cette heure, certains cornus ne seront déjà plus et vous songez à les rassurer — savent-ils seulement pourquoi ils sont là ? Vous êtes parmi eux, tout simplement, et si ce n’est pas le bonheur cela y ressemble fortement. En haut je n’aurais pas trouvé les mots ; en bas, ils ne demandaient qu’à sortir.

* José María Cruz Ruiz, « Notas sobre el tamaño del toro », El Aficionado n° 26, Octobre 2007, pp. 13-14. L’auteur est aficionado, peintre, vétérinaire et membre fondateur de l’ANVET (Asociación Nacional de Veterinarios de Espectáculos Taurinos). El Aficionado, fanzine taurin édité et distribué gratuitement par La Cabaña Brava de Saragosse.

>>> Retrouvez sur le site la galerie "Corrales de Vic".

Images Novillos de Pérez de la Concha & Toro de La Quinta © Camposyruedos

28 mai 2008

En attendant la suite...


... des réflexions sur la pique dans le morrillo.

Dans le deuxième texte de la série qu’il consacre à la pique dans le morrillo, Laurent soulève un point sur lequel je souhaiterais ici rapidement revenir. Dans le cadre de cette thématique générale, on peut notamment s’interroger sur la question épineuse de savoir pourquoi l’emplacement de la pique a évolué dans le temps. Il est certes tout à fait exact, à en juger par les témoignages écrits et visuels du passé, que l’assertion « tout était mieux avant » est totalement fallacieuse, et ce pour la simple raison que piquer correctement a toujours été compliqué et que les castoreños d’antan n’étaient pas tous des foudres de guerre. Il n’en demeure pas moins que l’on peut noter, toujours selon les mêmes témoignages, une évolution certaine qu’il serait tout aussi faux de nier.
Alors pourquoi ? Il y a plusieurs hypothèses valables à un phénomène que la seule place qu’occupaient alors les picadors dans le spectacle, ainsi que la suerte de varas dans son ensemble, ne sauraient à elle seule expliquer. Prétendre le contraire relèverait, au mieux, d’une vision romantique et erronée du passé.
Nous savons tous que le but principal de la manœuvre est de régler le port de tête et de diminuer la mobilité de celle-ci, ce qui est censé apporter des effets bénéfiques pour la suite de la lidia, comme Laurent l'explique très bien, et comme on peut le constater (malheureusement par la démonstration du contraire, généralement) tous les jours dans l’arène. Mais il existe une autre explication qui réside dans la recherche par les artisans du premier tiers de leur propre sécurité, pour la première rencontre mais plus encore pour les suivantes. En effet, piquer au niveau du cerviguillo permettait également de faire en sorte que le taureau charge en poussant, à l'horizontale en quelque sorte, en utilisant principalement l'arrière-train, et non de haut en bas, à la verticale, en utilisant l'avant-train, et la tête comme un levier.
Ceci s'explique par le fait que le groupe équestre de l'avant peto était beaucoup, beaucoup plus léger qu'aujourd'hui, de sorte qu'un taureau au port de tête non réglé et chargeant la cavalerie comme indiqué ci-dessus pouvait faire un carnage et renverser cheval et picador sans trop de difficultés. De nos jours, eu égard à la masse considérable de l’ennemi, ce risque est quasiment inexistant compte tenu de la force surnaturelle que la bête doit déployer pour ne serait-ce que tenter de le soulever.
Il est intéressant d'appréhender la question des rayas à la lumière de cet aspect. On comprend mieux alors pourquoi ce sont les picadors, et non le public comme on le croit trop souvent, qui ont imposé celles-ci, afin que l'on n'exige pas d'eux de s'avancer plus avant dans le ruedo. En effet, la poussée du toro étant horizontale, leur protection la plus efficace consistait alors à rester collés aux planches pour ne pas valdinguer dans les airs à la moindre rencontre avec l'animal.
Au sujet des rayas et de leurs motivations historiques, vous pouvez consulter à nouveau le post suivant : Retour sur les rayas.

26 mai 2008

Piquer dans le morrillo (II)


La suite de nos réflexions sur la pique dans le morrillo.
Piquer dans le morrillo (I)

À question naïve, réponse simple : parce que c’est difficile ! Oui, il est très difficile de placer la puya dans le morrillo du toro et chaque aficionado se doit de "se mettre au moins une fois à la place" du piquero au moment de châtier un bestiau de 500 kgs qui lui fonce dessus plus ou moins violemment et dans une totale intégrité physique (en tout cas dans l'idéal). Mais cette difficulté, compréhensible quand elle est de bonne foi, le monde des anciens varilargueros en a fait une facilité irrespectueuse et dégradante pour le combattant qu’est le toro.
"Puisqu’il est difficile de la mettre dans le morrillo, je vais la lui coller dans la cruz, plus facile à toucher". "Ne nous embêtons pas à faire les choses bien…". N’allez pas croire pour autant que seuls les picadors actuels piquent mal. Jamais, de toute l’histoire de la tauromachie, les toros n’ont été piqués correctement. Il conviendrait d’ailleurs de regarder les choses en face et d’en finir avec cette idée erronée qu’"avant c’était mieux", qu’il y aurait eu un "âge d’or" technique du tercio de piques et de la corrida en général. Qu’elle touche aux domaines de la politique, de l’Histoire ou de la tauromachie, cette notion "d’âge d’or" n’est toujours que le révélateur de l’incapacité ou de la difficulté à faire face aux inquiétudes du présent. Le passé rassure…c’est le temps verbal des régimes dictatoriaux…mais le fantasme de l’avenir ouvre la voie, parfois, au mensonge et à la mauvaise foi (on le constate en tauromachie tous les jours). A observer d’anciennes photographies datant d'avant l’apparition officielle du peto (de 1926 à 1930), force est de constater que la pique dans le morrillo était chose rare, et ce, malgré les préceptes fondateurs de la codification de Pepe Hillo dès 1796, "[...] y luego que este parte, y llega a jurisdiccion, le pone la garrocha en el cerviguillo"1.


Remarquons pour le camp de la défense que la notion de morrillo n'est apparue que tardivement dans les différents règlements taurins espagnols (lire à ce sujet : La suerte de varas n'existe pas)2. Par contre, il est aisé d’imaginer que durant la période pré-peto, il était certainement plus vital d’essayer de faire les choses correctement. Expliquons nous.

Avec un cheval non protégé, beaucoup plus léger et non "entraîné", les varilargueros se devaient par nécessité de se protéger et donc de maîtriser au maximum la charge des toros. Tout cela en considérant qu’à cette époque la sélection ganadera (dans ses balbutiements) construisait encore un toro "por delante", c’est-à-dire fort sur le tiers avant et donc enclin à pousser droit et assez haut. La force du bicho était donc surtout concentrée dans l’avant-train. Ces différentes raisons et nécessités ont donc impliqué l’apparition de suertes de picar bien particulières et dont la plus "orthodoxe" était la suerte "a caballo levantado". Quand le toro chargeait, il fallait le prendre bien avant le point d’impact avec l’haridelle et il convenait de le tenir du mieux possible au bout de la lance pour éviter le massacre. Le piquero devait donc être vif, excellent cavalier et physiquement fort. Pour maîtriser la fougue, la logique commandait de viser le plus en avant possible derrière la nuque du toro et non pas trop en arrière ce qui aurait eu beaucoup moins d’effet sur la contention de la bête (c'est une question de répartition ou d'équilibre des forces). Il n’est donc pas outrancier de penser que présenter le cheval de flanc (à la manière actuelle) était un danger certain pour l’équilibre et la survie du groupe équestre. Pour se faire, en jouant sur la mobilité de l’équidé, le placement le mieux adapté était de face ou mieux, de trois-quarts face. La suerte "a caballo levantado" apparaissait ainsi comme la plus à même à recevoir la charge de l’animal. Le piquero était dans l’axe du toro pour le citer et pouvait plus facilement maîtriser ses mouvements et préparait son office que s’il avait été placé de côté, c’est-à-dire avec la ligne des épaules dans la même ligne que celle du toro. De trois-quarts face, il pouvait mieux prendre le toro avant l’impact et surtout placer la pique à l’endroit convenu (malgré la difficulté inhérente à cet acte). Une fois sous le fer, appuyant de tout son poids pour protéger la monture, le piquero conduisait le cheval vers la gauche pour offrir une sortie rapide au toro et le placer idéalement pour le quite salvateur du matador ou des peones.


Car le quite (oui, ça existe) avait une importance essentielle à cette époque, vous le comprenez.

Ainsi exécutée, chaque pique durait assez peu de temps et cela permettait de replacer correctement le toro face au groupe équestre.
Mais ce temps-là est révolu depuis longtemps et le peto (1926 à 1930) a bouleversé le déroulement du tercio de piques.
Cette protection, au début assez légère, n’a eu de cesse de s’alourdir au fil des années alors que dans le même temps s’alourdissait aussi le poids des chevaux. Et les règles logiques de l’emplacement de la pique dans le morrillo ont lentement mais sûrement pris le chemin de l’oubli dans l’esprit du public, des piqueros, des toreros et des analystes de la corrida.
Actuellement, le tercio de piques se déroule de la manière suivante dans la plupart des cas :
Le groupe équestre, en surcharge pondérale, se place de flanc (perpendiculairement à la ligne du toro) présentant ainsi un mur au toro. Sans nécessité de se protéger outre mesure, le piquero attend que le toro vienne rencontrer le matelas protecteur en baissant la tête au moment de l’impact et il plante la pique dans ce que l’animal lui présente alors : la cruz. Le cheval étant déjà parallèle aux planches, il tourne naturellement vers celles-ci, entraînant le toro entre lui et elles et empêchant donc sa sortie naturelle. C’est l’heure de la carioca et du steack haché. Steack haché car la pyramide de fer pénètre des chairs que le bon sens auraient dû épargner. Le groupe équestre surprotégé, le toro cantonné entre ce dernier et le burladero, il est aisé de comprendre que le quite est devenu la portion congrue de ce tercio, il n’a plus aux yeux des spectateurs qu’une utilité artistique. Sans quite, la pique a gagné en durée pour arriver à ce que l’on connaît maintenant, la classique pique longue et carioquée. L’infâme devrait-on écrire ! Cette pique semble arranger tout le monde : les piqueros qui peuvent bien se défouler sur le toro sans prendre de risque démesuré, les toreros qui sont persuadés qu’ainsi leur adversaire sera bien réduit pour la seule chose qui les intéresse encore : la faena de muleta et le gros du public qui, face à un spectacle dégueulasse d’une destruction, préfère que le tercio soit changé au plus vite. Ceci est la réalité, malheureusement.
Et le morrillo dans tout ça ? Si le peto a bouleversé le tercio de piques, certaines évidences auraient cependant dû persister malgré lui. Il en est ainsi de la pique dans le morrillo qui prend tout son sens à ce moment là de la lidia mais qui conditionne aussi tous les événements à venir dans le ruedo. Si le morrillo n’est pas atteint, c’est la tête du toro qui reste mobile et qui n’est pas réglée pour la faena, malgré ce qu'en pensait Claude Popelin. Récemment, sur ce blog, a été mentionné le comportement spécifique et si particulier des toros de Dolores Aguirre Ybarra à Alès. N’ayant pas assisté à la course, j’ai pourtant retrouvé dans les mots de mes collègues des images entrevues les années précédentes à Pamplona, Calahorra ou Peralta. Des images de toros durement et salement châtiés mais qui, lors du second et du troisième tiers, chargent de toute leur rage avec cette tête qui dodeline comme un bateau perdu dans la tempête, tendue vers devant, trop haute. Ce n’est peut-être pas le signe d’une extrême bravoure mais il convient de s’interroger. Comment auraient-ils tenu leur tête si la pique avait été logée dans le morrillo, si elle avait touché les muscles du cou ? Comment se seraient-ils comportés avec la tête réglée et plus basse ? Et tous sont déclarés à chaque fois « mansos »… Piquer dans le morrillo n’est pas une lubie d’ayatollah mais une question de lidia et même d’intelligence de la lidia. Je sais déjà ce que certains malins ont à répondre, ils n’auront pas complètement tort. Le toro a changé et aujourd’hui, nombreux sont les toros qui sont élevés pour baisser la tête dès la sortie du toril. Ce sujet a déjà été évoqué ici mais l’apparition d’un toro construit presque à l’envers, c’est-à-dire "por abajo", a changé de nombreux facteurs de la corrida. Il est certain que de cette manière, beaucoup n’ont pas à être corrigés voire châtiés pour baisser la tête. Certes, l’élément est en partie recevable au détail près que l’emplacement actuel des piques (dans les reins, dans les épaules…) provoque énormément de lésions (perforation de poumon, etc.) et autres dommages pour la suite du combat face auxquels même et surtout ces nouveaux toros prêts à l’emploi ne sont pas capables de réagir positivement. Il en va tout simplement du respect de l’animal mis à mort.
La suite au prochain épisode...

Photographie n°1 de Manuel Vaquero, 1925 in Antología de la fotografía taurina 1839-1939, Espasa calpe.
Photographie n°2 de Jean Laurent, n° 2717, 1880 in Antologia de la fotografia taurina 1839-1939, Espasa calpe.

1 Tauromaquia o el arte de torear de pié y a caballo, Pepe Hillo, 1796.
2 Suerte de vara, Luis F. Barona Hernandez et Antonio E. Cuesta Lopez, Diputación de Valencia, 1999.

25 mai 2008

La poilade assurée au campo et à Cannes...


Pour fêter comme il se doit la fin du Festival de Cannes, des strass, des paillettes et des boules à facettes, nos ganaderos chéris innovent encore...

Dessin © El Batacazo

24 mai 2008

Morante (II)


Une autre opinion sur Morante. Celle du blog Torear. Au moins cela fait parler !
La photo est toujours de Manon. Ah, Manon, lui, n’a pas accroché, même pour la photo... Faudra qu’on en discute Manon...


Le pire de la journée a été le public demandant l’oreille pour Morante pour la faena réalisée au quatrième toro, pire que le président qui l’a concédée malgré une pétition qui n’était pas majoritaire et pire que la pluie qui ne nous a pas abandonnés de toute la corrida.
La public, que l’on nommait jadis le respectable, devrait être plus exigeant avec un torero qui se trouve avec un toro qui facilite le triomphe mais qui ne sait pas l’utiliser.
Il sort très peu de toros de ce type, chaque jour un peu moins, et c’est un crime que de les laisser sans les toréer, ou à demi, comme Morante l’a fait aujourd’hui.
Morante a aimé le toro, la preuve est qu’il est entré deux fois au quite, la première par véroniques de rêve, la seconde par chicuelinas enchanteresses. On regrettera qu’il se soit fait accrocher le capote dans la demie de remate.
Le quatrième toro de l’après-midi, de l’élevage de Victoriano del Río, a été un des meilleurs de ceux qui ont foulé le ruedo de Las Ventas cette année. Il est venu au cheval en brave et bien qu’ayant tardé dans les capes, il a démontré une charge noble et sans trop de codicia à la muleta. Cette charge dont rêvent les toreros pour une après-midi de triomphe.
Mais Morante de la Puebla s’est occupé de lui changer les terrains, il l’a fait douté au début de la faena et l’a cité fuera de cacho et de trop près. Il a réussi quelques muletazos isolés précieux mais sans arriver à lier les séries. Nous avons vu le meilleur avec les redondos mais, à gauche, les difficultés rencontrées par le diestro s’expliquent uniquement par son manque de recours…
Le comportement du toro méritait une faena complète, le toro réclamait un torero avec beaucoup plus de mando, qui le domine réellement, qui l’oblige à s’employer pour ensuite gagner ou perdre la partie. Et son matador l'a déçu, lui et l’Afición qui attendait enfin de voir Morante triompher à Madrid…
Le Juli et Manzanares ont voulu mais n’ont pas pu. Ils ont essayé beaucoup plus que d’autres toreros qui passés par ici...

Morante


Lorsque je dis « rien », évidemment sont arrivées jusqu’à nous les clameurs provoquées par les naturelles du Cid et l’émotion suscitée par le novillero El Payo. Mais après presque un mois de féria, c’est quasiment rien... Pour en revenir à la course d’hier, c’est un autre blogger Pablo G. Mancha qui prend le relais de Bastonito et nous parle du toreo de Morante. Les photos sont d’un troisième blogger, Manon, également webmaster de Las-ventas.com. Je vous laisse avec Pablo. Y Te pido perdón por la traducción Pablo.

Le toreo de Morante de la Puebla ignore les stratégies, les traits calculés ou les élucubrations. Le toreo de Morante de la Puebla surgit d’un moi intérieur qui répond seulement à une passion lumineuse, un équilibre humain insondable, magnifique et délibérément beau. Morante est la vaillance même, l’entrega. Il base son toreo sur une valeur intransigeante, une valeur assise sur un concept immatériel et sublime. C’est pour cela que son toreo n’a pas d’équivalent, qu’il est le reflet fidèle de ce moi intérieur qui illumine une tauromachie essentiellement intime, qui cherche à satisfaire son âme créatrice.
Morante est en outre parvenu à maturité car il conjugue cet équilibre compliqué entre inspiration et pouvoir, entre vouloir et pouvoir et il se laisser aller, sans frein, mais sans perdre la tête, bien que nous puissions, nous, la perdre, lorsqu’il se mue en torero, lorsqu’il plie un peu la jambe pour ces passes de poitrine qui lui sont propres et qui semblent être des clichés de Baldomero y Aguayo, comme surgis de temps anciens. Nous disions que le toreo de Morante ignore les stratégies car son toreo ne peut pas se calculer, ni se mesurer, ni se compter. Son toreo se raconte, se sent et, parfois, comme cela est arrivé dans cette San Isidro, se rêver. 'Cubano' a été un grand toro, mais pas exceptionnel, ce fut un véritable toro avec du poder qui, lorsqu’il s’est senti soumis par le Sévillan, s’est éteint, à l’abri des planches. Et Morante s’y est mis à nouveau, al natural, et s’est étiré avec cette harmonie qui lui est propre et qui est une pure archéologie taurine. Car Morante est vaillant, très vaillant, et encyclopédique, sublime et imprévisible
Son toreo avec la cape est d’une rare subtilité, tout son corps accompagnant le mouvement ; ça ne le gêne pas de reprendre la muleta, à gauche, malgré un avis, et il le fait car il sait qu’il domine le temps, qu’il est capable de l’arrêter, de faire durer une passe une éternité. C’est Morante, qui porte en lui le sentiment intime de la tauromachie.

Le souvenir d''Artillero'... Une exception pour confirmer la règle


Hier, à Madrid, corrida très attendue de Victoriano del Río avec Morante, Juli et mon cher Manzanita. La féria ne relève pas la tête et Victoriano del Río se confirme dans le concept de corrida sans picadors. Je garde le souvenir ému, l’an passé, du toro 'Artillero', du même élevage. Hélas, les exceptions ne sont là que pour confirmer les règles. Notez bien que ça n’avait pas empêché le lot de remporter le prix de la féria et le Juli de triompher, sans que personne ou presque ne s'en offusque. 'Artillero', c’était la route de mon cher Manzanita qu’il avait croisé. Moins de chance cette année. Je vous laisse avec Bastonito.

Jeudi je ne suis pas allé aux toros car ça sentait le brûlé, et je ne vais pas me tromper chaque fois, comme avec les novillos de Guadaira… Hier vendredi, oui, je suis allé à Las Ventas. Le cartel était semblable à celui du même jour l’année dernière, lorsque le El Juli est sorti en triomphe. Cette fois c’est Morante qui ouvrait plaza en lieu et place d’Uceda Leal.
La corrida de Victoriano del Río, de présentation correcte, souffrait d’un manque de force, et la suerte de varas n’a été que simulée. Avant, à Madrid, il était impossible de triompher avec un toro invalide, mais le fils Dolls y est pratiquement parvenu avec le sixième, un animalcule non piqué, docile et moribond, avec un public trempé jusqu’aux os et désireux que cela lui serve, au moins, pour pouvoir raconter au travail qu’il a vu non pas une, mais deux oreilles. Deux oreilles ! Deux oreilles dans une même corrida !
La distance entre Madrid et Benidorm, quant au sérieux de leurs arènes, est chaque jour plus petite ; et ce n’est pas parce que Benidorm devient sérieuse.
Mais je n’ai plus envie d’écrire et de revenir encore et toujours sur l’invalidité du bétail, sa niaiserie, les toreros ennuyeux, les présidents triomphalistes, le public festif et les taurins sinvergüenzas
D’après Bastonito

Photographie Lupimon

23 mai 2008

Dalton Bros. Ltd., ou la moruchofactoría


Nous n’avons pas encore évoqué San Isidro. Il faut dire qu’il ne semble pas s'y passer grand-chose et les échos qui nous parviennent ne nous font guère rêver. Le fond a semble-t-il été touché avec la corrida d’Alcurrucén. La blogosphère espagnole n'y est pas allée de main morte, à commencer par Bastonito.

Les Lozano, ces imprésarios, apoderados, ganaderos et toreros, également, surnommés "les Dalton" dans les milieux aficionados, ont, une fois de plus démontré la nullité de leur rigueur professionnelle à la tête des arènes de Las Ventas en présentant une moruchada qui figurera, en lettre d’or, dans les annales de l’anti-tauromachie. S’ils veulent en finir avec la Fiesta qu’ils continuent ainsi d’approuver en tentaderos des vaches semblables aux mères des six exemplaires du jour, et qu’ils continuent avec les mêmes sementales jusqu’à ce qu’ils meurent de vieillesse.

Ensuite, comme ils sont également imprésarios, qu’ils continuent à permettre aux figuras type Ponce de continuer à choisir ce type d’animaux décastés, invalides et idiots pour se présenter dans les arènes de responsabilité, et comme ils sont apoderados, qu’ils continuent à pousser leurs toreros à tuer ce type de corrida.
Oui, cela est une manière de puntiller la Fiesta plus sûrement que les manifestations des anti-taurins... ¡SINVERGÜENZAS!
D’après Bastonito

Photographie de Lupimon pour illustrer ce post et répondre d’une certaine manière à ceux qui disent qu’on ne peut pas torérer avec le pico lorsque l'on torée par naturelles...

22 mai 2008

Cuvée Marie (II)


Je rebondis sur le post Cuvée Marie de l’ami Batacazo. Pour conforter Ludo dans ses supputations, et sachant que ce flacon provenait de la cave de Marc, je peux avancer sans trop de risques qu’il s’agissait probablement de l’excellent Jurançon sec de Charles Hours... Mais ce n’est pas sur le flacon de Marc que je voulais rebondir ici ; plutôt sur un cliché assez fabuleux qu’il nous a ramené de Vic. Donc oui, Jérôme, ce n’est pas sur la base de la lidia du Prieto que je m’étais persuadé d’une possible issue différente, plutôt sur les conséquences éventuelles d’un remate en tablas à vous exterminer un troupeau entier de Domecq... Pour en finir avec mes rebondissements sans issue, voici la photo de Marc Gérise, qui fait bien de picoler, entre autre chose, du Jurançon sec de Charles Hours et qui surtout a mieux fait encore de nous offrir ce cliché tout simplement hallucinant. Voilà, la boucle est bouclée, et je persiste à vouloir me persuader que ce remate n’a peut-être pas été sans conséquences sur la suite de la lidia de ce Veragua... Une grande photo assurément.

Photographie Marc Gérise. Evidemment, on clique sur la photo, on regarde la corne droite du Prieto, les visages (y'a pas de mots...) de Vara et du peón, et on hallucine sans retenue...

Cuvée Marie


Tout a commencé par un éclat de rire... Le père Souquère nous avait embarqués dans une affaire dont on ne pouvait sortir indemme. On arrivait à Vic, et on y était déjà bien. Moi, j'y reprenais mes esprits, mes forces vives. Quelques déceptions auparavant m'avaient largement entamé et je savais que le séjour ne serait pas simple à vivre pour moi, loin de la fournaise de la vie que je venais de quitter. J'avais laissé Marie, et je venais voir Pérez de la Concha, Margé, Prieto, Escolar, Fundi et les autres. Il fallait d'abord que j'explique : "Non , elle ne sera pas là... un peu difficile en ce moment... elle va bien et t'envoie le bonjour..." Je me répétais, mais je parlais d'elle, et j'aimais ça. J'étais à côté de Fred, l'ami Fred, quand la course des Pérez s'est élancée. Je portais une attention particulière à l'événement car j'avais vu le lot dans les cercados de "La Glorieta" à Azuaga, Séville. Et l'entreprise Pérez de la Concha, relique des temps anciens, me touchait par son histoire. Je les trouvais très beaux, très forts, très lourds, trop, très âpres et hormis le tout premier, décasté total, j'appréciais tout de même les trois du milieu qui me paraissaient encastés à l'ancienne. Sauvages et rêches comme on aime, intimement, sans oser l'avouer à l'entourage, de peur qu'il vous prenne pour un fou inculte peu avisé de la vraie chose taurine. Celle d'aujourd'hui, celle des "Cultures Taurines"... Je reparlais à Fred du regard du Santa Coloma, et Fred acquiesçait, entre 2 clichés. Le jeune Pereira dégueulait sa peur dans le ruedo vicois, alors que le blond Leal prenait l'aventure à son compte, tirant les meilleurs derechazos ou les seuls possibles, c'est selon, de la matinée. Moi, j'apercevais le vieux Léon dans les tendidos, l'Ariégeois que tout le monde voit sans jamais l'entendre. La présence fantomatique de ce brave Léon qui vous surprendrait avec sa dégaine d'ancien "bab britt" à la dérive. Pas un mot, ou presque pas, puisqu'il ne peut pas, mais son oeil vous dit tout ce que vous ne pouvez entendre. Personne ne le connaît vraiment, mais tout le monde l'aime bien, Léon. Et puis surtout, il connaît Coco, la grand-mère espagnole, alors, forcément, on l'aime bien... Léon.
Fin de la novillada de Vic. En général, c'est un peu le début des hostilités. On retrouve toutes les bonnes têtes, les grosses gueules, les emmerdeurs et ceux qu'on ne connaît pas encore. Et bien évidemment, ça se passe autour d'un Tariquet. Ou deux... Et puis y’a toujours la surprise. Celui qu'on n'attendait pas et qui a fini par se pointer... Alors tout le monde est content et on attaque le troisième Tariquet.
Le soleil est là, pardi, le Gers est beau, sublime, et Fabienne, Marc et tous ceux qui ne savent pas me demandent : « Alors , Marie, elle est où ? »... « Et ben, Marie, elle est pas là, elle est chez une copine... un peu difficile en ce moment... mais elle va bien et t'envoie le bonjour... » Fais chier, je commençais à oublier, et puis là, c'était reparti ! Heureusement, y’a Vincent. Je l'attendais pour lui remettre son abono, celui que Marie n'a plus voulu. Il sera à côté de moi pour les Margé et le reste de la féria. Tant mieux.
C'est marrant tout de même comme ces Pérez de la Concha ont intrigué les gens. Il y a ceux, comme moi, qui les ont trouvés "intéressants", reconnaissant même des qualités à certains novillos, et puis les autres, comme Patxeco, le rossignol des Pyrénées, le Zébulon de Chueca avec qui vous avez déjà parlé sans le savoir, car tout le monde connaît Patxeco, et Patxeco connaît tout le monde. Bref, Patxeco, lui, les Pérez de la Concha : une mansada de su madre la gran Puta !... C'est sûr, on en reparlera.
A Vic, soit on se pose à table pour s'exploser au canard, soit on bouffe rien et on reste à l'apéro. Et cet après-midi-là, on est resté à l'apéro. Les Margé sont sortis très beaux, racés jusqu'au diamant. Rien à la pique, mais alors rien, si ce n'est un obscur fond de race et cette force débordante qui a rendu le lot pas complètement anodin. N'empêche qu'ils ne m'ont pas laissé totalement indifférent, moi, les Margé, notamment ce sardo que je voyais venir avec force sur tout ce qui se présentait, muleta, banderilles. Un joli galop et une vraie présence, il s'exposait en authentique sardo, rare et beau, espoir de toute une ganadería, espoir de quatre années de labeur. Mais bon...
Fundi s'affichait en maître des lieux, Cesare Imperator, incontestable, posé, serein, qui tue fort et bien... Des descabellos de fou. Ça tombe et ça fait pas un pli, c'est le Fundi, énorme de présence et de savoir. Impressionnant. J'avais plus de doute sur Rafaelillo, et pourtant Mario m'avait dit qu'il le verrait bien un jour au niveau de celui de Fuenlabrada. Quand même... Il s'est accroché en vaillant, ce qu'il fait de mieux. Et puis, bon... je ne me souviens pas de Lescarret, sans doute l'esprit ailleurs, un peu perdu par ce chamboulement dans ma vie, juste un très beau traje, et je me dis que c'est pas si mal d'avoir du goût quand on n'a pas le reste... Courage, Julien, la vie continue.
4 oreilles au final... Début festif... Un peu trop, et puis saludo du jeune Margé pour ses bichos. N'importe quoi.
La nuit, à Vic, c'est toujours un monument. C'est Vic...
Les yeux dans le café, je réalisais que j'avais rêvé d'elle, si lointaine, et qu'il fallait maintenant que je me prépare pour la concours, avec le Prieto qui m'enflammait, le Miura, le La Quinta dont je n'espérais rien, ou si peu, et puis les autres aussi...
Je ne comprenais toujours pas ce que Valverde foutait dans un cartel de concours, ni même ce Serranito que je ne connaissais, au fond, pas vraiment. J'avais déjà aimé Bolívar, surtout pour ses épées et je me disais que, après tout, pourquoi pas...
Au final, bonne course, quoique un peu tendre. Un Miura pas assez Miura, trop doux et sans vice, rendez-vous compte un Miura sans vice... même si le piquero avait dû voir sa vie défiler chaque fois que le toraco colorado s'élançait. Il devait d'abord sauver sa peau. Sa femme et ses gosses avaient dû brûler quelques cierges...
Le cinqueño de La Quinta opéra en monument de chair et de bois, une présence hautaine dans un si petit ruedo. 4 puyas de classe, dont une de tienta (ah bon ?...), un varilarguero appliqué, très appliqué, mais qui situe encore mal l'arrière du morrillo, l'endroit exact où doit se faire l'impact. Mais bon, de l'application dans la tâche, de nos jours, qui s'en plaindrait ? Bolívar tuait ce magnifique La Quinta d'un coup de hache de Dieu norvégien. Fin du toro de la concours.
Serranito m'ennuyait, quand bien même, je ne le trouvais pas si inintéressant... Muy torero. A revoir. Ailleurs, dans un autre contexte. Le Prieto m'avait un peu déçu. François s'était persuadé qu'avec une autre lidia... mais je n'en étais pas certain... Le Victorino, la gueule dans la terre comme vous le demanderiez à un cochon débusqueur de truffes, m'a copieusement gonflé. Je ne lui ai rien trouvé, pas le moindre échantillon de bravoure pure, juste de la classe dans la charge... machine à être toréé, à enfiler les muletazos comme les perles, bêtement, jusqu'aux bouts de ses rêves de bovidé, en ayant pas la moindre vision de l'avenir, affrontant l'inconnu comme on prend un pain dans la gueule, il éclaboussait le ruedo de son affligeante candeur... Pour un peu, il faisait presque pitié, on aurait aimé le prendre dans ses bras pour le soulager de ce carcan de niaiserie magnifique. Un abruti, je vous dis... Les gens aiment bien, malgré tout. C'est Victorino, et c'est forcément bien. Mais le Guardiola de Fidel San Román me rassura sur le concept de corrida concours. Un tío plein de foutre et d'hormones qu'il fallait négocier à grands coups de fouet. Pas droit à l'erreur, ou alors sanction. Des coups de tronche, des retours de hil de pute façon Jean-Claude Coudouy, une sortie très en Guardiola, chercheuse, un peu mansita, puis une vraie révélation à la pique, mal négociée évidemment, ce toro-là avait enfin donné à cette course le piquant général qui lui fit tant défaut. Fidel San Román + La Quinta = toro idéal. C'était pour moi, l'équation du jour.
L'inquiètude me rongeait. Je n'avais pas eu de nouvelles de Marie, sauf ce texto qui disait "je vais bien, ne t'en fais pas, prends soin de toi". Ça voulait dire tout et rien. J’appréhendais les Adelaida de l’après-midi, qui m'avaient tant désespéré en Arles, et après un concours de foie gras que j'ai failli gagner, et une rasade montoise de patxaran devant l'entrée principale, je demandais à François de ne pas m'attendre ce soir, que j'avais plutôt besoin d'un grand "n'importe quoi". Je quittais l'arène à la mort du premier. Ça ne m'a pas dérangé, et j'ai même eu raison... On m’a ensuite raconté Ferrera, et je me désolais pour lui, brave garçon…
Lundi matin. "Allo ? Papa ? Ouais, faut que je te parle... Comment va Marie ? Ben, justement... un peu difficile en ce moment... mais elle va bien et t'envoie le bonjour..."
Mario, entre deux assiettes à essuyer, me regardait de temps en temps du coin de l'oeil compatissant, la bonhomie assurée et la présence réconfortante. Y’a des gens comme ça qui transpirent le bien. Mario est de ceux-là. J'ai bien vu que lui, Jeff, Jean, Fabienne et Marc avaient tout fait pour me soutenir dans ce pénible épisode. Mais ils auraient pu s'empêcher de clore ce séjour sur une "Cuvée Marie" que je ne jugeais pas du meilleur goût mais et qui nous fit toutefois marrer par tant d’opportunisme. Alors que les oies, au fond, cacardaient, le Gers était là, devant nous, superbe de tranquillité, de simplicité et de rusticité, et c'est bien tout ce qu'on lui demandait.
Pendant ce temps, 'Confitero' gagnait son chiquero et attendait son tour, dans le stress et l'obscurité. Le souffle chaud et l'oeil luisant, il s'apprêtait à livrer bataille à l'inconnu...

J’en aurais bien repris encore un peu, mais il n’y avait plus de « Cuvée Marie ». C’était fini...
El Batacazo

A Granada


A Granada, une histoire de lot refusé par les vétos et deux toreros, Juli et mon cher Manzanita, qui tombent du cartel. On s’en moque. Son cosas de toros comme on dit. En temps normal, nous ne l’aurions normalement pas évoqué ici. Sauf qu’il m’est impossible de ne pas relever et attirer votre attention sur cette déclaration pertinente de Roberto Domínguez, el señor descabellador, mentor du Juli : « Se han presentado nueve toros, varios de ellos con más de 600 kg ». Des toros de plus de 600 kg ! Rendez-vous compte messieurs dames, vous avez été privés de toros de plus de 600 kg... Incorrigibles taurinos...

20 mai 2008

'Confitero' et ses secrets

A la commission taurine montoise

Il y a quelques jours, je vous ai entretenu d’un toro énigmatique : 'Feudal'. La vie publique de ce toro de Zalduendo fut une intrigue palpitante, remplie de suspens et attisant la réflexion du spectateur.

Ce jour-là, une lidia selon les canons ancestraux de la tauromachie nous a permis de percer le mystère de 'Feudal'. Trois piques pour mettre 'Feudal' à l’épreuve, tel était l’exercice qui lui fut demandé. Un problème éternel, immuable. Un questionnement à poser à tous les taureaux de combat et ce depuis toujours. A ces trois questions, 'Feudal' répondit de manière différente mais cohérente, l’ensemble de l’exercice permettant aux spectateurs d’évaluer sa bravoure, de mieux le comprendre et de donner un sens à la suite du spectacle en valorisant la prestation de son torero.

Si la problématique est ancestrale, elle n’en a pas moins évolué au fil du temps. D’un unique devoir en trois actes, nous sommes passés à trois épreuves complémentaires, les unes donnant un sens aux autres. Les piques puis les banderilles et enfin la muleta. Le niveau d’accession à la bravoure s’est ainsi élevé. Enfin, c’est une façon de parler car, tout ceci remis dans le cadre de la réalité, il serait plus juste de dire « aurait dû s’élever ». Car si, jadis, l’unique épreuve du spectacle était le premier tiers, aujourd’hui l’exercice reste dans la plupart des cas symbolique. Mais l’épreuve a changé ; il s’agit désormais du troisième tiers. Les qualités faisant la réussite d’un tiers n’étant pas forcément les mêmes qui aboutissent au succès de l’autre, l’évaluation s’est compliquée pour parfois s’avérer confuse et s’achever par des erreurs de notation. Des contresens qui auraient pu être évités avec un examen en trois tiers. Des trois tiers dont la corrida est composée. Du moins en théorie, puisque en pratique ces trois épreuves sont certes réalisées mais rarement entreprises comme il se doit, les rendant dans la plupart des cas symboliques.

'Feudal' eut de la chance puisqu’il fut soumis à une évaluation correcte. Complète en tous les sens du terme. Il dut non seulement se soumettre aux trois devoirs de la lidia, mais aussi participer à des épreuves entières. La première comportant les trois questions essentielles : les trois piques, minimales pour juger des qualités nécessaires pour passer la première étape de la notation.

Malheureusement, 'Feudal' est une exception. 'Confitero', lui, n’eut pas cette même chance. Ce cárdeno de don José Escolar Gil est pourtant sorti dans la plaza vicoise, l’une des arènes où l’on aime les examens corsés. Sculptural, d’un trapío irréprochable, 'Confitero' illumina dès son entrée en piste la plazita gersoise de sa sauvagerie et de sa beauté. Essence même du toro bravo (sauvage) aux belles lignes et au bon sang. Ses premières charges énoncent une problématique ardue. Donnant des coups de tête, paraissant bronco, il est déjà une chose certaine, 'Confitero' n’est pas un tendre. Le problème dans cette histoire, c’est que l’on ne peut pas vraiment dire que 'Confitero' n’eut pas de chance, mais plutôt qu’on ne lui donna pas sa chance. Et ce par la faute de plusieurs facteurs : le manque de maîtrise des hommes en piste, l’incompétence de la présidence mais aussi et surtout les mauvaises habitudes : un toro doit prendre tout au plus deux piques, peu importe pourquoi et comment. Il en est ainsi. Malheur des paradigmes. Ces phénomènes de non pensée qui par les habitudes rejettent le raisonnement. Celui-là même qui permet à l’homme de triompher de la force brute supérieure de son adversaire. Car un toro peut prendre plus de deux piques et même il le doit. Les plus grandes dégénérescences physiques causées par les piques proviennent de la phase de poussée et non de saignée, comme l’explique le vétérinaire Renaud Maillard. Ce n’est donc pas une rencontre supplémentaire qui affaiblira fortement un toro, mais plutôt des piques aux longueurs excessives. Si bien qu’une seule rencontre peut causer d’avantage de dommage qu’un tiers complet. Un toro digne de ce nom doit pouvoir prendre trois piques. Trois piques mesurées, mais trois piques.

Il s’agit là d’un devoir réciproque. Tâche du toro, mais aussi des hommes. Les hommes en piste ayant le devoir d’honorer le toro. Malheureusement, l’honneur ne fut pas de ce jour et 'Confitero' s’échappa seul sur le cheval, donnant quelques coups de têtes avant de se fixer pour charger avec force. Placé à distance convenable pour une seconde rencontre, il poussa à nouveau, sa charge et sa puissance étant supérieures encore à la première, le cheval reculant sur plusieurs mètres. Par laxisme sans doute, les hommes laissèrent aller le cours des choses et tandis que 'Confitero' s’évertuait à renverser le groupe équestre, les toreros le regardaient comme des spectateurs. Sans personne pour défaire son attention, il resta au contact du peto pendant de longues, trop longues secondes. Et pourtant 'Confitero' ne tint pas cas de ces excès, sortant de l’assaut sans faillir et ne paraissant pas amoindri.

Honoré de combattre un adversaire de cette qualité, les hommes présents ce jour-là auraient dû rendre la pareille à 'Confitero' et lui permettre d’étaler une dernière fois toute ses qualités afin de clore définitivement les débats. Si les hommes avaient voulu rendre la pareille à 'Confitero', ils lui auraient donné une troisième rencontre et auraient écourté la seconde, trois trous dans sa chair et des poussées abrégées faisant moins de dégâts que deux poussées interminables. Cela étant, 'Confitero' ne fut nullement endommagé par les deux premières piques ; dans son cas, une troisième « vraie » rencontre était aussi nécessaire qu’évidente.

Aux banderilles, la caste de 'Confitero' le poussa à couper les trajectoires avec violence. Tendance naturelle de la caste Santa Coloma mais sûrement aidée par le manque de confiance d’une cuadrilla en déroute. L’examen fut truqué, falsifié.

Ensuite et enfin, 'Confituro' étala de belles charges sur les deux cornes, tête basse. Une bonne charge mais toujours aussi difficile et exigeante. Une charge qui accrocha à de très nombreuses reprises la muleta de son adversaire, mais celui-ci ne se réserva jamais et poursuivit le leurre avec mobilité jusqu'à son dernier souffle. A lui seul, 'Confitero' de José Escolar Gil creva les yeux des aficionados vicois sans que personne ne le mette en valeur.

En somme, 'Confitero' passa avec succès les épreuves auxquelles il fut soumis. Les résultats étaient là, nous les avions sous les yeux. Excellents bien sûr, mais…

Mais à l’excellente impression d’ensemble laissée manque l’assurance d’avoir bien vu, mais surtout les regrets des questions inédites. Car 'Confitero' ne nous avait pas tout dit. Il n’avait pas pu répondre aux questions oubliées, aux tests non prononcés, conservant peut-être inexprimé un savoir supérieur. Non par sa faute mais par celle de ses examinateurs. Nous étions contents, même fiers, d’avoir connu 'Confitero', mais insatisfaits d’ignorer quelques facettes de sa personnalité. 'Confitero' avait tant à partager. Il nous a donné beaucoup et nous pouvons nous en réjouir, mais il avait plus encore à nous offrir et à nous conter. Au moment même où il allait nous formuler le plus beau, la bravoure de la troisième pique, savoir suprême et si rare, on lui a demandé de se taire. 'Confitero' ne s’est pas vexé et a continué à étaler d’excellentes réponses à des questions banales, nous laissant un sentiment de frustration immense. 'Confitero' s’en était allé avec ses secrets.

19 mai 2008

Vic, Fabrice et la pique de tienta


Fabrice, vous le connaissez maintenant sur CyR. "Toros y vinos en "Mirandilla"" bien évidemment, dont nous allons prochainement reprendre le cours.
Lorsque débuta le débat après l’utilisation de la pique de tienta de macho lors de la corrida concours de Vic, c’est le nom de Fabrice qui m’est immédiatement venu à l’esprit. Fabrice, car il vit au plus près du toro et au plus près des néophytes qui vont à "Mirandilla" découvrir cet univers si particulier. Qui donc mieux que Fabrice ? Personne sans doute. Vous allez voir, c’est clair, net et concis. Et ça suffit. Même si, évidemment, ça ne clôture pas le débat.


« Je suis totalement contre l'utilisation d'une puya de tienta en corrida (ou novillada) formelle. Chaque chose à sa place. Une puya de tienta doit servir à tester en tienta et pas ailleurs. Toute modification qui lime les aspérités de l'authenticité de la corrida n'est pas à imaginer. Et puis quel paradoxe : d'un côté on donne une première pique sans mesurer le châtiment et de l'autre on change la pique pour une de tienta ! Je me rends compte, lorsque j'explique le tercio de piques aux visiteurs néophytes de "Mirandilla", qu'en argumentant les règles, l'éthique, la pureté, la vérité de cette phase, les gens adhèrent sans problème, alors que c'était évidemment une phase qu'ils n'acceptaient pas auparavant. Par contre, lorsque j'assiste a une corrida avec ces mêmes personnes, il m'est impossible de justifier ce tercio tant il est donné sans aucun respect, ni des règles ni du toro. La seule solution est de revenir aux fondements : distance, première pique seulement pour que le toro comprenne, quite rapide, éloigner le fauve, le placer plus loin.
Existe-t-il un moment plus émouvant que le galop d'un brave vers le troisième ou quatrième châtiment ? Le tercio de piques est en réel danger de mort. On s'en rend compte en tentadero chez les ganaderos : seule la muleta et la durée du bicho comptent. L'exemple frappant est chez Victorino qui a totalement abandonné l'importance du combat de ses pupilles au cheval au profit de la toréailité à la muleta. Il faut réagir, sinon les éleveurs ne verront plus aucun intérêt à sélectionner la pelea au picador. Appuyons les corridas concours sérieuses et, poussant le raisonnement, pourquoi ne pas organiser de temps en temps des corridas où le tiers des piques serait le plus important, et ce au détriment de la muleta qui ne servirait qu'à dominer le toro afin de le cadrer pour le tuer... Un abrazo. »
Fabrice Torrito

Poème


Nous étions partis à Vic sous ses injures... "Quand on est Nîmois ou qu'on est si bien accueilli dans cette belle préfecture gardoise pour la féria, on ne va pas chercher plus cornu dans le Gers !" qu'il disait... Il a même réussi à me faire un rien culpabiliser ce con avec ses cheveux frisés, son haut lignage protestant et son air de ravi de la crèche : ça n'a pas duré longtemps, le déjeuner à la ferme (de l'autre bled sur le GPS), la visite des corrales vicois m'avait tout de suite conforté dans mon choix, et on n'avait pas encore rencontré la famille Larrieu !

De retour plus tard dans cet ailleurs sans toros, j'ai voulu prolonger la magie de Pentecôte en demandant des comptes rendus aux copains de Vic et de Nîmes et à "Stive" en particulier : le parpaillot nîmois bien né et bien frisé... Si avec ça il choppe pas le prix Hemingway l'an prochain, c'est vraiment qu'ils n'ont aucun goût ! Voilà la magie de ses mots :

Pour situer le contexte, bodega des Amis de Pablo Romero : la soirée qui a précédé ledit poème a été une pure "stivade", à savoir une petite blondinette plutôt mignonne à qui j'ai fait danser 3 rocks au milieu d'une foule alcoolisée et en délire... Je me dis : "Au 3ème rock langoureux, j'emballe..." Et j'emballe, 1/2 seconde, un petit coup de langue et puis plus rien... La belle me plante au beau milieu d'un bordel sans nom en me jetant à la tête un vilain : "Mais tu sais, c'est un jeu..." Et puis plus rien, je ne l'ai jamais revue. La soirée se finit à 05h00 du mat' avec Nico Vaudran dans mon salon, je crois que j'ai même pas vomi ce soir-là... J'aurais dû...

Voici donc le poème qui s'appelle Un petit coup de langue

Un petit coup de langue et ça fait pchit.
Disparue dans la foule, entraînée par le monde,
Celle de ma vie s'enfuit parmi les femmes de la ville.
Un petit coup de langue échangé par ici
Et tout fout le camp par là.

Triste est ma vie, sans elle,
Blonde parmi les brunes sévillanes,
Blonde parmi les putes occitanes.
S'il n'y en a qu'une, elle est passée sans s'arrêter,
Comme un train sans escale.

Un petit coup de langue et ça fait pchit,
Comme si l'amour n'était beau qu'dans la fuite.


Nîmes, le 10 mai 2008 à 05h00.

Une journée avec Jaydie


Photographier une corrida en compagnie de Jaydie Putterman, c’est déjà quelque chose. Alors, passer une journée entière en sa compagnie, je vous laisser imaginer. Il y a toujours ce putaing d’accent new-yorkais et cette guasa, qui pourrait être madrilène.
La photographie fut évidemment au cœur de nos échanges, très peu les toros en fait. Sauf ce portrait de Nimeño, dont Jaydie est très satisfait, une émotion rare. Je l’avais vu sur son site mais il ne semblait pas avoir grand-chose à raconter. Il faut dire que le site de Jaydie, ce n’est pas vraiment ça. Disons que c’est un peu inversement proportionnel à la force de ses images.
Mais une fois face au tirage, Nimeño redevient immédiatement Christian, émouvant, vrai, vivant... La vérité du tirage, comme une évidence, vous plonge dans cet univers si particulier et si profond du grand noir et blanc. Le grain, le piqué, font naître l’envie irrésistible de passer ses doigts à travers le verre pour tenter de toucher cette peau, en deviner la texture. Il y a ce regard, mélancolique et désormais si lointain. Pendant que je m’attarde, me souviens, Jaydie évoque Alain, leur rencontre, la sympathie qu’il lui inspire et ce qu’il représente ; pas forcément l’idée que peut s’en faire le grand public.

Ce ne sont pourtant pas les portraits que je préfère dans le travail de Jaydie, plutôt ses photographies à lecture multiple, aux compositions complexes, souvent obtenues avec une optique de fou, un 15 mm de chez Zeiss.

Nous parcourons ensemble de nombreux tirages soigneusement montés sur leur marie-louise, classés, bichonnés. Nous avons le temps, et j’en profite pour faire raconter à Jaydie ses rencontres, avec ces personnages célèbres et souvent prestigieux qu’il a côtoyés, quelques minutes, ou plusieurs heures.

Le portrait de Juan Carlos est imposant.

- Tu vois, le concierge je lui dis « vous » car si je lui dis « tu » il ne comprendra pas, il ne l’acceptera pas… De toute façon, c’est de la connerie tout ça… Je suis Américain moi, alors le « tu » et le « vous »...
- J’ai demandé au roi s’il préférait parler anglais ou français. Il n’a pas hésité et a choisi le français… Je lui ai dit mes difficultés et avancé qu’en français il me serait difficile de le vouvoyer.
- "Aucun problème", m’a-t-il dit… et au lieu de la grosse heure prévue ce sont trois heures que nous avons passées ensemble, à discuter. Il semblait très content.
Je lui ai dit : "Mais tu vas être en retard ?"
- Ce n’est pas grave… On est bien là, non ?

Jaydie tutoie donc le roi d’Espagne. Et Mère Teresa ? Tu ne l’as pas tutoyée tout de même ?

- Avec Mère Teresa, nous parlions anglais alors le problème ne s’est pas posé. C’était une drôle de rencontre ça.
- Je suis allé à Rome pour la photographier. Et là, je tombe sur une queue interminable de putes (prononcer "pioutes"). Toutes les pioutes de Rome étaient là, venues se faire bénir par Mère Teresa. Des pioutes felliniennes tu sais, avec LE grosse poitrine, et tout ça. Une queue interminable de pioutes felliniennes pour Mère Teresa...

- Et tu as a fait la photo !?
- Non... c'était juste des femmes mal habillées...
- Putaing mais t'es trop con Jaydie !
- Oui ! Oui ! Parfois je suis très con !

Et nous avons replongé nos nez dans un très joli grenache de Chateauneuf-du-Pape, tout en évoquant d’autres souvenirs, d’autres photographies et d’autres photographes.

18 mai 2008

J'ai aimé, j'ai pas aimé # Vic 2008


Cet inventaire en 2 fois 30 points (ben oui, 2 fois 30), sans ordre d’importance, prend en compte trois jours de féria (de vendredi à dimanche) et uniquement les trois premières courses : Pérez de la Concha, corrida concours & Margé. Vendredi, au départ de Brive, seules les deux premières étaient au programme...

J’ai aimé :
- beaucoup aimé, mais vraiment beaucoup, retrouver les ami-e-s et l’accueil gasco-landais ;
- mettre (enfin) des visages sur certains noms ;
- descendre dans les corrals pour... renifler le pienso ! ;
- ne jamais voir personne devant le stand (le long de la haie sur le parvis des arènes) qui présentait des piles de bouquins et proposait un badge "à la con" ;
- le confort du 807 et, surtout, la compagnie du chauffeur et de sa passagère ;
- avoir tenu bon dans ma volonté de ne pas assister à la course du dimanche après-midi ;
- les lunettes de Marcello O. et de Boutros Boutros-B. ;
- les tercios de banderilles, dans l’ensemble rapidement et bien menés, accompagnés de fort belle manière par le monsieur à la casquette et aux castagnettes ;
- que la pluie ne s’invite pas ;
- l’âge avancé du La Quinta qui s’est plutôt pas mal comporté, n’est-ce pas ? ;
- vendredi après-midi, passer sans m’arrêter le contrôle de gendarmerie alors que je pensais être en retard ;
- retrouver tous les toros de la corrida concours dans le même corral ;
- les vins bordelais... et languedociens... sans oublier l’espagnol ;
- les mises en suerte sobres et efficaces de Bolívar ;
- aux corrals, le musculeux et entipado Veragua (voir image ci-dessus) ;
- écouter Charlie nous conter avec amour et tendresse les secrets et merveilles de la chasse à la palombe ;
- la façon muy torera avec laquelle El Fundi a gardé dans sa cape son premier margé, en alliant la voix aux jambes ;
- dormir dans un vrai lit ;
- la dose de genio du San Román qui manquait au La Quinta ;
- le collier de perles offert par Domi (ma fille était ravie), merci à toi ;
- les nouveaux "WC DAMES" (comment a-t-on pu oser mettre un panneau aussi laid sur un si bel ouvrage ?) ;
- une fois n’est pas coutume, le quite opportun d’un peón empêchant une pique "sur le voyage" à un toro qui venait d’échapper à son patron ;
- le costume de Lescarret ;
- l’application de Bolívar à "donner de la distance", à laisser la possibilité au La Quinta de s’exprimer ;
- qu’on m’offre si gentiment la place de samedi après-midi (merci Jean-Maurice !) ;
- ne pas assister au salut du fils de Robert ;
- les descabellos foudroyants d’El Fundi ;
- les repas (asperges et tourtière, carcasses de canard, etc.) et le pique-nique (rôti de veau aturin et chorizo "Saint Martin") ;
- voir le torero colombien réaliser de la main gauche les deux tiers de sa faena à 'Huracán' ;
- la vuelta de la tortue.

J’ai pas aimé :- que Bolívar, comme tous ceux que j’ai vus d’ailleurs, ne soit pas allé chercher, n’ait pas su soumettre, "tordre", dominer son santacoloma (toro de vuelta mais vuelta usurpée) ;
- le coup de soleil que j’ai pris dans le cou ;
- toutes les premières piques, traseras, bien trop longues — « El quiiiite ! » —, carioquées... et ce même lors de la corrida concours ! ;
- les comptes rendus enchantés et pétris de métaphores (relisez Bourg !) des gazettes locales ;
- constater qu’aucun morrillo n’avait été agressé par le fer de la pique ! ;
- avoir manqué la course d’Escolar Gil ;
- les quelques petits toros français escurridos de carnes qui se cachaient derrière leurs cornes (valait mieux ne pas connaître le poids de certains) ;
- le retard de 15 minutes samedi matin ;
- samedi après-midi, les 3 paires de banderilles à cornes passées d’El Fundi à son second ainsi que l’improbable moisson d’oreilles (4 !?) réalisée lors de cette course... ;
- apprendre qu’El Santo prenait l’alternative dans un mois ;
- le volume important du La Quinta, un pavo enmorrillado qui reçut un castigo en varas mal placé, mal dosé et mal distribué par un picador pourtant habile cavalier ;
- voir le (jeune) toro de Charro de Llen s’affaler plusieurs fois et la présidence ne pas le changer — « Caaaambio !!! » ; c’est bien connu, il n’y a pas de petites économies ;
- la présence de cette banderole "à la con" si près de la porte du toril ;
- l’absence totale de quites entre les piques et l’incapacité chronique des toreros à mettre en suerte les toros, impliquant une accumulation néfaste de capotazos et d’accrochages ;
- dans un si petit ruedo, l’abondance de cibles humaines en piste lors du premier tiers (idem au second) et la curieuse manie de certains matadors de sortir à la droite du cheval... puis d’y rester ! ;
- les vilaines estocades du dimanche matin, à l’exception de la dernière ;
- ceux qui ne se gênent pas pour dire, à des connaissances assises trois rangs plus haut, tout le bien qu’ils pensent de la course triomphale qu’ils viennent de voir à Nîmes ;
- ceux, en général les mêmes, qui ne se gênent pas pour demander, sur un ton excédé, à quelques-uns de cesser de critiquer les toros mal présentés, les piques traseras, le toreo superficiel (une vraie gangrène, ça aussi !) ou les oreilles généreuses, entre autres ;
- les costumes violet de Leal, vert d’El Fundi et rose de Serranito ;
- la qualité médiocre du mégaphone vicois... qui n’a pas fonctionné au moment d’annoncer l’utilisation de la pique de tienta lors de la quatrième rencontre (et seulement lors de la quatrième !!!) du la quinta avec la cavalerie ! Comme c’est bête, d’autant plus que le minimaliste "règlement-sorteo" ne mentionnait que le regatón ! ;
- entendre que le fils de Robert avait salué... ;
- le Victorino, d’un format qui le rendait imprésentable dans une corrida concours, inexistant aux piques et idiot au troisième tiers ; en deux mots, affreusement "moderne" — « Bouuuuh ! » ;
- disons que je n’ai pas été convaincu par El Fundi, très, trop démonstratif, semblant vouloir à tout prix provoquer, "se bagarrer" avec des toros sans histoire ;
- ne pas pouvoir apprécier une quatrième rencontre au cheval (avec une pique "normale"...) de l’encasté Guardiola ;
- l’entêtement de la plupart des toreros à essayer de relever des faenas plates (Leal avec son dernier...) ou à toréer des invalides (Serranito face au Charro de Llen) ;
- l’inutile présence du picador qui garde la porte dans un ruedo qui n’en supporte aisément qu’un (elle se garde toute seule la porte, c’est une grande maintenant) ;
- le physique exagéré du dernier "novillo" de Pérez de la Concha qui dépareillait le lot ;
- l'état des cornes du premier margé après une ébauche de vuelta de campana, celles... ;
- soit dit en passant et sans vouloir donner de leçons, l’impuissance des novilleros face à un bétail, en tous points sérieux, auquel il convenait de faire "bien" les choses ; Ferreira n’aurait rien perdu à enchaîner des doblones face au costaud 4°, surpuissant et pas assez piqué... Évidemment, dans d’autres mains, nous aurions assisté à une autre course... ;
- le café du Ski club vicois.

Images © Camposyruedos
Dans le patio des corrals 'Alondro' de Prieto de la Cal Ceux qu’elles n’attendaient plus...

Vic, suite et fin


Vous avez accès depuis la rubrique RUEDOS du site aux deux dernières galeries consacrées à la féria de Vic. Il fallait bien finir par quelque chose. Ce furent donc des novillos de Pérez de la Concha destartalados y descastados et une corrida d’Adelaida Rodríguez version colosses aux pieds d’argiles. Nonobstant ces deux courses, la féria fut d’un très bon niveau... mais il fallait bien en terminer ici par ces deux galeries, et puis le week-end fut éprouvant tout de même...

17 mai 2008

Vic, dimanche : la concours et le regatón moderne


Nous continuons nos galeries vicoises. Voici maintenant la corrida concours qui fut d’une grande tenue. Le prix a été logiquement attribué au toro de La Quinta, un cinqueño frôlant la perfection de toro. Pour être réellement un toro historique, sans doute lui manquait-il une pointe de sauvagerie, de puissance, malgré quatre rencontres au cheval, car seule la première fut réellement appuyée, les autres extrêmement légères. Un grand toro tout de même.
A ce propos, la quatrième pique fut donnée avec une pique de tienta de machos. Une sorte de regatón moderne en quelque sorte. Au bout du compte ce cinqueño de La Quinta aura reçu plus de ration de fer que s’il avait été mis en évidence pour la quatrième rencontre avec le traditionnel regatón ainsi que le prévoyait le règlement.
Nous regrettons simplement que la chose n’ait pas été annoncée au préalable car l’immense majorité du public n’a pas eu connaissance de l’utilisation de cette pique. Pourquoi donc avoir ainsi utilisé cette pique et ne pas l’avoir annoncé ? Y avait-il un malaise ? Une gêne ? Il n’y avait pourtant pas de raison car cette pique de tienta est venue en lieu et place du regatón – un bâton quoi – uniquement après les trois rencontres réglementaires données avec une puya normale... comme à Zaragoza. Malgré l’intérêt de la démarche en corrida concours, il y a évidemment le risque de voir certains taurins s’engouffrer dans la « brèche » et tenter d’utiliser ceci pour, à l’avenir, imposer cette pique de tienta en corrida formelle. On se doute que les abolitionnistes du tercio de varas, ceux qui nous expliquent que la bravoure ne se mesure plus lors du premier tercio mais essentiellement à la muleta, sont à l’affût, la langue pendante... Le danger est là.
Encore qu’il n’est pas non plus interdit de considérer l’utilisation de la pique de tienta comme un faux problème. Il suffirait que les picadors mesurent l’intensité du châtiment qu’ils infligent au toro et fassent également attention à l’endroit où ils piquent. Mais je reconnais que cela fait beaucoup de « si »...

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16 mai 2008

Vic, samedi : un fracaso numérique


En presque vingt ans de photographie argentique, je ne n’ai pas le souvenir d’avoir raté un développement de film... Eh bien, en pleine féria de Vic, mon disque dur videur de carte me lâche sans prévenir. Résultat des courses, la moitié des photographies de la corrida de Robert Margé resteront à jamais perdues dans les méandres de ma carte mémoire. Du coup, la galerie sera très succincte. Je le regrette, notamment pour la seconde faena du Fundi où je crois me souvenir de quelques clichés bien supérieurs à ceux de la première. C’est ainsi. Ceci dit et pour enchaîner sur l’annonce des prix du Club Taurin Vicois, disons que j’y souscris totalement, à l’exception de la mention pour ladite corrida de Robert Margé justement. Je ne l’ai pas aimée. Dans un mauvais style au cheval, mansita, elle ne se livra guère plus ensuite au troisième tercio malgré une certaine mobilité. Mon sentiment est que sans les deux faenas impressionnantes de mando d’un Fundi au sommet de son art et, à un degré moindre, sans la générosité de Rafaelillo, cette course aurait pu rester inédite. Samedi dernier, à Vic, ce sont les toreros qui ont fait la course.

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15 mai 2008

Vic 2008, les prix

Prix attribués par le Club Taurin Vicois

Trophée Paul Clarac au meilleur toro de la féria :
'Confitero', n° 13 de José Escolar Gil lidié en 2 le lundi 12 mai par Sergio Aguilar
Mention à l’ensemble de la corrida

Prix à l’éleveur ayant fourni le toro le plus complet à la corrida concours :
Álvaro Martínez Conradi de la ganadería de La Quinta
pour son toro 'Huracán', n° 44 lidié en 2 par Luis Bolívar

Mention au toro de Fidel San Román lidié en 5 par Luis Bolívar
Prix au picador Ismael Alcón Bueno et à la cuadrilla de Luis Bolívar

Prix à la meilleure corrida : Escolra Gil lidiée le lundi 12 mai
Mention à la corrida de Robert Margé lidiée le samedi 10 mai

Meilleur matador : José Pedro Prados 'El Fundi'

Mention spéciale à Sergio Aguilar

14 mai 2008

Vic, le lundi


Après "Vic, un vendredi", voici pour continuer la galerie de la grande corrida de José Escolar Gil qui a clôturé la féria. Nous aurions pu commencer par la novillada, continuer par la première corrida et ainsi de suite. C’eut été plus logique. Mais la logique et CyR... Ce sera donc Vic, un lundi... car nous commencerons par le dessert. Enfin, quand je dis dessert, rien de sucré, bien au contraire. De la caste, des pattes, du piquant, de la mobilité, de la sauvagerie, de la fixité. Je n’ai rien oublié ? Ah si ! Des toros qui prennent des piques, des vraies. Et de la toréabilité également. Oui je sais, c’est nul comme terme. Une grande course dont seul le premier fut en dedans et dont on regrettera éternellement que le second n’ait pas reçu une lidia adéquate, dont on se dit qu’elle aurait pu nous ouvrir des horizons inespérés... Nous regretterons éternellement cette troisième pique que nous attendions tous... Sergio Aguilar ne fut pas à la hauteur de la tâche. Il a voulu mais n’a pas pu. Mais qui aurait pu ? Le Fundi probablement ou El Cid... Un Sergio Aguilar qui se rattrapera en revanche avec le cinquième auquel il offrit son corps et sa virilité. Il est extrêmement rare de voir, en France, un torero se la jouer à ce point. Impressionnant, émouvant et vivifiant. Ce genre d’arrimón c’est généralement à Madrid que nous y avons droit. La faena est allée a más pour culminer dans quelques naturelles d’un autre monde. Maintenant, et là encore, fut-il réellement à la hauteur de l’adversité ? Rien n’est moins sûr. Toutes proportions gardées, c'est un peu "le triomphe du vaincu" tel que Javier Villán l'avait titré pour Rincón le jour de 'Bastonito'... Et ça n’est pas lui faire insulte que de se poser la question. Ses naturelles furent d’une rare intensité, d’un engagement total et d’une grande vérité. Les photos sont là pour en témoigner. Olé ! Une course qui marquera les mémoires.

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13 mai 2008

Vic, un vendredi...


Nîmes, mercredi 7 mai 2008. Une corrida de Victorino Martín décevante mais digne, qui ne s’emploie pas au cheval, et se laisse simplement piquer. Mais ceci n’est plus une nouveauté. Chez le paleto, ça semble même être devenu la règle. Nous en aurons une nouvelle confirmation, quelques jours plus tard, pour la corrida concours de Vic, d’une grande tenue au demeurant.
Nîmes, jeudi 8 mai 2008. Comme une envie de dégueuler. Je ne suis pourtant pas encore dans le Gers. Ou plutôt, excusez-moi (!), nous n’avons pas encore débuté notre cure d’Armagnac, fois gras, carcasses, cœurs et autres spécialités locales, très généreusement arrosées...
Mon état nauséeux du jour est en fait la conséquence de quelque chose de très contemporain. Sans doute avez-vous entendu parler de Thierry Marx, un chef à la mode, doublement étoilé, et très créatif. Marx a inventé un plat, le saucisson virtuel. C’est moderne et curieux. En Espagne, de supposés ganaderos de taureaux de combat ont inventé, eux aussi, le saucisson taurin virtuel. Un toro anovillado, sospechoso de pitones et qui supporte à peine deux picotazos, virtuels eux aussi. C’est nouveau, moderne, curieux et c’est en train de devenir une norme. Si vous mélangez ce toro virtuel avec le délire « orejista » d’une présidence sans critères et un public à l’avenant, vous risquez fort de vous retrouver avec un mal de tronche à vous gâcher le reste de la féria si vous n’y prenez garde. Car le toro virtuel, même à petites doses, c’est traître. Mais ça n’est pas non plus rédhibitoire. Nous avons trouvé un remède. Voici, dès le vendredi matin, vous prenez votre voiture car il faut agir sans attendre pour que le remède soit efficace. Vous prenez immédiatement la direction de Vic-Fezensac, dans le Gers. Ceux qui ne connaissent pas peuvent programmer Vic sur leur GPS, c’est direct et très facile.

Dès votre arrivée, garez-vous à proximité des arènes et allez visiter les toros dans les corrales. Vous verrez que très rapidement ça ira beaucoup mieux. Restez y tout de même une bonne heure. Ça ne peut pas faire de mal. J’y ai même croisé une blonde figurez-vous. Au début je croyais voir double car le saucisson virtuel c’est vraiment traître. Même en faisant attention, vous pensez être à l’abri, maîtriser la situation et, subitement, un mal de tête horrible s’empare de vous, comme ça, sans prévenir. C’est traître je vous dis. Et donc je croyais voir double. Mais non, en fait, il s’agissait de jumelles, venues également à Vic, depuis Nîmes, peut-être pour échapper, elles aussi, au mal de tête du saucisson virtuel. Allez savoir...

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