Fabrice, vous le connaissez maintenant sur CyR. "Toros y vinos en "Mirandilla"" bien évidemment, dont nous allons prochainement reprendre le cours.
Lorsque débuta le débat après l’utilisation de la pique de tienta de macho lors de la corrida concours de Vic, c’est le nom de Fabrice qui m’est immédiatement venu à l’esprit. Fabrice, car il vit au plus près du toro et au plus près des néophytes qui vont à "Mirandilla" découvrir cet univers si particulier. Qui donc mieux que Fabrice ? Personne sans doute. Vous allez voir, c’est clair, net et concis. Et ça suffit. Même si, évidemment, ça ne clôture pas le débat.
« Je suis totalement contre l'utilisation d'une puya de tienta en corrida (ou novillada) formelle. Chaque chose à sa place. Une puya de tienta doit servir à tester en tienta et pas ailleurs. Toute modification qui lime les aspérités de l'authenticité de la corrida n'est pas à imaginer. Et puis quel paradoxe : d'un côté on donne une première pique sans mesurer le châtiment et de l'autre on change la pique pour une de tienta ! Je me rends compte, lorsque j'explique le tercio de piques aux visiteurs néophytes de "Mirandilla", qu'en argumentant les règles, l'éthique, la pureté, la vérité de cette phase, les gens adhèrent sans problème, alors que c'était évidemment une phase qu'ils n'acceptaient pas auparavant. Par contre, lorsque j'assiste a une corrida avec ces mêmes personnes, il m'est impossible de justifier ce tercio tant il est donné sans aucun respect, ni des règles ni du toro. La seule solution est de revenir aux fondements : distance, première pique seulement pour que le toro comprenne, quite rapide, éloigner le fauve, le placer plus loin.
Existe-t-il un moment plus émouvant que le galop d'un brave vers le troisième ou quatrième châtiment ? Le tercio de piques est en réel danger de mort. On s'en rend compte en tentadero chez les ganaderos : seule la muleta et la durée du bicho comptent. L'exemple frappant est chez Victorino qui a totalement abandonné l'importance du combat de ses pupilles au cheval au profit de la toréailité à la muleta. Il faut réagir, sinon les éleveurs ne verront plus aucun intérêt à sélectionner la pelea au picador. Appuyons les corridas concours sérieuses et, poussant le raisonnement, pourquoi ne pas organiser de temps en temps des corridas où le tiers des piques serait le plus important, et ce au détriment de la muleta qui ne servirait qu'à dominer le toro afin de le cadrer pour le tuer... Un abrazo. »
Fabrice Torrito