31 août 2009

Photographie sans paroles (XII)



Rentrée à visage découvert et sur facebook...


La rentrée est pavée de bonnes intentions. Tout le monde sait cela.
Pour l’occasion, la bonne intention de Camposyruedos est d’en finir avec l’anonymat des posteurs de commentaires. Lorsque l'on discute avec quelqu’un, il est de toute façon extrêmement plus poli de se présenter, comme dans la vraie vie. Une notion élémentaire de politesse. Ce n’est pas grand-chose mais c’est un début. Ensuite, cela nous évitera sans doute quelques dérapages et invectives outrancières. Il est évident que certains auront beaucoup plus de scrupules à s’y livrer à visage découvert qu'anonymes derrière leur clavier. C’est ainsi, la nature humaine sans doute.
Pour ce faire, nous avons donc limité la possibilité de poster des commentaires aux internautes possédant un compte Google.
Vous allez me dire que l’on peut toujours créer un compte Google de façon anonyme. C’est exact. Et c’est pour cette raison que ceux qui souhaitent poster des commentaires devront préalablement nous envoyer un e-mail (contact@camposyruedos.com) en nous indiquant de quel compte Google ils sont titulaires, ainsi que leur nom et leur prénom. Une fois cette petite formalité effectuée, la voie leur sera ouverte.
Il va de soi que les identités des posteurs de commentaires ne seront pas dévoilées, sauf pour ceux qui le désirent et qui pourront se faire connaître par le biais de leur profil Google.
Enfin, pour cette rentrée, Camposyruedos vient de créer un groupe sur facebook. Vous êtes déjà une bonne centaine à vous y être retrouvés. Vous pouvez donc nous y rejoindre. Notre groupe facebook doit être… par là…

Bonne rentrée à toutes et à tous et bonnes férias de fin de temporada.

Sur Camposyruedos nos prochaines et ultimes galeries de la saison 2009 seront arlésiennes, barcelonaises et madrilènes.

AVISO : il va de soi que les personnes ayant l'habitude de déposer des commentaires sur Camposyruedos et qui sont déjà connues personnellement des animateurs de ce blog/site peuvent continuer de poster leurs commentaires avec leur pseudonyme habituel.

30 août 2009

Histoires de sobreros


La première est celle de ‘Reganchado’1, jeune frère et compagnon de corral du bel ‘Oreganer’ qui aura, lui, joué son rôle de sobrero jusqu’au bout, un jour d'août 2008. Car si ‘Reganchado’ passa l’hiver au campo, il vint finalement compléter comme titulaire un lot de son fer, el de María del Carmen Camacho. Ironie du sorteo, celui-ci le désigna sixième toro de la tarde du 15 août dernier à Las Ventas. Destin peu banal d’un animal qui aurait eu six printemps à l’automne prochain.

La seconde concerne ‘Buscón’, un toro de l'élevage charro d’Ana María Cascón. En l’espace de quelques semaines, ‘Buscón’2 eut tout le loisir d’arpenter les couloirs des arènes de Madrid avant de, lui aussi, figurer dans « le six de départ » aux côtés des noirs gracilianos de « Cojos de Robliza ». Convaincu qu’on lui faisait là une fleur, il gratifia son éleveur d’un combat si intense que les rares aficionados présents, les deux mules et la présidence l’honorèrent d’un tour de piste.

La troisième, enfin, évoque le souvenir de ‘Solitario’ — un nom prédestiné pour un sobrero. L’heureux ganadero dut être bien embêté à mesure qu’il voyait grandir celui qui allait devenir un tío propre à dépareiller, par le haut, n’importe quel lot. Au début de l’été madrilène, rien d’étonnant à ce que ‘Solitario’ ait fait sensation lors de son apparition. ‘Solitario’, c’était « un « barbas » de Navalrosal qui, quel hasard !, exhiba force et puissance tout au long de son combat »3. Une étoile filante dans la galaxie taurine...

1 ‘Reganchado’ (Núñez), n° 61, né en octobre 2003, toro negro bragado meano de 586 kilos.
2 Né en juin 2005, ‘Buscón’ était curieusement annoncé sobrero d’une corrida le 10 mai 2009 ! Mais le 23 août, jour de sa sortie, sa date de naissance était juillet 2005. Sans doute une erreur quelque part...
3 D’après Bastonito. Un « barbas » équivaut au toro con toda la barba — celui qui « a (presque) tout pour lui ».

Images © Juan ‘Manon’ Pelegrín
‘Buscón’ (Atanasio Fernández), n° 34, né en ? 2005, toro negro de 598 kilos ‘Solitario’ (Núñez), n° 19, né en décembre 2003, toro negro lombardo bragado meano coletero de 526 kilos.

En plus Sur le blog Larga Cambiada, deux autres photos de ‘Solitario’ : l’une de Manuel Durán Blázquez et l’autre, en noir & blanc, de Paloma Aguilar.

29 août 2009

The rectal touch


Ça vient de tomber depuis le PC de l'inénarrable président du truc qui lutte à cor et à cri depuis un an pour la survie de la corrida. Ce cher inénarrable, qui soit dit en passant est devenu cet été veedor de Vic, Céret et même d'Orthez, qui sait mieux que personne comment doit se comporter un président de course (lire à ce sujet son injurieux - il le traite de con - papier publié dans la version papier de son machin de communication à l'encontre de M. Manent qui présidait cette année à Céret) avec un matador, ce cher inénarrable donc annonce que Bayonne a décidé qu'il y aurait un cordon sanitaire pour éloigner les hordes sauvages des antis qui ont communiqué leur grandiose idée de manifester le 5 septembre à Bayonne. Citons donc l'inénarrable qui renseigne pour l'occasion toute sa liste de diffusion, "A la demande de l'Observatoire et après intervention de notre vice-président Olivier Baratchar, Jean Grenet, le maire de la ville, contrairement aux autres années, a décidé de prendre un arrêté municipal pour délimiter un périmètre "sanitaire" autour des arènes. Les antis ne s'installeront donc plus face à la taquilla pour nous insulter". Et d'ajouter (c'est presque le meilleur en l'occurence) que "La Fédération des Sociétés Taurines est pour sa part intervenue auprès de la sous-préfecture". La Fédération des sociétés taurines est en vie et elle sait se servir d'un téléphone ! Alléluia ! Bref, aficionados bayonnais et autres qui vous rendez à Lachepaillet ce week-end, sachez que vous serez tranquilles, vous pourrez vous esbaudir à loisir des 356 passes du "faenón" de Castella réalisé le 7 août 2009 à une machine marron clair noblasse à souhait sans qu'une anti-taurine octogénaire ne vous balance son dentier et les restes de purée qui vont avec à la figure.

Par contre, rien n'est dit sur ce qui vous arrivera à l'entrée des arènes où l'accueil se dégrade un peu plus tout les ans. L'aficionado bayonnais est violent, c'est connu. On en a vu faire pénétrer sur les gradins leur Terre-Neuve de 80 kg, d'autres introduire discrètement un quarteron de soldats afghans teigneux comme un Chinois au ping-pong, d'autres enfin seraient parvenus (mais rien n'est prouvé) à faire entrer dans les travées dangereuses des arènes un troupeau de rhinocéros mâles qui n'avaient pas croisé de femelles depuis que Marcel Dangou ne préside plus aux destinées de la plaza. Donc, à l'entrée des arènes, on vous demandera d'abandonner vos petites bouteilles d'eau de 33 cl (il paraît que les bouchons sont dangereux et peuvent devenir de dangereux projectiles) achetées 2 euros face aux arènes où les antis n'auront pas le droit de hurler à la mort. On vous demandera, sans sourire, avec un regard noir comme l'uniforme de vigile de supermarché qui vous accueille, d'ouvrir votre sac à dos pour vérifier qu'à l'intérieur vous n'avez pas osé trimballer le barbecue à roulettes offert par votre tante octogénaire qu'on entend à l'instant vomir son dentier au milieu des antis en hurlant qu'il faut qu'on vous fasse en plus un toucher rectal (on ne sait jamais tout ce qu'on peut dissimuler...). Et quand vous serez assis (vous allez vous tortiller un peu au début c'est vrai), gentiment et sans barbecue, on vous demandera de la boucler et de ne pas gâcher la fête des toros de vos voisins.
Mais tout cela n'est pas grave, les antis seront loin, la Fédé est en vie, l'inénarrable est encore président du machin et les toros ne sont pas aféités...

Photographie Intérieur des arènes de Bayonne, à côté des WC © Camposyruedos

28 août 2009

Des souris et des gnomes


Placita de CarcassonneThéorème des arènes démontables : tout corps vivant prenant place sur les gradins d’une portative se fond instantanément dans la structure et se transforme à son tour en pièce métallique. Le moindre cliquetis de l’ossature ferreuse, le plus infime des grincements fait écho dans ses propres entrailles, comme un hoquet, un borborygme, un intime gargouillis.
Samedi 22 août, sur les travées de la placita carcassonnaise, nous avons été secoués comme les rivets d’une vieille guimbarde. Des secousses à vous remuer les tripes jusqu’à la fontanelle.
Entendez-vous le premier des saltillos ?
Bling, blang ! Et crac boum hue ! Un branle-bas à ranimer l’âme combattante de tous les Montségur, à raviver la fureur des Corbières, un extraordinaire tremblement, une violente convulsion et la montagne d’Alaric d’accoucher… d’une souris. ¡Una ratita, si Señor! Un moreno de silva haut comme trois pignes. Tout ce tintouin pour un pichòt !
C’est vrai qu’ils sont bajitos ces novillos, particulièrement le premier, et le troisième aussi. Les autres, le second et le quatrième, sont plus charpentés, les deux derniers plus volumineux. Le lot est loin d’être homogène, varié et disparate en trapió comme en pitones. Des bichos légers, très typés en tous points, sans excès.

Des souris disions-nous ? Peut-être mais au caractère en acier trempé ! Seul le 18, sorti en quatrième position, s’offrira un temps de réflexion avant d’agir. Tous les autres entrent en piste avec fracas, éjectés du toril comme des balles. Du concentré d‘énergie qui vient percuter la barrière, ricocher sur les burladeros et suivre tout ce qui bouge. Alertes, vifs, mobiles, infatigables. Ils sont prêts à en découdre, loyalement, fièrement et sans répit. Ces petits gris vendent chèrement leur peau, bouche close et tête basse. Tous applaudis à l’arrastre. Tous !
Devant la lourde cavalerie, l’élan est plus timoré et les rencontres moins franches. Simplement bravitos, ils s’opposent sans forcer, donnant parfois quelques signes de faiblesse vite gommée. Tous prendront deux piques. Le second, le moins asaltillado, ira cinq fois au cheval en fuyant le peto. En fin de faena, il encorne Juan Carlos Rey qui tente de l’estoquer. À toi de jouer, Valentín ! Comme à Madrid, il y a un an, face au même élevage. Tes deux compagnons étaient à l’infirmerie, il ne restait que toi. Seul !

Estocade, Valentín MingoLe cauchemar s’arrête net mais pour Moreno Muñoz le souvenir s’appelle cicatrice. L’histoire ne se répète pas, il s’en faut de peu. Les cuadrillas ont compris depuis longtemps qu’elles sont tombées dans une souricière. Du capotazo de réception à l’ultime puntillazo, en passant par les piques sans oublier la mascarade des banderilles, la panique gagne le ruedo. Dépassés ! Les novilleros tentent de s’accrocher mais ils sont baladés, bousculés, soulevés, ensablés, pris de vitesse par des novillos qui se hissent au rang de Toros. Ras la montera !

Il est entré marqué du 5 sous un tonnerre d’applaudissements. Le der des ders. Un coup du hasard. Il n’a pas eu le choix. Il est venu se faire un nom, numéro 5. Il s’est jeté dans la bataille comme un boulet de canon, emportant tout sur son passage, les capes et les capeadores. Tous déquillés en un instant. Strike ! La plus totale des déroutes. Chacun pour soi et tous aux abris. Plus un bonhomme aux avant-postes, tous planqués à l’arrière, dans le plus grand des désarrois, le moral au fond des bas roses. Lorsque la torería déserte la place, c’est la vergüenza qui disparaît !
Et là on a basculé dans la sale guerre. Plus question de combat. L’impératif : réduire les forces de celui qui n’était plus un adversaire mais un ennemi. Destruction est la consigne.
Les cuadrillas provoquent les charges du "toro" contre les burladeros, multiplient les passages en faux et les déplacements inutiles. Quelle bassesse ! Un comportement indigne de la part de "professionnels". L’éthique tauromachique est bafouée lors du tercio de piques. Le cavalier est abandonné seul en piste. Il est livré à son sort, sans couverture, au détriment de la plus élémentaire solidarité. Le mot d’ordre hurlé depuis le callejón : au massacre ! Inadmissible.
C’est en brave que le "toro" charge, venant de loin à trois ou quatre reprises. Coincé, enfermé, carioqué, piqué, repiqué et surpiqué… 4, 5, 6 fois… un pilonnage intensif. Rien à faire, le saltillo ne capitule pas. Il interdit toute incursion et renvoie tout le monde hors du cercle. Moreno Muñoz réalisera trop tard que le moreno de silva était son allié. Entre Moreno, ils auraient pu s’entendre, se lier, composer.

Diano, Moreno de SilvaQue de noblesse ! Quelle corne gauche ! Quel gâchis ! Jusqu’à son dernier souffle le saltillo luttera. Campé au centre de l’arène, une épée dans l’échine, il se pose. Il meurt numéro 5. On n’ose l’approcher. Impossible de le puntiller. Trois fois il se relève et charge. Il faut l’estoquer à nouveau. Par deux fois Moreno Muñoz échappe à la cornada.
Il meurt au centre numéro 5, en brave. Le cul résolument tourné en direction du toril, les yeux rivés sur les tendidos. La caste !
Les yeux rivés sur les tendidos, numéro 5 toise le palco.
C’est lorsqu’ils ont détourné le regard qu’il est mort. Ils n’ont rien vu.

Drôle d’époque quand le triomphalisme exacerbé le dispute au plus inepte des indultos ! Quand l’aficionado montre le "toro", la présidence regarde la lune.
Drôle d'époque et temps injustes ! Quand un toro bravo, un toro noble, un toro de caste, un toro-toro meurt avec les honneurs sans une vuelta.
Qu’importe ! Désormais il a un nom.
'Diano'.

>>> Une galerie photos de la novillada de Moreno de Silva est accessible en rubrique RUEDOS du site.

Aste Nagusia 2009 – Pétard général à Bilbao


Le fracaso des Corridas Generales de l’Aste Nagusia 2009 a été notable.
À ce stade, l’excuse ponciste consistant à dire que s’il avait mis la main à chaque occasion où il a frôlé le triomphe ne tient plus.
La féria, qui s’annonçait grandiose, avec des carteles particulièrement « rematés », a fini par n’être qu’une chose totalement ennuyeuse, car à l’heure de la confection il ne fut fait que peu de cas de la matière première : le toro.
C’est aujourd’hui une évidence : on ne peut pas réunir la totalité des figuras du lundi au vendredi et attendre, en outre, que les animaux avec lesquels elles s’enferment donnent le spectacle désiré.
La caste et la bravoure sont des concepts difficiles à prendre en compte lorsqu’il s’agit de férias de vedettes, car elles ne viennent qu’avec ce qui a l’odeur d’un Domecq, et qu’avec ça nous savons ou nous allons.
Le monothématique encaste Domecq fabrique des toros dépourvus de personnalité, en quantité industrielle, que ce soit pour Bilbao ou pour Llodio.
Au cours de cette féria, pendant les huit tardes de toreo à pied, le toro de Bilbao n’a été présent qu’à de très rares occasions : deux ou trois, pas plus.
Le reste, soit la quasi-totalité, a énormément laissé à désirer : le cuajo, le trapío, las hechuras, les défenses et de légères suspicions de manipulation.
Et si en plus nous commençons à analyser les comportements, alors la déception est telle que l’on pourrait envisager de faire détruire Vista Alegre pour y faire reconstruire quelque chose de neuf.
Commençons par compter et nous avons un La Quinta et demi, trois en étant généreux de Fuente Ymbro, une paire de Ventorrillo, un de Tajo de la Reina et encore la moitié d’un Jandilla, mais ce jour-là le Juli s’est réveillé alors qu’il était trop tard.
À la poubelle directement la corrida de Torrestrella, et heureusement que la tradition conserve la corrida de Victorino pour le dessert, et bien que ce soit avec une poignée de dynamité, elle clôture la féria, avec un peu de joie, comme ce fut le cas avec ce toraco face auquel Diego Urdiales s’est affirmé comme un torerazo.

L’Afición de Bilbao doit maintenant se regarder dans la glace. Et s’y reconnaître.
Car ils sont seulement quatre, et ces quatre n’osent pas élever la voix pour ne pas perdre leur position, car c’est ce qui compte. La position à Vista Alegre consiste à s’y rendre bien habillé et applaudir à la moindre occasion.
C’est peut-être pour cela que d’une façon routinière on fasse sortir saluer n’importe quel matador, avec ou sans raison après sa faena.
Et ensuite il leur importe peu que sorte du toril un cochon avec des cornes ou que le torero de turno demeure constamment profilé.
La palme quant au manque de présentation sera pour la corrida de Jandilla, et ceux qui ont élevé la voix n’étaient pas précisément du Botxo. Disons qu’ils arrivaient d’Algemesí et Benifaraig.
Quant au tercio de piques la situation était irrationnelle. Pendant que les uns disaient « ne le pique pas », les autres exigeaient des piques données dans les règles tout en sachant que le bicho en question avait plus à voir avec un novillo qu’avec le toro de Bilbao.
Ainsi, le pétard général est définitivement consommé. Il doit y avoir obligatoirement réflexion de la part des Chopera et de la Junta Administrativa.
Parce que Bilbao demeure le point de rencontre des Afición espagnole et française en août, il doit y avoir un changement notable lors des prochaines éditions s’ils ne veulent pas rester seuls dans toute leur grandeur.
Andrés Verdeguer Taléns

25 août 2009

Saint-Perdon


Nous nous étions émus de la destruction par le feu des arènes de Saint-Perdon.

La traditionnelle novillada aura tout de même lieu, ce dimanche 30 août, à 17h30 mais dans les arènes de Mont-de-Marsan : six novillos de Baltasar Ibán pour Angelino de Arriaga, Thomas Dufau et Juan del Álamo.

L’occasion d’y voir une fois encore Juan del Álamo.

En photo, un novillo prévu pour ce week-end. Réservations : 05 58 75 14 79.

24 août 2009

'Diano'


Avant toute chose, une pensée émue et tous nos vœux de prompt rétablissement à Christian Baille, malheureux alguazil de Carcassonne qui est toujours en train de lutter sur son lit d’hôpital. La très sympathique organisation Carcassonne Toros ne méritait pas cela, vraiment pas.
Certes, son cosas de Toros, mais tout de même, un clair et profond sentiment d’injustice divine.

Pour le reste, ce matin, j’ai pris mon téléphone et appelé José Joaquín Moreno de Silva, pour le féliciter, et lui demander le nom de cet extraordinaire numéro 5 :
- Enhorabuena ganadero. Este sexto ha sido realmente extraordinario. Lo han lidiado fatal. Pero con una lidia simplemente normal, creo que hubiera sido para indultarle.
- ¡Si hombre! Estamos de acuerdo. Me encantó. Era hermano de uno que se lidió hace tres años en Madrid.
Traduction inutile.

Le ganadero insiste ensuite sur la propension de cet immense toro à garder le centre, un centre où d’ailleurs il est mort en grand brave qu’il était.
- Et alors, comment s’appelait-il ce toro ?
- 'Diano'.
- 'Diano' ! Comme le fameux semental de Vicente Martínez ?
La ligne est très mauvaise. (La ligne téléphonique... pas ganadera !)
- 'Diano'. Il s'appellait : D-I-A-N-O.
- 'Diano'…

Un nom chargé d'Histoire, de littérature taurine. 'Diano', l'esprit du campo castillan. Un 'Diano', qui, samedi dernier, en 2009, portait très probablement en lui les qualités profondes et authentiques pour être réellement gracié. Mais un 'Diano', qui, par les lacunes d’un palco buriciego, ne fut même pas honoré du minimum qu’imposait son combat héroïque. Peu importe. Ce toro, très au-delà des circonstances, restera à jamais dans le souvenir des aficionados qui ont eu l'opportunité de venir se désaltérer à cette source fraîche et inépuisable de caste vive. 'DIANO' !
>>> Une galerie est accessible en rubrique RUEDOS du site.

23 août 2009

Carcassonne - Joaquín Moreno de Silva


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>>> Une galerie en rubrique RUEDOS du site & un lien utile : Le toro de la temporada. A venir les articles de JotaC et/ou de Tendido 69.

Joaquín Moreno de Silva

Le toro de la temporada


Carcassonne 22 août 2009.

Le sixième novillo de Joaquín Moreno de Silva porte le numéro 5. J’ignore encore son nom.
Quatre ou cinq rencontres, pour un équivalent « raisonnable » de six ou sept piques, peut-être huit, peut-être plus. Des piques prises en brave. A cet instant, il n’y avait plus rien de raisonnable dans la piste de la portative de Carcassonne. Il n’y avait plus rien de rationnel. Rien d’autre que ce novillo de Joaquín Moreno de Silva, le numéro 5, un monument de caste, seul en piste face à un varilarguero abandonné par la totalité des cuadrillas et novilleros partis se réfugier dans les bas fonds de la portative. Un incroyable manque de professionnalisme, un comportement ahurissant.
Cinq, six, sept, peut-être plus, huit piques. Impossible de compter ou se faire réellement une idée de la ration de fer reçue par ce toro.
Un picador, seul en piste, tente de détruire un torrent de caste. Il n’y parviendra pas.
Par la suite, le numéro 5 de Joaquín Moreno de Silva confirmera sa caste, sa bonne caste au cours du troisième tercio. Noble, sans mauvais gestes, il ne fut jamais mis en valeur ou exploité par un Moreno Muñoz dépassé par les événements. Il finit par baisser de ton, logiquement, mais sans jamais se décomposer.
Le palco, à l’unisson des cuadrillas pour l’occasion, c'est-à-dire lamentable, ne lui accordera pas la vuelta posthume réclamée par une partie du respectable. Incompréhensible décision quoique anecdotique au final. Si celui-là n’est pas récompensé par une vuelta, c’est à désespérer de tout et n'y plus rien comprendre. Probablement le toro de la temporada.

JotaC et/ou Tendido 69 reviendront plus longuement sur cette novillada passionnante, pétrie de caste et de personnalité. Muchas gracias señor ganadero.

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21 août 2009

Carcassonne... et Saint-Sever


Petite piqûre de rappel à l'usage de ceux qui auraient l'opportunité de se rendre ce week-end dans le chef-lieu de l'Aude, où Carcassonne Toros organise sa féria les 21, 22 et 23 août.

On retrouve à la lecture de l'affiche l'esprit qui anime cette organisation depuis quelques années, avec notamment la programmation fort intéressante d'une novillada de Moreno de Silva (encaste Saltillo).
Avant les désormais traditionnels miuras du dimanche après-midi, les frères Granier feront courir une novillada sans picadors, pour les élèves des écoles taurines.

C'est à la mort du sixième saltillo que je comptais finir une saison française décevante et qui ne passera hélas pas à la postérité (même la mienne). Il n'en sera malheureusement rien et c'est sous des cieux moins cléments et surtout moins taurins que je passerai une bien maussade fin de semaine.

Profitez-en bien les amis, et que les pupilles de Moreno de Silva sortent en grand !

Et pour en rajouter une couche, il y a une novillada d'Escolar Gil à Saint-Sever dimanche 23 août. Comme l'écrit Ludo (merci à lui de nous avoir rappelé cet oubli...), hay toros ce week-end !

Aste Nagusia 2009


Retrouvez sur le site, dans la rubrique RUEDOS, une galerie des corridas d'El Ventorrillo (catastrophique de vide) et de El Tajo/La Reina (bon troisième toro) lidiées à Bilbao. Nous essayerons de revenir sur ces deux courses dans le courant de la semaine prochaine.

Bonne visite.

Photographie Reflet d'un picador devant Vista Alegre © Camposyruedos

Crèmes catalanes


Parce que l’Espagne était à feu et à sang. Parce que vous devez être un certain nombre à connaître ses clichés de guerre (surtout) et d’exil sans pouvoir mettre un nom derrière. Parce que je n'oserai pas gloser sur le talent et la personne d’Agustí Centelles. Parce qu’à l’heure qu’il est j’en connais qui se morfondent dans la capitale sans savoir que le Jeu de Paume expose à l’Hôtel de Sully1 une centaine de photographies du Catalan.

Parce que je ne les verrai pas. Parce que d’autres les verront pour moi...

Agustí Centelles, Journal d’une guerre et d’un exil, Espagne-France, 1936-1939 à l’Hôtel de Sully, du 9 juin au 13 septembre 2009.


Parce que la musique adoucit les mœurs. Parce que vous devez être un certain nombre à attendre avec joie les premières notes du paseo de Céret. Parce que je ne n'oserai pas gloser sur le talent et la personne de Pascal Comelade. Parce qu’il n’apprécierait vraisemblablement pas. Parce qu’à l’heure qu’il est j’en connais qui se morfondent dans la capitale sans savoir que Les Arts Décoratifs2 exposent une partie des « outils sonoto-luddiques »3 du Catalan.

Parce que je ne les verrai pas. Parce que d’autres les verront pour moi...

Musique en jouets au Musée des Arts Décoratifs, du 25 juin au 8 novembre 2009.

1 Des liens sont proposés en bas de page (à gauche et au centre).
2 Mettre le son et cliquer à droite sur la petite flèche verte.
3 À voir absolument, ne serait-ce que pour le passage sur le « lapin batteur »...

Images Alexander Calder / Le taureau, 1926-32 / Encre sur papier, 28 x 22 cm © Maeght éditeur Couverture du livre Agustí Centelles, Agustí Centelles 1909-1985, Actes Sud, 2009.

20 août 2009

La corne et le pinceau


La corne et le pinceau
- ¡Hola Tomás! Tiens, tu barbouilles maintenant ?
- ¡Que vista Paco! Si tu pouvais être aussi mordant pour poser les banderilles…
- Ça va, ne te fâche pas ! Je m’intéresse, c’est tout… Tu peins depuis longtemps ?
- Oh non ! Avant c’était impensable… Pas une seconde… Jamais tranquille… Un quite par-ci, une esquive par-là, courir, sauter, sprinter, relever un cheval, éviter la cornada, revenir au quite, sauter encore, courir toujours… J’étais décathlonien dans la cuadrilla d’un rustaud, un tâcheron de la muleta. Un sauvage qui abattait les miuras d’un coup de poing. Toujours au combat devant des monstres… ENNNNOORMMES… C’était plus une vie, j’étais à bout de souffle…
- ¡Basta! Arrête, tu me fais peur.
- Justement, c’est ce que j’ai fait. J’ai quitté Hercule pour Apollon. Le changement est RA-DI-CAL ! Le Maestro est un immense torero. La presse salue sa maestria et encense « le créateur de l’éphémère, sensible et délicat qui ébauche des faenas épurées, tout en nuances et subtilité ». C’est vrai ! Le Maestro, c’est la pureté même. Immaculé, pas une tache. Quel artiste ! Tu comprends ? Pris dans cette ambiance… Un jour, bras croisés au burladero, je me penche pour mieux voir, mes yeux tombent sur les cornes… Soudain, la révélation… Je me suis mis à peindre.

Même vu d'en haut...


... même à 1500 mètres, et même si ce n’est pas le Mont Blanc c’est suffisamment haut pour rafraîchir ses nuits, la lecture quotidienne de Mundomueco et Burlatodos devient rapidement insupportable. Nous nageons, comme jamais, en plein délire auto-triomphaliste. Ça en est affligeant au point d’en devenir vomitif, même vu d'en haut et au frais. Pas une critique, rien. A croire que nous vivons véritablement un nouvel âge d’or du toreo. Tous les deux jours, un événement HIS-TO-RI-QUE.
Heureusement qu'il y a les mails des copains pour vous ramener à la réalité ou, plus simplement, vous informer. Les mails des copains et... la presse quotidienne ibérique.
Ça en est même parfois surprenant. Il ne fait aucun doute que la presse quotidienne espagnole est la seule capable d’être à ce point impertinente, libre et indépendante.
Prenez le cas de Perera, l’autre jour à Bilbao. A en croire les portails autorisés il fut grandiose, grandissime. A les croire, seul Matías González fut assez stupide et aveugle pour refuser l’oreille réclamée par le bon peuple de Bilbao. Une oreille refusée, le drame, l'injustice, l'affaire d'état. C'est qu'il faut voir les proportions que peuvent prendre ces choses-là. Mais pourquoi donc ? Pourquoi le palco n'a-t-il pas octroyé cette malheureuse oreille ? Mystère. Aucun début de commencement de réflexion ou d'explication. Juste l'invective et le dénigrement du président. C'est tout juste si le métier de la mère de Matías n'est pas évoqué.
Ils sont tous unanimes : Perera, oreille, injustice. Matías salaud ! Le peuple aura ta peau ! Sauf que… Lisez donc cette modeste traduction de ce qu’a pu en écrire Javier Villán dans El Mundo. Même vu d’en haut et au frais, ça rassure. Ou pour le moins ça explique. Et c'est déjà énorme.

… A son premier fuente ymbro, d’aspect magnifique mais pourri de l’intérieur, on simula la suerte de varas et, par conséquent, Perera simula le toreo de cape. Mais il dut deviner quelque chose dans cette ruine d’animal joli car il le brinda au public.
Le
brindis fit bien voir le torero mais finit de révéler un toro fatigué, somnambule et agonisant.
Et Perera s’est énormément plu avec ce cadavre ambulant.
Après un unique
pinchazo, le violent capotazo d’un peón a fini par avoir raison de l’animal qui, s’il avait eu toutes les peines du monde à se tenir debout, était encore moins en mesure de se relever…
… Matías González fit bien de ne pas concéder l’oreille malgré une bronca…
Miguel Ángel Perera ne fut pas très éloquent muleta en main, sans pour autant avoir été mal.
Il fut plus fin et plus prolixe dans une magnifique interview de la série "En Camisa de Once Varas". Au cours d’une entrevue exemplaire avec Pedro Simón, un journaliste excellent comme tous ceux qui s’occupent de cette série, Perera a parlé de l’humain et du divin, intelligemment provoqué par la sagacité de son interlocuteur.
Perera semble avoir les idées claires en tout, même en ce qui concerne un certain journaliste auquel, selon lui,
"habría que desmochar entero"*.
J’ignore quelle idée précise se fait du
desmoche Monsieur Perera ; je suppose qu’il doit être plutôt bien informé sur le sujet si l'on se réfère aux toros aféités qu’il tue a longueur de temporada, comme tous, figuras ou non figuras.
Il ne me semble pas que ce terme soit le mieux approprié pour être appliqué à un journaliste. Il démontre en tout cas que Perera a plus de facilité à aller au
pitón contraire avec la presse qu’avec les toros, un des points faibles de son toreo d’arrimón stéréotypé.
Javier Villán

* Un toro mocho est un toro qui a "exagérément" perdu ses pointes, comme ceux de rejón par exemple. Le verbe desmochar signifie donc aféiter à l’extrême.

PERERA

19 août 2009

Vueltas à gogo


Nous ne sommes pas encore au bout de la temporada mais, passé le 15 août, les bilans commencent à ronronner dans nos têtes aficionadas. J’ai beau réfléchir à un toro de bandera, à un grand toro, mais rien ne me vient en tête. Il y a des bribes, quelques bons toros, mais pas de fait marquant, pas de toro d’exception dont je reverrais le film tout l’hiver.

Pourtant il y en a eu des prix. En quelques courses, j’ai assisté à 5 vueltas al ruedo ! Excusez du peu. Il semble loin le temps où on courait la temporada sans en voir une ! Ceci paraît aujourd’hui pratiquement impossible ; celui voyant une vingtaine de spectacles par an est pratiquement assuré d’avoir droit à sa vuelta. Et pourtant, de cette période me restent des toros en tête. Des toros qui ont marqué mon esprit par leur tempérament, de grands toros, mais imparfaits pour que leur soit accordé la vuelta.

Au hasard d’une lecture estivale, je suis tombé sur ce passage de Luis Fernández Salcedo, extraite de son excellent Veinte toros de Martínez réédité chez Egartorre. Je laisse la parole au grand homme :

“… mi buen amigo el marqués de Laca¬dena, una noche de verano de 1952, precisamente en San Sebastián y a la salida de "La Nicolasa", por mas señas, una anécdota, no menos expresiva, referente a uno de los mejores ganaderos contemporáneos, alejado de los tendidos desde hace varios lustros por causa de una dolencia, …”

“Cuando a dicho señor le dicen sus hijos que un toro ha sido de
bandera...
-Cuantas varas ha tomado?
-Pues... dos..., quizás tres.
-Bah! Ese no es un toro de bandera!
-Si vieras con qué bravura acudía a los caballos y a los de a pie!
- Todo eso servirá para calificarlo incluso de superior; pero nunca de bandera. Para que un toro pueda ser llamado así tiene que hacer una pelea en verdad excepcional de todo punto.
Tiene razón el famoso ganadero. Decir de un toro que ha sido de bandera es atribuirle una bravura extraordinaria, y como la bravura se calibra por el tercio de varas (no le demos vueltas!), cuando el resumen de la pelea de un toro en el primer tercio es, por ejemplo, tres varas y un refilón, sin ninguna caída..., ese toro será todo lo bravo que se quiera, pero de bandera..., nunca!
Me diréis que, tal y como suceden ahora las cosas, no hay posibi¬lidad de ver lo que es un toro en varas. Conforme. Pero eso quiere decir que la misma orden ministerial que dio vida al peto signific6 virtual¬mente la clausura de la Relación de Toros de Bandera. Hay que aceptar los hechos como son, con todas sus consecuencias, y seria absurdo que a toritos que toman bien, o bastante bien, dos puyazos y acuden a la muleta con una docilidad extraordinaria se les pusiera en lista al lado del " Jaquet6n", del "Caramelo", del "Estornino" y de tantos otros.

En un articulo humorístico, yo, como mal menor , y para dejar a todos contentos, proponía que se crease una nueva categoría, compren¬siva, principalmente, de esos toros de dulce, suavísimos, con temple ideal, con la embestida justa, sin pizca de malicia, que resistan ochenta pases sin adquirir el menor resabio. A estos animalitos se les llamaría los toros de gallardete. Entre ellos y los verdaderos toros de bandera hay exactamente la misma proporción que entre el gallardete, soso y verbenero, y la bandera majestuosa, que ampara en el balcón a un escudo. A los aficionados serios ya nos indigna bastante que para esos toros se pida la vuelta al ruedo, o incluso que se les dé sin pedirla (hecho histórico que motiva el articulito de marras), vaya usted a saber por qué regla de tres.
Los manipuladores de la propaganda, en una verdadera carrera hacia el Mar de la Mentira, parecen desconocer el valor de los adjetivos o deliberadamente los subestiman, si es que no tratan maquiavélica¬mente de ridiculizar a aquellos a quienes se aplican. En esto sucede algo parecido al hecho de salir un señor bajito, de un almacén de ropas hechas, vestido con un traje de las tallas más elevadas: todo el mundo se reirá del señor, y no del traje, por entender que aquél se había apro¬piado de algo que no le correspondía y que pudo tener mejor empleo.
Así pasa con los toros de bandera, que son, en rigor, muchísimos menos de los así calificados, por las razones antedichas y algunas mas que podrían aducirse.”

Un texte cruellement d’actualité.
Pour conclure : croisons ces dires avec notre actualité. Voici les détails des tiers de piques des cinq toros/novillos qui eurent les honneurs de la vuelta al ruedo sous mes yeux.

'Lobito' novillo de Flor de Jara, lidié à Vic-Fezensac le 30 mai 2009.
1. Part seul sur le picador de réserve, pour une brève rencontre, l’animal sortant seul.
2. Grosse poussée sur la seconde pique, poussant fort et progressivement la tête calée au milieu du peto. Colle le cheval aux planches avec beaucoup de puissance.
3. Placé à bonne distance, le novillo s’emploie correctement mais sans commune mesure avec la rencontre précédente. Il pousse par à-coups et donne de la tête.
4. Répète sa prestation précédente.

'Callejero 1' toro de Escolar Gil, lidié à Vic-Fezensac le 30 mai 2009
1. Placé près du cheval. Pousse très fort avec beaucoup de puissance la première pique. La charge est progressive et continue, malgré la longueur de la rencontre.
2. Placé à une distance correcte, il récidive une belle poussée mais moins puissante et moins soutenue.

'Bengala' toro de Manuel Assunção Coimbra lidié à Céret le 11 juillet 2009
1. Sur la très longue et très appuyée première pique, le toro pousse bien avec la tête fixe dans le peto.
2. Il repart seul au cheval pour une deuxième rencontre tout aussi longue, mais le bicho s’emploie peu et surtout avec beaucoup moins de puissance.
3. Enfin, sur la dernière rencontre il pousse peu et manque également de puissance.

'Bilanovo' toro d'El Pilar lidié à Bayonne le 7 août 2009
1. Part seul au cheval, pousse correctement mais manque de puissance.
2. Une petite pique, peu appuyée, le toro se laissant châtier sans broncher.

Novillo de Adolfo Martín lidié à Dax le 17 août 2009
1. Part au cheval sans être arrêté auparavant. Bonne poussée, progressive mais manquant de puissance. 2 trous situées dans la patte. Le novillo chute en sortant de la rencontre.
2. Placé à distance du cheval. Une petite pique, le novillo poussant correctement mais en manquant une nouvelle fois de puissance.

18 août 2009

Je ne vous salue pas Marie


Quand il fait chaud en Espagne, il se trouve un moment entre 14h et 16h où l’ombre n’existe que dans les cathédrales. Il fait alors si chaud que vous pouvez bien aller vous réfugier dans le village d’à côté, c’est pareil.
J’ai laissé mes copains à l’ombre des géraniums et filé vers le sud voir les Conde de la Corte (corrida mansa), Cortijoliva (une vuelta al toro) et Alcurrucén (supérieurs).

Ce matin du 16 août 2009, il doit bien faire 60 degrés à onze heures sur un trottoir à l’ombre à San Martín de Valdeiglesias. J’ai repéré un cyber bistrot en face, je veux des infos et rassurer ma famille.
Je traverse la rue en courant pour ne pas me faire attraper par le soleil.
Le cyber machin est tenu par une gitane avec laquelle je connecte immédiatement pour faire le tour de ma messagerie, les infos…
Sans sommation, je suis intercepté par cette image du Fundi au sol, les yeux grands ouverts, immobile, durant deux secondes je le crois mort, lui, le Fundi, mon icône. Le seul Torero de l’escalafón qui soit cramé de soleil, de campo, de cheval et de Toros. Le recordman des prix Popelin, l’aigle impérial de la Sierra de Gredos.
Et je clique sur la petite flèche à l’écran qui m’envoie la vidéo : Padilla qui prend un brin, et le Fundi d’abord « aux abris » dans le cou du Toro, la chute verticale, l’immobilité tragique.
Je ferme la connexion, règle 54 centimes à la caisse où je remarque un petit panier rempli de gros sel sur lequel sont posées des gousses d’ail.
- C’est quoi ça Madame ?
- Contre le mauvais œil.
Authentique…
Me revoici sur le trottoir, il fait au moins 80 degrés… Je m’en moque, je l’ai mauvaise. Hier, quinze août, jour de l’Assomption, la Vierge est partie prendre le frais et fêter son anniversaire avec des copains à St Sébastien et elle a préféré le Stade d’Anoeta et le but de Kaka au Tuperware d’Illumbe et elle n’a rien fait pour le Fundi. Marie, il faudra que nous ayons une discussion...
Cenicientos, il est Alcurrucén moins 130 minutes, à la terrasse d’un micro hôtel taurin, je tombe sur un apoderado qui vient de Roquefort et qui repart à Dax dans les bagages de Javier Cortés. On parle du Fundi.
Alcurrucén moins 80 minutes, à la peña Fuerte Movida, ils préparent leur concours annuel du plus gros mangeurs de yoghourts (!). On parle du Fundi.
Alcurrucén moins 35 minutes, je retrouve les Catalans de Céret, on parle du Fundi.
Alcurrucén : depuis trois ans ici, un élevage qui fait peur. Toujours encastés, parfois braves, deux Toros de vuelta ce soir-là. Les piqueros anticipent, partent vers le Toro, franchissent les 2 lignes pour réduire la distance et s’éviter un batacazo. Des toros de cinq ans souvent, un de presque six ans. Le tamaño est très sérieux. Deux Toros de vuelta, des piques assassines, de la bravoure et une solidité à toute épreuve. Trois années consécutives… troublante régularité.
A 19h, il ne fait plus que 70 degrés, on respire. J’ai une voisine de barrera, une mamie, son sac est rempli de latas de Kas naranja, Coca et Sprite. Les cuadrillas n’hésitent pas à faire le tour complet pour s’approvisionner et pour la saluer. Quand elle n’a plus de munitions elle en achète au distributeur itinérant. En bas c’est la guerre, surtout aux banderilles. La mamie logisticienne redouble d’efficacité, je n’ose pas lui demander si elle vient de Nazareth.

García Gimenez moins 22 heures, départ vers Bilbao en écoutant les noticias dans la nuit sur l'"août-ovia". On n’y parle pas du Fundi mais du Fandi qui va « susti-touiller » Morante de la Puebla. Trop tard, nos billets sont réservés. A Bilbao il fait si chaud qu'ils ont sorti le Txirimiri, sorte d’immense brumisateur dans le ciel capable de fonctionner même quand il ne fait pas chaud. Il est facile d’avoir des infos de qualité à la Federación Taurina de Bizkaia : le Fundi est rentré chez lui (ouf !) et les débuts de Bonijol sont salués ici comme un progrès attendu. L’empresa française est venue avec huit chevaux dont Kings, Icono, Pacha, Moise…
Autre innovation, un prix à la meilleure pique de la Féria sera décerné par un jury d’aficionados (un peu comme à Orthez !).
Les garcía jiménez n’ont pas mis en valeur les chevaux français, manque de poder malgré un batacazo davantage à charge du cavalier. Corrida encastée, parfois brave mais toujours à la limite de l’acceptable en terme de solidité. Impeccable función du Juli. On reviendra en fin de semaine.
Alain Bonijol, ici, à Bilbao, presque une satisfaction personnelle, on a bouffé du Fontecha si longtemps qu'on pourrait bien chanter la Marseillaise dans les gradins.
Mario 'El Ubano' Tisné

Adolfititos encastaditos


Depuis quelques années, il est fréquent d'entendre de la bouche des aficionados que l'élevage d'Adolfo Martín (Albaserrada) est à la dérive par excès de surproduction (entre autres). Et tout cela n'est pas faux. Les ultimes sorties venteñas tendent à prouver que les "saltillos" de "Los Alijares" traversent un moment difficile qui met en peine ceux qui ont aimé et vu un jour la caste et les qualités de ces toros.
Hier à Dax, les aficionados ont entrevu cette caste dans les six novillos envoyés par le ganadero. Une caste mêlée de vraie noblesse pour certains, plus pesante et plus dangereuse pour le quatrième du lot. Une caste malheureusement bien amoindrie par une présentation à la limite du flaco qui engendra une vraie faiblesse au cheval car il n'y eut réellement pas de tercio de piques dignes de ce nom. C'est là l'immense bémol de cette course qui semblait avoir envie d'en découdre au premier tiers mais qui ne pouvait finalement pas (à noter que les chevaux de la cuadra Heyral paraissent parfois bien trop imposants) et qui connut, pour certains novillos, la malchance de subir l'exécution moderne du tercio de varas, à savoir des puyazos longs, destructeurs et fort mal placés. Une constante de l'été 2009 de toute façon.
Les adolfos n'étaient encore que des adolfititos mais leur caste et leur piquant ont permis d'assister à une course intéressante de bout en bout ; un intérêt également permis par trois novilleros qui se sont accrochés malgré de vrais défauts inhérents à leur âge mais également à leur apprentissage dans lequel la distance, le croisement et l'étude des terrains occupent la portion congrue.
Une vuelta incompréhensible fut accordée au cinquième novillo... Ces choses-là aussi deviennent malheureusement une constante de nos pérégrinations taurines.

>>> Retrouvez une galerie de cette novillada sur le site, rubrique RUEDOS.

Photographie Un novillo d'Adolfo Martín à Dax © Camposyruedos

NB
Merci à la commission taurine de Dax pour le remboursement des 10 centimes de la visite des corrales...

17 août 2009

Basque week-end


Bal sans eux
La temporada avance et j'ai beau chercher, je ne me souviens pas d'une tarde à même de me laisser un souvenir digne de figurer sur la première page de Burladero ou Mundochoto : des toreros a hombros accompagnant un mayoral, ivres de triomphe. Depuis début 2009, je vois parfois des toreros, parfois des toros, mais toujours dans un bal où l'on se frôle sans jamais se rencontrer.
Mu par la foi qui déplace les aficionados, me voici en terre basque un 15 août face à un dilemme : Roquefort, Dax, San Sebastián, Bayonne ?* Tout le monde semble s'être donné rendez-vous samedi autour de Morante à Bayonne. Je sais que la belle ne viendra pas, mais j'y file tout de même, car on n'a pas toujours la force d'avoir l'esprit de contradiction. Antonio Bañuelos a déployé 6 toros comme ça face à Aparicio, Manzanita et Miguel Tendero remplaçant "l'irremplaçable" Morante. A posteriori, il est facile de dire que personne ici ne jouait sa place face à quelque concurrent que ce soit : le "liant" Morante entre Aparicio et Manzanita a fondu sous la canicule remplacé par une brique réfractaire. Précautionneusement installés à l'ombre sous la protection du clergé en soutanes noires, très cinéma italien d'antan, nous avons assisté à ces courses au kilomètre dont je ne lis plus les comptes rendus. Sosería, démotivation... Ennui, malgré l'entrain clérical du rang au-dessus. Sous le soleil de Satan ce jour, le journal du torero de campagne n'avait rien de l'ouverture de la mer rouge un jour de retours de vacances et les murailles de Bayonne et de Jéricho ne frémirent que d'ennui. Que venaient faire ces 3 personnes en ce lieu ? Bonne question. Profiter de la magnifique musique ? Tendero, inédit pour moi, me laissa une très vilaine impression de vulgarité pueblerina : toreo pa' fuera, pico, seul un temple droitier à sauver. Insupportable. Festival de bajonazos ovationnés, rideau ! Puni là où j'ai péché.

Dimanche pluvieux autour de Bayonne, cap sur Bilbao ensoleillée par l'autoroute Gran Turismo qui serpente, monte et descend de la frontière à la capitale de Biscaye. D'attendu le Fundi encore malheureux la veille, passera au statut d'absent regretté. Florent comptait 6 accidents divers cette année pour celui de Fuenlabrada.
Le soleil inonde le casco viejo, puis se voile à l'heure de rejoindre Vista Alegre à travers le canyon urbain de l'autre rive du Nervión. La plaza de toros constitue toujours une véritable rédemption pour ce lieu.
Antonio Barrera substitue le Fundi comme un autre remplaçait Morante la veille. Sur le mâchefer, le costume du Sévillan, rouge "reliure cuir de Toros" offrait un contraste extraordinaire, une véritable splendeur. C'est déja ça. La Quinta avait envoyé un lot cuajado, présenté, dont la caste tenta de faire oublier la faiblesse : la corrida tint debout mais les toros eurent tendance à baisser physiquement. Barrera lassa plus de dix minutes à chaque faena. Sergio Aguilar se présentait. Il fit face à un second toro peut-être affublé d'un défaut de vision, plutôt presbyte que myope mais qu'il toréa de près. Peu croisé au 5ème, coletero, calcetero, faible mais brave, il persista dans sa tauromachie étouffante et courageuse alors que le toro attendait qu'on lui offre la distance pour donner plus. Si Tendero avait des allures de pute créole dans un bordel de la Nouvelle-Orléans, Aguilar évoque plutôt une Infante d'Espagne du XIVè allant prendre le voile dans un sombre couvent Castillan. Iván Fandiño sauva la course au 3ème qui ne supportait guère que 3 ou 4 passes par série. Sans fioritures, classique et sincère, il coupa une oreille grâce à deux séries droitières de classe avant et après avoir changé l'épée. Le 6ème n'offrait rien d'autre qu'un triste final. Certainement le pire du lot.

Même les trains de nuit n'attendent pas. Au moment de sortir, les vieux étaient accoudés à la rambarde filant le long de la rue qui monte au dessus des arènes. Les photographes sérieux se régalent à Bilbao.

>>> Vous pouvez d'ailleurs retrouver sur le site, rubrique RUEDOS, les galeries des corridas bayonnaises d'Ana Romero (8 août) et d'Antonio Bañuelos (15 août).

* Je sais que tous ces lieux ne sont pas stricto sensu au Pays basque.

El Fundi


La blessure d’un torero peine toujours les aficionados. C’est une évidence, mais, et c’est humain aussi, certaines émeuvent et nous touchent plus que d’autres. Nous avons beau ne pas être superstitieux, la série noire qui touche cette année le Fundi nous fait prendre conscience du temps qui passe et de l’impossibilité de maîtriser nos destins.
Et puis il faut dire que le Fundi, c’est un peu la France. C’est même beaucoup la France. Ses débuts arlésiens. Les miuras des années 90, des monstres de sauvagerie, de puissance et de genio, tellement différents de ce qu’ils sont tristement devenus.
Ses compagnons d’alors, Victor Mendes vieillissant, Christian Montcouquiol salement accroché. D’ailleurs je ne sais plus s’ils ont un jour partagé l’affiche. C’était également les débuts de Stéphane Fernández Meca. Ruiz Miguel était déjà sur le départ. Le Fundi, lui, prenait son envol.
Nous ne sommes pas superstitieux. Encore que cela aussi demande à être confirmé… Jérôme, le jour où tu as publié ça… Qui aurait pu dire ?

Je n’ai pas peur des chats noirs. Je n’hésite pas à passer sous les échelles. Je n’ai pas de chapeau. Mais si j’en avais un, je n’hésiterais pas à le laisser traîner négligemment sur mon lit. Même si Rafael de Paula, Rafael Soto dans la vie, trouve ça d'une incroyable laideur et à la limite du supportable.
- Rafael Soto, superstitieux ?
- Non, moi je dirais que non ; lo normal.
Et moi, là, à force, je vais vraiment finir par me poser la question, au-delà du normal.
Je sais. Tu va me dire qu’il ne s’agit pas de superstition, mais de prédictions, ou de visions. Tu as raison, mais je trouve qu'il y a quelque chose de rassurant à entretenir la confusion. Sait-on jamais.

Suerte
Maestro.

El Fundi

16 août 2009

Vamos a la playa...


Collioure, 15 août : sous les rochers, le sable et sur le sable 6 Coquilla 6.

Collioure, la merParentis, une semaine plus tôt, le numéro 83, un novillo du même fer clôt la novillada concours. L’animal laisse deviner des qualités. Il s’engage avec bravoure, prend trois piques, raccompagne aux planches les banderilleros et charge dans la muleta avec noblesse. Une seule ombre au tableau, sa faiblesse. Rien de transcendant, juste une de ces bestioles qui s’immisce sournoisement dans un crâne aficionado. Une lancinante étincelle, la lueur d’espoir qui pousse à caracoler de plazas en arènes et d’arènes en plazas.

- Tu ne vas quand même pas y aller ?
- Où ça ?
- Ben, à la novillada !
- Et pourquoi pas ? Pour une fois que ça se passe à un jet de banderille ! La voiture peut rester au parking et on arrive en train.
- Mais enfin, c’est une arène de plage !!!
- Et Parentis, c’est la banlieue de Clermont-Ferrand ?
- Parentis ? Rien à voir ! C’est l’océan, c’est… grand, c’est sérieux. Alors qu’ici, c’est… la plage de la mer.
- Et les
coquillas de Sánchez Arjona, les frangins du 83, c’est petit ça ?
- D’accord…
Vamos a la playa

Samedi 15 août, 17h00, départ d'Argelès. Une ligne droite, un virage, un tunnel, le TER commence à freiner. Sitôt retrouvé la lumière du jour, il stoppe net. La placita métallique installée à l’année jouxte la gare. Les portes s’ouvrent quasiment au milieu du ruedo. Un voyage de 5 minutes, dès la descente on est dans le bain !

Collioure, novillada du 15 aoûtLes chevaux sont attachés, au frais, à des anneaux ancrés dans un mur qui longe le quai. Les picadors choisissent leurs palos tranquillement et montent les piques en papotant. Aucun stress. L’alguazil détend sa monture. Déambulations et salutations d’usage. ¡Hola Javier! ¿Como estas? Gentiment, l’éleveur nous donne le sorteo : 71, 82, 81, 88, 78 et pour finir le 84. ¡Suerte! Les premières cuadrillas arrivent, à pied, depuis l’hôtel en face. On signe quelques autographes en posant pour les photographes. On ne se bouscule pas au portillon. Cinq cent mètres plus bas, c’est l’effervescence du sea, sex and sun estival conjuguée à l’ambiance bodega, feria, Catalunya.

Sur les tendidos, pour le « 5ème Trophée de l’Anchois », on n’est pas serrés. Excellent choix, l’anchois ! Ça va nous changer de la sempiternelle sardine qui alimente le vivier des chroniques dernièrement…
Le paseo débute. Les chemises vives des monosabios tachettent la piste. Rude journée pour la cuadra Bonijol : Roquefort, Béziers, Bayonne, San Sebastían, Bilbao… Il va falloir cavaler, les gars !
Les novilleros défilent lentement, laissant filer leurs pensées vers le large. Il est trop tard pour les doutes. Trop tard Marco ! Comme à Riscle, il y a quelques jours, Marco Leal n’entend pas. Sa tauromachie se cantonne dans l’incertain et l’approximatif. Juan Luis Rodríguez, plus classique et posé, tire partie de ses deux adversaires. Il coupe une oreille à chaque novillo, remporte le prix et sort en triomphe. Le plus novice, Miguel de Pablo compense son inexpérience par une envie exubérante. Il coupe l’oreille de son second. Le palco restant ferme face à la pétition appuyée d’un public en partie néophyte.

Collioure, la gareC’est le bétail qui a ôté toute saveur au « 5ème Trophée de l’Anchois ». Côté trapío, rien à dire. Les trois derniers novillos sont supérieurs à tous ceux présentés dans cette arène depuis quelques marées d’équinoxe. Les cornes paraissent cependant bien courtes, bien rondes, plus bigorneau que Coquilla. Soit, ils ont toujours eu peu de tête dans cet encaste… Désormais, ils n’ont plus de jambes. A peine sept piques ou picotazos. Quelle faiblesse ! De la caste comme fond de sauce mais le plat reste fade.

L’intention des organisateurs est pourtant bonne. Impossible de s’égarer en présentant ce type de ganadería qui contente les aficionados. Autant poursuivre sur cette voie.

Pour tous les autres… Vamos a la playa…

14 août 2009

Parentis 2009, cuvée « Cul de bouteille »


L’ADA fêtait cette année ses 20 ans et pensait s’offrir un grand cru. Tous les ingrédients étaient rassemblés : un concours avec des fers de grand millésime et une novillada du Raso de Portillo venant après deux cuvées exceptionnelles (2007 & 2008). Tout semblait donc réuni pour que l’alchimie prenne à nouveau et fasse de l’appellation Parentis une des meilleures de nos caves aficionadas.
Oui mais voilà, un grand cru ne s’obtient pas sur rendez-vous et, malgré tout le savoir-faire de l’ADA, de la cuvée 2009 ne restera en bouche qu’un goût acidulé tirant vers l’aigre. Tout ne fut pas mauvais, loin de là, mais les saveurs manquèrent de coffre et se firent manger par les pointes âcres qui surgissaient de-ci de-là. Ce vin avait-il tourné ? Peut-être. Mais qu’il s’agisse d’un vin ou d’une féria, les causes sont multiples et jamais simples. Et une bouteille ne saurait remettre en cause la réputation d’un château gagnée à la force des années.

Première vendange, le concours
C’est une histoire de bouteille. Vous savez l’histoire de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Personnellement, j’ai vu le concours du côté vide mais de nombreux amis l’ont vu, eux, du côté plein. Cela dit, une fois croisées les analyses, nous étions tous d’accord. Examinons la bouteille : (Plein/Vide)

Partido de Resina
De très belle présentation et parfaitement dans le type, ‘Cometero’ manque de fixité lors de sa sortie. 4 piques en s’élançant à bonne distance, avec un magnifique galop rempli d’alegría. Il entre très fort dans le cheval, maintient la tête fixe dans le peto mais s’arrête vite de pousser. Lors du tiers de banderilles, il dévoile sa belle mobilité tout en exposant une charge désordonnée, saccadée. Bouche ouverte dès le début de la faena, il fait étalage d’une belle noblesse. Malgré sa mobilité, son manque de classe persiste et s’ajoute au manque de sauvagerie. Combat quelque peu fade. Au bilan, un novillo de bon fond à qui il manquait quelque chose : puissance ou sauvagerie, peut-être un peu des deux. Malgré tout, ce partido fut largement au-dessus de ceux vus dernièrement et laisse entrevoir l’espoir.

Prieto de la Cal
Bien présenté, ‘Carasucio’ en impose par sa présence. La sauvagerie semble hanté son corps et son âme ; sa tête tremblant à la vue d’un potentiel adversaire. Présenté très près du cheval, il ne s’emploie pas ou peu (puya trasera et carioquée). Placé plus loin pour la seconde, il reçoit une petite pique sans pousser. Sur les deux piques suivantes, il poussera un peu plus mais par à-coups en finissant par donner de la tête sur la dernière. Le très mauvais picador n’aida pas ce premier tiers mais l’animal semblait manquer de puissance dans l’exercice et ne s’employa jamais complètement. Je dois m’arrêter ici puisque cuadrilla et novillero laissèrent ce prieto inédit. Dommage car sa caste semblait vouloir parler.

Moreno de Silva
Bien présenté, ‘Vivillo’ est un joli cárdeno. Nerveux, il est d’abord abanto, ce manque de fixité s’avérant très surprenant pour son encaste (Santa Coloma/Saltillo). Sur la première pique, il commence à donner de la tête avant de pousser fixement. Cette pique fut la plus poussée de l’après-midi et la seule prise avec puissance. Sur la seconde, le moreno alla a menos, le poder s’étant envolé. Enfin, une troisième rencontre non piquée et furtive. Après avoir accusé le premier tiers et commis quelques génuflexions, ‘Vivillo’ se reprend pour finir fort le second tiers. Doté d’une bonne charge sur les deux cornes, museau sur le sable, il étale sa belle noblesse et démontre ses qualités pour le dernier tiers.

Guardiola Fantoni
Très bien présenté, ‘Bello’ est un toraco d’une prestance à rendre jaloux bon nombre de ses confrères plus âgés. Nerveux, le bestiau expose malheureusement une vilaine charge en donnant de la tête. Il part seul au cheval pour une brève première rencontre de laquelle il sort également seul. Sur la deuxième, il se fixe et pousse correctement, la tête a mi-hauteur. D’un beau galop, il part pour la troisième et récidive sa performance précédente avant d’aller nettement a menos sur les deux rencontres suivantes. Une cinquième pique lui étant même proposée alors qu’il sort seul de la quatrième (?). Arrêté par la suite, il ne se livre pas, se cantonnant à des demi-charges avec quelques coups de tête au passage.

Moreno de la Cova
Très bien présenté. Nerveux, abanto, ‘Alartón’ fait une vuelta de campana avant l’entrée en piste du cheval. Il prend tout d’abord une petite pique en donnant de la tête tout en poussant correctement. Idem sur la seconde (sortant seul). A menos sur la troisième (idem). Quatrième pique du même acabit, sans surprise. Par la suite, le novillo reste arrêté sans se livrer.

Coquilla de Sánchez-Arjona
Bien présenté, ‘Decorado’ laisse entrevoir de grandes qualités par sa charge mais également quelques soupçons de faiblesse. La première pique est bien poussée, tête fixe dans le peto. Le novillo accuse le coup et saigne abondamment, ce qui ne l’empêche pas d’entrer très fort dans le peto à la deuxième rencontre mais l’empêche sûrement de s’employer comme il l’aurait désiré. Petite troisième pique qui finit de confirmer son manque de puissance dans l’exercice. La suite est la confirmation des prémices : un grand fond mais sans force pour l’illustrer.

Le prix du meilleur novillo fut accordé à ‘Vivillo’ de Moreno de Silva. Sans être exceptionnel, il était en effet le novillo de meilleur fond. Mais le fait d’aller a menos au premier tiers me fait pencher du côté vide de la bouteille quant à l’attribution du prix. D’autant plus que le règlement de la novillada concours stipulait que « Le gagnant du concours devra avoir été piqué 3 fois. » Le novillo, s’il est bien rentré trois fois au cheval, ne fut piqué que deux fois. Il ne pouvait donc gagner le concours. J’insiste sur ce fait car l’on voit la bravoure de plus en plus définie comme le simple fait d’aller au cheval. Or ceci n’est qu’une partie de la bravoure. Aller au cheval et s’employer sous le fer c’est tout de même autre chose. Quelque chose de bien plus valeureux...

Deuxième vendange, Raso de Portillo
Fort nombreux étaient ceux qui allèrent aux arènes la bouteille pleine d’images. Des images illustrant les tiers de pique de l’an passé. Grand et impérissable souvenir qui a, c’est certain, compté dans notre déception du jour. Nous nous attendions à une novillada de premier tiers et avons eu une novillada de dernier tiers. Peu importe. Ou d’autant mieux, diront certains, un tiers restant un tiers. Certes, mais il y eu bien d’autres faits qui entachèrent le tableau. Sans entrer dans les détails, puisque ceux-ci vous seront exposés très prochainement, il y eut une nette déficience de présentation, notamment au niveau des cornes, ainsi qu’une faible volonté des hommes en piste. Enfin presque, puisque Santiago Naranjo avait de la volonté à revendre... Mais pour quoi faire ? Toréer le public et porter des bajonazos ! Mejor ni hablar. Il paraît qu’il faut remercier le président de ne pas lui avoir concédé d’oreilles. Il aurait manqué plus que ça ! C’est fou ces temps-ci comme le normal a tendance à passer pour de l’exceptionnel... Bref, revenons au bétail à proprement parler.

Pour rompre la plaza, nous eûmes droit à un joli castaño mais à l’allure étrange, semblant cacher de sérieux problèmes locomoteurs. Une pique et puis s’en va l’homme au castoreño. Le pire, c’est qu’il était bon ce novillo ! Mais sans force et avec un handicap, les qualités ne servent pas à grand-chose.
Le second, bien dans le type, fit une sortie furieuse. Le temps de se frotter les mains et patatras ! Pas de bravoure au cheval, seulement des coups de têtes et très vite on s’arrête. Mais ensuite on remonte, la fijeza étant exemplaire, la charge bonne. Malheureusement, la puissance fait défaut et le résultat reste fade. Pas de quoi se resservir un verre.
Le trois nous plongea un peu plus dans le brouillard et ce dès sa sortie. Non qu’il fit étalage de mauvaises manières mais ses cornes étaient très abîmées. Nous ne sommes pas habitués à cela ici et j’avais beau regardé dans des culs de bouteilles, rien n’y faisait : ces cornes étaient laides. Rien au cheval puis de belles qualités de dernier tiers : noblesse, fijeza, charge piquante, répétition.
Ce coup-ci, c’était sûr, pour la dernière partie de la course nous allions retrouver nos rasos de 2007 et de 2008. Allez ! un petit verre pour s’encourager et sortie du quatrième. 4 piques. Ah ! vous voyez ! Non je ne vois rien de bon. De la puissance, certes, mais point de bravoure. Il tarde à s’élancer, gratte, donne des coups de tête dans le peto. Une brute mais pas un brave. Pour le reste, point d’interrogation. L’ami Guzmán ne voulut pas le voir. Pourtant, comme ses frères, sa charge paraissait claire, la tête fixe dans l’étoffe. Nous n’avons sûrement pas dû savoir bien voir.
Carlos Guzmán eut une troisième chance, histoire de se rattraper, son compagnon étant vilainement secoué par le cinquième (El Quiñon) lors de sa réception au capote. Lidia très désordonnée, tous se préoccupant de l’homme étourdi mais personne du bestiau. Résultat : 4 piques a menos. Comme son prédécesseur, de la brutalité, du poder mais pas de bravoure. Même cause, même effet, Carlos, sans esquisser une passe, entre a matar. Et il fallut qu’un spectateur bien mal intentionné lui fasse le quite de la bouteille pour qu’il échappe à une bronca qui s’annonçait monumentale.
Pas de miracle pour la dernière récolte. 3 piques sans s’employer. Toujours une grande fijeza mais de la réserve, beaucoup de réserve, sa mobilité faisant quelque peu illusion.

Vous comprendrez qu’il n’y avait pas de quoi vider sa bouteille. Et pourtant, au cinquième novillo, un spectateur exaspéré par le travail (ou l’absence) de Carlos Guzmán lança en piste une bouteille vide. Malo, malo, muy malo. D’autant plus que la cuvée Parentis 2009 n’était pas un grand cru. Vider une telle bouteille, quelle faute de goût !