31 janvier 2009

Fracaso et torería


Séville, avril 2007
Il avançait sur le sable tel un spectre plein de vie intérieure, seul au milieu de la multitude vociférante, ses peones s'entrechoquant derrière lui dans leur difficulté à suivre cet être de vie et de néant dans sa procession ralentie. Il regardait le soleil la tête baissée, le menton, comme pendant la véronique, enfoncé dans sa poitrine. Il marchait sur la litière de coussins, passant par-dessus les premières ombres, sous les derniers rayons, sans rien perdre de sa gloire ; couvert d'or, de sueur, de lumière et de sang ; allant, sous la chute des astres, d'un pas lent, presque arrêté, à l'extrême limite du silence, de ce même pas qui, pour les hommes qui ne s'enveloppent pas d'un suaire, marque l'ascension vers le point le plus précieux de la vie.
L'échec s'évanouissait, telle la fumée d'un clop dans les songes, au fur et à mesure que l'homme disparaissait sous l'alignement de ses pas, laissant s'imprimer sur la rétine à demi-fermée, comme dans un rêve, le plus beau moment de torería de la féria.

30 janvier 2009

Ida y vuelta, correspondance flamenca (II)


Diego Carrasco

Bonsoir Ludo,

Je te "maile" les premières photos du concert de Diego Carrasco, un grand moment, de guitare, mais, pour le néophyte que je suis, surtout de chant. Sur l’une d’entre elles on le voit toréer de salon. J’étais trop proche de la scène et n’ai pu en faire qu’une seule d’acceptable. Mais il a donné trois ou quatre passes, vraiment bien tu sais, cargando la suerte, corriendo la mano et avec un vrai empaque ! D'ailleurs ça m’a fait penser que j'avais été très surpris par Juan Andrés Maya à la Casa Patas. Il avait toréé de salon également… Pero muy mal ! Malísimo !
Diego Carrasco, lui, a beaucoup plus de planta torera que Juan Andrés. Déjà il s'appuie sur la bonne jambe. Alors forcément ça prend immédiatement une toute autre dimension.
Au cours du concert il y a eu une autre génialité. Le maestro a demandé à boire, mais pas une vulgaire bouteille d'eau minérale. Il a demandé un verre de rouge figures toi. Un tinto qu'il a partagé avec son fils qui l'accompagnait. Nous avons tous adoré cet instant. Et le public a applaudi, ravi. C'était bien de le voir boire un verre de rouge, comme ça, juste pour le plaisir, sur scène. Il s'en est presque excusé en disant que normalement ça ne se faisait pas de boire du vin ainsi, mais que là, on était en famille, alors il se le permettait. Il a bien fait ! Tu connais mes sentiments sur la période hygiéniste que nous traversons.
Diego Carrasco en a profité pour nous présenter son fils et nous a dit son bonheur de pouvoir se produire avec lui. On le comprend. Et sur scène, leur complicité saute aux yeux.
Le fils Carrasco, il a des airs de José Tomás, avec des cheveux longs, et en plus il sourit. Je ne sais pas trop si les gens s'en sont rendu compte. Lui, il n'a pas toréé de salon et c’est bien dommage. J’aurai été curieux de voir jusqu’où pouvait aller la ressemblance avec Tomás. Pour la soirée avec la Rubia et Luis de Almería sur laquelle je vais revenir je te disais que la lumière était la pire que je n’avais jamais eu. Il faut vraiment que j'arrête d'écrire des choses pareilles, car aujourd'hui c'était... pire. Je ne sais pas jusqu'où on va aller comme ça. D’ici qu’ils nous finissent à la bougie…

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François,

Bon, tu sais, l'autre soir, après ta reseña de la soirée où Diego Carrasco fit fumer dans sa guitare un revuelto de duendes asados sur la scène du théâtre il m'est revenu quelque chose, comme une rétro-olfaction. Je m'explique. Tu me dis que Diego est sorti sur scène avec un verre de vin à la main, pour honorer son autoconsécration :
"Me llamo Diego Carrasco de Nîmes de la Frontera" (tu corriges si je me trompe). C'est drôle mais il y a de cela quelques années le cantaor Paco el Lobo, parrain de la peña Jeune Afición de St-Sever, flamenco au verbe de titi parigot et homme de bien, nous racontait qu'il voulait concourir à la lampara minera de la unión (ancienne ville minière de la province d'Almería qui accueille chaque année un concours national de cante, un des plus prisés) mais qu'il n'était pas question qu'il monte sur scène avec un vasito de fino ou de "güiski" et qu'il avait l'intention de "brindar" au public un joli ballon de pomerol. L'histoire ne s'écrivit pas comme cela mais finalement c'est un hommage inconscient que Carrasco fit au Lobo. En tout cas c'est comme cela qu'il m'a touché.

29 janvier 2009

Ida y vuelta, correspondance Flamenca (I)


Je vous avais annoncé une bonne surprise dans la foulée du festival Flamenco de Nîmes. Voici, Ludovic Pautier 'Le Ciego' sera notre complice sur Camposyruedos le temps de vous entretenir de ce que nous avons vécu ici. Ludo n’était pas à Nîmes. Alors je lui ai fait parvenir au fil des jours quelques photographies, en lui faisant part de mon ressentiment très personnel sur ce que j’ai pu photographier. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Ludo c’est Le Ciego de Los Pinchos del ciego, un fondu de flamenco, de cante jondo et de baile. Un fondu qui, à notre différence, possède une véritable culture de la chose qu’il a bien voulu nous faire partager...

Rocío Molina

Bonsoir Ludo,
Voilà, nous venons d’achever notre festival Flamenco nîmois, avec « Mujeres » qui nous a offert trois générations de danseuses : Merche Esmeralda, Belén Maya et Rocío Molina. Je regrette simplement de ne pas avoir eu l’occasion de voir Israel Galván la veille. Tous les échos que j’ai pu en avoir ont été très enthousiastes.
Comme tu le sais j’ai un immense faible pour Rocío Molina après l’avoir découverte l’an passé ici même. En 2009, bis repetita, j’ai été littéralement scotché. A mes yeux et à mes sens elle éclipse tout le reste.
Je suis définitivement et irrémédiablement amoureux de Rocío Molina ! Ce soir j'étais avec Manuela qui en plus adore la danse contemporaine. Et pour elle aussi, comme pour la première fois ce fut un choc. Arriver à moderniser ainsi et conserver cette émotion intense et profonde, c'est hallucinant. Evidemment je regrette de ne pas avoir pu photographier. Otra vez… En contrepartie j’étais confortablement installé, avec plusieurs fois cette envie de gueuler "Ooooolé !" Mais gueuler tu sais ! Vraiment gueuler, comme à Las ventas. Pas le "Olé" chuchoté et raffiné des flamenkitos pendant leurs actuations. Non, un "Ooooolé" puissant et brutal qui te sors des tripes, un "olé" de sauvage que je dois être ! ¡Viva Rocío Molina! Ensuite, tu as vu, sur le blog un intervenant de passage, d’un ton un tantinet condescendant, a laissé entendre que c’est du « commercial ». Peut-être, mais franchement je m’en fous. Tu me diras.
Ah, une dernière chose. J’ai croisé très peu de gens du monde des toros pendant ce festival. Plus le temps passe et plus je constate que les deux univers ne sont pas aussi intimement liés que ce que nous pourrions le penser.

Un abrazo,
François

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François,
Personnellement, pour avoir vu Rocío à Mont-de-Marsan, elle m' a impressionné. Elle est dans la lignée de ceux qui veulent "rompre les moules". Alors peut-être que certains tenants de la pureza, ne sachant comment appréhender cela, la taxent de commerciale. Je n'y crois pas un seul instant. Elle est de la trempe des Israel Galván, bien que je considère ce type comme un génie. (Il a réussi à retourner tout le monde ou presque. Ce qui n'était pas gagné. Tu sais, les mêmes tenants d'une même pureza ont fermé leur bouche quand ils ont vu que ce type était considéré par le fils du grand Terremoto de Jerez. L'hérésie ne pouvait se trouver au sein du temple. Les pharisiens tombèrent les masques. Et Diego Carrasco, et l'immense bobote qui l'adoube en jouant sur scène avec lui ! C'est grandiose.)
Ensuite il faudra voir comment elle évolue. Israel a fait avec "La edad de oro" un grand pas en maintenant son "discours", sa faena, tout en l'incluant dans un dispositif et un respect des codes les plus traditionnels . Aucun artifice, cante devant, guitare et danse. Et lui qui balance son baile à faire hurler les pseudos puristes ! ¡Ole sus cojones!
Donc pour moi, Rocío est de la rosée du matin qui vient. Puisse-t-elle ne pas s'évaporer.
Quant aux gens des toros... Beaucoup voient un baile et disent "Javier Conde". Alors évidemment, le chant est tellement hors de la sphère des canons binaires de la musique occidentale qu’on peut concevoir qu'ils n'y entendent que fausseté et distorsion. Il y a pourtant beaucoup de parentés (réelles d’ailleurs, voir Cagancho ou Gitanillo de Triana), je te laisse un lien.
Et il y aussi un livre de Jean-Marie Lemogodeuc (épuisé et ancien hélas) et un nouveau qui vient de sortir chez L'harmattan. Et je m'en voudrais de ne pas citer mon ami Mathieu Sodore, puits de savoir dans les deux arts.

Un abrazo
,
Ludo

PS : un lien vers Jean-Marie dont le livre a en fait été édité en 2002. C'est chez Atlantica :
http://www.priceminister.com/offer/buy/1058457/Lemogodeuc-Jean-Marie-Flamenco-Et-Tauromachie-Catharsis-Et-Discours-Amoureux-Livre.html
L'ouvrage auquel je faisais référence était un vieux Puf (sur le flamenco) dans lequel il abordait déjà flamenco et toros :
http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/lemogodeuc-moyano/le-flamenco,877567.aspx
Chez L'harmattan c'est Sandra Alvárez qui a écrit sur le thème. Je ne l'ai pas lu, je compte le commander mais en cherchant sur Internet, regarde ce que j'ai trouvé :
http://crec.univ-paris3.fr/membre.php?membre=ALVAREZ%20Sandra

26 janvier 2009

Analyse des encastes (IV) - France / Espagne


Comparer les deux modèles européens peut paraître, à première vue, hasardeux. Chacun présente des données caractéristiques bien différentes, le tout évoluant dans des environnements distincts. Il paraît toutefois intéressant de passer outre ces dissemblances, comme par exemple la différence quantitative de toros lidiés (en première catégorie, sur une période de cinq ans, 6 144 en Espagne contre 1 925 en France), pour tenter de jauger les caractéristiques propres à chaque pays.

Globalement, le modèle français est très semblable à l’espagnol. Les chiffres se passent de commentaires d’un point de vue global.
Côté représentativité des encastes, les deux schémas présentent le même nombre d’encastes (5). La seule nuance notable consiste en une visibilité plus forte des groupes d’origine Vistahermosa influencé Parladé (Albaserrada/Santa Coloma) en France, avec 12 % contre 8,5 % en Espagne.

Concernant les encastes visibles (part de marché supérieure à 4 %), la représentation française est pratiquement identique au modèle général des novilladas (cf. analyse III). A savoir une forte augmentation de l’encaste Santa Coloma contre une baisse du sang Núñez.

Ici, on peut également noter en France l’émergence de l’encaste Atanasio Fernández. Mais l’analyse brute du chiffre est trompeuse, le phénomène de la langue bleue venant truquer cette valeur. En effet, l’étude porte sur cinq années (2004 > 2008), dont trois de langue bleue. Pratiquement exclusivement implanté dans le Campo Charro, soit en zone libre, l’exportation de ce bétail vers la France fut donc autorisée, et lui profita. Ainsi, l’évolution de l’encaste Atanasio Fernández en France sur la période est particulièrement éloquent, passant d’une moyenne de 7 % hors période de langue bleue, à 20 % lors du blocage des frontières aux zones touchées par la maladie. En replaçant ce chiffre dans son contexte, on s’aperçoit alors que l’Atanasio Fernández est aussi présent, voire moins présent en France qu’en Espagne.

Enfin, pour achever cette vue globale, traitons de la représentativité des encastes mineurs, ceux dont la part de marché se situe entre 1 et 4 %. La France en compte 11, tandis que l’Espagne en présente 13. Soit, rapporté au nombre de toros combattus dans chaque pays, une diversité en nombre d’encaste aussi importante d’un côté des Pyrénées que de l’autre.

Côté différences, la France offre aux aficionados la possibilité d’observer quelques encastes très difficiles à voir en Espagne, comme les Vega-Villar et les Pinto-Barreiros. Mais le phénomène inverse est d’autant plus vrai, avec les encastes Murube, Pedrajas, Corte-Atanasio et Villamarta, exceptionnels chez nous.


Outre la comparaison du schéma général, le parallèle France / Espagne devient encore plus pertinent lorsqu’on différencie les types de spectacles. Le zoom sur la novillada et la corrida permet de mettre en perspective les spécificités des deux pays, et donne une meilleure compréhension de ces deux cultures face aux toros.

Débutons par les corridas. Une représentation assez fine des encastes donne une représentation des parties visibles des deux pays, en six encastes. Six encastes qui englobent à eux seuls quatre toros sur cinq ! Avec une segmentation plus large, ce chiffre est encore plus cruel : en France, statistiquement, il faudra aller voir cinq corridas pour apercevoir six toros autres que d’origine Domecq / Atanasio / Santa Coloma-Albaserrada. L’Espagne jouit, quant a elle, d’un modèle légèrement plus riche, en incluant la présence de l’encaste Núñez dans le modèle générique répétitif.

Mais, quel est donc ce toro résiduel ? Reliquat de nos cinq premiers. Indéfini ! Un, parmi une longue liste. Il est la part de diversité que présentent actuellement les corridas, que ce soit en France ou en Espagne. En quelque sorte, c’est une pochette surprise. Et comme tout ce qui est rare, il se goûte avec délice, même si sa saveur reste des plus banales.

Là est le fondement du romantisme taurin, un extrême, qui trouve sa source dans un autre extrême : l’homogénéité. Qu’y a-t-il de plus naturel que de valoriser la rareté ? N’est-ce pas là le critère du précieux ? Le souci est qu’en matière commerciale, pour que ce raisonnement s’applique, il ne faut pas que la rareté soit une conséquence des lois du marché. A savoir, si un produit est peu répandu en raison de la pauvreté de ses qualités, la faiblesse de sa diffusion ne peut en aucune manière constituer une richesse. Traduction taurine : si un encaste est devenu mauvais et en conséquence peu commun, il ne peut être considéré comme recherché. Et pourtant !

Un exemple, les Vega-Villar. Qui peut affirmer que cet encaste est à l’heure actuelle d’une grande qualité ? Personne. Pourtant, voir une corrida de Vega-Villar est plaisant. Oh ! Pas chaque dimanche, mais une fois tout les deux ou trois ans, la chose me paraît intéressante. Pourtant le gage de qualité est particulièrement improbable. Mais romantisme, curiosité et préservation de la diversité de la cabaña brava poussent en ce sens, ce sentiment. Un sentiment qui parait seulement réservé aux passionnés, les critères du grand public semblant s’éloigner de ces préoccupations sensibles. Quoique ! A voir comment s’exclame le spectateur lambda, lors de la sortie d’un pelage rare, on peut se poser la question. Passons. Tout ceci pour expliquer comment il est facile et réducteur de blâmer la sensibilité des aficionados, qui par nature est déraisonnable, tout en laissant vierge de tout soupçon le système d’uniformisation, qui détruit chaque jour la richesse de la tauromachie et entretient le romantisme des premiers. J’ajoute enfin qu’un autre facteur pèse dans la balance, qui me semble majeur. Le fait est que la qualité générale du bétail s’avère basse, voire médiocre. Alors qu’au contraire, elle devrait être d’un grade majeur, afin de justifier sa propension. Tout du moins, elle devrait être largement supérieure aux encastes délaissés pour leur médiocrité avérée. Comment expliquer, sinon, l’absence de programmation du rare et la répétition du commun pour une même médiocrité ? Une telle injustice, ou du moins disproportion, pousse les aficionados du côté des faibles. Leur reprocher ensuite leurs prises de position, sans s’élever contre cette absence de logique, est de la pure mauvaise foi. C’est la raison essentielle pour laquelle l’encaste Domecq est aujourd’hui boudé par une partie de l’afición.

Une censure dépourvue de logique, mais humaine, les sentiments prenant le pas sur la raison. L’encaste Domecq est d’une qualité avérée, insoupçonnable, non discutable. Et en ce sens, il méritait beaucoup plus d’attention. Malheureusement, sa croissance exagérée et hétérogène génère sa dépréciation. Le problème, c’est que Domecq est devenu une étiquette de qualité. Certes, il existe de l’excellent, mais celui-ci cohabite trop fréquemment avec le médiocre pour être défini comme un label de qualité. Ainsi, le système abuse d’une étiquette trop souvent mensongère, qui cause avec le nombre sa dévaluation. L’humain se dit alors : pourquoi ne pas échanger une course presque assurément médiocre, à laquelle je peux assister aussi souvent que je le souhaite, avec une corrida d’un encaste rare, dont la probabilité qualitative est faible, mais sait-on jamais, et qui du moins distrairait par son originalité et que je n’aurais plus l’occasion de voir durant une année ou plus ? Vous êtes homme, et en cette qualité, vous savez bien que le cœur à ses raisons que la raison ignore. Le caractère affectif prend souvent le pas, le phénomène d’optimisme et d’occultation de la médiocrité du passé, jouant dans le processus un grand rôle.

Fermons cette parenthèse sur les attraits de la diversité face à la monotonie des habitudes, et revenons à la pochette surprise. Vous savez, le « un toro sur cinq ».

Si on se base sur un échantillon de 100 toros, la pochette surprise espagnole est beaucoup plus fournie que la française, avec neuf encastes contre six.
En France (11) ou en Espagne (14), les encastes visibles regroupent 96 % des toros lidiés. A titre de comparaison, le nombre total d’encastes actuel est de 24, ce qui laisse par exemple, pour le modèle espagnol, une tranche de 4 % pour 10 encastes ! Soit quelques miettes.

Concernant les particularités mineures des deux modèles, on trouve en France, outre une présence quatre fois moindre de l’encaste Núñez, une plus forte présence des Gamero Cívico et des Pinto Barreiros. Celle-ci n’est pas vraiment une spéculation en terme d’encaste mais plutôt en terme d’élevage. Les Samuel Flores pour les Gamero Cívico et Hubert Yonnet pour les Pinto Barreiros, constituant l’intégralité de ces deux encastes. Coté espagnol, le Santa Coloma est deux fois moins répandu qu’en France, mais on trouve aussi en Ibérie des encastes particulièrement absents de nos contrées, comme les Murube, Villamarta et le croisement Parladé dans la ligne Tamarón : La Corte - Atanasio Fernández.

Le modèle espagnol apparaît donc plus diversifié en matière de corridas. Je dis bien apparaît, car pour rencontrer une certaine diversité il faut assister à un nombre élevé de corridas. Concrètement il faut assister à 16 corridas (96 toros) pour voir 14 toros de 8 encastes qui diffèrent du quatuor Domecq / Núñez / Santa Coloma-Albaserrada / Atanasio. Pour ces mêmes données, la France offre 14 toros de 5 encastes divers. Un panel d’encastes plus important s’offre donc à l’aficionado espagnol, mais l’alternative au commun est identique dans les deux pays (14 toros sur 96).

Toutefois, bien peu nombreux sont les aficionados qui assistent à plus de 16 courses par an. La vision du plus large public n’est donc pas celle déclinée plus haut. Un total de cinq corridas par an me semble englober bon nombre de personnes et donner le ressenti de la majeure partie des aficionados. Les chiffres, pour un total de 5 spectacles, soit 30 toros, sont les suivants :

France
Domecq 16 toros (pratiquement 3 spectacles) / Atanasio 5 toros (presque 1 spectacle) / Santa Coloma-Albaserrada 3 toros / Miura 1 toro / Contreras-Domecq 1 toro / Gamero Cívico 1 toro / Núñez 1 toro / Autres 2 toros.
Espagne
Domecq 16 toros / Atanasio 3 toros / Núñez 3 toros / Santa Coloma-Albaserrada 3 toros / Contreras-Domecq 1 toro / Murube 1 toro / Autres 3 toros.

Les perceptions sont donc comparables, le schéma français permettant simplement de voir avec régularité un encaste supplémentaire. Ici est confirmé la présence des encastes Gamero Cívico et Miura en France, tandis que l’Espagne laisse une petite place aux Murube. Mais peut-être que la notion la plus visible est outre le nombre d’encastes présents, l’alternative aux Domecq offerte en France par l’encaste Atanasio Fernández. Toutefois, comme cela a déjà été souligné, cette alternative ne vécut qu’un temps, celui de la langue bleue, les modèles étant depuis lors encore plus similaires.

Passons désormais aux novilladas, où les dissemblances sont plus marquées.

Dans cette catégorie, la France se démarque de l’Espagne par une baisse notable de l’encaste Parladé : 75 % contre 80 %. Cette baisse ne profite pas aux encastes exempts de sang Parladé mais aux Vistahermosa infiltrés de sang Parladé, concrètement la branche issue du Conde de Santa Coloma, qui passe de 8 % en Espagne à 20 % en France. Une large part de marché, qui lui offre une visibilité et permet l’unique alternative au Parladé de tous les schémas actuels. En ce sens le circuit des novilladas, en France, offre une certaine diversité.

Cependant le marché français, s’il offre une alternance au pur Parladé, offre peu de variations en terme d’encaste. Neuf toros sur dix proviennent de trois encastes : les Domecq / Santa Coloma et Atanasio. Pour le même chiffre, l’Espagne offre sept encastes, soit plus du double.

Là aussi, l’aficionado espagnol qui aura le luxe de la quantité, aura droit à un choix plus large en terme d’encastes que son homologue Français.

Sur les 16 novilladas de l’année, il aura pu voir 13 encastes différents, dont 18 novillos sortent du sempiternel classique quatuor Domecq / Núñez / Atanasio / Santa Coloma. Tandis qu’en France, le quatuor se réduit à un trio (pas de Núñez, mais ça vous l'aviez compris), l’ensemble des novillos se classant en 8 encastes, pour seulement 8 novillos qui sortent du quatuor (10 sortent du trio).

En exagérant à peine les chiffres, pour qu’un aficionado français voit une novillada hors des quatre encastes majeurs, il lui faudra assister à 16 novilladas, quand son collègue espagnol « n’aura qu’à » assister à cinq novilladas !

Cette diversification des encastes, que peut goûter l’aficionado glouton espagnol, se propage à l’identique à l’ensemble du grand public espagnol. Pour un total de cinq novilladas, voici les représentations schématiques observées :

France
Domecq 19 novillos (plus de 3 spectacles) / Santa Coloma 6 novillos (1 spectacle) / Atanasio 2 novillos / Murube 1 novillo / Núñez 1 novillo / Autres 1 novillo.
Espagne
Domecq 16 novillos / Núñez 4 novillos / Atanasio 2 novillos / Santa Coloma 2 novillos / Pedrajas 1 novillo / Murube 1 novillo / Villamarta 1 novillo / Autres 3 novillos.

Ressort clairement du marché français une alternative au Parladé (Domecq / Atanasio / Núñez) avec les Santa Coloma. Et ce même si l’encaste Domecq est encore plus dominateur dans les novilladas françaises qu’espagnoles. Mais concernant le thème de la diversité à proprement parler, l’offre espagnole est bien plus riche, avec sept encastes visibles contre cinq en France. Cependant cette diversification s’inscrit au sein de la branche Parladé. Aussi, les fortes dispersions qu’offrent ces encastes ne permettent pas une substitution prédéfinie aux Domecq, comme c’est le cas en France avec les Santa Coloma, qui fournissent une véritable concurrence. Ces faits cachent bien souvent la notion de diversification des novilladas espagnoles. Car en comparaison avec la France la notion de diversité est beaucoup plus présente, avec un nombre double de bêtes sortant du bloc commun (16 contre 8).

La richesse du modèle espagnol profite concrètement aux encastes Pedrajas, Villamarta, Urcola, Vazqueño, La Corte - Atanasio Fernández, Saltillo et Gamero Cívico. Des encastes pratiquement absents au nord des Pyrénées. Bien que moins fourni, le marché français permet à certains encastes, délaissés plus au sud, de s’exprimer. C’est le cas des Vega-Villar ou de la souche Contreras-Domecq propagée par Baltasar Ibán.

En conclusion, les marchés français et espagnol présentent une symétrie surprenante. Seules de légères distinctions s’opèrent, comme la préférence des Santa Coloma en France, et les préférences espagnoles envers les Núñez et Murube. Que ce soit dans une enveloppe générale, ou sur le plan des corridas, le parallélisme est saisissant, démontrant la force du conformisme qui touche le monde taurin.

Seules les novilladas échappent au modèle. Les deux systèmes offrant chacun leur propre intérêt. La France par une alternative aux Parladé et en particulier aux Domecq avec les Santa Coloma ; l’Espagne par une ouverture de son marché aux encastes mineurs, constituant un semblant de diversité, celle-ci étant beaucoup trop attachée à la branche Parladé pour être véritablement significative.

24 janvier 2009

Rocío Molina


Après Almario en 2008, Rocío Molina confirme en 2009 avec Mujeres... Alors, euh, c’est tout simplement époustouflant, fabuleux. A la vérité je n'ai pas les mots et serais bien incapable de vous en parler, comme l'an passé. Finalement, rien ne change, sauf le plaisir et l'émotion de la voir danser. Cette fille est un OVNI. Alors, simplement vous dire d’y courir si vous en avez l’opportunité...

Corton-Charlemagne


J’ignore si c’est vrai, ou si ce n’est qu’une légende, ou un délire. Charlemagne aurait demandé aux vignerons bourguignons de produire un vin blanc car le rouge tachait de façon trop visible sa grande barbe blanche, ce qui avait le don de mettre en colère sa reine de femme. On m’a raconté ça, un soir de dégustation, assez tard, très tard même. Il était même peut-être trop tard... Il n’empêche qu’en matière vineuse, et en Bourgogne notamment, les vignerons ont su conserver la mémoire de leur passé, de leur histoire. Ils ont maintenu, et même bien plus. Ce n’est hélas guère le cas en ce qui concerne la diversité des encastes du toro de combat. Si nous nous lancions dans une étude comparative entre l’excellence oenologique et l’excellence ganadera, la comparaison serait sans aucun doute absolument terrible pour les taurins. Figurez-vous que, pour ce joyau que représente Corton-Charlemagne, l’appellation toute entière ne compte pas plus de 51 hectares. Rien quoi...

23 janvier 2009

Aguilar


C’est vrai qu’on a tendance à bien se les mélanger. Ils s’appellent tous Aguilar. Il y a deux temporadas de cela l’immense majorité des aficionados ignoraient même jusqu’à leur existence. Et puis ils ont percé, plus ou moins, c'est selon. Alors forcément, on se mélange les pinceaux.
Pour arrêter de se les mélanger, voici un récapitulatif rapide des Aguilar qui occupent aujourd’hui le devant de la scène.
Mario est novillero.
Sergio est matador de toros. C’est le plus en vue des trois. Il nous a ravi l’an passé à Vic face aux Escolar Gil. Il a été moins convainquant à Céret ensuite mais très intéressant à Arles pour la corrida concours, qu’il a toréé en compagnie de Luis Francisco Esplá et Javier Valverde. Une corrida concours où il n’y avait pas le Fundi d’ailleurs, quoi que puisse en écrire quatre mois plus tard l’inénarrable président de l’OCT.
Le troisième enfin c’est Alberto. Nous l’avons vu l’an passé à Beaucaire face à la corrida de Victorino Martín. Il s’est montré très à son avantage, un peu vert, mais plein de bonne volonté et avec de bonnes manières. Il est apoderé par Stéphane Fernández Meca, l’ancien matador de toros, et qui n’était pas non plus au cartel de la concours d’Arles, puisque de toute façon il est à la retraite.
Je précise enfin, pour que cet article soit complet, qu’à la corrida concours d’Arles, il n’y avait pas non plus la sœur du Fundi, ni son frère, ni sa mère. Encore que pour son frère je ne signerai pas un papier. Par contre, il y avait son beau-père, un certain José Escolar Gil. Et là c’est normal, car Monsieur Escolar Gil ne torée pas car il est éleveur de toros braves et encastés qui parfois prennent plus de deux piques andalouses. Mais ceci n’a rien à voir avec les Aguilar qui nous occupent. Bon week-end !

Sur la photo c'est Sergio Aguilar, à Vic-Fezensac, le jour de cette passionnante corrida d'Escolar Gil... Oui ! Oui ! Le même qui était à la concours d'Arles !

22 janvier 2009

5 años 5


En visite chez des amis entre Noël et le 2e jour de l’an, vous arrivez avec un ensemble pour le petit dernier et vous repartez à regret avec... une année complète de Toros ! En rentrant, vous les ouvrez un à un et vous placez dans quelques-uns des marque-pages — ainsi, vous saurez lesquels prendre en priorité le moment venu.
Le premier numéro de l’année 1989 (n° 1344 du 15 janvier) m’interpelle en proposant un papier d’El Tío Pepe, « Cinq, oui ; quatre, non », sur un sujet rarement abordé, et qui me tient à cœur tout autant qu’il me turlupine : l’âge des toros. Extraits :
« Dans un hebdomadaire taurin espagnol un revistero connu a publié récemment un article qui se résume en substance à préconiser le retour au toro de quatre ans à peine. Il aggrave son cas en précisant : « un utrero adelantado de quatre herbes ». [...]
D’abord parce qu’un toro de quatre herbes cela ne fait pas un toro de quatre ans ; tout au plus un utrero (trois ans) allant sur ses quatre ans, et ce n’est pas la même chose. [...]
La transition s’effectuera au moyen de deux questions : premièrement, le toro allant sur cinq ans est-il impropre au toreo moderne ? ; deuxièmement, comment le retour au cuatreño serait-il accueilli ? [...]
Je n’étaierai pas ma démonstration sur des exemples puisés dans un passé plus ou moins lointain, mais tout simplement sur la récente feria d’automne 1988. [...]
Enfin, le 3, les beaux Victorinos : au troisième (avril 1984) notre « Nimeño » sculpte l’une des plus belles faenas de la temporada madrilène ; J. A. Campuzano est vaillant, surtout à son premier (décembre 1983) et Ruiz Miguel s’envoie avec son courage légendaire d’abord le premier (décembre 1983) mais surtout l’énorme, le monstrueux « Pobretón » (décembre 1983) l’un des toros les plus imposants et mieux armés qu’on puisse voir. Relire la relation de Joël Bartolotti.
Et alors, c’est ça qu’on voudrait supprimer, et le remplacer par quoi ? Par des corridas plus faciles qui se dérouleraient uniformément dans l’euphorie, avec oreilles et queues tombant du palco ? Une palinodie qui nous mènerait tout droit à la décadence de la Fiesta ? Au misérable retour de l’utrero ?
Ne touchez pas au toro de lidia. »

Ces lignes d’El Tío Pepe, en particulier celles des deux premiers paragraphes, appellent, me semble-t-il, quelques précisions, rappels et/ou remarques :
1# Tout toro naît entre le 1er juillet et le 30 juin de l’année suivante (année ganadera) ;

2# C’est ainsi que lors de la prochaine temporada 2009, tout toro né entre le 1er juillet 2003 et le 30 juin 2004 portera le guarismo 4 (marque au fer rouge apposée généralement sur l’épaule droite et correspondant au dernier chiffre de l’année où se terminent les naissances, ici 2004) et sera donc cinqueño... à l’exception de ceux nés en juillet 2003 et qui ne pourront être combattus en juillet 2009 — et ainsi de suite — puisqu’ils auront 6 ans ! ;

3# On appelle becerro (veau) aussi bien l’animal qui vient de naître que celui de 2 ans allant sur ses 3 ans — noter que certains « toros » n’auraient que 13 mois de plus que certains veaux... :
becerro mamón (de la naissance au sevrage — destete en esp. — le petit n’aura ingéré que le lait maternel1) ou veau de lait (en esp. recental : « se dit de l’animal, mâle ou femelle, qui n’a pas encore paît, et qui par conséquent, sauf circonstances aberrantes, se nourrit toujours en tétant sa mère. À compter de la naissance, cette période dure approximativement 8 mois. » Alfonso Navalón) ;
becerro choto (moins de un an, on pourra utiliser le terme pour qualifier les veaux dans la période comprise entre le sevrage et 1 an) ;
becerro añojo (entre 1 et 2 ans) et
becerro eral (entre 2 et 3 ans).
L’eral a la particularité d’appartenir à deux tranches d’âge : celle du becerro et celle du novillo. Au même titre que l’eral (2 ans) qui sort en novillada non piquée, l’utrero est un novillo de 3 ans combattu en novillada piquée, et qui sera toro (corrida) entre ses 4 ans (de 4 à 5 ans, cuatreño) et ses 6 ans (de 5 à 6 ans, cinqueño) — 6 étant l’âge limite, celui de la « réforme » ;

4# Les naissances s’effectuent dans leur grande majorité entre les mois d’octobre et de mars (automne/hiver), avec un pic assez net entre décembre et février, mais on constate aussi qu’elles s’étalent désormais sur toute l’année2 : certaines naissances — pas toutes bien entendu — ont lieu en juillet (Carmen Segovia ou Victoriano del Río), en août (Marqués de Domecq, Salvador Domecq ou Samuel Flores), en septembre (Bucaré, Garcigrande ou Peñajara), en avril (Partido de Resina ou El Pilar), en mai (Juan Luis Fraile ou San Martín) et même, fait rarissime, en juin (Juan Pérez Tabernero ou Carmen Segovia) — y’a plus d’saisons ma p’tite dame !3 ;

5# Nous en arrivons maintenant à la notion qui fait débat : la notion d’herbe(s). S’il y a un consensus autour de la définition — au singulier, elle équivaut au printemps que le veau a passé à paître, et au pluriel au nombre de printemps que le veau a passé à paître —, il y a un malentendu quant à son interprétation. Et attention, paître c’est paître, c’est-à-dire « manger l’herbe sur pied » selon Le Petit Robert ; ce qui n’est pas la même chose que se nourrir du lait de la mère qui paît... Sinon il faut revoir la définition.
Bref, après une courte introduction, El Tío Pepe débute son papier en écrivant : « Dans un hebdomadaire taurin espagnol un revistero connu a publié récemment un article qui se résume en substance à préconiser le retour au toro de quatre ans à peine. Il aggrave son cas en précisant : « un utrero adelantado de quatre herbes ». »
Pourtant, d’un certain point de vue, un toro peut tout à fait avoir 4 ans bien tassés et avoir passé 4 printemps à paître (4 herbes). Prenons l’animal né en janvier 2005 (guarismo 5) et sevré à la fin de l’été. Il ne passera son 1er printemps à paître qu’en 2006, le 2e en 2007, le 3e en 2008 et le 4e cette année. S’il est combattu au mois d’août prochain, il le sera à 4 ans, 7 mois et 4 herbes !
Choisissons un autre exemple et appliquons cette fois-ci la logique d’El Tío Pepe qui renvoie clairement à l’aspect « temporel » de la notion (merci Laurent) plutôt qu’à sa « valeur nutritionnelle » ; ou le nombre de printemps pris en compte sans se soucier de savoir si le veau a réellement pu goûter cette si riche et importante herbe de printemps (?)4. Notre toro naît en novembre 2004 (guarismo 5) et compte ainsi déjà 1 herbe en 2005 (alors qu’il ne sera sevré qu’en plein été et n’aura donc pas brouté l’herbe de printemps), puis 2 en 2006, 3 en 2007 et 4 en 2008 (5 en 2009). Mais en avril 2008 il est utrero, d’où la traditionnelle (et curieuse) formule : « compter une herbe de plus que d’années »4. En revanche, le toro né en avril 2005 (guarismo 5) aura effectivement 4 ans lors de sa sortie dans l’arène en mai/juin 2009, mais toujours 4 herbes ; nous sommes bien en présence de l’utrero adelantado (de 4 ans et 4 herbes) évoqué par le revistero espagnol et qui agaçe tant El Tío Pepe ;

6# Par conséquent et du fait (liste non exhaustive) :
de l’étalement des naissances sur toute l’année ganadera, et partant de là des sevrages — intervenant selon les élevages entre 5 et 10 mois après la mise bas ;
des périodes de sécheresse (plus longues et plus fréquentes ?) ;
des différences de quantité et de qualité des pâtures (en fonction de la localisation des ganaderías et de leur géographie) ;
de la variété (lait maternel, herbe, foin, paille, pienso5...) de l’alimentation du toro ainsi que
de sa plus ou moins bonne maîtrise ;
la notion d’herbe faisant référence à la « saison d’herbage » ou à l’« année de pâture » apparaît somme toute assez aléatoire, tandis qu’elle devient presque obsolète lorsqu’elle est employée comme synonyme de « printemps » — à rapprocher de la notion d’âge ;

7# Car les dates de naissance (mois et année) sont connues ; aussi, calculer l’âge d’un « toro » ne devrait pas causer de souci. Quoique... Prenez 'Billetito' du Puerto de San Lorenzo, né en mars 2004 (guarismo 4) et sevré à l’automne ; il trépassa à Madrid sous l’épée de M. A. Perera... le 23 mars 2008 ! Le doute est ici permis car le jour de la naissance des toros ne figure pas sur la fiche sorteo... 'Billetito', certifié utrero adelantado, devait tout juste avoir 4 ans (et 4 herbes selon El Tío Pepe) ou, tout juste 4 ans et 3 herbes si l’on tient compte de son premier printemps consacré à se nourrir du lait de sa mère ;

8# Un veau né en hiver, par exemple en février 2005 (guarismo 5), et sevré entre 5 et 7 mois (entre juillet et septembre) pour certains auteurs, ou entre 8 et 10 mois (entre octobre et décembre) pour d’autres6 (plus nombreux) ; ce veau ne connaîtra sa première herbe (de printemps) qu’en 2006, et n’en comptera donc que 4 au moment de sa sortie dans l’arène en juillet 2009 (4 ans et 5 mois), voire seulement 3 s’il est combattu en mars (4 ans et 1 mois = utrero adelantado) !
De fait, tous les veaux nés entre janvier et mars (et plus tard a fortiori) et sevrés tôt à 6 mois (entre juillet et septembre), ou nés entre octobre et décembre et sevrés plus tardivement à 8/9 mois (entre juin et août/septembre), ne profiteront pas complètement de « l’herbe qui croît de toute part au printemps tandis qu’elle végète en hiver ou pendant un été sec. »7 Seuls les veaux nés à la fin de l’été et sevrés 6/7 mois plus tard brouteront leur première herbe le printemps suivant (de l’année suivante of course !) ;

9# Nous avons vu que les herbes équivalaient au nombre de printemps que le toro a passé à paître. Soit, mais peut-on accorder une herbe au veau qui aura été sevré en mai/juin, ou au toro qui sortira dans le ruedo à cette période de la temporada ? J’avoue ne point trop savoir quoi en penser... De même, il y a sans nul doute des coins d’Espagne où le printemps est autrement précoce, et où l’été prolonge avec force générosité les bienfaits printaniers sur une durée plus ou moins longue ;

10# Enfin, quid du célèbre (ou légendaire ?) « toro de 4 ans et 5 herbes » ? Ou tourné différemment, quel toro devant être lidié lors des prochaines San Fermín pourra prétendre répondre à ce profil ? Entendons par là ceux qui auront 5 années de pâture (printanière) complète... À Pampelune en 2009, seront « toros de 4 años y 5 hierbas » uniquement :
ceux nés en août 2004 (ou entre la mi-juillet et la fin juillet puisque la féria se déroule la première quinzaine de juillet) et sevrés à 6 mois (février), 7 (mars) voire 8 en avril 2005 ;
ceux nés en septembre 2004 et sevrés à 6 mois (mars) et 7 (avril) ainsi que
ceux nés en octobre 2004 et sevrés à 6 mois en avril...
Ceux-là et ceux-là seuls auront bénéficié du printemps 2005 dans sa quasi totalité ! Ces toros auront bien 4 ans, 11 mois (ou 10 ou 9) et 5 herbes (2005, 2006, 2007, 2008 et 2009) en juillet 2009. Mais comme on peut le constater, l’expression « toro de 4 ans et 5 herbes » ne concernera à Pampelune qu’un nombre faiblissime de bêtes, vu qu’une toute petite minorité d’entre elles sera née en août, une très faible proportion en septembre, et que celles nées en octobre auront probablement été sevrées à 8 mois plutôt qu’à 6 !

Une conclusion s’impose : si Pampelune souhaite présenter des toros de 5 herbes ou de « 5 años de pasto », ceux-ci devront « nécessairement » avoir 5 ans... De toutes les façons, les gars de la Casa de Misericordia ne doivent pas être du genre à se prendre la tête à compter les herbes ! Vous non plus ?…

À l’instant précis où je me laissais aller à écrire ce grossier mensonge, je saisissais le marque-page du n° 1347 du 19 mars 1989, dans lequel Marc Roumengou, réagissant à un autre article d’El Tío Pepe paru fin 88 dans la « vieille dame », apportait heureusement de l’eau (limpide) à mon moulin :
« Sur 5 ans, âge du taureau de combat, alors que 4 ans est celui du novillo8, il faut insister sans cesse malgré les affirmations réitérées depuis des décennies sur la précocité de cette catégorie de bovins, affirmations que n’est venu étayer aucune preuve et dont le principal objectif était de faire accepter du bétail jeune lorsque l’on n’avait que l’examen de la denture pour apprécier son âge.
À l’inverse de cette propagande et dans l’étude qu’il a publiée en 1977, le docteur-vétérinaire J. A. Ramagosa Vila expose que « le taureau de combat espagnol appartient au groupe des races tardives ou autochtones... son ossification osseuse et cartilagineuse (brides) ne s’achève pas avant 4 ans accomplis et ce, en bonnes conditions de conduite de l’élevage et d’alimentation ». Ceci a pour corollaire une certaine « fragilité » des bêtes plus jeunes ou dont l’alimentation aura été imparfaite. »

Mes très chères sœurs, mes très chers frères, sachez-le, il va falloir (beaucoup) prier — eh oui, il est des situations compromises où il ne reste plus guère que la prière — si vous souhaitez voir (beaucoup) plus fréquemment le toro de 5 ans... Car si vous aimez, comme je l'aime, le toro con toda la barba y con sentido, alors il y a fort à parier que le cinqueño vous offre davantage de promesses que son cadet.

NB Vous je ne sais pas, mais moi je le sens bien le rectificatif...

1 Des marques spécialisées dans la production d’aliments industriels pour ganado de lidia et destinés aux éleveurs proposent, outre des piensos, des « compléments alimentaires » censés favoriser la transition entre le lait maternel et la nourriture dite « solide » (sevrage) pour des veaux non encore sevrés. Business is business...
2 Merci à Las-ventas.com et à sa section « Apartados » (2008). Une curiosité, les dates de naissance du lot madrilène de Palha affichaient 6 mois différents. Autre curiosité, Martelilla amena 2 lots : les toros étaient tous nés entre octobre et février, tandis que les novillos l’étaient entre juillet et septembre.
3 L’un des objectifs est clair : le gros des courses ayant lieu entre avril et septembre, en programmant des naissances d’avril à septembre, les éleveurs peuvent tout au long de la temporada proposer aux empresas des utreros adelantados (de seulement 3 herbes).
4 Logique « parfaitement » explicitée par Pierre Mialane dans La Tauromachie, Histoire et dictionnaire, Robert Laffont, Collection Bouquins, 2003. : « HIERBA, parfois YERBA. L’usage ganadero veut que l’âge des animaux soit exprimé en primaveras pasadas (printemps vécus) ou mieux en nombre d’« herbes » broutées au printemps. Les bêtes naissant en hiver, elles commencent à brouter dès le printemps. Elles ont donc une herbe alors qu’elles n’ont encore que quelques mois. Ce qui fait qu’un animal de deux herbes aura un peu plus d’un an, un de quatre herbes sera âgé de trois ans. L’âge exprimé en herbes est donc supérieur d’une unité à celui exprimé en années ». Bizarre, vous avez dit bizarre ?
5 À ce propos, lire attentivement les lignes sur le passage d’un mode d’élevage extensif à un mode semi-intensif, voire intensif lorsqu’il s’agit de préparer une course... Quelques semaines avant de sortir en piste, les toros, soumis au régime pienso et parqués dans des cercados caillouteux, brouteront des yeux, et seulement des yeux, l’herbe de printemps qui pousse effrontément et à foison derrière des palissades en tôle.
6 Luis Fernández Salcedo (El Toro bravo, Ministerio de Agricultura, 2e éd., 1993 & La Vida privada del toro, Egartorre, 3e éd., 1996) penche pour 8 mois. D’ailleurs, Salcedo préconise en substance ceci : les sementales couvriront les vaches au printemps (de mars à juin), qui mettront bas leurs veaux en hiver (de décembre à mars), lesquels passeront leur premier printemps à téter leurs mères, puis seront séparées d’elles (sevrage) 8 mois plus tard, d’août à novembre, mois au début duquel ils subiront l’épreuve du fer (herradero).
7 Michel Ots, Plaire aux vaches, Atelier du Gué, Villelongue d’Aude, 2001.
8 Oui, oui, vous avez bien lu !

Images Toros du Marqués de Albaserrada en train de se chauffer les oreilles dans les corrals de Vic en 1988, photo © Gilles Cattiau (Toros n° 1350 du 7 mai 1989) Trop occupé à savourer le lait maternel… Chez Pablo Mayoral (Madrid, mai 2008) © Campos y Ruedos  ‘Peluquero’, 5 ans, 6 mois (janvier 2003) et 5 herbes (de 2004 à 2008), un Cebada Gago avec la tête d'un à-qui-on-ne-la-fait-pas, dans les Corrales del Gas à Pampelune © Campos y Ruedos Fin 2006, herradero chez les Héritiers de Christophe Yonnet où, une fois n’est pas coutume, le fer du guarismo (7) brûle l’épaule gauche © Campos y Ruedos Né en novembre 2002 (guarismo 3), lidié à 5 ans, 11 mois et 5 herbes (de 2004 à 2008) le dimanche 12 octobre dernier à Las Ventas par Hernán Ruiz ‘El Gino’, ‘Garabato’ du Conde de la Maza fut ovationné à l’arrastre © Juan Pelegrín

Le premier tiers : mensonges et vérités d'un grand malade


Information des Amis de Pablo Romero :

Rincón du vendredi 30 janvier à 19h30
« Le premier tiers : mensonges et vérités d'un grand malade »
Après un historique qui retracera les évolutions du premier tiers, nous accueillerons trois intervenants offrant des points de vue différents. Philippe Heyral, fournisseur de cavalerie, nous éclairera sur la pique vue du côté cheval, Jean-Louis Fourquet, président de l'Association Des Aficionados Cérétans, nous expliquera ce que les organisateurs peuvent ou essaient de faire pour que ce tiers garde tout son sens et Roger Merlin, président de la Fédération des Sociétés Taurines de France, apportera le point de vue des aficionados.
A l'issue de la conférence, vous pourrez déguster les plats préparés par les cuisinières et cuisiniers émérites de l’association et arrosés par un vin soigneusement choisi.

Les Amis de Pablo Romero - 12 rue Émile Jamais - 30900 Nîmes

20 janvier 2009

Histoires oubliées


Demain, Pepina vient dîner... C'est un événement ! Il est même possible que l'on ait Yannick Olivier ce qui vaut l'apparition de José Tomás dans un cartel d'arène française : pas impossible, mais pas vraiment probable. Pour Benjamin et El Batacazo, c'est plus classique. En montant les oeufs en neige pour le tiramisu, je me disais qu'après une année de célibat, l'obtention d'une mousse ferme et onctueuse à l'aide d'un simple fouet, tiendrait du jeu d'enfant. Pour le résultat, nous verrons demain. L'avantage du célibat ne réside pas seulement dans la dextérité retrouvée pour monter des oeufs en neige, cela permet également de faire plein de rencontres, d'héberger des copains pendant 6 mois, de tienter la camada entière du Pablo Romero à Nîmes et surtout de partir pour les toros quand cela vous chante. ¡Menuda ventaja !

Tout a commencé autour d'un banquet aux alentours de Vic, un soir d'Adelaida Rodríguez face à quelques carcasses de canard et diverses bouteilles du Sud-Est, SyS et Mario Tisné alternaient en mano a mano sur les souvenirs de Cenicientos et tout y passait : les portatives qui reculaient quand les toros remataient au burladero, la "Fuerte Movida", les feux d'artifices tirés à l'horizontale dans les rues, les toros abattus à l'arme automatique, les rues non goudronnées et ces histoires de juments attachées à la barrière... En quelques minutes de souvenirs agités sous nos yeux ébahis, nous venions tous de décider de partir voir ces bizarreries de plus près dès le mois d'août.

L'inconvénient du célibat quand l'âge avance réside dans la corrélation négative de sa situation maritale avec celles de ses amis... Autour du 15 août, me voici donc en route depuis Biarritz et San Sebastián pour Cenicientos, avec pour seule compagnie la promesse de retrouver Benjamin à Bilbao le lundi suivant et quelques Cérétans à Cadalso de los Vidrios.

Vitoria... Burgos... Aranda... Madrid... Villaviciosa de Odón... Fuenlabrada... direction Talavera... 500 kilomètres qui me parlent de toros.
A la sortie d'Almorox, il faut oser se jeter à gauche dans le ravin où plonge la petite route serpentant à travers un paysage de pierres qui mousse généreusement de pins parasols. Au loin, voici un coche de cuadrilla, celui de Vilches. Et l'impression à travers les lacets où je le poursuis, de revoir le début de "Shining" : la voiture de Nicholson avalant le bitume au milieu de nulle part et déjà l'angoisse en train de poindre.
A Cadalso de los Vidrios, l'hôtel vieillot est un repère de Français en quête de drôles de toros et ma chambre mêle des senteurs de renfermé et de moisi. C'est un régal, c'est bien ici... Enfin j'y suis !
J'ai raté les Alcurrucén de la veille, Cenicientos m'accueille avec tout le bois de ses Osborne parmi lesquels nul ensabanado n'a le bon goût de venir rappeler quelque souvenir d'emprunt. Le cartel est aussi cauchemardesque sur le papier qu'en piste : Hernán Ruiz 'El Gino' de Colombie, Luis Vilches, Paul Abadia 'Serranito' face à un lot n'ayant qu'un peu de présentation à offrir : 'Campeón' et 'Esplendido' se chargeant de la partie imposture patronymique. Les cornes astifinas de 'Vistoso', le 5, envoient Vilches finir sa saison sur un lit d'hôpital de la banlieue madrilène. Deuxième corrida, deuxième blessé. 7 puyas, lidia chaotique... Rideau.

Je retrouve Mario, Bill, Richard. Je rencontre Luigi de Milano et un groupe hétéroclite et picaresque de Zaragozanos de La Cabaña Brava au beau milieu du pueblo corucho... Même avec sa nouvelle plaza en dur, le bled garde son cachet encasté. Le ron con limón vient prouver que quelques pans de civilisation ont dérivé jusqu'ici.

L'alguazil de la plaza a des airs accablés de cavalier rassasié de poussière des chemins de Castille sur quelque Rossinante harassée. Il semble tenir en selle par habitude autant que par lassitude. Les toros de Corbacho Grande montrent un brin de présence en piste, un brin. La lidia est au diapason de celle de la veille : catastrophique, chaque bicho allant prendre refilones successivement au titulaire et au réserve. On vient voir des toros, pas des piques. López Chaves, Iván García et José María Lazaro étalent toutes les insuffisances de leur tauromachie. 'Diacono' vient sauver la fadeur de la tarde en sixième position : il ne veut pas voir un capote, prend deux puyazos, permet au banderillero de saluer et après de bons doblones de Lazaro, se met à charger et répéter des deux côtés sans relâche. Emotion dans l'alegría du toro et dans l'aguante inquiet du jeune valiente s'employant à ne pas rompre. Passes longues, rythme rapide, quelques adornos par le bas pour en finir et estocade caidita en se mouillant les doigts. Corrida sauvée par un grand toro et le pundonor d'un garçon venu "se la jouer" ici-loin.

Pour trouver une plaza portative comme jadis, il faut aller à Almorox, où l'encierro des novillos le matin permet aux vieilles de leur donner des coups de canne à travers les barrières et aux toros de gambader des dizaines de minutes durant dans la rue puis la plaza, pleine comme un oeuf dès 8h30.

Avant le départ pour Bilbao, Cenicientos finit cumbre : 6 José Escolar Gil pour Rafaelillo, Robleño et Sergio Aguilar. Les 3, 4 et 6 étalent leur caste face aux moyens impuissants des diestros. Rafaelillo fait assassiner le 1 en une puya, le 4 en deux rencontres cauchemardesques. 'Cedido', santacolomeño encasté aurait supporté 5 piques normales, il s'emploiera à faire l'avion dans la muleta coupable d'un Rafaelillo dépassé par tant de bravoure. ¡Lástima!
En sixième position paraît 'Chumbero'... incarnation de fiereza et de caste : querencioso, il se déchaînera lors d'un premier tiers apocalyptique, terrorisera la cuadrilla au deuxième puis promènera son port de tête altier et son matador déconfit dans tous les secteurs du ruedo au mépris des meutrissures préméditées endurées par sa carcasse. José Escolar avoua que face à tant de caste, même son gendre aurait certainement éprouvé d'immenses difficultés. De Aguilar ? Ni hablar... De leur rencontre avec 'Chumbero', Pepe Carlos et Facundo sont encore bouche bée. Quant à moi, je reprenais le chemin de Biarritz pour chercher Benjamin en pensant que pareil Albaserrada valait toutes ces centaines de kilomètres et justifiait une nuit recroquevillé et frigorifié sur la banquette arrière de la voiture au bord improbable d'une autoroute de Castille.

A quelques kilomètres de Cenicientos, quasi morts et quasi pierre, paissent los Toros de Guisando, "hartos de pisar la tierra".

Peor que en el Patas


¡Manon! Dile a Bego que una luz peor que en el Patas es posible...
Es que no me lo creía...
Alors on a fait ce qu’on a pu, coincés entre le petit escalier d’accès à la scène et une salle comble et surchauffée.
Juste vous dire que le festival Flamenco de Nîmes a débuté, et bien débuté. Nous allons le vivre, tranquillement, et nous y reviendrons ensuite, avec une jolie surprise. Bon festival.

17 janvier 2009

Mateos Arroyo en Ajalvir


Les corridas l'hiver ne font pas rêver. Les corridas l'hiver à Ajalvir (Comunidad de Madrid) encore moins. Et pourtant, et pourtant... le 1er février 2009 aura lieu à Ajalvir une corrida de l'élevage de Mateos Arroyo. Ce n'est pas la noticia de l'année, certes, mais cet élevage quasiment méconnu en France mérite peut-être que l'on s'y intéresse. D'origine Baltasar Ibán, les toros de Mateos Arroyo, de morphologie assez réduite, sont connus en Espagne pour leur caste et leur envie de combattre.

Retrouvez le lot qui sera combattu à Ajalvir dans quelques jours sur le site www.camposyruedos.com.
Rendez-vous également sur la fiche de la ganadería sur www.terredetoros.com.
Pour de plus amples informations sur la Feria de San Blas de Ajalvir : www.villadeajalvir.es.

Photographie Un toro de Mateos Arroyo pour Ajalvir © Camposyruedos

16 janvier 2009

Back to Parentis


C'est avec un peu de retard, mais avec un grand plaisir, que nous vous annonçons que l'édition 2009 de la féria de Parentis-en-Born se déroulera les samedi 8 et dimanche 9 août, et sera composée des deux affiches suivantes :
- Samedi 8 août 2009 : novillada-concours de ganaderías (sous réserve que les organisateurs trouvent au campo des exemplaires remplissant les critères de présentation qu'ils se sont fixés), et
- Dimanche 9 août 2009 : retour de l'élevage Raso de Portillo, dont les novillos avaient fait trembler la terre l'année dernière, pour notre plus grand plaisir.

Pour fêter fastueusement son vingtième anniversaire, l'ADA Parentis avait envisagé la programmation d'une troisième course. Pour diverses raisons, elle y a finalement renoncé, et ce bien sûr à notre grande déception (d'autant plus que le nom de l'élevage entendu ici et là était de nature à nous enthousiasmer au plus au point).

Pour le plaisir de se remémorer ce grand moment de tauromachie, vous pouvez revisionner la galerie que nous lui avions consacré sur Campos y Ruedos.

15 janvier 2009

Grisaille d'octobre


Le nom convient mal au lieu. A gauche, en s'approchant des cercados, un vieux wagon de la RENFE observe gueule béante l'état d'avancement des travaux de la future plaza de tienta. Une plaza, pas une placita. Le béton est partout, le bois survit à peine dans ce rond tristounet où demain Carlos Aragón Cancela pourra bâtir de ses propres choix la future camada des désormais ex-Bucaré.
Carlos Aragón Cancela est un ancien matador de toros des années 1980 (il prit l'alternative le 5 février 1984 à Valdemorillo et tua, entre autres, une corrida de Victorino Martín à Madrid lors de la San isidro en 1987) qui a beaucoup grossi depuis, au même rythme certainement que les zéros sur ses comptes en banque. Et ici, les zéros sont gris, du béton aux toros, enfermés derrière l’inquiétante pesanteur d’un mur d’enceinte qui donne à l’ensemble les allures de plomb de ces villas miradors de capitales en crise où les barbelés servent de paillasson. Bienvenue.
Les derniers utreros sont arrivés la semaine précédente à peine. Ce sont les plus maigres. La tête calée dans le pli de son coude posé sur un gros tube vert, Carlos Aragón Cancela contemple son achat et compte les zéros. Selon lui, une bonne part viendra de France en 2009 car plusieurs arènes auraient déjà retenu des lots (octobre 2008) : Vic, Céret, Mont-de-Marsan et d’autres. Il a l’air sûr de lui. Loin de ses pensées, sous une brume violette qui lèche maintenant le parterre furonculeux de la sierra, les Bucaré de Javier Buendía ont paru s’extraire des noirceurs d'un roman russe du XIX° siècle dans lequel les "âmes mortes" n’attendent plus le jugement dernier.
Les fleurs de Jara ont vécu. Seules résistent des poignées de brins d'herbe que piétine la froide machine du manège stressé des futurs combattants. Englué dans les premières boues de saison, le campo hésite entre folie psychotique et abattement dépressif. C'est Pinder chez Kafka. Les Santa Coloma tournent en rond, forment un zéro sur cette terre molle grévée de pustules pierreuses, jonchée de tuyaux d'arrosage, et qui n'a de couleur que celle des tourments.
Le nom convient mal au lieu. Carlos Aragón Cancela a devant lui des années de labeur. Tout n'est que provisoire et "en travaux" pour l'instant. Il a conscience de ce qui l'attend et considère que la ganadería n'aura réellement sa marque (car une ganadería n'est rien d'autre que ce qu'en fait un ganadero) que dans une dizaine d'années. Au-delà des zéros, des laideurs du campo et du manège inquiet des toros de Buendía, reconnaissons à Aragón Cancela de ne pas avoir cédé aux sirènes de la soi-disant félicité ganadera en achetant une indéfinissable filiale de Juan Pedro Domecq ou de Daniel Ruiz. Il aime le Santa Coloma (il en avait déjà avant l'acquisition à Bucaré) et paraît ferme dans sa volonté de le conserver. C'est déjà énorme.

Dans quelques semaines, les fleurs de Jara vont repousser dans la sierra...

>>> Retrouvez la galerie des Flor de Jara sur le site www.camposyruedos.com, rubrique CAMPOS.

Photographies Futurs novillos de Flor de Jara & la Sierra de Guadarrama © Camposyruedos

13 janvier 2009

Analyse des encastes (III) - Corridas / Novilladas

La corrida est le type de spectacle le plus abouti du monde taurin. On a tendance à l’oublier, l’habitude aidant. Mais avant d’arriver à ce stade, les hommes comme les bêtes ont dû franchir, un à un, tous les tests qualificatifs. C’est ainsi que, pour un toro remplissant les critères les plus élitistes, d’autres naîtront les cornes basses, dissymétriques, auront une corpulence trop maigre, une taille trop haute, etc. Et d’autres encore succomberont à la maladie, aux loups, s’abîmeront les cornes au campo, dans les corrales ou seront éliminés par leurs frères. La corrida est une finalité pour un toro brave et non un aboutissement logique.

Outre la fatalité, les novilladas entrouvrent une porte de sortie pour ce bétail de rebut ou du moins « imparfait ». Les affiches espagnoles le rappellent parfois en notant la mention : « desechos de tienta y defectuosas » (rebut de tienta et bétail défectueux). Mais les novilladas permettent aussi à l’éleveur de faire des essais grandeur nature, afin d’approuver tel étalon ou tel rafraîchissement de sang. Elles sont également une étape dans l’évolution d’un jeune élevage, ou le lieu des remises en question pour des ganaderías sur le déclin. Enfin, la novillada peut constituer le spectacle idéal utilisé par les empresas afin de tester des choix plus audacieux et a fortiori plus porteurs de risques, tout en limitant ces derniers.

Nous pourrions approfondir davantage les différences, ou les complémentarités, des deux types de spectacles, mais ce succinct inventaire permet déjà de mettre en évidence qu’en matière de choix de bétail, des dissemblances sont à envisager entre les corridas et les novilladas. L’opinion générale confère à ces dernières une mission d’expérimentation, en conséquence de quoi on considère souvent, à tort ou à raison, que les novilladas offrent plus diversité en terme d’origines du bétail combattu. Voyons ce qu’il en est véritablement en analysant les données chiffrées disponibles.

En reprenant les synthèses ébauchées précédemment on obtient le tableau suivant :

Novillada
Parladé / 80,7 % / 8 encastes
Vistahermosa influence parladeña / 10,4 % / 2 encastes
Autres / 8,9 % / 7 encastes

Corrida
Parladé / 80,1 % / 9 encastes
Vistahermosa influence parladeña / 14,2 % / 6 encastes
Autres / 5,7 % / 8 encastes

Sans entrer dans les détails, contentons-nous de constater qu’il n’y a pas plus de diversité en novillada qu’en corrida. Du moins dans le sens d’une alternative au Parladé, lequel constitue, comme nous l’avons vu, le tronc ultramajoritaire. S’il est plaisant de constater que la novillada fait une plus large place aux « autres » encastes que le pur Parladé, on ne peut que déplorer pour la promotion de la diversité que se soit au détriment des mélanges visathermoseños-Parladé et non du pur Parladé.

Autre remarque : on comptabilise en novillada seulement dix-sept encastes différents, tandis que les corridas en proposent vingt-trois. Des chiffres compréhensibles eu égard au nombre de bêtes analysé : 2401 novillos contre 5873 toros.

Cependant, à y regarder de plus près, cette différence présente un aspect intéressant. On remarque, en effet, que les encastes absents des novilladas sont les suivants : Albaserrada, La Corte, Cuadri, Miura et Gamero Cívico-Saltillo. Ils s’agit dans chaque cas d’encastes portés par un nombre d’élevages très restreint, voir unique. A savoir : Victorino Martín, Conde de la Corte, Cuadri, Miura et Araúz de Robles. Des élevages qui profitent de l’absence de concurrence pour réserver leur bétail exclusivement au marché des corridas.

Passons à présent au schéma détaillé, en ne conservant que les encastes au-dessus de la barre des 4 %, comme nous l’avions fait dans l’analyse II. Le tableau ci-dessous récapitule les chiffres, en mettant en évidence les hausses (en vert) et les baisses (en rouge) relatives :


Que ce soit en novillada ou en corrida, la photographie des encastes majoritaires comporte cinq composantes et non six, comme dans la photographie générale. Ceci donne à chaque spectacle des traits grossiers et particuliers, la diversité s’en trouvant affaiblie.

Une des distinctions notables provient du groupe Albaserrada / Santa Coloma, qui agit comme une balance. Penchant du côté Santa Coloma en novillada (0 % / 9,3 % ) et du côté Albaserada en corrida (5,7 % / 3,2 % ). Le bloc étant dans sa globalité homogène. Ces chiffres s’expliquent de la façon suivante :

La race des toros Santa Coloma est très vive et particulièrement délicate à canaliser ; le marché des novilladas - l’âge gommant les aspérités - est donc particulièrement propice ou du moins favorable à ce bétail. A ce facteur principal s’ajoute la conformation morphologique de l’encaste, qui est de nature relativement modeste, notamment au niveau des cornes. Ceci, dans la conception tauromachique actuelle et de surcroît en ce qui concerne les arènes de première catégorie, constitue un frein, et même parfois un barrage, à son accès à l’échelon ultime : celui de la corrida.

Pour l’encaste Albaserrada, il pourrait en être de même, ses caractéristiques, tant physiques que mentales, étant semblables aux Santa Coloma, mais sa rareté et sa réputation font sa différence. En effet, seulement trois élevages disposent de l’origine Albaserrada, ce qui supprime toute concurrence. D’autres encastes sont aussi rares, mais aucun n’est porté par la plus prestigieuse des étiquettes actuelles : Victorino Martín. Un grand nom qui porte le marché de l’encaste et lui procure de sérieuses facilités de ventes, justifiant que ce bétail soit lidié presque exclusivement en corrida. A titre comparatif, l’encaste Albaserrada détient actuellement une représentativité plus forte que tous les autres élevages non Parladé réunis. Cependant, il ne faut pas si tromper, ce phénomène est fortement lié à l’effet Victorino Martín, qui dépasse à lui seul la barre des 4 % !

L’encaste Santa Coloma, quant à lui, est équilibré. Doté d’une répartition homogène, il n’y a pas d’élevage dominant. L’aspect publicitaire mis à part, ce fait est garant d’une belle diversité au sein de son morphotype et assure sa pérennité dans le temps.

Un autre encaste profitant des novilladas pour accroître son importance, est celui de Núñez.

Lui aussi désavantagé par son physique ramassé et des armures mesurées, l’encaste Núñez accède de plus en difficilement au marché des corridas ; de fait, sa représentativité est beaucoup plus importante en novillada. A ce sujet, il est noter que de plus en plus d’éleveurs de l’encaste Núñez dénaturent le morphotype de leurs toros, pour en accentuer le volume et la tête. Ces pratiques sont en train de donner lieu à une mutation de l’encaste. Tout du moins, sans entrer dans les extrêmes, la tendance du type Núñez s’accentue dans la ligne Villamarta, l’autre ligne traditionnelle de l’encaste, celle de Rincón étant de moins en moins visible. Comme pour le toro de Santa Coloma, mais à un degré moindre, la vivacité de la caste Núñez, qui pose de réelles difficultés aux toreros, est également à prendre en compte pour justifier sa désaffection des spectacles majeurs. Néanmoins, reste l’élevage d'Alcurrucén, l’une des devises les plus courues en nombre de toute la cabaña brava (2,6 % en corrida). Il est devenu l’étendard de l’encaste, sans véritable concurrence.

A l’inverse, l’encaste Atanasio Fernández a très bien su tirer parti de son physique. Doté naturellement d’une forte ossature et d’armures très développées, ce toro s’est imposé en corrida avec la mode du torazo. Son caractère tempéré, sans excès mais aussi sans carence majeure, ne lui fait pas obstacle et lui permet une belle représentativité au grade des corridas. Mais il ne faut pas s’y tromper, c’est principalement le physique du toro d’encaste Atanasio Fernández qui fait sa force commerciale. Côté élevage, les fers de la famille Fraile (Valdefresno et Puerto de San Lorenzo) dominent (4,7 % du marché des corridas à eux deux), leurs concurrents étant loin derrière. A noter qu’il s’agit là d’un encaste situé presque exclusivement dans le Campo Charro (Salamanque), ceci ayant également un impact sur le marché (chauvinisme, langue bleue, etc.).

Quant au groupe Domecq, il est constant, voire légèrement supérieur en novillada ; 55,9 % contre 53,9 % en corrida. Point donc de fluctuation significative ici entre les deux types de spectacles ; simplement une écrasante domination, sans concession. Vous étiez-vous fait une idée différente ?

Enfin, venons-en à la segmentation : la photographie comparative des corridas et novilladas. Pour le spectacle majeur, le négatif nous révèle la présence significative de deux encastes, le Domecq évidement mais aussi l’Atanasio Fernández. Le reste n’est que sédiments.

Quant aux novilladas, elles donnent une image quelque peu plus variée, avec l’existence notable de deux encastes, Santa Coloma et Núñez, à côté de l’ultra dominant Domecq.

Cependant, le spectacle mineur n’en est pas pour autant plus diversifié, car si on englobe les Albaserrada et Santa Coloma dans un même groupe, on obtient le même schéma, quel que soit le spectacle considéré, à la différence près que s’inter-changent les encastes Núñez et Atanasio Fernández.

A ce stade d’échelle grossière, tout prête à croire que la novillada n’offre pas une diversité d’encastes supérieure, mais permet d’entrevoir un encaste différent, l’encaste Núñez.

Entrons maintenant dans une trame plus fine, à savoir l’étude des encastes mineurs.

En rapportant les fluctuations d’un encaste à sa proportion, on obtient un ratio qui exprime son évolution proportionnelle suivant le type de spectacle. Cette partie de l’analyse étant consacrée aux encastes minoritaires, c’est-à-dire à des portions faibles, il est obligatoire d’établir un ratio qui tienne compte des proportions, afin d’obtenir une dispersion des résultats. Les interprétations qui en découlent seront réelles, mais à rapporter au stade des minorités, soit à une influence minime sur le schéma général.

Le tableau ci-dessous, ne retient que les encastes présentant une disparité très importante entre les deux types de spectacles. Fluctuations supérieures à quatre fois sa taille pour la première partie et supérieure à deux fois pour la seconde.

La première remarque qui s’impose, c’est que pour l’intégralité des encastes ayant subi des mouvements très importants, les inégalités penchent dans le même sens. Pour tous, les corridas sont un débouché au minimum quatre fois moins important que les novilladas.

Ensuite, il convient de remarquer qu’il s’agit d’encastes mineurs, inscrits dans les groupes 1, 2 et 3 (cf. analyse II). Des encastes qui n’ont pas les faveurs du moment, certes, mais qui sont aussi dans une très mauvaise passe. Là est certainement la justification du phénomène, car ces encastes présentent tous un bétail très sérieusement présenté mais qui pêche actuellement par un mental trop irrégulier. Ainsi, les novilladas sont une sorte de jauge d’étalonnage, palliant le caractère encore plus aléatoire de l’échelon supérieur.

Dans le second tableau, où les mouvements seront qualifiés d’importants, il n’y a pas de prédominance, les ascendances s’inclinent coté corrida comme côté novillada. L’analyse ici se borne à remarquer que les encastes présents en corrida sont tirés par des locomotives telles que Baltasar Ibán, Palha ou Samuel Flores. Et bien évidement les encastes pâtissant d’une grosse baisse de forme se retrouvent en novillada.

En conclusion, entre novillada et corrida point de révolution. Les segmentations sont comparables avec une dominance constante de l’encaste Domecq (environ 55 %) et trois portions moindres mais tout de même représentatives : Albaserrada/Santa Coloma, Núñez et Atanasio Fernández.

Cependant s’il n’y a point de révolution il y a quelques évolutions.

Dans la case « autres », autre que Parladé, la part de Vistahermosa influencé Parladé tend à diminuer en novillada (14 % contre 10 %) et la part des encastes vierges de tout sang Parladé augmente (9 % contre 6 %).

Côté encaste, dans la partie visible, les Núñez jouissent d’une bonne représentativité en novillada et, à l’inverse, les Atanasio Fernández se révèlent en corrida.

Moins visible mais notable, d’autres encastes voient leur proportion s’amplifier suivant le type de spectacles, et particulièrement en novillada, comme pour les Saltillos, Pedrajas, Vazqueños et Urcola. Mais tous sont des encastes extra-minoritaires et, bien que leur évolution relative soit forte, leur valeur réelle reste trop faible pour impacter la représentation générale.

Ces phénomènes, bien que réels, sont trop marginaux pour être considérés comme une preuve de diversité. Il y a donc bien des distinctions entre les schémas des novillada et des corridas, mais ceux-ci tiennent plus compte de particularités que d’une réelle distinction.

Quant à ces particularités, il y a bien sûr la segmentation naturelle du qualitatif. Les encastes les plus prometteurs étant réservés en toute logique aux corridas, les novilladas rassemblant un bon nombre d’encastes en méforme. Mais on peut également constater des dérives du qualificatif qualitatif, notamment sur le plan de la présentation. Il semblerait qu’un certain type de toro soit devenu canon. Un toro qui est bien entendu imposant, fort et armé. L’exigence est bien normale, de surcroît en places de première catégorie où ne doit être retenue que la fine fleur de chaque classe. Mais cette exigence doit toujours être mise en perspective avec la réalité, être cohérente avec l’existant et surtout ne pas oublier la notion de classe. C'est-à-dire tenir compte du fait que la présentation d’un toro doit être en rapport avec sa race. Imposer des critères généraux, pour tous les toros, soit pour tous les encastes, revient à écrêter la palette originelle et réduit, inévitablement, la diversité. Il faut être exigent, certes, mais il faut aussi éviter de se préfigurer un toro particulier, sinon ceci nous conduira à l’extinction ou au dénaturemment des encastes.

La présentation du bétail est un des facteurs façonnant les traits des visages des corridas et novilladas, le second provient du marché en lui-même. Les lois commerciales donnent en effet une valeur particulière à ce qui est rare, à plus forte raison lorsqu’il est de qualité. Ainsi de nombreux encastes mineurs, détenant un élevage de grande qualité, comme les Albaserrada, survivent, et spécialement à l’échelon le plus exigeant : la corrida. Ceci maintient une certaine diversité au plan de la corrida. La même diversité vivant en novillada avec les encastes malades.

Mais ne nous y trompons pas, un encaste ne peut reposer sur une seule devise, sous peine de courir un grand risque d’extinction. La situation actuelle en terme de diversité génétique peut paraître inquiétante mais celle de demain l’est d’autant plus. Car aujourd’hui seuls quatre encastes (Domecq / Atanasio Fernández / Núñez / Santa Coloma) ont un avenir assuré, celui des autres, et notamment bon nombre d’encastes encore représentatifs, repose seulement sur leurs étoiles. Et si ses étoiles venaient à tomber, la diversité génétique de la corrida deviendrait bien pauvre. La novillada, quant à elle, conserverait son schéma actuel, en accueillant de nouveaux encastes malades.