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20 octobre 2013

Concours photo


Le Domaine des Romarins, à Domazan, nous annonce qu’il organise son concours photo annuel.

Vous pouvez vous procurer le règlement en contactant Francis Fabre à l’adresse suivante : domromarin@aol.com.

La photographie qui illustre ce post n’a presque rien à voir avec le sujet ; il s’agit d’un hastag (« #fotosincensura ») d’Antonio Liébana, que l’on imagine… photographe.


22 juin 2013

Oberlé sans modération


Gérard Oberlé est politiquement très incorrect.

Oh… rien de rare ni de bien grave. Il est juste cultivé, écrivain, libraire de livres anciens, il parle le grec ancien et le latin, il est amateur, véritable amateur, de grands vins. Il est épicurien, un vrai… et il est à consommer sans modération, notamment dans ce Grand Entretien avec François Busnel, sur France Inter... 

« Je ne crois pas à cette fumisterie que les gens appellent le bonheur. Ça n’existe pas, ce truc absurde. La condition humaine, en général, telle que moi je la vois, je la vis ou je la ressens, n’est pas un état de félicité permanente. Et donc, ce qui est bien, ce sont les moments de joie. Et ces moments de joie il faut se les décider soi-même. On peut les trouver grâce aux poètes, aux musiciens, aux vignerons, aux cuisiniers, à la sexualité, aux maîtresses, aux amants, aux satires, à tout ce qu’on veut… Il m’est arrivé souvent… enfin, pas souvent non quand même, car je ne cherche pas ça, mais il m’est arrivé de rencontrer des gens qui ne boivent pas de vin du tout, qui ne savent pas ce que c’est. Et en général, je trouve que ce sont des gens pas tout à fait finis… » — Gérard Oberlé


>>> La peinture est de l’ami Alain Lagorce. Enjoy…

16 juin 2013

Touche pas à mon vigneron


C’est d’un rapport dont il est question, d’un qui inquiète et agace ; un rapport remis récemment au gouvernement par un psychiatre et addictologue, Michel Reynaud. Ce rapport, s’il est suivi, interdira à nos vignerons de pratiquer toute forme de communication sur Internet, y compris les réseaux sociaux. Le nombre de blogs et de forum qu’il va falloir censurer ! On croit rêver. Eh bien, non ! On ne rêve pas…

Pour en savoir plus, le mieux est d’aller lire le blog Quilles de filles.

Et, ensuite, de signer la pétition

Enfin, je me contenterai de citer l’ineffable Vincent Pousson : « Ce “paradis” totalitaire géré par la police de la pensée, ce “meilleur des mondes” que nous promettent tous ces gens qui ne veulent que notre bonheur et qui nous parlent comme des instits à des gamins de maternelle, je les emmerde, je les conchie. D’autant que je sais où ils finissent, en général : dans la dépression et les molécules pharmaceutiques qui la “soignent”. Mais, c'est bien joli d'en parler, encore faut-il agir. Une des premières choses à faire consiste à signer la pétition qui se trouve au bout de ce lien et qui s’adresse au ministre de l’Agriculture. Parce qu’il serait temps que la fonctionnocratie comprenne que l’avenir d’un pays se construit davantage en créant qu’en réfrénant, et surtout pas en cultivant l’art de se tirer des balles dans le pied. »

30 mai 2013

Puntilla vide son sac (de Tarbes)


Gascogne !

Reine couronnée des Pyrénées, orgueilleux rempart adamantin fort de ses imprenables citadelles cathares ! Souveraine alanguie parée de ses verts atours, elle se prélasse dans les rondeurs du Gers. Coquette embaumée des entêtants parfums de ses forêts de pins, se heurtant à l’embrun de la vague marine quand elle devient les Landes, la Gascogne est une belle femme brune dont l’œil par sa franchise étonne. Et je l’aime !

Je vous entretiendrai de la gastronomie de ce pays béni de Bacchus, car naquirent en ces terres généreuses tant de mets simples et roboratifs, dont l’efficacité nutritive n’a d’égal que la délicatesse en bouche et le raffinement des arômes. La glèbe gasconne dispense généreusement à ses enfants les bons produits de ses seins ronds et fermes ! Ces fruits si judicieusement accommodés, dans ce merveilleux plat nommé garbure dans l’idiome local, ont permis à cette race fière de mettre au monde des enfants dont le corps, à défaut d’être mince, ne laisse pas d’être vigoureux !

Cadets de Gascogne, hommes de cœur (de canard), gloire aux cochons au fin fond des bauges ! Aux Normands la crème, aux Gascons le canard dont la graisse est à elle seule un onguent, une panacée ! Et que dire du ragoût de carcasses ou des cœurs de canards frits dans la graisse de leurs ex-propriétaires et mangés de bon matin accompagnés d’un viril madiran ! Miam, slurp et diététique !

Il y a des vaches aussi, en Gascogne. Des vaches toutes noires venant d’Espagne, car les Gascons n’élèvent traditionnellement que des oies, des cochons et les désormais célèbres canards — dont on se repaît du cœur avec un tord-boyau appelé madiran les matins de becerradas. Elles sont sympas leurs vaches ! Ils leurs collent du chatterton sur les cornes, les attachent avec une corde et font sauter par-dessus leur échine, lors de cérémonies appelées « course landaise », des prix Nobel gavés de cœurs de canards au madiran. C’est très pittoresque.

La Gascogne aime aussi les toros ! Des toros tout noirs qui viennent eux aussi d’Espagne, bien que quelques ploucs locaux — moustachus ou pas — tentent aujourd’hui de les élever eux-mêmes. Des toros que l’on combat selon des règles naturellement ibériques dans des lieux appelés « arène » et prévus à cet effet. Ces fêtes sont célébrées lors de manifestations culturelles : les férias. Elle ont généralement lieu au cours de la belle saison, dans les mégapoles des Landes, du Gers et du Pays basque : Dax, Vic-Fezensac, Bayonne et, perle des Landes, Mont-de-Marsan.

À ces occasions, le peuple gascon, délicat et mesuré à son habitude, déguste le petit doigt en l’air des litres et des litres de pastis et de madiran — ce vin qui fait peur aux comptoirs les plus aguerris. Nadine de Rotschild n’a qu’à bien se tenir ! Pour le non-initié, il semblerait que le but du jeu consistât à vomir partout des cœurs de canards et de la garbure. C’est aussi pour l’ethnosociologue amateur l’occasion de croiser des rugbymen déguisés en vahinés ou en danseuses étoiles, ce qui n’a de cesse de ravir l’âme de l’esthète sommeillant en chacun de nous…

Les mégapoles de moindre importance apprécient elles aussi ces manifestations de la belle culture gasconne, mais se contentent d’organiser des becerradas ou des novilladas piquées lors de leurs fêtes votives. Captieux, Aire-sur-l’Adour, Maubourguet… Nul n’échappe aux cœurs de canards, au Grand Repas de l’Afición et à la peña les Armagnacs. Cette belle coutume a en Gascogne ses hauts-lieux et ses chapelles, car le peuple gascon n’est pas monolithique en afición a los toros.

Il y a, en revanche, un sujet faisant consensus chez les indigènes de la région : le « Parisieng » ou « Lutécieng » (prononcer avec mépris). Je ne me suis jamais très bien expliqué l’acrimonie particulière que certains autochtones de cette si riante région française nourrissent à notre encontre, nous, résidents de la Capitale du Monde, la Belle, la Somptueuse Paris ! Je n’en sais pas bien long sur les origines de cette haine recuite, et l’ignorance dans laquelle je demeure contrarie ma curiosité scientifique naturelle et inextinguible. J’ai bien tenté, à diverses occasions, d’élucider cette énigme anthropologique, usant d’une diplomatie que m’aurait envié un Claude Lévi-Strauss apprivoisant le Jivaro l’ayant traité de « p’tite tête ». En vain !!!

Mais les faits sont les faits, et les faits sont têtus : on ne nous aime guère en ces rugueuses contrées et l’on nous déteste à coup sûr lorsque l’on a le mauvais goût de se piquer d’afición a los toros. En effet, seul le Gascon est à même de comprendre et d’apprécier le combat des taureaux à sa juste valeur. Plus Espagnol que l’Espagnol, il y a le Gascon ! Même si la corrida est un produit d’importation somme toute récent entre Adour et Midouze, lui seul, valeureux Gascon, est habilité à se rendre aux arènes en toute légitimité. Même son congénère, le Sudestien, n’a pas à ses yeux les capacités requises pour appréhender comme il se doit le noble art de trucider un taureau entre 18 h et 20 h.

Aux yeux du Gascon, le Chevalois n’est bon qu’à regarder des mecs en blanc se faire courser par des taureaux privés de leurs attributs, alors un Parisieng !… pensez-vous ! Le Parisieng, ou Lutécieng selon les chapelles, a pour le Gascon de base été initié à la tauromachie par Canal+ dans les années 90, s’est aguerri dans les arènes de Nîmes (2 h 30 de Paname en TGV) et dénature par sa présence incongrue l’homogénéité d’un public local savant autant que sobre.

Afin de vous en convaincre, je me permets de vous citer quelques paroles viriles d’aficionados gascons glanées récemment sur le Net, en général, et sur ce merveilleux forum qu’est la Bronca, en particulier :
« Quant aux Vicois, l’ambiance est sympa à l’extérieur des arènes, mais à l’intérieur il est difficile d’exprimer son mécontentement quand une corrida concours se transforme en corrida de banderilleros… Je ne parlerai pas de "canalplusisation" [sic] du public, mais plutôt d’une "parisianosudestisation" [re-sic]. » — Thierry R.
« Les Lutéciens connaissent la taureau machie ??? » — Laurent L.
• « Mais Dieu que la corrida devient tristounette avec cet afflux d’aficionados culture Canal+, disions-nous il y a quelques années. » ; « Bravo les Parisiengs pour cette observation nationale de la culture taurine… virtuelle… en attendant Céééreeet… » — Roger M.
Etc., etc. Je n’invente rien !

Bien entendu, lorsque nous avons le bon goût de nous déguiser en portefeuille, les mains se tendent, les barrières culturelles jadis insurmontables s’érodent et les dichotomies linguistiques laissent place à une tolérance bon enfant. Il serait toutefois malhonnête de ne point constater qu’après vingt ou trente Tariquet payés à un tarif que l’on n’oserait exiger à un émir arabe, le robuste indigène amadoué vous aperçoit enfin comme quelqu’un ayant peut-être une âme ! La controverse de Valladolid est encore dans toutes les têtes au pays des maïs toujours verts !

Mais les effusions éthyliques évaporées, le béret se fait plus près de la tête et le naturel du Tarbais ou du Montois bon teint revient au galop. Il gueule alors comme un putois que le Parisieng pollue SES tendidos — qui, à coup sûr, resteraient vides si nous ne venions pas, nous, heureux résidents de LA capitale, les garnir de notre amicale présence. Toutes ces considérations et cet espèce de racisme interrégional commençant à me courir sur le haricot (et pas que le tarbais !), nous avons, avec mes amis privilégiés de Paname, pris une décision qui s’avérera lourde de conséquences et dont l’histoire se souviendra douloureusement.

Luz (gloire à elle :), fondatrice des forums de la Bronca, premier forum taurin au monde, Dionxu, quelques autres et moi-même, nous nous sommes donc concertés et avons décidé à l’unanimité qu’une bonne croisade remettrait quelques vilaines idées en place à coups de guisarme dans le fondement ! Ou, à défaut de croisade, l’ost du pays d’oïl menée par un Simon de Montfort moderne serait à même de calmer les ardeurs xénophobes de certains bas du bulbe…

Sus ! Taïaut ! Tuez-les tous, Dieu n'est pas ! (Sac de Tarbes, An de Grâce 2013.)
Paroles attribuées à Puntilla, soudard tristement célèbre pour avoir mis à feu et à sang, avec la complicité efficace de Luz et de Bloody Haribo, la riante région de Chevalie — gloire à ses chères tradiciouns !

Qu’enfin les échasses trouvent un semblant d’utilité et servent à empaler les pompeux cornichons de la fiesta brava ! Le sac de Tarbes ! Ça aurait de la gueule, nom d’une pipa !

17 octobre 2012

Domaine des Romarins


Communiqué

Du 24 novembre au 31 décembre 2012, le Domaine des Romarins (Domazan, Gard) organise un concours et une exposition de photographies taurines sur le thème de la corrida et du taureau de combat pour la temporada 2012. 

Pour tout renseignement :
domromarin@aol.com

29 avril 2012

C'est un voyage


Avant de poser ses valises à Llançà, Paco Pérez a passé du temps chez Michel Guérard à Eugénie-les-Bains, puis chez le voisin Ferran Adrià à Roses. Et après presque trois heures de déjeuner, on se dit que le chef a dû effectuer aussi quelques voyages au pays du Soleil-Levant.
On imagine que Paco Pérez a mûri ces expériences, les a digérées, méditées et réfléchies, avant de proposer sa propre cuisine, forcément marquée par ces chefs emblématiques de la nouvelle cuisine, ou cuisine moderne — appelez ça comme vous voulez, là n’est pas la question.
La question n’est pas liée à un concept ou à une vision ou à une fusion. La question c’est celle du voyage que propose Paco Pérez, même si, c’est évident, l’esprit du Bulli plane indéniablement sur le repas comme sur ce « Pesto » que n’aurait pas renié Miró, mais qui, une fois passée la surprise esthétique, étonne par sa puissance, ses saveurs entêtantes et une longueur en bouche qui semble ne jamais vouloir vous lâcher tant elle n’en finit pas de vous envahir.
La cuisine de Paco Pérez est irrémédiablement moderne, sans concession à d’autres conceptions plus sages, finalement plus actuelles, auxquelles les sublimissimes frères Roca, par exemple, semblent désormais parfois se contraindre.
Il serait pour autant injuste et réducteur de désigner la cuisine de Paco Pérez comme moléculaire ou nouvelle, ou même fusion. Paco Pérez est bien au-delà de tout ça. ¡Paco Pérez es grandeza! Paco Pérez est enthousiasmant.
Il suffit de constater la qualité des produits utilisés ici, le respect avec lequel ils sont proposés, pour vite se rendre compte que ce voyage sera simplement et totalement jouissif. Un voyage dans l’univers de la très haute gastronomie, encore accessible. Jouissance pure. Comme pour cette « Gamba marina » à la cuisson millimétrée, presque crue, juste tiède pour s’offrir comme il faut. Ou encore ces préparations où les légumes seuls sont mis en avant, incroyablement magnifiés et sublimés dans le « Primer verde ». Un bonheur gustatif total en chaud et froid, tout comme pour le « Foie, artichaut et truffe ». Époustouflant.

Paco Pérez est aujourd’hui gratifié de deux étoiles par le Guide rouge. Le jour où il en aura trois, le même menu, composé des mêmes plats, prendra sans aucun doute 50 ou 60 euros dans la figure. C’est maintenant qu’il faut en profiter. Sans perdre de vue qu’il est possible de boire au Miramar d’excellents vins locaux proposés à partir de 25 euros. Demandez à Toni, le sommelier, de vous guider. Le service, impeccable, comme dans un souffle, fera le reste.
Vous ne rêvez pas. Nous sommes au Miramar, à Llançà, en Catalogne, en Espagne. Un paradis gastronomique. N’en doutez pas.

>>> Une galerie de ce voyage gustatif est disponible en rubrique « Photographies » du site www.camposyruedos.com.

12 octobre 2011

1 euro 80


À Gerena, non loin de Séville, il existe un bar qui n’existe pas vraiment. Il n’est ni indiqué, ni annoncé. Il y a juste une porte à trouver au milieu d'une rue quelconque, pour se plonger dans un univers très andalou.
J’ai oublié le nom du bar, mais si vous allez à Gerena Fabrice vous y conduira sans doute.
Parce que, de toute façon, vous n’irez pas à Gerena sans rendre visite à Fabrice, sur la route d’Aznalcóllar, pour y voir ses Albaserrada, que vous ne confondrez pas avec les Albaserrada. Car ça n’a évidemment rien à voir.
Il existe un autre bar à Gerena, qui a pignon sur rue celui-là, mais qui est tout aussi improbable que l’autre, dans un autre genre.
Le patron déjà est un voyage à lui tout seul. Ce n’est pas qu’il parle beaucoup le patron, mais dès la porte passée, on a l’impression de dire bonjour à Picasso, ou Luis Buñuel, ou les deux.
Du coup on remarque à peine l’addition inscrite à la craie sur le comptoir, à l’ancienne.
Un euro quatre-vingts. Six verres de vin pour un euro quatre-vingts.
Ça s’appelle la Bodega Rociana. Et le vin c’est Vinos Rociana del Condado, de Huelva. Ça sonne bien.
On dirait qu’ici on ne leur a pas expliqué que l’euro avait généré une hausse des prix très supérieure aux affirmations délirantes de ceux qui prétendent nous gouverner.
1,80 euros pour six verres de blanc, pas mauvais en plus. 30 centimes le verre, servi par Picasso, ou Buñuel. Si c’est pas un voyage ça...

07 octobre 2011

La Catalogne, ce paradis


Le Levante n'est pas la Catalogne, soit.
De chez moi à La Pobla de Farnals, il y a exactement 721 kilomètres, que j'ai avalés tranquillement, par étapes, en m'arrêtant d'abord du côté de Gérone pour y boire du bourgogne, puis dans le Priorat pour y boire plus logiquement du priorat.
Ça peut paraître incroyable, mais la carte des vins de Bourgogne la plus fabuleuse, la plus variée, la plus fournie, la plus délirante et à prix très sages, ce n'est pas en France que vous la trouverez mais dans un restaurant de bord de mer, sur une plage catalane.
Ils sont fous ces Catalans.
En 2011, la Catalogne a mis un terme à sa tradition taurine. Ça fera date, ça fera tache, peut-être pas tache d'huile, mais tache tout de même. La Fiesta en pleine crise, en pleine déliquescence, interdite, définitivement interdite en Catalogne.
En 2011, la Catalogne a connu une autre fermeture tout aussi symbolique. Du fond de sa crique, Ferran Adrià a fermé ce qui restera comme le restaurant le plus important, le plus inventif et le plus révolutionnaire du siècle dernier et du début du présent.
On aime ou pas, on peut même détester, mais le chef catalan, de L'Hospitalet de Llobregat, aura marqué de manière indélébile le monde de la gastronomie.
C'est en pleine gloire qu'Adrià a décidé de mettre la clef sous la porte la même année que la fermeture de la Monumental, mais dans un contexte totalement opposé.
La Catalogne est donc un paradis gastronomique, incontournable.
En continuant après Barcelone vous arrivez à Tarragona, le pays de la chartreuse et des grands rouges du Priorat. Là, on bifurque en direction de l'intérieur des terres.
Autre adresse hallucinante et improbable, à Falset, juste avant Gratallops, en plein vignoble : El Celler de l'Àspic.
Le chef Toni est un ami d’Alain Graillot, la star de Crozes-Hermitage qui vient conseiller ici un domaine local : le Clos Figueras. Ça donne une idée du niveau.
Chez Toni aussi les prix des vins sont tellement sages que l'on ose en abuser. Dans l’assiette rien d'inventif ou de délirant, mais une cuisine du marché très nette, savoureuse, en parfaite adéquation avec les grands vins d'ici, servis au verre très copieusement. Ça devrait enchanter François Simon un endroit pareil, généreux, accueillant, au final jouissif de simplicité.
Et il faut bien se rendre à l’évidence, ce type d’adresse n'a pas d'équivalent en France.
La Catalogne est donc un paradis, gastronomique à défaut d’être un paradis taurin, un paradis sur la route du Levante et des bous al carrer.

El Celler de l'Àspic :: Toni Bru | Clos Figueras | Domaine Graillot | El Bulli :: Ferran Adrià

09 juillet 2010

Cours l'encierro au blanc


En voilà une belle initiative, allant à contre-courant de tous les discours hygiéniques et bien-pensants, que celle d'encourager les mozos à courir au blanc histoire de donner un coup de pouce aux blancos de Navarre, territoire davantage réputé pour ses rosados et sa forte production de tintos — une bouteille de vin navarrais sur deux serait une de rouge.

Camarade coureur, délaisse ton tord-boyaux préféré, le patxaran, et mets-toi au blanc, si rafraîchissant... Et n'oublie pas, el vino sólo se disfruta con moderación.

Surtout avant 8 heures !

Image Il est interdit de citer ou d'attirer l'attention des toros, de les toucher, de rendre difficile la course des autres coureurs en s'arrêtant sur le parcours / Dans tous les cas, si tu tombes, ne te relève pas avant le passage de la manade © Ayuntamiento de Pamplona

29 avril 2010

« Campos y Ruedos » s'arrose à Nîmes le 1er mai


Campos y Ruedos, le livre, s’arrose... à Nîmes, le samedi 1er mai et pas n’importe comment ! Avec l'équipe d’Alain Bosc, caviste à Nîmes, qui fête ses quinze ans en compagnie de 15 vignerons :

- Jean Foillard, Morgon en Beaujolais ;
- Philippe Valette, Domaine Valette en Mâconnais ;
- Michèle Aubery, Domaine Gramenon en Côtes du Rhône ;
- François Chavériat, Domaine Chantal Lescure en Bourgogne ;
- Eric Pfifferling, L'Anglore à Tavel ;
- Pascal et Betty Glas, Domaine Poulvarel en Costières de Nîmes ;
- Patrick et Christophe Chabrier, Domaine Chabrier en Duché d'Uzès ;
- Frédéric Pourtalier, Domaine de Montcalmes en Coteaux du Languedoc ;
- Didier Barral, Domaine Léon Barral à Faugères ;
- Gilles Azam, Domaine Les Hautes Terres à Limoux ;
- Richard Moustiès, Mas Mortiès en Pic-Saint-Loup ;
- Sophie et Pierre Larmandier-Bernier en Champagne ;
- Emmanuel Darnaud en Crozes-Hermitage ;
- Jean-Baptiste Senat en Minervois et
- Les Alias, Domaine Sainte-Marie-des-Crozes en Corbières.

AU MENU DU SALON
À partir de 10h
Dégustation et vente sur place (à l’entrée, le verre-dégustation 5 €), déjeuner possible sur place au Drop.
L’après-midiSignatures du livre Campos y Ruedos, de la revue In Vino avec Jacques Maigne et Bruno Doan, mais aussi Jacques Durand ; et le salon continue jusqu’à 19 heures.

On clique sur la photo pour savoir où ça se passe.

01 novembre 2009

Concours photo du Domaine des Romarins


La chose devient traditionnelle, c’est plutôt bon signe. Le Domaine des Romarins organise, du 28 novembre au 30 décembre 2009, un concours et une exposition de photographies taurines sur le thème de la corrida et du toro de combat pour la temporada 2009 et les œuvres retenues pour le concours feront l’objet de l’exposition.
Pour toutes les questions relatives au concours et à l’exposition vous pouvez contacter Madame Claire FABRE via le mail domromarin@aol.com.
Ce concours est ouvert à tous les photographes, amateurs ou professionnels, français ou étrangers.
Pour être retenues les œuvres devront avoir été réalisées au format 24 x 36 cm, en argentique ou en numérique.
Pour les photos réalisées en numérique les organisateurs effectueront la sélection à partir d’un CD contenant le ou les fichiers numériques de taille 24 x 36 cm, par 300 dpi en JPEG RVB, fichiers non compressés de 4 Mo minimum afin d’avoir une qualité de reproduction optimum.
Pour les photos réalisées en argentique les organisateurs effectueront la sélection à partir de négatifs ou de diapositives dans leur cache au format 24 x 36 mm.
Les organisateurs prêteront une attention particulière à la bonne conservation et à la restitution des œuvres qui leur seront confiées. Ils ne pourront cependant pas être tenus responsables des éventuelles dégradations qui ne seraient pas de leur fait.

Les organisateurs recevront les œuvres :
* par la poste, dans une enveloppe suffisamment affranchie et résistante à l’adresse suivante: Domaine des Romarins, Route d’Estézargues - 30390 DOMAZAN - France
* par e-mail à l’adresse suivante : domromarin@aol.com
La date limite de réception est fixée au 13 novembre 2009.

Le règlement complet du concours, les informations sur l’exposition et l’identité des membres du jury peuvent être obtenus sur demande à Mme Claire FABRE (téléphone 04 66 57 43 80 ou par e-mail domromarin@aol.com).

20 septembre 2009

Toros y vinos... à Mirandilla (V et fin)


Septembre est évidemment la période des vendanges et l’occasion pour nous de conclure avec Fabrice Torrito la série Toros y Vinos à Mirandilla. Avec Fabrice mais également avec la maison Krug qui est descendu en Andalousie pour y déguster rien de moins que le Clos du Mesnil 1995. Nous laissons la parole à Fabrice qui va nous parler d’une légende champenoise.

Sur la photographie ci-contre, Fabrice est en compagnie de l’œnologue de la maison Krug.

• c’est un champagne « pur sang », sans assemblage. Même parcelle de vigne, même cépage, même millésime, ce qui est très rare dans l’élaboration d’un champagne. Peut-être comparable à la consanguinité normalement pratiquée dans une ganadería, en mesurant tout de même ses effets pour éviter une dégénérescence de la race ;
• c’est un produit hors-norme. On a l’habitude de dire en parlant des produits de Krug que ce n’est pas du champagne. Des personnes n’aimant pas le champagne, peuvent apprécier du Krug. C’est un produit à contre courant commercial, comparable à un éleveur de bravos qui fait du toro encasté, puissant et avec beaucoup de tête. Ces bêtes ne sont pas facilement vendables, mais un public d’aficionados connaisseurs les recherchent ;
• la part du marché de Krug, est une goutte de champagne dans la production totale ;
• c’est un produit très typé, reconnaissable entre tous, très facile pour une dégustation à l’aveugle ;
• les méthodes de production, d’élaboration et d’élevage sont traditionnelles (élevage en fûts de chêne). C’est le taureau « de toute la vie », né de la monte d’une vache par un étalon, en pleine nature. Pas de techniques modernes ;
• Krug possède des réserves de « vins clairs », qui est la substance régulatrice qui permet d’uniformiser le goût des produits de la maison. Cela peut se comparer à un étalon qui « transmet » bien, ou une lignée (reata) bien définie qui assurent la continuité des caractéristiques morphologiques et de comportement des toros d’un élevage
• le palais de la maison est assuré par Olivier Krug, cinquième génération d’éleveur, qui continue d’assurer le « goût » et la griffe Krug. Dans un élevage de taureaux, la décision de sélection ne peut appartenir qu’à une seule et unique personne, le ganadero, qui appliquera ses convictions. On pourrait discuter longtemps sans jamais se mettre d’accord sur le comportement d’une génisse en tentadero

Conclusion :
• il semble que c’est bien le consommateur qui régule le marché du vin, alors que le marché de la corrida est totalement aux mains des figuras et de leurs managers. Le public aficionado, dans le choix des élevages n’a que très peu de poids, exception faite de programmations rares et originales comme à Céret ;
• un vin élevé de manière traditionnelle, avec une philosophie de qualité, de caractère bien trempé et de rareté, parvient à se monnayer très cher, ce qui n’est le cas semble-t-il que chez Miura et surtout Victorino (quoique la rareté du produit chez ce dernier est aujourd’hui relative, avec 25 corridas lidiées par temporada) ;
• un éleveur de vin ou de toro doit-il s’adapter aux lois du marché de consommation ou garder sa ligne directrice de sélection ? Doit-on faire du taureau ou du vin pour vendre ou pour se faire plaisir ? Les deux aspects sont-ils compatibles ?

10 août 2009

El quite del botellón


A partir d'une réflexion pertinente de Marc Gerise

El Quite del botellón est une suerte extrêmement rare tombée en désuétude en raison de la passivité croissante des publics. Dans le toreo d'aujourd'hui, il requiert un comportement ouvertement scandaleux et provocateur permettant une ire délirante du public à l'égard du torero. Il est de bon ton d'avoir pris du sitio au préalable afin de permettre aux tendidos de monter en température (lorsque le torero regagne la talanquère par exemple). Une fois le public chauffé à blanc et unanimement en pétard contre le coletudo, il suffit de lancer un projectile vaguement en direction du matador en déconfiture, non dans le but de l'atteindre physiquement mais dans l'optique d'exprimer de façon outrancière son opprobre. Ce geste désintéressé, plein d'abnégation, magnifique illustration de la parole de Christ rapportée par St Matthieu (V, 1-12), permet au matador accablé de détourner l'attention du public en se saisissant de l'objet et pointer le fautif. Le choix de l'objet est primordial... Il doit être solide et potentiellement dangereux. Du danger potentiel dépend la victimisation du torero, propre à susciter la sympathie et absoudre les fautes. La solidité du projectile permet au matador de s'en saisir pour désigner l'expéditeur. La portée du symbole gagne alors en importance. Par conséquent, il est recommandé d'éviter les pianos à queue et autres enclumes, difficiles à soulever d'une main en gardant son quant-à-soi. La maîtrise du crescendo émotionnel et la surprise du recorte constituent les éléments-clés de la réussite du quite. L'auteur du quite est généralement désigné illico par quelques voisins de tendido bien-pensants et scandalisés, ravis de collaborer à l'expulsion du trublion par les autorités locales. Pendant ce temps, le torero, déchargé du fardeau de l'attention et du poids du courroux veille à passer le plus naturellement du monde dans le callejón.
Ce quite a été pratiqué hier par un aficionado inconnu sur la personne du novillero Carlos Guzmán à Parentis-en-Born à la mort du 5ème novillo et réalisé à l'aide d'une bouteille... d'où le nom.

Note du comité de rédaction de CyR : CyR et ses collaborateurs s'opposent fermement et condamnent toute utilisation d'un grand cru pour la réalisation de ce quite.

23 juillet 2009

La Bourgogne en Catalogne


D’une certaine manière cet endroit c’est Mars, sans la NASA, ni les fusées ni la pollution. Un ovni gastronomique. La preuve, je crois qu’il n’est même pas dans le guide Michelin. Pourtant il y a des nappes.
Vérification. Eh bien si. Après vérification, il est bien dans le Michelin. Mais ça n’est pas grace au petit guide rouge que nous avons débarqué dans cette crique pas tout à fait perdue du fin fond de la Catalogne. Rien de tel que le bouche à oreille en fait.
Jetons tout de même un œil au guide, histoire de voir comment ils présentent la chose : "L'atout majeur de cette ancienne villa située en bord de mer est sa terrasse, bien que sa salle à manger soit tout à fait correcte. Carte traditionnelle et cave à vins fournie".
Je rêve. Autant dire que cette adresse N’EST PAS dans le guide Michelin. Car si l’inspecteur chargé du coin n’a rien trouvé de mieux à raconter que la terrasse est pas mal et que la salle est pas mal non plus… eh bien, Monsieur Bibendum… faut le virer le gars et embaucher ceux de Camposyruedos tiens. Nous voulons bien être payés pour aller traîner en Catalogne. On en rêve même. Tout tester !
Une bulle, un rincón où l’on se sent immédiatement a gusto. L’idée que l’on peut se faire d’un paradis gastronomique sans complications. La cuisine de Carlos n’a rien de tarabiscotée, elle est même simple, mais basée sur la qualité de produits irréprochables, et un réel savoir faire quant à la maîtrise des cuissons. Almejas, cigalas, espardenyes, pan con tomate y anchoas, gambas de Roses ou de Palamos, riz du pêcheur… classique mais sans faute. Une fois encore cette recherche de l'excellence qui fait tellement défaut à la chose taurine.
Au bout du compte, le pire dans l’appréciation du petit guide rouge, c’est lorsque le type il balance : cave à vins fournie.
Cave à vins fournie, cave à vins fournie... Dehors ! Viré !
Ou alors si, il y a une explication. Le type du guide rouge il ne veut pas donner l’adresse. Il ne veut pas que ça se sache.
La carte des vins ? Un fantasme, un délire improbable, total, absolu, une chose irréelle. Même pas un rêve. Car aucun aficionado à la Bourgogne n’oserait rêver à pareil paradis à ce point accessible. Tous, ils y sont tous : Coche-Dury, Comtes Lafont, Roulot, Romané Conti, Domaine d’Auvenay, François Raveneau, Vincent Dauvissat, Clos de Tart, Dugat-Py, François Jobard, Droin, Anne Gros, Roumier, et caetera, et caetera, et caetera... Et de vieux millésimes avec ça, prêts à boire. Un truc inimaginable.
Je ne vois pas d'autre explication. L’inspecteur du guide il ne veut pas donner l’adresse. D’ailleurs c’est simple, l'adresse je ne vais pas vous la donner !

24 janvier 2009

Corton-Charlemagne


J’ignore si c’est vrai, ou si ce n’est qu’une légende, ou un délire. Charlemagne aurait demandé aux vignerons bourguignons de produire un vin blanc car le rouge tachait de façon trop visible sa grande barbe blanche, ce qui avait le don de mettre en colère sa reine de femme. On m’a raconté ça, un soir de dégustation, assez tard, très tard même. Il était même peut-être trop tard... Il n’empêche qu’en matière vineuse, et en Bourgogne notamment, les vignerons ont su conserver la mémoire de leur passé, de leur histoire. Ils ont maintenu, et même bien plus. Ce n’est hélas guère le cas en ce qui concerne la diversité des encastes du toro de combat. Si nous nous lancions dans une étude comparative entre l’excellence oenologique et l’excellence ganadera, la comparaison serait sans aucun doute absolument terrible pour les taurins. Figurez-vous que, pour ce joyau que représente Corton-Charlemagne, l’appellation toute entière ne compte pas plus de 51 hectares. Rien quoi...

12 novembre 2008

Toros, vinos y fotos...


Ça nous arrive vraiment à la bourre, mais il n’est pas trop tard pour ceux qui veulent participer.
Le Domaine des Romarins (Côtes du Rhône) organise, du 5 au 31 décembre 2008, un concours et une exposition de photographies taurines sur le thème de la corrida et du toro de combat pour la temporada 2008.
Ce concours est ouvert à tous les photographes, amateurs ou professionnels, français ou étrangers.
Pour être retenues les œuvres devront avoir été réalisées au format 24 x 36 mm, en argentique ou en numérique.
Pour les photos réalisées en numérique les organisateurs effectueront la sélection uniquement à partir d’un CD contenant le ou les fichiers numériques de taille 24 x 36 mm, CM par 300 dpi en JPEG RVB, fichiers non compressés de 6 Mo minimum afin d’avoir une qualité de reproduction suffisante.

Les organisateurs recevront les œuvres par La Poste, dans une enveloppe suffisamment affranchie et résistante à l’adresse suivante :
Domaine des Romarins
Route d’Estézargues
30390 Domazan
FRANCE

Pour toutes les questions relatives au concours et à l’exposition, la personne responsable est Mme Claire FABRE (téléphone : 04 66 57 43 80 /// Email : domromarin@aol.com).

La date limite de réception est fixée au 15 novembre 2008.

07 novembre 2008

Mondovino


Chez CyR, on n'a pas toujours le même avis mais on a des amis. El Gandarien, figure nîmoise haute en bouclettes et en roulettes, nous livre un parallèle intéressant sur le thème de Mondovino. Voilà une façon de continuer à débattre de bonnes choses quand l'automne a renvoyé à leurs souvenirs aficionados et vendangeurs ; et alors que dans les campos et les caves mûrissent toros et bouteilles. Autant de matière première à dégustation, débats et querelles pour les mois à venir. Toutefois, qu'il me permette, en toute amitié et franchise de ne pas être complètement d'accord avec sa conclusion. Bonne lecture !

Vagabondant au milieu de ses vignes ensoleillées, le vieux Hubert de Montille, producteur de Bourogne depuis moult générations, ne jure que par son terroir. Sans terroir, le vin n’est que piquette de boutiquiers. Pour lui, le vin est une passion, une vie, toute tricherie est impensable. Même vendanger du haut d’un vieux John Deere le tuerait et ses ancêtres avec.

Malheureusement, pour lui, la triche est devenu la règle, les goûts des buveurs ont été façonnés, éduqués, par trop de poudre aux yeux et les chéquiers s’orientent inévitablement vers les créations alcoolisées de financiers opportunistes. La viticulture était un sport de riches, elle est devenue un marché dans lequel le vieux Français pique du nez. Assoiffés par les dollars, le clan des Mondavi sait tricher pour grandir. Soudoyant les critiques gastronomiques, fricotant avec le plus influent de tous : Parker, des guides Parker®, ils ajoutent à tour de bras sucre et copeaux de bois en fond de fût pour coller au goût préfabriqué du public, quand ils ne collent pas, par souci marketing, des étiquettes différentes sur un même vin.

De son coté, le vieux Montille n’est pas croyant, mais il a foi en ce qu’il fait. Le regarde lumineux, il ne conçoit pas le vin en largeur qui vous claque à la gueule comme un feu d’artifice et qui vous lâche d’un trait une fois le vernis évaporé. Le vin doit être long pour laisser un souvenir infini aux papilles et à l’esprit. Il fuit le goût mondialisé, labélisé par l’incompétence de présidents de jurys distribuant médailles d’or à tout bout de champs.

Le vieux bourguignon et le magnat Mondavi s’entretuent verbalement (dans le meilleur des cas) sur l’hôtel de la philosophie du vin, mais ils sont tous deux producteurs, à leur manière. Et pendant ce temps, que se passe-t-il ? Une autre guerre plus pernicieuse n’est-elle pas en train de se jouer ?

D’Hubert de Montille ou de Mondavi, qui a raison, qui a tort, qui gagne, qui perd en définitive ? Ne sont-ils pas en train de se tromper de combat ? Loin des querelles de clochers, c’est probablement et malheureusement Heineken, dont le chiffre d’affaire s’est accru de 17 % sur les 6 derniers mois, qui raflera la mise !

Vagabondant au milieu du campo ensoleillé, le jeune chroniqueur de CyR, aficionado depuis moult générations, ne jure que par la caste. Sans caste, le toro n’est que vachette de boutiquiers. Pour lui, le toro est une passion, une vie, toute tricherie est impensable. Même une pique plantée trop loin du morrillo le tuerait et ses ancêtres avec.

Malheureusement pour lui, la triche est devenue la règle, les goûts des publics de plage ont été façonnés, éduqués par trop de poudre aux yeux et les chéquiers s’orientent inévitablement vers les créations opportunistes de toros-tout-mous. L’élevage de toros était un sport de riches, il est devenu un marché dans lequel la race pique du nez.

Assoiffés par les euros, les commerçants du toreo savent tricher pour grandir. Soudoyant les critiques taurins, fricotant avec les plus influent des apoderados ou autres empresas, ils coupent à tour de bras les pointes trop effilées pour coller au goût préfabriqué du public, quand ils ne cachent pas, par souci marketing, les cornes hivernales sous de vulgaires capotes.

De leur coté, les vieux aficionados ne sont pas croyants mais ils ont la foi en ce qu’ils vivent dans l’arène. Le regard lumineux, ils ne conçoivent pas le toro à la pique unique qui vous claque à la gueule dans une grande carioca et vous lâche d’un trait une fois le vernis évaporé, à grand coups de muleta. Le toro doit être brave pour laisser un souvenir infini aux mirettes et à l’esprit. Les vieux aficionados fuient le goût mondialisé, standardisé par l’incompétence de présidents de palco distribuant oreilles à tout bout de champs.

Les inconditionnels du toro bravo et les inventeurs du toro de star s’entretuent verbalement (dans le meilleur des cas) sur l’hôtel de la philosophie du toreo, mais ils sont tous deux aficionados à leur manière. Et pendant ce temps, que se passe-t-il ? Une autre guerre plus pernicieuse n’est-elle pas en train de se jouer ?

Des intégristes du tercio de varas ou des vendeurs de toros-bonbons, qui a raison, qui a tort, qui gagne, qui perd en définitive ? Ne sont-ils pas en train de se tromper de combat ? Loin des querelles de clochers, c’est probablement et malheureusement, les anti-corridas hystériques et leur chanteur bobo, qui rafleront la mise !

Toros y Vinos... à "Mirandilla" (IV)


Il faut avoir de la suite dans les idées lorsque l’on est lecteur assidu de Camposyruedos. Nous ne l’avions évidemment pas oublié. Mais l’été est à la réflexion peu propice à la dégustation. C’est donc avec les premiers froids que nous retrouvons Fabrice Torrito pour la suite de ce passionnant Torosyvinos. Dans cette partie, Fabrice se propose de comparer un cycle d’élevage de vin et de taureau.

• La mère du taureau, la vache, est le cep de vigne. Une vigne commence à produire à 3 ou 4 ans, comme une vache. La complantation (les ceps de vignes morts remplacés par de jeunes plants) est pratiquée avec les génisses sélectionnées qui remplacent les vieilles vaches.
• Peut-on acheter des ceps comme on achète des mères ?

Commentaire de Solysombra Je pense pouvoir dire que oui. Il s’agit de ce que les vignerons appellent la sélection massale, des boutures quoi ! Plutôt que d’acheter des plans chez les pépiniéristes, certains vignerons « prélèvent » chez d’autres confrères généralement prestigieux. Par exemple, et sauf si ma mémoire me trahit, les mourvèdres et les roussannes du Domaine de la Grange des Pères proviennent de plans du Château de Beaucastel…

• Il est fondamental de maintenir la vache en forme. C’est l’outil de production. L’éleveur qui ne soigne pas ses mères n’arrivera à rien. Conditions sanitaires : vaccination, déparasitage, taille (astes = afeitado…).
• La vache qui a réussi l’épreuve de la tienta est fécondée par un taureau géniteur, en reproduction naturelle. C’est le phénomène de la pollinisation (auto-fertiles et pollinisation croisée). Mais il existe aussi de la recherche en laboratoire dans le vin et le taureau. Importance de l’origine du cépage et des géniteurs. L’assemblage du vin, c’est le choix fondamental de l’éleveur : cet étalon va couvrir ces vaches-là.
• Après dix lunes de gestation chez la vache (comparable au temps qui s’écoule entre la naissance de la fleur et du fruit ?), c’est le vêlage.
• Cette vache va donner naissance à un veau ou une vêle. Comme la naissance du fruit, sachant qu’il existe des fleurs mâles et femelles.
• La mère protège et « éduque » son veau, comme le cep avec les grappes de raisin. Le veau reste environ neuf mois sous sa mère (combien de temps pour le raisin ?).

Commentaire de Solysombra Ces questions seront étudiées prochainement en compagnie de vignerons et nous vous communiquerons évidemment le fruit de nos recherches.

• De même que tous les raisins ne sont pas ramassés, il existe aussi une sélection chez les taureaux (test des femelles et des géniteurs). Seuls les produits aux physiques exceptionnels sont gardés.
• Processus d’identification (sur les fûts) et au feu sur les taureaux. Suivi du pedigree, des familles. Traçabilité. Gestion sur livres. Informatique.
• L’assemblage des différents produits ressemble à la formation des lots de taureaux pour la vente. Thème de l’homogénéité.
• Commercialisation du produit. Intervention du phénomène de courtage. Rarement de vente en direct.
• Transport. Chez le taureau, il appartient à l’acheteur. Et dans le vin ? Surveillance du transport et du stockage des produits. Le mayoral voyage dans le camion et élève son taureau jusqu’au dernier moment, en dormant près de lui dans les corrals des arènes. Thème des assurances.
• Identification extérieure. Dans l’arène : le fer, les couleurs de la famille et la marque aux oreilles. Pour le vin : forme et couleur de la bouteille, étiquette, bouchon…
• Identification du produit. Caractères morphotypes (l’apparence, la robe, les senteurs) et de comportement (le goût).
• Analyse du comportement du taureau et du vin par les consommateurs. Evolution de ce comportement au fur et à mesure du combat du taureau et du temps passé de l’ouverture de la bouteille et du vin dans le verre.
• Critiques des professionnels. Influence sur le goût du consommateur et sur le marché ? (Robert Parker).

A suivre...

06 octobre 2008

Viva Madrid


Les amoureux des toros et des nuits madrilènes reconnaîtront probablement ce lieu. La grande toile jaunie que vous voyez au fond du bar, et qui montre un couple visiblement épanoui, est accrochée là depuis des lustres. Nous sommes au Viva Madrid, un bar emblématique du vieux Madrid qui se trouve calle Manuel Fernández y González, une ruelle coincée entre la calle Echegaray, celle de La Venencia, et la plaza de Santa Ana, celle de la Suiza ou du Viña P.
Il y a peu encore il avait pour voisin une autre institution du quartier, le très regretté Los Gabrieles dont le souvenir des azulejos demeurera à jamais gravé dans les mémoires de ceux qui s’y sont désaltérés, en écoutant du flamenco, ou en tentant de découvrir le prénom de la camarera, j’en passe et des plus nocturnes.

Los Gabrieles n’a hélas pas résisté à l’avidité des promoteurs immobiliers. Le Viva Madrid lui, pour l'instant, résiste. Il est connu pour ses mojitos, et ce couple qui en est devenu son emblème.
Pour nombre d’aficionados, qui ne sont pas forcément aficionados à la photographie, il est donc fort probable que cette image évoque Madrid, sa vie nocturne. La réalité est en fait moins exotique puisqu'il s’agit d’un cliché réalisé à Paris par Brassaï.
D’autres clichés parisiens du célèbre photographe sont d’ailleurs exposés sur les murs du Viva Madrid. Je vous laisserai le soin de les découvrir à l’occasion de votre prochain séjour. Un Brassaï dont la trajectoire l’a fait définitivement et totalement associer à Paris la nuit, aux graffitis et aux maisons closes. Mais un Brassaï qui par un curieux concours de circonstances, restera synonyme, pour beaucoup, de Madrid, de San Isidro et de mojito.

28 septembre 2008

Toros y Vinos aux Monteilles


Je ne connais pas Robert Margé, mais à lire les noms de ses toros combattus à Nîmes le 18 septembre dernier, je me suis dit qu’il doit être un sacré amateur des bonnes choses de la vie, un amateur sans doute même très éclairé, notamment en matière vineuse. Il faut dire que sa propriété se trouve en zone très propice, non loin d’un domaine très apprécié des amateurs, celui de La Negly. Car chose curieuse, et pas la moins inintéressante de la journée, ses toros portaient tous des noms de cépages. Anecdotique sans doute, mais totalement sympathique.
Nous débutons très classiquement par le 'Tempranillo' (numéro 20, negro entrepelado) qui nous renvoie notamment aux grands vins espagnols de la Ribera del Duero et son mythique Vega-Sicilia.
On continue facile avec du 'Albariño' (numéro 22, negro) qui nous amène en Galice dans la région des blancs de
Rías Baixas. Mais nous pouvons prendre également la direction du Portugal, au nord, pour ses Vihnos Verde dont certains sont excellents comme le Deu la Deu qui illustre ce post.
La suite est italienne et également classique, avec le 'Vermentino' (numéro 116, negro zaíno). Inutile de s’attarder. Enfin si. Juste dire que certains vignerons en plantent dans notre Languedoc sous la dénomination de "Rolle".
La deuxième partie de la course est en revanche beaucoup plus corsée.
On débute avec du 'Arabaco' (numéro 162, colorado)... dont j’ignore absolument tout... Baroque ? Barroco ? Là, je cale.
Ça continue avec le 'Gracianu' (numéro 166, castaño oscuro) inconnu au bataillon, qui doit être plutôt le graciano, un cépage espagnol souvent associé au tempranillo. D’après ce qu’on m’en a dit, un cépage plutôt utilisé du côté de La Rioja, encore présent, mais presque disparu. Il s'appelle aussi morrastel, ce qui peut créer une confusion avec le monastrell, autrement dit le mourvèdre de chez nous. Un mourvèdre qui nous ramène pas très loin des Monteilles, puisque La Negly proposait à une époque - et peut-être encore - une excellente cuvée pur mourvèdre : Lancely. Le mourvèdre est probablement le cépage le plus passionnant de notre Languedoc. Un cépage difficile à mener mais qui donne les vins au caractère les plus affirmés et les plus complexes, sans pour autant manquer de finesse, comme cette incontournable Valinière de Didier Barral à Faugères, non loin de Béziers. Bref, la boucle est bouclée et nous arrêtons là sur le mourvèdre car je pourrais vous en parler la nuit entière.
La corrida s’est enfin achevée avec le 'Picardan' (numéro 154, colorado) très rare, et dont les aficionados très pointus savent qu’il peut entrer dans la composition des blancs de
Châteauneuf-du-Pape. Mais là, vu le manque total de typicité de ces blancs sudistes, je ne vous en dirai pas grand-chose.
Le sobrero était, lui, un très classique 'Verdejo' (numéro 112, negro) de la région de
Rueda qui donne des blancs très différents de ceux de Châteauneuf, très vifs et très fruités, des blancs sympathiques mais souvent un peu "techno" comme disent les amateurs.
Telle était la corrida de Robert Margé combattue à Nîmes en septembre dernier. C’est 'Vermentino' qui, de mémoire, a fait l’objet d’une très exagérée pétition d’indulto. Le plus cocasse dans l’histoire aura été l’explication donnée par le Midi Libre, toujours prompt à se vautrer dans la confiture dès que l’occasion se présente. Eh bien ce jour-là, l’explication turlututue de la non obtention de cette vuelta aura été la pluie légère qui s’est invité à la fête. Normal, serait-on tenté d’ajouter. Tout le monde sait bien qu’il ne faut pas mettre de l’eau dans son vin... Jean Legal ! Humoriste !