28 septembre 2008

Toros y Vinos aux Monteilles


Je ne connais pas Robert Margé, mais à lire les noms de ses toros combattus à Nîmes le 18 septembre dernier, je me suis dit qu’il doit être un sacré amateur des bonnes choses de la vie, un amateur sans doute même très éclairé, notamment en matière vineuse. Il faut dire que sa propriété se trouve en zone très propice, non loin d’un domaine très apprécié des amateurs, celui de La Negly. Car chose curieuse, et pas la moins inintéressante de la journée, ses toros portaient tous des noms de cépages. Anecdotique sans doute, mais totalement sympathique.
Nous débutons très classiquement par le 'Tempranillo' (numéro 20, negro entrepelado) qui nous renvoie notamment aux grands vins espagnols de la Ribera del Duero et son mythique Vega-Sicilia.
On continue facile avec du 'Albariño' (numéro 22, negro) qui nous amène en Galice dans la région des blancs de
Rías Baixas. Mais nous pouvons prendre également la direction du Portugal, au nord, pour ses Vihnos Verde dont certains sont excellents comme le Deu la Deu qui illustre ce post.
La suite est italienne et également classique, avec le 'Vermentino' (numéro 116, negro zaíno). Inutile de s’attarder. Enfin si. Juste dire que certains vignerons en plantent dans notre Languedoc sous la dénomination de "Rolle".
La deuxième partie de la course est en revanche beaucoup plus corsée.
On débute avec du 'Arabaco' (numéro 162, colorado)... dont j’ignore absolument tout... Baroque ? Barroco ? Là, je cale.
Ça continue avec le 'Gracianu' (numéro 166, castaño oscuro) inconnu au bataillon, qui doit être plutôt le graciano, un cépage espagnol souvent associé au tempranillo. D’après ce qu’on m’en a dit, un cépage plutôt utilisé du côté de La Rioja, encore présent, mais presque disparu. Il s'appelle aussi morrastel, ce qui peut créer une confusion avec le monastrell, autrement dit le mourvèdre de chez nous. Un mourvèdre qui nous ramène pas très loin des Monteilles, puisque La Negly proposait à une époque - et peut-être encore - une excellente cuvée pur mourvèdre : Lancely. Le mourvèdre est probablement le cépage le plus passionnant de notre Languedoc. Un cépage difficile à mener mais qui donne les vins au caractère les plus affirmés et les plus complexes, sans pour autant manquer de finesse, comme cette incontournable Valinière de Didier Barral à Faugères, non loin de Béziers. Bref, la boucle est bouclée et nous arrêtons là sur le mourvèdre car je pourrais vous en parler la nuit entière.
La corrida s’est enfin achevée avec le 'Picardan' (numéro 154, colorado) très rare, et dont les aficionados très pointus savent qu’il peut entrer dans la composition des blancs de
Châteauneuf-du-Pape. Mais là, vu le manque total de typicité de ces blancs sudistes, je ne vous en dirai pas grand-chose.
Le sobrero était, lui, un très classique 'Verdejo' (numéro 112, negro) de la région de
Rueda qui donne des blancs très différents de ceux de Châteauneuf, très vifs et très fruités, des blancs sympathiques mais souvent un peu "techno" comme disent les amateurs.
Telle était la corrida de Robert Margé combattue à Nîmes en septembre dernier. C’est 'Vermentino' qui, de mémoire, a fait l’objet d’une très exagérée pétition d’indulto. Le plus cocasse dans l’histoire aura été l’explication donnée par le Midi Libre, toujours prompt à se vautrer dans la confiture dès que l’occasion se présente. Eh bien ce jour-là, l’explication turlututue de la non obtention de cette vuelta aura été la pluie légère qui s’est invité à la fête. Normal, serait-on tenté d’ajouter. Tout le monde sait bien qu’il ne faut pas mettre de l’eau dans son vin... Jean Legal ! Humoriste !