30 septembre 2007

Direct live... ou presque


Séville, ce week-end, chez Pablo Romero... Enfin Partido de Resina. Photo de Gilles Gal.

29 septembre 2007

Parole de ganadero


Ces quelques lignes sont dédiées à ceux qui s’illusionnent encore sur les façons de procéder du mundillo. A ceux qui croient qu’une commission taurine peut choisir ses toros, qu’un ganadero autre que don Victorino et les quelques autres de sa stature peuvent construire des lots de leur convenance. La réalité est toute autre et bien loin de notre simple logique d’aficionado. Pour preuve ses paroles d’Álvaro Conradi (ganadero de La Quinta) publiées sur le site Internet opinionytoros.com :

"En la actualidad el ganadero ha perdido toda su autoridad. Antiguamente era él quien elegía 6 toros para ir a una plaza y esos 6 iban, no había cambios. Hoy día los ganaderos no pintamos nada porque los que mandan son los toreros. No podemos enfrentarnos ni al empresario ni al torero porque si se te ocurre hacerlo te quedas en casa, sobre todo si te enfrentas a las figuras... Como alguno de ellos pida que se retire un toro que no le guste, estás perdido porque el empresario con tal de que no se vaya la figura del cartel, te quita a ti."

Pourtant les toreros qui affrontent actuellement les toros d’Álvaro Conradi sont loin du statut des figuras, ce qui ne les empêchent pas d’imposer leur loi…

28 septembre 2007

27 septembre 2007

Casta y bravura


Casta y Bravura est le titre d'un pasodoble composé par Bonald y Campoleón et interprété par l'artiste gitan Rafael Salazar Motos 'Rafael Farina'. Il s'agit d'un hommage à la mythique famille d'éleveurs salmantinos des Pérez-Tabernero, dont voici ci-dessous un extraits des paroles :

"Orgullo del campo charro
sus toros de lidia son
a los Pérez Tabernero
tardes de gloria les dio.

Los toros en la Fontana
suenan tardes de agonía
don Antonio y don Alipio
¡ay! ¡ay!
en su bravura confían.


Dehesa de Salamanca
a sus toros siempre da
la bravura y el trapío
que en la plaza lucirán.


Dehesa de Salamanca
los mayorales ya van
haciendo bravos los toros
haciendo bravos los toros
que gloria siempre les dan."


Le blog Don Pepe y Don José y consacre un article intéressant, accompagné d'un montage vidéo sur lequel vous pourrez apercevoir quelques photos publiées sur notre site.

Comme Mariano semble également le penser, la bravura y el trapío des pupilles issues des multiples ramifications de la célèbre famille appartiennent plus à la littérature qu'à l'actualité, mais on peut toujours espérer des jours meilleurs.

26 septembre 2007

Lettre caricaturale ouverte aux G.O.


Lettre caricaturale ouverte aux gentils organisateurs de spectacles taurins, empresarios, commissions taurines extra-municipales…

Il y a en tauromachie, comme dans la vie de tous les jours, des souffrances à peine perceptibles ou qui ne se disent pas. Au moment où vos yeux louchent déjà sur la saison à venir, il est souhaitable de vous interpeller sur ces maux qui minent la Fiesta, ces maux que vous ne voyez pas ou plus, tout occupés, logiquement, à vous affairer à droite et à gauche pendant "vos" corridas. Oui, chers G.O., au moment où vous savourez triomphes et éloges (Dax, Nîmes pour donner des exemples…), aux heures longues de déconvenues forcément accrues par les charognards de la feuille blanche (Mont-de-Marsan pour donner un autre exemple…), des hommes et des femmes souffrent… dans le callejón !
Car cette lettre n’a d’autre objectif que de vous ouvrir les yeux sur ce mal atroce qui frappe ces errants de la contre-piste. J’en appelle à votre sensibilité la plus profonde qui, je l’imagine, mettra en émoi votre altruisme le plus sincère.
Les callejones sont devenus des lieux de torture pour les pauvres âmes qui le peuplent. La promiscuité de ce bout de piste rappelle les interminables queues de passants de la nuit qui s’effilaient aux portes de trop rares magasins en ex-Union Soviétique. Un calvaire, on l’imagine. Et en plus, il fait chaud l’été ! Vous trouvez sans doute mes propos quelque peu exagérés et je comprends vos hésitations, à croire que de telles choses se déroulent en vos propres murs. Afin de prouver ma bonne foi, voici les mots bouleversants d’un survivant de callejón qui témoigne presque en catimini de ses douleurs les plus enfouies.
"Mais le callejón, c’est aussi rester debout trois heures (multipliées par deux le samedi et le dimanche) coincé derrière un burladero, se démener régulièrement pour en sortir en dérangeant tout le monde quant on veut travailler et faire deux images, se payer une grosse montée d’adrénaline bleue quand l’épée vole et se plante dans le bois juste devant vous, que le toro vient remater sèchement, ou que le cheval de picador s’écrase sous votre nez en faisant plier la barrière". Oui, chers G.O., cela se passe sous vos yeux, chaque week-end qui rythme nos étés et vous ne voyez rien.
Mais n’allez pas croire que cette lettre n’a pour fin que la plainte. Ayant bien réfléchi au problème, en me rasant peut-être comme d’autres rêvent de devenir grand, j’en suis arrivé aux idées suivantes qui pourraient être mises en place dès la saison prochaine afin de mettre un terme à ce scandale trop longtemps oublié.

1/ Agrandir d’un mètre le callejón afin de pouvoir y installer des sièges en cuir pour les personnes touchées de rhumatismes et autres courbatures. Evidemment, la vue sera moins aisée. Pensez donc à scier une partie du burladero en installant dans la partie vide une vitre d’un verre incassable, du style de celui qui servit à cet "immense" et "hallucinant" défi que se lança un peintre français un soir de réveillon à Vic. Le verre fit ses preuves…

2/ Réduisez le nombre de subalternes dans les cuadrillas. Ainsi, les personnes présentes dans la contre-piste pourront plus aisément se déplacer à leur gré pendant la lidia pour faire "des images" ou discuter avec leurs amis. De toute façon, quand on regarde de près le travail effectué par certains subalternes, il ne manqueront à personne, même pas à ces maestros "géniaux" qui remplissent nos étés et de toute façon "capables" de réduire les toros les plus vrais dans des lidias parfaites. Au passage, pensez à dire aux picadors de rester dans le patio de caballos car leur accoutrement encombrant est des plus gênant, vous en conviendrez. Et à quoi servent-ils eux aussi ?

3/ Installer un bar dans un coin de callejón pour que ces pauvres gens puissent se désaltérer à loisir. On ne sait jamais qu’une nouvelle canicule ne frappe nos régions dans les années à venir. Tant que vous y êtes, pensez à n'y servir que des boissons fortement alcoolisées. Avec un peu de chance, ceux qui trimballent leur plume en ces lieux quasi inquisitoriaux pourront peut-être enfin pondre des commentaires empreints d’un brin de bon sens et d’objectivité. Remarquez, si vous faites cela, vous exposez vos talents d'organisateurs à une sévère critique qui pourrait s’avérer fort désagréable à vos yeux.

4/ En augmentant le prix des places des gradins (ce qui ne manquera pas de se passer l’an prochain j’imagine) et des visites des toros aux corrales, il est fort probable que vous puissiez mettre assez d’argent de côté pour offrir à ces âmes en peine un jeu de boules Quiès. Ceci dans la perspective de les protéger des conneries balancées par certains singes savants sur les tendidos. Car en effet, comme l’écrit notre témoin chéri, "Voir une corrida depuis le callejón, les aficionados en rêvent souvent. On sent de plus près le toro et son regard, le torero et sa peur. On entend les paroles des uns et des autres, les conseils avisés ou pas, les commentaires des professionnels. Et surtout, surtout, on n’entend pas les conneries des savants de tendidos, ceux qui ont décidé coûte que coûte de faire partager leur science à tous leurs voisins, surtout à ceux qui s’en passeraient volontiers". Certes, avec des boules Quiès, ils ne pourront plus écouter les "commentaires des professionnels" ; quoique, parfois, ces commentaires se réduisant à un atroce cri guttural vomissant un "torerazoooo", il y a des chances que tout ne soit pas perdu pour eux. Si cette solution ne fonctionne pas, pensez alors à interdire tout bruit ou toute intervention sonore dans vos arènes sous couvert de santé publique évidemment. Si vous le désirez, je peux vous glisser des informations sur quelques personnes déjà fort bien entraînées au maniement du "chuuut", "mais enfin, c’est pénible à la fin de toujours râler", "respecter l’artiste"… J’ose imaginer qu’ils se feront un plaisir de vous aider à rendre plus agréable le difficile séjour des gens d’en bas.

5/ Enfin, pensez tout simplement à organiser des corridas sans toros. Débrouillez-vous comme vous voudrez, achetez des chèvres, des koalas ou des dromadaires mais par pitié, n’achetez plus de toros (ou ce qui ressemble à des toros dans certaines plazas) car ces animaux à la con leur font peur en tapant contre les planches. Vous n’avez pas honte, non ?
Et puis, de toute façon, quand on lit ce qu’ils en écrivent de vos toros, sur leur feuille de papier ou sur leur blog tout neuf, ça ne vaut pas le coup de se décarcasser plus que cela. Pas une ligne, pas une lettre, rien, le vide !

Ainsi, chers G.O., ce cri d’alarme est pour vous, dans l’espoir de sauver une espèce en voie de multiplication, c’est si rare de nos jours.

PS : je vous aurais bien conseillé d’écrire à ce témoin démoli par tant de souffrances mais il est impossible de laisser un courrier sur son blog… Dommage.

César par Facundo


Au moment de la despedida de César, l'hommage de notre ami Facundo.

25 septembre 2007

"Rustre" un toro...


En ces temps de bilans malsains de fin de temporada, où certains tirent sur d'autres des mois après les faits, où ceux-ci pleurent le manque de confort d'un callejón (!), où, enfin, l'on ne cause que de faenas et de triomphes et où le toro n'existe plus ou si peu (en tant que collaborateur uniquement), j'avais juste envie de voir un bon toro à la tronche bien rustre ! Un tulio ! Voilà, c'est fait...

Merci Manon ;-)


Même si Manon est un copain ça fait tout de même plaisir de se retrouver à l’honneur sur son blog. Surtout qu’en matière de photographie taurine, Manon, c’est quand même pas une bille ! Mon hommage à moi, rien qu’à moi, c’est par là…

Catalunya terra de bous


Devant les arènes face aux "antis" et le premier núñez del cuvillo pour César. Demain nous vous montrerons les deux toros de José Tomás.

24 septembre 2007

¡Torero! ¡Torero!


Barcelone, dimanche 23 septembre 2007. Intense émotion, peut-être plus encore que le 17 juin dernier. La Monumental catalane est encore pleine à craquer, plus qu’en juin même. Il faut dire que la revente a calmé le jeu. Une ultime vuelta. Un petit bonhomme au cœur grand comme ça. Il sourit, visiblement heureux, tel un gamin, et fait sa vuelta, sa dernière. C’est César Rincón bien sûr. Il doit être quelque chose comme vingt heures. Je ne sais pas. Cela n’a pas d’importance, et je ne regarde pas ma montre de toute façon.
Et la Monumental de Barcelone, pleine à craquer, n’est qu’un cri, une clameur : "¡Torero! ¡Torero!"… Enorme. Le pellizco, les yeux rouges. "No nos dejes maestro" hurle le type dans mon dos, des sanglots dans la voix.



Avant ça, tout avait débuté sur des chapeaux de roue. César reçoit son premier à la cape par parones et une demie "torerissime". On le sent motivé. José Tomás s’avance, se prépare lentement pour un quite par gaoneras. Le cornu s’échappe, fuse, ne voit que le maestro de Galapagar et se jette sur lui, à très vive allure. Tomás ne bronche pas d’un seul petit millimètre, détourne la charge, temple, et enchaîne avec un quite por gaoneras d’un autre monde, intergalactique. César, le vieux César, bombe le torse, se dirige vers le centre et réplique par trois ou quatre chicuelinas serrées, aguantées, superbes. On le sent tendu, jettant ses dernières forces dans cette bataille. La plaza explose, exulte. Nous sommes aux anges, heureux. La faena sera marquée du sceau de la maison, du sceau de la vérité du toreo éternel, la muleta plancha, la distance juste et généreuse, et tout ça conclu par un superbe recibir – à l’encuentro ou à un tiempo peut-être… Deux oreilles. Ça ne fait que commencer, et César, déjà, pour sa dernière, sortira par la Grande Porte.




José Tomás est apparu serein, sûr de lui, bien dans ses zapatillas. Je conserve dans ma rétine quelques derechazos rematés au niveau des chevilles en se gardant le toro pour enchaîner immédiatement, lier sans temps mort. Mais ce sont surtout les quites, le toreo de cape de José Tomás qui aujourd’hui m’aura le plus touché, les gaoneras et ensuite des caleserinas, faroles. Et toujours cette quiétude, même si à mon sens il a quelque peu séché avec son second, malgré une incroyable série finale de derechezos en se passant le toro à la ceinture, près, très près.

En ce qui concerne l’évolution du toreo de José Tomás, je le trouve plus serein, plus réfléchi qu’avant son départ, mais par contre moins croisé que ce qu’il était auparavant. Dimanche il n’a pas forcément mis son corps là où les autres mettent leur muleta. C’est plus une constatation qu’un réel reproche. Car son toreo semble s’être débarrassé de quelques scories « verticalistes » de son ultime période pour s’orienter vers quelque chose de plus classique, de plus pur encore. Sans doute a-t-il mûri, et nul doute qu’il sera passionnant de le suivre en 2008 dans les arènes de responsabilités où il devrait se produire.

Sérafin Marín a été digne, se l’est jouée – c’était le jour ou jamais ! – mais évidemment resta très en deçà des deux immenses maestros qui l’on précédé aujourd’hui. Mais lui aussi est entré au quite. Aujourd’hui nous avons vu les trois maestros faire des quites et y mettre leur coeur et même plus. Ça existe encore. Alléluia !
Et le bétail me direz-vous ? J’entends déjà des ricanements. Eh bien, mes bien chers tous, le bétail : six toros de Núñez del Cuvillo, cinq ans y con toda la barba. Cinq ans moins un mois ou deux pour la première partie et cinq ans révolus pour la seconde. Et des pitones et du trapío. Comme quoi il n’est pas une fatalité que de devoir supporter des rats imprésentables lorsque José Tomás est au paseo. Plus qu’attaché à José Tomás, le rat imprésentable est en fait l’apanage de certaines arènes à l’ego surdimensionné. Et Barcelone n’est ni Madrid ni Bilbao. Allélulia !
Le problème, d’ailleurs, n’est pas tant d’opposer les courses toristas aux courses toreristas mais d’exiger de ces dernières un bétail de respect comme ce fut le cas dimanche à Barcelone.
Le seul bémol, et de taille, est que ces animaux n’auront été que très peu piqués, la deuxième rencontre donnée pour la forme. C’est désolant mais c’est ainsi. Par contre, et après avoir souligné ceci, force est de constater qu’il n’y a pas eu de génuflexions, que les cornus (oui j’insiste : les CORNUS ! Seul le second de Rincón, jabonero, était plus commode) sont arrivés parfois presque crus au troisième tercio et qu’il y avait du toro à toréer, pas des bédigues. Bref, grande journée que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

23 septembre 2007

Voyage aux vaches du soleil


De Derrière le muret de pierres grises..., une anecdote charra et insolite d’Alfonso Navalón, rapportée par Jean-Pierre Darracq "El Tío Pepe" dans son ouvrage Afición, me revint à l’esprit. Même si certain-e-s d’entre vous la connaissent déjà sûrement, je ne résiste pas à l’envie de la passer à celles et ceux qui ne l’ont jamais lue :

« Quand une vache a fait ses preuves, autrement dit lorsqu’elle a donné naissance à de bons produits, il est nécessaire de ne pas perdre la bonne semence. Alors, chez nous, quand une vache âgée et bien notée a mis bas un mâle, nous cherchons une autre vache, jeune et vigoureuse, qui a donné le jour à une femelle. Nous tuons cette femelle et nous recouvrons le petit avec sa peau. Et ainsi, la jeune vache élève parfaitement le petit mâle, tandis que la vache âgée se repose de ses fatigues. »

Cet étrange « chez nous » était celui des « sœurs María et Carlota Sánchez, propriétaires de ce qui fut la fameuse ganadería de Terrones, près de Salamanque », mais quelque chose me dit qu’il aurait bien pu être celui de María Concepción et Juliana Pinto Tabernero. Une certaine et attachante idée du toro...

Image Une vache de Tabernero de Pinto et son petit © Camposyruedos
Le titre s’inspire de Viaje a los toros del sol d’Alfonso Navalón, l’anecdote en est tirée. Entre guillemets, c’est dans Afición (Éditions Castay, Aire-sur-l’Adour, 1994).

20 septembre 2007

"Derrière le muret de pierres grises..." - Tabernero de Pinto


A Thomas,

Dissimulées sous l’ombre perlée d’encinas vieillissantes, elles scrutent les verts en foule de la primavera charra. Les derniers nés collent aux sabots, évitent le regard, se dérobent et cherchent refuge dans le gigantesque berceau de maman. Personne ne sait qu’ils sont là, ils n’existent pas dans la fragilité de leurs pattes de suie. Elles, elles scrutent le vide vert, en vain. Personne ne viendra, personne n’est jamais venu de toute façon. Sous leur mufle, pourtant, toutes les heures, filent les faiseurs de carteles, accoucheurs d’idées rondes et bien lisses vendues comme une fabrique de rêves quand pointent les lumières plus vives de l’été. Seul, fidèle et hiératique, persiste dans la ligne des pitones "el Cristo de Cabrera", Macarena du lieu que le catholicisme local vénère en juin dans un Rocío au loin des chemins touristiques.
Le ciel s’épanchait doucement. Le mayoral, Juan García García, grand brun rempli de sombre, aurait apprécié que nous fassions comme les autres, passer, ne pas s’arrêter. La finca n’est pas grande, très discrète. Depuis la route qui mène à Las Veguillas (2 kms), une placita couleurs du sud intrigue un regard vide de toro. La mâchoire raide, le verbe muet, il a montré du doigt, derrière un muret de pierres grises, il a baragouiné trois mots en allumant une clope, voûté sur ses pensées, protégé du ciel sombre, surtout de nous. Ils ont couru de droite à gauche, puis de gauche à droite, puis à nouveau de droite à gauche dans un même élan, pareils à de jeunes cabots un peu pecs qui vous font la fête et veulent jouer. La peur peut-être… Un noir s’est arrêté puis deux, puis un colorado… Un silence total de piaillements de piafs a remplacé le mouvement perpétuel. Au bout du doigt, derrière le muret de pierres grises… Franchir un portail de bord de route, dire bonjour, être poli, il suffisait de cela finalement. Nous venions voir du Saltillo… sans grande illusion. Ça ne court plus beaucoup les rues ces choses-là, encore moins sous la peau verte et moutonnée du Campo Charro. Miguel Zaballos Casado y croit encore mais le désert avance avec des dents tranchantes.

María Concepción Pinto Tabernero, fille de Juliana, est heureuse de nous les montrer de près. Le muret de pierres grises ne nous protège plus. A priori, une novillada devrait être combattue en mai ou juin à Zamora mais rien n’est sûr précise-t-elle, souriante. Son mari, callé à l’arrière, s’inquiète des photos et conseille sa belle pour qu’elle obtienne les meilleurs angles de vue. Chacun sa place. Nous n’avons pas demandé quelle était leur profession à Salamanque mais j’aurais bien parié qu’ils dirigeaient une entreprise de peinture ou un truc dans le genre. Sous une lumière sèche de fin de matinée, une vingtaine de novillos semblaient peints et vernis. A croire qu’une esthéticienne était passée par là l’heure d’avant enduire de noir et de cire les poils et les cornes de la petite manade. Il n’y a aucun gris, pas plus que de negro entrepelado. Mais il y a ces marrons aux tronches effilées, ce noir azabache tocado de pitones, il y a ce tío, de profil contre le muret de pierres grises à qui il manque le bas du poitrail. Ils sont bizarres ces bestiaux.
Juan García a juste répondu un « sí » en écrasant son mégot. "Sí ! Son Saltillo". Il n’a rien dit de plus, il n’était pas là pour ça et puis il pleut de toute façon, il en a ras le bol certainement. En sortant de "La Cabrera" (finca), l’agaçant couinement des essuie-glaces a bercé notre mutisme. Chacun savait ce que l’autre divaguait mais ça colle les pétoches de se dire la vérité. Nous n’avions rien compris ! Nous n’avions rien compris à ce que nous venions de voir et ces novillos n’étaient au fond qu’un mystère bicolore pourfendeur de mauvaises certitudes.
María Concepción ne devait pas aimer l’histoire à l’école. Ça se sent ces choses-là. Ou alors, malgré les sourires et les mots, elle préfère cacher certains secrets, comme jadis à la campagne. Elle aussi nous a assuré qu’ils étaient Saltillo, des pareils que Miguel Zaballos, ceux d’Argimiro Pérez Tabernero donc. Oui, mais…
Pour tous, le Saltillo est cárdeno voire noir, pas colorado. Il n’y en a plus depuis des lustres et pourtant María Concepción en élève à deux paires de cornes de Las Veguillas. Aux questions insistantes, elle a fini par lâcher le morceau, en tout cas ce qu’elle en sait dit-elle. Les Saltillo viennent d’Argimiro Pérez-Tabernero et l’exotisme des robes de deux sementales achetés par le grand-père au… Conde de la Corte ! Sa mère Juliana Tabernero de Pinto a maintenu ce croisement, sans doute unique, jusqu’à aujourd’hui. Le ciel est propre ce matin et il n’est pas besoin d’un couinement récurrent pour dissimuler ses pensées. En observant les novillos de Charro de Llen, un morceau de chorizo ibérico couché sur ce pain éphémère que fabrique l’Espagne, on n’osait à peine en reparler. Un croisement La Corte-Saltillo ! Putaing, fallait oser ! Ils étaient bien Saltillo mais pas entièrement, ils avaient des allures parladeñas mais pas complètement non plus. ¡Cosas de campo y de toros!

María Concepción attend les photos. Un jour, elles seront souvenir…
« - Ils sont sortis à Aranjuez !
- Alors, alors ? Ça a donné quoi ?
- En recorte… »

Il a dû y avoir un silence… Il dure encore, malheureusement…

Retrouvez sur le site les galeries de la ganadería de Tabernero de Pinto.
Retrouvez la fiche de la ganadería sur le site Terre de toros.

"Ce soir, dès la nuit..." Surprise

Ce soir, sur Camposyruedos...

19 septembre 2007

César Rincón - Quatrième Grande porte


La même année, pour la féria d'automne cette fois-ci. Demain, nous finirons ce petit tour d'horizon avec le compte rendu sur 'Bastonito'.

La gran conmoción
Joaquín Vidal,
ELPAIS.es > CULTURA - 02-10-1991.

La plaza era un clamor... "¡Torero, torero!" gritaba el público hasta enronquecer, como si estuviera fuera de sí... Quizá estaba fuera de sí. La casta torera de un diestro colombiano que ya fue el asombro de este mismo coso unos meses atrás, había provocado aquel delirio, aquella especie de locura colectiva, la gran conmoción, que abrirá uno de los más importantes capítulos en la historia de la tauromaquia.En realidad, nada nuevo había ocurrido allí. Nada, que no conocieran, de sobra, los viejos aficionados. Algo de curso corriente cuando las corridas de toros eran la fiesta del arte y del valor y no esa repugnante pantomima de lidia que unos taurinos horteras tienen institucionalizada; cuando los toros embestían con la casta propia de su especie y no con la blandura ovejuna que les caracteriza en estos tiempos; cuando el toreo se practicaba variado y hondo, y no pegando derechazos hasta el hartazgo.
Nada nuevo ocurrió... Pero había quienes no habían visto jamás lo que es el toreo puro, y precisamente eso fue lo que César Rincón reverdeció en el ruedo de Las Ventas. Las tandas de redondos a su primer toro, los pases de pecho de cabeza a rabo, los ayudados de añejo sabor, devolvieron a los aficionados más antiguos las emociones vividas en su juventud, y a los nuevos les llenaron de asombro.
Ahora bien, todo ello quedó empequeñecido al lado de la faena a su otro toro, un colorao muy serio de casta bronca, cuya peligrosa embestida empeoró en el transcurso de la desordenada brega que le dieron los peones. César Rincón brindó al público el toro, y todo el mundo advirtió que allí se iba a plantear una cuestión hegemónica: el toro, o el torero; o mandaba el torero -y, con su triunfo, arrasaba el escalafón de matadores de arriba abajo- o mandaba el toro y entonces aquel duelo de poder a poder podía acabar en tragedia.
Mandó el torero. Se dobló por bajo, llevó el toro al platillo, lo embarcó por redondos ligándolos con el de pecho, intercaló ayudados y pases de la firma, ensayó naturales de escalofrío. El toro tomaba los naturales tirándose con auténtica ferocidad no se sabe si a la muletilla o al hombre, y en aquellos dramáticos trances habría ganado la partida de no ser porque César Rincón tomó bravamente el terreno que la fiera pretendía quitarle, y desengañó su furia sometiéndola en trincherazos de una hondura impresionante. Se dice pronto... La faena fue intensa, emocionantísima, desarrollada de principio a fin en el centro del redondel, bajo un estruendo de olés profundos, ovaciones encendidas y gritos de "¡torero!" A muchos, esta faena les supuso la revelación del toreo verdadero, y seguramente ya no querrán ver otro. Algunas figuras lo pudieron aprender también, de paso, mas se duda de que les vaya a servir, pues para torear así -dejarse ver en el cite, traerse al toro toreado, cargarle la suerte, ligar los pases entrando en su terreno- hace falta un conocimiento profundo de las suertes, una mente despejada, un templado corazón, un valor a prueba de bomba.
En cambio, para torear fuera de cacho, con el pico, perdiendo terreno y yéndose al rabo, tal cual hace la mayoría de las figuras cada tarde y Manzanares repitió ayer sin desdeñar ninguno de los alivios mencionados, no hacen falta tamaños
esfuerzos. Tampoco hacen falta si sale un toro tan bueno que parece tonto, como el primero, al que Luguillano compuso una faena de filigrana y en algunos de sus pasajes hasta parecía que estaba pintando la tauromaquia al óleo. Luego, cuando hubo de medirse con otro toro que de tonto no tenía un pelo, no se atrevió a torear igual de bien, ni prácticamente de ninguna manera.
Por la Puerta de Madrid sacaron a César Rincón, y ya es la cuarta vez consecutiva. Por cuarta vez había conmovido el toreo desde sus cimientos, y el público, que le recibió con una gran ovación en recuerdo de sus actuaciones anteriores, le despedía aclamándole hasta enronquecer. Luego, en la oscuridad de la explanada venteña, mientras unos se abrazaban felicitándose por la gran tarde de toros vivida, otros se ponían a torear, y aquel trincherazo sensacional con la izquierda que dibujó César Rincón en la cumbre de su primera faena, se lo pegaban al que pasara por allí, de cabeza a rabo. Y el que pasaba, lejos de encabritarse, daba las gracias. Es lo que tiene el toreo puro.

César Rincón - Troisième Grande porte


Dans le cheminement glorieux de César Rincón, nous en étions restés à sa deuxième Grande porte. Voici la troisième à l’occasion d’un mano a mano avec José Ortega Cano. C’était à Madrid, bien sûr, le 6 juin 1991 avec des toros de Samuel Flores.

La photo ci-dessous n'a rien à voir avec l'événement. Une véronique à Arles pour la première corrida goyesque.



Memorable
Joaquín Vidal,
ELPAIS.es CULTURA - 07-06-1991.
La corrida fue, sencillamente, memorable. Y fue memorable porque -sencillamente- se vio torear. Dos toreros de hoy pero que parecían chapados a la antigua recuperaron de la noche de los tiempos todo aquello que elevó el ejercicio del toreo a la categoría de arte.La corrida de Beneficencia fue memorable por muchos motivos y quizá el primero de todos porque constituyó una revolución en toda regla contra esa tauromaquia del ridículo que tenían impuesta las figuras del toreo contemporaneo. Dos toreros cabales salieron a la palestra, des plegaron cuantos recursos técnicos y artísticos conoce la tauromaquia clásica y enviaron la otra a freir espárragos.No fue fácil, naturalmente, porque desplegar los recursos técnicos y artísticos de la tauromaquia clásica es difícil y comporta muy serios riesgos. No es lo mismo torear fuera-cacho, la suerte descargada, el pico al pitón contrario para distraer el toro, que dejarse ver dándole distancia', recibir su fuerte embestida, templarla, mandar en el viaje, como hicieron los revolucionaros Ortega Cano y César Rincón. Ortega Cano cuajó muletazos de rutilante belleza, sobre todo en el toreo en redondo, que interpretó con impresionante hondura y ligazón. Hubo momentos en que ese toreo era arte puro, y había entre el torero artista y el público que contemplaba absorto su obra una total identificación de emociones y sentimientos.
César Rincón hizo alarde de valor y dominio, e hizo alarde también de repertorio acoplando las suertes más diversas a las cambiantes condiciones de sus toros. Bien es cierto que en sus dos primeras faenas ligó poco los pases, y quizá esto le habría desmerecido en la obligada comparación con Ortega Cano, que sí los ligó, si no fuera porque Ortega Cano no llegó a depurar el toreo al natural, y en cambio Rincón alcanzó con . esta suerte algunos de sus momentos cumbre.
La confrontación es obligada en las corridas mano a mano y tanto Ortega como Rincón mantuvieron una competencia a la antigua, rescatándola de la no « che de los tiempos. Es decir, que no se dieron cuartel y salían a los quites como leones.
Rincón sorprendió con unas inusuales tijerillas que fueron de sobresalto, y al abrocharlas con una barroca revolera, se iba de la cara del toro igual de jacarandoso que si hubiera mamado el toreo en el corazón de Triana. El quite causó en la plaza una auténtica conmoción y espoleó el amor propio de Ortega Cano, que quiso superarlo con apretadas chicuelinas y un desplante rodilla en tierra.
Todos los toros salieron nobles, excepto el sobrero, que dio la nota de su descastada mansedumbre. Ese toro no tenía faena, si se le aplicaba la moderna tauromaquia de la ridiculez, -pero para la tauromaquia clásica sí la tenía, pues para la tauromaquia clásica no hay toro imposible.Para César Rincón, tampoco. Y después de jugarse el pellejo probando embestidas, mudó la técnica, aprovechó las querencias del toro y ligando con maestría la suerte natural con la contraria, lo sometió en tres muletazos magistrales, que dejaron al toro para el arrastre -literalmente: se tumbó junto a tablas completamente abatido y pusieron al público en pie.
A hombros se llevaban a Ortega Cano y César Rincón en medio de un jubiloso clamor, mezclado con gritos de "¡Fuera el ganadero!"' porque resultó que el ganadero se había subido al carro de los triunfadores e iba también a hombros, repartiendo saludos. Peto esta intromisión gratuita en el fondo les traía completamente sin cuidado a los aficionados. Habían asistido a una memorable tarde de toros, y cuando una tarde de toros es memorable, fuera de Dios -con Ortega sentado a su diestra y Rincón a su siniestra, por supuesto-, todo lo demás ni existe.

18 septembre 2007

La connerie est un puits sans fond…


Et c’est Joaquín Sabina qui vient d’en apporter une démonstration tristement affligeante. Mais qu’est-ce que José Tomás a-t-il donc fait pour mériter de pareils amis ?

« Mon taurinisme est la seule chose qui me rapproche de Goya ou Hemingway. Et mon torero est José Tomás. Maintenant, je suis contre toutes les corridas où il n’y a pas José Tomás. Et j’ai trouvé "fatal" le Toro de la Vega à Tordesillas et toutes ces barbaries de l’Espagne profonde et obscure. » J. Sabina.

Ces propos ont été tenus au quotidien El País qui le titillait avec les "antis". Je sais bien qu’il faut vendre des disques mais tout de même…
L’absence de Tomás a plus que consolidé son image. Elle a fait croître le mythe. Et avec son retour, dont nous nous sommes ici chaleureusement félicité, est apparue un génération spontanée de groupies, à laquelle il faut ajouter ceux qui ont pris le train en marche. Et tout ce petit monde est disposé à avaler à peu près n’importe quoi. Cette cacophonie naissante est assourdissante et risque bien, à terme, de nuire à l’image de ce torero hors du commun. En souhaitant vivement le retrouver à Madrid et Bilbao face à de véritables opposants, comme il le fit par le passé, et à plusieurs reprises. Car rien ne serait pire que la "peopolisation" de José Tomás.

Ce que femme veut (III)


Y sont y pas "jojos" avec leurs foulards verts ? On vous gâte, hein !

17 septembre 2007

Demain le temps sera plus vieux


Avant de reprendre le fil de notre hommage à César Rincón et des chroniques de Joaquín Vidal, voici mon petit texte d’introduction à l’exposition de ce week-end chez les amis de Pablo Romero. Il ne me paraît pas inutile de préciser à cet instant que sans le dévouement et l’afición de Laurent Giner et Gilles Gal (qu’il était émouvant de se trouver aux côtés de César, ému, les yeux brillants, écoutant le récit de sa glorieuse et admirable carrière…) le Colombien aurait quitté Nîmes avec, en tout et pour tout, une médaille de la ville refilée à la va-vite à la fin de son ultime paseo français. Que Laurent et Gilles soit ici remerciés de ne pas avoir laissé repartir cet immense maestro dans des conditions qui auraient été indignes de son rang. Ci-dessous face à 'Bastonito'. Et puisque j'en suis aux messages personnels, ce serait bien que tendido69 contacte notre webmaster sur l'e-mail : contact@camposyruedos.com.

Demain le temps sera plus vieux
Mon ami Laurent Giner me téléphone, en plein mois d’août. Je suis au Portugal, à Porto, profitant d’un peu de repos et de l'époustouflante vallée du Douro. Laurent, lui, est à fond. Il est toujours à fond de toute façon : « Il nous faut dix photographies, pour un hommage à César Rincón… Il y en aura dix de Botán, dix de Michel Volle et dix des tiennes… On te laisse choisir… Il me les faut très vite… » Ben voyons… Et c’est tout Laurent ? Depuis l’apparition de cette fichue photographie numérique je ne tire plus mes clichés, hélas. Plus le temps de toute façon. Heureusement, Bernard Moschini est de bonne composition. Qu’il en soit ici remercié.

César Rincón est sans aucun doute le matador de toros que j’ai le plus photographié avec Luis Francisco Esplá, El Fundi et El Juli. Cela ne relève pas vraiment du hasard.

A peine rentré, je branche ma table lumineuse et plonge dans mes négatifs, soit quelques années à visionner. Un hommage à Rincón est quelque chose de tellement particulier, le maestro tellement attachant. Un hommage à Rincón est finalement un hommage à une certaine conception du toreo, à la vergüenza torera incarnée. Rincón est le torero des aficionados, plus que du « taurinisme », qui le lui a bien rendu. Et ce n’est pas non plus un hasard.

Curieusement, ces dix photographies ne sont tirées que de trois corridas : deux à Madrid, une à Arles. Sans doute un peu le hasard pour le coup.

La première corrida donc, c’était à Madrid en octobre 1993. Feria de Otoño, dans un vent violent et face à d’imposants toros du Puerto de San Lorenzo. Le public ovationnait le sitio de Rincón, sa façon de citer, avant même que le toro ne s’élance, dans des conditions climatiques proche de l’apocalypse. Mais le maestro ne cède rien aux éléments, donne la distance, se croise et se la joue. Il frôle la Grande Porte, la rate de peu, mais marque à jamais nos esprits.

La corrida d’Arles est un peu un heureux concours de circonstances pour photographe « rinconiste ». Le Sepúlveda - je crois - est haut, armé, et Rincón se la joue. L’angle est bon et la lumière propice. La faena n’est pas particulièrement brillante mais se laisse photographier.

Et puis enfin, et bien sûr, 'Bastonito', de l’élevage de Baltasar Ibán. Madrid, Feria de San Isidro 1994. Toute une histoire dont la télévision, pour une fois, contribuera à diffuser et pérenniser la grandeur. J’étais au tendido 5 bajo, aux côtés de Joël Bartolotti, actuel directeur de la revue Toros. Entre deux photographies, nous nous donnions quelques coups de coudes pour nous persuader que nous ne rêvions pas. Javier Villán, le chroniqueur du quotidien El Mundo, avait eu cette formule tellement juste : « Le triomphe du vaincu ». Le reste ne se raconte pas, sauf sous la plume talentueuse d’un autre maestro : Joaquín Vidal.

Aujourd’hui César s’en va. Et comme l’aurait dit très justement le regretté Jeanloup Sieff : « Demain le temps sera plus vieux ». Merci Monsieur Rincón. Merci pour tout.

"Vivre sans toréer, ce n'est pas vivre"


Pour une fois que la presse nationale (ici hebdomadaire) cause de tauromachie sans flirter avec la cause anti-taurine ou la sensiblerie d'époque, nous n'allons pas nous plaindre. Débusqué dans un entrefilet du Nouvel Observateur, cet article fait le point sur le retour de José Tomás Román ; vous savez, celui qui est capable de faire oublier à un public conquis qu'il torée sur une corne saignante (voir posts précédents sur Nîmes). J'ai été déçu que la campagne de marketing pour sauver la crevette espagnole n'y soit pas évoquée mais rassurez-vous, beaucoup d'images d'Epinal jonchent ces quelques lignes.

A Linares, José a été "piégé par un taureau vicieux" qui a failli le laisser pour "mort". Oh le méchant animal ! Et plus loin, il devient un "torero de porcelaine" qui semble "se déplacer sur un fil invisible"... Trop fort le génie. Bref, il est là, de retour, immense et mystérieux et affronte des "toros" partout, même à Nîmes où le public adhère à ses ondes quasi télépathiques face à un animal qui saigne de la corne... C'est énorme !

Mais bon, souhaitons quand même que la presse non spécialisée continue de parler de toros sans y voir l'incarnation de la cruauté...

Commentaires sur Nîmes


Il nous plaît de reprendre ici quelques commentaires postés concernant le toro nîmois à la corne sanguinolente.

C'est tendido69 qui débute :
Le commentaire verbatim de Terres taurines : "Constat également, cette évidence : le talent de José Tomás est tel que même face à un toro accidentellement épointé et au pitón sanguinolent qui en toute autre circonstance déclencherait un début d'émeute, il entraîne le public à sa suite."
Le constat est d'une triste véracité (bien que je doute que le pitón sanguinolent en question déclenche beaucoup d'émeutes aujourd'hui quel que soit le matador), cependant la formulation laisse à penser que loin de constituer un sujet de consternation, il s'agit au contraire d'une preuve merveilleuse de l'emprise et du miracle du messie Tomás sur la tauromachie, donc d'un motif de réjouissance (!)
Ce genre de commentaire (ou de sous-entendu plutôt) me contrarie au (presque) point de prendre partie contre le culte "tomasiste". Mais répondre à la subjectivité un peu aveugle par la symétrique en allant chercher l'opinion contraire n'est pas réellement une preuve d'intelligence ou de lucidité... mais parfois la dévotion bigleuse porte sur les nerfs ! Hier soir, alors que ce grand bonhomme qu'est JT promenait l'appendice du quinto écorné dans le vacarme des applaudissements, j'ai essayé de manifester une vague contestation en désignant la main gauche qu'il avait quasi oublié d'utiliser (face à la seule corne présentable).
Ça m'a un peu navré en fait de faire ça et de passer pour le grincheux de service (mais je vous rassure tout le monde s'en foutait).
En guise de firma, j'attire votre attention sur le hasard qui fit que par trois fois la balance indiqua 460 kg hier soir (et vous renvoie aux remarques concernant la corrida du matin de dimanche de Pentecôte).

Anonyme lui répond...
C'est un fait... un pitón sanguinolent aujourd'hui, à Nîmes comme presque partout ailleurs, n'émeut plus personne, Tomás ou pas Tomás. Il n'est pas juste de le considérer comme le centre des problèmes de la Fiesta, pas plus qu'il n'est raisonnable de le prendre pour le messie. C'est lamentable mais c'est ainsi. J'adore José Tomás que j'ai vu AVANT. Et je suis désolé de voir le délire qui entoure aujourd'hui ses prestations. Délire venant de gogos ultraconditionnés par l'acharnement médiatique et qui ont pris le train en marche. Car ce torero, avant sa retraite, ils le regardaient sans le voir. Et contrairement à ce que dit Terres taurines le problème n'est pas d'opposer les élevage toristas (au plus mal) aux autres ; le problème est de présenter des corridas commerciale DIGNES. Comparez avec les toros de Bilbao tués par les mêmes matadors. Le constat est affligeant pour Nîmes et son public à la dérive.

Et laissons conclure Anonyme…
Putaing... Ils sont en quoi les petos de la famille Heyral pour laisser les cornes dans un pareil état !? ;-)

Despedida (II)



16 septembre 2007

Despedida


Aujourd’hui, encore, César Rincón, a tué sa dernière course en France. Nous le verrons encore une fois dimanche prochain à Barcelone. En attendant, c’était l’hommage de l’afición française.

Nîmes (II)


Le second provoqua donc ce demi-batacazo pour en sortir dans cet état. Et personne n'a rien dit et ne dira rien. Ce doit être normal… On clique sur la photo.



Nîmes (I)


Aujourd’hui, à Nîmes, Denis Loré à tiré sa révérence, et le petit Adame confirmé ses bonnes manières. José Tomás a somptueusement toréé de salon son premier mais sans émotion pour moi, le cornu étant d’une candeur, d'une fadeur et d’une sosería extrême. Son second provoqua ce demi-batacazo pour en sortir… A suivre…



15 septembre 2007

Miura


Etant donné quelques échos favorables et fiables sur l’état actuel de la maison Miura, je me suis rendu aux arènes de Nîmes hier avec un a priori favorable et l’envie de voir enfin du toro. Le résultant des courses, ou plutôt de la course, est en réalité beaucoup plus contrasté et bien plus médiocre que ce qui est claironné par le quotidien local à la vue basse.
Morphologiquement, seuls les 1 et 6 étaient typés. Le reste était laid et ne rappela, que très approximativement, la morphologie maison. Mais le pire, à l’exception du 6, fut le constat d’une faiblesse assez affligeante. On en changea même un et l’on eut droit pour l’un d’entre eux à une bédigue faible et sosa, pire que les pires des Domecq. Pour le reste il y a bien ce comportement maison qui rend les choses compliquées, mais pas effrayantes, eu égard au manque de force et de puissance. Coté torería je retiendrai surtout le courage de Rafaelillo face au six. J’ai comme une vague impression que le renouveau des Miura n’est pas pour demain.





14 septembre 2007

"Il a enlevé le bas !"


Ça y est, il a enlevé le bas !
Ça vous en dit autant finalement et vous devez vous demander à quel élevage appartient ce joli rouquin... Nous attendons vos propositions et nous vous révèlerons la vérité la semaine prochaine...

Rincón chez Pablo Romero


A Nîmes, pendant la féria des Vendanges qui a débuté hier, la bodega Pablo Romero (12 rue Emile Jamais) rend hommage à César Rincón. Le maestro y sera invité après la corrida du dimanche matin. En attendant, les Amis de Pablo Romero exposent également une trentaine de clichés consacrés au maestro provenant des archives des photographes Botán, Michel Volle et François Bruschet. Sont également accrochés divers textes et reseñas, de Joaquín Vidal notamment, retraçant les moments-clés de la carrière du matador colombien.

13 septembre 2007

Citation présidentielle


En mars, interrogé par les adversaires de la tauromachie réunis dans l'Alliance anti-corrida, le candidat Nicolas Sarkozy, tout en refusant d'"opposer une partie de la communauté nationale à l'autre", écrivait que "la pratique et la promotion des corridas seront amenées à évoluer". Il allait jusqu'à évoquer des "férias sans corridas" comme une "possible voie". Le président tiendra-t-il, là aussi, les promesses du candidat ?

Lire l’article complet in Le Monde.

Voilà qui est plus inquiétant que les gesticulations et les tee-shirts de Renaud...

12 septembre 2007

El Toro de la Vega


S’il y a une manifestation taurine qui semble exaspérer, plus que tout autre, les lobbys de la sensiblerie, c’est bien celle-ci. S’il y a un rite tauromachique qui semble donner, plus que tout autre, du fil à retordre pour sa défense, c’est bien celui-ci ! J’ai nommé El Toro de la Vega. Pour les uns, grosso modo ceux de Tordesillas (30 km au sud-ouest de Valladolid), ce tournoi est la plus belle fête qui soit. Pour les autres, grosso modo le reste de la planète, une barbarie moyenâgeuse perpétrée par des sauvages qui font honte à l’espèce humaine. Ces femmes — d'aucuns auraient aperçu des enfants — et ces hommes sans cœur et sans pitié — ont-ils seulement une âme ? — prétendent avoir un toro dans la tête. Leur toro doit être très beau, le plus beau, brave et bien armé. Ils pensent à lui toute l’année. Une fois choisi, tous connaissent son nom. Ils l’accueillent fébrilement à sa sortie du camion : présentation et comportement alimentant de vives discussions !!! Ils lui font même l’honneur d’une affiche ; on les dit capables de tout dans leur soif d’orgie sanglante...

Le tournoi du Toro de la Vega : de quoi s’agit-il au juste ? À la toute fin de son ouvrage Le souffle dans le dos (J&D Éditions, 1997), dans le glossaire en annexes — trop souvent oubliées les annexes —, Emmanuel de Marichalar lui consacre quelques lignes instructives :

« Tordesillas a une tradition taurine pluriséculaire. On la fait remonter autour de l’an 1500. On a trouvé trace, dans un livre de la Confrérie du Saint Sacrement de l’église paroissiale de Saint Pierre, d’un texte qui dit que cette Confrérie offrait régulièrement "à l’assistance des danses, des illuminations et des taureaux" [...] Tordesillas est la ville d’Espagne où se déroule une des plus vieilles suertes taurines pédestres, la lanzada, lors de la célébration du Toro de la Vega. L’animal est lâché d’un corral situé en ville. Il parcourt les quelques centaines de mètres qui le séparent des champs où l’action doit être consommée. Quelques vers rapportent que :

« Tordesillas a un taureau
Qu’on appelle "de la plaine"
Car on le tue dans la plaine
De la steppe castillane »

Par milliers les aficionados suivent l’animal à une distance prudente. Arrivés dans la plaine, lanciers pédestres et équestres entrent en action. El Toro de la Vega a ses règles. C’est un combat durant lequel ne doivent intervenir que l’homme à pied ou à cheval. La rencontre se fait en champ ouvert, sans potection d’aucune sorte pour l’homme. Il n’a aucun droit au recours d’une cape pour se protéger ou pour se défendre. L’animal va souvent prendre une
querencia entre les arbres rapprochés d’un sous-bois. Arrive le moment où le taureau est immobile, et les lanciers s’élancent. Une à une, les lances percent le corps du taureau qui, une fois au sol, est prestement achevé. Le toro est grâcié s’il arrive à la limite du terrain prévu pour l’exercice de la lanzada. »

Dans la steppe castillane, la grâce est exceptionnelle et, comme dans le ruedo, l’exception constitue un gage de grand sérieux. Elle fut prononcée en septembre 1993. 'Bonito', toro de Valverde, repartit de Tordesillas en vainqueur. L’après-midi même, le maire de la ville déclara : « Los Tordesillanos hemos tenido la ocasión de demostrar a esos pocos que vocean tanto que la lidia del Toro de la Vega es un torneo justo y limpio, en el que vence el más valiente o el que más sabe ». Dans la plaine, hier matin, c’est finalement le sobrero 'Enrejado', devise verte et rouge, qui a rendu son dernier souffle à l’ombre des pins. Après être descendu de sa monture, le cavalier salmantin José Ángel González Martín, « el más valiente o el que más sabe », s'est approché d''Enrejado' en foulant le sable de la vega et lui a porté la lanzada mortelle. L'horloge annonçait 11 h 25 et je n'y étais pas...

En plus
— Un diaporama fourre-tout et un reportage photo chrono-il-logique de l'édition 2005 ;
— un article d'El País plutôt contre, un autre plutôt pour et
— une réponse érudite à quelques assertions farfelues...

Images 'Enrejado' de Sepúlveda de Yeltes, Toro de la Vega 2007, & J. Á. González Martín 'Cañero', casaque orange et bombe noire, Lanza de Oro 2007 © Nortecastilla.es Cartel 2007 © Patronato del Toro de la Vega à la page d’accueil (sic) un tantinet austère...

11 septembre 2007

Des banderilles sur Terre de toros...

Comme d'habitude, nous vous invitons à lire le site Terre de toros sur lequel vous trouverez une nouvelle contribution (et réflexion) des vétérinaires taurins français consacrée cette fois au tercio de banderilles. Bonne lecture...

Campos y Ruedos à la Bodega DTC


DTC ça veut dire "Dans Ta Cave" et ça se trouve à Nîmes, 7 Rue Gaudin, une petite rue perpendiculaire à la rue Emile Jamais pas très loin de la bodega Pablo Romero en allant vers le boulevard Victor Hugo. Pendant la prochaine féria des Vendanges, les meilleures photographies de Campos y Ruedos (enfin celles qu’on a retrouvées) seront projetées en diaporama sur un écran géant. Peut-être même que si la corrida de Miura sort bien, ou que ça nous prend, nous organiserons un diaporama de ladite course. En outre, la Bodega DTC, c’est celle d’Alain Bosc célèbre caviste nîmois où il sera donc possible de faire la fête en dégustant quelques-uns des meilleurs vins du Languedoc et de la vallée du Rhône, ce qui change des horribles piquettes généralement distribuées à l’occasion desdites férias.

Piquer un manso


J’ai été un peu surpris à l’énoncé du résultat des prix de la concours d’Arles, tous non attribués, de constater qu'il n'avait pas été désigné de meilleur picador. C’est logiquement et sèchement évident, mais un peu court. En effet, le public d’Arles est de plus en plus incompétent et à un degré difficilement imaginable il y a encore peu. Et ce ne sont pas les âneries de la presse quotidienne qui risquent de tirer le niveau vers le haut. Remarquez, je n’ai pas lu ladite presse durant cette féria du Riz mais je doute qu’ils se soient réellement améliorés depuis Pâques. Les étagères sont de moins en moins garnies et beaucoup d'aficionados, ici comme ailleurs, désertent les tendidos. Ils sont de moins en moins nombreux et de moins en moins bruyants. Restent donc quelques chalands et les gogos du coin, qui doivent assister à trois corridas par an et pensent tout connaître par le seul fait d’habiter ici, ou par l’opération du Saint Esprit. Résultat des courses, il sort un toro manso, compliqué à lidier et dangereux de Miguel Zaballos, Fritero le pique comme on doit piquer les mansos et se fait conspuer par une bonne partie du public. C’est évidemment inadmissible mais le constater ne nous avance guère. Ce n’est pas un drame, mais à titre éducatif j’aurai donné un prix à Fritero, moi. C’est anecdotique j’en conviens…

Bucaré à Peralta

L'association culturelle "La Cabaña Brava" rend compte sur son site Internet, dans une intéressante chronique signée David Diez Hernández, de la dernière novillada de la féria de Peralta à l'occasion de laquelle ont été combattus et mis à mort six novillos de l'élevage Bucaré, propriété de Javier Buendía Ramírez de Arellano.
Nous vous avions présenté cette ganadería en quelques mots dans un texte intitulé Un fleuve cárdeno, et fait partager quelques photographies des novillos de l'année dans une galerie du site. Par ailleurs, Philippe avait consacré un message, le 19 avril dernier, aux bichos "lidiés" à Las Ventas.
La novillada de Peralta est la huitième course de cette devise courue cette année, et même s'il eût fallu assister à chacune d'entre elles (ce qui n'est pas mon cas, ni celui, je le crains, d'aucun de mes compañeros) pour dresser un bilan fiable, il semble possible de fonder en elle quelques légitimes espoirs. A l'occasion de notre visite, l'éleveur nous avait donné l'impression, qui semble se confirmer en piste, de savoir où il souhaitait mener ses pupilles : au plus proche des caractéristiques de leur encaste d'origine.
La caste semble être au coeur des préoccupations du ganadero, ce dont bien entendu l'aficionado a los toros ne saurait se plaindre. Cette caste que l'on a pu rencontrer chez certains novillos d'origine Coquilla ou chez ceux de Miguel Zaballos qui ont foulé le sable cérétan.
Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Et comme l'aficionado est un fieffé rêveur, continuons...

Image Novillo de Bucaré au campo en avril 2007 © Camposyruedos

10 septembre 2007

Dolores Aguirre à Peralta et concours en Arles...


Avant de revenir sur la grande novillada de Dolores Aguirre Ybarra à Peralta (Navarra), vous pouvez parcourir la galerie sur le site ainsi que la galerie de la corrida concours de la féria du Riz à Arles.

Bonne visite...

Ce que femme veut (II)


Ces dames ont parfaitement raison. Il n’y a aucune raison, justement, de ne présenter que des dames ! Donc voici Monsieur Nicolas Crégut (dans le cercle rouge) un des plus importants architectes de Nîmes et même d’ailleurs. Et même que je le connais ! Alors ? Heureuses ?

Ce que femme veut


Après une avalanche de courriels féminins critiquant vertement les agissements bloguesques de Solysombra, il faut bien que certains participants de ce blog remettent les choses dans le droit chemin et je m'y colle. Voilà pour la parité et l'équité entre hommes et femmes...

L'afición n'a pas d'âge...

Message perso pour... MT


Merci de nous contacter à l'adresse : contact@camposyruedos.com. Ce message s'autodétruira dès que le contact sera établi :-)

Je ne résiste pas au plaisir...

Arles


Veuillez noter que la rubrique RUEDOS du site s'enrichit petit à petit de galeries consacrées à la dernière Féria du Riz.

Sol y Sombra



09 septembre 2007

Le brindis du jour et...


... Cantona qui se met au moyen format. Nous serions curieux d'en connaître le résultat !