30 avril 2010

Toros con edad


J'avais envie de vous raconter un truc à peine croyable, un truc arrivé le week-end dernier, pas forcément près de chez vous mais pas non plus à l'autre bout du globe. Je vous donne un indice ; ça s'est passé à Madrid — non, ce n'était pas du foot et Benzema n'a rien à voir dans cette histoire-là. Parce que je suis bon prince, je vous en donne un autre. Ça s'est passé à Las Ventas — non, la Coupe Davis c'était en 2008... ... ... Alors le week-end dernier, et si je fais durer le plaisir c'est bien parce que la chose est rarissime, le week-end dernier, disais-je, les matadors José Calvo, Fernando Cruz et Álvaro Ortega ont certes combattu des toros, mais des toros qui portaient tous le guarismo 5 ; des toros qui étaient donc tous adultes. Eh oui, les Partido de Resina étaient adultes1, c'est-à-dire qu'ils avaient tous 5 ans révolus lorsqu'ils sortirent en piste : 2 étaient nés en mars 2005 (4 herbes) et, tenez-vous bien, 4 étaient nés en novembre 2004 ! Ces quatre-là comptaient par conséquent 5 herbes2... ... ... Ça fait tout drôle, hein ? Rassurez-vous quand même, ce n'est pas près de se reproduire. Pensez-vous, une corrida de toros...

1 Je ne voudrais pas tirer de conclusions hâtives, d'autant plus que je n'ai pas assisté à la course, mais de toutes les reseñas que j'ai pu lire, aucune ne fait mention de l'« éternelle » faiblesse des pablorromeros...
2 Et non 6, le sevrage intervenant normalement 8 à 10 mois après la naissance... À ce sujet, si vous avez un peu de temps et beaucoup de courage, j'avais commis « 5 años 5 » fin janvier 2009.

Image Casta Gallardo © François Bruschet

29 avril 2010

« Campos y Ruedos » s'arrose à Nîmes le 1er mai


Campos y Ruedos, le livre, s’arrose... à Nîmes, le samedi 1er mai et pas n’importe comment ! Avec l'équipe d’Alain Bosc, caviste à Nîmes, qui fête ses quinze ans en compagnie de 15 vignerons :

- Jean Foillard, Morgon en Beaujolais ;
- Philippe Valette, Domaine Valette en Mâconnais ;
- Michèle Aubery, Domaine Gramenon en Côtes du Rhône ;
- François Chavériat, Domaine Chantal Lescure en Bourgogne ;
- Eric Pfifferling, L'Anglore à Tavel ;
- Pascal et Betty Glas, Domaine Poulvarel en Costières de Nîmes ;
- Patrick et Christophe Chabrier, Domaine Chabrier en Duché d'Uzès ;
- Frédéric Pourtalier, Domaine de Montcalmes en Coteaux du Languedoc ;
- Didier Barral, Domaine Léon Barral à Faugères ;
- Gilles Azam, Domaine Les Hautes Terres à Limoux ;
- Richard Moustiès, Mas Mortiès en Pic-Saint-Loup ;
- Sophie et Pierre Larmandier-Bernier en Champagne ;
- Emmanuel Darnaud en Crozes-Hermitage ;
- Jean-Baptiste Senat en Minervois et
- Les Alias, Domaine Sainte-Marie-des-Crozes en Corbières.

AU MENU DU SALON
À partir de 10h
Dégustation et vente sur place (à l’entrée, le verre-dégustation 5 €), déjeuner possible sur place au Drop.
L’après-midiSignatures du livre Campos y Ruedos, de la revue In Vino avec Jacques Maigne et Bruno Doan, mais aussi Jacques Durand ; et le salon continue jusqu’à 19 heures.

On clique sur la photo pour savoir où ça se passe.

28 avril 2010

Le bout de la route


Il faisait beau. La température était printanière. Les pluies des mois précédents avaient cessé depuis deux jours. Rendez-vous à 10h30. Station-service d’Avis.
Vaz Monteiro. Le toro portugais dans son jus, mariné depuis des centaines d’années. Le toro bio sans apport extérieur, sans pesticide, sans colorant. A dire vrai, ce n’était pas ça que nous venions chercher ici. Pas tout à fait ça, c’est vrai. Depuis quelques années, il se murmurait sans être une rumeur, que la taulière, Rita Vaz Monteiro, avait croisé ses toros de la tierra avec des sementales de Chafick d’encaste Saltillo. C’était ça que nous venions voir, ce croisement détonnant mais pas si invraisemblable au final. Après tout, elle n’était pas la première de l’histoire de la ganadería portugaise à avoir tenté le mélange avec le Saltillo. Déjà, vers 1923-1924, les fils d’Emilio Infante da Câmara (padre) s’étaient essayé à l’expérience en croisant leur bétail « portugais » avec des Saltillo*. Et puis, au regard des caractéristiques physiques des deux encastes, l’idée n’était pas totalement farfelue. Les deux toros sont très fins de type, bas, aux cornes très astifinas et d’un morrillo très peu développé. Alors pourquoi pas ? Fallait voir.
Elle n’était pas là quand nous arrivâmes. Seuls le mayoral et sa femme nous accueillirent dans un portugais parfaitement de la tierra, c’est-à-dire définitivement inintelligible. Les toros étaient parqués aux abords des vieilles bâtisses blanches et bleues gardées par trois chats et par la mémoire décrépite des lieux. São Martinho. Vaz Monteiro.
Elle n’était pas là mais les méandres d’une réputation noire l’accompagnaient dans son retard. Et cette rumeur venait de partout. Elle parcourait les ondes téléphoniques depuis des mois – Tu vas voir, elle est spéciale –, elle suivait le cours du Sorraia – Rita Vaz Monteiro ? Ah, si ! (petit sourire gêné) – Es especial Como un hombre Ha cruzado sus toros (moue de dépit et d’incompréhension) – Ahora parece que salen con 700 kg ! –, elle s’insinuait dans le français parfaitement maîtrisé d’autres ganaderos étonnés de notre visite à São Martinho et encore plus effarés des outrecuidances ganaderas de Rita et de sa tête de caboche – Vous comprenez. Vous croisez au bord d’une mare une grenouille verte. Vous dites alors que la grenouille est verte. N’est-ce pas ? Et bien elle, non ! Elle vous répondra que la grenouille est rouge. Oui ! Rouge !
Il n’y avait plus de toros croisés. Il ne restait que les Vaz Monteiro dans leur jus centenaire. Des toros bonzaïs, sans morrillo ni peso. Des toros dont seules les têtes donnaient l’identité de toro de lidia. Des limites du concept. Le bout de la route du toro brave. Au-delà, c’est le rien.
Hauts comme trois pommes desséchées, ils allaient de droite et de gauche, en troupeau, presque penauds. Tout d’un coup, certains se collaient des pains énormes, décollaient comme des chèvres, faisaient un saut périlleux sur eux-mêmes et se rétablissaient sur leurs pattes comme les trois chats gardiens du temple l’auraient fait. Un truc unique. La limite du concept. Le bout de la route.
C’est de là qu’elle est arrivée. Du bout de la route qui n’était en vérité qu’un chemin de terre et de poussière. A fond les cylindres, du bout de la route, dans un nuage de terre.

Nous lui avons posé des questions. Elle y a répondu avec la rigueur de son allure hésitant entre le généralissime sud-américain et "Cruella d’enfer".
— Ce sont des toros de race portugaise (merci pour le renseignement). J’ai arrêté le croisement (et merde !).
— Pour quelles raisons ?
— Parce que ! (C’est toujours une bonne raison.)
— Accepteriez-vous que je prenne une photo de vous ?
— Non ! (Ben au moins c’est clair.)
Voilà, voilà. On les a vus les Vaz Monteiro. Voilà, voilà.
Elle a caressé son chien nain. Elle s’est tournée vers nous.
— Vous voulez manger ici ?
— Euh, ben, c'est-à-dire que… non, sincèrement c’est très gentil, mais là non vraiment, ça va pas être possible. Dans la poussière du chemin, en quittant São Martinho, je me suis demandé si les carences de croissance de ces toros centenaires n’étaient pas liées à… la peur.

* A. Martín Maqueda, Ganaderías portuguesas, Pandora, Madrid, 1957.

>>> Retrouvez sur le site, rubrique CAMPOS, une galerie consacrée aux Vaz Monteiro.

Photographies Toros de Vaz Monteiro à « São Martinho » © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

27 avril 2010

Aire-sur-l'Adour, novillada du 1er-Mai


Il y aura une novillada ce week-end à Aire-sur-l'Adour dans les Landes. Voici un communiqué de l'empresa :

Les novillos de Blohorn, attendus à Aire-sur-l'Adour (40) après leur bonne présentation arlésienne (vuelta au second novillo), débarqueront dans les corrales des arènes jeudi 29 avril. Ils seront visibles gratuitement dans ces mêmes corrales jeudi 29 et vendredi 30 avril, de 17 à 19 heures. Rappelons que ces novillos seront combattus le samedi 1er mai à 17 heures par les novilleros français, espoirs de l'escalafón, Patrick Oliver, Tomasito et Thomas Duffau. Réservations, Office de tourisme d'Aire : 05 58 71 68 90.

26 avril 2010

De toute façon José Tomás est déjà une légende


La durée de l'opération, les litres de sang perfusés, ou transfusés, je ne sais pas. Des traces de sang sur l'escalier éclairé par une lumière blafarde et dure. Un père qui pleure, un apoderado qui tente de rassurer la foule. Tout s'affiche, se communique et se répand. Y'a même un futé qui a calculé la longueur des traînées de sang laissées entre le lieu du drame et la porte de l’infirmerie. Ou lorsque le sordide le dispute au ridicule. On aurait envie de lui crier comme le font les gamins : "Non mais n'importe quoi !"
Des déclarations par-ci, des déclarations par-là. Des prévisions, des pronostics. Plus ou moins toujours les mêmes. Il leur a dit, il leur aurait dit : "Tranquilos, todo está bien."
Forcément, ça rappelle Paquirri. Sans aucune retenue, des quasi-nécrologies sont déjà en ligne, les mêmes sans doute qu'ils ressortiront le jour où il mourra pour de bon.
Les revendeurs doivent faire la gueule. Nous aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Ramón Vila, le chirurgien des arènes de Séville, a déclaré qu'il lui faudrait au moins six mois pour s'en remettre. S'en remettra-t-il vraiment ? Reviendra-t-il ? Quand ? Comment ?
Il y a quelques années, Antoñete a dit une chose du genre que si le torero va aux arènes sans intention de s’y arrimer, il y va alors aussi tranquille qu’à une partie de cartes. De toute façon on n'imagine pas José Tomás jouer aux cartes.
Et puis de toute façon José Tomás Román est déjà une légende.
¡Suerte!

NDLR Après vérification, Antoñete n’a pas vraiment dit ce qui est indiqué ci-dessus mais : "Si estás dispuesto a arrimarte de verdad pasas mucho miedo antes del paseíllo. Si vas dispuesto a tirar las tres cartas pasas menos miedo que si vas al dentista" ; ce qui revient un peu au même.

25 avril 2010

Un anachronisme bienvenu


Saint-Martin-de-Crau, panique en piste, Prieto de la Cal, imposant, manso, puissant, sentido, peur, émotion, capes au sol, prendre l’olive, désarmés, banderilles, cogida, la vergüenza d'Alberto Aguilar, piques, pas assez, retors, anachronique, panique en piste, violent, arrimón, se justifier, avisé, se la jouer, re-cogida, l’immense vergüenza d’Aguilar, peur, angoisse, grandeur de la Fiesta, sang, tus cojones Alberto, un toraco, un diable, souvenirs, Valle del terror, justification de la Fiesta, inespéré, rare, poder, l’honneur d’Aguilar, arrastre, palmas y pitos au toro, plus de palmas, pas de vuelta au torero (?), enhorabuena, incompréhension, justification. El toreo es grandeza.

Brèves de comptoir...


Un dimanche matin, Halles de Nîmes, une paire de CyRiens sur le zinc chez Arlette...

SyS : T'y as vu ? José Tomás a été très gravement blessé au Mexique cette nuit. Ils lui auraient transfusé 8 litres de sang, fémorale arrachée, ils racontaient même qu'il était entre la vie et la mort...
Arlette : Purée, y va pas venir à Nîmes alors ?!
SyS : Ben, c'est dans moins d'un mois, c'est sûr que c'est pas gagné.
Arlette : On va encore l'avoir dans l'os !
T69 : En même temps à Nîmes, on l'a toujours un peu dans l'os...

Plus tard, les mêmes usant le même zinc...

SyS : Ça va Fred ? T'y as l'air crevé.
T69 : Ouaaiis chuis fatigué là, le voyage à Munich sans doute.
SyS : Enfin, t'y es quand même moins fatigué que José Tomás, là...

Pendant ce temps-là, à Vera Cruz et ailleurs, les plumitifs affûtaient leurs métaphores morbides dans l'attente d'une mauvaise nouvelle.

Les fleurs et les toros...


Petite sortie champêtre sur les collines du Pays basque...



Juste désolant


Ça n’a même pas le goût amer d’un scandale, juste la lassitude des choses, la constatation d’une évolution bien enclenchée et irrémédiable.
Ce n’est même plus de la colère, simplement l’évidence de la décadence de la Fiesta, rongée de l'intérieur. Ici aussi.
Hier soir, quelqu’un me demandait si la pétition de l’indulto de ce novillo de la famille Tardieu, simplement correct, surtout très noble, était partie du callejón. Je ne sais pas. Peu importe de toute façon car, même dans l’affirmative, l’immense majorité des spectateurs a suivi comme un troupeau de moutons de la plaine de la Crau.
Ce n’est pas que Saint-Martin représente grand-chose sur l’échiquier taurin. C’est juste que Saint-Martin représente encore quelque chose pour ce que Joaquín Vidal appelait l’afición conspicua, une race elle aussi en voie d’extinction.
Deux piques, la deuxième sortant seul, et beaucoup de noblesse, énormément de noblesse… Indulto… à Saint-Martin-de-Crau… Esto se acaba.
L’an prochain, en Crau, il y aura une novillada de Tardieu, peut-être même une corrida. Tant mieux pour Tardieu. Seule conséquence logique du non événement d’hier.

24 avril 2010

DSF, le retour


Souvenez-vous, c'était il n'y a pas si longtemps, j'avais quitté le blog Diario de San Fermín à regret et quelque peu fâché puisque, en cliquant à l'apparition de la main, un message Blogger m'avait sèchement prévenu que je n'étais « pas invité » à y accéder...

Après un ravalement de façade et l'accueil d'un nouveau locataire en la personne du dessinateur César Oroz, ceci expliquant sans doute cela, le blog au foulard rouge fait son retour dans notre rubrique « Liens », en même temps qu'il nous donne à voir les huit affiches finalistes du concours chargé d'élire le cartel des San Fermín 2010.

Et à défaut de pouvoir participer à un vote uniquement réservé aux Pamplonais(es), je vous laisse les découvrir... et choisir...

Image Mon choix parmi les huit finalistes... Impossible d'en connaître l'auteur.

23 avril 2010

Les combats de coqs


Au sujet des combats de coqs en Flandre, je ne vous dirai pas grand-chose de plus que ce qu'en dit Le Nord Pas-de-Calais, le site non officiel de la région Nord-Pas de Calais. Extrait : « En 1850, la loi Grammont interdit les combats de coqs, de fait ils n'étaient plus guère pratiqués qu'en Flandre et continueront à l'être clandestinement pendant plus d'un siècle. La justice locale restera durant toute cette période fort tolérante envers les milliers de coqueleux qui maintinrent la tradition dans notre province. Une loi du 19 novembre 1963 durcit cependant encore l'interdiction des combats ; elle provoque une telle mobilisation des Nordistes que le parlement rétablit le 8 juillet 1964 l'autorisation de pratiquer les combats dans les lieux à tradition locale ininterrompue. Le Général de Gaulle, lui-même Nordiste, aurait pris parti : "Puisque l'on mange des coqs, il faut bien qu'ils meurent d'une façon ou d'une autre." La loi demeure cependant très restrictive car elle interdit toute création de nouveaux gallodromes et même, d'une certaine manière, le remplacement d'un gallodrome qui viendrait à fermer. » Tiens, tiens ! toros et coqs même combat ? Certainement, à en croire l'inénarrable Luce Lapin de Charlie Hebdo...

Imaginez que vous soyiez du Nord et que vous souhaitiez, pour la première fois, assister à une corrida — non, ne prenez pas le tramway pour Roubaix. Optez plutôt pour le Sud au mois d'août (Est ou Ouest, décidez-vous à Paris sinon gare...), posez votre sac dans une ville taurine, regardez les vitrines puis, au jour et à l'heure dits, présentez-vous au guichet... d'où vous ferez rapidement demi-tour, direction le distributeur de billets, car vous n'aviez prévu que quarante euros...
Imaginez maintenant que vous soyiez de n'importe quel coin de notre douce France, même du Nord, et que vous souhaitiez, pour la première fois, assister à un combat de coqs — non, n'achetez pas La Voix du Nord et ne poussez pas la porte du syndicat d'initiative. Prévoyez au moins une semaine, soyez malin et armez-vous de patience, sachez dire « non merci » en ch'timi lors de vos tournées des estaminets puis, si vous avez l'esprit taquin ou du temps à tuer... vous écrirez à Luce un récit outré sur les combats d'lapins !

En plus Pour le lecteur curieux, un article passionnant de Marie Cegarra paru en avril 1988 dans Terrain, revue d'ethnologie de l'Europe : « Les coqs combattants ».

Image Rémy Cogghe © Combat de coqs en Flandre, 1889 / Huile sur toile, 206 x 129 cm / Legs Henri Selosse en 1924, La Piscine — Musée d'Art et d'Industrie André Diligent de Roubaix.

Saint-Martin-de-Crau... Dimanche (III)





http://feriadelacrau.fr/

22 avril 2010

Saint-Martin-de-Crau... Dimanche (II)



http://feriadelacrau.fr/

Saint-Martin-de-Crau... Dimanche





http://feriadelacrau.fr/

"I had a dream..."


Cherchez, cherchez toujours, vous ne trouverez pas. C'est lui, l'élu, le NUMBER ONE. Alors oui, Torrealta hahaha, Ventorrillo hohoho, je vous répondrai que si vous avez vu la même chose que moi, vous ne pouvez continuer de vous voiler la face et chercher des prétextes pour illustrer votre mauvaise foi. N'empêche qu'à l'heure où je vous parle, le romarin se cueille dans la Sierra de Guadarrama, Séville est une banlieue madrilène et Julián López "El Juli" est le meilleur torero, même à la télé. Point barre.

Après pareille démo, je mets mes ripes à couper que même l'ami Thuriès ne trouverait pas lui-même dans son effrayant capharnaüm de ganaderías en tout genre, une seule bête à cornes potentiellement foutue de faire douter Juli, même pas du côté de Guendulain. C'est une évidence.
Ce branleur est un monstre de technique, un mammouth de poder, un Sigmund Freud des toros.
Avec lui, l'héritage de Belmonte en prend un coup, c'est sûr, et peut-être aussi l'Histoire du toreo des années 2000, car jusque-là, la corrida plongeait irrémédiablement dans une spirale résignée de l'Esthétique sans fond ni contenu, juste l'épiderme, le superflu. Juli n'aura certes jamais les poignets du Cid de Bilbao, ou l'andalouse torería de Morante, sûrement pas le déhanché de Manzanita, de moins en moins le tour de taille d'Aparicio, mais puréeeeee, quelle leçon de toreo, de Lidia et de Maîtrise de tous les paramètres !
Même Zurcidor n'aurait pas parié un kopeck qu'il aurait toutes ces passes au fond du bide ! Et puis, pas pour rire, les passes !

Qu'on se le dise, Juli descend de la branche Gallito, même si le système et l'époque en ont fait un petit con incorrigible, exigeant des faveurs, refusant les emmerdes. C'est vrai. Une tête à claques que j'aurais moi-même aimé baffer, parfois. Seulement voilà, définitivement le Juli détient un feu rouge d'avance sur les autres : il pue l'Afición a los toros, et possède un mental de warrior.

Il sait tout des toros et sait tout leur faire. Un dollar sur la table, qu'il leur susurre des mots sucrés aux oreilles. Deux dollars que les toros en redemandent.

Pourquoi faut-il alors se réjouir que Juli prenne en main les commandes du bateau ? Simplement parce que Juli prouve tous les jours que son bagage technique n'a rien d'anecdotique et que grâce à lui, il surclassera sans pitié le premier morpion au poignet velouté venu, renvoyant enfin la notion seule d'Esthétique sur la banquette arrière du camion. "Esthétique" dont beaucoup ont longtemps cru qu'elle était l'essence même de la corrida post-belmontienne. "Esthétique" dont toutes les figuras actuelles sont bien sûr garantes, chacune dans un style qui lui est propre. Sauf que Juli possède en plus l'arme ultime : la conscience de son pouvoir.
Et vues ses dernières prestations, il en a encore sous la pédale, le bonhomme !

Les sceptico-sceptiques me diront bien que pour l'instant, il ne s'est agi majoritairement que de "douceurs" vistahermoseñas. Vrai de vrai. Parfois même outrageusement amoindries... pour sûr ! Le Juli profite du système, c'est indéniable, et des faveurs que lui accorde son statut de figura, incontestablement. Mais ce drôle-là ne craint rien ni personne, et les quelques rares "actuaciones" face aux Victorino, aux La Quinta (...) me font croire que, fort d'une technique qu'on n'avait pas encore complètement mesurée (et pourtant, on le savait fort), en plus d'un savoir insondable, il aurait en plus les capacités mentales que seul l'orgueil torero peut stimuler, pour s'enfermer dans un ruedo poussiéreux avec les monstres les plus retors de la mythologie torista, si cela s'avérait nécessaire. Une carte que le madrilène garde dans sa poche arrière, et qu'il sortira le moment venu, quand il le jugera opportun.
Il suffirait alors qu'un ou deux présomptueux décident de talonner le "fenómeno" en s'arrimant à d'autres arguments que la suavité du geste, pour que de vieilles résurgences de saine rivalité que l'on nomme ici "competencia", nous reviennent à l'esprit comme un lointain souvenir d'un temps qu'on nommait "l'âge d'Or de la tauromachie".
Et quand la competencia est là, tout peut arriver, y compris les choses les plus folles, les plus inespérées, les défis les plus osés, les duels les plus inattendus, qui pourraient même aller jusqu'à un changement de terrain et de registre que beaucoup d'entre nous espèrent depuis très... trop longtemps, car si le duende, le ligazón, le temple et autres redondos inversés ne suffisaient pas à assoir la suprématie du Juli, nul doute qu'il y aurait encore la possibilité de voir ce que les tempéraments les plus rustiques de la généalogie brava ont dans les tripes. Car Juli, c'est certain, saurait de quoi leur parler, lui. Et de cela, plus personne ne peut en douter.
Si Julián López décide d'allumer le feu, il faudra être fort, TRES fort, pour lui coller aux basques, et peut-être alors se préparer à tous les sacrifices, voire toutes les folies, de la part de ses compañeros... y compris les plus "toristes" !

Ne vous prendriez-vous pas à rêver qu'un José Tomás décide soudainement de contrarier la fatalité ?...

19 avril 2010

Picador


Au sujet du peintre Michel Delporte (1927-2001), je ne vous dirai pas grand-chose de plus que ce qu'en dit Musenor, le site de l'Association des Conservateurs des Musées du Nord-Pas de Calais : « Michel Delporte eut d’abord une vocation d’architecte et ce goût de la construction le marque toute sa vie. Artiste autodidacte, mélomane averti, lecteur infatigable, il s’inscrit très tôt parmi les acteurs du Groupe de Roubaix dont il devient le mémorialiste. Pour créer, il utilise des fragments d’héliogravures découpées puis déchirées dans des magazines, et invente une nouvelle palette et des compositions d’abord très rigoureuses puis de plus en plus oniriques. Son œuvre peint, quant à lui, qui se raréfie à partir des années 1970, joue souvent entre figuration et abstraction. » Contentons-nous de cela mais, à l'évidence, l'homme et son œuvre mériteraient que l'on s'attarde davantage...

Nos billets et nos pastilles autocollantes roses nous autorisaient uniquement l'accès à l'exposition temporaire consacrée à Jean-Pierre Pincemin — ceux qui se rendront à Céret cet été ne manqueront pas de visiter celle du Musée d'art moderne — et, sans une irrépressible envie d'admirer le fabuleux bassin de cette ancienne piscine municipale art déco, jamais nous n'aurions rencontré ce Picador, petit joyau de Michel Delporte. Que le personnel du musée rencontré ce jour soit ici vivement remercié de nous avoir permis d'approcher les tapisseries et les assiettes de Pincemin — qui venaient, de façon inespérée, joliment complétées les séries peintes et sculptées de l'exposition —, les céramiques de Picasso et d'Edouard Pignon, l'Etudes de lions de Rosa Bonheur et, ô surprise, les Delporte présentés dans le très intimiste Cabinet des dessins longeant le bassin.

Eugène Leroy (1910-2000), Michel Delporte, Marc Ronet (1937) et Jean-Pierre Pincemin (1944-2005) : quatre grands peintres, quatre souvenirs, quatre belles émotions pour un chouette week-end dans l'Nord !

L'exposition Les Michel Delporte de La Piscine est visble à La Piscine de Roubaix* jusqu'au 13 juin 2010.

* Roubaix qui, soit dit en passant, a accueilli des courses de taureaux à une époque, fin XIXè début XXè, où ce spectacle était particulièrement en vogue. En fouillant dans vos TOROS...

Image Michel Delporte © Picador, vers 1965 / Monotype, huile sur papier, rehauts de craie, 45 x 32 cm / Legs Michel Delporte en 2001 au musée de Roubaix, La Piscine — Musée d'Art et d'Industrie André Diligent.

18 avril 2010

Joaquín Vidal, 8 ans déjà


Le dix avril dernier, il y a déjà huit ans, disparaissait Joaquín Vidal.
Personne n’est indispensable sur cette basse terre, mais plus les années passent et plus la pertinence et l'indépendance de cette plume rare nous manquent. Tout a sans doute déjà été dit, écrit. Il y a eu cet hommage de Curro Romero, d’autres encore.
Et puis il y a eu aussi celui d’un autre immense Maestro, Luis Francisco Esplá, que nous ne vous avions pas encore fait partager. C’est donc l’occasion.

Joaquín tuvo la virtud de interesar a los intelectuales por el mundo del toro. Mucha gente a la que no le gustaban como espectáculo leía sus crónicas. Él creó esa complicidad de la que estaba huérfana el toreo. Aunque sólo coincidí con don Joaquín un par de veces, me sentía identificado con él por su escepticismo y recelo hacia el taurino profesional. Su sorna castiza me recordaba a Ramón Gómez de la Serna, incluso escribiendo. Esa pluma voraz captaba y resumía cualquier situación en un par de renglones. Me reí mucho con sus crónicas en las que, sin faltar nunca el respeto a los toreros, era capaz de convertir en jocoso lo que no tenía remedio. Añoraremos mucho su pluma, porque no aburría nunca. Luis Francisco Esplá

Traduction :
Joaquín avait cette vertu de faire s’intéresser les intellectuels au monde des toros. Beaucoup de gens qui n’aimaient pas la tauromachie lisaient ses chroniques. Il était parvenu à tisser ce lien qui faisait défaut au monde des toros. Bien que je ne l’ai croisé qu’une paire de fois, je m’identifiais à lui par ce scepticisme et cette méfiance qu’il éprouvait pour le taurin professionnel. Son ironie castiza ma rappellait Ramón Gómez de la Serna, jusque dans la façon d’écrire. Cette plume vorace captait et résumait en deux lignes n’importe quelle situation. Je riais beaucoup avec ses chroniques dans lesquelles, sans jamais manquer de respect aux toreros, il était capable, grâce à son esprit, d’éclairer une situation des plus quelconque. Cette plume n’ennuyait jamais et elle va nous manquer. Luis Francisco Esplá

Pour ceux qui ne lisent pas la langue de Cervantes, ni celle de Vidal, il y a aujourd’hui cette première traduction d’une vingtaine de chroniques éditée par Les Fondeurs de Briques (3, Esplanade Octave Médale - 81370 Saint-Sulpice /// 05 67 67 55 91 / 06 45 74 69 20 / fondeursdebriques@neuf.fr).


Joaquín Vidal, Chroniques taurines, Les Fondeurs de Briques, 2010, 14 €.

Bon de commande

16 avril 2010

¿Qué pasa con los victorinos?


El País
. 16 avril 2010. Antonio Lorca
¿Qué pasa con los victorinos? Si lo supiera, al menos, el propio ganadero, con lo listo que dicen que es... Nadie lo sabe. Será el misterio del toro. Bonitos de hechuras, guapos de verdad algunos, pero blandos, muy blandos, descastados, sosísimos, sin un ápice de fiereza ni codicia. Ni siquiera derrocharon peligro, a excepción del sexto, y su comportamiento respondió más bien a pedazos de carne amorfa. Para colmo, el primero se astilló los dos pitones en un burladero, y el derecho le quedó como una auténtica escoba. Ya, ni ellos sirven de consuelo. Un año más, se apagó la única luz que alumbraba a una afición perdida entre tanta miseria.

Traduction Que se passe-t-il avec les Victorino ? Si au moins l’éleveur le savait, lui que l’on dit si intelligent... Personne ne sait. Ce sera le mystère du toro. Bien faits, certains vraiment jolis, mais faibles, très faibles, decastés, fades, sans un soupçon de sauvagerie, ni de codicia. Ils n’ont même pas été dangereux, à l’exception du sixième, encore que son comportement avait plus à voir avec un morceau de viande amorphe. Le comble, ce fut le premier qui s’éclata les deux cornes dans un burladero, et la droite en ressortit comme un véritable balai. Maintenant, ils ne servent même plus pour se consoler. Une année de plus s’est éteinte la seule lumière qui guidait encore l’afición perdue au milieu de tant de misère.

Peut-être un début de réponse avec ce graphique transmis par Javier Salamanca de l’association El Toro de Madrid. Il s'agit du nombre de bêtes marquées du fer de Victorino combattues chaque année de 1961 à 2008.

¡Eso no es de Sevilla¡


Sevilla 2010. Beaucoup ont renoncé. A force...
Alors, en attendant le retour des copains, on tente de se faire une idée, une vague idée, en lisant à droite, à gauche. En fait "à nulle part", ou pas bien loin.

Mercredi 14 avril 2010. Folque a pétardé. Ça semble une évidence qui sera inévitablement confirmée, racontée, précisée.
Il a pétardé. Ce n'est pas la première fois, pas la dernière. Tout comme il nous sortira d'autres 'Camarito', d'autres corridón venteños. Ojalá. Cosas de toros.
Et comme les couteaux étaient tirés, depuis bien longtemps, et les fusils lourdement chargés, ça a été une tuerie. De ce côté-ci des Pyrénées, chez certains, pas tous, ça touche même au racisme. Ça pue le populisme des plus bas étages, le règlement de compte a posteriori. La haine enfin extériorisée. Le coming out malsain enfin dégueulé.
On se dit que ça devait sacrément les ronger, les démanger, pour qu'ils finissent par beugler ainsi. On en viendrait même à les plaindre de pareil ressentiment, de pareille haine.

Jeudi 15 avril 2010. Ce sont les Victorino qui semblent emboîter le pas des Lusitaniens, dans la déroute la plus totale.
Victorino n'est pas portugais, n'a pas le passif de l'autre. Alors le fracaso – à confirmer lui aussi – se transforme plus discrètement en une "sosa corrida de Victorino". C'est plus mondain, moins méchant, moins définitif.
On a les adjectifs et les intérêts qu'on peut. Tous les pétards n'ont pas la même saveur. Mais je n'invente rien.
Jeudi soir, en rentrant à la maison, j'ai allumé le Mac, cliqué sur Mundoborrego puis sur Carrusel taurino pour une écoute en direct.
Et là ce fut... irréel. C'est fou comme la médiocrité peut fasciner.

- Señores y señoras... blablabla... ¿Pero qué pasa? ¿Qué pasa por favor? Aaah... ¡Un pañuelo verde en los tendidos! Sí, lo veo... Un tío con un pañuelo verde en los tendidos... y la gente le abronca... La gente abronca al pañuelo verde... Eso no puede ser. Un pañuelo verde. Eso no es de Sevilla. Eso no puede ser.

Quelques minutes plus tard...

- ¿Pero qué pasa? ¿Qué pasa por favor? Un pañuelo verde en los tendidos. Lo vueeeeelve a sacar, ¡lo vuelve a sacar! Es que está provocando señores. ¡Está provocando! Eso no puede ser. Un pañuelo verde. ¡Eso no es de Sevilla!
...
- Y ahora... ¡Tres pañuelos verdes! ¡Es que están provocando a la gente! ¡Están provocaaaaando! ¡Eso no es de Sevilla! ¡Eso no puede ser! ¡Eso no es de Sevilla!

Et nous, on avait envie de crier : "Londres, ici Londres !" Poum poum poum poum...

Et pendant ce temps, en fond sonore, un type à la voix éraillée par les années, la manzanilla, les cigares, un type à l'accent andalou à couper au couteau : "¡Eso es una cabra! ¡Eso es una cabra! ¡Eso es una cabra!"

¿Y eso es de Sevilla?

15 avril 2010

10 %


Séville, lendemain de fracaso. Cumulonimbus chargé de flotte prêt à vous raviner la face. Grise mine le long du paseo Colón. On rigole pas. Faut dire qu'ils nous les brisent avec leurs conneries, les 10 %, là. Avec ce mierdón lusitanien, on a touché le fond... Au moins, après pareil spectacle, ils devraient plus la ramener pendant une paye, et on devrait avoir la vie belle pour un moment. Voilà. Ils l'ont voulu, ils l'ont eu... C'est ça qu'ils souhaitaient, ces tarés ? Des bestiaux avec la gueule en biais pas foutus d'avoir un peu de couilles quand il faut aller défoncer un peto ? Aucune charge, dégonflée comme un cul de vieille, à peine foutus de se tenir debout et après ça, la tronche en bas, en haut, à droite et à gauche puis dans la fémorale !!! Ah oui, elle est belle l'afición torista !!!
Des branques, des tarés, je te dis... Des cons ! 10 %... c'est pas énorme, mais c'est toujours trop. Ce sera toujours trop.
La corrida de toros, c'est pas ça, nom de Dieu ! Des bestiaux infâmes qui égorgent des petits gars bien valeureux, y'a que ça qui les fait triper ces malades... Ils me font gerber, tiens ! Et quand je pense qu'ils ne sont que 10 % !...
A côté de ça, t'as les 90 autres... Ceux-là, tu les entends jamais, ils te font pas chier, ils aiment la Fiesta Brava, les toreros, les chemises "Sorteo", les jolis toros bien faits qui permettent...
C'est ça, le problème de la démocratie, c'est qu'il faut faire avec tout le monde, y compris les 10 % de malades... Du coup, voilà ce qui arrive : un fracaso fatal, et une cornada grave. Toros de merde pour afición de merde ! Mais ils l'ont voulu, ils l'ont eu. J'espère au moins qu'ils se sont bien paluchés !
Ce soir ? Les toros de César... El Torreón... Normalement, s'ils permettent, ça devrait couper. Mais, faut qu'ils permettent... Sinon, les mecs en face pourront rien faire !
Ouais, il faut qu'ils permettent, les toros. Nobles et mobiles...
Sinon, c'est mort...

14 avril 2010

Un día en Las Ventas


Manon, l'ami Manon, Juan Pelegrín Corbacho dans la vraie vie, sans le claironner, sans vraiment l'annoncer, vient bien d'annoncer la sortie de son premier livre.
Il est ainsi Juan, l'air de rien, l'air de ne pas vraiment y toucher. Tu parles...
Un día en Las Ventas.
Souvenirs. Déjà des souvenirs. Notre Camposyruedos juste né, pas encore digéré, nous voici invités à contempler les premiers clichés de la naissance de cette journée venteña.
Pour l'avoir également vécu, elles sont évidemment très émouvantes ces photos de l'imprimerie. Les premières épreuves, le calage des couleurs, le bruit des rotatives, les cahiers qui s'impriment, presque à la vitesse de la lumière.
Il est émouvant de voir ainsi naître un livre, surtout lorsqu'il s'agit de son bébé...
Lorsqu'on y songe, des choses presque irréelles, un peu folles ou improbables, mais bien concrètes au bout du compte.
Sur le livre de Juan nous vous en dirons plus, lorsque nous en saurons plus.
Pour l'heure et pour ceux qui ne pipent pas un mot d'espagnol : ce sera un livre de photos, mais avec un peu de texte, signé par rien de plus, rien de moins que Luis Francisco Esplá.
L'éditeur : Bellaterra, le même que celui d'une certaine Joséphine Douet...
Sortie prévue : début mai. Ça tombe bien nous serons dans le coin !

13 avril 2010

Le rosier de Maria do Carmo


Quatre hommes plantés devant un rosier. Le soleil cogne fort. Il doit être midi ou une heure. Il ne l’a pas touché. Il l’a regardé en nous disant que c’était lui. Le rosier. Un pied énorme, tordu, comme veiné. On le regarde, on fait comme lui. Un rosier. Avec des épines qui piquent et des feuilles déjà vertes qui laissent à grand-peine percer le soleil qui cogne fort. Il doit être midi ou une heure. Il est attendu. Un baptême dans la famille. Il regarde son rosier. Nous aussi, avant de le quitter. Un rosier. Il ne le touche pas. Il le regarde.
Avant d’allumer le contact, il a rajusté son veston parfaitement repassé. Il s’est signé, une fois au volant. Il a mis son chapeau. Il a démarré.
— C’est une terrible maladie. Terrible. C’est un venin. On ne s’en défait pas.
Il a beaucoup parlé. Il conduit. Il sort le bras gauche pour faire clignotant. Il parle beaucoup. Se souvient. S’émeut. S’arrête. Écoute les toros. Son venin. Sa drogue. Un rail tous les matins. Bientôt 80 ans. Il est attendu. Un baptême dans la famille. Il s’en fout. Il ne le dit pas ainsi mais c’est tout comme.
Un Espagnol lui a proposé de tout lui racheter. Les toros, les vaches, l’herbe, les lézards et le ciel. Il lui a dit qu’il allait mettre des fundas. Que ses toros auraient un grand succès. Il a les boules. Il ne le dit pas ainsi mais c’est tout comme. Des fundas ! Toqué le mec !
Son venin. Sa drogue.
Le rosier. Son trésor. L’autre venin de sa vie. L’autre drogue. L’autre shoot quotidien. Tordu comme son «lion», le semental berrendo en negro. Le rosier. Accroché à la terre autant que lui, autant que ses années passées ici. Areias. Le rosier.
Quatre hommes plantés devant. Il doit être une heure maintenant. Il le regarde. Il ne le touche pas. Le rosier de Maria do Carmo*. Palha ! L’autre venin. Palha. Les toros.
Énorme défonce !

* Le rosier a été planté le jour de la naissance de Maria do Carmo Palha Blanco.

>>> Retrouvez une galerie des novillos de Fernando Palha sur le site, rubrique CAMPOS.

Photographie Fernando de Castro Van Zeller Pereira Palha © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com

Souvenir argentique


Au fond, juste au fond, dans le callejón, il y a un type... Il l'a pas vu...

formiweb

Raúl Velasco

Le matador de toros Raúl Velasco, qui s’était fait remarquer l’an passé à Orthez, nous annonce l’ouverture de son site Internet : http://www.raul-velasco.com/.

Les internautes les plus à la pointe pourront également le retrouver sur Facebook.

09 avril 2010

Si Monet avait vu ça


D'abord, pose ton fond bleu jaune sur la toile nue. Toile en droit fil, plutôt de lin lourd et épais... Etale la couleur, passe et repasse, glisse et caresse pour que la matière pénètre la fibre. Prends le temps... et respire. Ajoute en matière le vert, tendance citron, acide. Laisse le bleu encore frais l'épouser... L'alchimie opère. Pas trop grasse la texture... légère, légère sur ton fond... Laisse aller le bras, le poignet puis la main, et regarde les tendances s'exprimer. La couleur vit ici... Elle doit ! Respire... toujours respire... Sens la pointe chaude du soleil qui fait exploser l'acidité des verts , et l'apaisante fraîcheur de ce bleu qui tranche. Tu imaginerais déjà le vol des hirondelles... et la caresse de la brise du printemps.

Ajoute les cyans, les rouges et les bruns, un glacis ici... en pâte par là... pour rehausser la froideur de ce fond aigu... Version déclinée... jusqu'à l'infini... anarchique... comme l'idée te vient... Il faut que tout vibre, il faut que tout vive... A nouveau, respire... Sur la toile, c'est la vie maintenant.

Désormais, laisse couler la trace du pinceau... et que vienne ainsi l'illusion d'un arbre tout près d'un buisson là-bas, d'une mare au loin... Mais l'illusion, toujours l'illusion... que rien ne s'enferme, et que tout chancelle ou bascule, fragile équilibre... Ne pense pas, et prends tout comme cela vient. Quand la vie s'impose en reine, écoute l'illusion d'un galop qui viendrait de là-bas tout au fond... car arrivent enfin la force brute et la mystique présence des masses sombres, noires et profondes pour creuser la douce sérénité. Ne ferme jamais tes noirs... non, jamais... Laisse-les se diffuser car le noir doit vivre en mystère, profond et sans fin... Le regard s'y perd, car le noir ne doit jamais l'être vraiment... Profond et sans fin, le noir. Infini... sans horizon, sans contour... D'ailleurs, en voici des juste bruns, des clairs, des presque blancs... Tu vois que le noir ne l'est jamais vraiment. C'est une illusion... qui n'existe que dans les esprits fermés... Le noir n'existe pas. Alors décline-le, et peinds-le comme il te convient... Il n'y a pas de règle, il n'y a que des illusions. L'envie de voir, qui amène à la création... et puis vient le moment de poser les lumières... claires ou sombres, illumine cette cime ou assombris ce tronc... Tout alors n'est qu'illusion de lumières, d'ombres, de collines fleuries et d'hirondelles, peut-être de toros aux pelages de bronze ou salpicados, aux longues cornes sifflantes comme des virgules, peut-être d'un campo andalou après la pluie de mars, à la forte saveur "Gamero Cívico", peut-être alors celui de Araúz de Robles... Peut-être.

Perdez-vous dans les hautes herbes avec les toros de Araúz de Robles, ici...

Campos y Ruedos es mucho Madrid


Vaya pedazo de post el que nos hizo Juan Pelegrín… Por ahí…

Juan, solo te has olvidado hacerle fotos en La Venencia, en el Tempranillo, en el Cisne, en el…

Mira, esas fotos las haremos juntos, seguro, con o sin el libro ;-)

¡Un abrazo muy fuerte Juan!

07 avril 2010

Une traînée blanche (Vale do Sorraia)


Pour Yannick,

Regarder filer les nuages. Se caler. Un rocher, mouillé de mer. Un bout de jardin. N’entendre que la fuite feutrée de nos pensées rejoindre les nuages. Ils tardent à partir. Ils partent.
Nuages, vent... vide bientôt. Ils t’enlèvent. Le vent a murmuré. Ne reste plus que l’ondoiement délicat de leur langue prise toute entière dans ce murmure qui te porte au départ. Une traînée blanche. Ciel parfait. Tu pars.
Colère. Ténèbres. Noir. 2 heures. Vol. Taxi. Paris. Gris.
Tout va trop vite. Tu es parti. Arrivés. Une traînée blanche. Rien.
L’as-tu senti au moins ?
Quatre traits, quatre angles presque droits. Un bout de terre à taille humaine que quittent les avions, la fureur. Une traînée blanche.
Un village minuscule et blanc et bleu. Direction Pavia. Quatre petits corps nippés de noir blanchissent le linge à la main, au lavoir. 100 km/h. Le temps se compte. Elles passent comme un voile flou dans le verre fumé de la vitre mais elles sont là. Et j’imagine à 100 que dans les appartements Ikea du Bairro Alto de jeunes gars branchent leur mobile à cette heure où s’immaculent les draps de famille et se gèlent le cuir chevelu déjà gras des excès de la nuit. Je me dis à 130 que d’autres partent taffer, vêtus comme à Paris, raide costard et blackberry high tech. Elles frottent parce qu’existent encore entre leurs mains de vieilles les barbiers de Lisbonne qui de derrière leur vitre épaisse observent les errances de tramways jaunes qui grincent au bas de l’Alfama. Elles frottent parce que c’est de leurs mains de vieilles qu’est né ce Portugal où le fado s’écoute en MP3 quand José Saramago conte les vies de Pessoa sur un blog du fin fond des Açores*.
Tu es parti. Enlevé. Une traînée blanche.
Colère. Ténèbres. Noir. 2 heures. Vol. Taxi. Paris. Gris
Les Ribeiro Telles sont le Portugal (aristocrate, convenons-en). Comme les autres ils ont des noms comme un fantasme syntaxique proustien. Celui de la maman toujours devant. Vise un peu : António de Jesus de Castro Palha Ribeiro Telles, fils de David Manuel Godinho Ribeiro Telles et de Dona Maria Isabel de Castro Van-Zeller Ribeiro Telles. Comme les autres ils adorent les toros forts, l’échine en forme de courbe d’évolution de la population africaine.
Manuel Ribeiro Telles conduit un gros 4x4 blanc... ses frères, eux, montent à cheval. Ses frères élèvent des Domecq (sous l’appellation David Ribeiro Telles)... lui fait pousser des bestioles plutôt grises et qui foutent la frousse. Des toros descendus d’on ne sait où comme un ciel de grêle l’été. Des toros rectangles avec des triangles devant. Des cornes qui regardent en arrière et en haut. Vale do Sorraia**. Le Portugal d’avant. Les restes. La fureur. La traînée blanche.
Tu es parti.
Va savoir ce qu’il y a là-dedans. Norberto Pedroso paraît-il. Santa Coloma ? Pinto Barreiros ? Vaz Monteiro ? Albaserrada ? Branco Teixeira ? Palha Blanco ?*** Ça court à droite, ça fuit derrière, ça te tourne autour et ça a l’œil assassin d’un boxeur cubain au premier retentissement de gong. Engageant.
Quand ils se sont posés, au 12ème round peut-être, je me suis dit que ça t’aurait plu. C’était évident. Il faisait beau en plus. Ciel parfait. Pas de traînée blanche. J’ai regardé, promis. Pas de traînée blanche.

>>> Retrouvez les galeries conscrées à l'élevage Vale do Sorraia sur le site, rubrique CAMPOS.

* A lire, la superbe évocation des "vies" de Fernando Pessoa par José Saramago dans "Le Cahier", Le Cherche midi, 2010. Il s’agit d’une compilation de textes écrits par José Saramago sur un blog entre septembre 2008 et mars 2009.
** A propos de Vale do Sorraia, nous vous invitons à visiter la galerie consacrée à cette ganadería par le photographe David Cordero sur son site : David Cordero. De même, l'élevage a son propre blog, c'est par ici : Vale do Sorraia.
*** Nous reviendrons sous peu sur les origines touffues et complexes de l'élevage Vale do Sorraia... A suivre donc.

Photographies Toros de Vale do Sorraia © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com

06 avril 2010

Arles, Miura...


C'est souvent ainsi, pour ne pas dire toujours. Expectación rime avec dececpción, c'est aussi vieux que le monde. Et pourtant nous nous y laissons prendre, presque à chaque fois.
Il était illusoire de rêver que cet œillet rose puisse être la copie conforme ou simplement s'approcher de l'immense 'Clavel Blanco' de septembre dernier. Pourtant ils étaient tous venus, les aficionados, nourris de rêves et d'espoir. La chute n'en fut que plus brutale, car assister à cette concours 2010 avec en tête celle de septembre 2009, six mois plus tôt, ne fit qu'ajouter au calvaire. On pouvait s'y attendre, mais tout de même...
Glissons pudiquement sur l'échec de cette concours 2010. Glissons également sur la grande déception que fut pour nous Juan del Álamo. Nous l'avions découvert l'an passé plein de promesses, avec sa verdeur de novillero, certes, mais avec aussi d'immenses talents. Glissons donc et attendons la prochaine pour le revoir et continuer d'entretenir l'espoir, vibrer à nouveau.

De l'espoir, à l'inverse, il n'y en avait guère avant la corrida de Miura. En tête, les analyses de cornes positives des vétérinaires taurins français, même si l'affaire fut vite étouffée par les taurinos, les politiques et leurs thuriféraires dans un grand élan œcuménique d'idiosyncrasie salvatrice.
Et puis, surtout, ne nous voilons pas la face, les résultats des dernières sorties souvent catastrophiques et tellement loin de la légende étaient à nous faire désespérer de revoir un jour une "vraie" miurada.
Dimanche, en Arles, ce fut pourtant le cas. Et on a pu penser que la famille Miura avait voulu laver l'affront des analyses vétérinaires passées. Les Miura ressemblaient enfin à des Miura. Et le moral a également suivi, conforme à ce que nous connaissons de la légende. De là à écrire que nous avons retrouvé la fureur et la terreur de leurs frères d'il y a quinze ou vingt ans, lorsque les Nimeño, Fundi, Meca, Mendes se les coltinaient, bien sûr que non. Nous en sommes même loin. Mais la surprise fut positive, la course d'une très bonne tenue. Des complications, du genio, du sentido, du danger, de la variété, sans toutefois la terreur d'une époque finalement pas si lointaine, que nous avons tous connue, mais qui a sans doute disparue à jamais. Il n'empêche qu'il fallait s'y mettre et se les envoyer. Et c'est ce que fit notamment Rafaelillo avec son second, héroïque par naturelles, mettant sa jambe et sa virilité en jeu. Un grand coup de chapeau à Rafaelillo, même si au bout du compte le public ne l'a pas franchement vu et fêté comme il se doit.
Un autre coup de chapeau à Mehdi Savalli, plus que digne et posé dans le contexte. Un Savalli qui s'affirme une fois encore comme capable de faire face, rester calme, ne pas perdre les papiers dans la tourmente. Et puis Padilla... bon... Padilla... Et puis là, on regrette le Fundi.

>>> Une galerie de la course de Miura est accessible sur le site, rubrique RUEDOS...

05 avril 2010

L'OCT menace d'assigner en justice... des aficionados !


Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont des aficionados qui ont été dernièrement, et discrètement, la cible du président de l'OCT. La charge a été menée sans tambour ni trompette mais elle fut assortie de menaces non voilées et bien réelles — aussi, lorsque le père Larrieu nous a pondu son Taisez-vous !, il était sans doute loin de s'imaginer à quel point...
Les lecteurs de la revue "Toros" auront l’occasion de lire, dans la dernière livraison, un droit de réponse de l'OCT à un article de Joël Bartolotti se désolidarisant du président du bidule. Jusque-là, pas de quoi fouetter un chat; le droit de réponse étant par ailleurs d'une affligeante platitude.
Il faut dire que l'article mis en cause (Basta ya!, Joël Bartolotti in "Toros" n°1872 du 26 février 2010) ne portait guère à la polémique. Il n'est pas interdit au passage de se poser la question de la légitimité réelle de ce droit. Peu importe, le cocasse n’est pas là. Le cocasse de l'affaire, ce n'est pas le droit de réponse lui-même.
Le cocasse de l'affaire, c'est la forme, la méthode, le procédé, le non-dit, le dessous des cartes : une missive d'avocat envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception. Un courrier d'avocat menaçant de poursuites judiciaires. Nom d'une pipe en bois ! Oser traiter ainsi une "vieille dame". Il fallait oser tout de même.
Il a osé. Ils ont osé. On croit rêver. On ne rêve pas.
La "vieille dame" a évidemment publié le droit de réponse de l'inénarrable tout en l’assortissant d’une contre-colonne qui nous apprend, entre autre, que ce courrier avec accusé de réception fut adressé par Maître Emmanuel Durand, "avocat spécialiste, compétence en droit du travail", 16 rue Cité Foulc à Nîmes (Gard). Lequel Maître Emmanuel Durand a cru bon devoir stipuler dans sa missive que faute d'insérer le droit de réponse de l'inénarrable dans le numéro qui suivra le surlendemain de la réception de la la lettre, à la même place et en mêmes caractères, et sans aucune intercalation, cela pourrait donner lieu à une peine de 3 750 euros d'amende, sans préjudice des autres peines et dommages-intérêts auxquels l'article blablabla, blablabla…
Pétard !… Fini de rire !
Pour en terminer avec ce nouveau dérapage, magistral tout en restant dans le cocasse, je ne peux m’empêcher de le mettre en parallèle avec ce qui s’est passé, il y a deux ans, à Carcassonne.
Le président de l’OCT avait alors été sollicité, par des aficionados, pour intervenir face aux "antis" qui manifestent régulièrement devant la portative. Et que croyez vous qu’il fit ?
Qu’il envoya une lettre recommandée ? Qu'il fit se déplacer Maître Durand en personne ? Qu’il se déplaça lui-même, flanqué de Colemonte, son pote de l’époque, tels Don Quichotte et Sancho Panza ? Qu’il provoqua par incantation divine la charge de la maréchaussée ? Qu’il sonna le rappel des troupes pour mettre en branle les je ne sais plus combien d’entités créatrices du bidule ?
Rien de tout cela, pas le moindre début de mouvement du petit orteil.
Rien, que dalle, nada, niente...
Le président qui fait envoyer des lettres recommandées aux aficionados n’a pas daigné lever le moindre petit doigt lorsqu’il fut sollicité par "Carcassonne Toros" pour faire face aux "antis". A l'époque, il avait juste répondu que cela relevait de la seule responsabilité du maire et non de celle du président de l’OCT...
Cocasse, mais incompréhensible, vous en conviendrez. Non, vraiment, on croit rêver...

Post-scriptum personnel à l’attention du président et de Maître Emmanuel Durand.
Messieurs, peut-être allez-vous être choqués par le dessin qui illustre ce post. Par le reste aussi, peut-être, mais nous nous en moquons.
Il s’agit en l’occurrence d’une caricature réalisée de main de maître pas notre incomparable Batacazo national. Et des fois que la lettre recommandée commencerait à vous démanger, sait-on jamais, permettez-moi de vous rappeler que notre Président, pas Dédé, l’autre, a déclaré préférer un excès de caricature à son absence ou un truc dans le genre.
Et si cela ne suffisait pas, nous nous permettons de vous rappeler aussi et surtout le résultat du procès intenté contre "Charlie Hebdo" par les avocats de la Grande Mosquée de Paris. Oui, je sais, ça fait chier... mais vous ne ferez taire personne...

04 avril 2010

A.E.F.T.C.

Les ganaderos de lidia français font peau neuve ou presque avec la création de ce joli site internet sur lequel vous pourrez retrouver les informations inhérentes à l'A.E.F.T.C. (Association des éleveurs français de taureaux de combat). C'est par là : A.E.F.T.C.
L'A.E.F.T.C. est actuellement présidée par Francine Yonnet.

02 avril 2010

Ambiance


Arles, 2 avril 2010. Corrida de Garcichico y Garcifeo, pour El Juli, Castella et Marco Leal.

- Bonjour... Très bien le livre, très beau !
Jacques Durand m’a salué en me disant tout le bien qu’il pense du travail de Bruno Doan sur notre livre, LE livre Campos y Ruedos... Il le trouve bôôôô... Un peu d’autopromotion ne fera pas de mal. N’est-ce pas Isa ?

- Marcoooo ! Tes cooooouilles !
J’aurais du mal à vous expliquer le sens profond de cette exclamation, mais Marco en a souri. Il avait l’air au courant.

- Deux ! Deux ! Mais deuuuuuuux ! Meeeeeerde !
Les oreilles of course.

- Musique !
- Ta gueule !
Classique.

Tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac...

- Oh les touristes ! Arrêtez de nous faire chieeeeeeeer !
Vocifération d’un type d’en haut à un type du milieu qui protestait un toro ayant perdu un sabot et qui boitait.

Un type avec un laser vert n’arrête pas d’emmerder l’assesseur de droite.

- Whaooooo !
Etonnement du public. Marco vient de rater le toro en donnant l’impression qu’il voulait lui enfoncer son épée au milieu du dos...
- Whaooooo ! (bis)
Il voulait vraiment lui enfoncer son épée au milieu du dos...

"Quelle estocade !" (SMS de Pepina.)

"- On peut dire qu’il a raté là ?, me demande le cameraman d’une grande chaîne.
- Oui, on peut dire qu’il a raté."

- Allez Sébastieeeeeeeeeeen !
Une pintade qui se croit au foot.

Tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac...

El Juli a coupé trois oreilles. Ne me demandez pas pourquoi...

Tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac tac...

"Oh fan de..." (SMS de Pepina... mais ça n’a rien à voir avec le Juli.)

Je voulais faire ça en direct mais le Iphone n’a pas arrêté de me dire que les données cellulaires elles voulaient pas. Put... de données cellulaires.

Demain, Juan del Álamo et corrida concours. Yeeeeeees !

Paraît qu’il va pleuvoir aussi. Grrrrrrrrr...

Et bientôt là-bas, Murteira Grave


À Yannick... et aux deux companheiros, aussi

Aller, jeudi 11 mars 2010, entre la France et Ciudad Rodrigo.
Km 94.
― Les gars, si vous êtes à court d'idées, on sait jamais, j'ai une carte du Portugal avec des fers.
― ...


Km 237.
― C'est toi Thomas qu'as ma carte avec les fers ?
― Non.
― Tu la veux ?

Km 380.
― Ben s'il peut pas nous recevoir le Comte, on pourra toujours pousser vers l'est...
― ...
― Jusque chez Murteira Grave
(prononcer Mourtchèïra Grav)... vu qu'on sera sur la route...

Km 545.
― Quand on regarde bien, le Portugal c'est vraiment pas large... Tu crois que t'es loin et, en fait, non, t'es tout étonné d'être si près.
― Si près d'où ?
― Heu... de l'océan... de l'océan...


Toujours à l'aller, le vendredi 12, entre Ciudad Rodrigo et Vila Franca de Xira (Portugal).
― Au fait, c'est calé Pinto Barreiros ? Parce que s'il peut pas, on pourrait filer chez Palha... pour ensuite prendre la direction d'Évora... et se rapprocher de l'Espagne...
― ...
― Je dis ça, j'dis rien...


Aux environs de Biscainho.
― Y'a pas d'fundas chez Murteira Grave... qui a tout de même fait lidier plus de trois cents toros à Madrid !...

A « Torrinha », chez Ribeiro Telles, sur une colline surplombant la vallée du Sorraia.
― C'est chouette par ici, mais "là-bas" le printemps est si précoce que les bêtes, caillées et armées comme ça !, nagent dans une mer de luzernes et de boutons d'or, s'abreuvent à l'eau pure d'étangs entourés de vallons couverts de chênes-lièges trois fois centenaire, dans lesquels nichent des oiseaux aux noms aussi exotiques que leurs chants sont magnifiques...
― ...
― Le paradis sur terre quoi, si vous voyez c'que j'veux dire...


A Coruche.
― Vous pouvez regarder la carte, y'a l'autoroute de Zafra à Biarritz... Sans interruption, de bout en bout !
― ...
― Ça nous fera moins long dimanche...
Plus tard dans la soirée.
― Imaginez que des comme le 206 de Veiga Teixeira, y'en a une ribambelle "là-bas" !

Samedi 13, entre Pavia et Infantado.
― Les gars, pas sûr qu'on soit dans la bonne direction...
― Hein !?
― Mais non, j'rigole...

A Porto Alto, avant de reprendre la route pour l'Espagne.
― Là, sur l'affiche, vous avez vu les toros... Huuuuuu !!! Punaise, ce qu'il sont beaux ces murteiras... Pas vrai Laurent qu'ils sont beaux ?
― Tu t'fais du mal Philippe... Allez, viens...
― Ouais, puis de toute façon, si les filles de Joaquim sont aussi sympas que Rita Vaz Monteiro, y'a franchement pas de regrets à avoir.
― ?!?

En plus Un reportage photographique de Francisco Romeiras (lot de la tourada royale d'Évora de juillet 2008) ainsi qu'une vidéo présentant l'encierro 2008 des Penyes en Festes à Vall de Uxó ― ça commence à devenir sérieux à partir de 3:53.

Image Capture d'écran du site Internet (classieux) de la ganadaria.

Murteira Grave on line


Comme beaucoup d'autres, les Murteira ont payé le prix de la crise sanitaire qui a frappé le campo portugais durant les années 2000. Ils existent encore et, au regard de certaines photographies qui traînent sur le web, ils sont toujours aussi magnifiques. D'ailleurs, depuis une petite semaine, la ganadería vient d'ouvrir un site Internet pour promouvoir les bêtes évidemment mais également le "turismo taurino". La modernité !
Alors, pour celles et ceux qui voudraient se rincer l'oeil (j'en connais au moins un du côté de Brive-la-Gaillarde), il suffit de cliquer : Murteira Grave.

Photographie Un Murteira en 2005 © François Bruschet/Camposyruedos

Arles, Campos y Ruedos chez les Passionnés


Aujourd’hui débute la féria d’Arles. Vous pourrez rencontrer une partie de l’équipe de Camposyruedos à la Boutique des Passionnés pour une séance de dédicace ce samedi 3 avril de 14h30 à 16h30.
Les Passionnés, pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est rue Réattu et le site des Passionnés, c’est par là…

01 avril 2010

Arte Puro

A ceux qui pensaient que le monde était passé de l'ère du papier à celle du numérique 2.0, voilà un événement pas banal qui vient prouver que sur la planète des toros, le contact voluptueux avec le papier n'est pas près de laisser la place à l'implacable et froid cliquetis des claviers. A peine sorti le livre de Campos y Ruedos, et à mesure que pleuvent les commandes (un bon crachin, pas un déluge niagaresque certes, mais largement mieux qu'un compte-gouttes et nous en profitons pour vous remercier d'ores et déjà), la rédaction a été contactée par le Maestro Javier Conde lui-même qui, au détour du livre, est tombé amoureux des clichés de nos photographes. François Bruschet et Y.O. étant engagés, c'est Laurent Larrieu qui a accepté de relever le défi et de suivre tout au long de la saison 2010 le Maestro malagueño sur les routes andalouses, les chemins de Castille et les départementales fleuries de France pour une temporada que, selon ses propres termes, le Maestro rêve "historique". Nul ouvrage n'est encore officiellement en projet pour autant, les deux parties étant convenues de la nécessité d'attendre que se forme l'idiosyncrasie nécessaire à l'accomplissement d'un ouvrage aux dimensions artistiques en rapport avec les ambitions et les niveaux d'exigence de l'art respectif des deux associés.
"Es muy importante la idiosincrasia, es lo más importante para mí, eso me lo enseño uno de sus compatriotas cuando escribía un libro sobre mi toreo", a insisté le Maestro, icône d'un ouvrage rédigé dans la langue de Molière et traitant de la Passion selon "J.C.". En période de Carême et de Pâques, voilà qui ne s'invente pas !
Ce nouveau tandem, très flamenco, s'est donné rendez-vous la semaine prochaine, dans l'intimité d'un tentadero du côté de Constantina, chez un certain Isaías V pour compter fleurette à l'ombre des encinas au duende et, qui sait ?, entamer les préliminaires d'une belle aventure. La folie douce de la soie et des pixels sera de la partie.
Isaías... encore un prophète !

Photographie Plaza de Toros de Málaga par Manfred Werner (Wikipédia).