30 avril 2009

Chaussettes, mirettes, musettes !


Pour vous dire la vérité, Campos y Ruedos avait déployé le grand jeu pour cette première semaine de la Feria de Abril. Pas moins de 5 collaborateurs en Andalousie pour couvrir l'événement ! Il n'est pas dit qu'on se contentera de la TV l'an prochain, mais la tendance est plutôt au moral dans les chaussettes qu'aux étoiles plein les mirettes !
En toute chose, il convient néanmoins de trouver motif de satisfaction et puisqu'il faut aguanter les semaines "sans", voici les quelques infos, impressions, conseils et scoops que nous avons glanés en Andalousie et ramenés dans nos musettes.
Enseignement : la survie du premier tiers réside bien dans l'emploi de la pique andalouse, plutôt que dans le physique du toro. Tout au long de la semaine, l'emploi de cette vara atrophiée nous a permis d'assister à des tiers de piques passionnants, enjoués et plein d'alegría. Le toro bonito du cru garde ensuite toute sa fraîcheur pour apporter en piste l'émotion au kilogramme pendant de longues minutes. Merci la pique andalouse !

Scoop : un lot de Dolores Aguirre pourrait partir à Nîmes en septembre selon le mayoral de la Dueña. Il dément formellement que ces toros seraient destinés au mano a mano Ponce-Tomás. A peine croyable !

Conseil : votre beau-frère au puissant accent nordiste vous serine sur votre passion taurine. Il n'y comprend rien, forcément et tous vos arguments tombent à l'eau. Il faut se rendre à l'évidence, vous ne parlez pas le même langage. Comment convaincre cet anti-taurin un peu primaire ? Suivez les conseils de Raúl Doblado publiés dans l'ABC de la semaine dernière. Rien à dire, en France comme en Espagne, on est bien défendus !
- Cómo se defendería ante un antitaurino.
- Los toros no solamente crean riqueza, puestos de trabajos y mantienen un ecosistema. Si el pensador Francis Wolff, de una familia judía que sufrió el exterminio nazi, es aficionado, los toros tienen de todo menos terror, horror y muerte.

Duende : ville d'orangers et de romarin, autour du Guadalquivir aux étoiles, Séville distille ses charmes espagnols et arabes au visiteur sachant ouvrir ses sens et son coeur. Parfois, le bon sens nîmois sait toutefois surgir pour réhausser la grâce du lieu par la magie d'un nouveau brassage culturel : dimanche soir, le 3è toro de Jandilla, lidié par Castella, s'écroule en piste et doit être puntillé. Un quintal de chair toute gardoise, emballé dans une robe du dernier chic commente "Puté fé chier c'te chaleur, j'te raconte pas comme je sue du cul". Magique !

Remate : Federico, débonnaire Sévillan de toda la vida, a eu la gentillesse de nous faire une place en barrera illicite, sous l'oeil indigné de quelque reventa, un vendredi de triomphe campero et de Torreón qui pissent en piste. Ses voisins arborent des casquettes très vieille école du "Betis". Manifestement, leurs commentaires ne plaisent guère à notre Andalou encasté :
- Y con esa gorra del Betis... ¿de qué peña de pueblo sois vosotros?
- ¡Yo soy de Sevilla!
- Bueno... ¡Sevilla es un pueblo!

La photo nous a été offerte par Doña Pepina.

Antonio Lorca


Depuis la disparition de Joaquín Vidal, je dois confesser lire la critique taurine actuelle avec beaucoup moins d’empressement, et même très irrégulièrement. A l’époque, entre Vicente Zabala, le père, autrement plus talentueux que le rejeton, et Don Joaquín, nous avions tout loisir de nous régaler de plumes affirmées, talentueuses et compétentes. Entre les deux et avec un peu d’habitude on se faisait son idée. On était d’accord, ou pas, mais il y avait matière. Ceux d’entre vous qui ne lisent pas l’espagnol doivent savoir qu’il y a, entre la France et l’Espagne, une différence énorme au niveau de la presse quotidienne. En France, mis à part le cas très particulier et marginal de Libération, les quotidiens sont d’une affolante soumission aux directions en tout genre. On peut même avancer sans trop grossir le trait que l’ensemble relève plus de l’agence de communication que de journalisme. Cela en devient même parfois grand-guignolesque pour qui, comme moi, parcours régulièrement le Midi «Libre». En Espagne, à l’inverse, la presse quotidienne est une véritable presse d’opinion, qui argumente, prend position et se mouille, au risque de déplaire.
Notre ami
Bastonito, à l’occasion du nouveau fracaso du señor Domecq à Séville (vivement que je lise son livre à celui-là) nous a fait parvenir le papier écrit par Antonio Lorca dans El País : Une larme pour la Maestranza. Vous le trouverez ci-après, modestement traduit. Je rêve du jour où Midi Libre, Sud Ouest et les autres écriront... Non, je plaisante ! Pour ceux qui n’ont pas l’habitude, ne vous affolez pas, c’est simplement ce que l’on appelle traditionnellement : la liberté de la presse, la liberté d’une presse indépendante.
Una lágrima por la MaestranzaANTONIO LORCA – El País, Sevilla - 29/04/2009
Permettez qu’une larme symbolique coule aujourd’hui sur cette page comme l’expression d’une douleur profonde face à la maladie irréversible dont souffre la plaza de la Real Maestranza de Sevilla.
Celle qui fut mère et maîtresse de la tauromachie est aujourd’hui l’image de la tristesse et de la décadence de la fête des toros. Quelle plus grande peine...
Il y a longtemps qu’elle est abandonnée par les aficionados, ceux qui au fil du temps ont donné le lustre et la splendeur à son histoire magique.
Elle est maintenant occupée chaque année par un public divers, triomphaliste et frivole, touristes et spectateurs d’occasion qui confondent le toreo avec un ballet maniéré face à un petit animal infirme.
Un public sans connaissances, velléitaire et capricieux, impropre à la catégorie qui a toujours été celle de ce temple.
Ainsi, règnent le conformisme et la négligence, symptômes d’une mort annoncée.
Les taurins font ce qu’ils veulent car le public ne fait pas ce qu’il devrait. Et avec son inhibition il permet la tromperie et la manipulation.
Parce que cette fête, sans un minimum d’exigence, n’a pas de sens.
C’est peut-être pour cela que le toreo authentique est moribond. Il n’y a plus de toros mais des petits agneaux, des petits chats, des petites souris, et des porcs aux démarches fatiguées.
Il n’y a plus de toreros, mais des señoritos qui font leurs profits de ce public d’alluvions.
Il n’y a pas d’empresa qui soigne la qualité de son produit, elle se satisfait simplement de rapides bénéfices.
Il n’y a pas d’autorité pour veiller à la pureté de la Fiesta, sinon pour fermer honteusement les yeux sur ce qui se passe.
La corrida d’hier aura été l’expression de la mort de la grandeur de la plaza de Séville.
On a perdu la sagesse et imposé la frivolité. On a perdu la majesté et l’ordinaire est aux commandes. Et la corrida de Juan Pedro Domecq fut ordinaire, invalide, decastée, impotente.
Est-ce que ce ganadero reviendrait à Séville s’il y a avait ici une Afición savante ?
Est-ce qu’une figure du toreo consacrée comme Enrique ponce reviendrait avec ces chats indignes de sa trajectoire ? Où est sa dignité de figure du toreo ?
Quelle honte de voir comment étaient applaudis les trapazos de Ponce à son premier, hors de combat. Qu’applaudissaient-ils ? L’arène semblait devenue folle avec une faenita irrégulière d’un Morante volontaire qui avait bien toréé à la véronique un petit toro sur rail.
Et Nazaré ne put rien faire avec un lot infumable.
Le plus grave est sans doute que les gens sont sortis contents. En fin de compte, nous sommes en féria. Mais la Maestranza est restée plongée dans une profonde tristesse.
Quelqu’un aurait-il un mouchoir, s’il vous plait ?

Photographie © Laurent Larrieu

29 avril 2009

Miura pour Séville 2009


La Feria de Abril suit son cours, déboussolée. Les farolillos donnent maintenant à la nuit sévillane ses allures de "Full moon party" flamenca. Les milliers de petites lunes s'éclipsent le 3 mai, c'est prévu comme ça, avec les Miura.

>>> Retrouvez-les sur le site, rubrique CAMPOS.

Photographie Miura pour Séville © Camposyruedos

27 avril 2009

Au crayon à papier


Les mots croisés de Femme actuelle vous gavent, les sudoku vous rendent fous, vous ne trouvez plus de mines de stylo à papier dans le tiroir du buffet ? Faites une pause... et jouez donc avec nous — décidément très joueurs à Camposyruedos en ce mois d'avril — à "Je retrouve le bon mot".
Trois séries de phrases vont vous être proposées. Dans chaque série se sont glissés des groupes de mots qui n'ont rien à faire là. Pour retrouver le vrai sens de ces phrases, il vous faudra remplacer ces intrus par des mots ou groupes de mots qui se trouvent dans les listes qui suivent. Vous avez compris ? Ne soyez pas inquiets, c'est très simple.

1ère série de phrases : Le mardi 21 avril 2009, à 18h30, 6 toros 6 de Palha ont été combattus à Séville. Les 6 toros étaient très bien présentés, en pointes, con trapío et homogènes. Tous furent très braves, encaissant chacun 3 piques minimum avec poder et fijeza et démontrant par la suite un moteur hors du commun teinté de caste vive.
1ère liste de mots (ou groupes de mots) : Desigual, sans aucun trapío, picotazos, décastés, sans race, suspects d'afeitado, moches, très faibles, éteints.

2ème série de phrases : El Fundi fut Hercule face au taureau de Crète. Grand lidiador. Sergio Aguilar, confiné dans son hiératisme sublime, a donné un recital de passes bien construites, toujours croisé et démontrant un grand sens de la lidia. Salvador Cortés a fait des passes.
2ème liste de mots (ou groupes de mots) : Suicidaire, tauromachie profilée, baladé d'un bout à l'autre, fade.

3ème série de phrases : Le public sévillan (et beaucoup de Français aussi), a su valoriser les actuaciones des diestros et les combats des Palha. La grande ovation de la journée est allée au troisième toro, 'Saleroso', animal de combat époustouflant de puissance et de bravoure aux piques et d'une belle noblesse. Un toro complet. Une tarde envoûtante de bout en bout.
3ème liste de mots (ou groupes de mots) : Emmerdante, indigne, applaudit bêtement, faiblesse, vide, nulle.

Il est tard. Reprenez mots croisés et sudoku, oubliez les Palha de Séville ; puissent ceux de Madrid et Alès corriger ce tir écrit, espérons-le, au crayon à papier. La galerie sur www.camposyruedos.com.

26 avril 2009

La vache pète peu


C’est dans Le Monde 2, donc très sérieux, et c’est dans le numéro 271 du 25 avril 2009.
La vache, et avec elle le toro on suppose, pète peu mais rote beaucoup, produisant ainsi de très vilains gaz à effet de serre.
Les vilains gaz ne sortent donc pas du cul de nos bovins préférés (5 %) mais de leur bouche (95 %).
Je ne saurais dire s’il faut s’en féliciter ou s’en inquiéter, d’un point de vue taurin je veux dire, évidemment.
Et Le Monde 2 de nous apprendre qu’au niveau du cheptel mondial –bravos compris ? – ce sont 900 milliards de tonnes à l’année soit 18 % des émissions de gaz à effet de serre.
Eh bien franchement, ça fout la trouille !
J’en connais quelques-uns qui vont y réfléchir à deux fois avant de s’organiser leurs prochaines expéditions camperas.
Et ne rigolez pas. Le problème est sérieux. D’ailleurs, le gouvernement australien vient de lancer sur cette angoissante question un programme de recherche de 15 millions d’euros. Une paille. Et le même gouvernement australien préconise dans un récent rapport sur le réchauffement de la planète un retour à la consommation de kangourou, animal « propre », contrairement à la vache. Mais c’est bien sûr... En attendant, je vais allumer ma plancha pour y faire griller ma côte de bœuf dominicale. Et tant pis pour la planète.

Dernière minute Pas besoin de vous déplacer à Saint-Martin-de-Crau cet après-midi. La concours a été annulée pour cause de pluie.

>>> Une galerie consacrée à la novillada de Partido de Resina d’hier est accessible depuis la rubrique RUEDOS du site.

25 avril 2009

Un mur gris de lamentations


Saint-Martin-de-Crau, 25 avril 2009.

Cela n’a rien donné. J’étais très intéressé de voir ce que ces Partido de Resina, antes Pablo Romero, pouvaient bien donner à trois ans. Eh bien, hélas, pas grand-chose de plus que leurs aînés. C’est à désespérer et à se demander si l’illustre fer retrouvera un jour le chemin de sa gloire d’antan.
La novillada, de présentation très desigual, sérieuse, est sortie sans kilos superflus. Les deux premiers se sont montrés irrémédiablement invalides. La suite fut plus acceptable malgré de nombreuses génuflexions, mais sans pour autant se montrer satisfaisante, sosa, n’apportant guère d’émotion. Le cinquième est allé quatre fois au cheval, et de loin, après trois ou quatre sollicitations. Au fur et à mesure des rencontres il est sorti de plus en plus seul et sans fournir la moindre poussée. Pablo Romero, un mur gris de lamentations, hélas...

>>> Une galerie consacrée à la novillada de Partido de Resina d’hier est accessible depuis la rubrique RUEDOS du site.

24 avril 2009

El victorino bonito de Sevilla: ¡vaya mierda!


"Tu n’as pas manqué grand-chose" grésille mon téléphone, "Morante finalement... non, le plus gros pétard c’est Victorino, vraiment un pétard, et en plus, une chotada..."

Ils ne se sont pas étalés en messages ou en condoléances hier soir les copains. Ils ont dû en profiter pour boire un peu plus. Ils en profitent toujours, pour boire un peu plus. Et ce matin, dans ABC, c’est le gentil Vicente Zabala de la Serna qui porte l’estocade finale à Victorino.

Attendons le retour des copains pour plus de détails, attendons les prochaines sorties, mais... Nous y reviendrons, bien sûr, sur cette évolution inquiétante des toros de Victorino.

SEVILLA. La corrida de Victorino Martín fue una mentira de pitón a rabo. El mano a mano de Morante y El Cid tuvo de duelo el luto de un tanatorio. Por Victorino. Si la verdad nos hace libres, el ganadero está ahora preso. «Vamos a Sevilla con una corrida por encima porque nos van a medir, ¿eh? Falta alguno por poner, pero...» ¿Alguno? Salvo primero y cuarto por delante, la victorinada fue chivata, escasa, chica, con el puntillazo del sobrero, un anovillado morucho de medio pelo con genio de casta remontada como los malos vinos. La mentira se extendió también por dentro de sus venas, porque ningún victorino se entregó de veras ni rompió con sinceridad, y mansearon tela, y midieron gazapeantes y mirones, incómodos, deslucidos, complicados sin alcanzar siquiera el rango de alimañas tobilleras, sin dejar estar, ni lejos ni cerca. La balas de plata de la A coronada las cambiaron por cartuchos con la pólvora mojada…
… y la corrida de Victorino unificó las opiniones de todos: vaya mierda.

Photographie : El País.

22 avril 2009

Au hasard du Web


Enfin, pas vraiment le hasard. Mais pas à la recherche de ce genre de chose... Pour les curieux : c'est par là.

20 avril 2009

Sévillanes


Les éditions Bernard Pascuito viennent de rééditer le Sévillanes de Jean Cau, et c’est Patrick Aubert qui en a écrit la présentation qu’il nous autorise à reproduire ici. Vous trouverez évidemment ce Sévillanes chez tous les bons libraires ainsi que sur le Net à la boutique des Passionnés.

Arenal de Sevilla
Torre del Oro
Donde las Sevillanas
Juegan al toro (1)
(Saeta)


Quand parut la traduction en castillan de ce livre, un journaliste s’écria : « Enfin un livre écrit par un français qui ne dise pas de bêtises sur l’Espagne ! ». Il faut dire que Jean Cau n’était pas un inconnu outre-Pyrénées depuis Les oreilles et la queue (Gallimard, 1961), récit de la temporada 1960 où l’auteur se fit une place dans la cuadrilla du matador Jaime Ostos, jusque dans sa voiture.

Jean Cau était un passionné de l’Espagne « fière et pouilleuse », passion qu’il proclamait souvent, notamment par cet autoportrait en creux réalisé au travers d’une critique d’Hemingway qu’il présente, dans Croquis de mémoires (Julliard, 1985) , comme une « imposture » ayant une « sensibilité nulle à l’Espagne vraie et profonde », « utilisant des trucs » et des « pittoresques bêtifiants, recettes pour touristes aseptisés ».

« L’afición (NB : a los toros) est la seule clé qui ouvre l’amour profond de l’Espagne » écrit Jean Cau ; c’est la même constatation que faisait Barrès, autre promeneur infatigable de Séville, quelques décennies avant, dans Du sang, de la volupté et de la mort : « Les courses de taureaux [...] c’est le trait significatif de l’Espagne » ; on a rarement souligné combien ces deux personnages hiératiques étaient proches dans leurs goûts et dans leur posture.

La présence de l’Espagne et de la tauromachie dans l’œuvre de Jean Cau est constante, depuis la polémique avec Robert Misrahi dans Les Temps Modernes en mars 1955 où il dénonce l’amalgame, dans le milieu intellectuel de gauche, entre corrida et franquisme, jusqu’à La folie corrida (Gallimard, 1992), en passant par Vie et mort d’un toro brave (Denoël, 1963), Le roman de Carmen (De Fallois, 1990), et ses articles de Paris Match à propos desquels Pierre Bénichou écrivit dans Le Nouvel Observateur : « Je ne sais toujours pas si le journalisme est un art, mais si la réponse est oui, alors il aura été notre Goya. »

Goya ! Toujours l’Espagne !

Et plus précisément l’Andalousie.

Jean Cau s’était naturalisé andalou et gitan.

Lui, le cathare, ensorcelé par Séville ! Son image sévère de loup solitaire est transfigurée sous le ciel andalou, ciel où il voit, « par les nuits claires d’avril », « des fers de ganaderías qui étincellent. Bételgeuse m’est Miura, Andromède Pablo Romero. »

Contradiction apparente qu’il assumait, en souriant, comme un dédoublement de sa personnalité : « mon caractère de parfait est gâté par la possession d’un corps » (L’ivresse des intellectuels, Plon, 1992).

Jean Cau se défiait des aficionados français « cartésiens » et « bûcheurs » à l’afición livresque. Il nous invite ici à une tauromachie intuitive, impressionniste, sensuelle, riche en détails et en ornements, bref, il nous initie au toreo sévillan.

N’est-ce pas lui aussi qui écrivit cette maxime que tout aficionado connaît par cœur : « Aimer les toros, c’est chaque après-midi vers les cinq heures, croire au Père Noël et aller à ses rendez-vous » ?

Mais Sévillanes est d’abord une déclaration d’amour à une ville qui, si elle n’est pas l’Espagne, en est son « sourire » (Zweig).

Oubliez vos guides verts, rouges ou bleus et suivez Jean Cau pendant ces quelques semaines de printemps où rien n’a plus d’importance que la beauté des Vierges et la bravoure des toros ; vous sentirez grâce à lui l’âme de Séville, cette ville hors du monde qui ne pense qu’à elle et que vous aurez l’impression d’avoir toujours connue.

Avec lui, prenez une copita chez « Donald », suivez-le dans les allées de cyprès du cimetière de San Fernando où reposent les grands toreros, dans les venelles de Santa Cruz, sur la chaussée crissante de la cire répandue des milliers de cierges de la Semaine sainte, à la rencontre des limpiabotas et des mendiants, dans les casetas de la Féria où tourbillonnent les « Sévillanes », dans un tablao écouter des gitans, sur les gradins de pierre de la vieille Maestranza.

Osez même une échappée au campo voir les toros et « où le besoin de revoir Séville se fait plus pressant à mesure que l’heure s’approche de la fin d’après-midi ».

« Sevilla enamora al mundo por su manera de ser
Por su calor, por su feria, Sevilla tuvo que ser. »

(Séville courtisée par le monde entier, pour ta manière d’être,
Pour ta chaleur, pour ta féria, Séville, il fallait que ce soit toi.)

19 avril 2009

Juan del Álamo (II)


Hier soir, j’étais tellement enthousiaste que j’ai absolument voulu poster quelque chose sur Juan del Álamo avant la fin de la journée. Je me rends compte aujourd’hui que j’ai oublié deux choses. De toute façon il est agréable d'y revenir. Le premier oubli, c’est que j'aurais dû vous entretenir de la profondeur de son toreo de cape, de son empaque. Le second c’est que j’aurais dû écrire un mot, qui résume bien l’ensemble de mes sentiments : torería. La torería de Juan del Álamo.
Dans l’euphorie de la délectation du toreo de Juan del Álamo j’ai aussi oublié de vous dire que la novillada de Robert Margé était sortie sérieuse, encastée, variée et avec du piquant. Ce n’était pas une grande novillada, mais suffisamment pour mettre à l’épreuve les novilleros. Evidemment la vuelta ne trouve aucune justification et les deux oreilles se discutent. Mais comme pour Savalli, là n'est pas la question. Bref, un très bon moment, jamais ennuyeux. Et sous le fer, l’ensemble du lot, sans être d’une grande bravoure, aura été bien plus châtié que la corrida du vendredi... No comment... C’est inutile.
Et enfin, le rebondissement blogosphérique de Xavier Klein... que je m’empresse de reproduire ici, même sans son autorisation. Putain Xavier ! Mais qu’est-ce que tu attends pour nous le programmer à Orthez ! Juan del Álamo, torero blogosphérique !
Allez, je vous laisse avec la vision kleinexienne de Juan del Álamo. "Armistice Blues", c’était le titre de l’article écrit à l’occasion d’une novillada sans picadors.

N'ayant ni la mémoire, ni le désir d'une reseña, mieux vaut traduire l'instant, tel que je l'ai ressenti.
Nimbé d'exhalaisons de brumes froides, dans la lumière crue des projecteurs qui corrompaient la nuit tombante, Juan del Álamo affrontait le dernier novillo.
La gravité sempiternelle de son visage livide d'où toute joie semble proscrite, le calme imperturbable dont il ne paraît jamais se départir, l'étrange assurance qui l'habite, comme si rien ne pouvait contrarier son savoir et sa volonté, contrastent avec la juvénilité des traits.
La scène avait des relents de rêve ou de mémoires brusquement avivées. Il y avait là la réminiscence de ces souvenirs qui ne nous appartiennent pas, mais qui nous sont légués par l'anamnèse collective. J'ai revu la désolation lunaire des côtes de Marne éblouie des fusées éclairantes au moment de l'assaut nocturne : c'était Verdun, c'était le Chemin des Dames, c'était la Tranchée des baïonnettes. C'était la commémoration de la jeunesse qui lutte et se bat jusqu'au bout contre l'adversité. C'était l'hommage aux jeunes gars tombés dans la boue et le sang pour des chimères, pour conquérir dix toises de terrain, pour sauver le drapeau, pour rapporter le cadavre meurtri du camarade.
Le novillo coupait les terrains. Avisé ? Malvoyant ? Qu'importe ! Parmi le quatuor, seul Juan pouvait, par sa détermination, sa technique et son sens de la
lidia, soumettre et dominer un tel adversaire. Le destin avait, à sa manière, bien disposé du sorteo. Aux autres étaient échus les brouettes, à lui étaient réservés l'outrage, le dépassement et le triomphe sur l'adversité.
Deux fois accroché, il se relevait avec l'esquisse d'une grimace, vite dissimulée sous le masque de l'impavidité, et mobilisant sa science, son jugement et sa résolution, se jouait de l'anicroche pour remonter au front et changer le destin.

Le garçon, bousculé, humilié par la fureur du toro borgne, ne cédait rien et surtout pas l'honneur. La temporada se terminait et il se battait avec la farouche obstination d'un commencement, comme il lutte avec chaque toro. Avec la même application et la même fougue contenue qu'un jour d'alternative.
La ténacité, l'intelligence du combat, l'efficacité pénétrante des passes, venaient graduellement à bout de la violence des assauts, de la sauvagerie des
derrotes.
Enfin, ce fut une estocade approximative mais engagée et contraire.
Son visage enfantin de voyou triste, qu'on aurait cru tiré d'un film de Pasolini, conservait la même austère impassibilité, et s'étoilait des poussières du
ruedo noyées de sueur.
Dans l'aura de buée, nul sourire, seulement un regard acéré...
Ainsi advient-il parfois dans les crépuscules automnaux de Gascogne des bribes de songes héroïques et vains.
Xavier Klein

18 avril 2009

Juan del Álamo


Arles, 18 avril 2009.

Ce matin, en me réveillant, j’ignorais tout de Juan del Álamo, novillero salmantin. J’ignorais même jusqu’à son existence à la vérité. Ce soir, vous me dites que demain il torée dans le coin, je prends ma voiture et je vais le voir, et en courant.
Je dis dans le coin car Florent vient de m’indiquer que demain, Juan del Álamo torée à Garlin. Et Garlin, pour moi, ce n’est pas vraiment dans le coin. Mais si pour vous, Garlin est votre coin, surtout courez, courez voir toréer Juan del Álamo.
Cet après-midi, à Arles, malgré un temps encore humide et triste, il fallait voir les mines réjouies de l’Afición à la fin de la novillada. Il fallait également écouter les conversations.

— Tu le connaissais toi ce type ? Juan de Álamo...
— Juan Del Álamo, non, jamais vu.
— Et il est d’où ? De Madrid ?
— Non de Salamanca.
— Ah... En tout cas quelle maîtrise. Il y a longtemps qu’il tourne ?
— Eh ben non. Figure-toi qu’il devait débuter en novillada piquée à Arles pour la féria. Mais à cause de la pluie, il a débuté à Mugron en fait.
— Quoi ! Il débute !?
— Oui, oui. Il se dit même qu’il n’a pas d’agent et qu’il doit louer ses costumes.
— Eh ben, il ne va pas avoir à les louer longtemps s'il continue ainsi !

Je pourrais vous en faire une page comme ça.
En ce qui me concerne, il y a plusieurs choses qui m’ont plu chez ce gamin.
Tout d’abord, une grosse paire de couilles associée à une tête très froide. Pourtant la novillada de Margé avait ses complications et en particulier son second, sans options comme on dit, mais plein d’épines. Jamais la moindre hésitation, toujours calme, à réfléchir et à ne pas rompre. Rester devant.
Et puis cette façon de se comporter en piste, de marcher, de se tenir. Aucune concession n’est faite à la galerie, aux gogos, ou aux chalands. Juan del Álamo c’est du toreo sec et dépouillé, vrai, simplement relevé d’une planta torera dont on se régale. Je crois que les photos parlent d’elles-mêmes.
Une planta torera et une façon de casser sa ceinture, de courir la main, de s’étirer pour conduire la charge, qui donne toute leur profondeur à ses muletazos.
Ce n’est évidemment qu’un premier contact, une découverte, qui demandera à se confirmer, à évoluer, à mûrir. Mais quel bonheur de voir enfin toréer ainsi...

>>> Retrouvez une galerie en rubrique RUEDOS du site.

Céret de Toros 2009, les photos


L’ADAC nous fait savoir que les dernières informations sur Céret de Toros 2009 sont en page "Actualités" de leur site et que vous pouvez retrouver toutes les photos des élevages au campo... Cliquer ici pour la visite.

17 avril 2009

Le Chant des Bêtes


Pierre Peuchmaurd est mort le dimanche 12 avril. Je l’ai appris ce mardi et j’ai soudain compris pourquoi cette fin de semaine avait été si grise ; pourquoi il avait fait si nuit en terre limousine. Pierre Peuchmaurd était poète. Et discret. Né dans le Paris de l’immédiate après-guerre, il avait l’âge de nos pères. Dans les années 70 il s’était installé à Brive où il animait les éditions Toril, Myrddin1... De sa poésie, sa vie, il assurait que le surréalisme en avait forgé son « axe moral ».

Un homme, Laurent Albarracin (Angers 1970)2, chasseur de mots entre Dordogne et Vézère, s’est enfoncé dans le grand bois de Peuchmaurd, a écarté les fougères et entendu la chouette au crépuscule, a écrasé la mousse et craint le loup à l’aube — il a vu dans la clairière le panache de fumée blanche s’échapper de la gueule du gibier. De l’impressionnant bestiaire de Peuchmaurd, Laurent Albarracin a écrit : « Les animaux symbolisent la sauvagerie et le désir, mais également l'enfance et la violence. Ils sont des figures de l'enfance du monde, de cet âge antérieur et intérieur au monde. Les animaux sont les enfants, et donc les pères des hommes. Ils représentent ainsi une bestialité survalorisée comme étant celle d'une origine violente, ou d'une royauté barbare, pour le dire mieux. Ils sont saufs de cette civilisation qui est notre nature émoussée, dévoyée, qui est notre mensonge et notre oubli de l'être. Les animaux sont le monde retourné (retournant) à son tranchant. Ils brillent d'un or poisseux, d'un sang qui est l'éclat des sources déchirées de l'être. »

Après Peuchmaurd, qui pour entonner le Chant des Bêtes ?...


Terre et larmes de bois,
des bêtes léchaient la nuit
se collaient à la mer
On n’avait pas le temps
de compter plumes et fièvres,
de noircir les tableaux
On abattait les jours
un par un, sans un rire

#

Mille bêtes dans la pièce noire
les unes sur le dos les autres à trois pattes
et toutes au fol espoir et à aucun espoir
et si lentes à gravir le mur de leur passion
que le jour s’est levé et qu’on va les tuer

#

Au sortir du feu la bête était rouge
elle entrait dans le temps
elle avait déjà l’éclat de la perte
Ce soir (l’arc et la poudre
et la dague de lumière)
sa fourrure sur les eaux,
sa peau nue sur ta bouche

#

Tromper et se tromper
c’est le même filet gris
dans l’eau qui ne va nulle part
le même geste du miroir
devant l’autre miroir
C’est la même pluie sur tout
et le même bétail mort

#

Tabac gris fleurs de sang
la nuit protège ses porcs
et les abat doucement
dans des coins de soleil
qu’elle a gardés pour ça

#

Un temps de plumes
de neige et de bouchers
une tente de pluie
une chèvre froide —
nous dormons sous des ciels sans frein
des ciels rouges quand ils veulent,
nous dormons des nuits lentes
sous la tente des bouchers


6 poèmes 6 de Pierre Peuchmaurd tirés de Lisière lumineuse des années, L’Air de l’eau, Brive, 1997.

1 Pierre Peuchmaurd participa à diverses aventures éditoriales et fut publié dans de nombreuses revues littéraires. Impossible ici de les mentionner toutes...
2 Laurent Albarracin, Pierre Peuchmaurd, témoin élégant, L’Oie de Cravan, Montréal, 2007.

Image Dans la série « Le Monde Les Bêtes » : Taureau, 1990 / Mine de plomb, 126 x 160 cm © Philippe Ségéral (Brive 1954)

16 avril 2009

Orthez, paroles de ganadero


La commission taurine d’Orthez vient de mettre en ligne sur son blog les photos des toros d’Adolfo Rodríguez Montesinos qui seront combattus en juillet prochain. Vous pouvez les voir par là...
Pour notre part, nous en avons profité pour poser quelques questions à l’éleveur. C’est en V.O. avec traduction française dans la foulée.
Notons au passage qu'Adolfo Rodríguez a également les honneurs de la revue
6Toros6.

. . . . . . . .

¿Desde que has empezado la ganadería, cuantas corridas has lidiado y con que resultados?

Hasta el momento he lidiado sólo tres corridas de toros, ya que hasta hace tres años sólo lidiaba novilladas con y sin picadores. La primera corrida de toros se lidió en 2006 en el Casar de Talamanca (Guadalajara) por José Ignacio Ramos, que cortó dos orejas, e Iván Fandiño, que falló con la espada y sólo cortó una. Fue una buena corrida de toros, con un ejemplar extraordinario llamado 'Naranjero', número 100, que ganó el premio al mejor ejemplar de toda la feria. En 2008 se lidiaron dos corridas, una en Moral de Calatrava (Ciudad Real) y la otra en Pioz (Guadalajara). La de Moral de Calatrava fue una corrida brava y encastada, con dos toros magníficos y otros muy temperamentales. Destacó Raúl Velasco, que cortó dos orejas y dio una vuelta al ruedo, pero hubiera conseguido mas trofeos si no hubiera fallado con la espada. José Ortega cortó tres orejas y López Díaz resultó herido al tropezar y caerse en la cara del toro cuando lo llevaba al caballo.
La corrida de Pioz lució poco porque la destrozaron los recortadores en el encierro por la mañana. Cuatro toros acusaron mucho el mal trato recibido y acusaron mucho las querencias del encierro y otro tuvo que ser apuntillado en la plaza porque en el encierro lo estrellaron contra un poste de hierro y le rompieron una vértebra. Sin embargo hubo un toro extraoridinario, el sexto, que fue muy bravo en varas y encastado, fijo y humillando mucho en la muleta. Ese toro se llamaba 'Timbalero', número 63 y le correspondió a Raul Velasco, quien hizo una faena muy emocionante y le cortó las dos orejas. En su primero cortó otra. Fernando Robleño y Javier Castaño, no tuvieron opciones de triunfo a la vista de las circunstancias, pero estoy convencido de que si la corrida se hubiera lidiado sin correr antes por las calles también hubiera sido buena.

A ce jour j’ai fait combattre seulement trois corridas de toros car jusqu’à il y a trois ans je sortais seulement en novillada avec ou sans picadors. La première corrida de toros a été combattue en 2006 à Casar de Talamanca (Guadalajara) par José Ignacio Ramos, qui a coupé deux oreilles, et Iván Fandiño, qui tua mal et n’a coupé qu’une oreille.
Ce fut une bonne corrida, avec un exemplaire extraordinaire, 'Naranjero', numéro 100, qui a gagné le prix au meilleur
toro de la féria.
En 2008 j’ai fait tuer deux corridas, une à Moral de Calatrava (Ciudad Real) et l’autre à Pioz (Guadalajara). Celle de Moral de Calatrava a été une corrida brave et encastée, avec deux
toros magnifiques, et les autres ont eu beaucoup de tempérament. C’est Raúl Velasco qui s’est fait remarquer en coupant deux oreilles et en donnant une vuelta, mais il aurait pu obtenir plus de trophées s’il n’avait échoué avec l’épée. José Ortega a coupé trois oreilles et López Díaz a été blessé en tombant sous le nez du toro lorsqu’il l’amenait au cheval.
La corrida de Pioz n’a pas été brillante car elle a été détruite par les
recortadores à l’occasion de l’encierro du matin. Quatre toros ont accusé le traitement reçu et ont pris querencia dans les endroits où les avait menés l’encierro. Un autre a dû être puntillé car au cours de l’encierro il s’était abîmé contre un poteau en fer qui lui a brisé une vertèbre.
Malgré tout, il y a eu un
toro extraordinaire, le sixième, qui a été brave aux piques, encasté, avec de la fixité et humiliant beaucoup dans la muleta. Ce toro s’appellait 'Timbalero', numéro 63, et a été toréé par Raúl Velasco qui lui a fait une faena très émouvante et lui a coupé deux oreilles.

¿Qué nos puedes comentar en cuanto a familias y líneas de los toros reseñados para Orthez?
En cuanto a los toros elegidos para Orthez prefiero no comentar nada porque llevamos un año muy malo y en las peleas han muerto tres toros, así que no sé cuales serán finalmente los que puedan lidiarse en la corrida. El caso es que cuando digo que un toro de los elegidos me gusta mucho, al poco tiempo es la víctima de sus hermanos. No obstante te diré que si no sucede nada irán al festejo un par de cinqueños y el resto serán cuatreños. La mayoría pertenecen a la línea de Buendía y hay uno que deriva de Coquilla. Son hijos de dos sementales bastante contrastados ('Aceitero' y 'Jacobito').

En ce qui concerne les toros choisis pour Orthez, je préfère ne rien dire car nous vivons une année très difficile et j’ai perdu trois toros au cours de bagarres. Aussi je ne sais pas trop lesquels seront finalement présents à Orthez. Il suffit que je dise qu’un toro me plaît pour qu’il se fasse tuer par ses frères. Ce que je peux dire c’est que normalement il y aura deux cinqueños et quatre cuatreños. La majorité provient de la ligne Buendía et il y en a un d’origine Coquilla. Ce sont les fils de deux sementales très différents : 'Aceitero' et 'Jacobito'.

¿Para un jovén ganadero como tú, qué representa el hecho de lidiar en Francia? ¿Es tu presentación, no?
Gracias por lo de joven. Efectivamente es mi presentación en Francia y supone una gran ilusión y un reto. En Francia tengo muchos amigos y hay muchos aficionados que han leido mis libros y quisiera que el festejo fuera de su agrado. A tu tierra hay que ir con lo mejor que uno tiene porque los aficionados están luchando por defender el encaste de Santa Coloma, que está siendo tan atacado por los profesionales en España.

Merci pour le « jeune ». Il s’agit effectivement de ma présentation en France, ce qui suppose un grand espoir et un défi. J’ai beaucoup d’amis en France et de nombreux aficionados ont lu mes livres et je voudrais que la corrida leur plaise. Chez toi, il faut se présenter avec ce que l’on a de mieux car les aficionados luttent pour défendre l’encaste Santa Coloma qui est très attaqué en Espagne par les professionnels.

¿De los tres toreros que van a matar la corrida, que me puedes decir? Creo que Raúl Velasco conoce bastante bien tus toros.
A mi me hubiera gustado mucho que estuviera en el cartel Ángel Gómez Escorial, que es un gran lidiador, y considero que es el torero que mejor conoce la ganadería, pero dicho esto creo que es un cartel muy bueno. Fernando Cruz tiene mucho oficio y valor, Iván Vicente tiene un nivel de calidad notable y Raúl Velasco ha realizado faenas extraordinarias a mis toros el año pasado, así que espero que el festejo sea un éxito. Además los tres ya se han enfrentado anteriormente a la ganadería. Velasco mató las dos corridas de toros el año pasado mientras que Cruz y Vicente han lidiado novilladas picadas hace algunos años. Iván Vicente lo hizo en Pozuelo de Alarcón y Fernando Cruz en Alpedrete. Creo recordar que ambos cortaron una oreja.

Personnellement j’aurais beaucoup aimé voir Ángel Gómez Escorial dans ce cartel. Il est pour moi un grand lidiador et le torero qui connaît le mieux l’élevage. Ceci étant dit, je crois que le cartel est très bon. Fernando Cruz a beaucoup de métier et de courage. Iván Vicente est parvenu à un niveau de qualité notable et Raúl Velasco a réalisé des faenas extraordinaires face à mes toros l’an passé. Aussi j’espère que la corrida sera un succès. D’autre part les trois ont déjà affronté mes toros. Velasco a tué les deux corridas l’an passé, tandis que Cruz et Vicente les ont combattus en novilladas piquées il y a quelques années. Iván Vicente à Pozuelo de Alarcón et Fernando Cruz à Alpedrete. Je crois me souvenir qu’ils ont chacun coupé une oreille.

El antiguo matador, ya « periodista » André Viard, se metio muy fuerte con los responsables de Orthez cuando se anunció la programación de tu ganadería. Hasta la designó como ganadería de « tercera zona ». ¿Qué te inspira ese tipo de comentario?
No voy a cometer la descortesía de decir a que zona pertenecía Viard en su etapa de torero, pero cuando se habla de cosas que uno no ha visto y desconoce, o las sabe porque se la han contado otros, se cometen muchos errores. No entiendo la posición tan negativa de este señor. Si sus ideas se aplicaran en el ámbito político, los países del tercer mundo jamás podrían desarrollarse o los hijos de las familias con pocos recursos económicos nunca podrían estudiar en la universidad porque se les negaría cualquiera oportunidad. Además, como periodista creo que no tiene muy clara la diferencia entre informar y opinar. Se dedica a lo segundo pero sin buscar la información necesaria para tener un criterio formado y fundamentado en hechos reales.

Je ne vais pas me montrer discourtois au point de rappeler dans quelle zone se trouvait Viard à son époque de torero. Mais lorsqu’on parle d’une chose sans l’avoir vue, sans la connaître, ou seulement par ce qu'en racontent les gens, on commet beaucoup d’erreurs. Je ne comprends pas la position à ce point négative de ce monsieur. Si ses idées étaient mises en pratique en matière politique, les pays du tiers monde ne pourraient jamais se développer, et les enfants de familles aux revenus modestes n’auraient jamais accès aux formations universitaires car on ne leur en donnerait jamais l’opportunité. En outre, comme journaliste, je crois qu’il ne fait pas vraiment la différence entre informer et donner son avis. Il donne essentiellement son avis mais sans chercher l’information nécessaire pour avoir un critère fondé et basé sur des faits réels.

Al final una pregunta no al ganadero sino al periodista. Quisiera conocer tu opinión sobre la experiencia de dirigir el programa Clarín como lo has hecho durante un poco más de una temporada.
Los quince meses que he estado al frente de Clarín han supuesto una etapa magnífica. Creo que el programa ha recuperado en ese periodo el protagonismo del toro como base de la Fiesta. Estoy contento de haber podido hacer un programa pensando en los aficionados, de haber incorporado una estructura informativa moderna y de haber sido capaz de mantener la independencia y la pluralidad de criterios frente al pensamiento único que dominaba la etapa anterior. Todos mis recuerdos de Clarín son buenos, a pesar de la falta de medios con la que he tenido que trabajar. No obstante, cuando se pone ilusión compensa el esfuerzo. Es una lástima no haber podido continuar un par de temporadas más para consolidar el cambio de línea informativa, pero ya te digo que estoy muy satisfecho en general.

Ces quinze mois à la tête de Clarín sont pour moi une étape magnifique. Je crois qu’à cette occasion le programme a récupéré le toro comme protagoniste de base de la Fiesta. Je suis content d’avoir pu réaliser ce programme en pensant aux aficionados, d’avoir incorporé une structure informative moderne et avoir été capable de maintenir l’indépendance et la pluralité de critères face à la pensée unique qui dominait la période précédente. Tous mes souvenirs de Clarín sont bons, malgré un certain manque de moyens. Mais j’ai fait avec. Il est dommage de ne pas avoir pu continuer une paire de temporadas pour consolider le changement de ligne informative, mais je te répète que, d’une manière générale, je suis content.

15 avril 2009

Mauvaise blague... Chroniques amazoniennes


« Tu verras, tu peux pas la louper », m'avait dit Paulinho. Elle est là-bas, au fond de Ver-O-Peso. En traversant le mercado, fais gaffe à tes poches, gringo ! Ici, ils te repéreront vite et t'y verras que dalle. Ils sont rôdés, ces salopards. Tu la trouveras après avoir passé les étalages des poissonniers.
« D'accord, mais moi , je l'ai jamais vu, je sais pas la tête qu'elle a ! »
T'inquiètes pas, gringo ! Demande juste « Dona Colo » !!! Ici, elle est plus connue que "Fafa" !
Et puis Paulinho m'a largué là.
Plus connue que "Fafa" ? "Dona Colo" ? Ah , quand même...
Je ne savais pourtant rien d'elle. On m'a juste dit qu'elle trafiquait avec les astres, et réglait ses soucis de voisinage ou de mauvais payeur, à coups de pactes avec le Diable himself, auquel elle avait dû accorder quelques offrandes inavouables, du temps où "Dona Colo" avait encore la silhouette fine et délicate des jeunes déesses félines, brunes et cuivrées des bords de l'Amazone. On la disait un peu sorcière, "Dona Colo", et c'est pourtant elle que je venais voir, au Mercado Ver-O-Peso de Belém.
L'endroit était sombre, de plafond bas, mais il grouillait et les couleurs des flacons pleins de filtres d'amour et d'élixirs de vie éternelle pétaient en éclat sous les rayons de soleil qui pénétraient péniblement à travers les plaies du toit. Je ne tardais pas à repérer l'objet de ma quête, car en effet, on ne pouvait pas louper "Dona Colo", qui trônait là, superbement, Esmeralda d'une cour des miracles exotique et moite. Dans la pénombre de la galerie, je percevais les contours de son onctueuse silhouette de sexagénaire par les cordes de lumière qui venaient s'éclater sur ses rondeurs, car même le diable n'avait su ralentir l'oeuvre du temps...
L'oeil très noir sur sa peau brune, la vieille femme restait belle et les pousses de piments rouge vif qu'elle portait aux oreilles pour épouvanter les esprits malins, la rendait rayonnante, même…
Bref, elle m'accueillait devant son « autel », et la confiance instaurée entre le gringo et la sorcière amazonienne allait donner lieu à un étonnant étalage de cultures occultes et de croyances surnaturelles…
Pour quelques reals, j'étais donc venu demander à "Dona Colo", de me raconter un être cher, très cher dont je possédais une photo, là, avec moi. Un de ceux dont on ne veut entendre parler que de la bonne fortune. Par amusement, provocation aussi, sans doute parce que je ne voyais là que croyance et superstition d'un autre temps, je décidais de la lui montrer, et après quelques secondes, la sorcière me racontait tout ce que ses pouvoirs lui permettaient de voir et de savoir quant à mon « ami »...
Elle me dit à peu près ceci : « Un aigle... Je vois l'ombre d'un aigle qui plane, l'oeil étincelant et vif, porté sur l'horizon, la hauteur d'un souverain, et la quiétude d'un combattant résigné à ce qu'il sait faire de mieux : souffrir. Il luttera ardemment... pour l'Honneur... la belle affaire... chanceux, et riche, oui, mais... cela ne durera pas... Honneur à la con... Il ne devrait pas provoquer la mort avec tant d'arrogance et d'audace, tu sais... Il a l'air de le faire souvent... trop... mais... il va se faire mal... Je vois le triomphe, la gloire, le bonheur d'un roi, ça oui... mais je vois aussi le Drame, les larmes et la tristesse des hommes... quelque chose dans son regard qui ne va pas... ça ne me plaît pas... tout finira mal, gringo, tout finira mal... »

Foutaises, visions à la con, prédictions de merde, bavardages de vieille folle... Ça tenait pas debout un seul instant, tout ça... j'avais perdu mon oseille et mon temps... ça ne me faisait plus du tout marrer, ces conneries... Toutes façons, j'y crois pas !...

Silence.

Sur cette sensation pesante qui occupait gravement mon esprit malgré tout, je me séparais de cet oiseau de mauvaise augure de "Dona Colo", de Belém, du Brésil... et de la photo de mon « ami » aussi... un certain José Pedro Prados Martín... de Fuenlabrada...
Mais je m'en fous, puisque j'y crois pas...

14 avril 2009

Savalli


Le propre d’une surprise est de ne pas être attendue. Sinon, évidemment, ce n’est plus une surprise. Bon d’accord, je ne sais pas franchement comment débuter ce post pour vous dire que Mehdi Savalli, personne ne l’attendait, et que ce fut la surprise de la féria, la bonne surprise. Enfin si, il était attendu, mais avec plus de crainte que d’espoir. Et qui ne pensait pas, avant, qu’une corrida de Victorino était un trop gros morceau pour lui ?
Essayons d’imaginer ce que doit représenter ce moment pour un gamin sans trop de contrats, dans une passe plutôt mauvaise et avec un moral que l’on imagine guère flamboyant. Un lundi de Pâques pour Savalli, des arènes quasiment pleines et une corrida de Victorino Martín. Sur le papier c’est un peu un quitte ou double, ou une roulette russe. Je suppose qu’il y a mieux pour les nerfs.
Avant la course, qui aurait parié un kopeck sur Savalli ? Probablement personne et peut-être même pas lui. Les deux oreilles sont certes excessives. Mais le problème n’est pas là. Car prétendre disserter sur les oreilles arlésiennes (où nîmoises bientôt) est totalement inutile tellement elles ne signifient plus rien que des publicités sur Mundomachin. Alors se risquer à philosopher sur la question, autant aller prendre directement une corde et se pendre, sans autre forme de préambule.
La question, ça n'est pas les oreilles. Les aficionados devraient d’ailleurs militer pour la suppression totale de ces trophées aujourd'hui sans autres fondements que ceux de campagnes publicitaires à venir. La question c’est l’étonnement qui a été le nôtre de voir un Savalli à ce point concentré, méticuleux, et calme, suivi comme son ombre par Denis Loré, en apoderado que l’on devine anxieux.
Cela fait maintenant plus de quinze ans que je photographie les férias d’Arles, depuis la même place. J’ai donc pu observer, à loisir, un grand nombre de toreros attendre leur tour. J’ai rarement ressenti pareille tension, pareil échange entre un matador de toros et son apoderado.
Savalli est plaqué contre son burladero dans l’attente de son premier adversaire. Loré est juste derrière, à quelques centimètres seulement. Il lui parle, lui tapote l’épaule. A cet instant le poids de la responsabilité est plus que perceptible et impose le silence.

La suite, vous l’avez vue aussi bien que moi. Bien sûr il lui reste du chemin. Evidemment qu’il y a des lacunes, un manque flagrant de métier, du déchet. Je ne sais pas si le travail effectué par ce nouvel apoderado va continuer à porter ses fruits. Ce qui est certain, c’est que la façon qu'a eu Savalli de templer certains muletazos à son second adversaire, ces manières réfléchies de poser le problème pour tenter d’y apporter une solution ; toutes ces choses font que ce garçon s’est ouvert une porte et s’est gagné le droit de toréer.
En ce qui concerne la « polémique » sur l’aspect effectivement défectueux de sa seconde estocade, la photo ci-contre confirme l’affalement du toro au moment où l’Arlésien y plonge son épée.
Pour ce qui est des Victorino, désolé mon cher Ludo, mais je suis là aussi en prise à des interrogations guère réjouissantes. De cette corrida bonsaï, bien faite mais vraiment fluette, je retiendrai essentiellement un manque d’allant et de puissance. Nous avons déjà pointé du doigt ici le glissement commercial des toros du sorcier, et ce malgré une caste indéniable. Chez Victorino c’est vraiment un minimum, car on attend logiquement autre chose et bien plus qu’un toro moderne de troisième tercio, fut-il encasté. Ojalá en sevilla y Madrid...

>>> Une galerie consacrée à la corrida de Miura est accessible depuis la rubrique RUEDOS du site.

Miura


La scène se passe un jour de 1914. La scène, c’est le mayoral de l’élevage qui doit raconter au père Miura qu’un type, un torero, s’était permis de toucher, et même de prendre dans sa main la corne d’un de ses toros. Le patriarche en a fait une maladie. Il en a chialé même. L’anecdote est demeurée et se raconte encore, de nos jours. Le torero, bien sûr, c’était Juan Belmonte.
Ce qu’on ne lui avait pas encore raconté au patriarche Miura, c’est qu’un jour, un matador de toros serait capable, face à son bétail, de débuter une faena à genoux, de la débuter aux planches, et d’aller ainsi jusqu’au centre en liant les muletazos, en prenant le toro devant, en le laissant derrière et en gagnant « tranquillement » du terrain, pour enfin se redresser, une fois les medios atteints.
Eh bien cet exploit, face à un Miura je veux dire, Padilla l’a fait, dimanche dernier, en Arles.
Je ne sais pas si l’ancêtre des Miura actuels s’est retourné dix fois dans sa tombe. Il n’est pas interdit de le penser. Les aficionados contemporains se contenteront de se remémorer l’époque où les Miura étaient affrontés par Nimeño II, Victor Mendes, El Fundi et Fernández Meca qui débutaient, et d’autres encore, sans même remonter jusqu’à Francisco Ruiz Miguel. Ça nous fait quoi ça ? Quinze ans, vingt ans... Un truc dans le genre.
A cette époque, pas si lointaine, les Miura étaient mus par une sauvagerie absolument diabolique, une mansedumbre, un sentido et un genio absolument effrayants qui rendaient absolument inenvisageable pareil scénario, sauf à vouloir provoquer une immédiate catastrophe.
Je me souviens d’ailleurs d’un matador sud-américain, El Quitos, nouveau dans cette plaza et débarquant dans notre vieille Europe. Un Quitos sans doute ignorant de ce qui l’attendait et qui osa une puerta gayola face à ces fauves, toujours en Arles. La sanction fut évidemment immédiate.

A l’époque, le Fundi, en fin de faena, s’autorisait des desplantes guerriers, frôlant la pointe des cornes du bout de ses doigts, histoire sans doute d'entretenir un peu la légende. Mais débuter une faena à genoux et lier les passes, ça non. Personne ne l’aurait imaginé ni même suggéré.
Padilla l’a fait. Ce fut certes méritoire, car Padilla, au-delà de son insondable vulgarité, est capable, parfois, de peser sur les toros, lorsqu’il le faut, ou lorsqu’il est en condition, ou préparé ou "mentalisé". Allez savoir. Dimanche en tout cas, il a pesé bien plus que le tirebouchonné et hurleur Ferrera du lendemain.
L’idée n’est donc pas de minimiser le début de faena de Padilla, totalement méritoire, mais bien de confirmer l’évolution et l’affadissement de ces Miura, de moins en moins mansos d’ailleurs et de moins en moins diaboliques. Des Miura qui, en outre, morphologiquement, ressemblent de moins en moins à des Miura. Certains aficionados supputent même un croisement récent. Une supputation que je trouve pour ma part pertinente mais dont nous n’aurons sans doute jamais confirmation. Evidemment, ça ne nous empêchera pas d’en parler, et de supputer, car l'évolution est incontestable.

13 avril 2009

Arles


De retour d’Arles. Une galerie sur la corrida de Victorino est disponible depuis la rubrique RUEDOS du site.

En coup de vent :
- Des Victorino décevants malgré leur pointe de caste ; corrida très peu piquée ; seul le sixième avait quelque chose ;
- Ferrera : absolument, totalement et irrémédiablement insupportable ;
- El Cid : inexistant avec le lot le moins commode ;
- Savalli : la bonne surprise de la journée ; une sérénité nouvelle et étonnante ; une prestation respectable avec le sixième malgré une épée basse.

Hier, une miurada variée. Une miurada dans la moyenne, sans plus, mais avec de vraies piques pour certains. Du faible au puissant, mais sans le terrible genio qui, il y a quelques années, les rendait inapprochables.

Galerie à venir.

Revista TORO


Cela ne vous a peut-être pas sauté aux yeux mais Campos y Ruedos, par l’intermédiaire d’au moins deux de ses membres les plus, disons les plus virils, non !, pas les plus virils, les plus voyageurs, Campos y Ruedos disais-je entretient avec le Brésil des relations particulières que l’on peut qualifier d’étroites voire de charnelles sans travestir (!) la réalité...

Le Brésil... Ne me demandez pas quels liens ce vaste et lointain pays peut avoir avec les toros, je n’en ai pas la moindre petite idée. Ne me demandez pas non plus pourquoi cette classieuse et éclectique revue électronique se nomme ainsi. Probablement une question d’esthétique et de musicalité. Et c’est vrai qu’il a de l’allure, qu’il sonne bien, ce mot, TORO ; que l’on soit d’Oslo la scandinave, de Tökyö la nipponne ou de São Paulo la « ville monde ».

Au fait, est-ce que quelques-uns d’entre vous — parmi la poignée de ceux qui étaient déjà là au départ et qui n’ont pas quitté la gondole depuis — se souviennent du tout 1er post où l’on pouvait lire une « profession de foi » jamais démentie, ainsi qu’admirer une nymphe aux jambes aussi longues et fines qu’est court et « craquant » son nom ? Tandis que la revue brésilienne honore sa 3ème édition, la canadienne du même nom, dans laquelle les bêtes à cornes brillaient également par leur absence, a quant à elle cessé de paraître. Punaise ! Si avec de telles couvertures ils n’ont pas été fichus d’assurer leur existence, c’est à désespérer de tout !

Ceci dit, trois ans et demi après avoir fait de Kristin Kreuk sa muse, Campos y Ruedos, n’en déplaise à certains, remue toujours la queue — rrhôôô ! Et pour, un, remercier chaleureusement Laurent & ‘Solysombra’ de me permettre depuis deux ans d’avoir le plaisir d’entendre ma femme me répéter « C’est quand tu veux tu viens manger ! » et, deux, fêter avec vous ces 730 jours passés à vous assommer de 95 posts, je n’ai pas trouvé mieux que de vous offrir cette contrebasse (pour l’encombrement) et ce tourne-disque (pour la rengaine).

Images © :: REVISTA TORO :: La contrebasse c’est tout Campos y Ruedos ça ! Un instrument qui en impose, marque le tempo et d’où s’échappe un son puissant, grave et profond... Magnifique ilustração de Fábio Massaru Quel objet autre que cette platine à la mécanique belle et précise, sur laquelle s’est posé un microsillon au son chaud un rien anachronique, symboliserait mieux Camposyruedos ? On vous l’demande. Camposyruedos qui, cela va sans dire, connaît la musique...

11 avril 2009

Une journée à Céret


Notre correspondant permanent à Céret nous informe gentiment, quoiqu’un peu tardivement, que les derniers tableaux du peintre-cuisinier Marc Fourquet (Céret 1953) occupent actuellement, et ce jusqu’au mercredi 22 avril, les cimaises de la Galerie Odile-Oms — à une encablure de la très agréable médiathèque Ludovic-Massé où vous consulterez à loisir votre blog préféré sur un des ordinateurs mis à votre disposition.
Après vous être régalé les mirettes devant cette peinture hors mode tout entière peinture, vous pourrez contenter vos papilles en savourant la cuisine de votre hôte d’un jour — ou de deux si vous décidez de descendre à l’Hôtel Vidal — au Restaurant del Bisbe de la place Soutine.

En déambulant sur les boulevards bordés de leurs platanes plus que centenaires — un sachet de cerises à la main ? —, vous tâcherez de faire une halte à la petite mais non moins excellente librairie du Cheval dans l’arbre, vous n’oublierez pas de passer en revue la riche collection du M.A.M.C. et vous achèverez — « achevé » mais heureux — votre tour de Céret en pensant à jeter un coup d’œil aux créations originales de la boutique-galerie Maria Dos. Ou vous ferez ce que bon vous semble… Ou vous n’irez pas, mais je me devais quand même de vous informer de l’existence de cette exposition, venant ainsi confirmer celle de notre correspondant. Merci à lui.

Et si par chance autant que par hasard vous deviez rencontrer au détour d’une rue, lors de sa promenade quotidienne, la frêle silhouette du peintre Jean Capdeville, adressez-lui un sourire.

À Céret-66400 Galerie Odile Oms • 12, rue du Commerce • 04 68 87 38 30 Médiathèque Ludovic-Massé • 2, rue du Commerce • 04 68 87 21 76 Hôtel Vidal & Restaurant del Bisbe • 4, place Chaïm-Soutine • 04 68 87 00 85 Le Cheval dans l’arbre • 26, bd Maréchal-Joffre • 04 68 87 68 38 Musée d’art moderne • 8, bd Maréchal-Joffre • 04 68 87 27 76 Maria Dos • 2, place de la Mairie • 04 68 68 90 62

Images Cette peinture fait partie des collections du Musée d’art moderne — une de ses cousines illustrait le premier Céret de Toros (1988). Marc Fourquet / Sans titre, 1988 / Acrylique sur toile / 160 x 120 cm © Photo Joseph Gibernau pour le M.A.M.C.  Il y a une dizaine d’années déjà, Céret c’était aussi pour moi le plaisir de retrouver la boutique-galerie Lleó i Gall et l’accueil toujours chaleureux de celui qui la tenait : Marc Fourquet. C’était, car Lleó i Gall n’est plus. Cette affiche sérigraphiée de 50 par 35 cm, offerte par le maître des lieux, me permet d’en conserver, avec un brin de douce nostalgie, le souvenir.

Changement de cartel à Arles


Et moi j'en profite pour vous balancer mon dernier cliché de la série sur Sébastien Castella... Ah oui, évidemment, c'est mieux de les voir en grand...


Communiqué des arènes d'Arles

Les guichets sont ouverts à partir de 9h30. Places disponibles pour toutes les courses.

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Dans le cadre du
revivre, les deux novilladas annulées seront données les 18 & 19 avril à 17h.

Suite aux intempéries, la corrida du samedi 11 à 17h est reportée au dimanche 12 à 12h. En l'absence de Perera, engagé à Málaga, le cartel sera le suivant : 6 toros de Jandilla pour El Juli, Juan Bautista et Daniel Luque.

Juste la pluie


Aujourd’hui, rien, juste la pluie. La corrida de Jandilla a été reportée à demain midi. Les deux novilladas, celle d’aujourd’hui et celle de demain, seront données le week-end prochain. J’en profite pour vous remettre un petit coup de Castella. A ce rythme je finirai bien par vous fourguer la série complète.

5 daubes 5


Arles, 10 avril 2009. Mano a mano Juan Bautista Sébastien Castella avec du bétail de Domingo Hernández.

Des Domingo Hernández sosos, sans force, pas piqués et donc ne tombant pas. Le trop quotidien de trop de "toros" actuels.
Un public préparé pour le grandiose, et la blonde au-dessus de moi qui passe l’après-midi à hurler : "Ooooootra ! Oooootra ! Que vergüenza presidente ! Oooootra ! Oooootra !"
5 daubes 5, certaines applaudies à l’arrastre. 5 daubes et 1 toro, l’erreur génétique de la journée qui vous sauve d’un ennui total.
Un toro, un manso con casta, agressif et piquant, qui met la panique en piste, et justifie, au-delà de la mansedumbre, sa condition de taureau de combat. Il ne fallait pas le craindre, et Castella ne le craignit pas un instant. Pim, poum dans la muleta, avalé d’un coup.

Le seul toro de la journée, le seul qui fit preuve d’agressivité et de caste. Eh bien celui-là, figurez-vous, il fut sifflé à l’arrastre...

10 avril 2009

Photographie(s) sans paroles (VI)



Beaucaire, les photos


La direction des arènes de Beaucaire nous informe que les photos des toros qui seront lidiés en juillet prochain sont visibles sur le site de la ville : http://www.beaucaire.fr/FERIA-TORO-09/. Il faut cliquer sur le fer des élevages pour accéder aux photos.

09 avril 2009

Petites réflexions sur la « concours »


Le samedi 8 août prochain aura lieu à Parentis-en-Born (Landes) une alléchante novillada dite concours proposée par l’Association des aficionados (ADA) à l’occasion de son 20e anniversaire. La simple énumération des encastes annoncés, tous très minoritaires, suffit à rendre l’événement hautement recommendable ; jugez plutôt : Gallardo (Partido de Resina), Veragua (Prieto de la Cal), Vega-Villar (Barcial), Saltillo (Moreno de Silva), Urcola (Moreno de la Cova) et Santa Coloma ligne Coquilla (Coquilla de Sánchez-Arjona) !

Cela dit, et sans vouloir donner l’impression de chercher des poux, l’idée d’organiser un concours de novillos me paraît quelque peu curieuse ; en ce sens que le concours de ganaderías représente en tauromachie sa forme la plus évoluée, son modèle le plus abouti. Cette course exceptionnelle, si elle ne saurait se résumer à un concours de beauté, met théoriquement en scène des animaux arrivés au faîte de leur développement, à savoir des toros, mieux même, la crème des toros, des « estampes », des « toros-toros ». Les novillos de Parentis seront sans nul doute bien présentés et, soyez-en certains, feront honneur à leurs élevages respectifs. Mais un novillo reste un novillo, c’est-à-dire un animal de trois ans destiné à devenir toro — s’il ne présente pas de défaut physique et/ou d’encornure et s’il correspond au type voulu par son éleveur — ou à sortir en novillada.

En poussant la logique jusqu’à l’absurde, avec une pointe de provocation quand on imagine avec quel grand sérieux les aficionados parentissois organisent leurs courses, la seule lecture de l’article 46 du Règlement taurin municipal interpellera l’aficionado quant au bien-fondé d’une course intitulée « novillada concours » : « Les animaux borgnes, ainsi que ceux dont les cornes seront abîmées (astilladas, escobilladas, despitorradas) ou malades (hormigones) ou enfin cassées (mogones), ne pourront être combattus en CORRIDAS DE TOROS. Ils pourront l'être en NOVILLADAS AVEC PICADORS — à l'exception des borgnes — à condition qu'il soit précisé clairement et de façon visible sur les affiches, qu'il s'agit d'animaux refusés à la tienta et aux cornes défectueuses (desechos de tienta y defectuosos). »1 Reconnaissez après ces quelques lignes qu’un concours de novillos ait tout d’une étrangeté.

D’autant plus que dans un concours de ganaderías la mise en valeur du cornu (et plus particulièrement de sa bravoure) par une lidia appropriée constitue son objectif premier ; une lidia que des matadors (de surcroît expérimentés) sont naturellement plus à même d’offrir que des novilleros — a fortiori lorsque l’on relève, comme il a été fait plus haut, l’identité des devises en compétition ! À ce sujet, les carteles affichés par Madrid et Saragosse2 pour leurs prochaines « concours » printanières ont de quoi laisser songeur. En effet, et ce malgré tout le respect que l’on doit à chacun de ces valeureux matadors, voir ces deux arènes majeures arrêter leurs choix sur Aníbal Ruiz, Jesús Millán (Madrid & Saragosse), Sergio Martínez, Ricardo Torres et Alberto Álvarez vous pousse légitimement à douter de la volonté des organisateurs à se donner tous les moyens (et il en faut !) de la réussite, à mettre toutes les chances de leur côté. À douter du sérieux de l’entreprise, tout simplement.

Évoquer Madrid et Saragosse permet en outre de se pencher sur la question du lieu où est organisée la « concours ». Le soin avec lequel l’éleveur préparera l’événement sera vraisemblablement proportionnel à la catégorie de la plaza ; une catégorie qui conditionnera grandement la portée médiatique d’un éventuel succès. Être primé à Saint-Martin-de-Crau3 n’aura pas le même retentissement et n’apportera pas le même prestige, la même fierté qu’une récompense glanée à Vic-Fezensac4, Saragosse ou Madrid. Là aussi on peut, sans arrière-pensée, discuter de la pertinence de présenter dans une arène de l’importance de Saint-Martin-de-Crau des courses d’un tel niveau d’exigence.

Avant de nous quitter, j’aimerais vous donner à lire un court papier de Jorge Laverón, « Le toro de concours oblige à un choix particulièrement attentionné », publié en mars 1977 dans El País et qui disait à peu près ceci :

« Pour choisir sérieusement un toro de concours il faut prendre en considération : la note de sa mère, sa lignée, son apparence et le type de son élevage. Ce fut le thème développé par Luis Fernández Salcedo5 chez “Los de José y Juan” lors d’une conférence qui coïncida avec sa réapparition comme conférencier depuis 1967. Il faut sélectionner le père du toro à choisir, prendre en compte le comportement qu’ont donné d’autres de ses fils déjà combattus et, ensuite, procéder à un examen minutieux des toros retenus sans perdre de vue la note de la mère, ainsi que le jeu donné par certains de ses rejetons. Ce n’est qu’après que le toro sera sélectionné en fonction de sa maturité, de sa corpulence, de sa vigueur et, en définitive, de l’image de sérieux qu’il renvoie. Afin de permettre à l’éleveur une sélection minutieuse, une corrida concours doit être prévue suffisamment longtemps à l’avance. “Une corrida qui ne l’aura pas été, d’après Salcedo, ne peut pas bien sortir ; ce sera au mieux una limpieza de corrales ou une course de rebuts. L’image de sérieux renvoyé par l’animal importe beaucoup dans une corrida concours, mais ce ne serait pas la première fois qu’un toro laid se révélât brave. Finalement, ce qui importe le plus c’est que le toro soit dans le type de son élevage.” » Le toro...

1 Source FSTF.
2 Madrid. Dimanche 19 avril 2009. Toros de Juan Luis Fraile, Moreno de Silva, Cuadri, Escolar Gil, Adolfo Martín & Pablo Mayoral pour Aníbal Ruiz, Jesús Millán & Sergio Martínez.
Saragosse. Dimanche 26 avril 2009. Toros de Partido de Resina, Prieto de la Cal, Escolar Gil, Alcurrucén, Fuente Ymbro & Ana Romero pour Jesús Millán, Ricardo Torres & Alberto Álvarez.
Escolar Gil présent aux concours de Vic, Saragosse ET Madrid ! Bizarre ? vous avez dit bizarre ?
3 Dimanche 26 avril 2009. Toros de Moreno de la Cova, Rocío de la Cámara, Rehuelga, Tardieu Frères, Aimé Gallon & Fils et Héritiers de Christophe Yonnet pour Serafín Marín, Alberto Aguilar & Mehdi Savalli.
4 Vic qui en proposant chaque année ce rendez-vous aux éleveurs devrait pouvoir logiquement en garantir son sérieux et, par la même occasion, sa pérennité. Vic où, soit dit en passant et pour ne prendre que l’exemple de 2008, la présentation de certains toros lidiés en concours laissait franchement à désirer : le Miura manquait singulièrement de présence, le Victorino était nain, le La Quinta hors type et le Charro de Llen avait le regard, comment dire ?… d’un agneau.
Vic. Dimanche 31 mai 2009. Toros de Miura, Palha, Victorino Martín (habitué à envoyer des « sardines » !), Cebada Gago, Escolar Gil & Fuente Ymbro pour El Fundi, Javier Valverde & Luis Bolívar.
5 Luis Fernández Salcedo, Verdad y mentira de las corridas de concurso, Unión de Bibliófilos Taurinos, Madrid, 1971.

Images Corrida concours Céret de Toros 1998 # La page intérieure du programme avec les têtes des toros, les noms des picadors, etc. Le règlement côté recto où l’on peut lire (en cliquant) que « le ganadero vainqueur se verra attribuer un prix de six millions de pesetas ». 6 000 000 ? Soit environ 250 000 de nos anciens francs ou 36 000 de nos nouveaux euros ? Mazette ! Le billet illustré de fort belle manière par le peintre cérétan Émile Erre (1904 – 1986) Le règlement côté verso qui signale clairement que... « la carioca est interdite » ! © Association des aficionados cérétans