23 décembre 2006

Edifiant


A l’occasion de la dernière féria de Logroño, des toros de la ganadería de Joselito combattus par El Juli et El Cid ont été déclarés afeités. Eh oui ! Y'a pas qu’à Nîmes !
Oscar Chopera, plus intelligent mais aussi plus cynique et pragmatique que les autres, s’est laissé allé à déclarer (avouer) : "... no estaban manipulados en el sentido de afeitados sino arreglados como se hacen en todas las ferias de España, incluidas Madrid, Sevilla o Bilbao".
Soit en Français : « … ils n’étaient pas manipulés dans le sens d’afeités mais arréglés comme cela se fait dans toutes les férias espagnoles, y compris Madrid, Séville ou Bilbao »… Vous apprécierez sans doute la nuance . Bref, en conclusion, ils sont tous manipulés... Remarquez ! On s’en doutait ! Allez... Joyeux Noël... Pour ceux qui y croient encore, sait-on jamais. Et pendant ce temps les antis peuvent dormir tranquille, ou se frotter les mains, c'est selon...

21 décembre 2006

Last night a DJ save my life, yeeah !


Ouf ! Dans l’affaire qui nous occupe ici depuis quelques jours le Midi Libre relève enfin la tête par le biais de la plume d’un certain Arnauld Pasquier. Je n’ai pas l’honneur de connaître ce Monsieur mais grâce à lui le quotidien local a pris, pour un temps au moins, le visage d’un véritable organe de presse. Qu’il en soit ici remercié.
Ceux qui ne relèvent pas la tête en revanche ce sont les responsables nîmois qui continuent pitoyablement leur chute en avant dans le ridicule dont ont se demande si elle se terminera un jour.
Après le Président de la CTEM c’est le conseiller municipal DJV qui s’y colle. Records battus ! Pulvérisés même ! Dans l’édition du 21 décembre 2006, Arnauld Pasquier a fait part à ses lecteurs du communiqué du professeur Sautet et des précisions amenées par l’ANDA. Le sujet fait même la "une" avant d’occuper une grosse page intérieure. Les faits et le communiqué du professeur Sautet sont longuement évoqués. Et Arnauld Pasquier de mettre le doigt là où ça fait mal.
Sur la même page et dans une colonne à gauche on trouve une série de questions à DJV. C’est à hurler de rire. Le bonhomme s’étonne du communiqué du professeur, ne comprend pas. Nous nous sommes pourtant réunis avec Jean-Paul Fournier, annonce-t-il, pour étudier ces résultats avec soin. Heureusement qu’ils étaient plusieurs. Et DJV de maintenir le chiffre de deux toros afeités !
Ça fait penser à ces gosses pris la main dans le pot de confiture, la bouche barbouillée et qui nient, maladroitement et honteusement les faits. A la différence qu’ici il n’y a visiblement plus aucune honte de quoi que ce soit. Remarquons au passage que DJV contredit même les chiffres annoncés par le président de la CTEM sans parler évidemment de ceux que leur propre expert leur a communiqués puis confirmés, des chiffres totalement niés. Ahurissant… Et dire que DJV passe pour être le plus futé de l’escadron… J’espère en tout cas qu’ils ne l’ont pas chargé de faire les comptes des finances de la ville. Comble de malchance, le hasard fait décidément bien mal les choses pour notre illustre DJV. Le journaliste lui demande si des sanctions seront prises, notamment contre l’élevage d'El Pilar. DJV répond qu’il n’en sait rien, que la trêve des confiseurs, qui ci, que mi, et que tout ce beau monde se réunira en février pour en discuter et décider.
Et paf ! Au même moment, le site Mundotoro annonce les villes dans lesquelles les toros d’El Pilar seront combattus en 2007. Et devinez quelle ville française figure en bonne place ? Nîmes évidemment. DJV est une fois de plus à côté de plaque. C’est vrai qu’Internet pour tous ces politiques c’est terrible. Les informations fusent à une vitesse bien supérieure à leurs petits calculs minables et arrangements divers.
Annoncer que l’on va se réunir en février pour décider ou pas de programmer un élevage acheté en décembre… Voilà qui ne manque pas de sel.
Jusqu’où tomberont-ils plus bas ? Allez savoir ce que l’avenir nous réserve ? Car visiblement rien ne leur résiste. "Last night a DJ save my life, yeeah !"

Lien utile : Le
Midi Libre.

20 décembre 2006

"Si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille"


C'est la "Noyel" les amis.
C'est l'heure où le mauvais goût reprend enfin ses droits sur les façades des bicoques, la nuit, quand tout le monde dort. Faut penser à acheter un nouvel intestin, en prévision, on sait jamais. A l'entrée des magasins qui bavent la bonne humeur, y'a des faux gros en baskets qui se collent une barbe de neige et font peur aux bambins en rigolant comme des phoques tuberculeux. Vous rêvez d'un beau cadeau génial ? Que nenni mes chéris. Ça sera une nouvelle fois la chemise à carreau qui se porte avec... rien, le collier de nouilles (quoique ça, c'est plutôt pour la fête des pères ou des mères) voire, pour les plus "chanceux", le dernier livre de Pascal "Navrant"...
Pour Noël, si on veut s'en sortir indemne, faut du rêve, je vois que ça.
Alors du rêve, en voilà mes amours, fidèles lecteurs qui courez à l'heure-même les rayons de la consommation de masse.
Ça parle un peu de toros (faut pas oublier) et puis aussi de Chine et de voyages, le tout au coin d'un zinc, un rêve au goutte à goutte...

"- J'espère qu'elle me fera tout de même la grâce d'assister à mes débuts dans les arènes monumentales... Y'aura du monde !.. Luis Miguel attire toujours la foule !.. Y'a longtemps que je rêve de triompher à Madrid... Le public sera exigeant... surtout derrière Miguelito... Je vais être obligé de prendre des risques... Je vais mettre mon costume blanc, celui de mes débuts... Vous vous souvenez de cette novillada de Tolède... Ce vent froid... Ce public affreux... Et ce taureau qui ne voulait pas mourir... Depuis j'en ai estoqué plus de cent !.. Je suis le plus grand matador français !.. Gabriel Fouquet... Plus celèbre que Fierchoul... Yo soy unico !.. Ça vous intéresse, papa ? - Peut être ? - Et qu'est-ce qui vous intéresse ? La matador, le taureau ou l'Espagne ? - Le voyage, votre façon de voyager - Ah ça c'est un secret !- Oh la la !.. Le véhicule je le connais, je l'ai déjà pris, et c'était pas un train de banlieue, vous pouvez me croire... Moniseur Fouquet, moi aussi il m'est arrivé de boire... Mais ça m'envoyait un peu plus loin que l'Espagne... Le Yang Tsé Kiang... Vous avez déjà entendu parler du Yang Tsé Kiang ?... Ça tient de la place dans une chambre, moi j'vous l'dis !- Sûr !... Alors deux xérès ?... - Je ne bois plus, je croque des bonbons... - Et ça vous mène loin ? - En Chine toujours, mais plus la même... Maintenant c'est une espèce de Chine d'antiquaire... Quant à descendre le Yang Tsé Kiang en une nuit c'est hors de question... Un petit bout par çi, un petit bout par là... Et encore, pas tous les soirs... Les sucreries font bouchon."
"- Le Yang Tsé Kiang n'est pas un fleuve, camarade... C'est une avenue... Une avenue de 5000 kilomètres qui dégringole du Tibet et qui s'arrête à la mer Jaune... A gauche et à droite des jonques, des sampans... Au milieu, en plein courant, des tourbillons d'îles flottantes... Des orchidées hautes comme des arbres et des troupeaux de buffles... Des millions de mêtres en cubes d'or, de fleurs et de limon qui descendent vers Nankin, au milieu des pagodes et des villes en bois... Des villes pontons où tout est à vendre : l'alcool, le poisson cru, les putains, l'opium..."

Antoine Blondin

Vous avez reconnu, je le sais... Ça peut être un beau cadeau de Noêl de rêver...

Bonnes fêtes à tous et à 2007

19 décembre 2006

Petits arrangements avec les faits


Ce n’est pas la première fois que le président de la CTEM nîmoise prend ses aises avec des faits pourtant avérés. La dernière fois ce fut à l’occasion de l’affaire Palha. Le motif invoqué par la municipalité nîmoise pour programmer cet élevage, contre l'avis de l'UVTF, avait été qu’aucune manipulation de la pointe des cornes n’avait été détectée. Cela lui avait d'ailleurs valu son exclusion de ladite UVTF.
Il s’agissait d’un « raisonnement » spécieux qui relevait soit de l’incompétence soit de la mauvaise foi. Je vous laisse choisir.
Les vétérinaires pour détecter le manque de substance à la pointe du pitón utilisent la méthode de la biométrie. Et dans le cas des toros incriminés les résultats étaient sans appel. J'ai pu en discuter personnellement avec le Docteur Maillard Président de l'AFVT et le Professeur Sautet ayant réalisé la contre expertise. Ils m'ont tous les deux confirmé cet état de fait : des mesures biométriques catastrophiques pour l'éleveur portugais. Pourtant le président de la CTEM nîmoise s’était répandu à plusieurs reprises dans les médias locaux expliquant qu’aucune perte de substance n’avait été détectée au niveau de la pointe. C’était évidemment faux et archi faux, grossier même. Laquelle presse locale, soit dit en passant, s’était contenté de prendre ces affirmations pour argent comptant sans jamais procéder aux investigations qui auraient pu permettre de rétablir la vérité sur les conclusions des expertises. Aujourd’hui ce sont les analyses du Professeur Sautet qui ont été passées au filtre de la très particulière vision/version nîmoise. Et comme jamais deux sans trois… nous verrons bien quelle bouffonnerie il nous reserve pour l'avenir :-)

Communiqué


L'ANDA vient de mettre en ligne un communiqué du Professeur Sautet concernant cette lamentable affaire. Voici.
Sans oublier bien sûr le billet d’humeur de l’ANDA sur une très typique brandade d’arithmétique à la nîmoise.

RECTIFICATIF DU Pr. JEAN SAUTET AU COMMUNIQUE DE LA VILLE DE NÎMES paru sur le site internet TERRES TAURINES et sur l'article du MIDI LIBRE (16 décembre 2006).

Un peu surpris à la lecture du communiqué de la ville de Nîmes paru sur le site internet Terres taurines puis à celle de l'article du Midi Libre, je tiens à compléter ces informations en apportant les éléments qui ont été omis.
Ayant été mandaté par la ville de Nîmes pour effectuer une expertise en aveugle (anonymat des élevages d'origine) j'apporte donc aussi ces compléments de façon anonyme :

* Sur 18 toros analysés, ce ne sont pas 2 toros (Terres taurines) ni 4 toros (Midi Libre) qui présentaient un raccourcissement artificiel des cornes mais 6 toros qui ne répondaient pas aux critères : n° 121, 97 et 52 pour la Pentecôte et n° 87, 76 et 69 pour les Vendanges.

* Le toro 59 n'a pas été "remarqué par le Professeur Sautet comme un exemple d'armure intacte ", comme il est dit dans le communiqué de Terres taurines, mais a tout simplement été analysé, comme il est précisé dans le rapport, "à titre d'armure intacte"… /… "afin de donner un exemple de ce qu'est une biométrie normale (mensurations, courbes)".

Je tiens à la disposition de toute personne intéressée le contenu intégral de ce rapport sous réserve de la présentation d'une autorisation préalable individuelle accordée par le commanditaire de l'expertise, la Mairie de Nîmes. Connaissant le soucis de transparence de la municipalité de Nîmes en la matière, celle-ci n'hésitera pas à donner ces autorisations et à fournir les noms des élevages correspondant aux numéros mentionnés ci-dessus.
Jean Sautet

Jusqu’où peut-on tomber plus bas ? (II)


Il y a quelques jours la Mairie de Nîmes s’est fendue d’un communiqué annonçant les résultats des analyses de cornes pratiquées par le Professeur Sautet pour la temporada 2006. Vous l’avez sans doute lu, puisqu’il a été abondamment diffusé sur Internet. Il s’agissait d’un exercice d’autosatisfaction programmé annonçant que deux toros uniquement avaient fait l’objet de manipulation. Compte tenu du contexte je n’ai pas réellement prêté attention à ce communiqué préférant sourire de l’esprit soviétique de ceux qui, ici, s’autoproclament. Bref, l’histoire en serait restée là et n’aurait jamais été abordée par ma pomme sur Camposyruedos si quelques jours plus tard on ne m’avait informé de l’interprétation tendancieuse (restons polis…) de ces résultats. Je ne me suis pas fait écho ici de ces dires, préférant attendre leur confirmation par d’autres sources. C’est aujourd’hui chose faite. Et nous pouvons donc annoncer que sur les 18 toros expertisés ce ne sont pas deux toros qui se sont révélés positifs mais six, soit trois fois plus que ce qui a été avoué, sans parler des certificats d’arreglado, de la marge d’erreur importante prise sur les mesures biométrique, des toros afeités sur une corne (combien ?) et, cerise sur le gâteau, du fait que les bestioles combattues en corrida mixte, n’entrent pas dans le processus d’expertise.

Le plus cocasse aura été atteint le samedi 16 décembre à la lecture du papier du Midi «Libre» : « ce que voient les yeux et ce que dit la science », ou un truc dans le style. Lire en connaissant la réalité des chiffres, une interview du président de la CTEM poursuivant l’exercice soviétique d’autosatisfaction, se délectant au passage d’épingler l’ANDA et s’auto félicitant de résultats que nous savons tronqués m’aura au moins permis de rire à gorge déployée dix bonnes minutes.
Quoique, notez bien, avec cette interview nous arrivons à comprendre que ce ne sont plus deux mais quatre toros qui ont été déclarés positifs. C’est bien ! On progresse… Allez ! encore un petit effort les enfants ! Et vous finirez par annoncer les vrais chiffres !
"Ce que le rapport d’expertise annonce et ce qu’en lisent les yeux des édiles nîmois…" : voilà quel aurait pu être le titre du Midi Libre. Ça ne s’invente pas.

Par rapport à l’annonce initiale, nous sommes donc passés en quelques jours de deux toros manipulés à six, soit trois fois plus que le communiqué officiel, c'est à dire 33,33% du bétail analysé. Les records de l’UVTF sont pulvérisés. Il n’y a vraiment pas de quoi se taper sur le ventre, parler de transparence et tutti quanti ! Jusqu’où tomberont-ils plus bas ? Eh bien aujourd’hui il sont tombés encore un peu plus bas qu’hier… et moins que demain ?

18 décembre 2006

Person of the Year : Campos y Ruedos !


Tu vois Laurent, il ne faut pas désespérer. Bastonito nous informe que nous avons gagné un prix ! Le TIME - rien que ça ! - a désigné comme homme de l’année les bloggeurs, sans doute pour leur influence sur la diffusion des informations. Nous en faisons donc partie.

Tiens !, à ce propos je reviendrai très prochainement sur la publication des résultats des analyses de cornes commandées par la Mairie de Nîmes. Et tu verras qu’il y a information et information. Et nul doute que l’info que nous allons donner ici sur le blog tu ne la trouveras ni dans le Midi «Libre» ni dans la presse radio ou écrite. Comme quoi le Time a eu raison !

Nous faisons donc partie des quelques millions d’hommes et de femmes de l’année mon cher Laurent ! Ça y est Laurent, tu es une star !

17 décembre 2006

Soyons des stars...


Franchement, Solysombra, je suis déçu. Très déçu même. Après une "Chica Yeye" qui remue comme un poulpe sous ecsta, tu oses balancer sur ce blog la vidéo de "J'adoreeeeeee". Et le sérieux dans tout ça ? Et les toros ? Au crépuscule de 2006, est-ce vraiment le moment de dévaler ainsi sur la vague de la facilité et de la "ringardise" ? N'avons-nous pas une plus haute mission à laquelle donner corps ? Ne nous devons-nous pas de poursuivre ce sacerdoce engagé il y a de cela déjà une année pour la défense du toro de combat ? Notre lutte est belle et juste, Solysombra, et, jusqu'au bout de nos forces, elle doit être notre "chemin de croix"... Sus donc aux pensées hérétiques, aux images impies qui nous détournent du chemin des toros.

Et puis, sérieusement, comment veux-tu que nous devenions Le Site de référence, El Numero Uno de la toile taurine ? Pour cela, nous devons être la lumière, la main éclairée qui conduit l'afición à la clairvoyance... de la bougie à l'allogène en quelque sorte. Ne polluons donc pas cette allée de l'espoir de tâches ombrageuses. Devenons des stars Solysombra... Soyons les premiers...

Je veux être une staaaar !

J'adoooooooooore... regarder danser les gens...


Nous avons reçu de très nombreux « emilios » (e-mail dans la langue de Cervantès) de protestation eu égard à l’interprétation catastrophique de la Chica Yeye… Aussi, pour relever le niveau musical de Camposyruedos nous vous proposons un retour à la chanson française bien de chez nous. Vive le terroir ! J’adoooooooooooore … regarder danser les gens…. Je peux vous dire qu'il y a peu le bonhomme a mis le feu au Théâtre de Nîmes ! Alors ne coupez pas le son...

Quite du lupanar


L'Espagne de nos parents et grands-parents, ce n'était pas que les toros, le flamenco et les tapas. C'était ça, aussi. Il y en a même des plus contemporains, parmi nos lecteurs, qui se reconnaîtront...

"C'étair un bordel d'Alicante. Le seul recommandé par le concierge de l'hôtel. La maquerelle présenta son maigre cheptel, trois putes grasses, l'une en peignoir douteux, l'autre aux chairs écrasées par un corset, la troisième en jupe courte découvrant deux colonnes, qui traversèrent sans un sourire la petite salle à manger-salon au milieu de laquelle un vase vide en forme de flûte s'emmerdait sur une nappe de dentelle, ronde et pas plus grande qu'une assiette. Quoi de plus solitaire qu'un vase de verre blanc en forme de flûte et aux lèvres roses sur une table de bordel alicantin, qui brillait pourtant avec une bonne volonté appliquée ? Efflanqué, le vase. Monceaux de viande blanche, les filles. Trois banderilleros et moi. Eux, l'oeil cupide et affamé. Moi, l'oeil vague sous la paupière basse. Que ces dames furent trois gorgonnes blêmes montées sur talons rouges, n'épouvantait pas mes trois amis. Au contraire. Le mâle ibère, en ces années-là, aimait l'abondance charnelle et quand il feuilletait les "revistas con pelo" (revues avec du poil, sic) achetées en France - et interdites en Espagne - il fallait que les donzelles photographiées eussent des poitrines au moins à la Mae West et des croupes de percherons pour provoquer des sifflets d'admiration. Cà, c'est une belle femme ! Là, il y a des ressorts et tu ne vois pas les os ! [...]
Le plus vieux des banderilleros déclara qu'il prendrait Carmen, celle au corset, la plus lourde.
- Et vous, les deux autres ? Pepita et Teresa ?
- Non, Carmen.
Etonnée, la maquerelle me demanda :
- Et toi ?
- Non, merci, j'attendrai, je...
D'un geste, je désignai le salon, la fenêtre au store baissé, Alicante, l'Espagne, la terre entière, le néant où tout est chaste.
[...]
Chère Carmen aux yeux de veau, où es-tu ?"


Jean Cau, Le roman de Carmen.

15 décembre 2006

"C'est mes yeux ou quoi ? - Oui, ça doit être vos yeux !"


Ben oui, ça devait être ses yeux au piquero ce jour-là. Elle n'était certes pas grosse la vaquilla tientée ce matin fade sur les bords de l'Adour, à Aire. Plutôt osseuse même ! C'était l'heure du casse-croûte et il devait se rêver un bon rosbif le monsieur à cheval pour avoir réussi à faire cette autoroute rouge vif dans l'épaule et le ventre de la fine cornue. C'est M. Bouix, grand varilarguero des années passées, qui déclarait que "c'était difficile de piquer". Je veux bien le croire, sincèrement. Toutefois, la myopie ou le strabisme se corrigent très convenablement de nos jours et l'offre en lunettes diverses et variées n'a jamais été aussi "folle". Faudrait voir quand même à consulter !

A noter, pour en terminer avec ce court aparté occulaire, que le novillero Román Pérez réussit l'exploit de ne pas maculer son traje marron triste. Technique aboutie ? Non, un bras très long...

14 décembre 2006

"Photaurines", un nouveau blog


Parce que ça cause de toros, de photos et d'afición ; parce que c'est le blog d'un "pote" qui crèche du côté du "Moun", parce que c'est un aficionado, tout simplement...
Photaurines mérite un regard (et même plusieurs), un détour et un voyage... évidemment virtuel.

Welcome, donc, dans la blogosphère taurine qui croît lentement mais sûrement.

Bonne visite à tous.

http://photaurine.blogspot.com/index.html

13 décembre 2006

Décidément...


... notre ami Bastonito a des yeux partout... Il est un peu le Big Brother de la blogosphère. En attendant voici les voeux de Juan José Padilla pour Noël 2006.

08 décembre 2006

Histoire de cornes


La Ville de Nîmes vient de rendre public le résultat des analyses de cornes qu’elle avait confiées au Professeur Sautet, de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse. On se souviendra en effet que l’Association Française des Vétérinaires Taurins (AVTF) avait refusé, par une décision prise à la majorité absolue des voix, de réaliser l’expertise des cornes prélevées à Nîmes pendant la saison 2006. Sans interpréter ce choix dont je ne connais pas les motivations officielles, il ne me semble pas (opinion toute personnelle) qu’il doive être tenu rigueur à l’association de n’avoir pas accueilli favorablement cette demande, dans la mesure où celle-ci émanait d’une ville qui s’est de facto exclue de l’Union des Villes Taurines de France (UVTF).

Dans un communiqué publié ce jour, donc, la Ville de Nîmes, adoptant pour la circonstance un langage très satisfait, se félicite du fait que sur dix-huit paires analysées, « seules les cornes de deux toros (n° 97 et 52) de la ganadería d’El Pilar (corrida du vendredi 2 juin après-midi), présentent un "raccourcissement artificiel des deux cornes" ».

Et la municipalité de poursuivre : « On remarquera avec intérêt, que le toro n° 59 de la ganadería Valdefresno, lidié le lundi 5 juin après-midi, a été remarqué par le Professeur Sautet comme "un exemple d’armure intacte" ». Diable ! Des cornes intactes ! Même pas un petit peu « arréglées », « escobillées » ou autrement réglementairement abîmées ? Que nenni mon bon monsieur, intactes, vous dis-je ! Réjouissons-nous de cette grande nouvelle : un taureau mis à mort dans la cité des Consuls représentant un exemple d’armure intacte !

Malgré le caractère savoureux de cette invitation à manifester un intérêt particulier pour ce qui semble devenu de façon officielle une exception, mon passage préféré reste le suivant : « N’entrent pas en jeu les toros des corridas mixtes. » Admirez le style : c’est bref, concis, tout est dit en quelque mots. Un exercice consistant à s’assurer de l’absence d’une fraude est un jeu… Rien qu’un jeu serait-on tenté d’ajouter. Mais surtout, à quel titre les corridas mixtes n’entrent-elles pas en jeu ? Chacun savait déjà qu’à l’occasion des courses de rejones les taureaux sont réglementairement (et néanmoins outrageusement) afeités ; nous apprenons ainsi que les matadors de toros (ou de novillos, voire les deux à la fois) à pieds défilant aux côtés d’un rejoneador, qui bénéficiaient déjà de l’absence de sorteo, pourront également dormir sur leurs deux oreilles, de même que leurs opposants, qui ne seront pas gênés par leurs cornes.

Mais cela constitue-t-il un réel changement ? Et bien non, justement, aucun. En effet, tout cela n’est relaté que pour l’anecdote, en quelque sorte, et dans le but de se racheter une conduite. Car on connaît le sort que réservent les arènes de Nîmes aux sanctions prononcées par l’UVTF. On en oublierait presque de se demander quelles seront les suites du verdict rendu par le vétérinaire toulousain s’agissant des deux taureaux d’El Pilar. Sans doute la Ville de Nîmes se fendra-t-elle d’un nouveau communiqué pour nous l’indiquer.

05 décembre 2006

Feria de Abril 2007


Alors que la temporada américaine suit son rythme dont les échos lointains nous parviennent comme étouffés, l’empresa Pagès annonce déjà les dates de la Feria de Abril dans son édition 2007.

La traditionnelle corrida de la Résurrection aura lieu le 8 avril, et il faudra attendre le treizième jour du même mois pour voir le premier taureau de la féria fouler le sable des arènes.

Pour la troisième année consécutive, les présidents, accompagnés d’un vétérinaire et d’un delegado gubernativo, se rendent actuellement au campo pour un premier reconocimiento, dans l’espoir souvent vain mais louable d’éviter des déconvenues majeures.

Pas de révolution ganadera prévue cette année à la Maestranza, les élevages retenus étant sans surprise les suivants : Celestino Cuadri, Palha, Cebada Gago, Victorino Martín, Núñez del Cuvillo, Zalduendo, Jandilla, Torrestrella, Juan Pedro Domecq, Torrealta, Parladé, El Puerto de San Lorenzo et Miura.

Il convient d’ajouter à cette liste les élevages de Murube et Fermín Bohórquez, puisque deux spectacle de rejones seront organisés au lieu d’un seul, ce dont il faut se réjouir même si l’on est peu sensible aux charmes équins de l’art du rejoneo dans la mesure où cette seconde course aura lieu au détriment d’un spectacle mixte (et donc sans sorteo) pour star locale.

El Torréon, Alcurrucén et Valdefresno seront absents cette année. Ce n’est que justice en ce qui concerne les deux premiers, qui sont « sortis » de façon parfaitement catastrophique ; avec tout le respect qui lui est dû, nous préférons voir le maestro Colombien pour son dernier paseo à Séville, en lui souhaitant plus de chance qu’en 2006, plutôt que ses taureaux espagnols. On peut en revanche regretter l’absence des pupilles de Nicolás Fraile Martín, même s’ils ne se sont pas montrés au meilleur de leur forme cette année dans le coso del Baratillo (malgré une pique mémorable réalisée par le piquero de Luis Bolívar qui a presque pu nous faire oublier la prestation de son employeur, proche du niveau de la marisma). En effet, leur disparition du cartel ne se fera malheureusement pas au profit d’un élevage offrant des espoirs de respect équivalents.

C’est à l’occasion de la première semaine de la féria (au sens tauromachique et non festif du terme), c’est-à-dire avant les Farolillos, que les chances d’apercevoir quelques bons taureaux seront les plus importantes. En tout état de cause, même si chaque édition apporte généralement son lot de désolation et d’ennui, la Féria d’Avril est toujours l’occasion d’un bon coup de fouet à l’afición, grâce à la proximité du campo. Et si vraiment rien ne va plus, il reste tout de même quelques sources de réjouissances locales qui permettent d’oublier… Un peu…

29 novembre 2006

Ilusión


La photo de Rafael de Paula et Morante de la Puebla publiée sur le blog Toros y más est digne d'être vue. Je ne sais pas comment seront leur futur et leur relation professionnelle mais il est clair, qu'à ce jour, ce ne peut-être plus idyllique. Félicitations aux deux.
Bastonito

20 novembre 2006

Jusqu’où peut-on tomber plus bas ?


Dans le Midi « Libre » d’aujourd’hui on peut trouver un article sur une séance du conseil municipal de la ville de Nîmes où il est question de tauromachie et du rapport de gestion du délégataire de service public. L’opposition se plaint du fait que ce rapport soit aussi épais qu’un sandwich SNCF, que ce ne soit qu’un résumé.
Réponse de DJV conseiller municipal en charge de la tauromachie : c’est pour « préserver un peu plus les forêts », le texte complet étant disponible en mairie... Oui, oui c’est écrit dans le Midi « Libre » ça.

Autre perle. Un conseiller municipal de l’opposition se plaint du fait que dans ledit rapport : « Il n’y a aucune allusion aux toros trafiqués. »
Réponse de DJV (toujours d’après le Midi « Libre »... je n’invente pas !) : « Attention à ce que vous dites. Nous sommes en congés de l’UVTF. Nous verrons l’an prochain. »

Ah... Ah bon... Ça ne serait pas des aveux à l’insu de son plein gré ça... ?

PS Merci à A.B. pour ces savoureuses perles. Et s'il se fait taper sur les doigts (ce doit être un nouveau ça) pour autant d'impertinence, il peut compter sur notre soutien aussi inutile qu'enthousiaste !

17 novembre 2006

Choperita


La rumeur des deniers jours s'est confirmée... Les arènes de Las Ventas ont été attribuées aux Choperitas. Poupou Casas est second, comme la dernière fois et Entero troisième.

J'entends déjà des dents grincer.

16 novembre 2006

À vous…


Cher vous,

J’espère que cette modeste «carte postale» vous parviendra car j’ai conscience que vos nombreuses pérégrinations dans les entrailles de l’Ibérie ne facilitent pas l’acheminement du courrier. Ça faisait longtemps que je devais vous envoyer de mes nouvelles et puis, vous savez ce que c’est, les soucis, le boulot, les occupations de tous les jours… On oublie et on laisse traîner, en poste restante. Hier, le temps était tout bleu, «comme une orange» et je goûtais le doux refrain de cet «été indien» sous ce Christ beige du mont Urgull à Donostia. De minuscules points noirs essaimaient de longs voiles blancs sculptés par ce vent d’Est qu’attendent les surfeurs comme nous patientons, nerveux, aux heures des clarines. C’est beau le surf, n’est-ce pas ? Il y en avaient même qui gratinaient la couenne sur la baie jaune sombre, en cette fin de jour. J'aime bien l'été indien, ses couleurs fauves, son calme apaisant. Je suis rentré quand même et, comme tous les soirs, fidèle et impatient, j'ai lu votre édito — «Morosité ou action ?» Que dire ?

J'ai adoré ! Tout court, tout simplement. Et toc, dans le mille, «à la fin de l'envoi, je touche» aurai-je envie d'écrire. J'ai adoré car ce texte met le doigt, et l'ongle long, sur cette plaie ouverte qu'est l’Afición déchirée. Une Afición écartelée , avec des morceaux partout après, par une frange de zigotos bien énervés qui crient aux loups, à l'ours, au lion, au rhinocéros, à l'hippopotame… Des «râleurs» comme vous dites, des geignards du quotidien. Enervés, énervants !

"Il est plus facile de critiquer que de créer". Puissant, vraiment ! Sus à la critique beuglante, aveugle. Vous avez tant raison de l’écrire. Après tout, vous avez tant fait pour la tauromachie. Matador de toros, dessinateur, peintre même sous les arbres de Valdefresno, collaborateur et créateur de revues (sans aide publicitaire qui plus est ! Jamais…), photographe. Je dois en oublier. Vous êtes une voie lactée de création taurine. Vous avez un million de fois raison quand vous affirmez qu’ils ne savent que «gueuler pour le principe» quand vous, vous zébrez l’Espagne de vos investigations taurines, sorte de Tintin au pays des cornes. Quand vous, vous faites des conférences l’hiver dans les clubs taurins, quand vous, vous commentez des corridas à la radio l’été sur une onde locale, quand vous, vous faites un site taurin, un vrai où toutes les informations taurines peuvent être lues et analysées par... vous. Vous, vous créez utile, c’est évident. Vous, au moins, vous incitez les gens qui aiment la corrida à envoyer des mails à la chaîne publique qu’est France2 par le biais de la FSTF. Vous soutenez les actions qui défendent la tauromachie.

Vous avez aussi un milliard de fois raison quand vous vous en prenez à leur «évocation d’une lidia supposée idéale». Comment peut-on sereinement, en 2006, croire que l’on peut toréer comme il y a vingt ans, dix ans, cinq ans ? Quelle naïveté assortie d’un manque de lucidité évident. Moi-même, simple spectateur occasionnel, je m’énerve à les lire évoquer la distance, le tercio des piques qui devrait être comme-ci ou comme-ça, les terrains auxquels je ne comprends strictement rien. Je veux un spectacle qui me distrait, pas un cours de fac sur la technique de combat d’un toro. Eux n’ont pas compris ça et s’entêtent dans leurs «valeurs» surannées et vieillottes.

Cher vous, je m’emporte mais si j’osais, si j’osais... j’étreindrais le délire. Je frémis d’émoi quand «pendant que nous dissertons sur tel ou tel "scandale" de la temporada, eux (les antis) envoient des mails par milliers…» Au coin de notre bois charmant se cache le loup de nos noirs cauchemars. Brouhhh ! Votre combat, qui passe pour vos lecteurs en mal de joutes héroïques par un abonnement à votre revue, est noble et mené par la pureté du cœur. Évidemment, la lutte sera rude, déjà engagée par beaucoup mais ne seriez-vous pas le seul à même de la fédérer en définitive ? Je me permets de le croire, de le rêver. Aux heures où certains dissèquent sans remords les restes poussiéreux du gaullisme (quoiqu’il existe plusieurs gaullismes), nous ferez-vous l’honneur d’être ce guide que nous attendons tous, vous le créateur qui avez tant œuvré pour guider l’Afición sur un droit chemin, certes parfois boueux ? Cher vous, soyez notre Charles, grimpez au balcon et criez-nous : «Je vous ai compris !» Avec vous, l’Afición, l’Afición outragée, l’Afición brisée, l’Afición martyrisée sera libérée et grande. Votre invitation, lancée à chacun, a «réfléchi au sens qu’il convient de donner à notre passion commune» ne doit être qu’un cri, de ralliement, de résistance, de victoire. Un cri dans la nuit ! Et si le grand Charles ne vous sied pas, devenez alors notre Napoléon (le number one il va sans dire) et faites nous contempler l’avenir clair et rose de cette «passion» du plus haut de votre sagesse. Guidez-nous tel Alexandre face aux remparts de Tyr et faisons fuir Darius, ensemble, tous ensemble.

Sus, donc, à tous ces stériles Bakounine de l’Afición qui ouvrent chaque un jour un peu plus la plaie où vous glissez vos doigts, porteurs de guérison.

Il a plu aujourd’hui et l’été indien semble nous quitter pour de bon. Pour achever cette «carte postale» de nulle part et sans timbre, quelques nouvelles de moi tout de même. Le moral est bon et la santé correcte, ma foi. J’espère que tout va bien de votre côté et je me languis de vos nouvelles.

Cordialement, votre serviteur.

A propos de piques


Il ne s'agit pas ici d'évoquer les piques que reçoit sans cesse l'Afición, jugée par d'aucuns trop bruyante ou trop silencieuse (selon le but recherché), lorsqu'elle a l'outrecuidance de faire montre, l'hiver venu, d'un peu trop de "morosité", en exprimant avec les moyens qui sont les siens des avis non autorisés par les professionnels du ruedo et du callejón, et des réserves sur l'état pourtant merveilleux dans lequel se trouve la Fiesta.

Non. Laissons là pour le moment ce sujet urticant mais stérile.

Beaucoup plus constructive sera la lecture du troisième volet des pages vétérinaires publiées par le site Terre de toros, consacré à un rappel des conséquences de la localisation des piques lors de la suerte de varas.

Si ce bref et limpide article, écrit par Yves Charpiat, vice-président de l'AVTF, peut permettre à quelques débutants de mieux appréhender le premier tiers, alors l'animateur du site Internet amateur qui lui sert de tribune aura rendu à la tauromachie un service bien plus grand que toutes les déclarations réunies.

Ainsi se verra-t-il peut-être consentir, dans un grand élan de mansuétude, un "bon pour râler".

http://tthuries.free.fr/opinion/pique.htm

14 novembre 2006

Pitos, palmas et des histoires de rasage... Le palmarès 2006 de l'ANDA


L’hiver s’annonce sans trop le dire, les journées raccourcissent et la saison est bel et bien achevée. Tout le monde y va de son « best of » 2006, on fait les comptes, on analyse (j’exagère) et on décerne à tout va, comme autrefois on semait le blé, à la volée. Les clubs taurins sont en émulation, les « critiques » callejonistes du Sud-Est et du Sud-Ouest tentent de nous faire avaler qu’ils sont critiques et sérieux, et, personnellement, je m’assieds sur tout ce cirque dérisoire et obscène. Obscène car le toro meurt chaque jour un peu plus. Le toro brave et de combat s’entend. Hier encore, j’avais vingt ans…non ! Hier encore, oui hier, le patron de l’équipe de foot de Jerez a acheté la part d’indivision des Domecq en déclarant qu’il ne pipait pas une sourate (référence à un article précédent... faut suivre ici) aux bestiaux de combat. J’attends ce jour d’apothéose cynique où LVMH mettra la main sur Miura. Bah !
Dans ce méli-mélo de couronnements (Castella est un roi en fin de saison), de remise de médailles toquées, l’ANDA , la râleuse ANDA, souffle la brise des matins tristes et froids, grisâtres mais piquants. L’ANDA se bat contre les moulins de l’abject depuis des années et « crie » sans fin dans ce silence non sonore de l’afición défunte. Elle a raison l’ANDA, elle doit continuer et vivre. L’afición est morte, vive l’ANDA.
Son palmarès 2006 sera comme les autres, apprécié par si peu, « torche-cul » pour beaucoup. C’est malheureux mais c’est ainsi.
Evidemment qu’il est critiquable. Donner son avis, droit dans le lard, ça peut faire grincer des dents ou même abîmer des hémorroïdes (faut suivre je vous disais). Critiquable oui, donc, mais dans les grandes lignes tout-à-fait en adéquation avec ce que pense une infime, infime, infime partie des passionnés de toros.

N’ayant pas assisté à toutes les courses de la saison, il me sera compliqué d’apporter un œil juste sur ces récompenses et mises au pilori. Cependant, à mon sens, le prix au meilleur lot de toros est le moins justifié. Le lot de Charro de Llen (et Ignacio Charro – c’est pareil !) de Vic-Fezensac 2006 n’a pas été un lot digne d’être primé. Si 'Velonero' fut un grand toro qui, lui, pouvait être invité à tous les défilés d’anciens combattants épinglés à plus soif, le reste de l’encierro fut loin de satisfaire les attentes des aficionados. Lot dépareillé de présentation (avec un truc croisé d’éléphant et de girafe pour Lescarret), il ne montra en définitive qu’un moral bien moyen au cours de la lidia. La seule chose que l’on peut lui accorder réside dans une certaine puissance (en particulier et surtout lors du tercio de piques) qui fait tant défaut à d’autres ganaderías aujourd’hui. La mobilité fut lourde et la bravoure confondue parfois avec le poder déjà cité. Le prix aurait-il dû resté desierto ? C’est mon avis au regard des courses données dans le Sud-Ouest et auxquelles j’ai eu la (mal)chance d’assister. Je me dis toutefois qu’il vaut mieux récompenser ce style de toros poderosos et spectaculaires, bien qu’incomplets, qui donnent encore un sens au mot lidia que ces outres quadrupètes qui déambulent pépère comme les vieux trains soviétiques.

L’égoïne, la râpe et la lime, « prix » étendards de l’ANDA pour nombre d’aficionados, auraient pu tout aussi bien aller vers d’autres élevages. J’imagine l’embarras des membres de l’ANDA au moment de délibérer. Casse-tête pour sûr.
- « P’tain, mais on va le filer à qui ça ?
- C’est vrai, y’en a tellement qui le méritent ! »
Messieurs (et dames) de l’ANDA, n’y voyez ni sarcasme ni mauvais esprit, mais vous vous êtes montrés injustes en ce cas précis. Je l’écrivais précédemment, j’ai conscience de l’immense difficulté actuelle de cette tâche, mais votre palmarès « soin de beauté » manque cruellement d’équité. Vous écartez tant de prétendants à une gloire certaine que j’ai mal pour eux. Pour ce que j’ai pu voir cet été, je n’ose me faire une idée de ce que ressent, par exemple, le Conde de Mayalde (récompensé par les « critiques » du Sud-Ouest pour son lot de novillos d’août à Dax). Il avait pourtant mis les bouchées doubles en septembre avec ses colorados qui sentaient si fort l’aftershave qu’on aurait dit un rassemblement de jeunes à peine post pubères à l’entrée d’une boîte de nuit. Il vous en voudra j’en suis persuadé !
Donner les pitos aux organisateurs qui pleurent comme des mioches à cause d’un moucheron qui fait voir bleu est caustique et bien vu. Il est évident que la corrida vit en ce moment en surchauffe et que le nombre de spectacles est bien trop élevé. C’était cependant vrai avant l’épisode langue bleue. On pond des corridas aux quatre coins des terres du Sud, des novilladas fantoches prennent le relais de montages douteux, la saison débute en février et s’achève en octobre, más o menos. Le choix est-il réduit ? Faux. Re-faux. Ce qui est réduit, c’est l’esprit d’investigation des organisateurs. Certes, certains sont tenus par de grosses empresas espagnoles qui leur refourguent quelques rebuts (ça se passe en particulier quelque part dans les Landes) en passant. Comment d’ailleurs en serait-il autrement quand ceux qui siègent dans ces commissions taurines ne doivent leur place qu’à un copinage (politique ou autre) nauséabond et non pas à leur « science » taurine ? Comment pourrait-il en être autrement ? Les autres, ceux qui peuvent encore choisir un peu sont contraints de remplir les gradins et donc de présenter des élevages auxquels adhèrent figuras et impresarios de figuras pour que ceux-ci attirent un public qui ne sait même pas l’origine des bêtes combattues et qui s’en contrecarre les arrières, soyons réalistes. Ceux qui cherchent et qui trouvent ont choisi un credo minimaliste du point de vue des bénéfices : le toro. Vic (un peu – exemple des Valdellán), Céret, Parentis, j’en oublie certainement. Ceux-là peuvent faire l’impasse et opérer une œuvre d’investigation, leur public suit, bon an mal an. Néanmoins, et malgré toutes les contraintes d’organisation, il convient de montrer du doigt tous les autres qui continuent de programmer des Mercedes Pérez Tabernero, des Montalvo, Daniel Ruiz Yagüe, Garcigrande, etc., toutes ces infamies du Campo Charro et d’ailleurs. Pressions ou pas, ils savent que c’est nul et qu’il existe d’autres ganaderías, moins connues, mais plus valeureuses. Pitos donc à tous ces zozos de l’organisation et pito maximus, évidemment, évidemment, à l’organisation des corridas nîmoises. Honte à M. Casas, honte à cette commission taurine extra-municipale de Nîmes qui a permis à M. João Folque de Mendoça de répéter ses toros en France malgré le véto de l’UVTF (dont on connaît tout le poids...). Quand on se prétend aficionado, comment peut-on en arriver à cet abysse dans le non-respect des publics et surtout des toros ? Programmer les Palha, c’était quand même faire un bras d’honneur à la notion d’intégrité des toros, au fondement même de la tauromachie. Celle-ci ne mourra que de cela d’ailleurs, du mépris affiché par ceux qui sont dans le système et non pas des actions de groupuscules d’anti-taurins (même s’il ne faut pas réduire leurs actions à des pécadilles, j’en ai conscience). La CTEM de Nîmes (où siège tout de même un ancien chroniqueur de la revue Toros !) est la honte de tous ceux qui vont aux toros en se saignant les quatre veines pour se payer un instant de leur passion. Elle est le paradigme du vulgaire et de l’incompétence, toute tournée vers son astre illusionniste qu’est le directeur des arènes. Je ne reviendrai pas ici sur la question de la présentation des toros à Nîmes (je vous renvoie au texte de Thomas Thuriès dans ce même blog) mais la situation de la cité gardoise devrait être sérieusement étudiée par les Madrilènes qui pour certains appellent de tous leurs vœux la venue de « Simounet » à la tête de la Catedra de Las Ventas. Bon courage les gars !
C’est donc tout cela que m’inspire le palmarès bien senti de l’ANDA. Tristesse et colère. Une colère qui me fait penser également qu’une catégorie de ce monde des toros a été injustement oubliée par l’association (même si le président de l’ANDA évoque cela dans son édito) dans la rubrique « pitos », j’ai nommé la « critique » taurine. Indigne elle aussi de se prévaloir de ce titre aujourd’hui usurpé. A part Toros (et pas tous dans la revue malheureusement), qui peut se prévaloir de cette fonction de critique ? Personne. « Waterloo, morne plaine » comme écrivait l’ « enfermé » de Guernesey. Ce sont toujours les mêmes qui polluent de leurs gentillesses qui les journaux régionaux, qui les émissions de radio, qui certains papelards se revendiquant tauromachiques, qui les tertulias consensuelles et odieuses pour les fous de toros. Cette pseudo « critique » pourfend de ses silences et de sa complaisance le sens même de la tauromachie. Maintenant qu’André-Marc Dubos s’est tu avec la disparition de Tendido, que Merchan se fait de plus en plus discret, que reste-il ? Rien ma bonne dame ! RIEN ! C’est peut-être d’Internet et de gars passionnés et désintéressés (et pour parler de mon cas : qui en aucun cas ne veulent prendre la place, en callejón ou ailleurs, des autres car l’indépendance n’a pas ce prix minable) que viendra le sursaut. On peut rêver.
Achevons et félicitons l’ANDA d’avoir donner au vétérinaire Adolfo Rodríguez Montesinos sa « plume d’aigle » 2006 pour l’ensemble de son œuvre. Qui d’autre de toute façon cette année ? Sérieusement ?

La photo de la pique de 'Velonero' est de Christophe Moratello (merci à lui). Vous pouvez retrouver ses photos sur son site : http://christophe.moratello.free.fr/.

Le site de l'ANDA : http://anda.aficionados.free.fr/ & le lien vers le palmarès 2006 : http://anda.aficionados.free.fr/Palmares.html.

César


Putaing... César va nous tirer sa révérence... Une petite temporada, une tournée d’adieux, et on tourne la page. Oh ! Ce n’est pas qu’il tournait à plein régime César, mais il était là. Une attitude, un cite, un sitio, une distance, une démarche, des souvenirs déjà lointains... Le respect, l’admiration et la tendresse que nous avons pour lui. Madrid bien sûr... Bastonito... Vic aussi... Nîmes et des flores... et tant d'autres choses encore. Tout ce qu'il a pu nous donner ce Monsieur ! Quand j'y pense... Un véritable vertige d'émotions. Et il va s’en aller. Déjà qu’il ne nous reste pas grand-chose... L'horizon va se faire plus triste encore.

Cet émouvant portrait est de Philippe Taris.

13 novembre 2006

L'afición de Madrid contre les Choperita (2)


Pour faire suite au message de Solysombra relatif à la grogne des aficionados madrilènes, je vous conseille la lecture haute en couleur de l'article intitulé El vergonzoso final de una funesta temporada (la fin scandaleuse d'une temporada funeste) publié sur le site de l'association El Toro de Madrid :

http://www.eltoro.org/ (rubrique Muro de las Lamentaciones).

Le temps me manque pour en faire ici la traduction, mais même les non hispanophones saisiront facilement le ton qui s'en dégage.

La CAM n'a pas encore rendu son verdict officiel, et nous ne savons donc pas de façon certaine qui présidera aux destinées des plus prestigieuses arènes du monde, lesquelles verront peut-être l'an prochain se croiser deux figuras del toreo qui y ont si souvent triomphé. L'un s'en va, l'autre revient ; mais ceci est une autre histoire...

L'afición de Madrid contre les Choperita


Voici ce qui a été distribué par le biais du Club Taurin de Madrid suite à l'annonce officieuse d'une victoire des Choperita.
Ça dit grosso modo que si l'info se confirme, il est lamentable de constater que le non respect du précédent cahier des charges par TAURODELTA n'aura pas été sanctionné, au contraire ; que les responsables de la CAM auront couvert de merde "hasta la bandera" la première arène du monde ; que l'afición de Madrid ne peut rester impassible et demande la démission des responsables (on peu rêver... Ça c'est de moi...)

Et enfin ¡BASTA YA! (ça suffit !) etc., etc.

12 novembre 2006

La balance nîmoise


Il était une fois dans la Nîmes antique, un maquignon bien malin qui avait amassé une belle fortune grâce à son activité de négoce : Simonius Casasius. Naturellement doué pour les affaires, notre homme avait mis au point un fin stratagème pour améliorer ses bénéfices, une balance spécifique étalonnée au poids minimal de 460 kg. Si ses bestioles étaient d’un gabarit insuffisant pour rendre crédible le manège, Simonius faisait des lots, roulant son client par l’attrait du prix de groupe.
De marché en marché, le petit Casasius devint un homme riche, un des notables les plus influant de la cité romaine. Depuis, nul ne sait ce qui est advenu de la balance magique. Oublié, enfoui, aucune fouille n’a encore permis de retrouver le précieux objet, à moins que la découverte ne fût pas déclarée.

Si pour la plupart des archéologues qui traquent depuis des années la balance de Casasius, tel un trésor, les espoirs sont vains, je pense pour ma part avoir retrouvé la trace de la fameuse antiquité et ce grâce à des fouilles taurines ! En effet, l’analyse des poids annoncés dans l’amphithéâtre romain en la présente temporada (2006) donne 13 toros aux poids de 460 kg, limite minimale pour une arène de première catégorie. Ce qui en seulement une année est surprenant pour ne pas dire étrange. De là à suspecter l’empresa nîmoise de piller le patrimoine historique de la ville, il n’y a qu’un pas, que je me garderais bien de franchir car je ne suis tout de même pas… une balance.

Si tel était le cas et en vue de l’adjudication de la première ville taurine du monde, je vous rassure, là-bas il n’y a point d’amphithéâtre et de toute façon la balance de Casasius est unique. Alors, le toro de 460 kg à Madrid ce n’est pas pour tout de suite, à moins que le lien historique prôné ci-dessus soit totalement erroné. La balance nîmoise n’a peut être rien à voir avec son ancêtre, cachant une supercherie bien plus malicieuse. Tenons-nous en donc à la légende de Simonius Casasius !

11 novembre 2006

Magouilles and Co.


Les derniers bruits de couloirs donnent les Choperita favoris de… favoris de… favoris des magouilles locales. Du scandale en perspective et du gros… Ne vous offusquez pas ! Ça magouille sans doute aussi à Nîmes, à Arles et ailleurs. Et même sans doute que ça magouille en plus hauts lieux pour des choses bien plus graves que de savoir qui va se remplir les poches en étant que directeur d'une arène, fut-elle la première du monde. Non, ça on s’en fout. Par contre, il y a un truc qui m’échappe... mais vraiment ! Avec le travail EXTRAORDINAIRE qu’il fait à Nîmes le Bernard, comment ce fait-il que ceux qui président aux destinées de la Comunidad de Madrid n’aient pas comme unique obsession de les lui donner leurs arènes ? Ce serait d’autant plus facile que ses propositions sont VRAIMENT meilleures que celles des deux autres. Comment ça ? Son travail de Nîmes ? Ben si, il est hors du commun ! Ça fait des années que c’est écrit dans le Midi "Libre" ! La preuve !

Les yeux sombres du toreo


Aujourd'hui prend fin la Semaine taurino-culturelle de Saint-Sever (Landes). Sympathique manifestation qui jongle entre les conférences, la pratique et l'art. Le toro est au centre, omniprésent, en chair, en cornes et en peinture. L'affiche de l'année est signée Mathieu Sodore (ci-dessus). Elle et d'autres oeuvres de l'artiste sont exposées dans le charmant cloître des Jacobins de la cité du Cap de Gascogne. N'hésitez pas à vous rendre à une exposition de ce peintre car ses portraits en noir et blanc des vieux maestros de la tauromachie (El Gallo par exemple) ou d'un monstre du cante comme Camarón sont remarquables de tragédie et de profondeur. La surprise fut excellente. À noter aussi, lors de cette exposition, les oeuvres, reconnaissables, de Jacques Bacarisse et celles, moins connues mais pleines d'expression et de force, de Michel Echevarria, peintre local puisque installé à Seignosse sur la côte landaise. Félicitons l'heureuse initiative de la Peña Jeune Afición de Saint-Sever de se démener de la sorte pour offrir, chaque année, cette manisfestation aux aficionados, et aux autres évidemment...

06 novembre 2006

De los pitones sur Terre de toros


Après les bienfaits du pienso, l'équipe des vétérinaires taurins français s'attaque aux effets de ce même pienso sur le développement des pitones de nos bestiaux préférés. L'article est signé Renaud Maillard, président de l'AVTF (Association des vétérinaires taurins français). A lire évidemment...

Rendez-vous donc sur http://tthuries.free.fr/opinion/corne.htm.

Bonne lecture à tous.

31 octobre 2006

Les fondamentaux...

Unanimement déclaré manso par la "critique" taurine car il ne servit pas les affaires du maestro. La bravoure (sans confondre avec la seule puissance), c'est d'abord là qu'elle s'exprime, au cheval !

30 octobre 2006

François Simon (II)


Pour faire suite au message de Solysombra sur la chronique culinaire de François Simon, à apprécier sans modération, je vous recommande vivement la consultation des archives vidéos de la chaine Paris Première, auxquelles vous pourrez accéder en utilisant le lien suivant :
http://www.paris-premiere.fr/cms/display.jsp?id=bd_10782&occId=p2_13858.

Nos lecteurs pourront ainsi profiter pleinement du talent de ce critique indépendant, sans nécessairement feuilleter Le Figaro, ce qui sera sans doute appréciable par celles et ceux que la lecture du célèbre quotidien indisposerait.

Bon appétit.

29 octobre 2006

Pathétique


Allez donc savoir pourquoi… Suite à son fracaso avec les victorinos de Zaragoza (est-ce lié d’ailleurs ?) le maestro Esplá a pris la plume, et a écrit. Il s’est laissé aller à ce parallèle entre gastronomie et tauromachie. La « démonstration » est digne du niveau d’un enfant de douze ans … Pitoyable. Pour info ce texte a été publié sur l’excellent site Opinión y Toros. Je vous laisse avec Esplá.

TÍTULO: GASTRONOMÍA TAURINA

-¿Es usted el propietario del restaurante?

-Sí, el propietario y el chef. ¿Dígame, en que puedo servirlo?

-Verá: Soy el Delegado Gubernativo Gastronómico. Vengo para efectuar el reconocimiento.
Veamos: ¿Qué tiene hoy en la carta?

-De primero hemos elaborado un melón relleno de coquinas de la marisma en cóctel. Es un plato muy ligerito y fresco…

- A ver , a ver. Muéstreme esos melones.

-¡Voilà! Los auténticos “Cantaloup”, un primor de textura y aroma.

-¿Se burla usted de mí? ¿O pretende hacerme creer que esta miseria de melón puede dar el calibre mínimo?

Y no me venga ahora con lo del plato de entrada, que ésa ya me la conozco… ¡Me la sé de memoria! Con estos meloncillos en realidad, ustedes, cocineros, y, por supuesto, propietarios, lo que pretenden es tomarle el pelo al cliente. ¿Lo quiere más claro? Pero afortunadamente aquí esta la autoridad y el reglamento para defender los intereses de éste.
De momento: ¡Fuera! Le desecho esta mierda de melón, francés para más INRI, y en su lugar me pone esta sandia. Y puestos a cambiar, también esa miseria de coquinas.
Por tanto, de primero, ¡sandía a reventar de mejillones en cóctel!

-Señor Delegado, eso no hay quien se lo coma…

-Eso a mí me importa un pepino. Yo vengo a hacer cumplir el reglamento. De modo que o la sandía de dos kilos con mejillones o le suspendo la jornada. Usted verá…

-¿…? -Y ahora, vamos con el segundo plato.

-De segundo me he esmerado preparando unas codornices al vi…

-¡Alto! ¡Alto! ¿No serán éstas las codornices?

-Pues… Sí. Éstas. Aprovechando la abertura de la media veda he podido conseguir un par de docenas de estas codiciadas avecillas, para deleite de mis mejores clientes.

-Avecillas, ¿eh? Me parece que el único pájaro aquí es usted. ¿O también pretende que vea en estos desplumados cadáveres la mínima presentación requerida?

-Le recuerdo señor Delegado Gubernativo de Gastronomía, que la caza tiene siempre este aspecto. Mas todo queda sobradamente compensado con el intenso sabor a monte de estas carnes, así como la profusión de aliños que admiten. Un regalo para el paladar.

-¡Paladar! ¡Paladar! ¡Para-dar estoy yo aquí! Para dar, y para evitar atropellos con el rollete este del arte culinario y los mil y un sabores.
De momento, las codornices desechadas. Y en su lugar me pone este suculento pollo.

-¡Por Dios! ¿Cómo voy a trocar ave salvaje por ave de corral?

-Ése es su problema. Cabree al pollo antes de servirlo, es lo único que se me ocurre. Además, cómo pretende comparar la albura y tersura de este animal, que incita más a la caricia que a la gula con sus desaliñadas gallináceas. Imaginación y recursos es lo que a ustedes, los cocineros modernos, les falta. Con salsas arreglaban aquellos antiguos jefes de cocina todo. ¡Salsa! ¡Salsa! Que todo lo tapa. Y, una vez solucionado lo del segundo plato, pasemos al tercero.

-Ya ni sé… ¡Ah, sí! De tercero dorada salvaje al azafrán con…

-¡Pare! ¡Pare! Vamos a ver antes de nada la dorada…

-Aquí está. De Altea viene. Mire, mire. Todavía se mueve. ¿La quiere más fresca?

-Sí, no dudo. Fresca, lo que se dice fresca, está, pero… ¡Hijo mío, esto no lo puedo consentir! ¿Cómo voy a aprobar esta dorada? Si no llega ni al cuarto de kilo.
Mire, éstas las devuelve a su Altea natal y me mete estas otras.

-¡Pero si éstas son de piscifactoría! ¿Cómo puedo hacerle entender algo tan sencillo y necesario como es lo del matiz organoléptico en este negocio de la restauración? ¿Y que nada tiene que ver un pescado salvaje con el de criadero?

-Acérquese y vea, vea la diferencia. Ahí la tiene: un kilo de dorada diciendo “cómeme”. Mire, eso es trapío. Observe lo exagerado y punzante de su dentadura. Esto es un pescado serio y no la “cutimaña” que nos tenía encerrada…

-Reconozco que es espectacular. Pero poco puede importar toda esta apariencia, si al final no sabe a nada…

-Y a mi qué coño me importa el deleite. Yo estoy en esta cocina para velar por los sagrados intereses de los comensales, y dado que esas tonterías con las cuales los cocineros pretenden embaucar al personal no son ni serán jamás mensurables u objetivas, el reglamento cifra las garantías en aquello que el metro pueda medir y la báscula garantizar.

-Perdone señor Delegado. Si no es indiscreta la pregunta, me podría decir en que trabajaba antes.

-Antes de ser Delegado Gubernativo Gastronómico fui presidente de la plaza de toros de mi pueblo…

-¿Ah…?

-Y, mientras presidí, aquello fue un ejemplo de orden y respeto. Me encargué personalmente de que ningún taurino metiese el hocico en la confección de los carteles. La comisión municipal, aconsejada por mí, recalaba en aquellas ganaderías donde el toro además de ser el más grande, era siempre el más barato. Y como las figuras reclaman unos honorarios tan desorbitados por despachar los toros que tan escrupulosamente habíamos reseñado, también conseguimos economizar un montón de aquellos duros, contratando jovencitos ávidos de triunfos.
¿Y…?

-Aquella plaza jamás saldará la deuda que tiene contraída conmigo. Pues me encargué, como le he dicho, primero de buscarles el toro más grande y barato de España; después, los toreros más modestos y dispuestos del escalafón a precio de saldo, y por último, yo, yo personalmente desde el palco, los defendí de su propia ignorancia, de su absurda generosidad, de su falta de rigor, de sus pueriles demostraciones de entusiasmo, de sus contagiosas muestras de emoción.
¡Yo! ¡Yo solo! Reglamento en mano, puse al nivel de las grandes aficiones a la de mi pueblo… ¿Y sabe lo único que sabía decir aquella turba pueblerina?: ¡QUÉ ABURRIMIENTO DE CORRIDAS!

-Creo que eso será lo que oiga hoy en el restaurante… En fin: que el reglamento nos ampare.
Luis Francisco Esplá

26 octobre 2006

Culicoides dewulfi


Le vecteur de la maladie de la langue bleue en Europe du Nord identifié1

Le laboratoire de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à Teramo, en Italie, a pu établir qu'un insecte adapté au climat européen était le vecteur des cas de maladie récemment identifiés en Europe du nord (cf. article du journal Le Monde daté du 26 août 2006). Les chercheurs ont cru pendant un temps que le tristement célèbre Culicoides imicola, que l'on trouve fréquemment en Afrique et qui constitue la source de propagation de la maladie en Espagne, était également responsable des cas de langue bleue rencontrés en Belgique, aux Pays-Bas et en France. Le coupable est en réalité le Culicoides dewulfi, un insecte d'espèce voisine dont l'action, conjuguée à celle de son cousin africain, pourrait entraîner la propagation de la fièvre catarrhale du mouton sur toute la surface du Vieux Continent.

Comme Le Monde s'en fait l'écho dans son édition du 25 octobre 20062, les scientifiques estiment que "ceci va contraindre les pays qui font le négoce d'animaux à actualiser leur surveillance épidémiologique" et que "des recherches pour un vaccin sont indispensables." Ce que l'article cité ne précise pas, et qui revêt aux yeux des aficionados une importance particulière, c'est que l'OIE recommande "l'application de programmes de vaccination qui permettraient de ne pas empêcher les échanges entre pays."

Le communiqué de presse de l'OIE insiste sur la nécessité de développer un réseau de surveillance internationale de la maladie permettant d'améliorer sa connaissance et sa transparence. "Ces initiatives permettront d'améliorer le contrôle de la santé des animaux et de protéger les pays contre des barrières d'échanges injustifiées."

Je ne suis pas certain que l'OIE vise ici à permettre le retour dans les arènes françaises de nos élevages favoris, mais, quoi qu'il en soit, que les autorités compétentes les entendent !

1 Communiqué de presse du 23 octobre 2006 disponible sur le site de l'OIE à l'adresse suivante : http://www.oie.int/esp/press/es_061023.htm.
2 Article disponible en ligne à l'adresse suivante : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-826972@51-827076,0.html.

24 octobre 2006

La réalité objective


Voici un texte succinctement traduit du blog http://torear.blogspot.com/. Il concerne lui aussi la polémique née à Zaragoza après la corrida de Victorino :

S’il est un argument dont usent et abusent les taurins c’est celui de la majorité, « ce qui plaît au respectable » (lo que "gusta al respetable"). Ainsi par exemple après une corrida ou 9750 personnes ont applaudi alors que nous étions 250 à siffler, il y a toujours un taurin, avec les mains rouges à force d’applaudir pour t’avancer :

- Allons ! Ne soit pas un taliban, si les gens sont sortis satisfaits ne viens pas me dire qu’il s’agissait d’une merde !

- Toi tu affirmes : « C’était une merde ! »

Alors le taurin te regarde en ayant l’air de dire : « Mais pour qui tu te prends !? »

Eh bien avec cet argument des applaudissements du public ils nous ont fait passer milles choses.

Mais à Zaragoza le public a ovationné les victorinos et sifflé les toreros. C'est-à-dire qu’il s’est comporté de façon contraire aux attentes du taurinisme.
Leur argument a été ébranlé mais ils en ont immédiatement trouvé un autre, celui de la réalité objective mentionné dans la section EL DARDO du web mundochoto : « Les opinions sont respectables, mais toujours comme opinions, jamais comme des vérités ou réalités objectives. Le problème est de prendre comme un fait une opinion, faire d’une opinion une vérité. Créer une vérité à partir d’une opinion. Le droit légitime du public ne peut être au dessus de la réalité objective. »

Sans commentaires. Lorsque quelqu’un parle de vérité/réalité objective, nous savons qu’il parle de SA vérité, SA réalité (subjective) : celle qu’il veut imposer.

Assassinat à Zaragoza


Voici le commentaire d'Ángel Solís pour le Heraldo de Aragón toujours sur la corrida de Victorino de la dernière féria du Pilar. Voilà qui nous change de nos niaiseries locales nîmoises... Pas le temps de traduire...

UNA CORRIDA MUY EN TIPO DE VICTORINO FUE ABSURDAMENTE MASACRADA EN LA SUERTE DE VARAS

11ª DE FERIA
Seis toros de Victorino Martín, bien presentados, encastados y bravos en los caballos.












La tarde comenzó bien. Sencilla, apacible, sin ese lleno esperado por todos. Día de resaca para muchos y de responsabilidad para otros. La empresa reunió a los pocos periodistas madrugadores en rueda de prensa para decirnos adiós y agradecer nuestros "desvelos".
Van a estudiar el pliego y si lo ven acorde con sus necesidades, se presentarán. Seguro que para Toros Zaragoza será el nuevo concurso. Soy viejo y no adivino el futuro, pero lo sé. Además, prefiero malo conocido que bueno por conocer. Ya me ven.
Mi compañera de página, Alternativa, cerraba ayer su columna diciendo que Esplá (y ella) están mayorcitos para hacer "novillos", la una, y el otro para ponerse delante de Victorinos.
"Clavao, señá Grabiela". Ni que fuera usted la madre de un torero joven y modesto. Siempre he dicho, parafraseando al Gallo (el sevillano), que hay gente para todo.

Es más, los hay que, arrancándoles las orejas y echándolos al monte, serían animales nuevos. Son los que van a favor de obra. Como ayer. Enseguida tomaron partido por los albaserradas que lucieron tipo y celo en los caballos. La caballería no falló y, aún así, la infantería, replegada, corrió más que Ferrera y el Fandi juntos. Como para ganarles. La corrida lució. Se dejó ver. Altiva y con las caras por delante, remataron en los burladeros sacando astillas. A partir de ahí, se dejaron asesinar dolosamente en las cabalgaduras que salieron con el síndromede los vampiros: chupar sangre. El cuarto, de nombre Mentolado, es, para mí, el toro de la feria. Bien construido, armónico, con cuajo y cara, se dejó “matar” en cuatro terroríficos puyazos de mi buen amigo Aurelio García. Galopó incansable tras las aceleradas carreras de Esplá que no quiso ni verlo ni dejarlo ver.
Bravo y codicioso toro. El tercero, noblón y pronto, pidió guerra sin que se la dieran. Al quinto, guapo, entipado, le dieron tan hablar, hubiera insultado a sus lidiadores. Con razón.Yo también.
Luis Francisco Esplá lleva treinta años aguantando alimañas con cuernos y saltacharcos en los despachos. De acuerdo. La vejez, como la veteranía, es un grado; pero eso no da derecho a subirse el primero en el autobús. Esplá lanceó sobre las piernas a los dos. Muy rápido, sin querer verles la cara, les quitó la muleta para llevarla
siempre a los hijares donde encontró carne blanda. El bravo cuarto le pidió pelea y él, encogido, no se la dio. Bronca.
Antonio Barrera no encontró plaza para sentirse a gusto. Se cayó de puro espanto. Su primero, tobillero, con más sitio y mejor colocado hubiese sido otra cosa.
Con el quinto, que echó las manos por delante y la cara arriba, le realizó una mini faena de aliño, por decir algo, y se lo quitó de enmedio como pudo.Mal trago.
Salvador Cortés, contagiado por el terror de sus compañeros, dejó pasar una buena oportunidad con el noble tercero. Con el de la jota, un tío asaltillado y con leña en la cabeza, se puso muy cerca, a media altura y con tres series muy cortas, sin unidad, se atrevió a dar la vuelta al ruedo.
Ángel Solís

21 octobre 2006

Afición hivernale... Lectures


Récemment, en déambulant entre les rayons de la librairie Ombres Blanches à Toulouse, j'ai eu la joie de tomber un peu par hasard sur une réédition du "Torero Caracho" de Ramón Gómez de la Serna (rien à voir, à ma connaissance, avec le critique taurin).1

L'intérêt de cette nouvelle édition, d'un point de vue taurin, est très limité ; mais pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'œuvre de l'inventeur des Greguerías, considéré comme l'une des figures de proue de l'avant-garde espagnole (ouvrant la voie à des auteurs aussi connus des aficionados que José Bergamín ou Federico García Lorca) et qui souhaiteraient l'aborder au travers d'une évocation drôle et poétique de l'ambiance tauromachique dans l'Espagne d'avant le peto, qu'ils se précipitent.

Extrait :

"C'était lui, Gorondo, le taureau, noir et blanc, avec des nuages de poils gris.
[...]
De quelles grottes était donc sortie cette sale bête si retorse ?
C'était un taureau d'exception, dont la cocarde jaune et noire flottait funèbrement.
Au premier mugissement on vit, très profondément, qu'il était fort chantreux et fort lugubre.
Toute la place s'enfila et se serra en rangs d'une même panique.
[...]
Caracho avait dit en le voyant :
- Maudite soit la vache qui lui a donné le jour !
El Chivato, pour mettre en valeur Caracho, attira le taureau avec sa cape, mais, terrorisé, il prit tout de suite la tangente.
Les monosabios tiraient les chevaux par le licou et les fouettaient tant qu'ils avaient l'air de cruels gardes-chiourme qu'on aurait libérés du bagne pour parer au danger de la corrida.
Les arènes tout entières eurent un mouvement de recul et les monosabios les stimulaient avec d'effrayants coups de baquette.
Gorondo lançait des fanfaronnoïdes au monde entier, comme si ce qu'il avait voulu, c'était attraper le globe terrestre par la bedaine.
[...]
Le premier picador, comme quelqu'un qui va piquer le dragon, ne put pas faire autrement que de se risquer, en s'enfonçant fermement son dur chapeau de castor, qui est le premier casque d'aviateur qu'on ait inventé.
[...]
Ce fut terrifiant, les chevaux saluaient en mourant et formaient peu à peu un effrayant train de bêtes, emballé par la mort. Un nouveau troupeau de chevaux squelletiques et comme sauvages, tous unis dans le vent de leurs crinières.
[...]
Les picadors sautaient comme d'énormes poissons et l'on crut voir quelque chose envoyé on ne savait où, comme tombé dans l'abîme des cieux. Il est allé rejoindre d'autres picadors qui, n'obéissant pas à la loi de la pesanteur, restent dans les nuages, lourds et volants, comme une fresque vivante de Goya pour le ciel."

Et une Greguería, pour la route :

"Les animaux sauvages, lorsqu'ils parlent de ceux qui vivent dans les parcs zoologiques, les qualifient, avec mépris, de bureaucrates."

1 Publié aux éditions André Dimanche (1er septembre 2006), nouvelle traduction de François-Michel Durazzo et Marie-Pia Gil, 228 pages (ISBN 2869161476).

20 octobre 2006

Et les toros sont morts... Afición

Six toros, trop lourds (de 512 à 608 kg ; moyenne 546), de Gerardo Ortega, plus trois réserves : deux de Fermín Bohórquez (2e et 4e bis ; 527 et 552 kg) et un du Ventorrillo (6e bis ; 590 kg). Ce dernier fut le seul à se tenir sur pattes, le restant ne fut qu'un calamiteux défilé de bêtes sans forces. Au niveau des cornes, présomption de séances de manucure... Il est 19h50. Cela fait une heure et vingt minutes que l'on s'embête à mourir. Trois toros, eux, sont déjà morts. Trois invalides, plus faibles qu'une feuille de papier restée dix jours sous la pluie. Remarquez que, à bien y regarder, on s'est amusé. Pas en piste, où seules les deux puertas gayolas de Rivera ont animé les travées, mais sur les gradins, où notre copine, Teresa de Triana, est revenue aux arènes admirer les toreritos « guapísimos », bellissimes. Surtout ce Francisco, dont la chute de reins la rend chaque fois plus nerveuse. Teresa n'a pas maigri. Elle commente à la ronde les repas du week-end : « Poularde au safran, riz marinière, épinards à la crème - beaucoup de crème - et quatre pâtisseries, des « cheveux d'anges », 100 % miel... 20h02. Deuxième mouchoir vert après la sortie tétanisée du quatrième toro, d'une insoutenable débilité. Son substitut se traîne autant que les tortues géantes des Galapagos après la ponte. Place au cinquième. Le désespoir continue. 21h02. Le président retire le sixième Ortega, paralysé devant la cavalerie. Le neuvième et dernier cornu, du Ventorrillo, a le bon goût de mettre un sabot devant l'autre. Teresa trouve le costume bleu-nuit et noir d'Abellán un peu trop triste : « Sait-il, celui-là, que la Semaine Sainte est finie ? », plaisante-t-elle. Miguel dessine de jolies faenas au centre, sous les spots. Naturelles de face les pieds joints, molinetes d'El Gallo, changements de mains, la muleta basse et templée. De la belle inspiration. L'oreille s'approche. Elle s'envole après quatre descabellos. Il est 21h28, Teresa a faim : « Ce soir, ni gâteaux ni manzanilla. Mon docteur a fini par trouver du sang dans mon cholestérol ! », s'esclaffe la Trianera. Une centaine de places libres. 28,4 degrés. A vos maillots.
Dimanche 27 avril 2003 – Séville.
Vincent Bourg 'Zocato', Sud Ouest, avril 2003.


La corrida iba de desastre, con unos Albaserradas complicados y unos toreros que ni los entendian ni se atrevian con ellos, cuando a la altura del quinto de la tarde se oyó una voz insolita en una plaza de toros: «¡aquél esta meando!». En efecto, un mozo, que se debía haber bebido el Ebro, lo estaba desaguando en el callejón, encarado a las tablas. Era la gran micción, quiza el resumen más grosero pero a la vez el mas exacto del festejo.
Al mozo le tiraron ni se sabe la cantidad de objetos solidos, liquiquidos y hay quien aseguro que también gaseosos. Furibundos impactos de pan y fruta y dos pozales de vino que le cayeron por la cabeza como torrentes y le pusieron hecho una sopa, los aguanto impertérrito. Luego se fue hacia la parte de sombra, y de cara al público de barrera, volvió a desaguar. Si pretendía echar fuera todo el liquido que había metido dentro, lo más prudente habría sido llamar a los bomberos. Un airado espectador, seguramente inducido por su turbada esposa, que no podía soportar semejantes horrores, le pegó un almohadillazo en el grifo. Tampoco lo acuso. Al fin, media docena de expeditivos mozos saltaron al callejón y en volandas lo echaron a la calle.

Joaquín Vidal, Crónicas taurinas, Aguilar, 2003.


Le deuxième Juan Pedro donne l'illusion de gambader. Combattre est un verbe qu'il fallait hier remiser. Bref, il accourt, le joyeux drille. Au dixième muletazo apparaît le mot fin. Plus une goutte d'essence. En guise de jerrican, Dávila Miura ira chercher l'épée... Que dire alors de son suivant, un bourricot de compétition qui refuse toutes les carottes, rit, rue et mord quand on lui tire sur la bride. Dans les gradins, devant ce défilé de mulets, on choisit de faire connaissance. Ne manquent que le thé et les petits gâteaux. Notre voisine, une castafiore bondée d'humour, de bijoux de pacotille et d'opulence, avoue avoir enterré trois maris et quinze amants : « Ils ne supportaient pas l'huile d'olive et mes pois chiches au basilic ! » Teresa de Triana s'esclaffe. Ses bons mots font du bien, même si dans le cercle, là-bas, El Juli, qui ne fait plus le plein, tente de justifier son rang en besognant dur face à deux charolais de pelage et de moral. Teresa le trouve mignon à croquer mais, très vite, elle dévie son regard vers les bestiaux : « Tu prends une grande casserole, deux gousses d'ail, un citron, six tomates et beaucoup d'huile d'olive. N'oublie pas l'huile d'olive... » 9/10e de Maestranza, 26,1 degrés. Même les hannetons ronflaient.
Vendredi 25 avril 2003 – Séville.
Vincent Bourg 'Zocato', Sud Ouest, avril 2003.


19 octobre 2006

Et les toros sont morts...


Des photos pour l'hiver, maintenant que les toros sont morts et que la musique est parfaitement tue.

"Et alors, c'est ça qu'on voudrait supprimer, et le remplacer par quoi ? Par des corridas plus faciles qui se dérouleraient uniformément dans l'euphorie, avec oreilles et queues tombant du palco ? Une palinodie qui nous mènerait tout droit à la décadence de la fiesta ? Au misérable retour de l'utrero ?
Ne touchez pas au toro de lidia."
Jean-Pierre Darracq 'El Tío Pepe', Toros, n° 1344, 15/01/1989.

"José Bergamín et Luis Buñuel un soir de septembre à Madrid, devant la carte de La Sirène Verte :
- Pepe, que dirais-tu d'un carré d'agneau avec moi ?
- Non Luis, non, fait Bergamín. Je peux manger tant que tu veux des escargots, des gambas, des petits oiseaux... mais pour moi, à partir du lapin, ça ressemble trop au toro."
Francis Marmande, A partir du lapin, Editions Verdier, 2002.

"Los toros muertos tambien dan cornadas."
Luis Fernández Salcedo, Los Cuentos del viejo mayoral, Egartorre, 3° edición, 1999.

"Le bide cyclonique"
6 Juan Pedro domecq misérablement présentés, flatuches, podagres, mansotes, tarés et dégénérés. "Para calidad, ¡Domecq!"
Claude Pelletier, Callejón 6, 1986.

"Le taureau ne pense pas : il donne à penser.
Chaque taureau donne à penser au torero d'un mode distinct. Clair ou obscur, selon le taureau. Parce que le monde du taureau varie, selon son style."
José Bergamín, La Música callada del toreo (La solitude sonore du toreo), traduction de Florence Delay, Seuil, 1989.

Polémique à Zaragoza


La corrida de Victorino Martín lidiée il y a quelques jours à la féria du Pilar de Zaragoza a suscité une polémique, engagée semble-t-il par le maestro Esplá lui-même.
Globalement il se dit que les toros n’ont pas humilié, pas servi, et que le public s’est montré incompétent et injuste envers les toreros.
N’ayant pas assisté à la course nous ne prendrons évidemment pas parti. Mais nous connaissons des aficionados qui étaient sur place parmi lesquels, notamment, ceux de l’association La Cabaña Brava de Zaragoza. L’un d'eux nous a fait parvenir ce cliché tiré du journal EL Periódico de Aragón déjà révélateur quand au fait que les victorinos n’aient jamais humilié… Nous reviendrons sur cette polémique dans les jours à venir.

17 octobre 2006

Toreros al borde de una crisis de nervios... Zaragoza 2006


Pour l’occasion, elle a dû le repasser avec la chemise à carreau et le bermuda que titillent les chaussettes d'un marron franquiste. Il n’a pas l’air de s’en plaindre et s’active salement sur un bâton rouge dont le seul mérite doit être de lui fermer le clapet. Une chemise rose triste lui dessine les seins, tendus vers cette "virgen" qu’elle observe d’un œil soumis, comme toutes ces bonnes consciences qui paradent au pied du tas de fleurs. Elle le tient fermement, son gamin qui suce toujours le sucre rouge, et bafouille, dans son rouge à elle, un machin peut-être sincère à cette vierge qui consola Saint Jacques vers 40 après Jésus. La Virgen del Pilar. C’est quand même laid comme nom, faut avouer. Il paraît très pressé. Il doit être espéré par une autre femme aux seins tendus, dans des draps où les prières se meurent. Peut-être. Il court presque et l'effleure. Il est beau, elle ne prie plus, elle contemple.
- "¡Vamos Merce!" impose le mari qui en a terminé avec son repentir. Pour lui, ça ira pour l’année. Elle bouge sans comprendre, elle doit faire d’autres voeux, les mêmes depuis si longtemps. La loi du désir.

Luis Miguel Encabo, lui aussi, bouge sans comprendre. Il bouge beaucoup trop même. Souvent gratifié au sorteo dans sa carrière, il joua les danseuses mijorées tout au long de ses trois combats (c'est lui qui affronta le second toro de López-Cháves). Le premier Cebada Gago est un gentil "mou" sans difficulté apparente mais rien n'y fait, le diestro est ailleurs, comme un papillon encore timide sortant du cocon. Au dernier, un beau castaño, Encabo ne profita jamais de la franche noblesse du bicho et mit tous ses recours à se faire mésestimer d'un public pourtant sympathique. Un papillon mort-né. Passons, mais regrettons cependant de ne pas avoir pu mieux profiter des quelques qualités de 'Segador', le plus franc du lot à n'en pas douter.

Casa Emilio, Avenida de Madrid, Zaragoza (Aragón). Un labyrinthe des passions meurtries. Un repas en famille, un week-end de fête, une vierge qui pousse sur un lit de fleurs déposées en bataille. Les enfants, bien repassés comme l'autre, font tout leur possible pour imaginer des plis à leur anachronique décorum. Les parents, deux couples, entourent la dueña, rouge vif, même la tronche. Entre les judias au chorizo, dont se goinfre la plus jeune des mères, et l’estofado de toro, les regards dessinent les frustations de chacun, les rancoeurs et les peines tues. Le mari en orange, aussi fin qu’un brin d’herbe l’été, s’agace de sa femme au verbe haut et à la croûpe trop large. Elle le dégoûte, elle le sait mais le lui rend bien. On compose devant la marmaille. La abuela observe, entre deux bouchées gloutonnes, son autre fille s’évapore sans répit dans une fumée grise. Dévorée des yeux par le frustré haineux, la jeune serveuse brune tord son cul pour se convaincre qu’elle existe peut-être, au milieu de ce vide affectif. Y’en a qui déprime, elle, elle remue ses fesses en servant des fayots. Ils iront aux toros tout à l’heure parce qu’il a l’abono ! Il lui coûte cher mais peu lui chaut, il peut se le payer, il le clame, vautré sur une chaise abîmée, les yeux ferrés par un cul inconnu. Puis, les femmes partent avec les marmots, la serveuse débarrasse et les beaux-frères restent assis là, en compagnie d'un silence coutumier depuis quelques années. Le plus discret des deux a regardé sa femme au travers de la porte vitrée comme un chien perd son maître. Muet. Lui se disait encore, "hable con ella".

Vers 20h, dans sa chambre d’hôtel, Fernando Cruz s’est signé et a causé pendant des heures avec elle, la Virgen del Pilar, ou une autre, l’offre ne manque pas en Ibérie. Il lui a raconté tout, n’importe quoi, et son visage blanc, sillonné, raviné par la peur et l’effort a reconquis ses lignes du demain, de l’espoir. Fernando Cruz est une révélation de la temporada, surtout en Espagne d’ailleurs. Il s’est fait remarquer à Madrid, Pamplona, Bilbao et au final à Zaragoza. Tarde immense en blanc de vierge. Dans son traje superbe, il a fait rendre l’âme à 100 000 ongles, un millier de puros et a vieilli une assistance de quelques années-lumière. Tout ça pour deux toros. Son premier, 'Esquilo', est un faiblard à peine et mal piqué par Rafael Sauco. Difficilement entrepris par une cuadrilla très moyenne toute la course, le cebada affirme ses carences lors du tercio de banderilles mais sa caste le tient droit et Fernando espère. Depuis les medios, il cite ferme et 'Esquilo' galope vers le leurre. Quatre doblones comme des acacias, le genou à l’équerre, le bras bourreau tendu, quatre écartèlements, quatre morsures profondes. Un requin blanc ! 'Esquilo' ne supporte pas et s’arrête, rendu par sa faiblesse, écoeuré par un tel traitement quand la beauté devient supplice. C’est là tout le problème de Fernando Cruz. Dominateur dans l’âme, dans sa technique, il ne fait pas encore la part entre ces toros si communs qu’il convient de "choyer" et ceux, plus habituels pour lui, qui demandent torsion voire même contorsion. Il apprendra, espérons-le.

'Delincuente', n°32, restera longtemps dans les arcanes de sa mémoire. 564 kgs de mal. Une demie-tonne d’effroi, une parure de mort. Mal piqué encore, déjà fuyard, il fond sur les premiers châtiments de ce pâle visage, une fusée au cul. L’entame est fabuleuse et Cruz, croisé, angle droit surtendu, le plie, le tord sans rompre. Querencioso, 'Delincuente' décide seul du lieu de la bataille. Aux planches ! Fernando accepte et joue son sort, c’est un requin en apnée, une incohérence. Chaque passe est scandée par les cris, les « houuu », les « ahhh », un délire sans joie. Il n’y a pas de guerre propre.
Il a survécu, sans corne dans le corps, mais il devra réapprendre à respirer. Pour sa part, Felipe Barrera Parra, mayoral des toros de la "Zorrera", a dû sentir tout le poids de son feutre anthracite. Ce n’était plus la peine de prendre des notes ; de toute façon, il connaissait tout sur sa mère, elle mourra dans quelques heures, c’est certain.

A cinquante mètres de la Plaza del Pilar, presque à l’ombre des toits de tuiles multicolores, une petite rue annonce la fin des apparats de ce catholicisme de vitrine. Les visages moins lisses, plus colorés, racontent d’autres tropiques et de plus rudes vies. Le minuscule bar à la façade verte, surchauffé de musique et de rires enivrés, est gardé par trois femmes, trois "filles", trois cicatrices. Ce sont peut-être de nouvelles Pepi, Luci et Bom perdues dans la fadeur de la capitale aragonaise. Ce qui est sûr, c’est que ce sont bien des filles du quartier. Celle qui nous sourit est noire, le cheveu tiré à se rompre, les épaules larges et le gras protecteur. Elle tente une pose aguicheuse contre le mur jauni. De l’autre côté de la rue, une grande et grosse femme, noire ou métis elle aussi, palabre sévère avec une caricature rousse, sans dents, des galets dans la gorge. Elle ressemble à ces vieilles putes que dessinait Reiser. La géante métis ne cache pas ses yeux tuméfiés et violets ; il y a en elle un côté « Agrado », le transsexuel « authentique ». Elle doit raconter son histoire à la rousse rocailleuse qui écoute en clopant. L’autre sourit toujours, figée contre son mur. Un contraste, si peu de mètres, l’humanité dans tous ses atours.

'Segadillo', n°96, 540 kg de noire mansedumbre encastada. Et pas qu’un peu ! Atrocement piqué par Juan Aguilar Granada lors du deuxième assaut, carioqué à outrance, lacéré dans l’épaule, il court comme un guépard après la moindre mouche. Domingo López-Cháves, autre grande révélation de l’année (souvenez-vous de son affrontement avec les frailes de Bayonne), décide de mettre en valeur cette mobilité extrême et d’entamer au centre, sans doubler le gago. L’émotion est immédiate, très intense évidemment mais la charge est trop vive et ne s’atténue pas. Le matador de Salamanque s’arrime, parfois bien décentré, d’autres fois inesthétique (naturelles forcées) mais sincère, courageux. La première série à droite l’avertit qu’il ne faut pas trop jouer, le toro lui gueule sa mauvaise éducation un peu trop fort et Domingo prend à gauche où l’animal se sent plus sain. En confiance, Cháves répète à droite, la charge s’accélère et la cheville s'enrhume du vent froid du diamant. Ça ne loupe pas et 'Segadillo' perfore Domingo à la passe suivante, laidement, dans le haut de la cuisse. Le bas rose se fend d’une large traînée noire qu’un garrot blanc essaye de contenir. Le temps d’achever le labeur, le temps de dire au revoir à sa belle saison et López-Cháves quitte le cénacle en n’oubliant pas d’embrasser une brune sur le chemin du bistouri.

Comme les fleurs de la vierge de Saragosse, la temporada 2006 se fane avec les jours qui deviennent aujourd'hui plus vite nuit. Déjà, pensant à 2007, on se dit qu’il faudra revenir voir des toros parce que c’est là au fond de nous. ¡Volver!