17 décembre 2005

Résultats


Les résultats bruts des expertises réalisées le 15 octobre 2005 par les vétérinaires de l'AFVT sont en ligne sur le site de l'ANDA. Vous pouvez les consulter ici.

14 décembre 2005

Cano... Linares, Manolete, Dominguin... (II)


Paco Cano se lança entièrement dans la photographie taurine à partir des années quarante (1942). Faire le compte du nombre de clichés qu'il fit donne le vertige ; lui-même le déclare.
"Calculez que je vois environ cent quinze corridas par temporada et que je fais quatre ou cinq pellicules par tarde. Si vous faites le compte du nombre de photos, ça tourne autour du million... beaucoup en tout cas. Je crois que j'ai la meilleure archive photographique d'Espagne actuellement".

Tout au long de l'interview, Cano parle peu des toros mais beaucoup des toreros qu'il fréquenta au plus près car "à cette époque les toreros appelaient un photographe quand ils avaient besoin de photos et on restait 15 ou 20 corridas avec eux. J'ai voyagé avec pratiquement toutes les figuras. Avec Pepe Luis (Vázquez), Cagancho, Luis Miguel (Dominguin), Parrita, Ortega... Parrita fut un ami intime, on avait commencé ensemble, nous nous entraînions dans la placita de Marcelino qui était à une centaine de mètres de Las Ventas".

Le photographe est friand d'anecdotes et semble être très fier d'avoir pu fréquenter les personnages les plus illustres de son temps. Il évoque les actrices Ava Gardner, Ryta Hayworth, le réalisateur Orson Welles mais également le caudillo lors d'une fête organisée à El Toruño, chez Guardiola, au sujet de laquelle il se souvient qu'"à un moment, Arruza me prit l'appareil et dit : "Maintenant, que torée le photographe !". Je fis un quite et Franco me félicita".

Cependant, un souvenir, douloureux, est récurrent au milieu du flot des mots. Linares, 28 août 1947. "J'accompagnais Luis Miguel Dominguin. On ne se parlait plus à cause d'une histoire de factures jusqu'à ce que l'on se rencontre à El Pardo lors d'un festival qu'organisait Doña Carmen Franco. Il me prit à part et me dit que tout était réglé et que je devais le suivre pour le voyage. La première corrida fut précisément celle de Linares. Le matin, j'ai été aux arènes voir les toros, avant l'apartado. Après, je me souviens que je suis allé à l'hôtel Cervantes ; je me souviens qu'il y avait une grande discussion devant la chambre de Manolete [...]".

Cano faillit ne pas assister à la corrida l'après-midi, en tout cas depuis le callejón. "Un délégué ne voulait pas me laisser passer mais le gouverneur intercéda en ma faveur". La corrida terminée, il envoya les pellicules à Madrid comme le lui avait demandé Don Antonio Bellón dans le train. Evidemment, à cause de l'accident mortel de Manolete blessé par le toro 'Islero' de Miura, les photos furent très demandées et prirent de la valeur.
"Chez moi, c'était un défilé de journalistes qui voulaient m'acheter le reportage. Il fut publié en partie dans "El Ruedo" et "Digame". Je me souviens qu'ils voulaient me les payer 20 duros, je refusais. J'ai même cherché un avocat mais nous arrivâmes à un accord. Celui qui se comporta le mieux fut K-Hito qui me paya ce que je désirais".

D'ailleurs, toutes les photos ne furent pas publiées à l'époque et Cano revient sur l'une d'elles : "cette photo m'a coûté une fortune. Des personnalités du monde entier voulaient me l'acheter, même Lupe Sino. Ils venaient à la maison pour la voir et chaque fois je devais ouvrir une bouteille de vin et offrir des pinchos. Elle était comme mon trésor professionnel".
Pour Cano, Manolete fut son meilleur sujet. Il vante son naturel et la droiture qu'il avait face au toro. Cependant, il avoue aussi son admiration envers Luis Miguel dominguin : "J'ai une anecdote intéressante à son sujet. On m'appela pour faire un reportage à l'un de ses retours d'Amérique. Nous étions entourés de diverses personnalités et amis, et, en trinquant, un invité dit à Luis Miguel : "Oye, Miguel, quel bon ami tu as avec Canito ! Combien il t'aime !" Celui-ci lui répondit : "Non, attention! Canito n'est pas net !" Le silence se fit et tout le monde me regarda.
Je compris ce qu'il voulait dire et je l'expliquais aux convives : "Ce n'est rien. Luis Miguel a raison, il sait pourquoi et moi aussi. Je suis partisan de Manolete. Nous étions amis, je l'admirais mais j'étais partisan de Manolete."

Cano est peu prolixe sur les toreros et le monde des toros actuel. Il semble, dans l'interview, être figé dans sa mémoire. Quand on le croise parfois lors de certaines férias espagnoles qu'il continue de couvrir, on reste pantois de sa vitalité et de ce grand sourire collé sur ce petit corps. Photographe de l'instantané, ses photos ne sont pas, à mon sens, de grandes oeuvres d'art (comparées évidemment à d'autres maîtres de la photographie taurine) mais son oeuvre est pour le moins impressionnante, une somme pharaonique dans la focale de l'Histoire.

Aplausos, n° 496, 30 mars 1987.
Aplausos, n° 497, 6 avril 1987.

Les deux dernières photographies sont extraites d'un journal de l'époque, celle de droite est de Cano.

Cano... les débuts (I)


Sur un site consacré en partie à la photographie taurine, comment ne pas évoquer la vie et l'oeuvre de Francisco Cano, doyen de cet art ? Surnommé "Canito", ses clichés sont des témoignages inestimables sur la corrida des années 1940 à nos jours. Une ethnographie du monde des toros.

En parcourant d'anciennes revues espagnoles, j'ai retrouvé une longue interview du maître dans laquelle il conte sa vie et évoque sa passion, les toros, et peut-être surtout, les toreros qu'il côtoya et dont il fit partie un court instant.
Fils de Vicente Cano "Rejillas", novillero sans gloire, Paco Cano donna ses premières passes à 13 ans, à un novillo échappé de l'abattoir. "Quand ils l'attrapèrent et le ramenèrent à l'abattoir, ils décidèrent de le toréer. [...] Mon père se mit devant et puis finalement, je lui ai donné quelques passes avec un sac. Je me suis senti plus apaisé que jamais, une sensation que je n'ai pas éprouvé depuis". Sobresaliente à Alicante, puis matador alternant avec un certain Faraón dans les pueblos de la région, c'est la guerre (civile 1936-1939) qui interrompit sa carrière. " Durant le conflit, j'ai eu deux contrats. D'abord une novillada à Orihuela organisée par la F.A.I. et puis une autre à Alicante, celle-ci montée par le Parti Communiste. Je me souviens que j'étais à la maison et qu'arriva une camionette de miliciens qui demandaient après moi. Ma mère s'inquiéta beaucoup mais quand j'entendis qu'ils voulaient m'engager, je sortis et je leur dis qu'il n'y avait aucun problème. Dans cette novillada, j'ai reçu une cornada dans les testicules et quand j'ai pu à nouveau marcher, je me suis rendu à Madrid, accueilli chez un ami, Gonzalo Guerra Banderas".

Après la guerre, il effectua une trentaine de contrats mais sa carrière végétait. Et la photo ? Quand est-elle apparue ?
"Tout commença avec Gonzalo qui faisait des photos couleurs ; il était chimiste, passionné par la photographie. A nous deux, nous achetâmes deux tubes de métal sur lesquels nous installèrent un objectif. [...] Ceux qui me voyaient riaient. Mais un jour à Madrid, lors d'une tarde où débuta Alejandro Montani "El Sol del Perú", je fis un reportage intéressant que mon ami Miguelillo montra au torero à qui mes photos plurent et qui me passa une belle commande. Cela m'ouvrit les yeux et je poursuivis sur cette voie. J'ai acheté un Leica (et un téléobjectif de 13,5) que je conserve toujours. [...] C'est avec lui que je fis le reportage de Linares"...

Aplausos, n° 496, 30 mars 1987.

12 décembre 2005

Jouer au toro


On ne voit plus les enfants jouer au toro. Le manque d’espaces libres et relativement sécurisés des rues, la baisse d’afición chez les adultes, et, par-dessus tout, le football, en ont fini avec un jeu qui auparavant était des plus courant.

Dans le fond ça manque de ne plus voir jouer les enfants dans les rues, et pas seulement au toro, mais à n’importe quel jeu. A ce propos je me permets de vous conseiller une lecture. Il s’agit d’un extrait consacré au jeu des corridas de toros, inséré dans le livre du jésuite Santos Hernández qui a pour titre : Juegos de los niños en las escuelas y colegios publié en 1876 par la maison d’édition Saturnino Calleja.

Il est curieux et vaut le détour. Son lien dans la Bibliothèque Virtuelle Miguel de Cervantes est Corridas de toros.
D'après Bastonito

11 décembre 2005

UVTF (II)


L'ANDA, par la voix de son Président, Laurent Giner, n'a pas tardé à réagir aux évènements du week-end. Voici le communiqué de l'Association Nationale des Aficionados :

Nîmes : ville d'afeitado légalisée
Ces Nîmois nous font rire parfois lorsqu'ils essayent de nous persuader que leur ville est la deuxième cité taurine du monde ou la troisième pour certains moins prétentieux. En revanche ils deviennent très énervants, lorsqu'ils agissent en franc-tireur dans l'affaire PALHA-UVTF.

ACTE 1 : l'analyse de cornes
Les arènes et la ville de Nîmes se sont soumises aux analyses de cornes, avec un protocole établi depuis 4 ans, comme toutes les villes de l'UVTF. Lorsque des élevage ont été interdits, Nîmes a toujours suivi les consignes (sauf pour les Victoriano del Río de février lidiés 15 jours après l'AG de l'UVTF). Jusque-là, personne ne s'est plaint des protocoles, ni des façons d'analyser. Comment la commission taurine et ses satellites peuvent-ils à ce jour remettre tout cela en cause ?
Depuis quand M. Fournier s'occupe t-il de tauromachie à Nîmes ?
Même lorsque l'AG de l'UVTF se tient à St-Gilles ou Béziers, il n'assiste aux débats et encore moins aux votes.
Comment le président de la CTEM ose déclarer sur Radio France « ne pas comprendre la décision de l'UVTF car Nîmes n'a jamais porté plainte » ou remettre en cause les résultats d'analyses des cornes ? C'est un peu fort de café ! Il y a incontestablement eu fraude. Les analyses faites par l'Association des Vétérinaires Taurins et la contre expertise accablante du Docteur Sautet l'attestent. Personne ne peut aller à l'encontre de ces résultats scientifiques, pas plus le maire, la commission taurine que son président ou n'importe quel aficionado. En ce qui concerne le protocole de prélèvement, rien ne pourra changer tant que le frontal ne pourra pas être récupéré entièrement (pour cause d'ESB) Quoi qu'il en soit, Nîmes n'a pas à remettre ce protocole en cause, puisque même les ganaderos incriminés ne le contestent pas.

ACTE II : ganaderías et langue bleue
Annoncer que l'on ne peut pas se passer de PALHA en ces périodes de disette ganadera, c'est avoir une vision du campo bien étroite. Les gradins se remplissent, quoi que l'on affiche, les dimanche et lundi de pentecôte. Il suffit de chercher un petit peu ailleurs. Nous pouvons vivre une saison taurine différente des autres (à Nîmes comme ailleurs). Le problème d'épizootie devrait décupler l'imagination de nos directeurs d'arènes et de leurs représentants au campo. Imaginons-les arpentant le campo de Salamanca pour trouver la perle rare, dans les 350 élevages à disposition, UCTL (1er groupe) et ANGL (2ème groupe) confondus. Nîmes peut très bien se passer des PALHA une année. Arles s'est bien passé des MIURA en 2005. La corrida du dimanche n'est pas non plus la clé de voûte de la féria. Même si nous aimons et soutenons le comportement de cette ganadería, les sanctions doivent s'appliquer à tous y compris a ceux que nous aimons (je parle des toros).

ACTE III : aficionados, réagissons !
Nous avons donc été trompés (vous allez me dire que ce n'est pas la première fois) et pris pour des c... par le ganadero. Si en plus la ville de Nîmes s'y met... Concernant le vote en AG de l'UVTF, elle aurait pu au moins, avoir le courage de ses opinions en votant contre l'interdiction. Verdict sans appel : sin vergüenza.
Nous allons donc jouer notre rôle de con... sommateur aficionado reboussié. Par respect pour tous ceux qui n'ont jamais réussi à obtenir d'analyses de cornes ; pour tous ceux qui se sont empêtrés dans des méandres juridiques avec des avocats ou des huissiers à la solde des villes et organisateurs, nous n'avons pas le droit de laisser cette affaire en l'état et clore ce dossier. Dommage qu'une de nos ganaderías préférées soit au coeur de la tourmente. Jamais plus, nous n'aurons une telle situation à notre avantage (analyse et contre expertise accablante). Accompagnés d'amis aficionados détenteurs du billet, nous allons déposer une plainte. Quel que soit l'objectif judicaire que nous choisirons, les organisateurs qui présenteront des toros de PALHA en 2006, auront droit a des distributions de tracts et des banderoles non officielles* déployées sur les gradins. A très bientôt, bon hiver à tous.
Laurent Giner
Président de l'ANDA

* Nous avons demandé à l'UVTF de supprimer l'article 31a interdisant l'entrée aux arènes de banderoles non officielles avec l'en-tête des clubs taurins (suite aux problèmes montois). Ils nous ont répondu par la négative. En clair, nous pouvons payer, applaudir mais pas manifester.

10 décembre 2005

UVTF


Fin 2004 les toros de la ganadería dirigée par João Folque de Mendoça lidiés à Nîmes sont déclarés positifs suite aux analyses pratiqués pars les vétérinaires de l’AFVT. Autrement dit, les cornes de ces toros présentaient un manque de substance. D’une façon ou d’une autre elles avaient été raccourcies. De ce fait, l’UVTF décide de se passer des services de cet élevage durant une saison. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. D’autres ganaderos y sont passés, hélas, car tous, on l’imagine, doivent se livrer à quelques arrangements avec leur âme pour s’adapter aux lois obscures du marché taurin.
Cette fois-ci pourtant les choses ne se passent pas simplement. Il faut dire que Juan Pedro Domecq était tombé lui aussi. Mais langue bleue oblige, l’Andalou n’a pas eu à user de la langue de bois puisque ses toros étaient bloqués, interdits de passer la frontière. Il fit donc le gros dos en laissant passer l’orage.
Pour le reste il y eut insultes, dénigrement des membres de l’UVTF, des compétences des vétérinaires ayant officié, invocation du complot et surtout pour Folque de Mendoça invocation de son honneur de ganadero bafoué, plus une demande de contre-expertise.
Raymond Couderc, dans un souci d’équité, accéda fort logiquement à cette demande, suspendant de ce fait la sanction. Cette attitude pourtant responsable lui valut quelques attaques féroces. Une contre-expertise plus tard, le manque de substance est confirmé ainsi que la sanction votée à la majorité. Pas de Palha donc en France en 2006. Tout semblait rentrer peu à peu dans l'ordre jusqu’à ce que le premier magistrat de la ville de Nîmes, depuis Paris, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine annonce s’asseoir purement et simplement sur les décisions de l’UVTF en demandant à Simon Casas de bien vouloir programmer un lot de Palha pour 2006. La Fédération des Sociétés Taurines de France et l'ANDA ont dû apprécier !
Aujourd'hui le site Internet Mundotoro annonce que le bureau directeur de l’UVTF a voté, à l’unanimité, l’exclusion de la ville de Nîmes de l’UVTF. L'affaire n'est sans doute pas terminée, loin de la. Quant au ganadero incriminé… et compte tenu de son sens de l’honneur, je l’imagine mal faire combattre un lot de ses animaux dans un ruedo où il est suspendu. Ce serait contraire à l’éthique, à la morale et surtout à l’honneur, ça, non ? Et justement, avec un tel sens de l’honneur je n’ose imaginer pareil scénario. D’ailleurs un autre ganadero, lui aussi au sens de l’honneur très chatouilleux, Victorino Martín, dans pareille situation avait préféré l’exil plutôt que de se voir - selon lui - injustement pointé du doigt.
A suivre...

Quizz taurin sur Excel


Notre ami Bastonito nous propose un quizz taurin. Pour y jouer il faut le programme Excel et surtout de solides connaissances taurines concernant les toreros et ganaderías d'avant la guerre civile espagnole.

Il faut répondre à 50 questions, certaines très faciles, d'autres beaucoup moins. Attention aux accents ! Le premier qui trouve les 50 réponse nous le fait savoir !

Pour jouer il faut télécharger le jeu, l'enregistrer sur son disque dur et le décompresser. C'est très simple. Il faut reconnaître 10 fers et 40 toreros.

Ça devrait vous occuper le week-end !

09 décembre 2005

Une photographie impressionnante

Il y a dans cette photographie du mouvement, elle bouge presque. Je ne sais pas de qui elle est et je ne reconnais pas l’arène. Le matador, de dos, pourrait être Juan Belmonte, et le toro semble avoir des origines vazqueñas, probablement des ganaderías de Concha y Sierra, Trespalacios ou Veragua. Je penche pour une des deux premières.
La photographie représente une passe de poitrine avec la main droite (aidée) et on peut y noter la violence de la charge du toro. Observez la manière dont le toro charge "con todo", observez son imposant trapío, sa musculature puissante toute en tension et de quelle manière il met les reins.
Cette photographie de l’avant guerre nous permet de nous rendre compte ce que nous fait perdre l’actuelle tauromachie light. Faire ce que faisaient ces toreros avec de tels animaux est beaucoup plus méritoire et émouvant que ce qui peut être exécuté maintenant avec des bestioles décastées, manipulées et à moitié moribondes. Quelle peine !
Si quelqu’un avait des informations sur ce cliché qu’il nous contacte…
D'après Bastonito

06 décembre 2005

On prend les mêmes et on recommence


On pouvait s'en douter mais l'information est maintenant officielle. La saison tauromachique française 2006 se fera avec les ganaderías des zones "libres" de tout moucheron. La réunion qui se tenait aujourd'hui même à Paris et qui réunissait des techniciens du ministère de l'Agriculture, le président (député-maire de Bayonne) de l'UVTF, Jean Grenet, des empresarios comme Simon Casas et des directeurs d'arènes françaises n'a pas fait évoluer la situation favorablement. Le principe de précaution, tout-à-fait compréhensible au demeurant, a été choisi et de ce fait, nous ne verrons pas cette année encore d'élevages andalous ou extrémègnes dans nos arènes.
Un vaccin est en cours de recherche, on le savait, mais la saison 2006 se déroulera comme celle de 2005, à condition qu'au printemps le moucheron ne soit pas remonté plus au nord en Espagne. Souhaitons que les empresas aient les moyens et le temps de prévenir ce genre de "contrariétés".

Je joins le lien du site Mundotoro sur lequel l'information est visible ( avec une courte interview de Simon Casas) : http://www.mundotoro.com/.

05 décembre 2005

Les maux bleus


Le mot du président de l'ANDA joint au palmarès de ladite association est passé quelque peu inaperçu dans leur site pourtant minimaliste... Nous vous le proposons donc ici.

Les maux bleus
Notre assemblée générale vient de clôturer la saison taurine 2005. La tauromachie vit encore, tout au moins celle que nous concevons. Cette tauromachie c’est celle où le toro est roi, où l’on a gardé ou essayé de garder intacte son intégrité. Merci donc à ces placitas citées dans le palmarès mais aussi aux locomotives que sont Vic et Céret, perdues au milieu de la ronde des grandes férias. La saison a été très moyenne voire mauvaise, aux dires de l’afición, notre palmarès en est malheureusement le reflet. Le toro, élément fondamental de la corrida, n’est que trop souvent l’ombre de lui-même. Peu de force, peu de race, beaucoup de noblesse imbécile et les résultats sont là. « Mais où sont les batacazos d’antan ? » chanterait le poète. D’un problème récurant depuis plus de 10 ans, ajoutons cette temporada la langue bleue. Un temps abattue par cette nouvelle, l’afición y a trouvé une certaine réjouissance. Nous allions enfin vivre une saison taurine différente des autres. Le problème d’épizootie décuplerait l’imagination de nos directeurs d’arènes et de leurs représentants au campo. Nous les imaginions déjà arpentant le campo salmantin pour trouver la perle rare, dans les 350 élevages à disposition, UCTL et ANGL confondues. Les vedettes qui voudraient venir se remplir abondamment les poches dans nos arènes, devraient se plier aux nouvelles contraintes du marché. Rêve utopique haut de gamme, pour aficionado lunaire. Nos directeurs d’arènes se sont jetés ensemble sur les mêmes élevages, qui font le malheur de l’afición depuis quelques années (Montalvo, Puerto de San Lorenzo, Domingo Hernández…). L’ANDA et d’autres initiés, connaissaient par avance les résultats à 98% (voir Taquill’ANDA). Les organisateurs professionnels seraient-ils moins bien informés que les amateurs que nous sommes ? Ou peut-être le choix des toros ne les intéresse pas ? Une fois encore nous les avons surestimés, mais le pire reste à venir. La fièvre catarrhale a gagné du terrain et le nombre d’élevages à disposition se réduit à vue d’œil. Peut-être, verra-t-on les férias marathon (2 spectacles par jour) se réduirent et les corridas ou novilladas de 3ème zone, aux montages douteux, disparaîtrent. Pour en terminer concernant le toro, l’afeitado se légalise, se professionnalise. Les corridas scandaleusement « tronçonnées » ont disparu. (Certains esprits fins me rétorqueront que c’est grâce à l’absence de MIURA). Plaisanterie mise à part, l’afeitado est devenu plus fin, mieux soigné afin de rester dans la norme tolérée. Pour preuve, les analyses de cornes effectuées par l’UVTF donnent une augmentation des résultats positifs sur une corne. Peut-on imaginer les barbiers ne travaillant que sur une corne ? Quant au certificat d’arreglado : il en pleut, il en pleut, il en pleut… L’effet de l’affrontement Palha-UVTF se fait sentir. Notre trait d’humour à ce sujet, dénonce bien le manque de tenue de ce "ganaduro". Il n’est nullement question de remettre en cause le comportement intéressant des toros marqués du P mais celui de leur propriétaire. João Folque se devait, cette temporada plus que toute autre, de redorer son « blason royal » terni par la dernière saison. Il s’est enlisé lamentablement avec pour couronnement une contre-expertise plus accablante que la première. La sanction mériterait d’être doublée. Pour finir cet état des lieux de la maison corrida, le livre Otros d’Emmanuel BLANC, primé en plume d’aigle ouvrira les yeux de certains réfractaires nous traitant de « pisse vinaigre ». Des produits illicites sont utilisés sur des taureaux de combat. Luis Fernández SALCEDO s’en plaignait au début des années 70. Les produits ont évolué, leur utilisation aussi. Contrairement aux chevaux de course, la viande de toro se consomme, des problèmes de santé publique sur la viande de toro ne seraient pas les bienvenus. Messieurs les organisateurs, prudence.
Laurent Giner
Président de l’ANDA

03 décembre 2005

Yquem


A Yquem, on privilégie la qualité au rendement. Un cep de vigne ne permet d'obtenir qu'un seul verre de vin par an. Et lorsque le vin n'est pas digne de son rang, il n'est pas mis en vente ou il est dégradé. Les millésimes 1974 et 1992 n'avaient pas été commercialisés. La production moyenne est de 600 hectolitres par an. Le rendement de Château Yquem est seulement de 6 hectolitres à l'hectare, c'est à dire 10 fois moins que les autres vignobles. Cela représente un verre par cep de vigne ! C'est le plus faible rendement au monde.

Voici un lien intéressant
(d'où a été extrait le passage ci-dessus) sur le plus prestigieux liquoreux de la planète.

01 décembre 2005

Trapío (VIII)

Lorsqu’il s’agit d’aller vers la facilité et de gagner quatre sous à risques minorés, il se trouve toujours des taurins et des plumes serviles pour s’en prendre à l’aficionado, ce cochon de payant seul responsable des maux qui accablent la fiesta.
Si les toros sont décastés et tombent, n’en doutez pas, c’est à l’afición qu’on le doit et plus particulièrement à celle qui s’attache encore à ce détail désuet et sans importance qu’est l’aspect extérieur du toro de combat : le trapío. Voyons ! la seule chose qui compte, c’est qu’un animal plus ou moins moribond ait la faiblesse de supporter un quart d’heure d’une centaine de passes. Réduisons donc ce tercio de piques barbare et qui n’intéresse que les attardés. Humanisons la fiesta comme ils disent... Si les toros tombent, c’est qu’à la demande des aficionados on les produit trop gros, hors du type, trop armés et surtout trop âgés. C’est à l’âge de trois ans qu’il faudrait les lidier en corrida, comme au bon vieux temps de l’après guerre. Le spectacle en serait plus brillant et tout le monde s’y retrouverait. Halte à l’imposture !
Regardez attentivement ce cliché pris à Madrid à la Venta del Batán. Il s’agit d’un superbe exemplaire de Dolores Aguirre, pur Parladé via Atanasio. Il a été lidié à Las Ventas il y a moins d’un lustre. Le trouvez-vous trop gros ? Trop gras ?
Peu importe son poids, vif ou en canal, car le trapío c’est ça. Rien à voir avec les blocs de saindoux et les éléphants en peluche produits en série par des éleveurs peu scrupuleux qui déshonorent la profession ! Regardez bien ce seigneur, son oeil vif, son port de tête altier, son morrillo enflé et son armure intacte. Vous chercherez vainement à y déceler le moindre atome de graisse. Alors, laissons donc les éléphants à l’Afrique ou à Annibal le carthaginois et conservons sur la rétine les formes splendides et idéales de ce pupille de Doña Dolores, la banquière de Bilbao dont la finca est en Andalousie et le coeur à Madrid. La grande dame pourrait rouler en Rolls, mais elle a coutume de rentrer de la plaza en métro. Nous l’y avons rencontrée.

Texte de Joël Bartolotti tiré de l'ouvrage TOROS - Regards sur la tauromachie, Editions La Renaissance du Livre.