29 juillet 2006

Un "bon lot" de toros, paraît-il... Orthez 2006






Photographies des toros de Gallon sortis à Orthez le dimanche 23 juillet 2006. Cette course ne m'inspire aucun commentaire, malheureusement, si ce n'est que je ne partage absolument pas les avis de certains médias taurins sur Internet et de certains journaux régionaux qui ont vu un bon lot de toros. Pour ma part, il me semble avoir assisté à un défilé de bichos faibles (quatre sur six), manquant singulièrement de caste et de bravoure, en particulier lors du tercio de varas. Mettons de côté le second (dernière photographie) qui s'engagea sous le fer et qui fit preuve d'alegría dans sa charge aux banderilles et en début de faena. Certains zozos demandèrent même une vuelta... Mais bien-sûr ! Les toros "français", d'origine Domecq le cas présent, méritent peut-être le soutien de l'afición, et la passion de la famille Gallon encore plus, mais cette course fut décevante, de media-casta et pleine de faiblesse (notons tout de même que le superbe castaño enmorrillado se blessa en piste en cognant contre un burladero dès sa sortie et en recevant une pique dans les reins... Que du déjà vu en somme).

17 juillet 2006

Queue des larmes... San Fermín 2006 (IV)


J'ai juste plus envie d'écrire. Il fait orage depuis cet après-midi.
Ferrera fut immense avec deux trous dans les cuissots et cette grisaille encastée qui le poussait à bout. J'ai gueulé "torero" comme les autres. Les récompenses ? Le ridicule ne tue pas non plus à Pamplona. Il est sorti en regardant un gosse qui le bouffait des yeux, à lui.
On a chanté El Rey, on nous a entendu "llorar y llorar" jusqu'à Tijuana et c'était la fin, putain de "hijo de puta" de 14 juillet. A ma droite, vautré sur le filin, il pleurait, c'était fini.
Y’a pas grand-chose à dire.
Pobre de mí.
Superman est mort, le père Noël n’existe pas, Cendrillon a quitté le prince charmant, Georges W. Bush est toujours président des Etats-Unis, j’ai des carries, les schtroumphs ne sont plus bleus, la carte bancaire agonise, y’a pas de vagues à Hossegor, Almodovar arrête les films, Spiderman s’est fait bouffer tout cru par une grenouille géante, Stendhal n’a pas écrit Le Rouge et le noir...
Mille cierges de fortune ont esquissé des cieux de tristesse, San Fermín vient de partir sur la Costa Brava rejoindre San Isidro et les vierges de Séville, Sainte Madeleine les retrouvera un peu plus tard, leur nouba s’annonce d’enfer.
Catorce de julio, un nouvel an commence...
Y’a plus grand-chose à dire...
Adichat's.
Bon voyage à toi petite... qui ne me lira pas...

"Dancing King"... San Fermín 2006 (III)


Jeudi 13 juillet 2006. 16h30.
Pamplona roupille, digère, distille. C'est la soupe à la grimace devant la Meca. La soldatesque de la magouille est mieux rasée que d'habitude, le souci de plaire oblige. Ils nous regardent gentiment , pour une fois, mais il y a des fidélités dont on se passe aisément. Le guichet des arènes est ouvert et affiche en immense : "Hay billetes para la corrida del 13". Provocation !
Estafeta vivote, les festayres tirent leurs derniers boulets. Seules les marchands de glaçons sont de "juerga". La San fermín se regarde mourir, comme portée par une agonie irrémédiable, pleine de joie et d'abrazos. La glacière est prête, au menu aujourd'hui : daube du Tursan, saucisses fermières et un petit jaja des graves. De quoi tenir deux heures en somme. Puerta D-E. C'est la procession des poubelles, le défilé des glacières, la farandole des hielos. L'escalier jusqu'aux andanadas est plus que raide, le bruit monte, c'est connu. Le numéro de la place ne compte pas. Tu poses tes fesses quelque part entre le sale et la lumière. Les peñas s'installent, une fourmillière prépare l'impatience d'y être. Il y a deux peñas à éviter quand on est aux andanadas de sol. La "Rotxapea", nid d'ignares dont l'emblème est une blonde mignonette à l'amabilité d'un pittbull psychopathe et la peña "San Fermín", nid de couillons gras du bide et bas de neurones. Mettez-vous ailleurs, avec les autres, ceux qui se foutent d'où tu viens et qui te remercient pour leur fête quand tu leur dis que ça fait x années que tu noircis ton postérieur entre la sección 10 et la sección 14.

18h30. Le graves passe bien ma foi. Dans un instant, Juli, Miguel Angel Perera et Posada vont se coltiner 6 toros de Fuente Ymbro, du Jandilla pur porc. Pour des cochons, ils en furent. A part le premier bien dans le type et con trapío, le reste fut un salmigondis de possibles saucisses, d'éventuels boudins noirs, de probables andouillettes. Du poids, du poids, du poids ! Et des cornes, c'est vrai. 685 kgs de barbaque pour le second, allez comprendre pour du Domecq. Posada prenait l'alternative. Tout le monde l'a applaudi, pour lui souhaiter une belle carrière et puis on est retourné à nos affaires. Le graves, maintenant, surfe au fond de la gorge et à côté de nous vient de s'assoir María. Le cheveu noir comme le poil des Fuente Ymbro, le sourire comme une banane de Guadeloupe trempée de sangria et tous les bleux du ciel dans ses grandes pupilles, un île du pacifique ; on plonge, sans se mouiller la nuque.
Le doctorant s'est un peu fait manger par son toro, une bestiole bravita et encastée à la charge correcte. Ils lui ont filé le prix Carriquirri. Ils font ce qu'ils veulent après tout. María est sympathique et généreuse. Sa glacière jaune et verte pèse lourd et elle veut l'alléger. Elle chope nos écuelles et les fait disparaître, puis renaître, llenas, avec des fruits qui flottent. Magie du lagon bleu ! Le Juli est dans la place, Yo. "Juli ! Juli !...". Le camion de chipolatas est une mule sans fond qui passe bien à gauche. Rien aux piques (à part la classique carioca et la "normale" : une puya assassine dans les reins) mais de toute façon, on danse ; c'est la Chica Yeye.

"No te quieres enterar,
Que te quiero de verdad
No te quieres enterar,

No te quieres enterar, ye ye,
Que te quiero de verdad, ye ye ye ye,
Y tendras que pedirme de rodillas,
Un poquito de amor.
Pero no te lo daré, ye ye,
Porque no te quiero ver, ye ye ye ye
Porque tù no haces caso ni te apiadas
De mi pobre corazón".


C’est l’heure du grand rendez-vous, la marche nuptiale de la corrida à Pamplona, notre « hymne à la joie », une symphonie du bonheur de vivre.
On se lève tous, on se déhanche bizarrement, les bras tendus vers le soleil. La Chica Yeye ! Ça dure jamais assez longtemps. Les chevaux ont fait leur besogne, les mecs plantés dessus beaucoup moins bien, la Chica Yeye s’est faite supplier pendant de trop courtes minutes. Avé, María ! Le Juli entame à gauche, intelligemment, en choisissant le terrain adéquat. Le toro met mal la tête mais le maître du ruedo n'a pas dit son dernier mot. Bien en face du berceau, la jambe ultra avancée, il se croise comme un écartelé. Trois ou quatre passes qui font faire la ronde au bicho, trois ou quatre coups de bambou pour le rôti tout noir. Du grand art dans la technicité. Le Juli est un king. Changement de main et le toro passe, il abdique ; c'était une évidence. En quatre passes, ce petit homme a dit ce qu'il savait, quasiment tout sur les toros. Miguel Angel Perera est d'un ennui. Cette grande silhouette "sveltesse" ferait ronquer une pile Duracel. Ses faenas sont stéréotypées, il est là, planté devant la bête et il donne des passes mais il ne les fait pas. L'entame porte pourtant sur le public. Un cite de loin et hop, la suerte du pendule qui effraie les mamies, les papys, la belle-fille, le petit garçon et ces mozos du soleil en mal de "grandes" émotions. Techniquement, cela ne conduit pas la charge, n'impose rien à la bête, ne lui explique pas ce qu'elle doit faire. C'est un quiebro, ni plus ni moins. Après, oh mon dieu, après ! Autant de passes que de pélerins à Lourdes le 15 août.

María poursuit ses tours de magie pendant ce temps-là et c'est bien heureux ! Juli a remis ça à son second, en mieux peut-être, encore plus dominateur, encore plus croisé. J'ai profité du calme offert par l'almuerzo (divine la daube du Tursan) pour savourer la leçon. Ce mec fait comprendre les toros, toujours un peu mieux. Le graves est terminé, pas la glacière de María. A l'attaque ! Perera revient. Posada aussi est revenu mais on était en apnée au fond du bleu, noyé dans une sangria salvatrice. En haut, collés sous la tôle verte, les músicos, parmi lesquels les "Calientes" de Dax, ont commencé un délire venu du nord et des années 1970-1980. Le répertoire entier d'Abba y est passé. Boîte de nuit et une boule à facettes géante au-dessus de nous. Dancing Queen a rendu tout ce peuple hystérique ; je pensais au Juli, le king.

On s'est tous claqué la bise en partant, en se disant à demain ou à bientôt ou à l'an prochain pour ceux qui ne revenaient pas.
Les escaliers de la plaza de toros de Pamplona sont raides, le bruit descend toujours à un moment, c'est forcé... Il descend lentement pour ne pas se casser la gueule.

16 juillet 2006

Les yeux d'un gosse... San Fermín 2006 (II)


C...,
Je te tenais la main au milieu de cette foule calme qui attend les toros. Nous déambulions lentement dans les allées toutes vertes qui courent à la plaza de toros de Dax. J’étais minot, bien habillé par maman ; tu lui avais dit qu’il fallait toujours être bien sapé pour une corrida. Nous devions penser aux mêmes choses, j’en suis certain, et elles se résumaient en quatre lettres : toro.
Devant les arènes, il y avait des étalages de bouquins, de revues, d’affiches. Je rêvais devant ces papelards qui donnaient à ma passion naissante une force dans l’attente de te tenir la main les jours de corrida. Tu t’arrêtais bien devant et tu cherchais, tu fouillais. Tu savais ce que tu voulais. Je savais ce que tu voulais. Nous voulions la même chose. Du toro ! Des toros en couverture, des toros en photos à l’intérieur, des toros au campo. Du toro ! Une photo, ça disait ce que cela voulait dire. On savait ce qu’on achetait. Balcón taurino existait encore,
Aplausos déjà. C’était notre préférée, Aplausos, avec sa cabeza en haut à droite et ses clichés de toros dans le violet du printemps andalou et... Miura. A Aplausos, c’étaient des inconditionnels des toros de Zahariche. Les premiers que j’ai vus, c’était là, dans Aplausos. Tu me montrais comment ils étaient faits, m’expliquais que leur morrillo il était foutu comme ça, pas comme chez les autres et que la papada, ben il n’y en avait pas. J’étais à la messe, je les avais dans les yeux les miuras.
Après, on devient grand et on perd ses yeux de gosse. On ne tient plus la main de personne quand on va aux toros et on s’abonne à Toros, plus la peine d’acheter à l’étal.
Le 9 juillet 2006, à 18h30, je suis redevenu ce môme. J’ai vu six couvertures d’Aplausos fendre le vacarme. Six miuras, de ceux dont tu me parlais dans la voiture, en rentrant, même Camarón je l’entendais pas. Habituellement, les miuras de Pamplona c’est du costaud. Y’a du poids et des cornes. Cette année, il y avait ce petit plus infiniment difficile à dire, de l’ordre du pur ressenti qui vous met le système pileux droit comme la relève de la garde à Buckingham. L’Eduardo, il a dû se faire refriser la moustache l’an dernier. La présentation était plus qu’anodine voire même indigne avec la sardine sortie en sixième. Les bonnes sœurs de la miséricorde c’est pas commode quand ça se fâche, j’imagine.
C..., tu connais Pamplona. Le Bruit et la fureur mais pas façon Faulkner. A 18h30, ils ont levé leurs mains vers Dieu ou San Fermín, à droite, au soleil, ils ont gueulé le Te Deum.
Ils avaient déplié une grande banderole, façon revendication politique à la mode basque et Yolanda a eu droit, comme tous les jours, à ses « hija de puta » face auxquels elle fait montre d’un sang-froid et d’un calme tout « tomasistes ».

Sur l’écran digital en face de moi, l’annonce de la première couverture défilait en rouge : "Papalino, n° 64, cárdeño, 650 kg...". La porte du toril s’est ouverte et une cathédrale grise s’est érigée en deux secondes sur le sable de ses ancêtres. La « abuela », à ma droite, a poussé un « ouh ! » d’admiration, y’avait rien d’autre à dire. 'Papalino' a montré certains signes de faiblesse, surtout au moment des varas qu’il prit comme un manso, ni plus ni moins. J’ai craint que l’histoire récente ne se répète ; ces lots de grands mous que nous infligent les brothers depuis quelques années.
Non, 'Papalino' s’est repris et a fait suer le grand Fundi. Un combat, comme autrefois les miuras, tête à mi-hauteur ou droit vers les andanadas, des arrêts subversifs et des vueltas de chat à qui on aurait écrasé la papatte. 'Papalino' est mort en Miura, longuement, agonisant après l'échec du Fundi à l'épée.

Couverture n° 2 : "Trianero, n° 45, chorreado en verdugo, 695 kg...". Que dire ? Train, locomotive, truck américain, paquebot... Une estampe miureña, gigantesque mais ne paraissant pas son poids. Classique. Un tío noir aux cornes astifinas, c'est pas ce qu'il y a de plus encourageant chez Miura. Padilla, casaque rose et cravate rouge, la bombe façon Mickey surdopé, un vrai gâteau d'anniversaire pour gamin de cinq ans. Il a mal à la main et la tronche fendue d'un grand sourire au paseo.
Tu le sais C..., au second toro à Pamplona déboulent les cantiques. El Rey de José Alfredo Jiménez puis la Chica Yeye pendant les piques. Padilla connaît par coeur et pourrait bien aller faire le guignol avec les peñas s'il le voulait. Cette année, pourtant, lui qui vient de Jerez, devait plutôt entendre un autre cantique sous son immense palmito. Dans l'église jaune oeuf de Triana (Séville), la confrérie du même nom intronise chaque année les nouveaux membres qui feront le pélerinage du "Rocío". Une lumière blanche soutient les voies gutturales qui se demandent : "Porque Triana, Triana...". Et oui, Juan José, tout valeureux qu'il est, devait se demander "pourquoi 'Trianero', 'Trianero'...". 'Trianero' fut dangereux, difficile et certainement burriciego. Jamais centré, le "cyclón" fut trimballé d'un côté du ruedo à l'autre par un ouragan. La mise à mort fut catastrophique et longue, si longue. Mme la Présidente ne devait pas savoir qu'il existe des avis qui scandent le spectacle. Enorme bronca donc et applaudissements au bicho par vengeance et pour mettre en exergue sa résistance pathétique et douloureuse.

'Lagartijo', troisième couverture de mon enfance. "Lagartijo, n° 44, cárdeño oscuro, 655 kg...". Quand on a déjà vu Vilches, on se demande ce qu'il faisait là. Son fin toreo ne pouvait que difficilement s'accorder aux charges de springboks des miuras. 'Lagartijo' ne dérogea pas à la règle même si beaucoup d'espoirs reposaient sur son morrillo étant le frère de ce 'Lagartijo' qui obtint le prix Carriquirri ici-même en 2003. Rien n'alla pour l'esthète même s'il fit bonne figure et tenta de réduire le faux frère.

Quatrième couverture : "Trabuco, n° 53, negro bragado, 670 kg...". Il a traversé la piste comme si le toril était en feu. Une grande chose si fragile a dû se dire mon "abuela " de voisine. Tu parles de la grande chose fragile. Fundi a compris rapidement même si 'Trabuco' fut le premier à montrer de la fixité à la pique et à témoigner d'une certaine gentillesse à droite. Cela se révéla d'ailleurs durant la faena. Le maestro de Fuenlabrada s'arrima comme à 18 ans et réussit à tirer trois ou quatre séries à droite, se servant de la caste brusque du miureño et restant dans le même terrain. On entendit même des olés venus des quatre points cardinaux, exploit pour un quatrième toro, celui de l'almuerzo. Du dominio, du bon Fundi ! Même pas une vuelta al ruedo pour dire merci à ça. Pamplona ne sait pas toujours être digne quand elle digère.

5ème couverture : "Caprichoso, n° 43, castaño bragado corrido calcetero, 585 kg...". A peu près l'océan Atlantique entre les deux pitones et de toutes petites chaussettes blanches derrière. C'est pourtant le moins Miura de tous, il semble plus bas, moins musculeux, moins Cabrera pour tout dire. Notre gâteau d'anniversaire l'entame par chicuelinas, ce qui est stupide à ce moment-là. 'Caprichoso' est fixe aux piques mais la tête n'est pas réglée pour autant. Ce n'est pas grave, dans un quite, "Palidia" lui sert deux faroles qui lui envoient l'Atlantique dans le ciel légèrement voilé, la charge n'est pas conduite, encore moins dominée. Aux palos, le miura montre une franche et belle alegría qui s'affirme en début de faena au cours de laquelle Padilla étouffe le bicho au lieu de lui laisser l'aisance de courir comme il ne cesse de le dévoiler. Patatras, le résultat est rapide et le toro s'avise baissant de régime. Un gâchis, peut-être plus grave encore que le fiasco de la mise à mort du premier. Cet animal méritait mieux et nul ne doute que sa tête aussi coûtera cher un jour.

C..., le 3 juillet je déambulais dans les Corrales del Gas, à côté du río Arga, dans un no man's land qui cachait des merveilles encornées. Le 3 juillet, je suis resté une heure à ne regarder que lui, 'Solano', le n° 48, de 660 kg. Tu m'en avais montré des miuras dans Aplausos, j'en ai vu un paquetazo ici à Pamplona et des beaux. Putain, C..., celui-là c'est le définitif même s'il ne faut jamais écrire ou dire ce genre de conneries.
Il est sorti comme on rêve que sortent les miuras. Il a senti le soleil qui bouillait, il a entendu le bruit le long de son échine et il s'est retourné. Debout, oui debout ! La tête en haut du burladero, les quatre pattes vissées à la terre qui craignait de s'ouvrir et la tremblote caractéristique de la fureur apportée de cette terre à lézards qu'est Zahariche. "Señor ! Señor !" La "abuela" n'a rien dit, pas un souffle, pas un son. On ne sait jamais, il aurait pu nous entendre. Elle m'a seulement effleuré le bras et ses yeux ont tout dit. Des yeux de gosse, comme les miens. Il a été Miura, dur, âpre, avec ces demi-charges et la tête qui vole. Je n'ai pas vu Vilches, je n'ai pas entendu le Paquito Chocolatero final, je ne pensais même pas à Zizou qui bouffait des macaronis.

Claude Pelletier a écrit un jour au sujet d'un autre miura, celui-là lidié à Dax en 1985, qu'il était "suffocant de présence tragique". C'est ça. Exactement ça.

C..., j'ai passé vingt minutes avec ta main dans la mienne, face aux arènes de Dax ou d'ailleurs, je savais que tu étais là. Tu aurais adoré 'Solano', ce miura définitif.

Feliz cumpleaños C..., puisses-tu en voir encore longtemps des couvertures d'Aplausos comme celles-là.

11 juillet 2006

Après les mâles... San Fermín 2006 (I)


Il lui manque un truc entre les pattes arrière, c’est certain. Elle ne court pas l’encierro comme les mâles. Elle attend sagement dans les corrales de la plaza de toros. Quand son cher et tendre a fini de faire le beau sur les coups de 8h03, elle est prête. Elle doit sentir que tous ces zozos d’Australiens, d'Américains ou d'Allemands sont là.
« Aux innocents les mains pleines… »
On la pousse vers le fond du couloir avec de long bâtons qui claquent sur le sol, elle ne demande que ça, sortir vers là-bas, leur montrer qui elle est.
Ils forment un V sur le sol, bravant la fougue, annonçant une victoire de la témérité.
Que nenni, elle surgit comme un chat, toute ébouriffée de hargne.
Lui là, avec le sac à dos, ou celui-là qui fait des signes à ses copains dans les gradins... Non, plutôt ce « trou du cul » qui frappe avec son Diario. Y’en a partout bordel ! Lequel ? Où taper ?
30 secondes et la voilà qui tourne sur le sable introuvable tant il y a de monde. Elle cherche, hésite, se retourne mais le jeu est faussé.
L’Australien lui tape sur l’échine, lui tient une corne ou tente de la maîtriser. Mais pauvre con, c’est pas un teckel que t’as sous le nez, c’est une vache brave. Respecte !
Du respect, il en a reçu cet ignare, une salve de respect façon Jean-Claude Van Damme. Il se relève malgré tout, sous les sifflets du public, fait comme si de rien n’était mais se demande encore pourquoi sa tronche a servi de pâte à modeler aux orfèvres du coup de poing. Réfléchis, idiot.
Le lâcher de vaches plaît beaucoup au public des Sanfermines. On passe là avant de mettre « la viande dans le torchon », on y vient entre amis, on y insulte quelques oiseaux nocturnes en mal de sensations fortes à petit prix, on y décompresse après la tension de l’encierro, on se file des rencards pour plus tard, quand le corps dira oui.
Les vaches reviendront demain, les mêmes, pas les toros...
Cette année, un jeune mozo anglo-saxon, Ray Ducharme, est resté sur le carreau... Paraplégie !