Il lui manque un truc entre les pattes arrière, c’est certain. Elle ne court pas l’encierro comme les mâles. Elle attend sagement dans les corrales de la plaza de toros. Quand son cher et tendre a fini de faire le beau sur les coups de 8h03, elle est prête. Elle doit sentir que tous ces zozos d’Australiens, d'Américains ou d'Allemands sont là.
« Aux innocents les mains pleines… »
On la pousse vers le fond du couloir avec de long bâtons qui claquent sur le sol, elle ne demande que ça, sortir vers là-bas, leur montrer qui elle est.
Ils forment un V sur le sol, bravant la fougue, annonçant une victoire de la témérité.
Que nenni, elle surgit comme un chat, toute ébouriffée de hargne.
Lui là, avec le sac à dos, ou celui-là qui fait des signes à ses copains dans les gradins... Non, plutôt ce « trou du cul » qui frappe avec son Diario. Y’en a partout bordel ! Lequel ? Où taper ?
30 secondes et la voilà qui tourne sur le sable introuvable tant il y a de monde. Elle cherche, hésite, se retourne mais le jeu est faussé.
L’Australien lui tape sur l’échine, lui tient une corne ou tente de la maîtriser. Mais pauvre con, c’est pas un teckel que t’as sous le nez, c’est une vache brave. Respecte !
Du respect, il en a reçu cet ignare, une salve de respect façon Jean-Claude Van Damme. Il se relève malgré tout, sous les sifflets du public, fait comme si de rien n’était mais se demande encore pourquoi sa tronche a servi de pâte à modeler aux orfèvres du coup de poing. Réfléchis, idiot.
Le lâcher de vaches plaît beaucoup au public des Sanfermines. On passe là avant de mettre « la viande dans le torchon », on y vient entre amis, on y insulte quelques oiseaux nocturnes en mal de sensations fortes à petit prix, on y décompresse après la tension de l’encierro, on se file des rencards pour plus tard, quand le corps dira oui.
Les vaches reviendront demain, les mêmes, pas les toros...
Cette année, un jeune mozo anglo-saxon, Ray Ducharme, est resté sur le carreau... Paraplégie !