29 février 2012

Après, dehors, c'est moins ça…


Seule la maison a des airs de campo. À l’intérieur. Après, dehors, c’est moins ça. L’herbe est rare là, rase ici. Autour, ce ne sont que céréales et chemins agricoles. Les toros boivent dans de vieilles baignoires en céramique. Y en a un qui est couché de dos aux autres. Il mâchonne en regardant les bâtiments mal entretenus. Des ruines. Je n’arrive pas à me dire que c’est le campo. Ça. Là. Devant moi. Ça s’appelle Díaz Guerra. Guerra. La guerre. On n’en est pas loin. C’est le paysage qui le dit. Un camp de réfugiés, l’éphémère partout, les réfugiés ça ne reste pas, on erre de pierre en pierre, un poteau, une corde. Y a du vent, il fait froid. Ces toros-là, j’en ai jamais vu. On ne les voit nulle part. Je pourrais écrire au futur. Ils font partie de ce tas d’élevages, de ce monceau d’encastes qui sont devenus des réfugiés. Les réfugiés, c’est pas fait pour rester, je l’ai déjà écrit. Quand ils restent, quand ils reprennent racine, les autres les détestent. C’est pas fait pour rester les réfugiés.
Mariano de León, c’est lui le ganadero. Mariano de León parle de son élevage avec une douceur inversement proportionnelle au côté foutraque du campement. Ça fait bizarre. Je m’attendais à un butor, le genre qui te casse trois phalanges en te serrant la patte et ça le fait sourire. La bûche sans écorce, « faut l’boire d’un cul-sec sinon ça vous brûle la langue », il te dit et ça le fait sourire. Je m’attendais à ça. J’avais envie de partir, je voulais un campo bien comme il faut. Mais ça n’existe pas un campo bien comme il faut. Et puis j’aime pas les mecs avec des chicots, ils me rappellent mes problèmes dentaires. Mariano de León venait de se raser. Il sentait le gars qui part au taf à la Caixa, pas au campo. Il n’a pas conduit comme un jobard, il a fait attention. Il voulait que l’on comprenne bien son élevage, sa démarche, sa passion, ses difficultés. Il parlait bien. Je comprenais chacun de ses mots. Il n’avait pas de chicots. J’ai regardé pour sûr. Sa voix ne forçait jamais, il fallait tendre l’oreille. Pas espagnol pour un peso sur ce point-là. Pédagogue le mec.
Il a parlé longtemps. Ses toros, pas les Domecq qu’il avait achetés à Adolfo Martín (eh oui !), c’étaient des vieux machins d’origine Jijón. Le Jijón ! Compliqué le Jijón. Non vraiment, réellement, totalement compliqué. Le Santa Coloma, on a des points de comparaison. Le Saltillo aussi. Il en reste peu mais il en reste. Le Jijón ? Que dalle. Y a plus rien, bernique, bagatelle. La nuit est nue. Mariano de León a expliqué les différences entre ses réfugiés et les Domecq. Ça sautait aux yeux. Il parlait vraiment doucement. Il les caressait de la voix c’était à croire. Dans la maison, les murs étaient blancs et dessus y avait des photos. Ça faisait campo. Un campo campagnard, réduit à l'essentiel. Ça lui ressemblait, je me suis dit. À gauche, sur le mur, il avait fait encadrer un texte de Salvador Valverde sur sa ganadería. J’ai lu en diagonale. Salva expliquait les origines. Ça avait l’air d’être vraiment des descendants Jijón. C’est ce que démontrait Salva. Ça serait bien que ce soient des Jijón. Au fond on s’en fout mais j’aime bien l’idée que parfois restent les réfugiés. Les autres ça les fait chier. Juste un peu mais un peu quand même. Ça me plaît bien, ça.

>>> Retrouvez une galerie consacrée à cette petite ganadería sur le site www.camposyruedos.com, rubrique CAMPOS.

Photographie Un Díaz Guerra au campo devant la baignoire © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com

27 février 2012

Coger la carretera


Las bonitas aventuras suelen empezar con una llamada de teléfono. 
“¡Flo!
— ¡Hola Ramón! ¿Qué pasa?
— Mañana vamos a Sevilla, ¿te vienes?
— ¡A Sevilla! ¿No me habías dicho que íbamos a Teruel?
— Sí pero al final nos vamos a Sevilla, a Castilblanco de los Arroyos.
— ¿Y para ti es mejor ir hasta Sevilla que a Teruel?
— Sí, en el Sur uno se siente más torero.
— Pues vale, nos vemos mañana entonces.

Queda poco más de un mes antes de Fallas y la última aparición de Ramón en su plaza de Valencia. Esta fecha le obsesiona y durante un mes, él lo va a dejar todo en un segundo plano para entrenarse, ponerse delante del toro y volver a encontrarse con sus sensaciones, sus reflejos y sus quiebros que han hecho de él “El Blanco”, una figura para todos los aficionados del recorte
Vamos a coger la carretera del Sur, persiguiendo los toros que ayudarán a Ramón a recuperar el sitio, poco a poco perdido durante este largo invierno en el cual los morlacos se ausentaron de nuestras calles levantinas.
Mil seiscientos kilómetros previstos, unas dieciseis horas de carretera en compañía de Ramón, “Chime” y Pepe. Tres fuentes inagotables de afición, de anécdotas, de alegrías y cornadas. Tengo razón en pensar que este viaje no me va a pesar nada.
Curiosamente, es mi primer viaje taurino hacia el Sur. Una especie de desvirgamiento tardío. Escruto el paisaje, busco los famosos toros de Osborne que — al igual que mojones esparcidos — nos guían en la carretera. Por fin pasamos el desfiladero de Despeñaperros. Aquí esta el Sur. Las primeras fincas, las primeras ganaderías y las primeras sombras negras que distinguimos en el horizonte. Para meternos un poco más en el ambiente, paramos a tomar un café en la Mezquita, bajo la mirada inquisidora de un imponente colorado de Gimenez Indarte lidiado en las calles de Museros. Extraño. ¿Como esta cabeza de toro disecada ha recorrido el camino de Valencia a Jaén?
El resto del viaje se hace de noche hasta nuestro hotel de Alcalá del Rió. Por supuesto paramos en Sevilla. El ambiente, siempre el ambiente y este acento que te recuerda que estás muy lejos de Valencia. A la 1h30 despertamos al portero de nuestro hotel que se ha dormido delante de una peli porno. Bonito panorama. Con ganas de volver a los brazos de Morfeo nos expidió rápidamente hacia nuestras habitaciones.
Al día siguiente a las 10h30 pasamos el portón de la finca donde nos espera el ganadero. Los amigos de Pepe son sus amigos, y le ha prometido soltar en el ruedo de su bonita plaza de tienta unas 4 vacas ya toreadas hace 2 meses. Todo es bueno cuando se trata de entrenarse. El ganadero no esconde su sorpresa de vernos llegar desde Valencia para recortar sus vacas. Para él, será una primera vez y está un poco escéptico en cuanto a esta nueva experiencia.
Sus dudas desaparecerán rápidamente. La primera vaca salta al ruedo. Después de la ronda de observación que consiste en hacer correr el animal para observar sus reacciones, Ramón se planta en el medio de la plaza, provoca al animal y le roba su primer recorte. Luego encadena los quiebros y el famoso reverso. Ramón vuelve a ser “El Blanco” y el ganadero luce una sonrisa de oreja a oreja y unos ojos como platos.
“¿Chico como lo has hecho?, ¡hazlo otra vez!”
Después de un cuarto de hora, la vaca coge la puerta. Es el turno de la 95. Pepe la conoce por haberla toreado hace un mes y medio aproximadamente. Un recuerdo inolvidable. ¿Saldrá igual de buena para el recorte? La vaca salta al ruedo, fiera y decidida a pelear. Entra fuerte, de lejos y al primer cite. Ramón disfruta y sacará todo su repertorio, relajado y totalmente en confianza. Todo el mundo se regocija. Bajo el cielo azul, y sobre el albero dorado, la conexión entre la furia negra y el recortador vestido de blanco es una alquimia de colores. La fuerza y la elegancia, la decisión y el quite. La tauromaquia a cuerpo limpio no tiene nada que envidiar al toreo.
La 95, cuyo nombre no sabe ni el mayoral, sale a desgana de la placita. Al contrario que sus hermanas, coge el camino que lleva al prado donde pastan las vacas de vientre. Privilegio de una futura madre. “El Blanco” esta en la gloria. Esta 95 acaba de justificar los mil seiscientos kilómetros.
Durante la comida quedamos con el ganadero para Fallas. Éste está encantado con la experiencia vivida.
Para nosotros es hora de coger la carretera. La noche está al caer. La noche y el cansancio son propicios para las confesiones… Dejémoslas para una próxima vez.
El fin de semana siguiente, Ramón volverá a coger la carretera hacia este Sur donde “uno se siente más torero”, esta vez acompañado de Albert de Juan. Un dúo que, estoy seguro, hará maravillas.

Fotografía 
Entre Valencia y Sevilla, febrero 2012 © Florent Lucas

25 février 2012

Salir al quite


Esplanade des arènes de Nîmes, décembre 2011.

Quite : action d'écarter le danger loin d'un confrère en difficulté.

La scène se déroule il y a une semaine lors du premier colloque du cercle ATYP'. Après une première prise de parole, suivie d'un court débat, arrive le tour de Luis Francisco Esplá de prendre place sur l'estrade. Il vient parler d'éthique, de tauromachie et pour finir d'éthique tauromachique. Il s'installe, pose quelques feuillets devant lui, s'aperçoit que ce ne sont pas les bons et commence à fouiller ses poches, sereinement d'abord, plus fébrilement ensuite, à la recherche de ses notes.
Dans la salle, on commence à penser que le Maestro a oublié ses documents à Alicante ou Barcelone, c'est alors que discrètement, Alain Montcouquiol s'avance, prend le micro et s'adresse simplement à l'assistance en disant : « À ma connaissance, c'est bien la première fois qu'Esplà perd les papiers ! »
Eh bien il les a retrouvés aussitôt.

¡Olé, los artistas!

24 février 2012

Koudelka sur mon frigo


Pour Philippe…

Elle est longtemps restée sur mon frigo. Je l’avais achetée à Lisbonne. J’en avais acheté deux. J’en ai offert une à un ami. En la découvrant, j’avais aimé le pelage du toro. Si l’on peut considérer cette bête comme un taureau de combat. Au dos, il n’y avait rien inscrit de particulier. Je n’en savais pas plus sur l’auteur du cliché. En rentrant, je l’ai accrochée sur mon frigo. Avec d’autres cartes postales reçues de-ci de-là. Mais celle-là je l’aimais bien. Le pelage du toro, le noir et blanc, le Portugal. Je l’aimais bien pour tout ça. Parfois je la regardais sur mon frigo en sirotant le jus d’orange au goulot, en cachette. Parfois, je n’y faisais pas attention. J’ouvrais le frigo, je le fermais, je ne la voyais pas. L’habitude qu’elle soit là, je me dis.

Je l’ai perdue.
Je bois mon jus d’orange et je ne la vois plus. Je regarde la porte de mon nouveau frigo. Je la referme. Il n’y a rien dessus. Je l’ai perdue.
Aujourd’hui, je sais qui a tiré ce cliché. C’est étrange que je découvre son auteur au moment précis où il disparaît de mes habitudes. Ça ne change rien. C’est étrange la vie des fois. C’est tout.
C’est Josef Koudelka qui a pris cette photographie. En 1976. À Nazaré. Au Portugal. Josef Koudelka est un photographe d’origine tchèque. Il n’est pas mort. Kertész était hongrois, il est mort. Je ne crois pas que Kertész ait un jour photographié des toros. Je me trompe peut-être. J’aurais aimé. Josef Koudelka a reçu tous les prix que peut imaginer recevoir un photographe dans sa vie. Mais cela n’a aucune importance. Les prix, les médailles ne servent qu’à flatter, rassurer ou déculpabiliser ceux qui les refilent. C’est abject les prix. Y a les César ce soir. Abject. Josef Koudelka a fait des photographies face auxquelles les mots ne sont que mutisme.
Prague, 1960. Une silhouette « out of focus », un arbre vague à droite. Voyage au bout de la nuit. On dirait qu’il neige.
En 1976 — j’aime bien cette année 1976 —, Josef Koudelka a traversé le Portugal. Il a pris cette photo qui manque sur mon frigo.
C’était donc lui. J’ai découvert que c’était lui par hasard. En regardant un portfolio de Sabine Weiss sur Internet. Par hasard. Je trouve que ça va bien avec la photo le hasard, mais c’est une autre histoire ça. Sur Internet, la photo est intitulée « Josef Koudelka. Portugal, Estremadura. Town of Nazaré, 1976 ». That’s all. Cartier-Bresson laissait des légendes. Pour le contexte. Pour situer. Koudelka n’a laissé que ça. Après tout, ça n’a aucune importance, je ne regarderai plus jamais mon frigo du même œil.


>>> Josef Koudelka chez Magnum Photos.

Photographie Portugal, Estremadura. Town of Nazaré, 1976 © Josef Koudelka/Magnum Photos

Prendre la route


Les plus belles aventures commencent souvent par un coup de fil.
 « Flo !
— Salut Ramón ! ¿Que pasa?
— Demain, on part à Séville, tu viens ?
— À Séville ! Tu m'avais dit qu'on irait à Teruel.
— Finalement on part du côté de Séville, à Castilblanco de los Arroyos.
— Tu préfères aller jusqu'à Séville ?
— Oui, dans le sud on se sent davantage torero.
— Très bien… On se voit demain alors. »

Il reste un gros mois avant les Fallas et la dernière apparition de Ramón dans ses arènes de Valence. Ce rendez-vous l'obsède et pendant un mois il va abandonner femme et enfant pour s'entraîner, se remettre devant le toro afin de retrouver les sensations, les reflexes et les quiebros qui ont fait de lui « El Blanco » : une figura pour tous les aficionados al recorte.
Alors on va prendre la route du sud, à la poursuite des toros qui aideront Ramón à retrouver son sitio, peu à peu perdu durant ce long hiver où les cornus se sont absentés de nos rues du Levante.
Mille six cents kilomètres en prévision ; à peu près seize heures de route en compagnie de Ramón, « Chime » et Pepe : trois sources intarissables d'aficíon, d'anecdotes, de joies et de coups de cornes — j'ai raison de penser que ce trajet ne va pas me peser.
Bizarrement, c'est ma première virée taurine dans le sud. Un genre de dépucelage tardif. Je scrute le paysage à la recherche des fameux « Toro de Osborne » qui, comme des bornes éparpillées, balisent notre route. Enfin, nous basculons de l'autre côté du défilé de Despeñaperros. Voilà le sud : les premières fincas, les premiers élevages et les premières ombres noires aperçues au loin. Histoire de se plonger un peu plus dans l'ambiance, nous prenons un café à la Mezquita, sous le regard inquisiteur d'un imposant colorado de Giménez Indarte lidié dans les rues de Museros. Étrange. Comment cette tête de toro empaillée a-t-elle fait le chemin de Valence à Jaén ?

Le reste du voyage jusqu'à notre hôtel d'Alcalá del Río se fait de nuit. Évidemment, nous nous sommes arrêtés à Séville. L'ambiance, toujours l'ambiance et cet accent qui te rappelle que tu es ailleurs, bien loin de Valence. À 1h30 nous réveillons le portier de l'hôtel qui s'est endormi devant un film porno… Le tableau est sympa. Pressé de retourner dans les bras de Morphée, il nous expédie rapidement vers nos chambres.
Le lendemain à 10h30 nous franchissons le portail de la petite finca où nous attend le ganadero. Les amis de Pepe sont ses amis, et il lui a promis de lâcher dans le ruedo de sa coquette placita de tienta quatre vaches déjà toréées il y a deux mois. Tout est bon quand il s'agit d'entraînement. L'éleveur ne cache pas sa surprise de nous voir débarquer de Valence pour écarter ses vaches. Pour lui c'est une première, et il est assez sceptique sur l'expérience à venir.
Ses doutes vont rapidement s'envoler. La première vache fait son entrée en piste. Après le round d'observation consistant à faire galoper l'animal afin d'observer ses réactions, Ramón se plante au milieu du ruedo, provoque l'animal et lui vole son premier recorte. S'enchaînent les écarts et le fameux reverso (une sorte de quiebro au cours duquel Ramón réalise un tour complet sur lui-même, perdant de vue l'animal au moment de la feinte). Ramón redevient « El Blanco » et le ganadero arbore un large sourire et deux billes en lieu et place de ses yeux.

« Chico, comment tu fais ça ? Recommence pour voir ! »
Au bout d'un quart d'heure, la vache prend la porte. C'est le tour de la numéro 95. Pepe la connaît bien ; il l'a toréée voici un mois et demi environ. Un formidable souvenir. Sera-t-elle aussi bonne pour le recorte ? La vache surgit sur le sable, fière et décidée à en découdre. Elle entre fort, de loin et au premier appel. Ramón jubile et va enchaîner tout son répertoire, relâché et totalement en confiance. Tout le monde prend son pied. Sous le ciel bleu andalou et sur le sable doré, la connexion entre cette furie noire et le recortador tout de blanc vêtu est une alchimie de couleur. La force et l'élégance, la décision et l'évitement. La tauromachie a cuerpo limpio1 n'a décidément rien à envier au toreo.
La 95, dont le mayoral ne connaît pas le nom, sort à contre cœur de la placita. À deux reprises en l'espace de deux mois, elle a pu démontrer la bravoure qui court dans ses veines. Contrairement à ses sœurs, elle prend le chemin du pré où paît tranquillement un petit groupe de vaches de ventre. Privilège de future mère. « El Blanco » est aux anges : la 95 a justifié à elle seule les mille six cents kilomètres.
Lors du déjeuner, le rendez-vous est pris avec l'éleveur pour les Fallas ; ce dernier est enchanté de l'expérience qu'il vient de vivre.
Il est temps pour nous de reprendre la route ; la nuit nous enveloppera dans une paire d'heures. La nuit et la fatigue sont propices aux confessions… Gardons-les pour une prochaine fois.
Le week-end suivant, Ramón sera de nouveau dans ce sud où l'« on se sent davantage torero » accompagné, cette fois-ci, d'Albert de Juan. Un duo de choc qui risque de faire des étincelles.

1 La tauromachie a cuerpo limpio, que l'on peut traduire par la tauromachie « à corps découvert », se base sur trois composantes majeures, que sont le recorte, l'écart (ou quiebro) et le saut, déclinées dans toutes les variantes possibles.

Photographies Entre Valence et Séville, février 2012 © Florent Lucas


23 février 2012

Nimeño… III


Cendres

Hier, sur le calendrier, mercredi 22 février, Cendres. Les cendres, c'est sa matière. C'est ce qu'il déplace, retourne, remue, brasse et ressasse, depuis des années, depuis la mort de son frère. Cendres. Elles se sont déposées en strates successives à la surface magmatique de sa mémoire. Et, régulièrement, il s'en échappe des fumeroles, des bouffées disparates qui montent dans les airs, chimériques témoins du feu qui couve comme un coeur sous la cendre. De ce passé mille fois consumé, mille fois révolu, mille fois revenu, s'embrasent des escarbilles telles des phénix uniques, poétiques et truculents, désespérément humains et dérisoires.

Des feux follets qui éclairent le chemin et font danser les  rêves infinis comme dans cet extrait :

« Chacarte avait soulevé la veste brodée, il la tenait à deux mains en me disant : 
— Vas-y, passe les bras ! Les deux en même temps. On va bien voir, si elle te va. 
La veste tomba, lourde, sur mes épaules.
— Impeccable ! dit Chacarte en me donnant une claque dans le dos, lève les bras ! tourne-toi. Es-tu à l’aise ?
J’obéissais cérémonieusement aux indications, je levais les bras, je tournais sur moi-même, je simulais quelques passes, j’étais face au soleil d’avril qui pénétrait vif par la fenêtre du balcon. Dès que je bougeais, les paillettes dorées scintillaient, et les vieux murs étaient éclaboussés de lumières dansantes.
— Qu'en pensez-vous Concha ? demanda Rafael
— On la dirait faite sur mesure.
— Tu as un costume de lumières à toi, Nimeño ?
— Non, maestro.
— Alors, garde celui-là, et qu'il te porte chance. »

Avant de me rendre le livre qu'il venait de dédicacer, il s'est arrêté sur la photo de la jaquette : « El Rubio, la vie de ce gars est à elle seule un roman… » Chiche !

¡Olé, los artistas !


>>> Vient de paraître : Alain Montcouquiol, Le fumeur de souvenirsÉditions Verdier, 2012.

Des Valverde… français


Ça commence à transpirer. L’élevage Héritiers du Curé de Valverde a été vendu… à un Français.

C’est donc en Camargue, pas très loin d’Alès finalement, que vont atterrir « les restes » de l’élevage. J’utilise les guillemets car nous ignorons dans quel état se trouve actuellement le cheptel. La seule chose que nous pouvons dire, c’est que l’heureux (on verra) propriétaire de cette vacada mythique n’est pas Simon Casas ! C’est tout ce que nous pouvons en dire pour le moment.

Trève de plaisanterie, et de mauvais goût, j’en conviens, il n’empêche que j’ai une pensée pour Salva…

22 février 2012

« Si Dios quiere »


Va por ti Juan Luis

Bip-bip, tiene un nuevo mensaje: « Estimado caballero.
Nos vemos el 30 de septiembre en Algemesí a las 10:30 en el hotel del polígono industrial. Saludos cordiales, Juan Luis. »
¡Por fin! Había pasado un mes de tentativas vanas de ponerme en contacto con el novillero Emilio Huertas y su entorno, con el objetivo de seguirle durante el día de su actuación en Algemesí. Me quedaba apenas una semana antes de este gran día.
Desde que estuve en septiembre de 2010, me había propuesto volver a Algemesí para disfrutar del ciclo de novilladas que allí se realiza, de sus peñas y de su plaza de toros cuadrada hecha de madera y cuerda erguida en el medio del pueblo. Allí descubrí a Emilio quien triunfó en 2010. ¿Por qué no proponerle un seguimiento, cámara en mano, el día de su reaparición en esta misma plaza? En fin, pasar un rato con un novillero que se pone delante de los Escolar, Yonnet y Prieto de la Cal tiene que ser una grata experiencia para un fotógrafo aficionado.
A las 10 en punto, el mismo 30 de septiembre, me encontraba delante de un hotel de polígono industrial. Bien preparado, las baterías cargadas, el material en la mochila, los consejos de otros fotógrafos grabados en la cabeza y alguna que otra idea sobre las posibles tomas a captar. En cambio, no estaba nada preparado para vivir una experiencia humana extraordinaria…
38 minutos, 2 cafés y 3 cigarros más tarde, la furgoneta de cuadrilla se para delante del hotel. Había perdido un poco el Norte y tras el caluroso saludo de Juan Luis — el mozo de espada — del apoderado Tomás Campuzano, de Emilio y de su picador, solo pude murmurar un glacial: « Hola, soy Flo. »
« Ven Flo, vamos a tomar un café. » Perfecto, así será el tercero. En voz baja y algo apartados del resto explico a Juan Luis que no soy ni periodista ni fotógrafo profesional, y que el reportaje no saldrá en ninguna revista. Tan solo es un proyecto personal: mi único objetivo es pasar el día con ellos, hacerme muy pequeño, no molestar, hacer algunas fotos de Emilio cuando se viste y ya está. La respuesta de Juan Luis no deja lugar a duda: « Sube a la furgoneta, nos vamos al sorteo. Démonos prisa sino llegaremos tarde. »
Por fin respiro…
Emilio se quedó en el hotel con Alvarito. Tradición y superstición. El torero no participa en el sorteo: conocerá a sus adversarios cuando salten a la arena.
¿Qué puede hacer un novillero en un hotel de polígono industrial un viernes por la tarde? Cavilar, intentar domar los fantasmas negros que desfilan en su cabeza, dudar, sencillamente: ¡pasar miedo! Esperar todo un día sin distracción posible, es la prueba más dura que tienen que pasar los toreros. Lo tengo claro: la próxima vez me quedo con Emilio en el hotel para compartir estos momentos, esta angustia.

A nuestra vuelta, Emilio está sentado sólo en una mesa de la sala del restaurante con el periódico deportivo delante de él. Lo habrá leído tres veces por lo menos. Enseguida el maestro Campuzano se sienta a su lado. « Cómplices » es el titular del Superdeporte; bonita foto de circunstancia.
« ¿Cómo es la novillada, Maestro? — Muy bonita, Emilio, muy bonita… »
Suena a respuesta estereotipada. Acude a la mesa el resto de la cuadrilla que asistió al sorteo. Todo el mundo está de acuerdo: « Muy bonita. » Bien hecha y muy bonita. Un poco alta, es verdad — el nº 52 es especialmente cuajado para una plaza de tercera categoría —, pero muy bonita. Tomás Campuzano no para de repasar sus notas sobre el reconocimiento, tan minúsculas que caben en un confeti. Mientras el picador y el mozo de espada simulan la cornamenta de cada res con sus dedos, Emilio se rasca inconscientemente la cabeza al nivel de la coleta; sus manos se cierran, se abren, sus dedos se cruzan. Una tensión se instala lentamente, apenas rota por las bromas y las risas del resto de la cuadrilla.
« Vamos a comer, Flo. Te sientas con nosotros. »
Juan Luis sabe romper estos momentos de tensión con el calor y la firmeza que caracteriza a los Manchegos. Me deja tomar la distancia que necesito para hacer mi trabajo y sabe engancharme otra vez al grupo. Nado en la felicidad. Estoy en el extremo de la mesa, presidiéndola, con toda una cuadrilla y un torero delante de mí. Noto que Emilio está tenso y evita cruzar mi mirada y la de la cámara. Me divierto acercando el visor para ver como su mirada cambia al hacerlo y como la conversación que tiene con su compañero pierde naturalidad.
« Señores, es la hora de la siesta. »
Juan Luis acaba de cambiar el tercio. Todo el mundo sube a las habitaciones. Los picadores son las personas más motivadas para realizar este tipo de ejercicio porque, en un santiamén, han bajado las persianas. Para los demás, y para Emilio en particular, comienza una nueva espera. Son las 14h30 y la corrida empieza a las 17h30; tres largas horas sin siesta, tres largas horas donde el reposo es fingido.
El respeto hacia el torero impone que le dejemos tranquilo en su habitación. Pero rápidamente la habitación se transforma en un va y viene de toda la cuadrilla a la expresa demanda de Emilio. Me cuelo en ella, me hago muy pequeño dentro de esta habitación de doce metros cuadrados donde… llegaremos a ser seis. Unos acostados en la cama, otros sobre una manta en el suelo, y el menos afortunado, sentado en un rinconcito de la cama. Se comenta, se habla, se bromea — por supuesto, el toro está omnipresente en las conversaciones. Emilio habla muy poco pero quiere que se le hable. Una vez más parece dudar, tener miedo, invadido por estos demonios negros de carne y hueso que saldrán dentro de poco al ruedo algemesinense. Afrontar fantasmas es más complicado que afrontar a todos los Prieto de la Cal, Yonnet y Escolar juntos.

« ¡José, ven! José! José!
— ¿Qué pasa Emilio?
— ¡Ven! »
La solución a las angustias de Emilio se llama José Otero. José da todo su sentido a la palabra banderillero de confianza. Él es para Emilio como el ventolín para los asmáticos: una bocanada de oxígeno. José sabe leer los miedos y las dudas que atormentan al novillero. Lo tranquiliza, lo motiva, le dice que todo va a salir bien, que todo el mundo está a tope y que hay que salir con ganas de comerse el toro y triunfar. Emilio no dice nada. Escucha con la mirada perdida — yo también escucho a través del visor de mi cámara. Me siento un poco voyeur, el testigo de un momento especial. Nadie me presta atención, mientras que yo no me pierdo un ápice de sus gestos.
En la habitación contigua, los picadores se despiertan. Fuera, Alvarito acaba de cepillar y doblar los capotes y las muletas. De repente la gente revienta: hablan fuerte, cantan en la ducha, se ríen, bromean, y se alborotan.
« Esta presión ha de salir por algún sitio. Son muchas horas. Encima la hora de la corrida se acerca y les gusta esto. Les encanta esto. »
Juan Luis acaba de poner todo en su sitio. En realidad, les gusta esto: el toro. Las dudas y el miedo solo son un pasaje obligado hacia la excitación sublime que representa el combate de un toro. Es la hora de vestirse para el novillero y su cuadrilla; es el momento que yo esperaba con ansia.

Juan Luis llama a la puerta del cuarto de baño. Como si de un mensaje codificado se tratara, el silencio se hace de inmediato. Uno de estos silencios palpables y pesados donde cada palabra pronunciada debe de ser estrictamente necesaria. Emilio sale del cuarto totalmente desnudo. Su rostro es serio y su mirada parece perdida; la angustia deja sitio a la concentración extrema. Estoy impactado por este momento de una fuerza increíble. Emilio se transforma en torero. No me ve, su mirada se pierde y me traspasa. Juan Luis le tiende su montera y Emilio se la pega al rostro para rezar antes de ponérsela y colocar su coleta. Todos los gestos en el momento del vestir se realizan perfecta y lentamente, sin brusquedad. Las medias, la taleguilla, las manoletinas, la camisa, el fajín… Emilio no dice nada, mira a lo lejos o echa un vistazo a las imágenes santas que Juan Luis instaló, en un orden preestablecido, encima de la cama. Emilio besa fuertemente la medalla que le enseña Juan Luis y que colocará en su corbatín antes de adentrarse, como bien puede, en su chaquetilla. Ya está listo. Juan Luis desaparece discretamente. Emilio se planta delante de las imágenes religiosas, se santigua y las besa una a una. Estoy sólo con él, pero una fuerza invisible me empujar a salir de la habitación — algo me dice que este momento está reservado para el torero. Fuera, la cuadrilla está lista y espera silenciosamente en el pasillo. ¡Un cigarro, rápido!
Por fin Emilio sale, abraza uno a uno a los miembros de su cuadrilla y todo el mundo se desea buena suerte.
« ¡Vamos! Flo, sube a la furgoneta. »
Como un miembro de la cuadrilla, me instalo como puedo en el vehículo que nos lleva a la plaza. Son las 16h50.
La furgoneta se para a unos dos cientos metros de la plaza y el camino que queda se recorre en medio de las ruidosas peñas — curioso contraste. Emilio vuelve a descubrir esta plaza tan peculiar donde se coronó triunfador el año anterior. Mientras se reúne con su apoderado antes del paseíllo, aprovecho el momento para buscar mi sitio en los tendidos.

Víctor Barrio mata su primer novillo de Guadaira y le toca el turno a Emilio. Después de recibir a su oponente y de encontrarse con el picador, Emilio está en el quite. Pero en un intento de pasarse el novillo por la espalda, éste le coge. El novillo lo proyecta en el aire y Emilio cae violentamente sobre su hombro. Tengo la sensación de que este día se va a acabar ahora mismo y de que el sueño de triunfar se ha desvanecido con el primer novillo. Emilio se levanta con evidentes signos de dolor y se refugia en el burladero ayudado por su banderillero.
En un gesto de rabia, Emilio recoge su capote y se dirige hacia el centro del ruedo para acabar su quite con chicuelinas ajustadas. El público exulta y se entrega al torero. Es el principio de una lidia soñada: dos orejas y el rabo — una recompensa probablemente generosa. Qué más da, Emilio acaba de abrirse las puertas de la final del ciclo de novilladas. Le cortará otra oreja a su novillo de Guadaira. La salida se hace a hombros de Juan Luis. La cara de Emilio refleja una sonrisa de oreja a oreja.
Cuando toca tierra de nuevo, a unos cien metros de la furgoneta, se refugia con seriedad en el vehículo donde firma autógrafos a los niños que se acercan a felicitarle. Ninguna euforia. Durante su regreso al hotel mira desfilar el paisaje sin prestarle realmente atención. La cuadrilla vuelve a las habitaciones para ducharse. Una nueva espera comienza: espera durante la cual Emilio sabrá si el jurado lo declara finalista. Tomás Campuzano, que no ha dejado el teléfono hasta la llamada aliviadora, anunciará tranquilamente, sin exclamación alguna, la buena noticia a Emilio. Éste, ya vestido, muestra su enésima transformación: su cara ha cambiado; está más relajado, casi liberado. Me mira por primera vez al retratarle. « Seguro que es la primera foto que me haces en la que estoy sonriendo. »

Alvarito vuelve a cargar la furgoneta mientras que el resto de la cuadrilla se toma una caña. Juan Luis se me acerca: 
« Nos vamos en veinte minutos, ¿te vienes con nosotros a Arnedo? Mañana, Emilio mata la novillada de Prieto de la Cal. — No puedo Juan Luis, no me queda batería. »
Creo que ha sido la excusa más mala que he dicho en toda mi vida.
« Entonces nos vemos de nuevo el domingo, si Dios quiere… »

Fotografías Algemesí, 2011 
© Florent Lucas

20 février 2012

N° 1373


« TOROS - 27 mars 1990 - N° 1373 - Prix : 12 F. »

La légende indique seulement : « Corrida goyesca… patio de caballos - Photo Guiter ».

Je n'ai pas réussi à trouver quoi que ce soit sur ce Guiter. Ce n'est pas non plus un nom courant parmi les photographes qui collaborent ou ont collaboré à la revue nîmoise. Je n'en saurai certainement pas plus.

Cette photographie est magnifique, tout l'espace est parfaitement occupé et les habits goyesques me rappellent le portrait d'un gitan pris par Leopoldo Pomès dans un callejón inconnu en un temps inconnu.

La beauté n'a pas de montre !

18 février 2012

Citation (II)


« Est-ce que j’ai l’air d’un sadique ? Croyez-moi, la corrida n’est pas un combat ! C’est, éventuellement, un combat de l’esprit… » Simon Casas, producteur d'art (Europe 1, lundi 16 janvier 2012)




17 février 2012

Céret de Toros 2012


Samedi 14 juillet 2012, 18 heures
toros  de D. José Joaquín Moreno de Silva pour José Pedro Prados 'El Fundi', Javier Castaño et Serafín Marín

Dimanche 15 juillet 2012, 11 heures
6 novillos de Hros. de D. José María Escobar et D. Mauricio Soler Escobar pour Daniel Martín 'El Dani', Imanol Sánchez et Emilio Huertas

Dimanche 15 juillet 2012, 18 heures
toros de D. José Escolar Gil pour Fernando Robleño único espada

http://www.ceret-de-toros.com/language/fr/


Triste tournante


Nous mentirions si nous affirmions que Castellón constituait un rendez-vous important de notre temporada 2012. Le programme replet des années passées va s'étiolant au gré des redites et des rediffusions des mêmes corridas, sans surprise, ni competencia, « G-je-sais-plus-combien-isées » dont on finit par ne plus attendre grand chose. D'années en années, nous biffons, rayons, effaçons bon nombre de dates de notre calendrier et prenons le temps de faire d'autres photos ou de trouver d'autres raisons de déprimer. D'indultos en Domingo Hernández, les programmes standardisés s'ajoutant à une certaine lassitude, les temporadas finiront peut-être par se faire tout à fait sans nous. Ce n'est pas une menace, tout juste un constat et ça ne changera rien.

Pour commencer la saison, nos pensées inclinaient du côté du Levant et de la promesse d'un lot de Cuadri à Castellón en mars. Quoi de mieux, a priori, que de retrouver les pensionnaires de « Comeuñas » pour rouvrir le dossier avec le même bétail que celui de la clôture de 2011 du côté de Zaragoza ? Les Cuadri sortiront bien à Castellón, et même six, semble-t-il, mais répartis sur deux jours puisque la féria propose ce que nous nommerons une tournante sur trois jours avec des carteles composites : 3 Cuadri + 3 Victorino, 3 Cuadri + 3 Miura, 3 Miura + 3 Victorino. Déjà l'an dernier, le génialissime sérénissime désormais nouveau directeur artistique (ou je ne sais quoi) de Madrid avait proposé un « mano a mano » Miura - Victorino à Valencia et Nîmes.

Castellón fait donc plus fort encore ; Castellón garde le concept mais le décline en une suite de rimes embrassées et répétitives tenant à la fois du slogan entêtant, de l'exercice de prononciation et du pantoum1, sans nous convaincre toutefois de la vocation poétique de la chose. Foin de poésie, disons les choses tout net : cela constitue ni plus ni moins qu'un énorme « foutage de gueule » et une fausse bonne idée pour tenter d'ajouter un intérêt commercial superflu à un genre en décrépitude : la corrida torista. J'ai la faiblesse de penser que la résignation et le soupir qui ont accueilli la nouvelle dans nos demeures auraient explosé en indignation sincère quelques années plus tôt. Mais peut-être en avons-nous déjà tellement vu… C'est avec l'énergie d'un octogénaire que je suis le conseil de notre Batacazo m'enjoignant de m'indigner gaiement, et persiste dans ma molle dénonciation d'un manque de respect flagrant pour le public et les ganaderos dont l'intérêt est bel et bien de lidier des corridas entières et de présenter des « lots », avec toute la difficulté et l'exigence que ce terme implique pour eux.

Nous attendons désormais fébrilement les prochains avatars de la course à l'échalote qui semble démarrer, le concours des rejetons de toros indultés : 'Idílico Segundo' vs 'Desgarbado Jr' à la Maestranza ou bien le combat de mangouste et de cobra en « lever de rideau » de la corrida de la Presse à Las Ventas. On va se régaler ! 

¡Vaya mierda!

1
Juste pour le plaisir de vous servir un mot compliqué et exotique avant le week-end, le pantoum est une forme de poème d'origine malaise où les 2nd et 4e vers d'un quatrain sont repris comme 1er et 3e vers, respectivement, du quatrain suivant. L'article de Wikipédia non seulement dénonce Harmonie du soir — que vous et moi prenions pour un pantoum — comme un faux pantoum mais vous en dit également beaucoup plus sur le genre. 

16 février 2012

Citation (I)


« Proust explique beaucoup trop à mon goût — trois cents pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c’est trop. » Louis-Ferdinand Céline


Castellón, concours photo


Le Club taurino de Castellón nous a transmis Luna llena, une photographie de Fernando Juárez Ruiz (La Vall d'Uixó, Castellón) primée à l'occasion de leur 21e concours photo.


14 février 2012

Céret, 20 mai 2012… Toros y gambas


Vache de Prieto de la Cal © Laurent Larrieu
Ça se murmure depuis un certain temps déjà, ça se dit de plus en plus fort : une corrida de Prieto de la Cal serait combattue à Céret le 20 mai prochain.

Dit comme ça, ça met l’eau à la bouche, forcément : Céret, Prieto, la Catalogne. 
Oui, la Catalogne, espagnole, parce que nous, à Campos, nous ne boycottons absolument rien en Catalogne. Nous aimons trop sucer les têtes de gambas. De Rosas les gambas, de Rosas.

Alors oui, dit comme ça, ça met l’eau à la bouche. Sauf que les choses sont un poil moins évidentes qu’il n’y paraît. En effet, le nom de l’ADAC n’est pas associé à cette future probable course qui serait organisée par des industriels de Barcelone.

Ça fait un peu hold-up quand même. Ça fait un peu « je surfe sur ta notoriété », pour ne pas dire sur ta gueule. 
Bien sûr, les arènes sont privées, et les propriétaires libres de les louer à qui bon leur semble. Espérons simplement que l’organisateur de cette course soit à la hauteur de l’idée que nous nous faisons tous de Céret. Car qui pourrait sérieusement cracher sur un week-end toros y gambas ?

11 février 2012

L'appartement


L'été dernier, Olivier Léger a traîné ses guêtres avec ma pomme, du côté d'Arles, pendant les RIP. Et puis Olivier est allé voir Cuba, et ça donne ça, superbe… 
Surtout, n’oubliez pas de mettre le son.
Olivier présente lui-même ses rencontres : « Un bruit de voiture grandit. Puis lentement s'éloigne. Les fenêtres sont aveuglées par des plaques de cartons. Les néons baignent une grande pièce qui s'ouvre sur une chambre borgne. Ils arrivent. Un à un. À l'étage, un sac de sable est accroché au plafond. Ils enfilent un short et une paire de vieilles baskets, parfois un vrai maillot qui semble presque trop neuf. Tous se bandent les mains. Puis la voix de Carlos s'élève, emplit l'appartement et rythme le temps. La sueur se mélange à l'odeur du cuir. Le rituel est immuable et semble se répéter sans fin, jour après jour. Jusqu'au grand jour. Alors la lumière aveugle et les poings parlent. »
 

Saint-Martin-de-Crau 2012


En peu de mots #03


Madrid, 2009 © François Bruschet
Patibulaire

En juillet prochain, à Orthez et en public, six toros de grand respect de D. António José da Veiga Teixeira vivront leurs derniers instants au centre des arènes du Pesqué. Avant que le couperet ne tombe, pas un seul de ces cornus aux gueules patibulaires n'aura… baissé la tête !
La commission taurine de la ville où seront mis à mort les six lascars1 a décidé de dévoiler l'identité et le portrait de chacun d'entre eux — à raison d'un par semaine. Deux sont déjà connus : le n° 334, 'Roserito', et le n° 332, 'Pintorito' ; j'en connais trois qui ne seront soulagés qu'une fois les six corps « arrastrés ».

1 Du portugais lascar.

08 février 2012

Populaire


Valence, mai 2011 © Florent Lucas

Alors que les Fallas 2012 pointent le bout de leur nez, le peuple du toro qui s'éparpille dans les villages du nord de Valence n'a d'yeux que pour un cartel : celui du concours de recortadores.

Les taurins appellent cela de la tauromachie «populaire», qui s'inscrit dans le cadre des festivités «populaires», pour un public «populaire» et à des prix d'entrée «populaires».

Ça sonne péjoratif, n'est-ce pas ? N'empêche qu'ici nous sommes fiers de ce qualificatif ! Dans le panorama actuel de la tauromachie, le populaire remplit les arènes d'un public de 7 à 77 ans qui vibre et s'émeut devant un toro au pedigree varié. Un public qui s'identifie pleinement à de jeunes recortadores qui montrent par leur envie et leurs bonnes manières l'énorme afición qui les habite.

Ce dimanche 18 mars aura une saveur spéciale ; dans les arènes qui l'ont vu triompher et souffrir, l'enfant prodige de Massamagrell va tirer sa révérence et faire ses adieux aux ruedos.

Ramón Bellver 'El Blanco' nous saluera une dernière fois, mais, avant de mettre trois points de suspension à son histoire, il nous ouvrira ses portes et son cœur.

Affaire à suivre.


Popular
Con las Fallas 2012 a la vuelta de la esquina, el pueblo del toro que se esparce por los pueblos del norte de Valencia tiene los ojos puestos en un cartel: el del concurso de recortadores.
Los taurinos lo llaman tauromaquia "popular", enmarcada en los festejos "populares", para un público "popular", y a unos precios "populares".
Suena despectivo ¿verdad? ¡Pues nosotros estamos orgullosos de este adjetivo! Viendo el panorama actual de la tauromaquia, lo popular llena las plazas con un público de todas las edades que vibra y se emociona con toros de pedigrí variado. Un público que se identifica plenamente con los jóvenes recortadores que demuestran con ganas y buenas maneras su enorme afición.
Este domingo 18 de marzo tendrá un sabor especial. En la plaza que le ha visto triunfar y sufrir, el hijo prodigio de Massamagrell se despide de los ruedos.
Ramón Bellver 'El Blanco' nos brindará su última vez; pero antes de poner puntos suspensivos a su historia nos abrirá sus puertas y su corazón.
Continuará.

Peña Sol (Orthez) y toros

 
     
Le samedi 18 février 2012, la Peña Sol d’Orthez (en Béarn) organise comme chaque année une intéressante conférence pour faire vivre l’hiver taurin.

« Toro, déclinez votre identité » 

Thomas Thuriès, collaborateur de Campos y Ruedos et fondateur du site www.terredetoros.com, traitera d’un sujet qui le passionne et sur lequel il s’avère inlassable : les encastes des taureaux de combat.

La peña précise que le paseo aura lieu « au local de la Peña Sol, 50 rue Saint-Gilles » et qu’au terme de cette conférence, agrémentée de photographies et de documents audio, un verre de l’amitié et des tapas seront partagés par les convives aficionados.

Orthez, terre de toros, plus que jamais !


Photographie Thomas Thuriès aime le Santa Coloma… Vache de Bucaré © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

Adrienne !




Nos chers lecteurs ont certainement remarqué que l'hiver est fortement perturbé par les relations tendues qui se nouent actuellement entre les stars de la torería (je ne veux plus écrire figuras), les emprésarios, les ganaderos, les dames pipi, les vendeurs de pipas, les encapuchonnés de 6Toros6, les sites Internet d'annonces taurines. C'est le bordel pour faire court et utiliser un mot bien moins vulgaire que tous ces atermoiements ridicules. Ici, nous n'écrivons jamais sur ce sujet parce qu'on s'en moque. Il n'y a pas d'autre explication. En plus, comme nous allons voir de moins en moins de courses (y a des gens biens et très sérieux qui ne comprennent d'ailleurs pas que l'on puisse continuer à écrire sur les toros en voyant si peu de courses, je les salue au passage), et que les courses avec les Juli et autres relookés Armani on n'y allait déjà pas beaucoup, notre intérêt pour ce bordel ne va pas aller grandissant. Certains sont persuadés que si le club des capricieux est boycotté par les empresas, on devrait voir plus de toro en 2012. Des Miura à Nîmes avec Javier Castaño ; six tout seul il s'en prend la grande révélation de 2011 ! Et Casas nous parle de rêve ! Un tournoi de catch à trois à Castellón de la Plana avec qui comme ganaderías ? Je vous le donne en mille Mimile : Miura, Victorino et Cuadri. Mais qu'est-ce que Cuadri est allé faire là-dedans ? Croient-ils vraiment ces « certains » que l'occasion sera donnée à de jeunes matadors ou à d'autres pas si mauvais d'éclore un peu ? Verra-t-on de nouveaux fers ou d'anciens venir évaluer le niveau de leur troupeau ? Malheureusement, l'annonce du début de saison fait froid dans le dos même avec un pull parce qu'il fait quand même -8 aujourd'hui : Ruiz Miguel et Mendes à Arles ! Padilla en attraction morandinesque ! Mon œil ! C'est mauvais et de toro on n'en verra pas plus qu'en 2011, sauf ceux qui assistent à toutes les courses de Bilbao et qui voient en plus plein de courses toute la saison même celles de Vic 2012 et ils écriront dessus, eux.
Morose, ça sent pas la rose ma grosse.
Pourtant il en est des qui sont motivés, des qui s'entraînent dur, des qui courent dans les rues de Philadelphie avec des gosses derrière, des qui veulent mettre un gros pain dans la gueule d'un russkof typé Murube, des qui aiment Adrienne, des qui s'appelent Iván. C'est du niveau du reste. Mais ça fait rire, au moins…

07 février 2012

En peu de mots #02


© Vincent Munier (portfolio « Ovibos »)
Ovibos moschatus

L'hiver, la neige, le vent et le froid ; c'est le moment ou jamais de vous parler des bœufs musqués photographiés par Vincent Munier : « Tout est blanc. Les montagnes sont noyées dans la masse opaque des nuages. Vent glacial, brouillard givrant… L’hiver est rigoureux sur les plateaux de Dovrefjell, où vivent des hardes résiduelles de bœufs musqués, silhouettes massives qui semblent patienter loin de l’agitation du monde. Je suis venu les observer en plein hiver, car c’est au cœur des conditions les plus extrêmes qu’ils expriment leur grandeur… »

05 février 2012

Requiem pour les dingues, les rêveurs et autres romantiques


Revoir ton drôle qui revient au pays, c'est un peu ta renaissance, ton nouveau départ pour ta nouvelle vie… C'est sûr, tu ne vois ni ne vis plus les choses de la même manière après ça. Dans ta vie de con, les yeux fermés, tu n'imaginais même pas combien tout ça comptait avant, et puis un jour il est parti sans te promettre de retour, un peu comme tout le monde, et, curieusement, c'est dans cette absence que t'as souhaité sa présence… comme jamais. Alors tu as tout ré-appris, et le simple fait de monter une ligne pour débusquer deux calicobas et un peuch-cat en sa chère compagnie ressemble alors à un moment unique et délicieux dont tu savoures chaque mouvement d'aiguille, quand cela t'aurait copieusement gonflé avant que tu ne comprennes — quand tu avais les yeux fermés…

Même la plus « bush-addicted » des mamans texanes, qui gonflait fièrement les nichons au moment d'envoyer le petit pisser sa haine d'andouille inculte sur les corps ensanglantés des barbus anti-McDo de la face obscure de cette planète, ne saurait être assez conne pour affirmer le contraire aujourd'hui…

Alors quand j'ai vu que l'on claironnait à nouveau le retour des dragons de Boecillo, c'était comme si « Mathilde me revenait ». Je relisais l'histoire couillue de ces frangins des alentours de Valladolid qui partageaient leur temps entre le fracas bétonné d'une vie de bureaux et la poussière d'un campo désuet qui semble avoir toujours été là, avec des échos du nord de l'Espagne qui planaient à l'ombre des pins du Quiñón, sans savoir vraiment depuis quand… Je me souviens que l'énigme nous passionnait, jusqu'à ce que quelques âmes perchées ne libèrent le morceau sur la piste ronde d'une bourgade du nord des Landes, pour que se révèlent enfin les secrets de famille plusieurs fois centenaires des Gamazo brothers du Raso de Portillo. Deux ou trois tours de piste glorieux et pétaradants avant de saluer, un peu tristement, et les années passèrent, sans savoir vraiment si on les reverrait un jour.. tant de temps à espérer pour enfin voir les rêves s'exhaucer sous la forme d'une douzaine de féroces combattants que l'on n'espérait plus, puis les laisser filer, aussi connement… Mais que diable s'est-il passé depuis ce jour où cette maudite quille de jaune alla s'éclater le goulot en piste pour nous annoncer que l'on tirait le rideau sur une histoire qui venait pourtant de naître ?

Tout ça, pour ça…

Alors je vous le demande : « Où donc les terribles guerriers du Raso de Portillo mirent-ils la pagaille depuis ce funeste jour d'août qui les condamna au purgatoire parentissois, au point qu'aucune autre de nos précieuses empresas ne se risquât à en récolter quelques échantillons quand Parentis les mettaient à disposition pour qui voulait enfin s'offrir le pied d'un après-midi authentique et osé ? L'accident malheureux aurait-il été plus retentissant que deux journées ensoleillées pour le ganado des frères Gamazo ?

Allez savoir… N'empêche que je n'ai pas plus de belles histoires à vous raconter sur la suite des aventures des Veragua de l'ami Gallego, qui avaient pourtant enthousiasmé l'Afición sang et or avant que, là aussi, le couperet ne tombe, n'effaçant toutefois aucune belle perspective pour d'autres éventuels téméraires amateurs de voyages au pays des merveilles. À croire que l'Afición des empresas ne se résume qu'à se dédouaner et se mettre aux abris avant de prendre des responsabilités, le menton haut et fier… Devra-t-on alors attendre que la seule et unique Céret ne décide de rouvrir la cage aux oiseaux pour qu'enfin les pupilles de Javier Gallego ne nous dispersent à nouveau leur savoir-faire en matière de coups de testons sauce moyenâgeuse ?

L'intransigeance est bonne thérapie, tant qu'elle ne devient pas glacée et aveugle. Le torchon brûle, et les heures tournent. Peut-être est-il temps de pardonner pour les uns, d'oser pour les autres, ouvrir les yeux pour TOUS. Certains de ces ganaderos romantiques vous diront que, pour eux, l'avenir du rêve de leur vie ne dépassera plus les quelques barbelés au bout du chemin de terre. Ceux-là ont peut-être déjà compris que la dernière part du gâteau est partie dans la gamelle du chien… Pour ceux-là, élever du toro n'est pas une fantaisie que l'on s'offre pour combler un après-midi ensoleillé, c'est l' œuvre d'une vie ; et quand, en plus, il s'agit de Santa Coloma (ou pire encore), alors on parlera plutôt du sacrifice d'une existence… ou d'un suicide, si vous préférez.

Les Ángel Nieves, Adolfo Rodríguez Montesinos et Aurelio Hernando n'auraient-ils donc plus rien à attendre de l'Afición ? En vérité, je crains la réponse… Les petites arènes françaises semblent lointaines, aujourd'hui, frileuses comme jamais, et les mégalopoles taurines d'Espagne, pathétiquement inabordables, ont une vision de l'Afición bien à elles. Bref, une vie jetée en l'air…

Alors, dans un dernier élan d'espoir, je lève mon verre aux fous, aux rêveurs, aux farfelus, aux idéalistes, aux tihuts, aux convaincus, aux illuminés, aux aficionados effrontés qui ont un jour rêvé de faire lidier des toros qui n'existaient pour personne avant que la porte d'un chiquero catalan ne se déverrouille sur le pari le plus aficionado de l'histoire de notre passion, en dépit de toutes les règles de bien-pensance économique ou éthique. Ainsi, on se souviendra peu de ce que donnèrent les toros de Vaz Monteiro, mais leur nom raisonnera toujours comme le cri libéré d'une frange de l'Afición la plus audacieuse, la plus courageuse, la plus enthousiaste, la plus tarée, la plus passionnée, la plus terrienne, la plus aficionada ; celle qui révéla le sens de la passion du taureau de combat à toute une génération ; celle qui nous disait que tout était finalement possible, jusqu'à nous convaincre que tout ça est bien loin de n'être qu'une bête affaire d'oreilles et de planta torera ; celle sans qui Parentis ou Orthez n'y auraient peut-être jamais cru ; celle sans qui nous ne serions peut-être pas là aujourd'hui, mais définitivement celle qui ouvrit la voie.

Merci donc à tous ces Colomb fous furieux et anonymes qui savent trop bien la sueur sur la peau tannée des hommes de ces terres, l'histoire de ces mains lourdes et calleuses, la gauche rudesse et l'humilité de ceux qui ont choisi de donner un sens laborieux et poussiéreux à leur vie, loin du grand monde et des salons feutrés, s'obstinant à croire en cette idée saugrenue que le toro bravo est l'alpha et l'omega de toute cette histoire, et définitivement rien d'autre. L'Afición c'est vous, Céretans, Parentissois et Orthéziens ; c'est vous, chers Thomas et autres glandus qui l'avez cru et suivi ; c'est tous ces tarés qui partagent des hectares de vide d'Estrémadure avec leurs bêtes à cornes en guise de lever et de coucher de soleil ; et c'est aussi vous les prochains doux dingues qui ferez le pari fou de donner sa chance à un de ceux-là, le temps d'une ou deux heures, entre le soleil et le sable d'un ruedo, aussi petit soit-il — la grandeur d'un être ne se reniflant pas à la taille de son berceau. Enhorabuena à ceux qui prendront le chemin…

Image Novillo de Javier Gallego García, finca « Prado Bonal » à Soto del Real (Madrid).