31 mai 2011

Escolar Gil par Cebada Gago


C'est l'ami JotaC, toujours à la pointe de l'information, qui nous fait part de la nouvelle après l'avoir lue sur le site du Club taurin vicois : pour des raisons sanitaires, le lot d'Escolar Gil qui devait être lidié dimanche 12 juin 2011 à 18h sera remplacé par un lot de Cebada Gago.

>>> Pour plus d'informations : CTV.

28 mai 2011

En 2011, 5 = 6


En 2011, à l'exception de cas très particuliers et largement minoritaires, le toro adulte portera le guarismo 6.

Le lendemain de la course madrilène de feu « Juan Pedro Domecq » (corrida digne, une fois n'est pas coutume, si l'on se fie aux commentaires glanés ici et là sur Internet), Juan Pelegrín demandait : « Est-ce que quelqu'un sait pourquoi aucune figura ne s'est inscrite à cette course ? »

Après consultation de la fiche sorteo, je crois tenir un élément de réponse qui en vaut certainement bien d'autres : « C'était un encierro cinqueño... »

Image Quatrième du lot cinqueño de Carriquiri (Núñez) du 2 mai dernier à Las Ventas, 'Letrado II' avait 5 ans et demi passés (en espagnol « letrado » signifie « instruit »...) © Juan Pelegrín (muchas gracias Juan).

27 mai 2011

Captieux 2011


Campos y Ruedos défend depuis sa création la diversité des encastes. A observer l’annonce maintenant quotidienne des carteles français et espagnols, s’avouer déçu relève de l’euphémisme, se sentir inquiet et désabusé quant à l’avenir de la corrida situe mieux nos sentiments.
Pour autant, existent encore quelques bonnes surprises, et la petite commune girondine de Captieux en fait cette année partie. Ainsi, dans le cadre de "Rugby y Toros", sont annoncés 6 novillos de la ganadería de Urcola, propriété depuis 2005 de Victorino Martín qui avait acheté une partie de l’élevage de Paco Galache dans le but de rafraîchir ses Monteviejo de Barcial avec des bêtes d’origines Vega-Villar par la ligne Encinas que détenait ledit Paco Galache. Le 5 juin 2011, les organisateurs feront combattre 3 novillos d’origine Urcola et 3 autres d’origine Encinas (Vega-Villar).
Les novillos (ainsi que le programme complet de la journée) sont en photos sur le blog de l’association organisatrice : Rugby y Toros.

Photographie Un Encinas et un Urcola chez Paco Galache en 2008 © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com

26 mai 2011

Campos y Ruedos 02 ya se vende en Madrid


>>> Nuestros amigos españoles pueden comprar el libro en Madrid en la Librería Rodríguez (Paseo Marqués de Zafra, 31 - 28028 Madrid / Teléfono: (34) 917 252 680).

Rappel Pour commander Campos y Ruedos 02, vous avez 2 possibilités :
— imprimer, remplir et renvoyer le bon de commande affiché en haut à gauche de cette page, ou
— l'acheter directement sur Internet via le site de l'éditeur : ATELIER  BAIE.

24 mai 2011

O Elefante Branco


Au Portugal, un club anglais, rococo, élitiste et interdit aux femmes. Normal, c’est un club anglais. Portugais mais à l’anglaise. Ce qui ici n’a rien d’étonnant.
Dans des vitrines trônent quelques très grands vintages auxquels pas grand monde ne porte encore attention.
Les fauteuils sont profonds et confortables en diable. C’est juste que l’on n’ose pas s’y affaler.
L’atmosphère du début de soirée est feutrée, les cravates encore ajustées, les saluts courtois et chaleureux, mais encore sur la retenue.
Là, un ministre, plus loin un secrétaire d’état.
Dans une autre pièce, un capitaine d’industrie se la raconte avec un éleveur de taureaux de combat.
Et puis, un marquis, «Le» Marquis. Un personnage jovial, différent, immédiatement accessible et sympathique. Petite moustache à la Hercule Poirot, l’œil malin et humour so british.
Un marquis que l’on s’étonne d’entendre parler portugais et que l’on imaginerait bien plus volontiers avec l’accent d’un lord anglais.
J’ai la sensation d’être dans une bulle anachronique, loin de tout mais protégé de rien.
La soirée est délicieuse. Les esprits s’embrument lentement mais sûrement et avec délice au rythme des verres qui se remplissent et se vident de vins rouges de l’Alentejo.
La nuit avance sans heurts, mais sans répit. Les conversations se font de plus en plus vives, les ministres ne se la racontent plus, les éleveurs non plus, et le marquis semble survoler tout ça.

Cigares... cubains.
Cigares et porto : un monde pour dominer le monde.
Un de nos hôtes me prend par le bras, l’œil malicieux, et m’attire à l’écart.

— Viens, il faut que je te raconte quelque chose.
— Tu vois, mon ami le marquis...
— Ah oui, le marquis. Quel type ce marquis !
— Oui, le marquis, il n’est pas plus marquis que toi ou moi remarque ; mais c’est le marquis. Pour tout le monde ici, c’est le marquis.
— Oui, bien sûr, je comprends.

— Eh bien figure-toi que le marquis il n’a jamais voulu se marier. Il est assez riche pour avoir des domestiques, et ne pas se laisser emmerder à demeure par une légitime. Alors le marquis il ne s’est jamais marié tu vois.
— Oui, effectivement, ça peut se concevoir.
— Et donc le marquis, eh bien forcément, il est devenu le meilleur client de l’Elefante Branco. Car le marquis il adore les femmes tu vois.
— Ah oui, je vois.
— Et le plus amusant avec le marquis, c’est qu’il est tellement sympathique et tellement bon client de l’Elefante Branco, qu’avant de mourir, la tenancière l’a couché sur son testament. De client, il est devenu... patron ! Le marquis a hérité d’un bordel !
Fin de l’anecdote.

La soirée s’est étirée, entre volutes et porto, rires et bonne humeur.
C’était il y a une quinzaine d’années. Je me souviens très précisément de cette soirée — on ne dîne pas tous les jours avec des ministres — et surtout de cette confidence, dont j’ai bien dû douter un instant de la véracité. On ne croise pas non plus tous les jours un marquis légataire d’une maison close.
Il y a quelques semaines de cela, dans cette même ville portugaise, quinze années plus tard, nos pérégrinations nous ont mené devant la façade clignotante et lumineuse de l’Éléphant Blanc ; histoire de nous souvenir qu’un jour un faux marquis a hérité d'un vrai bordel. Enfin je crois.

>>> Vous ne trouverez, hélas, aucune galerie dans aucune rubrique du site www.camposyruedos.com — z'ont pas voulu, sauf celle volée au Iphone...

23 mai 2011

'Berreona'


Luis Cuadri Vega est le neveu de Fernando Cuadri et le fils de feu Luis Cuadri.
Luis est un type épatant, campero, entier, Andalou de Trigueros. Un type qui ne se raconte pas d’histoires, ni à lui ni aux autres, un type comme il en faudrait plus. Bref, un type que l'on est heureux de connaître.

— Tu l’avais trouvée comment la course de Céret ?
— Ben... Luis... franchement... mauvaise...

Dans ces cas-là, c’est bien pratique de répondre « mauvaise ». C’est suffisamment franc pour être clair, et ça dispense d'un terme taurin trop abrupt.

Luis, lui, il tranche : « décastée ». Elle était décastée la course de Céret. C’est net, direct, définitif. Luis ne se raconte pas d’histoires, ni à lui ni à vous ni à personne. Pas d’excuses à la noix ou de raisonnements foireux mais une explication : l’ancien semental leur a donné une descendance calamiteuse. C’est assez simple finalement. Pas d’histoires.
Ce n’est pas la faute à l’herbe, un coup trop grasse, un coup pas assez. Ce n’est pas non plus la faute au sable de la piste — un coup trop mou, un coup trop dur — ni la faute du climat — trop sec ou trop humide. Non, c’est juste ce semental qui leur a brouillé les cartes.
Luis ne se raconte pas d’histoires.
A « Comeuñas », les seules histoires qui se racontent sont celles, intemporelles, de José Escobar.

Pour les tientas, c’est la même chose ; pas de tangentes, mais des critères éternels et sans concession que l'on met sur la table et que l'on discute en famille, en direct, sans éclats de voix, sans hausser le ton, mais avec convictions.
Il y a ici un respect qui plane, une cohérence et une unité : une grandeur au bout du compte. La décision est immédiate et collective, même si José Escobar a de toute évidence une voix prépondérante.

Ce jour-là sont présents Rafael de Julia et deux inconnus dont j’ai oublié les noms. Les vedettes du « G10 » ne viennent pas tienter chez Cuadri. Personne ne s'en plaint.

Un tentadero chez Cuadri a ceci de rare qu'il mélange simplicité, solennité et sérénité — sauf peut-être pour ceux qui se mettent devant. Ça se passe en comité forcément restreint et dans le respect le plus absolu.
Après un chemin de terre interminable, que l'on prend au cortijo Juan Vides, la placita apparaît enfin, au milieu des arbres. Nous sommes à la troisième finca des Cuadri : « Cabecilla Pelá », juste après la fin du bout du monde. Les vaqueros arrivés avant nous ont déjà tout préparé. Il n'y a pas d'attente. Il suffit de prendre place.
Dès l'entrée, un palco accueille les quelques invités présents. A leur droite, un peu plus loin, tío Fernando se prépare à piquer. Derrière lui se regroupent José Escobar, Luis et Antonio Cuadri, Fernando Cuadri hijo et quelques très proches. A leurs pieds attendent les toreros et les gamins qui, tout à l’heure, demanderont poliment à Fernando l’autorisation d’aller donner quelques passes.

A gauche des invités se situe le toril, où se poste le vaquero chargé du maniement de la porte. Les vaches sont annoncées à haute et grave voix, dans un silence absolu. Une sorte de Bilbao campero.

Vaca 'Berreona', número 196.
Ouverture de la porte.
¡La vaca va!

C’est à la fois simple et solennel. Et ça donne une idée assez précise de la grandeur du campo.
¡La vaca va! Deux ans la vache. Elle en paraît trois. Elle déboule comme une furie, inspecte la piste comme un avion de chasse survole un territoire ennemi. Une fusée. Fernando junior évoque sa lignée, et la probabilité d’un grain de folie chez 'Berreona'.

Sous nos pieds, c’est le feu. Rafael de Julia transpire à grosses gouttes, se fait déborder et ne parvient pas à canaliser cette charge vive et pesante.
— Elle est folle ! Ça vient de cette branche. Elle est folle !
Sur son cheval, l’oncle Fernando se retourne lentement, nous regarde, et d’une voix douce et calme rectifie :
— Non, elle est encastée.

A l’autre bout de la piste, 'Berreona' se cambre, tête levée, hume l’air et regarde, défiante, le picador. Elle s’élance et, dans un nuage de poussière, vient s’écraser lourdement dans le matelas de protection.
Une fois, deux fois, trois fois. Jusqu’à cinq fois, sans hésitation, la queue dressée, bouillante de rage. Il y a de la sauvagerie, de la violence dans sa façon d'attaquer le cheval. A côté de moi, Luis exulte.
Josééé... Con ésta tenemos una reserva de carbón. ¡Pero es que esta loca!
José sourit et évoque déjà le semental qu’il choisira pour obtenir ce qu’il pense être le plus conforme à la philosophie de l’élevage. Nous en sommes à la cinquième pique.

— Rafael ! Pour la sixième pique, amène-là au bout de la piste, encore plus loin tout au bout. Colle-la au burladero d’en face.
Rafael de Julia se bat, enchaîne les tentatives, mais il ne peut pas. La vache a pris le dessus. Une fois, deux fois, trois fois. La vache ne veut pas aller jusqu’à ce maudit burladero. Encore trois mètres, deux mètres cinquante. Pas plus loin. Elle n'ira pas plus loin.
—  Rafaeee... Non, plus loin, encore plus loin.
Pour la sixième pique, 'Berreona' grattera deux fois et montrera un soupçon d’hésitation.
Josééé... Elle a gratté, tu penses que...
¡Hombre! ¡Ya está aproba'a!

Chez Cuadri, les vaches sont approuvées, ou refusées, dès l'épreuve de la pique, avant même de révéler leur comportement à la muleta. Un concept aujourd’hui rare et désuet. Pour nous, simples témoins, des instants précieux et inoubliables.

>>> Vous avez accès, en rubrique CAMPOS du site camposyruedos.com, à une galerie consacrée à cette journée passée en compagnie de la famille Cuadri.

* * * * * * * * 

Vache : 'Berreona', numéro 196.
Père : 'Montero'.
Mère : 'Llorona'.
Notes de la mère : 6/6 A.

Et on peut lire sur le livre de l'élevage : 
Sortie : Sale con pies y se para con ganas.
Cheval : 
1.1/2 - Du centre, pronta, andarina, cabecea.
2.1/2 - Du centre, fija, andarina, cumple.
3.1/2 - Du centre, fija, andarina, cumple
4.1/2 - Du centre, fija, alegra, con galope, cumple.
5.1/2 - Burladero, alegra, con galope, cumple.
6.1/2 - Burladero, le cuesta más, escarba, pero viene a matarse, se estrella.
Muleta : Dura, con muchos carzones. No humilla mucho, pero esta encastada. Muchísimo motor. Fiereza. Buena vaca.
Note : 7/6.

20 mai 2011

Les "aguirres" de Vic


Ils ne sont pas venus à Vic depuis la course dantesque et orageuse de 1994 (mis à part un exemplaire l'an dernier en corrida concours). Certains doivent s'en souvenir...
En vous rendant sur le site http://www.camposyruedos.com/, rubrique CAMPOS, vous pourrez découvrir certains exemplaires de la ganadería de Dña. Dolores Aguirre Ybarra qui seront combattus le samedi matin (11h) à Vic-Fezensac. Bonne visite.

Photographie Un Dolores Aguirre pour Vic 2011 © Frédéric 'Tendido69' Bartholin / camposyruedos.com

Toros en Vic 2011, l'affiche


17 mai 2011

Cuadri, direction Madrid... (II)


Vous avez accès en rubrique CAMPOS du site camposyruedos.com à une petite galerie consacrée à la corrida de Cuadri qui doit être combattue à Madrid début juin.

Cuadri, direction Vic...


On clique sur la photo...

Question d'équilibre


La nuit porte conseil... et c'est vrai. Et plus il y en a, mieux c'est. Surtout après une lourde tempête. Ça aide à comprendre les choses, ça aide à prendre le recul nécessaire, ça aide à admettre certaines évidences, même celles qui piquent un peu, parfois... Ça aide à dire pardon, ça aide à dire je t'aime, ça aide à se regarder dans la glace, après... Ça aide à légitimer certains combats, certains actes, certaines convictions... en tous cas, à les rendre respectables...
Du coup, quand l'action encore fraîche d'une nomination de la corrida au patrimoine culturel immatériel fut trompêtée, tous en choeur avons balancé du teston en la qualifiant d'un peu fluette, maigrichonne, peut-être même un peu conne, compte tenu du mal bien réel et autrement plus néfaste qui bousille les entrailles de la tauromachie, malade de « modernitude », alors qu'elle n'aurait pas à souffrir d'être simplement « actuelle », ou juste contemporaine. Car on ne sait que trop bien ce que le joli sobriquet « moderne » signifie réellement, à savoir ce dont on a trop souvent disserté par ici, et que vous ne savez que trop bien par là. Passons...

Ceci, je le revendique encore et toujours, haut et fort, soyez-en sûrs, et j'attends impatiemment que l'on m'annonce que l'OCT, dans son héroïque chevauchée dite historique, a aussi inscrit le pata blanca Vega-Villar au Patrimoine mondial de l'UNESCO, comme énième Merveille du monde, devant les Pyramides de Gizeh et définitivement loin derrière le cul de ma douce ! Mais enfin, je vous le demande, doit-on finalement s'en plaindre ou le dénoncer ? Je veux dire, ne faire QUE s'en plaindre ou le dénoncer ? Car après tout, qui aurait pu prévoir qu'un petit 44 posé sur un gros beuchigue lunaire et poussiéreux aurait suffi pour que l'on expédie dans les étoiles, 40 piges plus tard, quelques fortunés yuppies ricains, juste pour le « fun », comme ça, comme on s'envoie une caisse de buzet à l'apéro devant des arènes gersoises de juin ?... Ainsi, l'on peut raisonnablement continuer à songer, comme je le fais, que le mal soigné n'est certes pas le plus viral, mais en même temps, un mal soigné n'est plus un mal, et, au fond, brûlons plutôt un cierge pour que cela ne soit qu'un début...

Par ailleurs, voilà bien une paye que nous n'avons trouvé soulagement auprès d'une arène de par « chez nous » en France, à l'annonce de ses festivités taurines, quand elle égrainait péniblement ses carteles « Tagada Haribo » aux oreilles fragiles d'une triomphaliste assemblée en chemisette Hawaï, jamais rassasiée des bouffonneries parfumées de ce définitivement jeune branleur de Julián López... et je m'en voudrais à jamais de ne pas souligner ici-même, à l'endroit précis où tant de pains lui furent portés aux naseaux, l'effort produit par l'arène de Dax qui inspire d'ordinaire tant de dépit et d'incompréhension auprès d'une frange de l'Afición, parfois juste l'Afición, parce que jamais incitée à chérir ses tendidos. Car figurez-vous que, cette année, je déflagre pour Dolores Aguirre, là j'explose pour Ana Romero, plus loin je souris pour Victorino et, enfin, je détone pour La Quinta, et ceci dans l'arène la mieux fleurie de France : celle-là même qui créa 'Desgarbado' ! L'auriez-vous cru? Cela, je crois, manquait d'être souligné. Après ça, l'on peut bien s'accorder un Pilar par-ci ou un Victoriano del Río par-là car, après tout, on n'a jamais demandé aux Dacquois d'être cérétans. Mais s'il est légitime de s'indigner de la médiocrité, il est aussi indispensable d'évoquer le pas en avant... même pitchoun, même frileux, même involontaire... N'empêche que, sur la papier, Dax a meilleure gueule en 2011.
On pourra toujours se dire qu'il en aura fallu du temps, de l'abnégation, de velues gueulantes, de longs courriers désespérés qui ont, probablement, plus allumés de barbecues que de consciences, et des SMS au tabasco pour obtenir ça, juste ça ; toujours est-il que les gestes en faveur d'une tauromachie respectable par tous se font plus rares que les franciscains sur le posto 9 d'Ipanema, et qu'il serait donc malhonnête de ne pas les reconnaître, encore plus de ne pas les saluer. Que cela plaise ou non, je le fais maintenant.
Pour autant, on le sait, le mal respire encore, et l'on ne retiendra au final que les résultats ; mais il serait ô combien salutaire de ne pas oublier de souligner ces faits, même infimes, même anodins, quand, à l'heure même où l'on évoque la corrida comme un souvenir à paillettes de valeurs anachroniques dépassées par les enjeux épouvantables d'un probable futur monde « sin vergüenza », l'on brasse laborieusement comme des terre-neuve au milieu d'un lac noir et glacial pour à peine espérer sortir nos tronches de l'eau . Ainsi, quand on ouvrira le grand livre poussiéreux, il sera toujours opportun de se souvenir qu'en 2011, l'OCT, bien imparfaite, a malgré tout marqué un point, et que Dax, patrie de 'Desgarbado', s'est rappelée, cette année-là, qu'elle avait de l'afición a los toros.

Et si ce n'est que du Ana Romero, c'est quand même du Ana Romero...

Photographie Alguaciles de Dax

Cuadri, direction Madrid...


On clique sur la photo...

16 mai 2011

Cambio de toro


Lu sur le site du Club taurin vicois :

« Pour des raisons sanitaires, le toro de Partido de Resina ne sera pas lidié lors de la corrida concours du dimanche 12 juin. Il sera remplacé par un toro de Palha. »

L'ordre de sortie des toros demeure inchangé : Palha, D. Victorino Martín Andrés, Hijos de D. Celestino Cuadri Vides, Fuente Ymbro, D. Manuel Assunção Coimbra & Flor de Jara.

Photographie Adema (toros de Palha à l'embarquement, mai 1995) © Étienne Barbazan

>>> Campos y Ruedos ne pouvait pas « ignorer » plus longtemps le travail du photographe vicois Étienne Barbazan. Cet amoureux fou du toro et du campo nous ayant gentiment remis quelques-uns de ses clichés — certains anciens, d'autres très récents —, nous devrions bientôt être en mesure de vous faire profiter d'une galerie sur le site à la rubrique « Photographies ». Patience…

15 mai 2011

Entre campos y ruedos (texto de Fernando Cuadri)




Fernando Cuadri nous a fait l'immense honneur d'écrire ce texte superbe. Nous le publions ici sans traduction pour tous nos amis espagnols et hispanisants.
Ce texte est publié et traduit en ouverture du livre Camposyruedos 02 que vous pouvez commander en imprimant et retournant le bon de commande, ou que vous pourrez acheter très rapidement chez vos libraires habituels.
Bonne lecture à toutes et à tous, et un incommensurable merci à Fernando Cuadri, à Luis et à tous ceux de “Comeuñas”...

Entre campos y ruedos
Aquí en “Comeuñas”, delante de un folio en blanco y con un bolígrafo, me doy cuenta de lo mucho mejor que se me da hablar. A priori me dijeron que la cosa iba de franceses y pensé que iba a ser difícil. Me dijeron que tenía un libro en francés para que lo viera y que tenía que escribir algo. Cuando abrí el libro no entendí ni una palabra, pero sí que, gracias a Dios, hablábamos el mismo idioma, y ese idioma no podía ser otro que el de la afición.
Entender ese idioma es fundamental para comprender como puede existir una explotación agrícola y ganadera donde la economía no es un fin; ese lenguaje por el que se entiende que existan haciendas donde los lujos están reservados para los animales, porque el lujo para el hombre es estar en ella; ese lenguaje que explica como en pleno siglo XXI se esté convencido de prescindir de artilugios y máquinas modernas; ese lenguaje que permite que todavía hoy los mayores sean escuchados, y lo que dicen sea tomado en consideración; ese lenguaje que explica como un hombre pasa de mandar en el campo a dejarse mandar por él. Solo ese lenguaje explica la singularidad de un hombre que se despreocupa de su propio tiempo, de su vida de cualquier mortal humano, de trabajar, de tener, de divertirse, de querer ser, etc.
No, a José Escobar le sobra todo esto. José es grande, y su grandeza es velar por sus dos familias. Las dos llevan su sangre, a las dos se ha encomendado, a las dos protegerá con su saber, con su andar, con su pureza hasta en el fumar.
Él, amigos franceses, es un auténtico catedrático en ese idioma y para ello no le han hecho falta títulos, ni papeles, ni saber leer, ni discurso, ni prosopopeya; en ese idioma, en esa búsqueda, solo hay algo que prevalece: la verdad.
Este lenguaje atrae al campo a gentes que están en esa búsqueda, gentes que no buscan lucro ni intereses. Gentes que sienten el toro y el campo como algo que en realidad, como así es, les pertenece, y como cosa suya muestran al visitante con orgullo su tesoro.
Ese idioma explica la sonrisa de trabajadores que, con un sueldo que apenas les permite mantenerse, son algo más que trabajadores por cuenta ajena. No han vendido su conciencia a la producción, ya que en esa explotación no solo está su conciencia, sino también su ilusión, su esperanza, su vida. El campo es su armonía y también se dejan someter por él, y seguramente sean, sin saberlo, los últimos vaqueros del lejano oeste andaluz.
Sí, yo lo he visto. También hay hombres de luces que hablan este idioma, que muestran una actitud altiva frente al enriquecimiento a toda costa y, como los hombres que hicieron grandes obras, se han formado en normas y reglas que heredaron de los grandes maestros y a las que sumaron su personalidad singular, pero siempre dentro de esa norma eterna que les permite colocarse en el sitio meritorio y auténtico donde se puede sortear la fuerza bruta de un toro y, sobre todo, colocarse en esa postura ética donde se afronta la vida y la muerte.
Algunos se hacen llamar artistas, sí..., bueno; pero creo que ese término en mi lenguaje choca, porque a mi corto entender en arte, no conozco a ningún artista capaz de mirar a los ojos a la muerte, de poder vencerla, de poder morir expresando lo que lleva dentro. Esa capacidad heroica no la tiene un artista y me parece una injusticia meterlo en el mismo registro. Para mí ese gremio solo tiene un nombre: torero.
Conozco a gente capaz de perder dinero por asistir a ruedos a cambio de que muchas veces no pase nada; este idioma hace a personas recorrer miles de kilómetros para conocer ganaderías, gente que aprende mapas genéticos sin tener ganadería, gente que es empujada al saber, al estudio de una ciencia de la que solo obtendrá el cultivar una lengua que, como un veneno, corre por sus venas.
Este lenguaje tiene un tótem, que no es otro que un animal para nosotros lleno de poder y simbolismo del que no aceptamos nunca que despierte pena y misericordia, y que es solo eso: un toro.
Sí, ahora algunos quieren ampliar nuestro lenguaje con términos que procederán del deporte o de otros espectáculos modernos. Se suman adjetivos que muchos no entendemos; a muchos, con perdón de los “artistas” y “sensibles”, se nos hace raro ver adjetivar a ganaderías como “duras”, y muchos nos preguntamos si existe de verdad gente que quiera tener una ganadería “blanda”. ¿Tienen sentido la ética y la liturgia con toros que no sean duros? ¿Todo se reduce a una mera estética visual a cambio del aplauso de muchos?
Comprendo que a muchos les parezca que hablamos una lengua antigua o muerta y que no permitimos el progreso, pero en la libertad, esa que reclaman algunos que se autodenominan profesionales, está el renegar de nuevos términos, sobre todo si uno considera en su libre pensamiento que vienen acompañados de hipocresía, falsedad y consumismo barato.
Aquí en “Comeuñas” no se es indiferente, aquí sabemos que los tiempos y la sociedad moderna arrojan corrientes de pensamientos tendentes a destruir, llenos de desconocimiento e intolerancia. Entienden, muchas veces de forma justificada a tenor de lo que se oferta, que hoy no tiene sentido nada de esto, que no cabe el sufrimiento y la humillación del animal, que es la mera expresión de una victoria del hombre sobre los animales... Se habla de futuro y la cosa aparece negra.
Ahora pienso en Francia, donde mi idioma es escuchado en comisiones y ayuntamientos; donde la cosa marcha y esas civilizaciones que mueren reciben oxígeno de ese país, y una minoría del territorio es capaz de plantar cara a ese tremendo monstruo que es Europa. Nuestro idioma, la afición, es escuchado y hablado, y no le va mal aunque, claro está, le podría ir mejor. Y esa tauromaquia popular es el origen de mi idioma, donde el toro es el protagonista y donde la fiesta no está controlada por personas emprendedoras sino que pertenece al pueblo, su destinatario, que no es mero consumidor pasivo de la industria del entretenimiento, sino actor que vive con pasión y sin ánimo de lucro el fervor de una expresión de su forma de ser, permaneciendo irreductible en un territorio pionero de la abolición.
Es en los que hablan este idioma donde veo que se defiende el toro con pasión, donde se sale a pelear de frente, y a pelear algo que se siente dentro y que no se está dispuesto a perder nunca; se sale a pelear con vergüenza, con cojones, con verdad.
Por ello cuando veo cúpulas que quieren organizar a una industria, cuando oigo hablar de cambio de ministerio, cuando oigo la necesidad de exponer cifras, de crear argumentos teóricos, de hacer gestos, de hacer valer datos, de convencer políticos, de crear lobbies, de capital, industria, derecho de empresa, juzgados, economía, me parece que hablan otro idioma, y entonces es cuando veo a José, veo al toro, me acuerdo de los que no están, miro mi idioma, miro a la afición... y veo que no puede ser mas contrario a lo otro. Esto no es economía sino romanticismo, el romanticismo más puro.
Y me pregunto cómo pueden pretender explicar que no es la victoria sobre el animal, sino sobre la muerte, la necesidad, el miedo y la ignorancia, pensando que esto es otra cosa distinta al romanticismo puro. A veces dudo del enemigo, a veces me atormento, pero he encontrado el remedio, y no es otro que el campo. Ese, para muchos y para mí, es el refugio.
Y aquí en el campo veo vuestro libro, y sin entender una palabra veo en él orgullo, honor, un saber que se manifiesta a través de poesía, literatura, pintura y grandes fotografías; veo en el libro un impulso, una advertencia de necesidad de cambio, una energía crítica que advierte que se pierden referencias esenciales del pasado y, sobre todo, un grito que muchos deberían imitar, y es que no sois borregos de matadero.
Sí, habéis saltado al ruedo, os tacharán de fanáticos, retrógrados e intransigentes, ¿será verdad? Yo no lo sé, pero habéis saltado al ruedo con valentía, y no veo cinismo, ignorancia, publicidad, subvenciones, injusticias o desmanes; habéis saltado al ruedo sin ventajas, con verdad.
Por ello estoy aquí, en el campo, donde creí saber algo, donde crecí, donde recordaré, donde está mi vida, bajo el misterio que se refleja en la mirada de un toro, y en los ruedos donde me alcé, donde fracasé, donde comprendí, donde busco resistir...

Sí, habéis acertado, entre campos y ruedos, siempre entre campos y ruedos...

¡Adelante Campos y Ruedos!

Photographie Fernando Cuadri © François Bruschet / camposyruedos.com

10 mai 2011

« Santa Coloma et sélection »


Le samedi 14 mai 2011, à partir de 21 heures et à l'invitation de la peña Los Pechos (entrée libre au 6, rue Claude Dépruneaux à Mont-de-Marsan), notre camarade Thomas Thuriès (terredetoros.com) animera une conférence* sur le thème « Santa Coloma et sélection » ; conférence au cours de laquelle il s'attachera « à présenter l’évolution de l’encaste Santa Coloma et à expliquer comment la sélection de l’homme en a fait aujourd’hui un encaste synonyme de diversité ».

Précision Le texte qui suit n'est qu'une plaisanterie en même temps qu'un (vilain) plagiat de l'incroyable présentation de l'opus 29 « Le roman de Vistahermosa » — l'ego de notre camarade étant d'une grosseur inversement proportionnelle à celle des chevilles de l'auteur dudit opus.

Ce samedi, donc, les chanceux qui assisteront à la conférence « Santa Coloma et sélection », ou « Le roman de Santa Coloma », découvriront les secrets de cet encaste florissant et de ses quatre progénitures encore en vie : (dans l'ordre alphabétique) Albaserrada, Buendía, Coquilla et Graciliano. Au sommaire : dans un contexte historique fondamental, la véritable histoire du Conde de Santa Coloma comme jamais elle ne fut racontée ; la vraie histoire de son gendre, de la mère de celui-ci et du fils de cette dernière ; celle des « veuves » du petit coquin que fut Félix S. (y a rien à faire, y a toujours des veuves dans ces contes ganaderos) ; la légende réelle des « toros gris » (on saura enfin d'où viennent les cárdenos) ; une évocation des derniers Vega-Villar (Santa Coloma x Vázquez), ainsi que, pour la première fois au monde, un reportage complet sur la famille Ibarra réalisé grâce aux descendants de ce bon vieux Edouard dans sa finca de « La Carscajera », « La Carsajera », non, « La Casajera » (pfff, j'y arriverai jamais) où étaient jadis les toros. Pour terminer, grâce (j'ai la grâce) à une foultitude de livres ganaderos consultés (liste fournie sur simple appel téléphonique, 3,50 €/min), une révélation extraordinaire qui remet en question — preuve à l'appui — la généalogie officielle de l'encaste Coquilla, c'est-à-dire celle de la plupart des ganaderías contemporaines... Il est prudent de réserver auprès de l'ambassade de France à Madrid.

* Accompagnée d'un vin d'honneur.

Image Chez Adolfo Rodríguez Montesinos © Laurent Larrieu

09 mai 2011

« Corte Inglés »


— Je m’appelle Goyo.
— ...
— Mais mes amis (le regard se fait insistant et sérieux, il lève le doigt pour donner plus de véracité à ce qu’il va dire) me surnomment "El Corte Inglés".
— ...
— Vous voulez un autre verre ?
— Euh...
— Si, si, vous voulez un autre verre !
Goyo est parti commander l’autre verre que nous voulions. D’autres viendront plus tard.
D’emblée, il a planté le décor.
Je m’appelle Goyo et on me surnomme le "Corte Inglés" ! Ça a l’air de l’amuser, d’ailleurs, qu’on le surnomme le "Corte Inglés". Ce type vend au bas mot 700 toros par an. De tout ! C’est lui qui l’assure. Tu veux des monstres balafrés et dénués de toute appétence pour l’art fragile du redondo "castellesque" ? J’ai. Tu veux des ratas pour figuras-sa-race ? J’ai. Tu veux de l’exotique, origine jurassique, label en voie d’extinction ? J’ai. Tu veux des toros rose avec des sabots en fraise Tagada et des cornes en forme de bouteilles de coca acidulées ? Il doit avoir aussi, mais il faudra chercher plus longtemps.
Goyo, c’est le supermarché du toro bravo, l’anti Cuadri en somme. A Colmenar del Arroyo, derrière des murs rouges qui ne portent en eux aucune inclinaison ni pour le beau ni pour l'esquisse de beau, Goyo fait attendre des centaines de taureaux de combat venus de toute l’Espagne. Il les vendra à des peñas du Levante, à d’obscures commissions taurines des alentours de Madrid, à des empresas attirées par les facilités de ce campo de bric et de broc — un grand magasin de la bête à cornes sans escalator ni code barre.
— Tenez, j’ai pris aussi quelques tapas. S’il n’y a pas assez, ils en amèneront d’autres.
Goyo est revenu avec les verres qu’il avait décidé que nous voulions. Tout cela ne laissait rien présager d’encourageant concernant un éventuel repos, une improbable pause, une incertaine accalmie. Goyo était heureux d’être là. Il pouvait parler de toros. De sa vie donc. Goyo aime le toro de lidia. Il a les goûts de sa terre où le campo n’est pas carte postale mais duquel s’extraie encore, quoique difficilement aujourd’hui, une afición exigeante pour laquelle le toro est un animal brave et fort. Goyo vend de tout dans le toro mais il n’en conserve pas moins un œil avisé, un poil taquin, sur les errements actuels du monde taurin.
— J’étais à Vista Alegre le jour de Morante. Ils ont annoncé le toro à 512 kilos. Je me suis tourné vers un ami et je lui ai dit que les 12 kilos je les voyais bien mais pas les 500 autres !
Goyo a commandé à boire et à manger, de nouveau, encore. Il avait trop de choses à nous dire.
La nuit n’est pas venue.

Le soleil est là, déjà ; l’accompagne Goyo. Toujours jovial, le verbe haut et les épaules larges, Goyo, pourtant, n’est pas le même ce matin. Des rayonnages infinis de son supermercado taurin, nous ne verrons qu’un îlot sur lequel se battent les derniers toros d’Atanasio Fernández observés en toute quiétude par les ultimes représentants de l’élevage peu connu d'Escolar Herrero (Dionisio Rodríguez). Non, ce matin, Goyo est ganadero et les toros des autres ne l’intéressent plus. Ce sont les siens, ses novillos, ses mères et ses petits qu’il tient à ensolleiller.
— Vous imaginez, je vends 700 toros par an et jamais un Français n’est venu s’intéresser aux miens.
Les siens justement. L’anti "Corte Inglés". Ici règnent les berrendos. En soi, déjà, on est ailleurs. Ici, c’est un nom du temps de l’épicerie qui commande au rite. Martínez. Les berrendos de Martínez. Goyo les élève par héritage familial et parce qu’ils sont bons et braves. Tous les ganaderos disent cela. Goyo, lui, on l’a cru. Ils ont évidemment été croisés (dernièrement c’est un semental de Flor de Jara qui officie) car un siècle est passé par là. Ils sont peu mais ils suffisent à Goyo, et on le comprend.

L’Afición de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle n’a que d’infimes connaissances sur le toro dérivant des Martínez et, par voie de conséquence, sur les familles découlant des anciens Jijón. Certains, bien que pleins de bonnes intentions, voudraient voir des vestiges de Jijón un peu partout mais, reconnaissons-le, l’entreprise s’avère plus que douteuse. Montalvo a sacrifié ses berrendos, la Condessa de Sobral itou pour ses Jijón pendant que les Peñajara s’affichent mensongèrement de "Casta Jijona". Que reste-t-il au final ? A peine quelques frêles troupeaux sur lesquels le Parladé a essaimé son type. Il ne reste rien que certains détails de pelages ou d’anatomie. Et ces minuscules détails, Goyo les élève et réussit à les maintenir visibles sur certains exemplaires. Ainsi, à vouloir finasser, l’on pourrait observer avec attention de vieilles photographies des toros de Martínez, puisqu’il ne subsiste plus que les archives, et se rendre compte que, peut-être, en prenant des pincettes, certains toros gardent comme atavisme une insertion et une direction de cornes très particulières. Pas ou peu de courbe mais une corne tout en angle (obtus) et dirigée vers le ciel qui donne un ensemble très ouvert. Au-delà de cela (d’aucuns insisteraient peut-être sur le fort volume de certains novillos), il n’y a de place qu’au fanstasme.
Goyo a continué de parler, mais moins. Les toros incitent au silence. Il va vendre cette année quelques centaines de toros mais en élever une petite vingtaine. On a tous nos vices cachés.

>>> Retrouvez une galerie consacrée à l'élevage Hermanos Quintas Parra sur le site www.camposyruedos.com, rubrique CAMPOS.

Photographies Chez Goyo © Laurent Larrieu / camposyruedos.com

05 mai 2011

Heureusement, les blogs


Après la grâce du Cuvillito par Manzanita, qui restera sans doute une date clef dans la constatation de la décadence de la Fiesta, on peut dire aujourd'hui qu'il aurait été très difficile de se faire une idée assez juste de ce qui s'est passé en lisant uniquement la presse officielle, plus ou moins autorisée. Nous n’allons pas revenir sur le cirage de pompes général tellement il fut et continue d’être souvent consternant.
Heureusement, les blogs, si décriés, si méprisés par ceux qui voudraient bien qu’on les laissât sucer tranquille ; les blogs ont pris le relais d’une presse aux ordres, vendue, et sans critères. Les blogs, seule et unique source de liberté d’expression et de contestation : comment ne pas s'en féliciter aujourd'hui ?
Il faut dire que les blogs n’ont rien à vendre, rien à quémander.
Parmi tout ce que j’ai pu lire, je vous engage à aller chez Casta y Bravura pour y découvrir le texte d'un aficionado sévillan, abonné de la Maestranza. Pour ceux qui ne lisent pas le castillan, vous en trouverez ci-après une traduction que je qualifierai de "libre".

Séville...
J’écris depuis Séville, avec une peine qui étouffe tous mes espoirs, mes espoirs mis sur une arène, la Real Maestranza de Caballería de Sevilla que je fus capable de défendre a capa y espada (de toutes mes forces) comme l’édifice le plus parfait et le plus sérieux où les taurins organisent des corridas de toros ; Séville qui fut pour moi et pour beaucoup l’unique arène où l’aficionado était roi, l’aficionado réfléchi et expérimenté, l’aficionado qui comprenait chacun des détails de la lidia et analysait les mille facettes d’une après-midi de toros.
L’aficionado majuscule, celui qui était capable de se gagner le qualificatif maximal, celui de RESPECTABLE. L’aficionado de Séville fut capable de remettre à leur place de nombreux toreros, de nombreuses époques, sans être vulgaire, sans crier, juste quelques sifflets ; c’était juste son silence, ce silence indifférent, sévillan, qui marquait au fer le moral des toreros.
L’aficionado de Séville a été mon idéal d’aficionado a los toros, le mien et celui de nombreux autres, la référence en matière d’éducation taurine.
Un jour de toros à Séville, tout était sérieux, depuis le paseíllo jusqu’au travail des mules ; tout était un mélange parfait de règles, lithurgie, duende et beauté. Ce jour-là, le toro était bien présenté, sérieux, bas et harmonieux, mais sérieux.
Un jour de toros à Séville, nous profitions du toreo comme dans aucun autre lieu au monde, sous le regard de personnes d’âge certain qui, sans avoir Internet, étaient aussi critiques que les blogs d’aujourd’hui ; ces personnes qui avaient vécu dans leur chair ces faenas historiques de Pepe Luis ou du Pharaon, et que pas grand-chose pouvait surprendre ; ces personnes capables de remettre un torero à sa place simplement en se taisant et faisant silence.
Aujourd’hui, comme je l’ai dit, mes espérances taurines sont détruites, ces piliers où s’est fomentée mon afición ont été démolis, et ma dignité d’aficionado foulée aux pieds. L’aficionado sérieux de la Maestranza est mort de vieillesse ; ces personnes âgées, avec lesquelles j’ai été élevé sur les gradins du coso del Baratillo, sont toutes désormais centenaires, et il en reste peu. Elles sont mortes comme est mort Diodoro Canorea, le dernier imprésario à la hauteur de l’arène la plus importante et la plus élégante de la planète taurine.
Aujourd’hui, les gradins de la Mastranza sont remplis d’un public qui n’a rien à voir avec celui d’hier, un public qui n’a pas le moindre respect ni pour l’histoire de ce lieu où il vient s’asseoir ni pour la Fiesta en général. C’est un public festif, peu éduqué en matière taurine, qui va aux toros en moyenne une ou deux fois par an et qui veut à tout prix que l’après-midi soit la plus historique des historiques ; un public qui ne me respecte pas, et ne respecte pas celui qui paye son abonnement ; un public « applaudisseur » et désireux d’oreilles ; un public qui n’a pas de honte à faire sortir El Juli en triomphe de manière tout à fait superficielle et gracier le premier toro de l’histoire de Séville ; un public qui se croit souverain sans avoir rien démontré.
Tout, cependant, n’est pas la faute du public, qui paye son entrée et soutient la Fiesta, voit et perçoit ce que l’imprésario veut montrer, ces imprésarios de Séville qui sont à moitié cachés ces jours de farolillos, eux qui font que le spectacle à Séville est depuis plusieurs années une sorte de pantomime superficielle sur la plus belle des scènes qu’est la Real Maestranza.

A Séville, nous n’en pouvons plus du toro harmonieux, des novilladas de Victorino en « Santa Coloma » et des toros de l’encaste Domecq. A Séville, nous voulons le TORO de Madrid, le TORO de Bilbao, le TORO en un mot.

Cela fait maintenant trop longtemps qu’ils nous trompent avec l’histoire du toro sévillan.
Les présidents et les équipes responsables sont l’autre grand problème de ce triangle vicieux dans lequel est entrée l’arène de Séville, car ils ne sont pas capables de contenir les « foules » lorsqu’elles demandent une grâce d’arène portative dans la Maestranza.

Quel est leur rôle ? Pourquoi des hommes dont le rôle est d’avoir des critères octroient des oreilles sans aucune valeur ?

Enfin, une série d’événements font que le fond est proche et mouvant et qu’en sortir sera compliqué.
Y a-t-il une solution ? Je crois que oui : un changement de direction, un changement de toro, investir pour former les aficionados, un changement de présidents… Des mesures pour palier au désastre, bien que le mal soit déjà profond. J’espère que ce n’est pas irréversible.
En ce qui me concerne, j’en finis avec mon abonnement, bien, je ne suis pas incohérent, je n’arrête pas, je l’offre à des amis, des familiers. Je ne le renouvellerai pas tant que les choses n'auront pas changées, et je tuerai ma nostalgie de Séville en allant voir ces corridas, l’été, avec un cinquième d’arène ; ces corridas sans glamour où vont peu de gens, mais où ces quelques personnes constituent le vieux réduit de ce que fut un jour Séville. Une arène qui représentait une manière bien à elle de comprendre la Fiesta unissant respect, exigence et élégance :  la manière idéale pour apprécier le toreo.
Trincherazo_Sevillano

Navarre 1 - Catalogne 0


En voilà une belle affiche qui devrait vous convaincre, en ces temps de "couille-mollisation" virale, de venir vous rafraîchir l'esprit à coups de seaux de martini-kas au grand air de Navarre !

¡Ya falta menos!


Affiche réalisée par Kiko Balenzategui Arbizu & Javier Ayerra Alfaro.

Analyse des prélèvements 2010


L'Union des villes taurines de France (UVTF) a publié sur son site, le 14 février 2011, le rapport de la mission d'expertise confiée par l'UVT. à l'Association française des vétérinaires taurins (AFVT) portant sur les armures prélevées durant la saison taurine 2010.

Ledit rapport d'expertise, disponible in extenso ici, conclut que sur cinquante-huit paires de cornes analysées, les résultats suivants ont été obtenus :

— 86,36 % de résultats favorables, et
— 13,64 % de résultats non conformes se répartissant comme suit : 7,58 % de résultats avec perte de substance sur une corne et 6,06 % de résultats avec perte de substance sur les deux cornes d'un même taureau.

Il ne s'agit pas ici d'en tirer quelque bilan ou éclairage que ce soit ; comme vous pourrez le constater par vous-mêmes, rien de bien nouveau sous le soleil des arènes.

On constate notamment toujours un grand nombre d'élevages utilisant un certificat d'arreglado pour justifier une perte de substance ; il est toutefois intéressant de noter, avec Velonero qui en a fait la remarque sur son blog bien avant nous, que sur les douze ganaderías déclarant utiliser les fameuses et funestes fundas, neuf ont eu recours au "justificatif" dudit certificat. Oui, neuf sur douze. Ceci tend singulièrement à relativiser la prétendue efficacité du procédé, ou, ce vers quoi j'aurais fâcheusement tendance à pencher, son bien-fondé et surtout le but recherché par ceux qui l'utilisent.

Si je ne replonge pas dans ma léthargie taurine d'ici là, je ferai part de mon étonnement aux personnes concernées si j'en ai l'occasion. Sait-on jamais, cela peut être instructif. Quoi que cela suppose de se rendre dans les élevages qui procèdent à cette manipulation (avec tout ce que recouvre ce terme), ce qui n'est pas ce qu'il y a de plus enthousiasmant dans le paysage campero...
On notera également, en lisant en détail le rapport, que l'AFVT est extrêmement précautionneuse dans certaines de ses conclusions, sans qu'il soit question de le lui reprocher.

Photographie Là-bas aussi ? Ganadería Moreno de Silva, Palma del Río, avril 2007 © Yannick Olivier / Camposyruedos

Céret de Toros 2011, l'affiche


04 mai 2011

Indulto, la goutte d’eau...


L’Afición a los toros l’attendait, le guettait, le devinait derrière chaque cartel. Oh ! bien sûr, cette attente n’était pas empreinte d’impatience ! Ce moment était redouté comme la corde tenant le couperet lâché par la main du bourreau sur l’échafaud.
Séville est tombée. La faute à un mouchoir orange, tenu par un président sans critères, le 30 avril 2011. Que, du quatuor des plus importantes plazas d’Espagne, Séville tombe la première n’étonnera personne. Séville, la « torériste » de toujours, n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis longtemps. Il y a de cela 10 ans (jusqu’en 2000), l’afición sévillane était encore capable de se retrouver entre elle, el día de resaca, pour applaudir les charges sur les picadors des toros de María Luisa Domínguez y Pérez de Vargas (le pur Pedrajas de Guardiola). L’Afición sévillane est devenue comme les autres publics d’Andalousie ou d’Espagne. Aguichante, facile, putassière et, surtout, infidèle à ses aux fondements du toro brave (je n’ai pas dit noble) : telle est la Maestranza.
Barcelone était tombée au combat en première ligne ; mais quel était le poids de la Monumental dans cette guerre ?
Aujourd’hui, il ne reste plus que Bilbao, Madrid et Pamplona pour faire de la résistance. Jusqu'à quand ?
Au vu des vueltas accordées ces dernières années dans ces plazas, on peut dire, sans jouer les devins, que le ver est dans le fruit. Les batailles ont commencé dans une guerre perdue d’avance. Directeurs d’arènes, apoderados, toreros, novilleros, éléveurs, présidents de course, tout le monde est dans le moule de la pensée unique du toro de troisième tiers. S’il ne met pas la tête, c’est un « hijo de puta ». Leur analyse peut facilement se résumer à cela. De quoi foutre la gerbe !
Le public qui remplit les arènes n’est pas aficionado. Il ne connaît rien du règlement, encore moins des toros, car personne ne les lui a enseignés. Il est juste là pour consommer, passer un bon moment, en avoir pour son argent et éventuellement raconter que la corrida était extraordinaire avec un nombre incroyable d’oreilles coupées, d’indultos...
C’est vrai en Espagne mais aussi en France, sauf que nous n’avons, chez nous, aucune arène de première catégorie, ni aucune arène d’importance sur l’échiquier taurin. Ce qui s’y est passé est donc moindre mal. Aucun des indultos distribués en France depuis 15 ans n’étaient réglementaires. Soit il s’agissait de novillo et, dans ce cas, il n’a pas lieu d’exister, ou de toros incomplets car TOUS banals dans les premier et second tiers. Je rappellerai juste que pour atteindre le graal de la grâce, le toro se doit d’être exceptionnel dans TOUS les tiers. Piquer 2 fois un toro est réglementaire mais pas exceptionnel. Messieurs les présidents, à vos règlements taurins !!!
Le grand chambardement du premier tiers que veut orchestrer la France est louable. Mettre des moyens pour sauver cette relique de premier tiers, dont la mort est chaque jour un peu plus annoncée : amis aficionados, standing ovation !
Mais attention, à trop regarder l’arbre qui cache la forêt, on en oublie la forêt.
Le fond du problème est que les toros n’ont pas suffisamment de force pour être piqués et qu’il peuvent, dans 90% des cas, être toréés sans passer par le picador.
Jean Pedro Domecq, il y a peu, renvoyait la balle dans le camp de l’Afición en disant : « Si les aficionados veulent sauver le tercio de varas, qu’ils se battent : il faut un cheval plus léger, une pique moins meurtrière et un peto plus souple... » Bien sûr, le journaliste de service, et au service, ne lui a pas soufflé qu’il manquerait malgré tout l’ingrédient majeur de la sauce : un toro avec de la force ; chose que M. Domecq s’était employé à retirer de son élevage depuis des années.
Pourquoi s’obstiner à sauver ce premier tiers alors même que fort rares sont les présidents ayant le courage de refuser aux toreros un changement de tiers lorsqu’un toro mérite une puya supplémentaire ?
Paradoxalement, lorsque l’on sort des arènes de Céret, Vic, Parentis, Carcassonne (jusqu’en 2010), Cenicientos, etc., les questions existentielles sur la pique et le premier tiers ne se posent pas de la même façon.
Les toros ont de la force et doivent être piqués. Dans ces arènes, la longueur des piques n’a jamais tué un toro sauf si le torero et sa cuadrilla, morts de trouille et animés d'intentions à tendance destruction massive, préméditent un « assassinat » en règle.

Pour revenir au sujet de départ, si la France doit servir d’exemple afin d’enrayer cette hémorragie d’indultite aiguë, trois points à changer s’imposent aujourd’hui dans le règlement :
— la faena de muleta à rallonge, où les toreros ne rentrent dans le vif du sujet qu’au bout de 20-30 passes, doit être réduite. Le premier avis pourrait être sonné à 7 minutes au lieu des 10 actuels ;
— les trophées pour sortir par les Grande porte devraient être au minimum de 3. Madrid avait durci sa politique en matière de trophées, donc de Grande porte, après la scandaleuse queue coupée, par Palomo Linares en 1972, à 'Cigarrón' d’Atanasio Fernández ;
— les trophées accordés sur un toro indulté ne rentreraient pas en compte pour la sortie par la Grande porte, et les trophées symboliques pourraient être supprimés (donc non comptabilisés dans les statistiques).
Les toreros qui veulent couper des oreilles devraient entrer a matar et écourter leur démonstration du nombre de passes. L’« effet Témesta » sur l’ire populaire des bobos en manque de sensationnel serait radical. Car, au fond, ce public s’intéresse bien plus au triomphalisme et au superflu qu’à la grâce du toro et à ses qualités de combattant.
Tout ceci conjugué limiterait les excès que nous vivons aujourd’hui ; excès qui ont pour seul effet de banaliser une chose magnifique, donc rare, lorsqu’elle est méritée : l’indulto.
Laurent Giner