Heureusement, les blogs, si décriés, si méprisés par ceux qui voudraient bien qu’on les laissât sucer tranquille ; les blogs ont pris le relais d’une presse aux ordres, vendue, et sans critères. Les blogs, seule et unique source de liberté d’expression et de contestation : comment ne pas s'en féliciter aujourd'hui ?
Il faut dire que les blogs n’ont rien à vendre, rien à quémander.
Parmi tout ce que j’ai pu lire, je vous engage à aller chez Casta y Bravura pour y découvrir le texte d'un aficionado sévillan, abonné de la Maestranza. Pour ceux qui ne lisent pas le castillan, vous en trouverez ci-après une traduction que je qualifierai de "libre".
Il faut dire que les blogs n’ont rien à vendre, rien à quémander.
Parmi tout ce que j’ai pu lire, je vous engage à aller chez Casta y Bravura pour y découvrir le texte d'un aficionado sévillan, abonné de la Maestranza. Pour ceux qui ne lisent pas le castillan, vous en trouverez ci-après une traduction que je qualifierai de "libre".
Séville...
J’écris depuis Séville, avec une peine qui étouffe tous mes espoirs, mes espoirs mis sur une arène, la Real Maestranza de Caballería de Sevilla que je fus capable de défendre a capa y espada (de toutes mes forces) comme l’édifice le plus parfait et le plus sérieux où les taurins organisent des corridas de toros ; Séville qui fut pour moi et pour beaucoup l’unique arène où l’aficionado était roi, l’aficionado réfléchi et expérimenté, l’aficionado qui comprenait chacun des détails de la lidia et analysait les mille facettes d’une après-midi de toros.
J’écris depuis Séville, avec une peine qui étouffe tous mes espoirs, mes espoirs mis sur une arène, la Real Maestranza de Caballería de Sevilla que je fus capable de défendre a capa y espada (de toutes mes forces) comme l’édifice le plus parfait et le plus sérieux où les taurins organisent des corridas de toros ; Séville qui fut pour moi et pour beaucoup l’unique arène où l’aficionado était roi, l’aficionado réfléchi et expérimenté, l’aficionado qui comprenait chacun des détails de la lidia et analysait les mille facettes d’une après-midi de toros.
L’aficionado majuscule, celui qui était capable de se gagner le qualificatif maximal, celui de RESPECTABLE. L’aficionado de Séville fut capable de remettre à leur place de nombreux toreros, de nombreuses époques, sans être vulgaire, sans crier, juste quelques sifflets ; c’était juste son silence, ce silence indifférent, sévillan, qui marquait au fer le moral des toreros.
L’aficionado de Séville a été mon idéal d’aficionado a los toros, le mien et celui de nombreux autres, la référence en matière d’éducation taurine.
Un jour de toros à Séville, tout était sérieux, depuis le paseíllo jusqu’au travail des mules ; tout était un mélange parfait de règles, lithurgie, duende et beauté. Ce jour-là, le toro était bien présenté, sérieux, bas et harmonieux, mais sérieux.
Un jour de toros à Séville, nous profitions du toreo comme dans aucun autre lieu au monde, sous le regard de personnes d’âge certain qui, sans avoir Internet, étaient aussi critiques que les blogs d’aujourd’hui ; ces personnes qui avaient vécu dans leur chair ces faenas historiques de Pepe Luis ou du Pharaon, et que pas grand-chose pouvait surprendre ; ces personnes capables de remettre un torero à sa place simplement en se taisant et faisant silence.
Aujourd’hui, comme je l’ai dit, mes espérances taurines sont détruites, ces piliers où s’est fomentée mon afición ont été démolis, et ma dignité d’aficionado foulée aux pieds. L’aficionado sérieux de la Maestranza est mort de vieillesse ; ces personnes âgées, avec lesquelles j’ai été élevé sur les gradins du coso del Baratillo, sont toutes désormais centenaires, et il en reste peu. Elles sont mortes comme est mort Diodoro Canorea, le dernier imprésario à la hauteur de l’arène la plus importante et la plus élégante de la planète taurine.
Aujourd’hui, les gradins de la Mastranza sont remplis d’un public qui n’a rien à voir avec celui d’hier, un public qui n’a pas le moindre respect ni pour l’histoire de ce lieu où il vient s’asseoir ni pour la Fiesta en général. C’est un public festif, peu éduqué en matière taurine, qui va aux toros en moyenne une ou deux fois par an et qui veut à tout prix que l’après-midi soit la plus historique des historiques ; un public qui ne me respecte pas, et ne respecte pas celui qui paye son abonnement ; un public « applaudisseur » et désireux d’oreilles ; un public qui n’a pas de honte à faire sortir El Juli en triomphe de manière tout à fait superficielle et gracier le premier toro de l’histoire de Séville ; un public qui se croit souverain sans avoir rien démontré.
Tout, cependant, n’est pas la faute du public, qui paye son entrée et soutient la Fiesta, voit et perçoit ce que l’imprésario veut montrer, ces imprésarios de Séville qui sont à moitié cachés ces jours de farolillos, eux qui font que le spectacle à Séville est depuis plusieurs années une sorte de pantomime superficielle sur la plus belle des scènes qu’est la Real Maestranza.
A Séville, nous n’en pouvons plus du toro harmonieux, des novilladas de Victorino en « Santa Coloma » et des toros de l’encaste Domecq. A Séville, nous voulons le TORO de Madrid, le TORO de Bilbao, le TORO en un mot.
Cela fait maintenant trop longtemps qu’ils nous trompent avec l’histoire du toro sévillan.
Les présidents et les équipes responsables sont l’autre grand problème de ce triangle vicieux dans lequel est entrée l’arène de Séville, car ils ne sont pas capables de contenir les « foules » lorsqu’elles demandent une grâce d’arène portative dans la Maestranza.
Quel est leur rôle ? Pourquoi des hommes dont le rôle est d’avoir des critères octroient des oreilles sans aucune valeur ?
Enfin, une série d’événements font que le fond est proche et mouvant et qu’en sortir sera compliqué.
Y a-t-il une solution ? Je crois que oui : un changement de direction, un changement de toro, investir pour former les aficionados, un changement de présidents… Des mesures pour palier au désastre, bien que le mal soit déjà profond. J’espère que ce n’est pas irréversible.
En ce qui me concerne, j’en finis avec mon abonnement, bien, je ne suis pas incohérent, je n’arrête pas, je l’offre à des amis, des familiers. Je ne le renouvellerai pas tant que les choses n'auront pas changées, et je tuerai ma nostalgie de Séville en allant voir ces corridas, l’été, avec un cinquième d’arène ; ces corridas sans glamour où vont peu de gens, mais où ces quelques personnes constituent le vieux réduit de ce que fut un jour Séville. Une arène qui représentait une manière bien à elle de comprendre la Fiesta unissant respect, exigence et élégance : la manière idéale pour apprécier le toreo.
Trincherazo_Sevillano
Trincherazo_Sevillano