27 mai 2006

Oriol Balaguer


Tiens ! Il y a longtemps que nous n’avons pas discuté gastronomie. Alors qu’on parle pour la énième fois d’un peut-être, possible, et éventuel retour de José Tomás, si les conditions s’y prêtent et si le mythique diestro se décide ; si encore éventuellement ça le démange au bon moment et au bon endroit et si l'alignement des planètes est favorable et la lune causante ; on se dit donc que si des fois ça le reprend nous reprendrons, nous aussi, la route de Barcelone…
Mais pour aller à Barcelone, pour les épicuriens, pas besoin de Tomás en fait vu le bouillonnement gastronomique de la cité condale. Tenez, prenez par exemple Oriol Balaguer.
Ce jeune homme a été meilleur artisan pâtissier d’Espagne en 93, meilleur livre du monde (rien que ça !) en 2000, dessert du monde en 2001, pâtissier de catalogne en 2003, j’en passe, et meilleur site gastronomique d’Espagne en 2005 ! Rien que ça...
Ce genre de distinctions gastronomiques m’a toujours fait sourire. Ce serait un peut comme se poser la question de savoir qui de Château Yquem ou de la Romanée Conti est le meilleur. La question est vaine et la réponse improbable. Passons.
Mais Oriol Balaguer fut surtout pâtissier de Ferran Adrià chez El Bulli de 1995 à 2002. Et là où la chose devient intéressante et concrète, c'est qu'en fait Oriol vient d’ouvrir une boutique, à Barcelone évidemment, Place Sant Gregori Taumaturg. Je ne l'ai pas encore visitée mais cela ne saurait tarder…

25 mai 2006

Alejandro Talavante


Il est difficile entre le politiquement correct, voire plus, des journalistes taurins et les opinons tranchées des aficionados véritablement libres qui s’expriment sur le net de trouver deux opinions concordantes sur la féria de la San Isidro 2006.
Le miracle a pourtant eu lieu à l’occasion de la novillada du 24 mai 2006 (bétail de El Ventorrillo).

Que le très policé et transparent Zabalita de la Serna (ABC) ait vu en Alejandro Talavante la résurrection d’un certain José Tomás n’a eu que peu d’effet sur mon esprit encore embrumé lorsque je prends mon cortado du matin. En revanche, que l’appréciation de la presse politiquement très correcte, voire plus, soit partagée et corroborée par les écrits de l’afición réellement libre pour aboutir à une étonnante et joyeuse unanimité ne peut qu’exciter la curiosité de tout aficionado et donc nous exciter tout court.

Je vous propose ici une traduction approximative de la chronique «Desde el 7» publiée par Joaquín Monfil sur Opinión y toros. Et du coup, j’ai retrouvé l’espoir et l’envie de faires quelques centaines voire quelques milliers de kilomètres pour découvrir ce novillero : Alejandro Talavante. Ouf ! Il était temps. Souhaitons que la bonne nouvelle se confirme au fil de la temporada et croisons les doigts pour qu’il ne s’agisse pas d’un simple feu de paille.

Aún nos queda esperanza (extrait de la chronique publiée dans opinionytoros.com)
Les gens du tendido se demandaient si José Tomás était de retour. En tout état de cause et même s’il ne l’était pas l’impression de son retour était là. Un jeune de Badajoz, de 18 ans, qui répond au nom de Alejandro Talavante a donné une leçon de toreo durant toute la tarde. Tout ce qu’il fit, depuis le paseo jusqu’à sa sortie des arènes était plein de cette toreria qui nous manque tant dans l’actualité. Les aficionados qui n’applaudissent jamais applaudissaient à tout rompre, se frottaient les yeux et ne croyaient pas ce qu’ils étaient en train de voir. Cela est le toreo éternel. Et il a fait la vuelta la plus acclamée à Las Ventas depuis bien longtemps. Le meilleur de la feria jusqu’à ce jour et sans discussion possible.
Son professeur est Antonio Corbacho, le même qui s’occupa des débuts de José Tomás. Et cela se sent. Enfin un torero différent du reste de la majorité des pegapases qui garnissent les deux escalafons.
Il est certain qu’à ce jour il lui manque la technique du maniement de l’épée. Mais cela s’apprend, il est très jeune et la technique de tuer les toros est quelques chose qui peut s’acquérir avec des efforts et la pratique. Et aucun aficionado du tendido ne doutait de cela. Tout le reste de sa prestation a été empreint de ce sentiment que seuls les élus possèdent. Et les aficionados ont retrouvé espoir dans le futur. Si Talavente continue ainsi il va occuper une place laissée vide depuis le départ du diestro de Galapagar qui manque tant aux aficionados de toujours et à la fiesta tout entière. Il lui faudra avoir de la chance et qu’il ne tombe pas entre les mains d’une quelconque "mosca cojonera"...


D’après Joaquín Monfil & les photographies sont de Juan Pelegrín.

24 mai 2006

Oui mais non


La corrida vedette de la San Isidro 2006 a laissé à Bastonito une sensation aigre douce.
Le côté aigre est venu de la présentation des Alcurrucén et du sobrero, intolérable, sauf pour le cinquième, de l’erreur de César Rincón dans le choix des terrains pour sa faena au premier, et du fait que le Juli a seulement coupé une oreille à un animal qui offrait les deux, et au fait que le que le Cid commence a toréer al natural avec moins de vérité.

Le côté doux vient de la disposition du Colombien toute la tarde, de son courage et de sa torería avec le premier et de la lidia parfaite (avec la cuadrilla) au quatrième ; et du fait que la faena du Juli au sobrero d’Ana María Bohórquez culmina en quelques passages réellement estimables sans oublier l’estoconazo à son second et, enfin, le fait que le Cid a toujours une main gauche privilégiée.

Il est probable que nous n’en n’aurions pas vu autant si cette corrida avait été tuée par d’autres. Mais ces trois-là ne pouvaient-ils pas nous donner plus ? Je pense raisonnablement que oui et, qu’en outre, leur condition de figura nous oblige à le leur exiger.
D'après Bastonito

23 mai 2006

Ponce... San Isidro 2006


Enrique Ponce hier à Madrid (20 mai 2006) nous a étonnés en se la jouant de verdad avec un cinqueño pregonao de José Luis Pereda remiendo, sorti en seconde position et auquel la présidence aurait peut-être pu imposer la pose des banderilles noires pour éviter la grande quantité de capotazos qui ont été donnés pour l’amener au cheval que Ponce avait justement ordonné de placer dans le terrain du toril.

Certains ont dit qu’il avait joué à l’engañabobos (au trompe couillon), oui, mais avec l’autre toro. Avec le Pereda il a aguanté des attaques effrayantes sur la corne gauche pour commencer et ensuite avec le côté droit avec notamment un terrible gañafón.
Sur ce côté droit il a essayé de toréer par redondos de verdad, en se croissant et en parvenant à donner une série authentiquement estimable alors que le reste fut moins net.
La vérité est que se pregonao faisait peur. Et pour ceux qui ont des doutes, demandez-le à la cuadrilla du Valencien, qui est une spécialiste de la lidia suave de ces animaux dociles que Ponce a l’habitude de toréer mais qui fait naufrage lorsque surgissent pareilles difficultés.

Dans ce contexte et avec ce Pereda, Ponce a dû se débrouiller seul et il le fit avec une intelligence et un courage auxquels il ne nous avait pas habitué ici à Madrid.
Il perdit enfin l’oreille pour avoir perpétré la suerte suprême de manière infâme.
D'après Bastonito

21 mai 2006

Les picadors revisteros


Elle est invisible, elle n’existe pas. L’autoroute lui file au-dessus, donc elle n’existe pas.
- « Qu’est-ce que vous allez faire aux toros ? »
C’est le barman qui s’interroge, mi-malicieux, mi-mort déjà. Il sert un whisky dans un grand verre sale mais ne sait plus où il stocke le coca-cola. Il tremble beaucoup, n’articule plus depuis les années soixante.
Aucune photo taurine au mur, seulement l’arbre généalogique des encastes canines ; original.
17h15. C’est l’heure, « hasta luego ». Il nous regarde encore, ne comprend vraiment pas et réitère sa question.
- « Qu’est-ce que vous allez faire aux toros ? »
Echo.
Au bas d’un raide escalier, un quarteron de félons, crinières iroquoises de rigueur, se drape dans un slogan incompréhensible. Ici, l’Espagne est verte, ronde et s’écrit avec beaucoup de « z » et de « k ».
La plaza est minuscule, parfaitement laide à l’extérieur. Autour, des briques, du béton, des barres qui lui ont enlevé l’envie de s’épanouir. Elle se cache même entre deux escaliers roulants, au bas de cette canopée urbaine.
En haut des immeubles marrons, des familles s’installent pour le spectacle et regardent ce rond anachronique ici.
Les trois novilleros défilent, deux fils à papa et l’autre. C’est lui qui ouvrira le bal des débutants.
Cayetano est l’attraction du jour, on est venu voir s’il ressemblait bien à son père. Il ressemble à son père ! Angel Teruel suscite moins de regards et Gabriel Picazo, le « Jean sans terre » du jour, aurait pu aller à la pêche, il est comme ce bourg, l’autoroute lui file dessus, donc il n’existe pas. Pas encore.

Dans le callejón, José Miguel Arroyo se fait discret, on dirait un golden boy. Il discute avec son mayoral, essaye de se fondre dans le mur couleur chaux.
A droite, alignés comme des vieilles sur le banc d’un village de Castille ou du Gers, les picadors prennent le soleil et tapent la causette. Ils pourraient nous raconter la course.
D’ailleurs, cette course ?
Furent occis six novillos de José Miguel Arroyo, agréablement présentés, sans excès de bois mais avec des doutes à l’excès pour certains de leurs bois (le 5°, en particulier, se casse le bout de la corne gauche en tapant contre un burladero).
Typés Domecq, tant physiquement que moralement, ils se sont comportés comme nous attendions qu’ils se comportent, c’est-à-dire avec cette noblesse de troisième tiers qui permet de faire des passes, des passes et des passes. Le quatrième montra une vraie charge encastée malgré un premier tiers désatreux. Des novillos très urbains en somme. Le public n’en attendait pas moins.

- « Et aux piques ? » me direz-vous.
Pourquoi avez-vous cette malencontreuse tendance à gâcher le plaisir des gens ? Pourquoi tant de cynisme ? Ne posez pas cette question. Je vous ai dit plus haut que les piqueros auraient pu vous raconter la course, et même dans le détail. Il n’y eut pas de piques ! Ici, nous n’agissons qu’avec urbanité, le cadre qui veut ça peut-être.
Et puis, en définitive, fallait-il vraiment les piquer ces novillos ? Leur faiblesse ne justifiait-elle pas un dosage spécial ? Vous voyez, je vous le dis, nous ne sommes pas des sauvages, il fallait qu’ils tiennent un tant soit peu debout pour faire naître les chefs-d’œuvre.
Et il y en eut, des chefs-d’oeuvre ! 8 oreilles 8. 3 oreilles à Picazo, 3 à Cayetano et 2 à Teruel.
Toutes méritées évidemment, parachevant des labeurs de génie, ponctuant l’indescriptible.
Mais ne soyons bégueules.

Picazo a de jolies manières. Son 1er était un invalide qu’il s’imposa de toréer par le bas ce qui ne… s’imposait pas du tout. Sur un desplante, le novillo, dans un soubresaut du désespoir, lui donna la fessée.
Son second reçut une « piquounette » de principe et annonçait encore un pèlerinage à la vierge de je ne sais pas où. Pourtant, il tint debout (un fond de caste peut-être) et Picazo construisit une faena intelligente avec des séries droitières bien liées et qui allèrent a más et de plus en plus bas. La charge était bien conduite, le toro embarqué. Du bel ouvrage qui surtout améliora la bête. De là à octroyer une vuelta al ruedo qui jamais ne se fit car le boucher avait dû entamer la première côtelette.

Cayetano donc.
On était un peu venu pour lui, pour voir ce qu’il en était vraiment.
Lui aussi a de jolis gestes. Deux véroniques superbes à son premier, deux ondes délicates sur un sable de cailloux.
Cayetano embarqua bien son 1er opposant dans des séries où les passes étaient joliment décomposées et surtout bien conduites. Compas ouvert, croisé, il domine son sujet. Cependant, notons encore une certaine verdeur qui le pousse à commettre des fautes inutiles et dangereuses. Il se laisse voir sur un desplante une fois, marque une hésitation à un autre moment. Bousculé à ses deux toros, indemne, ouf, les jeunes femmes et les plus anciennes respirent tout sourire.

Teruel est brusque. Il veut bien faire mais n’a pas (encore ?) la fluidité de ses compagnons. Il n’a pas non plus la même entrega dans le placement. Toreo profilé, fuera de cacho souvent à son 1er. Que nenni, deux oreilles !

6 mises à mort dans le « rincón d’Ordóñez », 6 poumons, 6 hommages au grand-père. Course « triomphale » et mayoral a hombros. On peut se demander ce que ces novillos auraient donné avec un an de plus. Un désastre ganadero pour sûr tant la faiblesse les accable. Remarquez, José Miguel Arroyo c’est plus discret que Joselito sur les affiches ; certains, peut-être, ne feront pas le rapprochement. A la sortie du 6°, la musique s’ébroua, une fois de plus cet après-midi. Eux, les musiciens, ne pourront pas tout raconter. Les picadors, par contre, peuvent devenir revisteros !

- « Qu’est-ce que vous allez faire aux toros ? »
Le barman avait quelque part raison. Mais que serait-on allé faire à Eibar sans toros ?

15 mai 2006

Une photo, des histoires...

Ceci n’est pas à proprement parler un « batacazo » mais l’image reste cependant saisissante et témoigne des temps anciens de la tauromachie. La photographie est l’œuvre de Mateo, on devine la signature à la droite des pattes arrières du toro. Mateo fait partie des grands photographes taurins de « la edad de oro » de la corrida, la période qui s’étire plus ou moins entre 1910 et la mort de Joselito en 1920.

Né le 1er juillet 1896 dans la capitale catalane, Mateo collabora dès 1914 à la revue crée par Adolfo Dura, « La Lidia » (reprise de la célèbre revue "La Lidia").
Il couvrait les corridas se déroulant dans les deux plazas barcelonaises, la Monumental et Las Arenas. Son œuvre tauromachique est ainsi étroitement liée à sa ville natale même s’il parcourut l’Espagne pour suivre certains toreros dont Manolo Belmonte ou Armilita. Il était de coutume, à l’époque, qu’un photographe se mette au service d’une espada.
Ce témoignage historique sur la vie taurine de la cité de Gaudi est aujourd’hui en partie conservé au musée taurin Manolete de Villa del Río, dans la province de Cordoue. Il serait peut-être louable que certains politiques catalans anti-taurins fassent le voyage jusqu’à Villa del Río pour prendre conscience que l’on n’assassine pas une afición plus que centenaire à coups de décrets et autres circulaires.

Manuel Mateo Serrano est décédé en janvier 1984 dans la ville qui lui offrit son inspiration. La photographie n’est pas datée mais il est facile d’imaginer qu’elle fut prise avant 1928, date de l’introduction du peto, protecteur de frêles rossinantes. Autre symbole d’une époque révolue, ce cheval au « cul » de grenouille, haridelle blanchâtre comme pour mieux contraster le cliché. Une fois de plus, les temps ont bien changé et prouvent que la tauromachie se nourrit d’extrêmes. Autrefois maigrelets, décharnés, les chevaux sont aujourd’hui un paroxysme de lourdeur et de kilos.
La puya n’était pas encore à cruceta et pénétrait profond dans le cou des toros qui chargeaient sans cette distance minimum aujourd’hui imposée par les deux lignes des medios. C’était paraît-il « l’âge d’or » de la tauromachie, les règnes de Belmonte et de Joselito mais avouons que le tercio de piques, déjà, balbutiait ses fondements. Le toro pousse sur ses pattes arrières, a priori la tête est bien calée sur le flanc du cheval, mais la pique est portée dans les reins, loin de cette zone qui fait polémique dans l’afición depuis la nuit de temps peut-être. Morrillo ou juste derrière ? Ici, en tout cas, El Marinero pique en arrière, avec une force que sa position presque couchée sur le bois laisse imaginer. Le cheval est levé mais la suerte n’est pas exécutée « a caballo levantado » car le cliché laisse imaginer une présentation de flanc.
Les années 1910-1920 auguraient bien de ce qu’est devenu le tercio de piques même s’il faut rendre hommage à ces piqueros souvent héroïques d’oser défier des toros de combat juchés sur de pâles équidés comme sur un château d’allumettes.

N.B. : à consulter sur les photographies taurines d'autrefois, Antología de la fotografía taurina, 1839-1939, Juan Miguel Sánchez Vigil et Manuel Durán Blázquez, Editions Espasa Calpe, 1999.

13 mai 2006

La Fiesta du Sang


Le rangement a du bon. On redécouvre parfois des "trésors" souffreteux de poussière.
La tauromachie a toujours inspiré la littérature, ou tout le moins l'écrit.
En 1955, André Montagard a écrit ce recueil de poèmes dédiés à la corrida, La fiesta du sang. Jeunesse oblige peut-être, je ne connaissais pas André Montagard, "ni una línea de su vida".
Français, nous devons beaucoup à ce M. Montagard André. D'après mes recherches, il fut un auteur de chansons, poète à ses heures. Nous lui devons beaucoup car au moins deux de ses chansons font aujourd'hui partie de nos "lieux de mémoire" comme l'écrit Pierre Nora.
La première est une ballade aux accents d'un pittoresque Sud-Est, un hymne au sport le plus vénéré du côté de l'antique Phocée, Une partie de pétanque. Chanson interprétée par l'immense M. Brassens et composée en 1941, déjà.
Plus surprenant, André Montagard (a priori il s'agirait du même) est l'auteur des paroles d'un autre hymne, aujourd'hui désuet et de sombre mémoire, le célèbre Maréchal, nous voilà. De Brassens à Pétain ou inversement, le grand écart était de mise dans les années quarante. D'ailleurs, cette chanson entonnée par tous les petits enfants français qui grandissaient sous l'ombre de Vichy, n'est pas à proprement parler une création puisqu'elle n'est que la réadaptation d'un tube des années trente vantant le Tour de France cycliste, Voilà le Tour qui passe.

Bref, M. Montagard fut également un aficionado, un poète sensible aux charmes des toros. Ce recueil en témoigne. Ses poésies n'ont pas marqué le monde littéraire, loin s'en faut, mais tout le monde n'est pas García Lorca et puis le principal est de participer...
Naïves, pompeuses et alambiquées, elle donne une image héroïque de la corrida, différente de celle qu'en a pu nous transmettre Montherland qui teintait cet héroïsme d'une virilité absente de ces rimes.
Le poète s'intéresse à tous les tercios et au côté spectaculaire et pittoresque du spectacle taurin : "le taureau", "le brindis", "pieuse visite" (sur les vierges protectrices), " la mort du taureau... du matador". Tout y est ou presque, l'image d'Epinal si l'on veut.
Et voici ce que répond le taureau "à ceux qui le plaignent de mourir dans l'arène" :

"Je suis le roi puissant de la lande sauvage

Mon sourd mugissement fait courber les roseaux
Et sur le sol rugueux que mon sabot ravage
L'herbe s'enflamme au feu de mes naseaux"

Ou diable ! Je veux le même dimanche dans l'arène !

Mais M. Montagard est un sensible, je l'ai déjà dit. Il ne peut souffrir l'atroce spectacle de ce cheval offert au fauve qu'est le toro (le livre date de 1955, le peto existait depuis quelques lustres) :

"Car j'ai toujours l'effroi de le voir succomber,

Je sais que sa présence est pourtant nécessaire,
Mais je frémis d'horreur lorsqu'il vient à tomber,
Et de compassion vraiment mon coeur se serre"

Ne jugeons pas pourtant ces gentillets poèmes, dédicacés à M. Paul Ricard et achevés d'imprimer "sur les presses des DISTILLERIES RICARD" le 8 décembre 1955... Ça doit aider !
Le recueil s'achève sur ces mots, car la corrida est un spectacle de la mort :

"Tout le cirque est sans voix, mais se dressant soudain

Dans le suprême effort d'une âme résolue,
Il regarde le fauve et dit, levant la main,
"Je meurs ! Tu m'as vaincu, Toro, je te salue !"

Arrghhh...

N.B. : les illustrations de ce recueil sont signées Henry Couve.

11 mai 2006

Gérard Majax


Le président de la CTEM nîmoise dans le Midi Libre du six mai dernier déclarait à propos de l’affaire des cornes des toros de Palha : « les résultats sur un possible afeitado ne sont pas probants puisqu'ils indiquent que la pointe de la corne n'a pas été touchée. »

Il lui reste maintenant à expliquer une chose : comment peut-il manquer de la longueur de corne (= méthode de la biométrie basée sur la longueur du pitón par rapport à la longueur totale de la corne), sans que la longueur qui manque ne corresponde à la pointe ?

A part Gérard Majax, nous ne voyons personne qui puisse enlever de la longueur sans toucher à la pointe...

05 mai 2006

Batacazo (IV)


Notre ami Bastonito a présenté, il y a déjà quelques mois, cette somptueuse photographie. On ne sait rien de la plaza ni des toreros. Si certains on une idée, qu'ils nous contactent...