>>> Gravure de B. Camille extraite d'un recueil des trente-six premiers numéros du Pèlerin, 1838 (source : Gallica).
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29 septembre 2012
Aire 1838
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Laurent Larrieu
27 juillet 2012
Charlie
Charlie (23 juillet 1936 - 23 juillet 2012),
Je te tenais la main au milieu de cette foule calme qui attend les toros. Nous déambulions lentement dans les allées toutes vertes qui courent à la plaza de toros de Dax. J’étais minot, bien habillé par maman ; tu lui avais dit qu’il fallait toujours être bien habillé pour une corrida. Nous devions penser aux mêmes choses, j’en suis certain, et elles se résumaient en quatre lettres : t, o, r, o.
Devant les arènes, il y avait des étalages de
bouquins, de revues, d’affiches. Tu t’arrêtais bien devant et tu cherchais, tu
fouillais. Tu savais ce que tu voulais. Je savais ce que tu voulais. Nous
voulions la même chose. Des toros ! Des toros en couverture,
des toros en photos à l’intérieur, des toros au campo.
Des toros ! Notre revue préférée, c’était Aplausos, avec cette
cabeza en haut à droite et ses clichés pris dans le violet du
printemps andalou et… Miura. Les premiers que j’ai vus, c’était là, dans Aplausos
avec ma
main dans ta main. Tu me montrais comment ils étaient faits, tu
m’expliquais que leur morrillo il était foutu comme ça, pas comme chez
les autres, et que la papada, ben il n’y en avait pas. J’étais à la
messe, j’en avais plein les yeux des miuras.
Après, on devient grand.
Après, on ne tient plus la
main de personne quand on va aux toros.
Après, je vous ai regardés me rejoindre à Vic, à
Bayonne, à Bilbao, à Pamplona. Tous les deux, toujours, ensemble. Quelqu’un m’a dit il y
a peu que votre présence était rassurante, ou comme une évidence. Je n’aurais
pas dit mieux et c’était plus pour moi : deux mains qui ont fait de moi un
homme, à votre image, à lui et à toi — je le souhaite de tout mon cœur peiné.
Aujourd’hui, San Fermín console sainte Madeleine et,
chez Miura, à « Zahariche », j’entends que les toros hurlent au vent, aux pierres
et aux lézards qu’ils sont un peu plus orphelins.
Adichat’s Charlie…
30 juin 2007
Dessiner, voir, comprendre les toros...

En début d’ouvrage, on retrouve, classiquement, des dessins représentant les différentes robes des toros de combat ainsi que les diverses "encornaduras" possibles. M. Calvo Sáez n’a pas oublié de mentionner les cas de cornes défectueuses, telles les astillées ou escobillées, en spécifiant pour ces dernières que "este defecto de sustancia es bastante improbable que se produzca si no esta previamente lesionada la punta del pitón".
La suite du livre est moins courante car le vétérinaire dessinateur présente avec force détails la musculature générale et détaillée des toros. Chaque partie du corps fait l’objet d’une planche, chaque muscle ainsi que chaque organe essentiel est peint avec précision. Pour autant, malgré cette exhaustivité toute scientifique, les légendes qui accompagnent chaque dessin sont extrêmement claires et simples, à la portée de toute personne non spécialiste en biologie animale.

La fin du livre s’intéresse aux divers tiers de la lidia et aux lésions que ceux-ci peuvent occasionner sur le physique du toro. C’est la partie la plus courte et c’est pourtant celle qui suscite les interrogations les plus fondamentales. Saluons le militantisme du vétérinaire qui donne une place centrale au tercio de varas et qui ose même intituler une planche "Justificación de la suerte de varas" ! Au regard des dessins de cette ultime partie, le lecteur ne peut que se poser des questions sur l’évolution néfaste que subit la lidia des toros dans l’actualité. Les lésions décrites imposent un réflexion sur la manière de lidier un toro dans une arène mais aussi sur les critères de sélection de certains ganaderos. La pédagogie est aussi là, dans cette capacité à susciter un questionnement ainsi que les prémices d’un raisonnement.

Bonnes lectures !
Escuela gráfica del toro de lidia, Luis Alberto Calvo Sáez, Ilustre Colegio Oficial de Veterinarios de Valladolid, 2005 (50 euros). Valladolid@colvet.es : adresse électronique de l'Ilustre Colegio Oficial de Veterinarios de Valladolid.
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Luis Alberto Calvo Sáez
16 juillet 2006
Les yeux d'un gosse... San Fermín 2006 (II)
C...,
Je te tenais la main au milieu de cette foule calme qui attend les toros. Nous déambulions lentement dans les allées toutes vertes qui courent à la plaza de toros de Dax. J’étais minot, bien habillé par maman ; tu lui avais dit qu’il fallait toujours être bien sapé pour une corrida. Nous devions penser aux mêmes choses, j’en suis certain, et elles se résumaient en quatre lettres : toro.
Devant les arènes, il y avait des étalages de bouquins, de revues, d’affiches. Je rêvais devant ces papelards qui donnaient à ma passion naissante une force dans l’attente de te tenir la main les jours de corrida. Tu t’arrêtais bien devant et tu cherchais, tu fouillais. Tu savais ce que tu voulais. Je savais ce que tu voulais. Nous voulions la même chose. Du toro ! Des toros en couverture, des toros en photos à l’intérieur, des toros au campo. Du toro ! Une photo, ça disait ce que cela voulait dire. On savait ce qu’on achetait. Balcón taurino existait encore,
Aplausos déjà. C’était notre préférée, Aplausos, avec sa cabeza en haut à droite et ses clichés de toros dans le violet du printemps andalou et... Miura. A Aplausos, c’étaient des inconditionnels des toros de Zahariche. Les premiers que j’ai vus, c’était là, dans Aplausos. Tu me montrais comment ils étaient faits, m’expliquais que leur morrillo il était foutu comme ça, pas comme chez les autres et que la papada, ben il n’y en avait pas. J’étais à la messe, je les avais dans les yeux les miuras.
Après, on devient grand et on perd ses yeux de gosse. On ne tient plus la main de personne quand on va aux toros et on s’abonne à Toros, plus la peine d’acheter à l’étal.
Le 9 juillet 2006, à 18h30, je suis redevenu ce môme. J’ai vu six couvertures d’Aplausos fendre le vacarme. Six miuras, de ceux dont tu me parlais dans la voiture, en rentrant, même Camarón je l’entendais pas. Habituellement, les miuras de Pamplona c’est du costaud. Y’a du poids et des cornes. Cette année, il y avait ce petit plus infiniment difficile à dire, de l’ordre du pur ressenti qui vous met le système pileux droit comme la relève de la garde à Buckingham. L’Eduardo, il a dû se faire refriser la moustache l’an dernier. La présentation était plus qu’anodine voire même indigne avec la sardine sortie en sixième. Les bonnes sœurs de la miséricorde c’est pas commode quand ça se fâche, j’imagine.
Après, on devient grand et on perd ses yeux de gosse. On ne tient plus la main de personne quand on va aux toros et on s’abonne à Toros, plus la peine d’acheter à l’étal.
Le 9 juillet 2006, à 18h30, je suis redevenu ce môme. J’ai vu six couvertures d’Aplausos fendre le vacarme. Six miuras, de ceux dont tu me parlais dans la voiture, en rentrant, même Camarón je l’entendais pas. Habituellement, les miuras de Pamplona c’est du costaud. Y’a du poids et des cornes. Cette année, il y avait ce petit plus infiniment difficile à dire, de l’ordre du pur ressenti qui vous met le système pileux droit comme la relève de la garde à Buckingham. L’Eduardo, il a dû se faire refriser la moustache l’an dernier. La présentation était plus qu’anodine voire même indigne avec la sardine sortie en sixième. Les bonnes sœurs de la miséricorde c’est pas commode quand ça se fâche, j’imagine.
C..., tu connais Pamplona. Le Bruit et la fureur mais pas façon Faulkner. A 18h30, ils ont levé leurs mains vers Dieu ou San Fermín, à droite, au soleil, ils ont gueulé le Te Deum.
Ils avaient déplié une grande banderole, façon revendication politique à la mode basque et Yolanda a eu droit, comme tous les jours, à ses « hija de puta » face auxquels elle fait montre d’un sang-froid et d’un calme tout « tomasistes ».
Sur l’écran digital en face de moi, l’annonce de la première couverture défilait en rouge : "Papalino, n° 64, cárdeño, 650 kg...". La porte du toril s’est ouverte et une cathédrale grise s’est érigée en deux secondes sur le sable de ses ancêtres. La « abuela », à ma droite, a poussé un « ouh ! » d’admiration, y’avait rien d’autre à dire. 'Papalino' a montré certains signes de faiblesse, surtout au moment des varas qu’il prit comme un manso, ni plus ni moins. J’ai craint que l’histoire récente ne se répète ; ces lots de grands mous que nous infligent les brothers depuis quelques années.
Non, 'Papalino' s’est repris et a fait suer le grand Fundi. Un combat, comme autrefois les miuras, tête à mi-hauteur ou droit vers les andanadas, des arrêts subversifs et des vueltas de chat à qui on aurait écrasé la papatte. 'Papalino' est mort en Miura, longuement, agonisant après l'échec du Fundi à l'épée.

Tu le sais C..., au second toro à Pamplona déboulent les cantiques. El Rey de José Alfredo Jiménez puis la Chica Yeye pendant les piques. Padilla connaît par coeur et pourrait bien aller faire le guignol avec les peñas s'il le voulait. Cette année, pourtant, lui qui vient de Jerez, devait plutôt entendre un autre cantique sous son immense palmito. Dans l'église jaune oeuf de Triana (Séville), la confrérie du même nom intronise chaque année les nouveaux membres qui feront le pélerinage du "Rocío". Une lumière blanche soutient les voies gutturales qui se demandent : "Porque Triana, Triana...". Et oui, Juan José, tout valeureux qu'il est, devait se demander "pourquoi 'Trianero', 'Trianero'...". 'Trianero' fut dangereux, difficile et certainement burriciego. Jamais centré, le "cyclón" fut trimballé d'un côté du ruedo à l'autre par un ouragan. La mise à mort fut catastrophique et longue, si longue. Mme la Présidente ne devait pas savoir qu'il existe des avis qui scandent le spectacle. Enorme bronca donc et applaudissements au bicho par vengeance et pour mettre en exergue sa résistance pathétique et douloureuse.

Quatrième couverture : "Trabuco, n° 53, negro bragado, 670 kg...". Il a traversé la piste comme si le toril était en feu. Une grande chose si fragile a dû se dire mon "abuela " de voisine. Tu parles de la grande chose fragile. Fundi a compris rapidement même si 'Trabuco' fut le premier à montrer de la fixité à la pique et à témoigner d'une certaine gentillesse à droite. Cela se révéla d'ailleurs durant la faena. Le maestro de Fuenlabrada s'arrima comme à 18 ans et réussit à tirer trois ou quatre séries à droite, se servant de la caste brusque du miureño et restant dans le même terrain. On entendit même des olés venus des quatre points cardinaux, exploit pour un quatrième toro, celui de l'almuerzo. Du dominio, du bon Fundi ! Même pas une vuelta al ruedo pour dire merci à ça. Pamplona ne sait pas toujours être digne quand elle digère.


Il est sorti comme on rêve que sortent les miuras. Il a senti le soleil qui bouillait, il a entendu le bruit le long de son échine et il s'est retourné. Debout, oui debout ! La tête en haut du burladero, les quatre pattes vissées à la terre qui craignait de s'ouvrir et la tremblote caractéristique de la fureur apportée de cette terre à lézards qu'est Zahariche. "Señor ! Señor !" La "abuela" n'a rien dit, pas un souffle, pas un son. On ne sait jamais, il aurait pu nous entendre. Elle m'a seulement effleuré le bras et ses yeux ont tout dit. Des yeux de gosse, comme les miens. Il a été Miura, dur, âpre, avec ces demi-charges et la tête qui vole. Je n'ai pas vu Vilches, je n'ai pas entendu le Paquito Chocolatero final, je ne pensais même pas à Zizou qui bouffait des macaronis.
Claude Pelletier a écrit un jour au sujet d'un autre miura, celui-là lidié à Dax en 1985, qu'il était "suffocant de présence tragique". C'est ça. Exactement ça.

C..., j'ai passé vingt minutes avec ta main dans la mienne, face aux arènes de Dax ou d'ailleurs, je savais que tu étais là. Tu aurais adoré 'Solano', ce miura définitif.
Feliz cumpleaños C..., puisses-tu en voir encore longtemps des couvertures d'Aplausos comme celles-là.
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Laurent Larrieu,
Miura,
Pamplona 2006,
Revue Aplausos,
San Fermín
28 novembre 2005
Considération sans récompense

Loin de moi l’idée de dénigrer ces habitudes qui offrent certainement l’occasion de grands repas mais il faut bien constater que tous ces prix n’ont pas la même valeur, ni le même écho. A mon sens, ils ont pour grand avantage de faire parler de toros, et, pour certains, de faire réfléchir sur l’avenir de la Fiesta (je pense ici au palmarès de l’ANDA). Le reste n’est souvent qu’autosatisfaction et déluge d’éloges.
Alors comme la temporada européenne 2005 a connu son crépuscule, permettez-moi de "décerner" ici, non un prix, pas plus qu’un trophée, mais tout simplement le sentiment de ma considération à deux entités différentes : un élevage et un groupe de personnes.
L’élevage, c’est celui des Herederos de Don José Cebada Gago.
Personne ne les a vu en France cette année à cause de l’épizootie de langue bleue qui frappe la partie méridionale de la Péninsule Ibérique. Quel dommage !
Certaines ganaderías émergent une année pour replonger tout de suite dans le moyen voire le vulgaire. D’autres connaissent des hauts une année et des bas le lendemain et ainsi de suite. Comme tout aficionado, je sais que le « bache » n’épargne aucun élevage.
Cependant, convenons que depuis au moins un lustre la ganadería de Salvador Cebada se maintient remarquablement dans l’olympe ganadera. C’est cet équilibre entre le trapío, la bravoure et la caste auquel il convient de rendre hommage. C’est cette durée dans le temps qui donne à un élevage son importance et sa renommée, non pas un prix ponctuel et trop vite oublié mais qui doit certainement faire plaisir.

Ils ne recevront jamais de prix même pas une petite médaille pour « service rendu » à la Fiesta. Cependant, à la différence du grand public, ils seront toujours là pour dire ce qui ne va pas, pour analyser la lidia d’un toro, pour critiquer les dérives de la corrida.
Ce sont les aficionados A.O.C, ceux pour qui le triomphe n’a d’importance et de sens que face à des toros adultes, con trapío y bravura.
Ils n’ont pas de nom, pas de bannière, ils sont là et c’est le plus important. Pourvu que ça dure !
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