La remise de trophées, prix ou récompenses est une coutume bien ancrée dans le milieu taurin. Chaque fin de temporada, c’est toujours le même scénario. Les clubs taurins, associations ou peñas se réunissent et honorent qui la meilleure faena, qui le meilleur lot de toros, qui le meilleur quite, qui le meilleur on ne sait plus quoi en fin de compte.
Loin de moi l’idée de dénigrer ces habitudes qui offrent certainement l’occasion de grands repas mais il faut bien constater que tous ces prix n’ont pas la même valeur, ni le même écho. A mon sens, ils ont pour grand avantage de faire parler de toros, et, pour certains, de faire réfléchir sur l’avenir de la Fiesta (je pense ici au palmarès de l’ANDA). Le reste n’est souvent qu’autosatisfaction et déluge d’éloges.
Alors comme la temporada européenne 2005 a connu son crépuscule, permettez-moi de "décerner" ici, non un prix, pas plus qu’un trophée, mais tout simplement le sentiment de ma considération à deux entités différentes : un élevage et un groupe de personnes.
L’élevage, c’est celui des Herederos de Don José Cebada Gago.
Personne ne les a vu en France cette année à cause de l’épizootie de langue bleue qui frappe la partie méridionale de la Péninsule Ibérique. Quel dommage !
Certaines ganaderías émergent une année pour replonger tout de suite dans le moyen voire le vulgaire. D’autres connaissent des hauts une année et des bas le lendemain et ainsi de suite. Comme tout aficionado, je sais que le « bache » n’épargne aucun élevage.
Cependant, convenons que depuis au moins un lustre la ganadería de Salvador Cebada se maintient remarquablement dans l’olympe ganadera. C’est cet équilibre entre le trapío, la bravoure et la caste auquel il convient de rendre hommage. C’est cette durée dans le temps qui donne à un élevage son importance et sa renommée, non pas un prix ponctuel et trop vite oublié mais qui doit certainement faire plaisir.
Le groupe de personnes, ce sont ces passionnés de l’ombre (ou du soleil) qui contre vents et marées se rendent aux arènes dès qu’ils le peuvent. Ce sont ces fous de toros qui engloutissent une partie de leur salaire pour voir combattre un animal élevé loin de chez eux.
Ils ne recevront jamais de prix même pas une petite médaille pour « service rendu » à la Fiesta. Cependant, à la différence du grand public, ils seront toujours là pour dire ce qui ne va pas, pour analyser la lidia d’un toro, pour critiquer les dérives de la corrida.
Ce sont les aficionados A.O.C, ceux pour qui le triomphe n’a d’importance et de sens que face à des toros adultes, con trapío y bravura.
Ils n’ont pas de nom, pas de bannière, ils sont là et c’est le plus important. Pourvu que ça dure !