09 novembre 2005

Trapío (III)


Le dynamitage, dans le futur règlement andalou, du terme de trapío me fait penser, toutes proportions gardées cela va de soit, à la destruction par les hommes du Mollah Omar des immenses statues Bouddhistes d’Afghanistan.
Ici, c’est le vocabulaire que l’on veut appauvrir et par voie de conséquence c’est le toro qui se trouve être, une fois de plus, la victime des turpitudes du mundillo. Nous avions échappé à la destruction massive, par les bureaucrates européens, des toros d’Osborne implantés sur les routes espagnoles. Hélas, pour le señor Toro il se confirme que le danger vient également de l’intérieur.
Ce terme de trapío, serait donc trop subjectif et doit être gommé, supprimé. On imagine aisément que ça n’est qu’un début et qu’à terme c’est du langage taurin tout court qu’il pourrait disparaître. Et de cela, personne ou presque ne s’offusque. Le plus cocasse c’est que ce sont pourtant les aficionados, ou certains d’entre eux, qui sont régulièrement montrés du doigt et désignés comme des talibans et autres ayatollahs. Mais, peut-être, ai-je tendance à trop dramatiser. En effet, le maestro Esplá qui doit bien savoir de quoi il parle a déclaré : ""El trapío me importa tres cojones*". Ce qui me fait peur chez le toro c’est son regard et l’évolution de son comportement en piste. Il y a eu des toros de Santa Coloma, petits et intelligents qui m’ont enlevé le sitio pour plus d’une temporada et qui sont parvenu à me démoraliser. Je définie le trapío comme s’il s’agissait d’un Monsieur très gros et en colère et les gens obèses sont des personnes charmantes ; tout est question d’apparence, après trois verres, tu deviens ami. Celui qui est vraiment agressif c’est le caniche, tant d’un point de vue mental que physiquement."
Qu’il nous soit permis de ne pas partager cette vision sui generis et provocatrice du maestro Esplá ; en tout cas, quant à l’amalgame qu’il semble faire entre le trapío et les kilos, voire l’obésité. Nous y reviendrons… bien sûr.

* Littéralement : le trapío m’importe trois couilles. C’est une expression toute faite pour dire qu’il s’en fout :-)