L’avènement du numérique avec ses avantages et ses inconvénients a démocratisé plus encore la photographie et Internet s’est trouvé être, logiquement, le support naturel de cette nouvelle technologie. On ne s’en plaindra pas. Du reporter professionnel au plus humble des débutants tout le monde, ou presque, s’y est mis, avec plus ou moins de conviction. Chaque médaille ayant son revers cette explosion numérique fait que la plupart du temps nous sommes abreuvés d’images médiocres qui, il y a peu encore, n’auraient pas quitté le support argentique, n’auraient pas été prises et encore moins diffusées. Il est parfois difficile de s’y retrouver. Aussi quelle ne fut pas notre joie en cherchant des clichés de Rafael de Paula de découvrir, au détour d’une recherche, le travail de Philippe Taris. Le bonheur fut total, car la vision de l’Espagne du photographe se conjugue ici, de la plus heureuse des façons, avec une conception très aboutie de l’acte photographique. Philippe Taris a un œil comme on dit et en « feuilletant » son travail on se plonge dans un univers ou la couleur, pour une fois, ne pâtie pas de la proximité d’un noir et blanc parfaitement maîtrisé et donc de très haut niveau. Malgré le support visuel peu adéquat que représente un écran d’ordinateur on flaire ici, et avec bonheur, l’utilisation du moyen format, les noirs profonds, la richesse des gris, le goût pour les tirages soignés, les papiers barytés, un plaisir physique irremplaçable. A consommer sans modération.
Pour se mettre en appétit un très joli portrait d'un très grand chef : Martín Berasategui, à l'entrée de son restaurant à Lasarte près de San Sebastián.