Les hommages, les critiques et les diatribes se taisent peu à peu. Alfonso Navalón est décédé et le calme revient dans les esprits de ceux qui l'ont connu (comme critique taurin). Je ne fais pas partie de ceux-là, question de génération, de date de naissance. Je n'ai pas connu l'époque où Navalón fut cet immense connaisseur des choses taurines.
Heureusement, son oeuvre majeure vient d'être réeditée et les nouvelles générations d'amateurs de toros pourront faire ce voyage dans le passé ganadero de cette Espagne d'un franquisme à bout de souffle.
Viaje a los toros del sol (publié une 1ère fois en 1971 et réedité en 2005) propose un voyage passionnant dans l'Espagne ganadera ; réflexion intelligente sur le métier de ganadero mais aussi sur le monde taurin de l'époque qui n'a pas beaucoup changé d'ailleurs. Sorte de Caractères (La Bruyère) consacré au campo bravo, Navalón y multiplie les anecdotes, les rencontres et les analyses.
Un passage a retenu mon attention car il en dit long sur ces ganaderos, aujourd'hui quasiment disparus, qui auraient donné leur vie pour leurs toros. Ganaderos romantiques, d'un autre temps, avec une autre conception du temps aussi mais ganaderos exotiques parfois, étranges et mystérieux : "Podiamos seguir contando curiosidades de esta casa madre de la buena casta. Podiamos hablar de esos toros africanos de raza batusi que han sido cruzados con los mansos de Miura para servir dentro de poco de exoticos cabestros." Ce passage concerne Carlos Urquijo.
J'ai cherché ce qu'était un batusi et j'avoue ne pas avoir trouvé. Peut-être Navalón a-t-il commis une erreur et voulait-il parler des watusi qui sont des bovins aux cornes immenses venant d'Afrique ? Quand on découvre à quoi ressemble un watusi, on imagine mal ou difficilement ce qu'a pu donner ce croisement avec les mansos de Miura. Un géant à quatre pattes pour sûr !