08 novembre 2005

Quinta do Infantado


Pour l’amateur de vin, sillonner les routes tortueuses et escarpées de la vallée du Douro revient un peu à faire du lèche vitrine… de luxe. Ça et là, au milieu des coteaux, comme chez nous en Rhône Nord, s’affichent fièrement les grandes marques, Noval, Fonseca, Churchill's, etc.
A l’opposé de ce bouillonnement une maison pourtant très prisée, la Quinta do Infantado, de João Roseira reste très discrète. Il faut prendre rendez-vous avant de s’y présenter, puis en deviner les chemins et se perdre un peu avant de toucher au Graal. Ceux qui ont un jour cherché la pancarte indiquant Château Rayas comprendront ce que je veux dire. Avec cette nuance de taille qu’ici il y a du vin à vendre.
Pour le très sérieux elmundovino.com (section vin du quotidien espagnol El Mundo) la Quinta do Infantado est João Roseira, et João Roseira est la Quinta do Infantado : c'est-à-dire l’essence du vin de Porto de quinta. Ce domaine a tout d’un domaine culte et fait incontestablement partie des plus grandes - qualitativement - des petites propriétés du Douro.

En deux lignes, tout est dit, ou presque, car une plongée dans l’univers de João Roseira est une plongée dans un monde attachant, passionnant, complexe, dont on ne se lasse pas de découvrir la diversité et les subtilités.
Le premier contact est téléphonique. João Roseira, himself, se confond en excuses. Il ne pourra pas nous recevoir personnellement pour cause de vacances mais nous mettra en contact avec Fátima Ribas son maître de chai qui sera chargée de nous faire découvrir le domaine.

Une visite dans une grande maison du Douro est souvent limitée à la dégustation assez rapide de deux ou trois vins type, un ruby, un tawny et parfois un LBV ou Vintage Character voire vintage dans certains cas.
Ici rien de tout ça. Fatima, tout d’abord curieuse, nous demande comment nous avons bien pu atterrir là et une fois la température prise c’est la plongée dans l’univers de João Roseira. C'est-à-dire trois heures très intenses de visite et de dégustation.
La Quinta do Infantado pratique l’agriculture biologique voire même la biodynamie mais sans pour autant le revendiquer ou en faire un argument commercial. Elle a, en outre, été la première quinta à embouteiller au domaine (depuis 1979) en se dispensant d’amener sa production à Villa Nova de Gaia. Il leur a pour cela fallut lutter pour faire changer la loi ce qui fut fait en 1986. La totalité du vignoble est classé en catégorie A, soit la plus qualitative. Côté vinification João Roseira travaille pour produire des vins moins sucrés, plus vineux que les portos traditionnels ce qui se traduit par des vins de terroir absolument incomparables.

Les portos de la Quinta do Infantado sont donc assez secs et présentent un côté très vineux. Le vintage 1997 dégusté fin octobre a confirmé ces caractéristiques et nous a procuré une immense émotion malgré son jeune âge. Puissance et finesse se combinent avec équilibre et fraîcheur. Oui, oui, fraîcheur, malgré les 19,5° annoncés sur l'étiquette. Nous sommes bien en présence d'un grand vin, d'une incroyable longueur en bouche. De la bombe ! comme l’annonce fièrement le caviste de la cave des Arceaux à Montpellier qui distribue le divin breuvage.

Cette après-midi en compagnie de Fatima Ribes restera mémorable. Qu'elle en soit ici remerciée. Nous n'étions pas dans le cadre chronométré et commercial de trop de visites habituelles. Nous étions chez un vigneron, et un grand, qui nous a ouvert la totalité de sa gamme en commençant par les rouges secs, aux vieux tawny en passant par les LBV, vintage 2000, vintage 2003 en cours d’élevage, sans oublier un surprenant Vintage Character très apprécié par la gente féminine. Les LBV ici ne sont pas filtrés. Ils sont produits les années ne permettant pas de déclaration de vintage. Ils sont donc vinifiés et taillés pour la garde contrairement aux idées reçus.

Si vous faites étape à Porto, vous l’aurez compris, ce domaine est incontournable.