20 octobre 2006

Et les toros sont morts... Afición

Six toros, trop lourds (de 512 à 608 kg ; moyenne 546), de Gerardo Ortega, plus trois réserves : deux de Fermín Bohórquez (2e et 4e bis ; 527 et 552 kg) et un du Ventorrillo (6e bis ; 590 kg). Ce dernier fut le seul à se tenir sur pattes, le restant ne fut qu'un calamiteux défilé de bêtes sans forces. Au niveau des cornes, présomption de séances de manucure... Il est 19h50. Cela fait une heure et vingt minutes que l'on s'embête à mourir. Trois toros, eux, sont déjà morts. Trois invalides, plus faibles qu'une feuille de papier restée dix jours sous la pluie. Remarquez que, à bien y regarder, on s'est amusé. Pas en piste, où seules les deux puertas gayolas de Rivera ont animé les travées, mais sur les gradins, où notre copine, Teresa de Triana, est revenue aux arènes admirer les toreritos « guapísimos », bellissimes. Surtout ce Francisco, dont la chute de reins la rend chaque fois plus nerveuse. Teresa n'a pas maigri. Elle commente à la ronde les repas du week-end : « Poularde au safran, riz marinière, épinards à la crème - beaucoup de crème - et quatre pâtisseries, des « cheveux d'anges », 100 % miel... 20h02. Deuxième mouchoir vert après la sortie tétanisée du quatrième toro, d'une insoutenable débilité. Son substitut se traîne autant que les tortues géantes des Galapagos après la ponte. Place au cinquième. Le désespoir continue. 21h02. Le président retire le sixième Ortega, paralysé devant la cavalerie. Le neuvième et dernier cornu, du Ventorrillo, a le bon goût de mettre un sabot devant l'autre. Teresa trouve le costume bleu-nuit et noir d'Abellán un peu trop triste : « Sait-il, celui-là, que la Semaine Sainte est finie ? », plaisante-t-elle. Miguel dessine de jolies faenas au centre, sous les spots. Naturelles de face les pieds joints, molinetes d'El Gallo, changements de mains, la muleta basse et templée. De la belle inspiration. L'oreille s'approche. Elle s'envole après quatre descabellos. Il est 21h28, Teresa a faim : « Ce soir, ni gâteaux ni manzanilla. Mon docteur a fini par trouver du sang dans mon cholestérol ! », s'esclaffe la Trianera. Une centaine de places libres. 28,4 degrés. A vos maillots.
Dimanche 27 avril 2003 – Séville.
Vincent Bourg 'Zocato', Sud Ouest, avril 2003.


La corrida iba de desastre, con unos Albaserradas complicados y unos toreros que ni los entendian ni se atrevian con ellos, cuando a la altura del quinto de la tarde se oyó una voz insolita en una plaza de toros: «¡aquél esta meando!». En efecto, un mozo, que se debía haber bebido el Ebro, lo estaba desaguando en el callejón, encarado a las tablas. Era la gran micción, quiza el resumen más grosero pero a la vez el mas exacto del festejo.
Al mozo le tiraron ni se sabe la cantidad de objetos solidos, liquiquidos y hay quien aseguro que también gaseosos. Furibundos impactos de pan y fruta y dos pozales de vino que le cayeron por la cabeza como torrentes y le pusieron hecho una sopa, los aguanto impertérrito. Luego se fue hacia la parte de sombra, y de cara al público de barrera, volvió a desaguar. Si pretendía echar fuera todo el liquido que había metido dentro, lo más prudente habría sido llamar a los bomberos. Un airado espectador, seguramente inducido por su turbada esposa, que no podía soportar semejantes horrores, le pegó un almohadillazo en el grifo. Tampoco lo acuso. Al fin, media docena de expeditivos mozos saltaron al callejón y en volandas lo echaron a la calle.

Joaquín Vidal, Crónicas taurinas, Aguilar, 2003.


Le deuxième Juan Pedro donne l'illusion de gambader. Combattre est un verbe qu'il fallait hier remiser. Bref, il accourt, le joyeux drille. Au dixième muletazo apparaît le mot fin. Plus une goutte d'essence. En guise de jerrican, Dávila Miura ira chercher l'épée... Que dire alors de son suivant, un bourricot de compétition qui refuse toutes les carottes, rit, rue et mord quand on lui tire sur la bride. Dans les gradins, devant ce défilé de mulets, on choisit de faire connaissance. Ne manquent que le thé et les petits gâteaux. Notre voisine, une castafiore bondée d'humour, de bijoux de pacotille et d'opulence, avoue avoir enterré trois maris et quinze amants : « Ils ne supportaient pas l'huile d'olive et mes pois chiches au basilic ! » Teresa de Triana s'esclaffe. Ses bons mots font du bien, même si dans le cercle, là-bas, El Juli, qui ne fait plus le plein, tente de justifier son rang en besognant dur face à deux charolais de pelage et de moral. Teresa le trouve mignon à croquer mais, très vite, elle dévie son regard vers les bestiaux : « Tu prends une grande casserole, deux gousses d'ail, un citron, six tomates et beaucoup d'huile d'olive. N'oublie pas l'huile d'olive... » 9/10e de Maestranza, 26,1 degrés. Même les hannetons ronflaient.
Vendredi 25 avril 2003 – Séville.
Vincent Bourg 'Zocato', Sud Ouest, avril 2003.