09 avril 2010

Si Monet avait vu ça


D'abord, pose ton fond bleu jaune sur la toile nue. Toile en droit fil, plutôt de lin lourd et épais... Etale la couleur, passe et repasse, glisse et caresse pour que la matière pénètre la fibre. Prends le temps... et respire. Ajoute en matière le vert, tendance citron, acide. Laisse le bleu encore frais l'épouser... L'alchimie opère. Pas trop grasse la texture... légère, légère sur ton fond... Laisse aller le bras, le poignet puis la main, et regarde les tendances s'exprimer. La couleur vit ici... Elle doit ! Respire... toujours respire... Sens la pointe chaude du soleil qui fait exploser l'acidité des verts , et l'apaisante fraîcheur de ce bleu qui tranche. Tu imaginerais déjà le vol des hirondelles... et la caresse de la brise du printemps.

Ajoute les cyans, les rouges et les bruns, un glacis ici... en pâte par là... pour rehausser la froideur de ce fond aigu... Version déclinée... jusqu'à l'infini... anarchique... comme l'idée te vient... Il faut que tout vibre, il faut que tout vive... A nouveau, respire... Sur la toile, c'est la vie maintenant.

Désormais, laisse couler la trace du pinceau... et que vienne ainsi l'illusion d'un arbre tout près d'un buisson là-bas, d'une mare au loin... Mais l'illusion, toujours l'illusion... que rien ne s'enferme, et que tout chancelle ou bascule, fragile équilibre... Ne pense pas, et prends tout comme cela vient. Quand la vie s'impose en reine, écoute l'illusion d'un galop qui viendrait de là-bas tout au fond... car arrivent enfin la force brute et la mystique présence des masses sombres, noires et profondes pour creuser la douce sérénité. Ne ferme jamais tes noirs... non, jamais... Laisse-les se diffuser car le noir doit vivre en mystère, profond et sans fin... Le regard s'y perd, car le noir ne doit jamais l'être vraiment... Profond et sans fin, le noir. Infini... sans horizon, sans contour... D'ailleurs, en voici des juste bruns, des clairs, des presque blancs... Tu vois que le noir ne l'est jamais vraiment. C'est une illusion... qui n'existe que dans les esprits fermés... Le noir n'existe pas. Alors décline-le, et peinds-le comme il te convient... Il n'y a pas de règle, il n'y a que des illusions. L'envie de voir, qui amène à la création... et puis vient le moment de poser les lumières... claires ou sombres, illumine cette cime ou assombris ce tronc... Tout alors n'est qu'illusion de lumières, d'ombres, de collines fleuries et d'hirondelles, peut-être de toros aux pelages de bronze ou salpicados, aux longues cornes sifflantes comme des virgules, peut-être d'un campo andalou après la pluie de mars, à la forte saveur "Gamero Cívico", peut-être alors celui de Araúz de Robles... Peut-être.

Perdez-vous dans les hautes herbes avec les toros de Araúz de Robles, ici...