Avant d’allumer le contact, il a rajusté son veston parfaitement repassé. Il s’est signé, une fois au volant. Il a mis son chapeau. Il a démarré.
— C’est une terrible maladie. Terrible. C’est un venin. On ne s’en défait pas.
Il a beaucoup parlé. Il conduit. Il sort le bras gauche pour faire clignotant. Il parle beaucoup. Se souvient. S’émeut. S’arrête. Écoute les toros. Son venin. Sa drogue. Un rail tous les matins. Bientôt 80 ans. Il est attendu. Un baptême dans la famille. Il s’en fout. Il ne le dit pas ainsi mais c’est tout comme.
Un Espagnol lui a proposé de tout lui racheter. Les toros, les vaches, l’herbe, les lézards et le ciel. Il lui a dit qu’il allait mettre des fundas. Que ses toros auraient un grand succès. Il a les boules. Il ne le dit pas ainsi mais c’est tout comme. Des fundas ! Toqué le mec !
Son venin. Sa drogue.
Le rosier. Son trésor. L’autre venin de sa vie. L’autre drogue. L’autre shoot quotidien. Tordu comme son «lion», le semental berrendo en negro. Le rosier. Accroché à la terre autant que lui, autant que ses années passées ici. Areias. Le rosier.
Quatre hommes plantés devant. Il doit être une heure maintenant. Il le regarde. Il ne le touche pas. Le rosier de Maria do Carmo*. Palha ! L’autre venin. Palha. Les toros.
Énorme défonce !
* Le rosier a été planté le jour de la naissance de Maria do Carmo Palha Blanco.
>>> Retrouvez une galerie des novillos de Fernando Palha sur le site, rubrique CAMPOS.
Photographie Fernando de Castro Van Zeller Pereira Palha © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com