Regarder filer les nuages. Se caler. Un rocher, mouillé de mer. Un bout de jardin. N’entendre que la fuite feutrée de nos pensées rejoindre les nuages. Ils tardent à partir. Ils partent.
Nuages, vent... vide bientôt. Ils t’enlèvent. Le vent a murmuré. Ne reste plus que l’ondoiement délicat de leur langue prise toute entière dans ce murmure qui te porte au départ. Une traînée blanche. Ciel parfait. Tu pars.
Colère. Ténèbres. Noir. 2 heures. Vol. Taxi. Paris. Gris.
Tout va trop vite. Tu es parti. Arrivés. Une traînée blanche. Rien.
L’as-tu senti au moins ?
Quatre traits, quatre angles presque droits. Un bout de terre à taille humaine que quittent les avions, la fureur. Une traînée blanche.
Un village minuscule et blanc et bleu. Direction Pavia. Quatre petits corps nippés de noir blanchissent le linge à la main, au lavoir. 100 km/h. Le temps se compte. Elles passent comme un voile flou dans le verre fumé de la vitre mais elles sont là. Et j’imagine à 100 que dans les appartements Ikea du Bairro Alto de jeunes gars branchent leur mobile à cette heure où s’immaculent les draps de famille et se gèlent le cuir chevelu déjà gras des excès de la nuit. Je me dis à 130 que d’autres partent taffer, vêtus comme à Paris, raide costard et blackberry high tech. Elles frottent parce qu’existent encore entre leurs mains de vieilles les barbiers de Lisbonne qui de derrière leur vitre épaisse observent les errances de tramways jaunes qui grincent au bas de l’Alfama. Elles frottent parce que c’est de leurs mains de vieilles qu’est né ce Portugal où le fado s’écoute en MP3 quand José Saramago conte les vies de Pessoa sur un blog du fin fond des Açores*.
Tu es parti. Enlevé. Une traînée blanche.
Colère. Ténèbres. Noir. 2 heures. Vol. Taxi. Paris. Gris
Les Ribeiro Telles sont le Portugal (aristocrate, convenons-en). Comme les autres ils ont des noms comme un fantasme syntaxique proustien. Celui de la maman toujours devant. Vise un peu : António de Jesus de Castro Palha Ribeiro Telles, fils de David Manuel Godinho Ribeiro Telles et de Dona Maria Isabel de Castro Van-Zeller Ribeiro Telles. Comme les autres ils adorent les toros forts, l’échine en forme de courbe d’évolution de la population africaine.
Manuel Ribeiro Telles conduit un gros 4x4 blanc... ses frères, eux, montent à cheval. Ses frères élèvent des Domecq (sous l’appellation David Ribeiro Telles)... lui fait pousser des bestioles plutôt grises et qui foutent la frousse. Des toros descendus d’on ne sait où comme un ciel de grêle l’été. Des toros rectangles avec des triangles devant. Des cornes qui regardent en arrière et en haut. Vale do Sorraia**. Le Portugal d’avant. Les restes. La fureur. La traînée blanche.
Tu es parti.
Va savoir ce qu’il y a là-dedans. Norberto Pedroso paraît-il. Santa Coloma ? Pinto Barreiros ? Vaz Monteiro ? Albaserrada ? Branco Teixeira ? Palha Blanco ?*** Ça court à droite, ça fuit derrière, ça te tourne autour et ça a l’œil assassin d’un boxeur cubain au premier retentissement de gong. Engageant.
Quand ils se sont posés, au 12ème round peut-être, je me suis dit que ça t’aurait plu. C’était évident. Il faisait beau en plus. Ciel parfait. Pas de traînée blanche. J’ai regardé, promis. Pas de traînée blanche.
Nuages, vent... vide bientôt. Ils t’enlèvent. Le vent a murmuré. Ne reste plus que l’ondoiement délicat de leur langue prise toute entière dans ce murmure qui te porte au départ. Une traînée blanche. Ciel parfait. Tu pars.
Colère. Ténèbres. Noir. 2 heures. Vol. Taxi. Paris. Gris.
Tout va trop vite. Tu es parti. Arrivés. Une traînée blanche. Rien.
L’as-tu senti au moins ?
Quatre traits, quatre angles presque droits. Un bout de terre à taille humaine que quittent les avions, la fureur. Une traînée blanche.
Un village minuscule et blanc et bleu. Direction Pavia. Quatre petits corps nippés de noir blanchissent le linge à la main, au lavoir. 100 km/h. Le temps se compte. Elles passent comme un voile flou dans le verre fumé de la vitre mais elles sont là. Et j’imagine à 100 que dans les appartements Ikea du Bairro Alto de jeunes gars branchent leur mobile à cette heure où s’immaculent les draps de famille et se gèlent le cuir chevelu déjà gras des excès de la nuit. Je me dis à 130 que d’autres partent taffer, vêtus comme à Paris, raide costard et blackberry high tech. Elles frottent parce qu’existent encore entre leurs mains de vieilles les barbiers de Lisbonne qui de derrière leur vitre épaisse observent les errances de tramways jaunes qui grincent au bas de l’Alfama. Elles frottent parce que c’est de leurs mains de vieilles qu’est né ce Portugal où le fado s’écoute en MP3 quand José Saramago conte les vies de Pessoa sur un blog du fin fond des Açores*.
Tu es parti. Enlevé. Une traînée blanche.
Colère. Ténèbres. Noir. 2 heures. Vol. Taxi. Paris. Gris
Les Ribeiro Telles sont le Portugal (aristocrate, convenons-en). Comme les autres ils ont des noms comme un fantasme syntaxique proustien. Celui de la maman toujours devant. Vise un peu : António de Jesus de Castro Palha Ribeiro Telles, fils de David Manuel Godinho Ribeiro Telles et de Dona Maria Isabel de Castro Van-Zeller Ribeiro Telles. Comme les autres ils adorent les toros forts, l’échine en forme de courbe d’évolution de la population africaine.
Manuel Ribeiro Telles conduit un gros 4x4 blanc... ses frères, eux, montent à cheval. Ses frères élèvent des Domecq (sous l’appellation David Ribeiro Telles)... lui fait pousser des bestioles plutôt grises et qui foutent la frousse. Des toros descendus d’on ne sait où comme un ciel de grêle l’été. Des toros rectangles avec des triangles devant. Des cornes qui regardent en arrière et en haut. Vale do Sorraia**. Le Portugal d’avant. Les restes. La fureur. La traînée blanche.
Tu es parti.
Va savoir ce qu’il y a là-dedans. Norberto Pedroso paraît-il. Santa Coloma ? Pinto Barreiros ? Vaz Monteiro ? Albaserrada ? Branco Teixeira ? Palha Blanco ?*** Ça court à droite, ça fuit derrière, ça te tourne autour et ça a l’œil assassin d’un boxeur cubain au premier retentissement de gong. Engageant.
Quand ils se sont posés, au 12ème round peut-être, je me suis dit que ça t’aurait plu. C’était évident. Il faisait beau en plus. Ciel parfait. Pas de traînée blanche. J’ai regardé, promis. Pas de traînée blanche.
* A lire, la superbe évocation des "vies" de Fernando Pessoa par José Saramago dans "Le Cahier", Le Cherche midi, 2010. Il s’agit d’une compilation de textes écrits par José Saramago sur un blog entre septembre 2008 et mars 2009.
** A propos de Vale do Sorraia, nous vous invitons à visiter la galerie consacrée à cette ganadería par le photographe David Cordero sur son site : David Cordero. De même, l'élevage a son propre blog, c'est par ici : Vale do Sorraia.
*** Nous reviendrons sous peu sur les origines touffues et complexes de l'élevage Vale do Sorraia... A suivre donc.
Photographies Toros de Vale do Sorraia © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com
Photographies Toros de Vale do Sorraia © Laurent Larrieu / Camposyruedos.com