A ceux qui pensaient que le monde était passé de l'ère du papier à celle du numérique 2.0, voilà un événement pas banal qui vient prouver que sur la planète des toros, le contact voluptueux avec le papier n'est pas près de laisser la place à l'implacable et froid cliquetis des claviers. A peine sorti le livre de Campos y Ruedos, et à mesure que pleuvent les commandes (un bon crachin, pas un déluge niagaresque certes, mais largement mieux qu'un compte-gouttes et nous en profitons pour vous remercier d'ores et déjà), la rédaction a été contactée par le Maestro Javier Conde lui-même qui, au détour du livre, est tombé amoureux des clichés de nos photographes. François Bruschet et Y.O. étant engagés, c'est Laurent Larrieu qui a accepté de relever le défi et de suivre tout au long de la saison 2010 le Maestro malagueño sur les routes andalouses, les chemins de Castille et les départementales fleuries de France pour une temporada que, selon ses propres termes, le Maestro rêve "historique". Nul ouvrage n'est encore officiellement en projet pour autant, les deux parties étant convenues de la nécessité d'attendre que se forme l'idiosyncrasie nécessaire à l'accomplissement d'un ouvrage aux dimensions artistiques en rapport avec les ambitions et les niveaux d'exigence de l'art respectif des deux associés.
"Es muy importante la idiosincrasia, es lo más importante para mí, eso me lo enseño uno de sus compatriotas cuando escribía un libro sobre mi toreo", a insisté le Maestro, icône d'un ouvrage rédigé dans la langue de Molière et traitant de la Passion selon "J.C.". En période de Carême et de Pâques, voilà qui ne s'invente pas !
Ce nouveau tandem, très flamenco, s'est donné rendez-vous la semaine prochaine, dans l'intimité d'un tentadero du côté de Constantina, chez un certain Isaías V pour compter fleurette à l'ombre des encinas au duende et, qui sait ?, entamer les préliminaires d'une belle aventure. La folie douce de la soie et des pixels sera de la partie.
Isaías... encore un prophète !
Photographie Plaza de Toros de Málaga par Manfred Werner (Wikipédia).