30 janvier 2010

Taisez-vous !


"1. Les assistants s'engagent en faveur de la Fiesta dans le cadre de leurs légitimes compétences conformément au droit des aficionados d'assister à des spectacles taurins = RIEN !
2. Les assistants ont manifesté à l'unanimité leur engagement à travailler en vue d'aboutir à une réglementation basique commune de la Fiesta en tenant compte des spécificités de chaque Comunidad autonome = QUE DALLE !
3. Ils expriment également leur volonté de voir l'évolution de la Fiesta s'inscrire dans le cadre de son universalité comme patrimoine culturel, en vue de son harmonisation = NADA !
4. Ils s'engagent à ce que chaque Comunidad autonome étudie la possibilité d'initier le processus de déclaration de la Fiesta comme bien immatériel des Comunidades respectives en vue d'une déclaration universelle postérieure par l'UNESCO = VIDE !
5. Enfin, au regard de ce qui précède, les Comunidades autonomes présentes et le Ministère de l'Intérieur considèrent nécessaire, afin d'atteindre les objectifs fixés lors de la présente journée, que soit convoquée au plus vite la Commission Nationale des Affaires Taurines en y incluant les représentants du secteur = MDR (mort de rire) !"

Dans le langage "primaire" qui nous anime, on pourrait qualifier les mots qui précèdent par l’expression "sodomiser les diptères". En langage d’homme politique espagnol, qui plus est sénateur, ces cinq points se traduisent par "nous avons bien mangé et bien bu ce jour-là".
Cette réunion du Sénat espagnol a accouché d’un mulot auquel on ferait bien ingérer une palette de mort au rat. Ils vont "s’engager" (faut-il traduire le mot en langage commun ?) à défendre la corrida, à réfléchir à un règlement commun tout en prenant en compte que les aficionados boufferont de la paella dans la communauté valencienne au moment de l’almuerzo alors qu’ils s’empiffreront de chorizo pamplonico et d’espárragos à Pamplona en juillet. Ils vont "étudier la possibilité d’initier..." et peut-être aussi que "dans les milieux autorisés, ils vont s’autoriser à penser que..." ! Et ils vont remettre ça et convoquer une "Commission Nationale des Affaires Taurines" en invitant... des représentants du secteur taurin ! Mort de rire, je me répète. Quand l’huître va mal, demandez pourquoi aux apiculteurs !
Derrière les mots, c’est l’édifice nauséabond d’une tauromachie confisquée par un petit groupe bien décidé à la rendre "acceptable" aux yeux de tous, réglée et uniformisée sur un même moule qui rapporte du fric qui montre son nez.

Et Monsieur Viard fait partie de ce groupe, lui qui a trouvé dans la tauromachie un moyen de faire parler de lui, de montrer à tous qu’il a encore des cheveux à son âge. Chaque année, quand s’annoncent les cartels de la féria pascale de la ville d’Arles, M. Viard est encore plus omniprésent et encore mieux coiffé. C’est normal, en plus d’un titre auto-décrété de journaliste taurin, d’un statut abusif de photographe (spécialiste du mode rafale) du monde taurin, M. Viard est le chargé de communication de l’empresa des arènes d’Arles, la casa Jalabert. Las but not least, il est également président de l’Observatoire National des Cultures Taurines. A ce titre, M. Viard s’est donné pour mission de défendre la corrida sans interférer dans les affaires internes de celle-ci. Or dans son discours devant les édiles espagnols, au nom de l’ONCT, M. Viard y est allé de son couplet sur la mise en scène nécessaire du tercio de piques, "[...] Doit-il être une phase de châtiment, ou plutôt une démonstration de la bravoure qu'il faut mettre en scène" et sur les failles du ou des règlements taurins car selon lui "la réglementation doit se mettre au service du spectacle que nous voulons pour le XXIème siècle". Pour assurer ses arrières, M. Viard avait annoncé que l’ONCT serait secondé dans sa démarche par une représentation de l’UVTF, "l'Observatoire n'ayant pas vocation à s'immiscer dans les affaires internes de ses membres, un représentant de l'UVTF m'accompagnera - Guillaume François de Mont-de-Marsan a été délégué par la présidence arlésienne - et l'Observatoire proposera que l'UVTF intègre le groupe de travail qui va dans les prochains mois essayer de reconstituer le puzzle d'une réglementation aujourd'hui éclatée". Tout aficionado le sait, l’UVTF a évidemment les moyens de donner des leçons de règlement taurin aux Espagnols, elle qui n’est même pas capable (ou qui n’en a aucune envie) de faire appliquer les semblants de règles qui sont censées encadrer le déroulement d’une corrida en France (minimum de deux piques, présidence sans pression, toros limpios...). Et pour couronner le tout, c’est M. Guillaume François, président de la commission taurine de Mont-de-Marsan où depuis 2 ans les peñas locales ont le droit de... se taire et où ledit M. François passe le plus clair de son temps à courir dans le callejón derrière la figura du moment, qui est désigné comme représentant de l’UVTF. Il semblerait que depuis quelques années certains soient en train, doucement mais sûrement, de mettre la main sur la tauromachie et de lui donner une direction inquiétante sous couvert d’une défense existentielle face à la menace des antis (Ah ! Catalogne chérie !). De cette manière, plus personne, sauf quelques-uns dont nous pensons faire partie à notre humble niveau (c’est-à-dire le piètre niveau de la blogosphère que M. Viard et d’autres suiveurs béats aimeraient faire taire), ne traite de ce qui va tuer un jour la corrida : l’oubli de ce qui doit être au centre de l’affaire, le toro, son comportement, son intégrité et sa place première dans ce spectacle.
Alors M. Viard, causez autant que vous le voudrez, jacassez ou mettez à l’index mais surtout, sachez-le, vous n’avez aucun droit ni aucune quelconque légitimité pour vous présenter comme le représentant de l’Afición française ! Votre afición n’est pas la nôtre et tant que des personnages controversés comme vous, par mégalomanie ou intérêts divers, se targueront de nous représenter tous, l’Union que vous implorez à longueur d’édito ne sera jamais possible ni d’ailleurs souhaitable. M. Viard, ayez l'obligeance de vous taire enfin et faites donc seulement votre boulot de scribe d'une partie du taurinisme français !