Les choses ont commencé où elles auraient bien pu s’arrêter lorsqu’on y songe.
Peut-être un signe finalement, comme un nouveau départ, ou plus certainement le renforcement de quelque chose, l’affirmation de vingt années d’une existence qui ne pouvaient ainsi partir en fumée.
C’était en octobre dernier. Des amis nîmois descendent à Séville où ils possèdent une maison. A Sanlúcar la Mayor plus précisément, et pas n’importe où. A deux pas de l'hacienda Benazuza, finca historique de la famille Pablo Romero aujourd’hui transformée en hôtel de luxe, en Bulli hôtel, où l’on peut déguster la délirante et décoiffante cuisine de Ferran Adrià.
Ils y vont régulièrement les Nîmois à Sanlúcar la Mayor, pour bichonner leur maison. Il faut dire que même si elle est quasiment entièrement rénovée il manquera toujours un coup de pinceau à donner ou quelques trous à boucher. Prétextes à la vérité.
On ne leur en voudra pas. On les envierait même.
Non loin de là, à Gerena, vit et travaille un autre Français, Fabrice Torrito. Vous savez.
Ce jour d’octobre Fabrice a la tête des très mauvais jours et Isabel les yeux brillants. La grange qui abritait l’intégralité de leur récolte de fourrage venait de partir en fumée, et pas par l’opération du Saint-Esprit.
Non, l’action évidente et répugnante de quelques salopards anonymes et nocturnes. Algunos cabrones desalmados...
Faut-il donc que leur afición soit au niveau des égouts pour mettre ainsi en péril la pérennité d’un élevage, la survie d’une vacada, juste pour emmerder et faire peur à un franchute...
Car le fait qu’un Français puisse ainsi être associé au plus près à la destinée de l’élevage du Marqués de Albaserrada ne plaît pas à tout le monde dans les recoins les plus attardés du campo.
Ce jour-là, Fabrice était au fond du gouffre, noyé dans un abîme de doutes et de désespoir.
De retour en France, les aficionados nîmois, témoins quasi directs de la tragédie, ont immédiatement réuni quelques-uns des amis que compte ici Fabrice. Et le navire s’est mis tout aussi immédiatement en branle, poussé entre autres par l’immense grande gueule d’Arlette Chavanieu... Rien que ça déjà... Même Chacha a fait le déplacement. Et si les Chavanieu s’en mêlent, c’est un signe.
Je ne vais pas m’étendre sur les détails de l’organisation et sur ce qui a déjà été fait. Ce serait trop long. Mais cette première étape s’est vue concrétisée vendredi soir, à Nîmes, chez Les Amis de Pablo Romero. Fabrice était l’invité de la première réunion hivernale de l’association, pour y raconter sa vie, son afición, sa connaissance et sa pratique du campo. Un bonheur à déguster malgré les déboires récents.
Ce fut aussi et au final l’occasion d’annoncer la création d’un nouveau club taurin que l’on souhaite aussi atypique et riche que Fabrice : Torrito Afición.
Un site internet verra prochainement le jour et Fabrice nous fera partager assez régulièrement la vie du campo, sa vie au campo, au travers d’un blog : Les carnets du mayoral. De bien belles choses en perspective...