Nous avons terminé 2009 avec Paolo Pellegrin. Nous débutons 2010 avec Klavdij Sluban. Un autre choc, une autre émotion, très différente, mais tout aussi attachante.
Prononcer Sluban ça se fait, facilement. Mais tenter Klavdij puis, enchainer, sans respirer, avec Sluban alors là…
Essayez, vous verrez.
Le seul point commun peut-être entre Sluban et Pellegrin est cette mise en avant de l’utilisation de l’argentique. Plus encore chez Sluban. A la librairie déjà, au milieu de l’immense table, parmi tous les autres livres, la couverture sombre et sobre de son Transibériades accroche le regard. Un ciel noir et granuleux comme on en fait plus.
Le travail de Klavdij touche à l’intime, à des errances que l’on devine solitaires. D’ailleurs, le livre s’ouvre sur une citation de Victor Hugo : « Quiconque a vécut solitaire sait à quel point le monologue est dans la nature. La parole intérieure démange. Haranguer l’espace est un exécutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l’effet d’un dialogue avec le dieu que l’on a en soi. »
Ici aussi l’utilisation de vitesses assez lentes et du flou, ou du bougé, donnent tout son relief à ce travail même si cela est moins apparent que chez Pellegrin.
Il n’y a d’ailleurs pas réellement de parallèle à faire entre les deux, sauf évidemment l’utilisation de l’argentique pour offrir cette profondeur et cette richesse de gris incomparable. On ne s’en lasse pas. Et à la question : avec quel matériel travaillez-vous ? Klavdij Sluban ne s’étend pas et répond : « Leica. Parce que je ne pense pas technique, je pense photo. »
Klavdij Sluban... par là...