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15 janvier 2009

Grisaille d'octobre


Le nom convient mal au lieu. A gauche, en s'approchant des cercados, un vieux wagon de la RENFE observe gueule béante l'état d'avancement des travaux de la future plaza de tienta. Une plaza, pas une placita. Le béton est partout, le bois survit à peine dans ce rond tristounet où demain Carlos Aragón Cancela pourra bâtir de ses propres choix la future camada des désormais ex-Bucaré.
Carlos Aragón Cancela est un ancien matador de toros des années 1980 (il prit l'alternative le 5 février 1984 à Valdemorillo et tua, entre autres, une corrida de Victorino Martín à Madrid lors de la San isidro en 1987) qui a beaucoup grossi depuis, au même rythme certainement que les zéros sur ses comptes en banque. Et ici, les zéros sont gris, du béton aux toros, enfermés derrière l’inquiétante pesanteur d’un mur d’enceinte qui donne à l’ensemble les allures de plomb de ces villas miradors de capitales en crise où les barbelés servent de paillasson. Bienvenue.
Les derniers utreros sont arrivés la semaine précédente à peine. Ce sont les plus maigres. La tête calée dans le pli de son coude posé sur un gros tube vert, Carlos Aragón Cancela contemple son achat et compte les zéros. Selon lui, une bonne part viendra de France en 2009 car plusieurs arènes auraient déjà retenu des lots (octobre 2008) : Vic, Céret, Mont-de-Marsan et d’autres. Il a l’air sûr de lui. Loin de ses pensées, sous une brume violette qui lèche maintenant le parterre furonculeux de la sierra, les Bucaré de Javier Buendía ont paru s’extraire des noirceurs d'un roman russe du XIX° siècle dans lequel les "âmes mortes" n’attendent plus le jugement dernier.
Les fleurs de Jara ont vécu. Seules résistent des poignées de brins d'herbe que piétine la froide machine du manège stressé des futurs combattants. Englué dans les premières boues de saison, le campo hésite entre folie psychotique et abattement dépressif. C'est Pinder chez Kafka. Les Santa Coloma tournent en rond, forment un zéro sur cette terre molle grévée de pustules pierreuses, jonchée de tuyaux d'arrosage, et qui n'a de couleur que celle des tourments.
Le nom convient mal au lieu. Carlos Aragón Cancela a devant lui des années de labeur. Tout n'est que provisoire et "en travaux" pour l'instant. Il a conscience de ce qui l'attend et considère que la ganadería n'aura réellement sa marque (car une ganadería n'est rien d'autre que ce qu'en fait un ganadero) que dans une dizaine d'années. Au-delà des zéros, des laideurs du campo et du manège inquiet des toros de Buendía, reconnaissons à Aragón Cancela de ne pas avoir cédé aux sirènes de la soi-disant félicité ganadera en achetant une indéfinissable filiale de Juan Pedro Domecq ou de Daniel Ruiz. Il aime le Santa Coloma (il en avait déjà avant l'acquisition à Bucaré) et paraît ferme dans sa volonté de le conserver. C'est déjà énorme.

Dans quelques semaines, les fleurs de Jara vont repousser dans la sierra...

>>> Retrouvez la galerie des Flor de Jara sur le site www.camposyruedos.com, rubrique CAMPOS.

Photographies Futurs novillos de Flor de Jara & la Sierra de Guadarrama © Camposyruedos

03 novembre 2008

Flor de Jara


A l’occasion de sa première tertulia hivernale, l’association culturelle El Toro de Madrid avait invité, le 30 octobre 2008, l’ancien matador Carlos Aragón Cancela. C’est en sa qualité de ganadero qu’il s’est vu offrir cette opportunité, ce dernier ayant acquis au mois de février dernier le fer et l’élevage de Bucaré ; ce sont ainsi près de 500 bêtes qui ont quitté leur Andalousie luxuriante pour rejoindre la finca "El Zahurdón", dans la région de Colmenar Viejo, à deux pas du village d’origine de leur nouveau propriétaire. Le néo-ganadero, que nous avons également rencontré récemment sur ses terres, compte s’inscrire dans la continuité du bon travail accompli par Javier Buendía, son prédécesseur à la tête de l’élevage, tout en y apportant sa touche personnelle. Il estime à environ 200 le nombre de vaches idéal pour sa ganadería. Il semble tout à fait confiant en l’avenir, à commencer par sa présentation en novillada à Madrid, et envisage même, d’ici quelques années, de faire lidier quelques corridas de toros.
Le coletudo retraité semble cependant parfaitement conscient du fait que les origines de son bétail ne sont pas pour plaire à ses anciens compagnons d’arènes (à notre humble avis à tort, soit dit en passant), et que par conséquent les débouchés qu’il lui offre sont pour le moins limités. Il fonde toutefois de grands espoirs sur le marché que représenteraient les arènes françaises, espoirs qui paraissent pour le moins fondés dans la mesure où, selon ses déclarations, quatre novilladas sont prévues dans notre pays pour la prochaine saison.
Il semblerait donc que nous aurons l’occasion de voir chez nous non pas une, non pas deux, non pas trois, mais bien quatre novilladas de Bucaré, sous leur nouveau et romantique nom de « Flor de Jara »*. Il est vrai que les divers lots vus sur le sable ici et là ont dans l’ensemble donné satisfaction, voire apporté beaucoup d’émotions. Mais franchement, quatre, n’est-ce pas un peu beaucoup ? N’y a-t-il donc pas d’autres élevages à faire découvrir aux aficionados ? Pour être tout à fait franc, je serai le premier ravi de revoir les fameux buendías, mais on peut cependant regretter, sans bouder ce plaisir, de ne pas avoir davantage l’occasion de voir combattre de nouveaux élevages.

* Dites, ça vous plaît à vous ce nom ? Bon, c'est sûr, c'est joli comme tout, mais ça fait pas super santacolomeño comme nom d'élevage, si ?

23 juillet 2008

Bucaré


Nous voici arrivés à la fin de notre périple catalan avec cette ultime galerie consacrée à la novillada de Bucaré, visible depuis la rubrique RUEDOS du site. Prochaine destination : Beaucaire avec une féria très appétissante malgré l'introduction pour le moins curieuse de la pique andalouse sur laquelle nous reviendrons également.

21 juillet 2008

J'ai aimé, j'ai pas aimé # Céret 2008


Cet inventaire « à la vicoise » en 2 fois 30 points (c’est le genre de défi que j’affectionne), sans ordre d’importance, prend en compte trois jours de féria (du samedi au lundi) et "toutes" les courses : Bucaré, Hernández Pla & Escolar Gil. Jeudi, au départ de Brive, les Prieto peuplaient encore mes songes...

J’ai aimé :
- beaucoup aimé, mais vraiment beaucoup, retrouver les ami-e-s autour d’une bavette, d’un verre, d’une barquette d’olives ou de cacahuètes, d’une salade de tomates au piment doux des Landes, d’un ruedo... ;
- la réception du toro par Robleño et Esplá, à reculons des planches au centre, la cape largement déployée, souple et délicate, efficace et dominatrice — le toro d’abord mais il passera plus tard... ;
- aborder et interroger le boucher de l’entreprise perpignanaise Guasch Viandes — j'y reviendrai... ;
- les mises en suerte et le descabello foudroyant décoché par Esplá à son premier ;
- que la pluie cesse enfin — quelle conne ! ;
- la prestation, en dépit de l’emplacement de la pique — pas scandaleux au demeurant —, du picador de Robleño à 'Dominico', son 1° santacoloma (cheval de face en mouvement, refus de la carioca, pique dosée) ;
- renouer, en excellente compagnie et dans la bonne humeur, avec les tertulias du soir après 7 ou 8 années d’exil volontaire à l’autre bout de l’arène ;
- la force morale des novillos santacolomeños — de vrais petits démons malgré le sabotage en règle du premier tiers ;
- le tendre bisou échangé par un monsieur de 91 ans, le peintre Jean Capdeville croisé par hasard en haut de la rue Saint-Ferréol lors de sa promenade quotidienne, avec ma fille de 6 ans : 85 années rassemblées autour d’un baiser... ;
- les rues cérétanes débarassées de leur absurde tapis de timballes en plastique — résultat dû à l’euro de consigne pour le prêt (ou l’acquisition) d’un solide gobelet sérigraphié porté autour du cou et conservé tout au long de la manifestation ;
- découvrir de nouveaux visages, des visages appelés à être revus avec plaisir ;
- ta compagnie pleine d’alegría et de caste, Benoît, précisément au moment où les toros d’Hernández Pla, eux, affichaient un cruel déficit en la matière ;
- la deuxième pique au 4° pla, tombée, allez savoir par quel miracle, dans le morrillo mais aussitôt rectifiée... en dehors — « bouh ! » ;
- à deux ou trois exceptions près, le principe des trois piques "réglementaires"1 — « Bravo l’ADAC ! » ;
- le comportement atypique d’'Escritor' sorti en 3° position, un escolar diabolique, un peu dolores sur les bords, un drôle de manso qui ne se fit pas prier pour aller au cheval et n’y faire... qu’illusion ;
- jouer au crocodile à la piscine municipale ;
- que dis-je, j’ai adoré 'Mimoso', un rêve de toro, un 5 de cœur, une estampe albaserrada, LE toro con trapío de ce Céret de Toros 2008 ;
- la présentation "homogène dans son hétérogénéité" du lot de Bucaré ; des novillos qui ont passé leur matinée à faire visiter le ruedo aux novilleros — demandez voir à Sophie et Édouard ;
- le poder de 'Palmero II' (2° Hernández Pla), 'Montañés' (3° Bucaré) et 'Mimoso' (5° Escolar Gil) sous le fer — trois grosses envies d’en découdre posées sur douze pattes en béton armé ;
- les ovations faites à Luis Francisco Esplá lors de son entrée en piste et de sa sortie, toutes deux émouvantes dans leur simplicité ;
- entendre l’excellente cobla Mil.Lenaria jouer L’Estaca de Lluís Llach, chantée par la partie catalane du public (j’imagine) lors d’un tercio de banderilles — magique... ;
- la sortie fracassante de 'Cantito I', second d’Esplá ;
- faire l’heureuse rencontre de Fabrice Torrito, homme charmant et auteur avec sa fille du très beau Luminoso se mit à parler... — merci à toi pour la dédicace ;
- les jolies banderilles "sang et or" — voir El Chano et Luis Francisco les poser, celui-ci la cinquantaine passée, c’est quand même quelque chose ;
- apprendre, avoir la confirmation que toutes les piques étaient montées à l’endroit — « Bravo José ! » ;
- malgré leur effet néfaste, la série de trois véroniques distribuées au centre par Sergio Aguilar à 'Mimoso', mal paraphée par une demie foirée ;
- sentir les poils de mes bras se dresser lorsque ce même 'Mimoso' s’en est allé brasser la cavalerie pour la quatrième fois ;
- et ce grâce à la curiosité de ma fille, fouler des terrains que seules les grandes personnes s’interdisent d’approcher — « Papa-tu-viens-on-va... », « Papa-je-veux... » —, et me creuser la tête pour répondre (ou sécher) à ses nombreuses interrogations — « Papa-et-pourquoi... ? », « Papa-et-comment... ? » ;
- le spectacle extraordinaire de la réapparition du Soleil — « Nous pouvons vivre sans la chaleur du soleil mais nous n’existons pas sans la lumière. » Jean-Luc Parant2 ;
- pouvoir regarder les toros aux corrals au travers de nouvelles ouvertures (bien pratiques pour les enfants) et de vitres toutes neuves (bien pratiques pour les photos), et... pouvoir consulter Camposyruedos dès mardi matin à la médiathèque de Céret.

J’ai pas aimé :
- mais alors pas du tout, du tout que la course de samedi ait débuté3... Avez-vous vu avec quel héroïsme la présidence demeura impassible sous les trombes d’eau ? Et même pas une ou deux âmes charitables pour l’abriter du déluge ! Pathétique... Et pendant ce temps-là, en bas, les areneros pompaient, pompaient, pompaient ! Inutile... Et Rafaelillo jouait à la roulette russe ! Suicidaire... ;
- qu’Aguilar, comme tous ceux que j’ai vus d’ailleurs, ne soit pas allé chercher, n’ait pas su soumettre, "tordre", dominer son albaserrada (toro de vuelta mais vuelta usurpée) ;
- la sale besogne des picadors, spécialement lors de la novillada — un relevé minutieux des impacts des fers aurait été accablant ;
- la médiocrité de la quasi totalité des estocades — mention spéciale à celle, dans le dos (sic), de Cristo Fourcart et à celle, traversante (re-sic), de David Mora ;
- voir le cuir de ce Bucaré fendu par la pique sur une trentaine de centimètres ;
- constater qu’Esplá n’avait pas fait piquer ses toros ! ;
- le salut de José Escolar Gil... eu égard au comportement de ses protégés au premier tiers ; il y eut des rencontres, certes, mais quelles rencontres ? Seuls poussèrent les 2° et 5°, ce dernier avec brio... ;
- le chahut sur les tendidos entre la 3° et la 4° rencontre au cheval du dernier Escolar ; c’était bizarre... ;
- que la présidence du dimanche après-midi (s')autorise le changement de tercio après 2 piques au 1°, par ailleurs pas mal piqué, et une seule au 3°, boiteux — on ne change plus les toros, qu’on se le dise... ;
- donc, que l’on nous empêche d’apprécier une troisième rencontre du Hernández Pla au cheval ;
- réaliser que je ne reverrai sans doute plus les belles et classiques arabesques de la cape rose et bleue d’Esplá (snif) ;
- et c’est un euphémisme, la prestation d’ensemble du Franco-Espagnol Cristo Fourcart ;
- ne plus reconnaître le Fernando Robleño d’avant, lidiador... ;
- le tercio de piques mal mené par Luis Vilches à son bon second Hernández Pla — le Sévillan n’était pas à sa place à la droite du picador ;
- le "manque de réussite" des puntilleros ;
- la seconde faena d’un Sergio Aguilar en grande difficulté (cf. Esplá face au 4°, Robleño face à ses deux adversaires, Mora face au 3° Buendía...), sans cesse accroché puis finalement désarmé ;
- galérer pour trouver une saucisse dans du pain — un hot-dog quoi ! ;
- l’attitude d’Aguilar qui n’a pas, alors que 'Mimoso' venait de prendre une "bonne ration" de fer lors des deux premières rencontres, pris la peine de le faire récupérer ;
- les interventions sans grand intérêt du vétérinaire Gérard Bourdeau lors de la tertulia du dimanche soir ;
- me faire arroser les pieds par la chasse d’eau des WC Dames (?) — que d’eau, que d’eau ! ;
- disons plutôt que je n’ai pas été franchement convaincu par les explications de Jean-Louis Fourquet concernant les événements du samedi soir... sans pour autant remettre en cause la sincérité du président de l’ADAC ;
- apprendre qu’El Fundi avait été blessé à Pampelune — la poisse ! ;
- "toutes" les premières piques, traseras, bien trop longues — « El quiiiite ! » —, carioquées (exceptée une !) ;
- la rumeur selon laquelle Padilla remplacerait El Fundi — et vous trouviez ça drôle ? ;
- euh, j'aurais bien aimé qu’Isabelle et Laurent fussent parmi nous ;
- jouer le rôle du dindon de la farce au Café de France — l’addition c’est toujours un grand moment... ;
- oublier mon carnet pour la novillada ; aussi je ne me prononcerai pas trop sur la vuelta (généreuse, non ?) concédée au 1° Bucaré et le salut du... ;
- me farcir le traditionnel montón à l’entrée des arènes — j’ai du mal à m’y faire parce que j’ai toujours l’impression que je ne vais pas pouvoir rentrer ! ;
- constater qu’aucun morrillo n’avait été agressé par le fer de la pique et qu’aucun picador n’avait mordu la poussière — pas un seul batacazo, vous m’entendez, pas un seul ! Quelle misère... ;
- le coup de soleil que j’ai pris dans le dos... à Saint-Cyprien Plage.

1 Jean-Louis Fourquet a laissé entendre qu’un "Règlement cérétan" pourrait voir le jour... Je suis incapable de vous dire si c’était du lard ou du cochon ! Sacré Jean-Louis...
2 Jean-Luc Parant (Textes), Marie-Sol Parant (Musique), Partir, CD audio, Aloo Matta 001, 1997.
3 « Arrêtez tout ! C’est de la folie ! » j’ai gueulé, ou un truc comme ça... Retarder le paseo... Reporter la course...

Images © Camposyruedos
'Mimoso' — il est encore collé sur ma rétine 'Montañés' le petit démon 'Dominico' qui eut la chance d'être confronté à un picador loyal... 'Mimoso', 'Montañés', 'Dominico', ah ! les jolis noms que j'écris là...

19 février 2008

¡Joder! ¡Qué foto!


Au moment où l'on parle de la vente de la ganadería de Bucaré à un ancien matador colmenareño, Manon nous livre cette photo éblouissante sur son blog. En un cliché, une leçon sur la profondeur de champ et sur la fierté des santacolomas... Chapeau l'artiste !

Le blog de Manon, c'est par là.

10 octobre 2007

Bucaré sur Terre de toros

La présentation détaillée de l'élevage de Javier Buendía Ramírez, auquel nous avons consacré une galerie il y a quelques mois, est désormais en ligne sur le site Terre de toros. C'est ici. Bonne lecture.

11 septembre 2007

Bucaré à Peralta

L'association culturelle "La Cabaña Brava" rend compte sur son site Internet, dans une intéressante chronique signée David Diez Hernández, de la dernière novillada de la féria de Peralta à l'occasion de laquelle ont été combattus et mis à mort six novillos de l'élevage Bucaré, propriété de Javier Buendía Ramírez de Arellano.
Nous vous avions présenté cette ganadería en quelques mots dans un texte intitulé Un fleuve cárdeno, et fait partager quelques photographies des novillos de l'année dans une galerie du site. Par ailleurs, Philippe avait consacré un message, le 19 avril dernier, aux bichos "lidiés" à Las Ventas.
La novillada de Peralta est la huitième course de cette devise courue cette année, et même s'il eût fallu assister à chacune d'entre elles (ce qui n'est pas mon cas, ni celui, je le crains, d'aucun de mes compañeros) pour dresser un bilan fiable, il semble possible de fonder en elle quelques légitimes espoirs. A l'occasion de notre visite, l'éleveur nous avait donné l'impression, qui semble se confirmer en piste, de savoir où il souhaitait mener ses pupilles : au plus proche des caractéristiques de leur encaste d'origine.
La caste semble être au coeur des préoccupations du ganadero, ce dont bien entendu l'aficionado a los toros ne saurait se plaindre. Cette caste que l'on a pu rencontrer chez certains novillos d'origine Coquilla ou chez ceux de Miguel Zaballos qui ont foulé le sable cérétan.
Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Et comme l'aficionado est un fieffé rêveur, continuons...

Image Novillo de Bucaré au campo en avril 2007 © Camposyruedos

13 mai 2007

"Un fleuve cárdeno"... Ganadería de Bucaré

Ici est née et survit une croyance populaire. Une évidence reconnue par tous, acceptée partout. Comme une image d’épinal que le XX° siècle a collé sur tous les murs du monde taurin, sur tous les carteles des férias de renom.
Le toro de Santa Coloma est gris !
Petit et gris. Tout le monde le sait, tout le monde l’écrit et tout le monde a presque raison. Dans l’imaginaire taurin, le Santa Coloma a un tamaño réduit avec une frimousse toute petite sur les bords de laquelle deux yeux vifs défient les combats à venir.
Bucaré est cette minuscule flaque de laquelle un fleuve cárdeno a arrosé le campo espagnol pendant des lustres. C’est en 1932 que Don Joaquín Buendía racheta l’élevage déjà légendaire mais en mauvais état du Conde de Santa Coloma. Après des débuts difficiles qui empêchèrent le nouveau ganadero de lidier un seul toro durant trois temporadas, la suite de l’aventure fut ponctuée de triomphes et de gloire à tel point que Joaquín Buendía fut une des plus grands revendeurs de sementales de l’époque, en compagnie d'Urquijo et du Conde la Corte, évidemment. Depuis, les Buendía ont quelque peu quitté le devant de la scène et l’on peut supposer que la mode du "grand et gros toro", souvent fuera de tipo, y est pour beaucoup. Pour autant, et malgré cette discrétion imposée, le toro de Buendía est devenu l’archétype du Santa Coloma dans l’esprit de beaucoup d’aficionados.

Nous le disions, ils ont "presque raison" mais pas entièrement. Si Buendía est la devanture la plus célèbre, il existe d’autres ramas chez le Santa Coloma qui s’éteignent sûrement un peu plus tous les jours (Coquilla et Graciliano par exemple). Le Buendía est la version la plus asaltillada du Santa Coloma. Ainsi va la vie des toros, dictée malheureusement par les goûts des toreros et des empresas qui ne savourent plus depuis longtemps la caste et la combativité des Santa Coloma.
Soyons donc satisfaits de constater que Javier Buendía est en train de redonner un certain lustre à ses Buendía (renommés "Bucaré" – nom de la finca historique de la casa – depuis la division de la maison mère entre héritiers) qu’il ne fait pour l’instant combattre qu’en novilladas. Espérons pour finir que cela pourra redonner de l’allant à ce fleuve cárdeno né dans la flaque de "Bucaré"...

PS Il y a quelques jours est décédé le frère de Javier, José Luis Buendía Ramírez de Arellano, propriétaire de la ganadería nommée Joaquín Buendía Peña.

>>> Retrouvez la galerie de la camada 2007 de Bucaré sur le site à la rubrique CAMPOS.

26 avril 2007

Honneurs aux picadors


Ce dimanche 15 avril, j’étais à Las Ventas...
Les novilleros du jour comptabilisaient, à eux trois, 20 courses en 2006 ! Pas une de plus !!! De quoi alimenter quelques craintes, après la prestation des novillos de Bucaré il y a quelques semaines à San Sebastián ; lors de la San Isidro 2006 surtout...
Il est bien loin le temps où les picadors occupaient le haut de l’affiche. Celui où les aficionados connaissaient leurs noms est révolu aussi. Ressentaient-ils les mêmes inquiétudes que nous en ce dimanche madrilène ? Peut-être... Peu importe !
Remettons au plus vite ce petit monde à l’honneur : Rafael Baeza, Israel de Pedro, Manuel José Bernal, José Chacón et Benjamín Iglesias méritent que l’on cite leurs noms. Sortons-les enfin de l’ombre : ils ont été NULLISSIMES !!! Parce qu’il ne piqua quasiment pas le 1er novillo, faiblard d’emblée, seul Antonio Muñoz se fait oublier. Citons systématiquement les autres, ceux qui font mal leur boulot. Cet anonymat gangrène la Fiesta !
A quelques jours de sa féria, Madrid doit maintenant s’emparer de ce fléau. Cette calamité dont elle est depuis trop longtemps la meilleure représentante. Las Ventas aime les toros gris. Elle a raison ! Mais attention, si l’on n’y prend pas garde, les picadors auront raison de nous !!! Responsables du manque de relief de certaines courses, quoique celle-ci ne fut certainement pas du niveau des précédentes de cet élevage, ils lasseront public et ganaderos...
Manquant de force 'Metroymedio' ne révèle que des mauvaises manières face à la cavalerie. Sans véritable race, la tête à mi-hauteur, ils se cantonne dans un monorythme lent tout en offrant une charge docile et un replacement parfois idéal.
Plus allègre, plus mobile, beaucoup plus racé, mais salement piqué à la 1ère rencontre (2 impacts dont un bien bas !), 'Labraor' se remet péniblement de l’épreuve. La 2nde pique n’est que formalité. Le novillo est quand même très abordable et confirme sa tendance à mettre la tête et à répéter.
'Cuentacuentos' rechigne lui aussi à aller jusqu’au bout, il jette les pattes et se défend plus qu’il n’attaque en 2 rencontres pour 3 piques (dont 2 traseras !). Une certitude, il n’est pas brave. Pourtant, tant bien que mal, il freine de moins en moins et répète gentiment ses charges.
D’entrée, le magnifique 'Peluquero' fait l’avion. Lui remate plusieurs fois et les signes positifs de bravoure ont raison de deux piques assassines au milieu du dos !!! Celui-là est un client que la cavalerie n’a pas réussi à anéantir. Le novillo est disposé ; il faut consentir sa lourde charge.
Sèchement carioqué et très sévèrement châtié au 1er assaut, 'Peineta' est encore bousillé au 2nd. Il ne s’en remettra pas, chute dans la muleta, devient tardo et fadasse.
Brillant, tout en n’appréciant pas forcement le combat, 'Perezoso' se fait fumer lui aussi en règle (par 2 fois, cariocas flagrantes et piques en arrière). Le novillo sort exsangue du combat, il n’a plus d’allant mais trouve parfois les ressources pour s’engouffrer dans les grossières erreurs de placement.
Assumant son destin au mieux, toujours bouche close (mais que faut-il en tirer ?) cette novillada de Bucaré a gardé bonne partie de ses secrets. Un très bon novillo malgré tout (celui de la photo).
Honneurs aux picadors !!!
Benito del Moun

19 avril 2007

Casta santacolomeña


Ce dimanche 15 avril, je n’étais pas à Las Ventas pour assister à la novillada de Bucaré, fer propriété de Javier Buendía issu d’un partage, en 1996, de la célèbre devise Joaquín Buendía Peña.

Le lot était apparemment homogène — le 3e quelque peu efflanqué —, dans le type (prédominance Saltillo), d’où, entre autres, des cornes moyennement développées. Trois novillos furent salués par une ovation, un autre par des palmas — à Madrid, on fait encore la distinction —, et tous s’en allèrent avec leurs oreilles. L’agressivité, la caste et la mobilité des petits toros gris — ces empêcheurs de tourner en rond ! ― venaient de sérieusement embêter, le mot est faible, ceux qui étaient chargés de se colleter avec.

Dans les reseñas, comme de coutume, rien n’est écrit, ou presque, sur le comportement des novillos lors du premier tiers. Rien à l’exception de Juan Guillermo Palacios (Burladerodos), qui évoque des « varas traseras y excesivas », et de Sergi (faire un crochet par Toro, torero y afición), qui nous informe que les santacolomas « se dejaron pegar en el caballo, algunos incluso se arrancaron de largo, aunque se echó de menos algo más de fijeza ». C’est maigre. Et pourtant, pouvoir repérer clairement la suerte de vara dans les reseñas, montrer qu’elle existe encore, n’est-ce pas là un des moyens les plus sûrs de la défendre ?

Cela dit, on ne manquera pas de jeter un coup d’œil au reportage photographique de Juan Pelegrín, où l’on peut voir un picador en fâcheuse posture, et de visionner une brève séquence vidéo où l’on aperçoit un novillo se manger l’étrier qu’on lui sert et s’entamer le moral contre le blindage du cheval... Tout cela est consultable en cliquant sur le premier lien.

Bref, après les sorties intéressantes de l’année dernière, à Madrid et à Saragosse, de cette année, à Saint-Sébastien — dans une moindre mesure semble-t-il —, je suis personnellement ravi de constater que les Buendía, mes petits préférés pour ne rien vous cacher, confirment leur renaissance en emboîtant le pas de leurs frères de La Quinta. « Los novillos cortaron las monteras », dixit Juan Guillermo Palacios. Autrement dit, ils remirent une nouvelle fois les pendules à l’heure ; le comte de Santa Coloma devait être un sacré horloger...

Revue de presse Internet— Madrid 2006 : Bastonito, Pla Ventura et Luís Esteban.
— Saragosse 2007 : à venir, le dimanche 27 mai...

Image 'Peluquero', 503 kg, novillo de Bucaré © Manon