Nous vous proposons une traduction de l’interview de Joaquín Moreno de Silva, donnée au lendemain de sa novillada lidiée à Las Ventas, sur la Cope* le 8 septembre 2008.
Nous avons travaillé à partir de la version web de l’antenne. Outre les nombreuses rubriques d’information générale, la catégorie toros, aisément accessible, offre un large éventail d’émissions thématiques, comme Popular TV permettant de suivre des encierros. C’est le journaliste Rafael Cabrera qui s'entretient avec Joaquín Moreno de Silva dans l’émission hebdomadaire d’actualité taurine : El Albero (l’extrait est compris sur la bande son entre 34,38 mn et 39,55 mn).
Rafael Cabrera s’enquiert tout d’abord de la santé d’un becerro de Joaquín Moreno de Silva que l’émission a décidé de parrainer. 'Palmeñito' (c’est son nom) se porte comme un charme ; il grandit, prend du volume et des forces. L’éleveur indique que son régime alimentaire a été modifié pour lui permettre de développer des cornes de qualité et d’acquérir de la vigueur. Il mange désormais davantage d’herbe et peu de pienso. Cette méthode évite d’élever des toros « que se atocinan », autrement dit, « qui font du lard ». Il s’en suit quelques considérations météorologiques... Par une transition habile, le journaliste oriente la discussion sur la course de Madrid.
Rafael Cabrera Et donc, cher Joaquín, un des frères aînés de 'Palmeñito' est sorti à Las Ventas dimanche. Le sixième, un cárdeno du nom de 'Horquito' pesant 535 kg, bien bâti, dans le type de la maison, au trapío remarquable. C’était un véritable toro ?Joaquín Moreno de Silva Oui, bien sûr, à cette période de l’année il ne leur manque que deux ou trois mois pour être de vrais toros. Ce fut une grande satisfaction de les voir entrer dans cette arène. Pour qu’un novillo soit applaudi à Madrid, cela demande beaucoup de travail. Surtout applaudi dès sa sortie du toril.
Mais il y avait vraiment de quoi applaudir. Ce genre d’animal rentre normalement comme toro dans une arène de 1° catégorie.
Pour prétendre venir à Madrid il faut avoir une présentation irréprochable sinon il vaut mieux rester chez soi.
Ce fut l’un des plus intéressants novillos de l’après-midi, dommage qu’il soit tombé sur un Valentín Mingo, épuisé, qui affrontait là son cinquième adversaire. Le novillero a conclu rapidement mais s’il avait eu les ressources pour tenir l’animal dans la muleta en baissant la main, le toro aurait chargé avec noblesse.Oui, il avait beaucoup de classe et baissait vraiment la tête. Ce comportement est caractéristique de l’encaste saltillo. C’est, avec le premier, celui que j’ai préféré. J’ai aussi apprécié l’attitude du quatrième et la tenue d’ensemble de la novillada qui a montré énormément de caste. J’ai eu la grande satisfaction d’entendre à quatre reprises le tendido 7 me féliciter. Puisqu’il faut assumer en toutes circonstances ! Lorsque le public est mécontent, il me malmène, m’invective. Cette fois évidemment, je suis particulièrement enchanté et extrêmement heureux de cette novillada.
Au cheval on a essentiellement remarqué leur mansedumbre. A la décharge des novillos, on peut dire que les picadors leur ont réservé un véritable traitement de faveur. Aucune course n’a été châtiée de la sorte pendant toute la San Isidro, que dis-je, lors de toute la temporada madrilène. Certains novillos ont marqué le coup mais ils ont récupéré rapidement et tenu la distance. Ils sont arrivés jusqu’à la faena avec leurs capacités intactes et de la caste. Logiquement, si on ne le cadre pas correctement dès le départ, le toro encasté apprend vite.
C’est certain, ils apprennent très vite. Il est heureux que cinq des six novillos aient reçu une première pique correctement placée, les autres impacts sont tombés sur les épaules, suivis d’interminables puyazos qui n’ont rien arrangé. Évidemment certains novillos ont marqué le coup mais malgré tout, par la suite, la race et la caste ont repris le dessus. Quatre de mes novillos sont morts au centre et tous, bouche close. C’est ce qui ajoute à ma satisfaction.
Tout ça, alors que certains d’entre eux dégoulinaient de sang, une flaque à chaque sabot, il faut bien le dire.Ils ont ramassé comme on ramasse rarement ! Du point de vue ganadero, si les novillos sont piqués à mort mais qu’ils arrivent à montrer leur race et font preuve de caste, alors on est sur le bon chemin. Il faut persévérer.
On m’a dit que des organisateurs français ont déjà pris contact avec toi pour la prochaine temporada.En effet, une arène française souhaite présenter une de mes novilladas l’an prochain. Je sais que certaines fines bouches n’ont guère goûté le spectacle car ils ne supportent pas ce genre de course. Mais tous ceux qui sont aficionados et qui aiment la tauromachie y ont trouvé leur compte. Les Saltillos sont difficiles et exigeants. La preuve : les Victorino, les Ana Romero, les Escolar et quelques autres... Souvent se présentent devant eux des hommes, certes méritants mais peu aguerris, alors qu’il faudrait être sûr, ferme et confirmé. C’est dommage car c’est devant ce type d’encaste que se révèle la véritable valeur des hommes. Les toreros le savent bien.
C’est tout à fait ça. Encore une fois, José Joaquín, félicitations pour le résultat de ta novillada qui a tenu en haleine les aficionados tout l’après-midi. Au point que même les touristes étrangers n’ont pas quitté leurs sièges avant la fin, ce qui en dit long sur l’émotion que l’on a pu vivre. Espérons que les novilladas continueront à sortir comme celle de cet après-midi et espérons aussi que 'Palmeñito' ressemblera un jour à ses frères.
Que Dieu t’entende et qu’il ressemble au numéro 8 !
Et bien, merci et bonsoir.Un abrazo, Rafael, à toi et à tous tes auditeurs.
Ce post complète celui de Solysombra ¡Casta! ¡Casta! ¡Casta!.
Traduction de JotaC & photo de Juan Pelegrín, Las Ventas.
* Cope (Cadena de Ondas Populares Españolas) est l’une des principales chaînes appartenant au groupe Radio Popular S.A.
Rafael Cabrera Et donc, cher Joaquín, un des frères aînés de 'Palmeñito' est sorti à Las Ventas dimanche. Le sixième, un cárdeno du nom de 'Horquito' pesant 535 kg, bien bâti, dans le type de la maison, au trapío remarquable. C’était un véritable toro ?Joaquín Moreno de Silva Oui, bien sûr, à cette période de l’année il ne leur manque que deux ou trois mois pour être de vrais toros. Ce fut une grande satisfaction de les voir entrer dans cette arène. Pour qu’un novillo soit applaudi à Madrid, cela demande beaucoup de travail. Surtout applaudi dès sa sortie du toril.
Mais il y avait vraiment de quoi applaudir. Ce genre d’animal rentre normalement comme toro dans une arène de 1° catégorie.
Pour prétendre venir à Madrid il faut avoir une présentation irréprochable sinon il vaut mieux rester chez soi.
Ce fut l’un des plus intéressants novillos de l’après-midi, dommage qu’il soit tombé sur un Valentín Mingo, épuisé, qui affrontait là son cinquième adversaire. Le novillero a conclu rapidement mais s’il avait eu les ressources pour tenir l’animal dans la muleta en baissant la main, le toro aurait chargé avec noblesse.Oui, il avait beaucoup de classe et baissait vraiment la tête. Ce comportement est caractéristique de l’encaste saltillo. C’est, avec le premier, celui que j’ai préféré. J’ai aussi apprécié l’attitude du quatrième et la tenue d’ensemble de la novillada qui a montré énormément de caste. J’ai eu la grande satisfaction d’entendre à quatre reprises le tendido 7 me féliciter. Puisqu’il faut assumer en toutes circonstances ! Lorsque le public est mécontent, il me malmène, m’invective. Cette fois évidemment, je suis particulièrement enchanté et extrêmement heureux de cette novillada.
Au cheval on a essentiellement remarqué leur mansedumbre. A la décharge des novillos, on peut dire que les picadors leur ont réservé un véritable traitement de faveur. Aucune course n’a été châtiée de la sorte pendant toute la San Isidro, que dis-je, lors de toute la temporada madrilène. Certains novillos ont marqué le coup mais ils ont récupéré rapidement et tenu la distance. Ils sont arrivés jusqu’à la faena avec leurs capacités intactes et de la caste. Logiquement, si on ne le cadre pas correctement dès le départ, le toro encasté apprend vite.
C’est certain, ils apprennent très vite. Il est heureux que cinq des six novillos aient reçu une première pique correctement placée, les autres impacts sont tombés sur les épaules, suivis d’interminables puyazos qui n’ont rien arrangé. Évidemment certains novillos ont marqué le coup mais malgré tout, par la suite, la race et la caste ont repris le dessus. Quatre de mes novillos sont morts au centre et tous, bouche close. C’est ce qui ajoute à ma satisfaction.
Tout ça, alors que certains d’entre eux dégoulinaient de sang, une flaque à chaque sabot, il faut bien le dire.Ils ont ramassé comme on ramasse rarement ! Du point de vue ganadero, si les novillos sont piqués à mort mais qu’ils arrivent à montrer leur race et font preuve de caste, alors on est sur le bon chemin. Il faut persévérer.
On m’a dit que des organisateurs français ont déjà pris contact avec toi pour la prochaine temporada.En effet, une arène française souhaite présenter une de mes novilladas l’an prochain. Je sais que certaines fines bouches n’ont guère goûté le spectacle car ils ne supportent pas ce genre de course. Mais tous ceux qui sont aficionados et qui aiment la tauromachie y ont trouvé leur compte. Les Saltillos sont difficiles et exigeants. La preuve : les Victorino, les Ana Romero, les Escolar et quelques autres... Souvent se présentent devant eux des hommes, certes méritants mais peu aguerris, alors qu’il faudrait être sûr, ferme et confirmé. C’est dommage car c’est devant ce type d’encaste que se révèle la véritable valeur des hommes. Les toreros le savent bien.
C’est tout à fait ça. Encore une fois, José Joaquín, félicitations pour le résultat de ta novillada qui a tenu en haleine les aficionados tout l’après-midi. Au point que même les touristes étrangers n’ont pas quitté leurs sièges avant la fin, ce qui en dit long sur l’émotion que l’on a pu vivre. Espérons que les novilladas continueront à sortir comme celle de cet après-midi et espérons aussi que 'Palmeñito' ressemblera un jour à ses frères.
Que Dieu t’entende et qu’il ressemble au numéro 8 !
Et bien, merci et bonsoir.Un abrazo, Rafael, à toi et à tous tes auditeurs.
Ce post complète celui de Solysombra ¡Casta! ¡Casta! ¡Casta!.
Traduction de JotaC & photo de Juan Pelegrín, Las Ventas.
* Cope (Cadena de Ondas Populares Españolas) est l’une des principales chaînes appartenant au groupe Radio Popular S.A.