Affichage des articles dont le libellé est Alain 'Puntilla' Lagorce. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Alain 'Puntilla' Lagorce. Afficher tous les articles
18 octobre 2013
14 octobre 2013
10 octobre 2013
22 juin 2013
Oberlé sans modération
Gérard Oberlé est politiquement très incorrect.
Oh… rien de rare ni de bien grave. Il est juste cultivé, écrivain, libraire de livres anciens, il parle le grec ancien et le latin, il est amateur, véritable amateur, de grands vins. Il est épicurien, un vrai… et il est à consommer sans modération, notamment dans ce Grand Entretien avec François Busnel, sur France Inter...
« Je ne crois pas à cette fumisterie que les gens appellent le bonheur. Ça n’existe pas, ce truc absurde. La condition humaine, en général, telle que moi je la vois, je la vis ou je la ressens, n’est pas un état de félicité permanente. Et donc, ce qui est bien, ce sont les moments de joie. Et ces moments de joie il faut se les décider soi-même. On peut les trouver grâce aux poètes, aux musiciens, aux vignerons, aux cuisiniers, à la sexualité, aux maîtresses, aux amants, aux satires, à tout ce qu’on veut… Il m’est arrivé souvent… enfin, pas souvent non quand même, car je ne cherche pas ça, mais il m’est arrivé de rencontrer des gens qui ne boivent pas de vin du tout, qui ne savent pas ce que c’est. Et en général, je trouve que ce sont des gens pas tout à fait finis… » — Gérard Oberlé
>>> La peinture est de l’ami Alain Lagorce. Enjoy…
05 juin 2013
« Le Taureau de Bordeaux »

Prologue
Le lundi 11 mai 1801, sur le sable des arènes de Madrid, le taureau ‘Barbudo’ bouscule le maestro Pepe Illo, l’attrape au sol de sa corne acérée et l’envoie voltiger dans les airs. Les secondes semblent interminables. Pepe Illo, grand matador fragile et sensuel, n’est que poupée de chiffon désarticulée. Dans les minutes qui suivent l’accrochage, arrivé au bout de son chemin, arrivé au bout de son art, il meurt.
Bordeaux, nuit du 15 au 16 avril 1828
Le vieux Francisco de Goya, voûté, grincheux, sourd comme un pot et presque aveugle, s’arc-boute dans son atelier. Malgré la maladie qui le ronge, malgré la vieillesse qui le rattrape, il frotte une grande pierre plate depuis de longues minutes. Coincé au pied d’un escalier en colimaçon menant à la paillasse du peintre, le grand établi n’est éclairé que par le halo d’une lampe à huile. Voilà tout son univers, désormais : un simple atelier, avec de grandes fenêtres à carreaux translucides qui laissent deviner au loin les lumières vacillantes de la ville et le calme protecteur du jardin. Les courants d’air marin glacent l’atmosphère, mais c’est là qu’il veut être. C’est là qu’il veut continuer à travailler, continuer à exister.
Au cœur de la nuit, la jeune Rosario pousse la lourde porte grinçante et pénètre dans l’atelier. Comme d’habitude, Goya ne l’entend pas venir. Pendant quelques secondes, la jeune femme aux yeux sombres observe le vieil homme. Attendrie et bienveillante, elle est admirative devant cette volonté inébranlable de création. Elle s’avance, doucement, pose délicatement sa main sur l’épaule du peintre pour signaler sa présence et embrasse tendrement sa tempe grisonnante.
« Ah, Rosario, c’est toi ma petite, ma plus fidèle ? Je suis heureux que tu aies pu venir ce soir. Que ferais-je sans toi ? Tu arrives à point nommé, je suis en train de poncer la pierre pour ma dernière lithographie. Tu vas pouvoir m’aider, cela est bien trop fatigant pour mes vieux os. Et puis, je vais continuer à t’apprendre les mystères de notre art.
— Bonsoir, Francisco. Mais je les connais vos mystères, vous me les avez déjà dévoilés mille et une fois, je…
— Non, non, non, ne fuyons pas devant le travail, mademoiselle ! Regarde, pour que le grainage soit parfait, il faut mettre du sable et de l’eau entre les deux pierres et les frotter l’une contre l’autre, en faisant des gestes amples. C’est épuisant, mais nécessaire. Tiens, assieds-toi et aide-moi. Il faut prendre des pierres bien sombres, bien dures pour pouvoir dessiner avec précision. Ne prends jamais de pierres trop claires, tu n’arriveras à rien. Et le carrier de Frontenac est un escroc, ne va pas chez lui, il te vendra ses cailloux au prix de l’or ! Voilà, frotte avec douceur, bien. Elle sera parfaite ta pierre.
« On va pouvoir se mettre sérieusement à l’ouvrage maintenant. Apporte-moi donc mes deux crayons à l’huile, le normal et le très gras pour faire les ombres. Je vais commencer notre dessin de ce soir. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir inventer de farfelu cette fois-ci ? Encore un taureau, certainement. De toute façon, il n’y a plus que ça qui m’intéresse, les taureaux d’Espagne que je ne peux plus voir. Ça y est, j’y suis. Je n’y vois plus grand-chose, mais ma main avance toute seule. Elle les connaît par cœur ces taureaux de papier, comme s’ils avaient toujours existé et qu’il suffisait de leur redonner vie. Regarde, Rosario, tout autour de l’arène, il y a le bon peuple de Madrid, à la fois horrifié et fasciné. Il crie, il tremble. À gauche, tiens, je vais te dessiner : Rosario chevauchant un taureau, tel un sagittaire-minotaure. Tu seras picador, ce soir ! Un picador aux longs cheveux de jais, comme ceux de ta mère. Elle était belle ta mère, tu sais ! Et là, victime des combats passés, ton cheval gît déjà sur le sable, de la paille à la place des viscères. Alors tu as changé de monture, ma chère. La bête noire te va mieux que ce petit cheval de foire, n’est-ce pas ? Et qui, pour affronter cet étrange équipage ? Un homme du peuple en habit de ville, avec un grand feutre noir. Il s’apprête à planter ses banderilles, le cul fermement posé sur une minuscule chaise en osier. Comme si, le courage, il le trouvait sous son cul plus que dans ses couilles ! En voilà un beau tableau, fantasque et puissant, intense et dramatique !
« Sais-tu que j’ai déjà été à la place de ce courageux petit bonhomme ? Bien sûr, tu le sais, je te l’ai déjà conté cent fois. Je radote, je radote, mais j’aime tant faire revivre le passé. C’était il y a des lustres, avant que je ne sois vieux et cassé. Mais dans mon temps, j’ai su toréer, et je ne crains personne avec une épée à la main. On était de sacrés sacripants avec mon camarade Martín. Martín Zapater… tu le connais depuis toujours. On en faisait voir de toutes les couleurs aux vaqueros pour arracher quelques passes à leurs bestiaux. Ils étaient presque plus dangereux que leurs bêtes, ces éleveurs. Maintenant, je tousse et je crache du sang. Ils sont bien loin les taureaux de don Fernando. Je n’ai pas pu être torero, certes, mais le dessin c’est ma façon à moi d’affronter les taureaux. C’est une autre forme de l’art de toréer, voilà tout. Et puis, tu connais beaucoup de matadors de plus de 80 ans ? Je suis le seul qui reste avec mes crayons, mon papier et mes pierres.
— Ah, mon ami, vous êtes certainement le dernier des toreros-artistes. Mais je m’inquiète pour vous. Chaque fois que je viens vous rendre visite, vous vous plaignez de douleurs lancinantes. Et cette toux grasse qui n’arrive pas à vous abandonner. Vous devriez quitter ce cagibi glacial, Francisco. Pourquoi vouloir à tout prix continuer à créer, alors que cela vous fatigue tant ?

« On a bien fait de quitter l’Espagne, ma petite. Plus besoin de cacher sous le manteau les gravures de mes Caprices pour lesquels l’Inquisition, dans sa grande reconnaissance, voulait me faire rôtir sur le bûcher ! À quoi bon accumuler les titres et les honneurs si c’est pour sombrer dans l’obscurantisme avec ce sot de Ferdinand. Quand je pense qu’ils ont persécuté Jovellanos et José Moñino, mes frères de pensée. On dit même qu’ils ont coupé tous les doigts de mon ami Sepúlveda. Un par jour, pendant dix jours. Pour qu’il ne puisse plus, sur ses gravures, témoigner de leur tyrannie dégueulasse. Un doigt par jour, les chiens. Et ça se dit chrétien ? Dieu reconnaîtra les siens, ma petite Rosario, Dieu reconnaîtra… »
Le vieux Goya est interrompu par une violente quinte de toux.
« Et voilà, cela vous reprend ! Vous ne devriez pas vous énerver en ressassant le passé. Cela n’est pas bon pour votre cœur. Vous le savez, le docteur Blanchard vous le répète à chaque fois.
— Tu as raison, tu as raison, retournons à notre lithographie, ça nous fera oublier ces salauds. Le crayon a séché et le gras a bien pénétré les pores de la pierre. Regarde, on peut maintenant passer un coup de brosse souple sans que le tracé ne bave. Il faut bien épousseter pour qu’il ne reste plus aucune impureté. C’est poussiéreux ici, il faut redoubler de vigilance. Il est important de bien préparer le support pour pouvoir imprimer plusieurs exemplaires sans que le dessin ne s’altère. Tu t’en souviendras ? C’est qu’il faut quand même les vendre ces dessins. On reste des commerçants, nom de Dieu… des commerçants un peu fous, mais des commerçants tout de même ! Voilà, applique-toi.
« Après, il faut encrer la pierre, Rosario. Regarde, on prend ce gros rouleau qui baigne dans l’encre noire et on le roule sur notre pierre. Le gras de nos coups de crayons fait pénétrer l’encre dans la pierre. C’est presque de la magie… de la magie noire ! Tiens, fais-le, passe le rouleau plusieurs fois et entre chaque passage, n’hésite pas à éponger. Quand tu auras fini, on protégera la pierre avec de la sève d’acacia d’Arabie. Sens comme ça sent bon, ce sont les mystères de l’Orient qui rentrent dans l’atelier. Tu la prendras toujours d’Arabie, cette sève aux profonds reflets mielleux, jamais du sultanat d’Oman. Les Omanais, ils ne font que de la pacotille, de la tambouille pour scribouillards. Là, passe bien l’éponge avec la sève. Là, on sent l’arbre qui voudrait repousser. Et n’hésite pas à affiner le dessin si un peu d’encre déborde. Je te montre, comme ça tu pourras le faire toute seule la prochaine fois. On signera « Goya » quand même. Ça se vendra plus cher… mais ce sera notre secret, mademoiselle l’artiste ! Enfin, il se fait tard et je parle pour ne rien dire ! Je ne fais que répéter et ressasser. Tu es bien gentille d’écouter encore les conseils d’un vieux singe. Voyons, tu connais ça parfaitement. Depuis tout ce temps, ça fait des lustres que tu peux te débrouiller toute seule !
— Oui, Francisco, je connais tout cela. Vous me l’avez enseigné cent fois, ici et en Espagne. Il n’y a qu’une seule chose dont vous n’avez jamais voulu parler. Mais il faudra bien que vous me disiez, pour vous et ma mère, que vous me disiez si…
— Tu dis ? Je ne t’entends pas Rosario. Tu sais bien ! Depuis ma foutue maladie, je n’entends presque plus rien. Mais qu’importe, allons maintenant imprimer notre première épreuve. D’ailleurs, il faut lui trouver un nom à ce dessin. Comment pourrait-on l’appeler ? Doña Rosario y la suerte de vara ? Ça nous rappellera cette fraîche nuit de printemps. Va pour « Doña Rosario ». Tiens, attrape donc la feuille qui est derrière toi et place-la entre la pierre et la plaque. Voilà. En alignant bien les traits. Parfait. Maintenant, ferme le râteau et tourne la roue. Tourne la roue fermement, ma belle, et notre dessin va naître. C’est le moment magique… quand doña Rosario devient picador !
« Dis-moi, Rosario, est-elle belle cette épreuve ? Je ne vois pas. Est-ce qu’on sent bien la violence du taureau et le courage du peón ? Est-ce qu’on voit bien la bravoure du peuple d’Espagne et la beauté de Rosario ? Est-ce que nos amis français, qui n’y entendent rien au toreo, vont comprendre que le sable des arènes vaut bien les fresques des palais ? Pedro Romero, ce truqueur de Costillares et mon pauvre Pepe, ça c’étaient de vrais artistes !
« Allez, ma Rosario, elle est parfaite cette lithographie, je le sais bien. Je vais imprimer quelques feuilles ce soir. Tu peux t’en aller maintenant, je vais me débrouiller. Allez, file, avant que ma folie ne te rattrape autant que ma technique de dessin. Bonne nuit, ma belle.
— Bonne nuit, Francisco. Mais ne veillez pas trop tard, tout de même. Il faut vous ménager, vous savez.
— Oui, oui… le bon docteur Blanchard… je sais. Bonne nuit, bonne nuit… »
Toujours sans réponse, Rosario s’apprête donc à quitter l’atelier de l’artiste. Assis à son établi, le regard dans le vague, n’osant pas tourner la tête vers la jeune fille, Goya la stoppe, sur le pas de la porte, d’une phrase :
« Eh, attends… Rosario… tu sais que je t’aime bien… mais tu dois aussi savoir que, dans mon monde, ce qu’on aime ne peut naître que dans l’amour… et nous nous sommes tant aimés ta mère et moi… alors…
— Alors merci, Père… merci… Bonne nuit. »
Et Rosario, inquiète mais apaisée, quitte le vieux peintre et referme doucement la porte de l’atelier. Maintenant seul, Francisco de Goya continue l’œuvre de la journée, l’œuvre de sa vie. Il tousse, il crache mais tourne la roue. Les impressions s’alignent les unes à côté des autres sur la longue cordelette qui traverse l’atelier. Malgré la fatigue, il tourne la roue et épingle les épreuves. Il tourne et épingle. Les « Doña Rosario » chevauchant le taureau se multiplient dans la nuit girondine. Tournant une dernière fois la grande roue de bois, le peintre, malade et affaibli, s’effondre sur le parquet usé, entraînant dans sa chute la pierre qu’il travaillait cette nuit-là. Le vieil homme, gisant au milieu des débris de son œuvre, reste inanimé. Dans les minutes qui suivent la chute, arrivé au bout de son chemin, arrivé au bout de son art, il meurt.
Rome, janvier 2013
Épilogue
Pepe Illo est l’auteur d’un monumental traité de tauromachie, La Tauromaquia ó arte de torear, publié en 1796. Ce n’est qu’après la parution de cet ouvrage que le peintre Francisco José de Goya y Lucientes, dit Goya, réalise une série de trente-trois gravures qui retracent toutes les étapes des courses de taureaux. Deux gravures sont consacrées à Pepe Illo : Pepe Illo haciendo el recorte al toro (n° 29) et La Desgraciada Muerte de Pepe Illo en la plaza de Madrid (n° 33).
En 1825, trois ans avant sa mort, Goya réalise une dernière série de quatre lithographies intitulée Les Taureaux de Bordeaux. On ne sait pas si, la nuit de sa mort, le peintre envisage une cinquième et dernière lithographie tauromachique qui demeurera inachevée. On ne sait pas plus si Rosario, fille de Leocadia Weiss, amante de Goya, est également la fille du peintre.
1 « Goya, cauchemar plein de choses inconnues, / De fœtus qu’on fait cuire au milieu des sabbats, / De vieilles au miroir et d’enfants toutes nues, / Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas ». — Charles Baudelaire, extrait des Phares in Les Fleurs du mal.
30 mai 2013
Puntilla vide son sac (de Tarbes)

Reine couronnée des Pyrénées, orgueilleux rempart adamantin fort de ses imprenables citadelles cathares ! Souveraine alanguie parée de ses verts atours, elle se prélasse dans les rondeurs du Gers. Coquette embaumée des entêtants parfums de ses forêts de pins, se heurtant à l’embrun de la vague marine quand elle devient les Landes, la Gascogne est une belle femme brune dont l’œil par sa franchise étonne. Et je l’aime !
Je vous entretiendrai de la gastronomie de ce pays béni de Bacchus, car naquirent en ces terres généreuses tant de mets simples et roboratifs, dont l’efficacité nutritive n’a d’égal que la délicatesse en bouche et le raffinement des arômes. La glèbe gasconne dispense généreusement à ses enfants les bons produits de ses seins ronds et fermes ! Ces fruits si judicieusement accommodés, dans ce merveilleux plat nommé garbure dans l’idiome local, ont permis à cette race fière de mettre au monde des enfants dont le corps, à défaut d’être mince, ne laisse pas d’être vigoureux !
Cadets de Gascogne, hommes de cœur (de canard), gloire aux cochons au fin fond des bauges ! Aux Normands la crème, aux Gascons le canard dont la graisse est à elle seule un onguent, une panacée ! Et que dire du ragoût de carcasses ou des cœurs de canards frits dans la graisse de leurs ex-propriétaires et mangés de bon matin accompagnés d’un viril madiran ! Miam, slurp et diététique !
Il y a des vaches aussi, en Gascogne. Des vaches toutes noires venant d’Espagne, car les Gascons n’élèvent traditionnellement que des oies, des cochons et les désormais célèbres canards — dont on se repaît du cœur avec un tord-boyau appelé madiran les matins de becerradas. Elles sont sympas leurs vaches ! Ils leurs collent du chatterton sur les cornes, les attachent avec une corde et font sauter par-dessus leur échine, lors de cérémonies appelées « course landaise », des prix Nobel gavés de cœurs de canards au madiran. C’est très pittoresque.
La Gascogne aime aussi les toros ! Des toros tout noirs qui viennent eux aussi d’Espagne, bien que quelques ploucs locaux — moustachus ou pas — tentent aujourd’hui de les élever eux-mêmes. Des toros que l’on combat selon des règles naturellement ibériques dans des lieux appelés « arène » et prévus à cet effet. Ces fêtes sont célébrées lors de manifestations culturelles : les férias. Elle ont généralement lieu au cours de la belle saison, dans les mégapoles des Landes, du Gers et du Pays basque : Dax, Vic-Fezensac, Bayonne et, perle des Landes, Mont-de-Marsan.
À ces occasions, le peuple gascon, délicat et mesuré à son habitude, déguste le petit doigt en l’air des litres et des litres de pastis et de madiran — ce vin qui fait peur aux comptoirs les plus aguerris. Nadine de Rotschild n’a qu’à bien se tenir ! Pour le non-initié, il semblerait que le but du jeu consistât à vomir partout des cœurs de canards et de la garbure. C’est aussi pour l’ethnosociologue amateur l’occasion de croiser des rugbymen déguisés en vahinés ou en danseuses étoiles, ce qui n’a de cesse de ravir l’âme de l’esthète sommeillant en chacun de nous…
Les mégapoles de moindre importance apprécient elles aussi ces manifestations de la belle culture gasconne, mais se contentent d’organiser des becerradas ou des novilladas piquées lors de leurs fêtes votives. Captieux, Aire-sur-l’Adour, Maubourguet… Nul n’échappe aux cœurs de canards, au Grand Repas de l’Afición et à la peña les Armagnacs. Cette belle coutume a en Gascogne ses hauts-lieux et ses chapelles, car le peuple gascon n’est pas monolithique en afición a los toros.
Il y a, en revanche, un sujet faisant consensus chez les indigènes de la région : le « Parisieng » ou « Lutécieng » (prononcer avec mépris). Je ne me suis jamais très bien expliqué l’acrimonie particulière que certains autochtones de cette si riante région française nourrissent à notre encontre, nous, résidents de la Capitale du Monde, la Belle, la Somptueuse Paris ! Je n’en sais pas bien long sur les origines de cette haine recuite, et l’ignorance dans laquelle je demeure contrarie ma curiosité scientifique naturelle et inextinguible. J’ai bien tenté, à diverses occasions, d’élucider cette énigme anthropologique, usant d’une diplomatie que m’aurait envié un Claude Lévi-Strauss apprivoisant le Jivaro l’ayant traité de « p’tite tête ». En vain !!!
Mais les faits sont les faits, et les faits sont têtus : on ne nous aime guère en ces rugueuses contrées et l’on nous déteste à coup sûr lorsque l’on a le mauvais goût de se piquer d’afición a los toros. En effet, seul le Gascon est à même de comprendre et d’apprécier le combat des taureaux à sa juste valeur. Plus Espagnol que l’Espagnol, il y a le Gascon ! Même si la corrida est un produit d’importation somme toute récent entre Adour et Midouze, lui seul, valeureux Gascon, est habilité à se rendre aux arènes en toute légitimité. Même son congénère, le Sudestien, n’a pas à ses yeux les capacités requises pour appréhender comme il se doit le noble art de trucider un taureau entre 18 h et 20 h.
Aux yeux du Gascon, le Chevalois n’est bon qu’à regarder des mecs en blanc se faire courser par des taureaux privés de leurs attributs, alors un Parisieng !… pensez-vous ! Le Parisieng, ou Lutécieng selon les chapelles, a pour le Gascon de base été initié à la tauromachie par Canal+ dans les années 90, s’est aguerri dans les arènes de Nîmes (2 h 30 de Paname en TGV) et dénature par sa présence incongrue l’homogénéité d’un public local savant autant que sobre.
Afin de vous en convaincre, je me permets de vous citer quelques paroles viriles d’aficionados gascons glanées récemment sur le Net, en général, et sur ce merveilleux forum qu’est la Bronca, en particulier :
• « Quant aux Vicois, l’ambiance est sympa à l’extérieur des arènes, mais à l’intérieur il est difficile d’exprimer son mécontentement quand une corrida concours se transforme en corrida de banderilleros… Je ne parlerai pas de "canalplusisation" [sic] du public, mais plutôt d’une "parisianosudestisation" [re-sic]. » — Thierry R.
• « Les Lutéciens connaissent la taureau machie ??? » — Laurent L.
• « Mais Dieu que la corrida devient tristounette avec cet afflux d’aficionados culture Canal+, disions-nous il y a quelques années. » ; « Bravo les Parisiengs pour cette observation nationale de la culture taurine… virtuelle… en attendant Céééreeet… » — Roger M.
Etc., etc. Je n’invente rien !
Bien entendu, lorsque nous avons le bon goût de nous déguiser en portefeuille, les mains se tendent, les barrières culturelles jadis insurmontables s’érodent et les dichotomies linguistiques laissent place à une tolérance bon enfant. Il serait toutefois malhonnête de ne point constater qu’après vingt ou trente Tariquet payés à un tarif que l’on n’oserait exiger à un émir arabe, le robuste indigène amadoué vous aperçoit enfin comme quelqu’un ayant peut-être une âme ! La controverse de Valladolid est encore dans toutes les têtes au pays des maïs toujours verts !
Mais les effusions éthyliques évaporées, le béret se fait plus près de la tête et le naturel du Tarbais ou du Montois bon teint revient au galop. Il gueule alors comme un putois que le Parisieng pollue SES tendidos — qui, à coup sûr, resteraient vides si nous ne venions pas, nous, heureux résidents de LA capitale, les garnir de notre amicale présence. Toutes ces considérations et cet espèce de racisme interrégional commençant à me courir sur le haricot (et pas que le tarbais !), nous avons, avec mes amis privilégiés de Paname, pris une décision qui s’avérera lourde de conséquences et dont l’histoire se souviendra douloureusement.
Luz (gloire à elle :), fondatrice des forums de la Bronca, premier forum taurin au monde, Dionxu, quelques autres et moi-même, nous nous sommes donc concertés et avons décidé à l’unanimité qu’une bonne croisade remettrait quelques vilaines idées en place à coups de guisarme dans le fondement ! Ou, à défaut de croisade, l’ost du pays d’oïl menée par un Simon de Montfort moderne serait à même de calmer les ardeurs xénophobes de certains bas du bulbe…
Sus ! Taïaut ! Tuez-les tous, Dieu n'est pas ! (Sac de Tarbes, An de Grâce 2013.)
Paroles attribuées à Puntilla, soudard tristement célèbre pour avoir mis à feu et à sang, avec la complicité efficace de Luz et de Bloody Haribo, la riante région de Chevalie — gloire à ses chères tradiciouns !
Qu’enfin les échasses trouvent un semblant d’utilité et servent à empaler les pompeux cornichons de la fiesta brava ! Le sac de Tarbes ! Ça aurait de la gueule, nom d’une pipa !
Libellés :
Alain 'Puntilla' Lagorce,
Cuisine,
Dessins,
Gascogne,
La Bronca,
Paris,
Sac de Tarbes,
Toros y Vinos
18 mai 2013
05 mars 2013
22 février 2013
07 février 2013
Du modernisme en art
Les copains de Campos y Ruedos, ils sont tous un peu conservateurs !
Ils n’ont pas encore fait leur révolution numérique, vous savez ? Certains utilisent encore de la péloche noir et blanc qu’ils ont stockée dans leurs frigos, la larme au groin et le Rolleiflex en bataille, quand Kodak a fermé boutique.
Ils n’aiment que le toro dur et le vin vieux, c’est dire !
Eh bien moi, je les trouve outrageusement modernes les copains !
Pensez-vous, de la photographie…
Moi, j’utilise de la peinture à l’huile, comme les ancêtres de Daguerre et de Nadar, moi !
Non seulement j’utilise de la peinture à l’huile mais, en plus, je l’utilise comme on le faisait au XVIIe siècle. C’est-à-dire que je mélange de l’eau à l’huile.
Libellés :
Alain 'Puntilla' Lagorce,
Cornada,
Modernisme,
Peinture,
Peinture à l'huile,
Rejoneo,
Technique mixte
02 février 2013
10
Ce n’était pas un but en soi mais, ça y est, l’équipe de Campos y Ruedos compte un nouveau membre, le dixième si notre compte est bon. Alors, bienvenue à Alain Lagorce alias “Puntilla”. Il dessine, peint, crée, écrit, dit des gros mots parfois, pense que la Seine pourrait être le plus beau fleuve du monde alors que d’autres osent avancer qu’il s’agirait du Tech (vous savez où c’est, vous, le Tech ? Non, sans rigoler ?), de la Dordogne, qui est une rivière, de la Saône, qui est une rivière aussi, ou du Rhône, qui se jette dans une mer sans vagues (non mais c’est à pouffer de rire), j’en passe et des bien pires. Il ne fait pourtant aucun doute que toute personne normalement fournie en matière oculaire et correctement équipée pour goûter la beauté des choses sait — car il s’agit d’une vérité ! — que le plus beau fleuve du monde est l’Adour, ronde comme un sein ferme et fière comme un toro qui défierait les foudres atlantiques.
Bref, encore une fois bienvenue à Alain Lagorce ‘Puntilla’ ; puisse-t-il relever le niveau de cet antre égotique — le terme nombriliste n’est pas aussi joli — qui n’a cure des modes et des appels au rassemblement.
Alain Lagorce tient un blog sur lequel vous pourrez découvrir ses nombreux talents.
Alainlagorcepeintures.blogspot.fr
Alainlagorcepeintures.blogspot.fr
Libellés :
Alain 'Puntilla' Lagorce,
Blogs,
Camposyruedos,
Dessins,
Laurent Larrieu
04 septembre 2009
Et autres menus travaux

Cela faisait un moment que nous ne nous étions pas penchés sur le sujet, occupés que nous étions tous à lire et à censurer vos commentaires... (Il convient toutefois de mentionner, au sujet de la peinture, un certain nombre de contributions, de haute volée, de Philippe.)
Bref, sachez que la peinture s’ouvre au Net, ou l’inverse, c’est comme vous voudrez, et que l’on peut y faire de sympathiques rencontres.

Illustrations Flamenco & Catin, peintures © Alain Lagorce
Libellés :
Alain 'Puntilla' Lagorce,
Blogs,
Laurent Larrieu,
Peinture
Inscription à :
Articles (Atom)